La Bible en ses Traditions

Matthieu 9,0 ; 1,1–8,34

Byz V S TR Nes

Selon Matthieu

VICI COMMENCE L'ÉVANGILE SELON MATTHIEU

Livre de la genèse

Vgénération de Jésus-Christ, fils de David, fils d’Abraham.

Abraham engendra Isaac

Isaac engendra Jacob

Jacob engendra Juda et ses frères

Juda engendra Pharès et Zara de Thamar

Pharès engendra Esrom

Esrom engendra Aram.

Aram engendra Aminadab

Aminadab engendra Naasson

Naasson engendra Salmon

Salmon engendra Boes

VBooz de Rachab

VRahab

Boes

VBooz engendra Jessai

VJessé de Routh

VRuth

Jobed

VObed engendra Jessai

VJessé

VJessé engendra le roi David.

 Byz S TR NesJessai engendra le roi David

Byz V TRLe roi David engendra Solomon

VSalomon de celle Vqui fut [femme] d’Ourias

VUrie

Solomon

VSalomon engendra Roboam 

Roboam engendra Abia

VAbia 

Abia

VAbias engendra Asaf

Byz V S TRAsa

Asaf

Byz V S TRAsa engendra Josaphat 

Josaphat engendra Joram

Joram engendra Ozias

Ozias engendra Joatham

Joatham engendra Achaz

VAhaz

Achaz

VAhaz engendra Ézéchias

10 Ézéchias engendra Manassé

Manassé engendra Amos

Byz V S TRAmon

Amos

Byz V S TRAmon engendra Josias 

11 Josias engendra Jéchonias

VJéconias et ses frères au temps de la déportation de Babylone.

12 Après la déportation de Babylone

Jéchonias

VJéconias engendra Salathiel 

Salathiel engendra Zorobabel

13 Zorobabel engendra Abioud

VAbiud

Abioud

VAbiud engendra Éliakim

Byz S TRÉliakeim

VÉliaquim

Éliakim

Byz S TRÉliakeim

VÉliaquim engendra Azor

14 Azor engendra Sadok

VSaddoc

Sadok

VSaddoc engendra Achim

Byz S TRAcheim

Achim

Byz S TRAcheim engendra Élioud

VÉliud

15 Élioud

VÉliud engendra Éléazar

Éléazar engendra Matthan

VMathan

Matthan

VMathan engendra Jacob

16 Jacob engendra Joseph, l’époux de Marie, de laquelle fut engendré 

Vest né Jésus, qu'on appelle « Christ ».

17 Donc toutes les générations depuis Abraham jusqu’à David : quatorze générations 

depuis David jusqu’à la déportation de Babylone : quatorze générations

depuis la déportation à Babylone jusqu’au Christ : quatorze générations. 

Byz S TR Nes
V

18 Or Byz S TR Nesde Jésus [comme] Christ la Byz S TR Nesgenèse se fit ainsi :

comme Marie, sa mère, avait été fiancée à Joseph

il se trouva, avant qu’ils eussent habité ensemble, qu’elle [l']avait dans ses entrailles de par l'Esprit Saint.

18 Or, la génération du Christ se fit ainsi :

comme Marie, sa mère, avait été fiancée à Joseph

il se trouva, avant qu’ils eussent habité ensemble, qu’elle [l']avait dans ses entrailles de par l'Esprit Saint.

Byz V S TR Nes

19 Joseph, son époux, qui était juste et ne voulait pas la faire montrer du doigt

Vtraduire [en justice]

se proposa de

Vvoulut la renvoyer secrètement.

20 Comme il était dans cette pensée

Vméditait cela

voici, un ange du Seigneur lui apparut en songe et lui dit :

— Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi

Vd'accueillir Marie ton épouse

car certes ce qui est engendré

V en elle est de l'Esprit Saint.

21 Et elle enfantera un fils et tu l'appelleras du nom de « Jésus »

car lui-même sauvera son peuple de ses péchés.

22 Tout cela arriva

pour que s'accomplît la parole dite 

V Sce qui a été dit par le Seigneur à travers le prophète qui disait :

23 « Voici, la Vierge sera enceinte et enfantera un fils, et on l'appellera du nom d'"Emmanuel" »

ce qui se traduit : « Dieu avec nous ».

24 Réveillé de son sommeil, Joseph fit comme l’ange du Seigneur lui avait prescrit

et il reçut

Vaccueillit son épouse.

25 Et il ne la connut pas jusqu’à ce qu’elle eût enfanté un fils 

Byz V S TRson fils premier-né 

et il

Selle l'appela de son nom « Jésus ».

2,1 Jésus étant né

VComme Jésus était né à Bethléem de Judée aux jours du roi Hérode

voici, des mages d’Orient arrivèrent

Vvinrent à Jérusalem

2,2 disant :

— Où est le roi des Juifs qui a été enfanté

Vest né ?

Car nous avons vu son étoile à l’orient

et nous sommes venus l’adorer.

2,3 En entendant [cela] le roi Hérode fut troublé, et tout Jérusalem avec lui.

2,4 Et, rassemblant tous les chefs des prêtres et les scribes du peuple,

il s'enquit auprès d'eux : — où le Christ devait naître ?

2,5 Ils lui dirent : — À Bethléem de Judée

car ainsi a-t-il été écrit par le prophète :

2,6 « Et toi Bethléem, Byz V TR Nesterre de Juda, tu n’es pas la moindre parmi les chefs-lieux

Sroyaumes de Juda

car de toi sortira un chef

Vprince Byz S TR Nes, celui qui paîtra

Vrégira mon peuple Israël. » 

2,7 Alors Hérode, ayant secrètement appelé les mages, se fit préciser par eux

Vse renseigna avec soin auprès d'eux sur le moment où l’étoile était apparue.

2,8 Et, les envoyant à Bethléem, il dit :

— Allez, informez-vous précisément

Vavec soin au sujet de l’enfant.

Et quand vous aurez trouvé, faites-moi l'annonce

Vfaites-moi un rapport 

afin que moi aussi j’aille l’adorer.

2,9 Quant à eux, ayant 

VQuand ils eurent entendu le roi, ils partirent.

Et voici, l’étoile qu’ils avaient vue à l’orient les précédait 

Vmarchait devant eux 

jusqu’à ce que, en venant au-dessus du lieu où était l'enfant, elle s'arrêta.

V' elle vienne s'arrêter au-dessus de là où était l'enfant.

2,10 En voyant l'étoile, ils se réjouirent d'une très grande joie.

2,11 En entrant dans la maison, ils virent

Byz V S TRtrouvèrent l’enfant avec Marie, sa mère,

et, tombant

Vse prosternant, l’adorèrent ;

et, leurs trésors ouverts, ils lui présentèrent

Voffrirent des dons : de l’or, de l’encens et de la myrrhe.

2,12 Et ayant été avertis en songe

Vreçu dans des songes l'oracle de ne pas retourner vers Hérode

par un autre chemin regagnèrent leur région.

2,13 Alors qu'ils s'en étaient retournés

voici, un ange du Seigneur apparut en songe à Joseph, disant :

— Lève-toi, prends l’enfant et sa mère

et fuis en Égypte

et reste là-bas jusqu’à ce que je te dise 

car il arrivera qu'Hérode cherchera l’enfant pour le faire périr

Vperdre.

2,14 Lui, 

SJoseph, s'étant levé, prit avec lui l'enfant et sa mère de nuit et se retira en Égypte.

2,15 Et il fut là-bas jusqu’à la mort d’Hérode

afin que fût accomplie la parole dite 

Vaccompli ce qui avait été dit par le Seigneur à travers le prophète, disant :

« D'Égypte j'ai appelé mon fils. »

2,16 Alors Hérode, voyant que les mages s'étaient joués de lui, fut très en colère

et il envoya tuer tous les enfants Vqui étaient dans Bethléem et dans toute sa région

depuis l’âge de deux ans et au-dessous, d’après le temps qu'il s'était fait préciser par les mages.

2,17 Alors s'accomplit la parole dite

Vce qui a été dit par Jérémie le prophète disant :

2,18 « Une voix en Rama a été entendue, Byz TRlamentations, pleurs et plaintes nombreuses :

Rachel pleure ses enfants ; et elle ne voulait 

Vvoulut pas être consolée, parce qu’ils ne sont plus. »

2,19 Hérode étant mort 

voici, un ange du Seigneur apparut en songe à Joseph en Égypte

2,20  disant :

— Lève-toi, prends l’enfant et sa mère

et va en terre d’Israël

car ils sont morts, ceux qui recherchaient la vie de l’enfant.

20 La mort des persécuteurs. Ex 4,19

2,21 Lui, 

SJoseph, s’étant levé, prit l’enfant et sa mère, et entra 

Byz V S TRvint en terre d’Israël.

2,22 Entendant qu’Archélaüs régnait en Judée à la place d’Hérode son père, il craignit de s'y rendre

et, averti en songe, il se retira dans la région de la Galilée

2,23 et il vint s'installer

Vhabiter dans une ville appelée « Nazareth »

afin que s'accomplît le mot dit

Vce qui a été dit par les prophètes :

Il sera appelé « Nazoréen »

V« Nazaréen ».

3,1 En ces jours-là survient

Vvint Jean le Baptiste

VJean-Baptiste, proclamant

Vprêchant dans le désert de Judée

3,2 et disant :

Repentez-vous

VFaites pénitence, car le royaume des cieux s'est approché.

3,3 C'est lui en effet qui a été annoncé par le prophète Isaïe, disant :

« Voix de celui qui crie dans le désert : — Préparez le chemin du Seigneur ! Rendez droits ses sentiers ! »

3,4 Ce même Jean avait son 

Vun vêtement en poil de chameau

et une ceinture de cuir autour de ses reins

sa nourriture était des sauterelles et du miel sauvage.

3,5 Alors sortaient vers lui Jérusalem, toute la Judée et toute la région autour du Jourdain.

3,6 Et ils se faisaient baptiser

Vétaient baptisés  dans le S Nesfleuve du Jourdain par lui, en confessant leurs péchés.

3,7 Voyant beaucoup de pharisiens et de sadducéens

VSadducéens venir au baptême

Và son baptême

Sse faire baptiser, il leur dit :

— Engeance de vipères, qui vous a montré comment fuir devant la colère qui vient ?

3,8 Faites donc un fruit digne

TRdes fruits dignes du repentir

Vde la pénitence.

3,9 Et ne prétendez pas dire en vous-mêmes : Nous avons pour père Abraham

car je vous dis que Dieu peut, de ces pierres, susciter des enfants à Abraham.

3,10 Déjà,

SEt voici, la hache est posée à la racine des arbres

tout arbre donc qui ne fait pas de bon fruit est coupé et jeté au feu.

3,11 Pour moi, je vous baptise dans l’eau pour le repentir

Vla pénitence

mais celui qui vient derrière moi est plus fort que moi

[lui] dont je ne suis pas digne de porter les sandales

lui-même vous baptisera dans l’Esprit-Saint et le feu.

3,12 Il a la pelle à vanner

Vle van dans sa main

et il purifiera

Vnettoiera son aire

et il rassemblera son blé

Vfroment dans le grenier ;

quant aux bales, il les brûlera dans le feu qui ne s'éteint pas.

3,13 Alors survient

Vvint Jésus de la Galilée au Jourdain auprès de Jean, pour être baptisé par lui.

Byz S TR Nes
V

3,14 Mais Jean voulait l'en empêcher en disant :

— C’est moi qui Byz S TR Nesai besoin d’ être baptisé par toi

et c'est toi qui viens à moi !

14 Mais Jean l'en empêchait en lui disant :

— C’est moi qui dois être baptisé par toi

et c'est toi qui viens à moi !

Byz V S TR Nes

3,15 Mais Jésus, répondant, lui dit :

— Laisse [faire] maintenant

car c'est ainsi qu'il convient que nous accomplissions toute justice.

Alors il le laisse 

Vlaissa [faire].

3,16  Baptisé, Jésus

Vil monta aussitôt de l’eau

et voici, les cieux lui furent ouverts

et il vit l’Esprit de Dieu descendant comme une colombe

et venant sur lui.

3,17 Et voici une voix des cieux qui disait :

— Celui-ci est mon Fils, le Bien-aimé, en qui je me suis complu.

4,1 Alors Jésus fut conduit en haut 

Vconduit dans le désert par l’Esprit SSaint pour être tenté par le diable.

Sl'accusateur.

Byz S TR Nes
V

4,2 Il jeûna quarante jours et quarante nuits ; après quoi il eut faim.

Alors qu'il avait jeûné quarante jours et quarante nuits, après cela, il eut faim.

Byz V S TR Nes

4,3 Et s'approchant Byz TRde lui, le tentateur V S Neslui dit :

— Si tu es Fils de Dieu, dis que ces pierres deviennent des pains.

4,4 Répondant, il dit :

— Il est écrit :

« Ce n'est pas de pain seul que l'homme vivra, mais de toute parole sortant par

Vqui sort de la bouche de Dieu. »

4,5 Alors le diable

Sl'accusateur l'emmène

Vle prend dans la ville sainte

et le plaça sur le pinacle du temple

4,6 et lui dit :

— Si tu es Fils de Dieu, jette-toi en bas

car il est écrit :

« À ses anges, il donnera des ordres à ton sujet, et dans [leurs] mains ils te porteront, de peur que ton pied ne heurte contre une pierre

Vque tu ne heurtes ton pied contre une pierre. » 

4,7 Jésus lui dit :

— Encore une fois il est écrit :

« Tu ne tenteras pas le Seigneur ton Dieu. »

4,8  De nouveau le diable

Sl'accusateur l’emmène

Vle prend sur une montagne très élevée

et lui montre tous les royaumes du monde et leur gloire

4,9  et il lui dit :

— Toutes ces choses je te les donnerai, si en tombant tu m'adores.

4,10 Alors Jésus lui dit :

— Va-t-en Byzderrière-moi Satan

Byz S TR Nescar il est écrit :

« Tu adoreras le Seigneur ton Dieu, et tu rendras un culte à lui seul

Vde lui seul te feras l'esclave. »

4,11 Alors le diable

Sl'accusateur le laisse

Vlaissa

et voici, des anges s’approchèrent et ils le servaient.

4,12 Quand il

Byz S TRJésus entendit que Jean avait été livré, il se retira en Galilée.

4,13 Et quittant Nazara

Vla ville de Nazareth 

il vint habiter à Capharnaüm, au bord de la mer, dans les régions de Zabulon et de Nephtali

4,14 afin que s'accomplît la parole dite

Vce qui avait été dit par Isaïe le prophète :

4,15 « Pays de Zabulon et pays de Nephtali, chemin de la mer, au-delà du Jourdain, Galilée des nations.

4,16 Le peuple qui était assis dans les ténèbres a vu une grande lumière

et pour ceux qui étaient assis dans la région et l’ombre de la mort, une lumière s’est levée pour eux. »

4,17  Dès lors Jésus commença à proclamer

Vprêcher et à dire :

Repentez-vous

VFaites pénitence car le royaume des cieux s'est approché.

4,18 Or en marchant le long de la mer de Galilée il 

TRJésus vit deux frères

Simon, appelé « Pierre », et André son frère

qui jetaient un filet dans la mer, car ils étaient pêcheurs.

4,19 Et il leur dit :

— Venez derrière moi, et je vous ferai Vdevenir pêcheurs d’hommes.

4,20 Eux aussitôt

Vincontinent, laissant les filets, le suivirent.

4,21 Et, avançant à partir de là, il vit deux autres frères

Jacques, [le fils] de Zébédée, et Jean son frère

dans la barque, avec Zébédée leur père, réparant leurs filets

et il les appela.

4,22 Eux, aussitôt, laissant leur barque

Vfilets et Byz S TR Nesleur père, le suivirent.

4,23 Et il

Byz V S TRJésus circulait dans toute la Galilée, enseignant dans leurs synagogues,

proclamant

Vprêchant l'évangile du Royaume

et guérissant toute maladie et toute langueur

Vinfirmité dans le peuple.

Byz S TR Nes
V

4,24 Et sa renommée parvint dans toute la Syrie

et ils lui présentèrent tous les malades en proie à des maladies et des tourments divers

des possédés du démon, des lunatiques, des paralytiques

et il les guérissait.

24 Et sa renommée se répandit dans toute la Syrie

et ils lui présentèrent tous ceux qui allaient mal, qui étaient pris de diverses maladies et de tourments

et qui avaient des démons, et des lunatiques et des paralytiques

et il les guérissait.

Byz V S TR Nes

4,25 Et des foules nombreuses le suivirent de la Galilée, de la Décapole, de Jérusalem, de la Judée et d'au-delà du Jourdain.

5,1 Voyant les foules, il monta sur la montagne

et, s'étant assis, ses disciples s'approchèrent de lui

5,2 et ouvrant la

Vsa bouche il les enseignait en disant :

5,3 — Heureux les pauvres en esprit, car le royaume des cieux est à eux.

Byz S TR Nes
V

5,4 Heureux ceux qui s'affligent, car ils seront consolés.

Heureux les doux, car ils posséderont la terre.

5,5 Heureux les doux, car ils hériteront de la terre.

Heureux ceux qui s'affligent, car ils seront consolés.

Byz V S TR Nes

5,6 Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés.

5,7 Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde.

5,8 Heureux ceux qui ont le cœur pur, car ils verront Dieu.

5,9 Heureux ceux qui font œuvre de paix

Vles pacifiques, car ils seront appelés « fils de Dieu ».

5,10 Heureux ceux qui sont persécutés

Vsouffrent persécution à cause de la justice, car le royaume des cieux est à eux.

5,11 Heureux êtes-vous quand on vous insultera, vous persécutera

et dira toute sorte de mal 

Sde parole mauvaise contre vous en mentant, à cause de moi.

5,12 Réjouissez-vous et exultez, car votre salaire est grand

Vcopieux dans les cieux

car c’est ainsi qu'on a persécuté les prophètes, d'avant

Vqui furent avant vous.

5,13 Vous, vous êtes le sel de la terre.

Si le sel s'affadit

Vse perd, avec quoi salera-t-on ?

Il n'est plus bon à rien si ce n'est, en étant jeté

Byz V S TR à être jeté dehors, Byz V S TRet à être piétiné par les hommes.

5,14 Vous, vous êtes la lumière du monde.

Une ville ne peut être cachée, située sur une montagne. 

5,15 Et on n’allume pas une lampe et la met sous le boisseau

mais sur le chandelier

et

Vafin qu' elle éclaire tous ceux qui sont dans la maison.

5,16 Que brille ainsi votre lumière devant les hommes

en sorte qu'ils voient vos œuvres bonnes

et qu'ils glorifient votre Père qui est dans les cieux.

5,17 Ne pensez pas que je sois venu abolir la Loi ou les prophètes

je ne suis pas venu abolir mais accomplir.

5,18 Amen, Vcertes je vous le dis

jusqu’à ce que passent le ciel et la terre 

pas un iota

Sioud ni un seul trait de la Loi ne passera

Vsera omis jusqu'à ce que tout arrive.

5,19 Celui donc qui aura enfreint l'un de ces plus petits commandements et enseigné ainsi aux hommes

sera appelé « le plus petit » dans le royaume des cieux 

mais celui qui [les] aura pratiqués et enseignés

celui-là sera appelé « grand » dans le royaume des cieux.

5,20 Car je vous dis que si votre justice n'abonde pas plus que celle des scribes et des pharisiens

vous n’entrerez pas dans le royaume des cieux.

5,21 Vous avez entendu qu’il a été dit aux ancêtres : « Tu ne tueras pas

celui qui tuera sera passible de jugement. »

5,22  Moi, je vous dis :

 — Quiconque

V Sque quiconque se met en colère contre son frère Byz S TRpour rien sera passible du jugement 

et celui qui dira à son frère : — « Raca », sera passible du sanhédrin

Vconseil 

celui qui lui dira : — « Fou » sera passible de la géhenne du feu.

5,23 Si donc tu présentes ton offrande sur l’autel

et là tu te souviens que ton frère a quelque chose contre toi

5,24 laisse là ton offrande devant l’autel

et va d'abord te réconcilier avec ton frère 

et alors viens présenter ton offrande.

5,25 Mets-toi d'accord avec ton adversaire au plus tôt tant que tu es encore avec lui en chemin

de peur que l'adversaire ne te livre au juge

et que le juge ne te livre 

Nesle juge au fonctionnaire et que tu ne sois jeté en prison.

5,26 Amen, je te le dis, tu ne sortiras pas de là que tu n’aies rendu le dernier quadrant.

5,27 Vous avez entendu qu’il a été dit V TRaux anciens : « Tu ne commettras pas d’adultère. »

5,28  Moi, je vous dis :

— Quiconque regarde une femme pour la convoiter

a déjà commis l’adultère avec elle dans son cœur.

5,29 Que si donc ton œil droit te scandalise

arrache-le et jette-le loin de toi :

car mieux vaut pour toi que périsse un seul de tes membres

et que ton corps tout entier ne soit jeté dans la géhenne.

5,30 Et si ta main droite te scandalise

coupe-la et jette-la loin de toi

car mieux vaut pour toi que périsse un seul de tes membres

et

Vplutôt que tout ton corps ne s'en aille pas

Byz TRsoit pas jeté

Stombe dans la géhenne.

5,31 Il a été dit : « — Celui qui 

Quiconque renverra sa femme, qu’il lui donne un acte de répudiation. »

Byz V S TR Nes

5,32  Moi, je vous dis :

— Tout homme qui

Byz TRCelui qui répudie sa femme, sauf en cas

Vpour cause de fornication,

la rend adultère

et celui qui épouse une répudiée commet l’adultère.

5,33 Vous avez encore entendu qu’il a été dit aux anciens : « Tu ne te parjureras pas

tu t’acquitteras envers le Seigneur de tes serments. »

5,34 Moi, je vous dis de ne pas jurer du tout

ni « par le ciel », parce que c'est le trône de Dieu

5,35 ni « par la terre », parce que c'est le marchepied

Vl'escabeau de ses pieds

ni « par Jérusalem », parce que c'est la ville du grand Roi

5,36 ni « par ta tête » tu jureras

parce que tu ne peux pas rendre un seul cheveu blanc ou noir ;

5,37 au contraire, que votre parole soit : OUI ? OUI ! , Set : NON ? NON ! 

ce qui est plus long vient du mauvais.

5,38 Vous avez entendu qu’il a été dit :

« Œil pour œil et dent pour dent. »

5,39 Moi, je vous dis de ne pas résister au méchant

Vmauvais

mais si quelqu'un te frappe

Byz V TRcelui qui te frappera sur ta

Byz Sla joue

Vmâchoire droite, tends-lui aussi l’autre.

5,40 Et à celui qui veut te citer en justice et prendre ta tunique, laisse-lui aussi le manteau.

5,41  Et quiconque te réquisitionnera-t-il pour

Vcontraindra à un mille

Vmille pas, va avec lui pour deux Vautres.

5,42  À celui qui te demande, donne V-lui

et de celui qui veut t'emprunter ne te détourne pas.

5,43 Vous avez entendu qu’il a été dit :

« Tu aimeras ton prochain et tu haïras

Vauras en haine ton ennemi. »

Byz S TR
V
Nes

5,44 Moi je vous dis :

— Aimez vos ennemis

bénissez ceux qui vous Byz S TRmaudissent

faites du bien à ceux qui vous haïssent

et priez pour ceux qui vous maltraitent et vous

Semmènent dans les chaînes 

44 Moi, je vous dis :

— Aimez vos ennemis

faites du bien à ceux qui vous haïssent

et priez pour ceux qui vous persécutent et vous calomnient

44 Moi je vous dis :

— Aimez vos ennemis

et priez pour ceux qui vous persécutent

Byz V S TR Nes

5,45 afin que vous deveniez

Vsoyez des fils de votre Père qui est dans les cieux

Byz S TR Nescar il fait lever son soleil sur les méchants et les bons

Vsur les bons et les méchants

et pleuvoir sur les justes et les injustes.

5,46 Car si vous aimez ceux qui vous aiment, quel salaire aurez-vous ?

Les publicains eux-mêmes ne font-ils pas de même ?

5,47 Et si vous saluez seulement vos frères

Byzamis, que faites-vous en surplus ?

Les païens

Byz S TRpublicains eux-mêmes ne font-ils pas de même ?

5,48 Vous donc, vous serez

Vsoyez parfaits comme votre Père qui est dans les cieux

V Nescéleste est parfait.

6,1 Gardez-vous de faire votre justice

Byz S TRaumône devant les hommes pour être remarqués d'eux

sinon vous n'aurez pas de salaire auprès de votre Père qui est dans les cieux. 

6,2 Quand donc tu fais l’aumône, ne fais pas sonner de la trompette devant toi

comme font les hypocrites dans les synagogues et dans les rues, afin d’être glorifiés

Vhonorés par les hommes.

Amen, je vous le dis, ils ont reçu leur salaire.

6,3 Mais toi, quand tu fais l’aumône, que ta gauche ignore ce que fait ta droite

6,4 afin que ton aumône soit dans le secret

et ton PèreByz S TR lui-même, qui voit dans le secret, te [le] rendra Byz S TRau grand jour .

6,5 Et quand vous priez, vous ne serez

Byz S TRtu pries, ne sois pas comme les hypocrites 

qui aiment prier debout dans les synagogues et aux angles des places

pour être vus des hommes.

Amen, je vous le dis, ils ont reçu leur salaire.

6,6  Mais toi, quand tu pries, entre dans ta pièce intérieure

Vchambre 

et, ayant fermé ta porte, prie ton Père S TR Nesqui est [présent] dans le secret 

et ton Père, qui voit dans le secret, te [le] rendra Byz S TRau grand jour.

6,7 Quand vous priez, ne rabâchez pas

Vparlez pas beaucoup comme les païens 

car ils pensent que dans l'abondance de leurs paroles ils seront exaucés.

6,8 Ne les imitez donc pas,

car votre Père sait ce dont vous avez besoin avant que vous ne le lui demandiez. 

6,9 C'est donc ainsi que vous prierez :

— Notre Père qui es aux cieux

que ton nom soit sanctifié 

6,10  que vienne ton règne 

qu' advienne ta volonté et au ciel, et sur Byz TRla terre. 

6,11 Donne-nous aujourd'hui notre pain quotidien

Vnotre pain supersubstantiel

Sle pain de notre besoin

6,12 et remets-nous nos dettes, comme nous aussi nous remettons

V Nesavons remis à nos débiteurs

Byz S TR
V Nes

6,13 et ne nous laisse pas entrer en tentation

mais arrache-nous au mauvais

parce qu'à toi sont le règne, la puissance et la gloire, pour les siècles. Amen. 

13 et ne nous laisse pas entrer en tentation

mais délivre-nous du mauvais

Vmal.

Byz V S TR Nes

6,14 Car si vous remettez

Vavez remis aux hommes leurs fautes

Vpéchés

votre Père céleste vous remettra aussi Vvos offenses.

6,15 Mais si vous ne remettez pas

Vn'avez pas remis aux hommes Byz TRleurs fautes

votre Père non plus ne remettra

Svous remet pas vos fautes

Vpéchés

6,16 Et quand vous jeûnez, ne soyez pas sombres

Vtristes comme les hypocrites

qui ravagent 

Vabattent leur visage, pour [faire] paraître aux hommes qu'ils jeûnent.

Amen, je vous le dis, ils ont reçu leur salaire.

6,17 Mais toi, quand tu jeûnes, oins ta tête et lave ton visage,

6,18 afin que tu ne paraisses pas jeûnant aux hommes

mais à ton Père qui est dans le secret 

et ton Père, qui voit dans le secret, te [le] rendra TRau grand jour.

Byz S TR Nes
V

6,19 Ne thésaurisez pas pour vous des trésors sur la terre

où mite et ver ravagent

Sconsument

et où voleurs percent et volent, 

19 Ne thésaurisez pas pour vous des trésors sur la terre

où rouille et mite ne détruisent

et où voleurs ne percent et ne volent, 

6,20 mais thésaurisez pour vous des trésors dans le ciel

où ni mite ni ver ne détruisent 

et où voleurs ne percent ni ne volent.

20 mais thésaurisez pour vous des trésors dans le ciel

où ni rouille ni mite ne détruisent 

et où voleurs ne percent ni ne volent.

Byz V S TR Nes

6,21 Car là où est ton

Byz S TRvotre trésor, là sera

Vest aussi ton

Byz S TRvotre cœur.

6,22 La lampe du corps, c’est l’œil.

Si donc ton œil est simple

tout ton corps sera lumineux

6,23 mais si ton œil est mauvais

tout ton corps sera ténébreux.

Si donc la lumière qui est en toi est ténèbres

combien grandes Vseront les ténèbres !

6,24 Nul ne peut servir deux maîtres

car ou il haïra l’un et aimera l’autre

ou il tiendra à

Vsoutiendra

Shonorera l’un et méprisera

Vcombattra l’autre.

Vous ne pouvez servir Dieu et Mamon

Vmamon.

6,25 C'est pourquoi je vous dis :

Ne vous souciez pas, pour votre vie, de ce que vous mangerez Byz S TR Neset de ce que vous boirez 

ni, pour votre corps, de quoi vous le vêtirez.

La vie n'est-elle pas plus que la nourriture

et le corps plus que le vêtement ? 

Byz S TR Nes
V

6,26 Observez les oiseaux du ciel :

ils ne sèment, ni ne moissonnent, ni ne ramassent dans des greniers

et votre Père céleste les nourrit.

Ne valez-vous pas beaucoup plus qu’eux ?

26 Observez les oiseaux du ciel :

ils ne sèment, ni ne moissonnent, ni ne ramassent dans des greniers

et votre Père céleste les nourrit

est-ce que vous n'êtes pas beaucoup plus qu'eux?

Byz V S TR Nes

6,27 Qui de vous, en se souciant, 

Vpensant, peut ajouter une seule coudée à la longueur de sa vie

V Ssa taille ?

6,28 Et au sujet du vêtement pourquoi

Vde quoi vous soucier ?

Considérez les lis du champ, comment ils croissent :

ils ne travaillent ni ne filent.

6,29  Or je vous dis :

— Pas même Salomon, dans toute sa gloire, n’a été vêtu comme l’un d’eux.

6,30 Si l’herbe du champ, qui est aujourd’hui et demain sera jetée au four, Dieu l'habille ainsi,

combien plus pour vous, [hommes] de peu de foi !

6,31 Ne vous souciez donc pas en disant :

— Que mangerons-nous ? ou : — Que boirons-nous ? ou : — De quoi nous vêtirons-nous ?

6,32 Tout cela en effet les païens le recherchent

 car votre Père Byz S TR Nescéleste sait que vous avez besoin de tout cela.

6,33 Cherchez d'abord le V NesRoyaume Byz S TRroyaume de Dieu et sa justice

et tout cela vous sera ajouté.

6,34 Ne vous souciez donc pas pour demain

demain en effet se souciera de lui-même :

à [chaque] jour suffit son mal.

7,1 Ne jugez pas pour ne pas être jugés

7,2 car du jugement dont vous jugez

Vjugerez vous serez jugés

et de la mesure dont vous mesurez

Vmesurerez on mesurera pour vousTRen retour.

7,3 Pourquoi vois-tu la paille dans l’œil de ton frère

et la poutre dans ton œil tu ne la remarques

Vvois pas ?

7,4 Ou comment diras

Vdis-tu à ton frère :

— Laisse, que j'enlève la paille de ton œil

alors que la poutre est dans ton œil ?

7,5 Hypocrite, enlève d’abord de ton œil la poutre

et alors tu verras Byz TR Nesclair pour enlever la paille de l’œil de ton frère.

7,6 Ne donnez pas ce qui est saint aux chiens

ne jetez pas vos perles devant les porcs

de peur qu’ils ne les foulent de leurs pieds

et que, se retournant, ils ne vous déchirent.

7,7 Demandez et il vous sera donné

cherchez et vous trouverez

frappez et il vous sera ouvert.

7,8 En effet quiconque demande reçoit

et qui cherche trouve

et à qui frappe il sera ouvert.

Byz V S TR
Nes

7,9 Ou bien quel est parmi vous l'homme qui, si son fils lui demande du pain,

lui donnera

Vprésentera alors une pierre ? 

Ou bien qui est parmi vous l'homme à qui son fils demandera du pain

et qui lui donnera une pierre ? 

7,10 Et

VOu, s'il lui demande un poisson,

lui donnera

Vprésentera alors un serpent ?

10 Ou encore lui demandera un poisson

et lui donnera un serpent ?

Byz V S TR Nes

7,11 Si donc vous, alors que vous êtes mauvais, vous savez donner de bons dons

Vde bonnes choses à vos enfants

Vfils

combien plus votre Père qui est dans les cieux donnera-t-il de bonnes choses à ceux qui [les] lui demandent.

7,12 Byz V TR NesDonc tout ce que vous voudriez 

V Svoulez que les hommes fassent pour vous, vous aussi faites [-le] pour eux

car c'est cela la Loi et les Prophètes.

7,13 Entrez par la porte étroite

car elle est large, la porte, et spacieuse, la voie qui conduit à la perdition

et ils sont nombreux, ceux qui entrent par elle

Byz V TR Nes
S

7,14 comme

Nescar comme

TRcar elle est étroite, la porte, et resserrée, la voie qui conduit à la vie

et ils sont peu nombreux, ceux qui la trouvent.

14 ...

Byz V S TR Nes

7,15 Méfiez-vous des faux prophètes ils 

Byz V TR Nesqui viennent vers vous dans des vêtements de brebis

mais à l'intérieur sont des loups rapaces.

7,16  À leurs fruits vous les reconnaîtrez

ramasse-t-on du raisin sur des épines ou des figues sur les ronces ?

7,17 Ainsi tout arbre bon fait de bons fruits

et l'arbre pourri

Vmauvais fait de mauvais fruits.

7,18 Un arbre bon ne peut faire de mauvais fruits

ni un arbre pourri

Vmauvais faire de bons fruits.

7,19 Tout arbre qui ne fait pas de bon fruit est coupé et jeté au feu.

7,20 Ainsi donc à leurs fruits vous les reconnaîtrez.

7,21 Ce n’est pas tout homme qui me dit : — Seigneur, Seigneur ! qui entrera dans le royaume des cieux

mais celui qui fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux

Vcelui-là entrera dans le royaume des cieux.

7,22 Beaucoup me diront en ce jour-là : — Seigneur, Seigneur !

en ton nom n'avons-nous pas prophétisé 

et en ton nom expulsé des démons

et en ton nom fait de nombreux miracles ?

7,23 Alors je leur déclarerai : — Je ne vous ai jamais connus.

Éloignez-vous de moi, vous qui œuvrez l'iniquité.

7,24 Quiconque donc entend ces paroles que je dis et les fait

sera comparé

Byz TRje le comparerai à un homme avisé

Vsage qui a bâti sa maison sur la pierre

7,25 et la pluie est descendue

et les fleuves sont venus

et les vents ont soufflé

et se sont précipités sur cette maison et elle n'est pas tombée 

car elle avait été fondée sur la pierre.

7,26 Et quiconque entend ces paroles que je dis et ne les fait pas

sera comparé

Vsemblable à un homme insensé qui a bâti sa maison sur le sable

7,27 et la pluie est descendue

et les fleuves sont venus

et les vents ont soufflé

et se sont précipités sur cette maison et elle est tombée et sa chute a été grande.

7,28 Et il advint que lorsque Jésus eut achevé ces paroles

les foules étaient frappées

Vdans l'admiration de son enseignement.

7,29 En effet il les enseignait comme ayant autorité

et non comme leurs

Byz TRles scribes et les Pharisiens

Set les pharisiens.

8,1 Étant

VComme il était descendu de la montagne, des foules nombreuses le suivirent.

8,2 Et voici, un lépreux s’approchant

Byz V S TRvenant [à lui], se prosternait devant lui

Vl'adorait en disant :

— Seigneur, si tu veux, tu peux me purifier.

8,3 Et, étendant la main, il

Byz V S TRJésus le toucha, en disant :

— Je veux, sois purifié.

Et aussitôt sa lèpre fut purifiée.

8,4 Et Jésus lui dit :

— Vois, ne [le] dis à personne

mais va, montre-toi au prêtre

Saux prêtres

et offre le don Sselon ce que Moïse a prescrit en témoignage pour eux. 

8,5 Comme il

S TRJésus était entré dans Capharnaüm

un centurion s'approcha de lui, le suppliant

8,6 en disant :

— Seigneur, mon serviteur est couché à la maison, paralysé, gravement tourmenté. 

8,7 Jésus

NesIl lui dit :

— Moi, en allant,

Vje viendrai et je le guérirai. 

8,8 Et répondant le centurion dit :

— Seigneur, je ne suis pas digne que tu entres sous mon toit

mais dis seulement une parole, et mon serviteur sera guéri

8,9 car moi je suis un homme sous une autorité

ayant sous moi

Sma main des soldats

et je dis à l'un : — Va, et il va

et à un autre : — Viens, et il vient

et à mon esclave : — Fais ceci, et il fait.

8,10 En entendant, Jésus admira

et dit à ceux qui suivaient :

— Amen, je vous dis : — Chez personne je n'ai trouvé une telle foi en Israël

Byz V TRJe n'ai pas trouvé une telle foi en Israël

SMême en Israël je n'ai trouvé une telle foi.

8,11  Je vous dis :

— Beaucoup viendront du Levant et du Couchant

et se mettront à table avec Abraham, Isaac et Jacob dans le royaume des cieux

8,12 les fils du royaume seront jetés

Ssortiront dans les ténèbres extérieures

là seront le pleur et le grincement de dents. 

8,13 Et Jésus dit au centurion :

— Va et qu’il te soit fait comme tu as cru !

 Et à cette heure-là son 

Vle serviteur fut guéri.

8,14 Jésus étant venu dans la maison de Pierre

vit sa belle-mère alitée et fiévreuse

8,15 et il toucha sa main et la fièvre la laissa

elle se leva et elle le

V TRles servait. 

8,16 Le soir venu on lui amena de nombreux démoniaques

Vbeaucoup de gens ayant des démons

et il chassait les esprits par une parole

et tous ceux qui allaient

Vavaient un mal, il les guérit

8,17 afin que s'accomplît ce qui avait été dit par le prophète Isaïe, disant :

« Lui-même a pris nos faiblesses et s’est chargé de nos maladies. »

8,18 Jésus, voyant de grandes foules 

Nesune foule  autour de lui, ordonna de s'en aller sur l’autre rive.

8,19 Et un scribe s'approchant lui dit :

Maître

SRabbi, je te suivrai où que tu ailles,

8,20 et Jésus lui dit :

— Les renards ont des tanières et les oiseaux du ciel des abris

Vtentes

mais le fils de l’homme n’a pas où reposer la tête.

8,21 Un autre de ses disciples lui dit :

— Seigneur, permets-moi d’abord de m'en aller et d'ensevelir mon père.

8,22 Mais Jésus lui dit :

— Suis-moi

et laisse les morts ensevelir leurs propres morts.

8,23 Et comme il était monté dans la barque ses disciples le suivirent.

8,24 Et voici, survint une grande secousse dans la mer

au point que la barque était couverte par les vagues

mais lui dormait

8,25 Ses disciples

ByzLes disciples

V Neset ils s’approchèrent, le réveillèrent et lui dirent

Ven disant :

— Seigneur, sauveByz V S TR-nous, nous périssons ! 

8,26 Il leur dit :

— Pourquoi êtes-vous craintifs, [hommes] de peu de foi ?

Alors, s'étant levé, il menaça les vents et la mer

Vil commanda aux vents et à la mer

et il se fit un grand calme.

8,27  Les

VAprès, les hommes furent étonnés en disant :

— Quel est celui-ci que même les vents et la mer lui obéissent ?

8,28 Étant venu sur l'autre rive, dans le pays des Gadaréniens

Byz TRGergéséniens

VGéraséniens,

deux possédés

V hommes ayant des démons vinrent à sa rencontre

sortant des tombeaux

et ils étaient très violents

Smauvais, de sorte que personne n'était capable de passer par ce chemin-là

8,29  et voici, ils crièrent en disant :

— Qu'en est-il de nous et de toi, Byz S TRJésus Fils de Dieu ?

Es-tu venu ici avant le temps pour nous tourmenter ?

8,30 Il y avait Vnon loin d’eux un troupeau de porcs nombreux paissant.

8,31 Et les démons le priaient en disant :

— Si tu nous expulses, envoie-nous

Byz S TRpermets-nous d'aller dans le troupeau de porcs.

8,32 Et il

SJésus leur dit : —  Allez !

Étant sortis, ils partirent vers les

Byz TRle troupeau de porcs

et voici, tout le troupeau Byz TRde porcs  se précipita

Vs'en alla d'un élan du haut de l'escarpement dans la mer

et ils périrent dans les eaux.

8,33 Les pasteurs s'enfuirent

et étant allés dans la ville ils annoncèrent tout 

et ce qui était arrivé aux démoniaques

Và ceux qui avaient des démons

8,34 Et voici, toute la ville sortit à la rencontre de Jésus

et, le voyant, ils le priaient de s'éloigner de leur région.

Réception

Liturgie

1,16 Jacob autem

Communion "Jacob autem"

Communion - Jacob autem

Chœur des moines de l’abbaye Sainte-Madeleine du Barroux

© Abbaye du Barroux→, Mt 1,16

1,18 Cum esset

Offertoire "Cum esset"

Offertoire - Cum esset

Chœur des moines de l’abbaye Sainte-Madeleine du Barroux

© Abbaye du Barroux→, Mt 1,18

Arts visuels

1,2 Livre de la génération de Jésus  L'arbre de Jessé La représentation de la généalogie du Christ par l'arbre de Jessé (cf. Is 11,1) est un motif récurrent dans toute l'histoire de l'art.

Dans des vitraux célèbres

  • Basilique Saint-Denis (12e s.)

    Anonyme, L'enfance du Christ et l'arbre de Jessé (vitrail, ca. 1144), chapelle de la Vierge

    Basilique de Saint-Denis (France) © CC-BY-SA 3.0→

  • Cathédrale de Chartres (12e s.)

    Anonyme, L'Arbre de Jessé (vitrail, 1145-1155), côté ouest orienté nord

    cathédrale Notre-Dame de Chartres (France) © Domaine public→

  • Beauvais (16e s.)

    Anonyme, L'Arbre de Jessé (vitrail, 1522-1524)

    église Saint-Étienne, Beauvais (France) © Domaine public→

  • Cathédrale Saint-Étienne de Sens (début 16e s.)

Lyévin Varin ou Voirin, Jehan Verrat et Balthazard Godon ou Gondon, L'Arbre de Jessé (vitrail, 1502-1503), 12,4 x 4,2 m, baie n°116, fenêtre haute du transept sud

cathédrale Saint-Étienne, Sens (France), photo : lavieb-aile→ © Domaine public→

  • Cathédrale Saint-Lazare d'Autun (16e s.)

Anonyme, L'Arbre de Jessé (vitrail, 16e s.), collatéral nord, chapelle des évêques

Cathédrale Saint-Lazare, Autun (France), photo : Denis Krieger © Domaine public→

Dans la sculpture baroque

Anonyme, L'Arbre de Jessé (bois, 17e s.)

Église Saint-François, Porto (Portugal) © CC-BY-2.0→

Dans la peinture moderne : Joseph enchevêtré à l'arbre de Jessé ? 

Cf. Arts visuels Mt 1,16

Cinéma

1,18–2,19 Histoire de la Nativité Une intense poésie se dégage de ce film d'animation russe.

Mikhail Aldashin, Noël (мультфильм Михаила Алдашина), (film d'animation, 1997)

musique :  Johann Sebastian Bach, Concerto en D minor pour clavecin, BWV 1052 (Clavecin: Jim Long) ; L. van Beethoven, Symphonie No. 7 en A Major, Op. 92: II. Allegretto (Rafael Frühbeck de Burgos; Wyn Morris ; London Symphony Orchestra).

Prod. : Primoluz, Рождество © Licence YouTube standard, Mt 1,1-2,19 ; Lc 1,26-2,20

Le film Noël du réalisateur et artiste Mikhail Aldashin cherche à faire toucher au miracle de la naissance du Sauveur parmi les hommes. L'intrigue respecte le texte canonique, en y ajoutant bien des traits naïfs et émouvants tirés des récits apocryphes. Mikhail Aldashin est l'un des principaux réalisateurs du studio Pilot. Ses films ont remporté le succès dans de nombreux pays, dans divers festivals internationaux. Le film Noël, tourné en 1997 la même année, a reçu le prix de la meilleure réalisation et la première place dans une classification professionnelle au Festival panrusse d'animation de Tarus ; au Golden Fish International Film Festival à Moscou et de nombreuses autres récompenses.

La scène de l’appel des trois mages endormis dans le même lit et tirés de leur sommeil par un petit ange qui les touche du doigt vient directement d’un chapiteau du 12e s. de la cathédrale Saint-Lazare d’Autun, sculpté par maître Gislebertus : Arts visuels Mt 2,1s

Arts visuels

1,18 Or, la génération du Christ se fit ainsi Iconographie contemporaine

Enluminure

Éric Mortreuil (1964 -), Incarnation. Page Chi-Rhô., (enluminure sur vélin : pigments à l'orpiment, minium, garance, ocre doré, lapis-lazuli, vert de gris, cochenille, indigo, 2020),  33 x 25,5 cm

Coll. part., France

D.R. É. Mortreuil→© BEST aisbl

Enlumineur depuis 2016, É. M. s’inspire de textes bibliques et chrétiens et de la spiritualité scoute pour élaborer des compositions dans la tradition de l’enluminure occidentale, avec une préférence pour le style irlandais « insulaire » (Livre de Kells, Evangiles de Lindisfarne, etc.) et pour le gothique du 13e s.

La page Chi-Rhô (folio 34r du Livre de Kells) est emblématique des manuscrits insulaires. Elle désigne le chrisme, composé des lettres grecques X (khi) et P (rhô), initiales de Jésus-Christ en grec. 

Anonyme, Livre de Kells, (vélin avec de l'encre noire, rouge, mauve ou jaune, ca. 800), Manuscrit illustré de motifs ornementaux, Folio 34r, 33 x 25

Irlande, Bibliothèque du Trinity College Dublin→© BEST aisbl

En s'inspirant de l'illustration Chi-Rhô, É. M. illustre les premiers mots de la péricope de Saint Matthieu : « XPI (Christi) autem generatio sic erat ».

L'enluminure de É. M. intègre aussi des éléments symétriques et circulaires, ainsi que des motifs celtiques médiévaux, comme ceux du Bouclier de Battersea.

Anonyme, Le bouclier de Battersea, (bronze et verre, ca. 350 BC - 50 BC), 77,7 x 35,7 cm, N° d’inventaire : 1857,0715.1

British Museum→© BEST aisbl

La calligraphie quant à elle est empruntée aux lettres du folio 95r des Évangiles de Lindisfarne.

Anonyme, Évangiles de Lindisfarne, (Enluminures sur parchemin, ca. 700-715), Manuscrit enluminé, 34 × 27 cm,

N° d’inventaire : Cotton Ms. Nero D.IV, Folio 95r,

Lindisfarne, British Library

L'enluminure Incarnation. Page Chi-Rhô d'É. M. peut évoquer : 

  • La vision du char d'Ez 1, où les quatre évangélistes sont symbolisés par leurs figures traditionnelles : l’homme, le bœuf, le lion et l’oiseau. Le dessin des roues (Ez 1,15) s’inspire des éléments circulaires du Bouclier de Battersea.
  • Les multiples points verts et orangés représentent la descendance innombrable d'Abraham.
  • L'encadrement contient des passages du Credo relatifs à l'incarnation et le mot « Hosanna » en lettres runiques.

Musique

5,37 que votre parole soit : OUI ? OUI !, NON ? NON ! Un écho dans la musique pop ? Le Let It Be des Beatles. 

20e s.

Une célèbre chanson du célèbre groupe britannique, morceau initialement très intime, a rapidement été considérée par beaucoup comme l'équivalent d'un gospel, un hymne à la Vierge Marie.

The Beatles (texte : Paul McCartney),  Let It Be (Remastered 2009), Paul McCartney : piano, chant – George Harrison : guitare électrique, chœurs – Ringo Starr : batterie, Apple Records, 1970,

© Licence YouTube standard→ Jn 19,27

Composition

Lorsque la frénésie de la Beatlemania commençait à s'estomper et que les relations au sein du groupe se détérioraient, annonçant une fin imminente, Paul McCartney fit un rêve marquant : sa mère Mary, décédée depuis une douzaine d'années, lui apparut. Dans ce rêve, elle lui offrit la consolation d'une rencontre inattendue et lui transmit ces paroles apaisantes : Let it be – « qu'il en soit ainsi », « ainsi soit-il », amen – ou, plus simplement « lâche prise », « accepte que ce qui est, est ». Et le cœur troublé du jeune homme retrouva la paix.  

Ce fut le dernier grand succès du groupe, qui, sans le prévoir, produisit une œuvre résonnant comme un écho à l'un des préceptes les plus célèbres de Jésus : « — Que votre parole soit oui, oui ; non, non » (Mt 5,37), peut-être en rétroversion araméenne : « Dis ce qui est est, ce qui n'est pas n'est pas » (cf. Eric Edelmann, Jésus parlait araméen, Paris : Les éditions du Relié, 2000, 206-209). En ce sens, Let it be exprime une invitation à l’acceptation complète de la réalité.

Traduction française
  • Quand je me trouve dans la tourmente — Mère Marie vient à moi — Avec des paroles pleines de sagesse : — Lâche prise, accepte les choses comme elles sont. ——— Et dans mes heures sombres — Elle se tient là, bien en face de moi — Et me dit des paroles pleines de sagesse : — Lâche prise  ——— Murmure des paroles pleines de sagesse : — Lâche prise, accepte ce qui est ——— Et quand les gens aux cœurs brisés de notre monde tomberont d'accord — Il y aura une réponse, ainsi soit-il — Car bien s'ils puissent être divisés, il leur sera toujours possible de voir — Qu’il y aura une réponse, ainsi soit-il ——— Et quand la nuit est impénétrable, — Il y a toujours une lumière qui m'éclaire — Qui m'éclaire jusqu'au lendemain : — Lâche prise, accepte ce qui est ——— Je me réveille au son d’une musique, — Mère Marie vient à moi — Avec des paroles pleines de sagesse : — accepte les choses comme elles sont. ——— Lâche prise ; accepte ce qui est ; accepte les choses comme elles sont ; ainsi soit-il ; amen. (trad. F. Waille). 
D'une mère sur la terre à l'autre, au Ciel ?

Sans en avoir conscience, les Beatles ont laissé un héritage musical transcendant les frontières de la pop et abordant indirectement la figure de la Vierge, incitant les auditeurs à tourner leur regard vers la Reine du ciel. Le choix de McCartney d’employer l’expression « Mother Mary », sans utiliser de possessif, ouvre cette figure à une interprétation universelle, et facilite l’association avec Marie. Comme souvent avec les grandes œuvres, celle-ci échappe à son auteur et acquiert un caractère universel, abordant des thèmes qui semblent dépasser les intentions initiales.

L'association entre la figure maternelle et la souffrance rappelle également, à une autre échelle, les paroles adressées par Jésus à Jean depuis la croix : « Voici ta mère » (Jn 19,27). Cependant, la chanson s'achève sur un passage des ténèbres vers la lumière, un thème central dans la Bible, d'Isaïe à la Résurrection. La mélodie de Let it be, évoquant pour McCartney l’aube d’un jour nouveau, semble ainsi renvoyer à cette symbolique de renaissance et de paix.

Ces dynamiques, exprimées de manière simple mais puissante dans cette chanson, trouvent un écho dans les paroles du frère Roger : « Avec Marie (…) attendre dans la paix des nuits […] comme aux heures des plus grands combats intérieurs, attendre que fleurissent nos déserts » (Frère. Roger de Taizé, mère Teresa de Calcutta, Marie, mère de réconciliation, Les Presses de Taizé / Le Centurion, 1989, 24).

Arts visuels

6,9–13 — Notre Père qui es aux cieux Pater insulaire

Iconographie contemporaine

Éric Mortreuil (1964—), Pater insulaire, (enluminure : gouaches sur texte imprimé sur papier végétal, 2025), 21 cm x 29,7 cm, Coll. part., France,

D.R. É. Mortreuil→ © BEST aisbl

Enlumineur depuis 2016, É. M. s’inspire des textes bibliques et chrétiens ainsi que de la spiritualité scoute pour élaborer des compositions dans la tradition de l’enluminure occidentale, avec une prédilection pour le style irlandais « insulaire » (Livre de Kells, Évangiles de Lindisfarne) et pour le gothique du 13ᵉ siècle.

Cette enluminure présente plusieurs ornements caractéristiques du style « insulaire », parmi lesquels :

  • Les lettres dites "runiques" (connues sous le nom de Square Letters en anglais). Bien qu’inspirées des alphabets proto-germaniques, elles constituent un style d’écriture ornemental caractéristique des manuscrits insulaires. Ici, elles sont utilisées pour transcrire le Pater noster en graphie runique.
  • Les lettrines (lettres majuscules ornées, de taille supérieure, placées au début d’un chapitre ou d’un paragraphe pour en marquer l’ouverture). Dans cette enluminure, elles correspondent notamment au Pater noster ainsi qu’au P de panem.
  • Les entrelacs (également appelés nœuds celtiques, semblables à des cordes sans extrémité, enchevêtrées et généralement symétriques). Ils sont ici peints en bleu ciel et en violet dans les bordures supérieure et inférieure, ainsi qu'en vert foncé et violet dans les bordures latérales du décor.
  • Les décors zoomorphes, tel le félin placé à l’extrémité supérieure droite du cadre, prolongeant l’entrelac jaune.

8,17 « Lui-même a pris nos faiblesses et s’est chargé de nos maladies. » Le Christ comme « homme de douleurs »  d'Isaïe 53 au fil de l'histoire de l'art

Vir dolorum (ou Homme de douleurs) et Imago pietatis (Christ de pitié)

Citation d’Is 53,3  (« Il était mépris et abandonné des hommes, homme de douleurs et familier de la souffrance »), l’expression Vir dolorum désigne un ensemble iconographique complexe. Au-delà de tout déroulement narratif, elle se réfère à des images de dévotion invitant à méditer la passion du Christ. Toutes figurent le Christ après la crucifixion, avec des variantes que l'on peut regrouper en deux types :

  • Vir dolorum à proprement parler : portrait en pied du Christ encore vivant mais déjà marqué par la Passion. On y retrouve fréquemment la Vierge, saint Jean ou des anges qui partagent sa douleur. L’accent est mis sur l’intensité dramatique et émotionnelle, pour susciter la compassion du spectateur.
  • imago pietatis : portrait en buste du Christ mort ou dans un état intermédiaire entre vie et mort, généralement figuré seul, à mi-corps ou sortant du tombeau, il se présente de manière frontale et silencieuse, les stigmates visibles. Cette image, souvent apaisée et méditative, invite le fidèle à contempler le mystère de la Passion et de la rédemption, dans une approche plus liturgique et intérieure

Là où le Christ de Piété appelle à la méditation silencieuse, le Vir Dolorum engage dans une expérience affective et pathétique de la souffrance du Christ.  Leur formulation et leur succès, liés à l’évolution de la dévotion et de la liturgie vers la passion et les souffrances du Christ, en font des témoins éloquents de la piété médiévale et des cultes de la sainte croix, des →Arma Christi (Arts visuels Mt 27,26b) et du Corpus Christi (Arts visuels Mt 27,27–31).

1 — Apparition et diffusion

Imago pietatis

Le portrait en buste du Christ mort apparaît dans l'iconographie byzantine au 12e s. et se diffuse en Occident à partir du 13e s. Les besoins de la liturgie byzantine du vendredi saint conduisent à la formulation d’une image de dévotion nouvelle, inspirée de l’epitaphios (icône représentant les lamentations de la Vierge, des saintes femmes, de Nicodème et de Jean sur le corps de Jésus, étendu sur le catafalque). L’imago pietatis représente le Christ mort, en buste, la tête nimbée inclinée sur la poitrine et les yeux clos.

Anonyme, Icône double face avec la Vierge Hodegetria et l'Homme des Douleurs/Christ de piété, (pigments à la détrempe et feuille d'argent sur panneau de bois, 12e s.), 115 x 77.5 x 3.5 cm, icône processionnelle,

Musée byzantin, Kastoria, Grèce,© Fair Use CB 51 Omeka→, Is 53,8

Cette première apparition connue de l’iconographie de l’Homme des Douleurs en fixe déjà les traits essentiels. Le Christ, nu et debout devant la Croix, n’y est pas cloué mais représenté dans un état de « mort vivante » : ses bras tombent le long du corps. La scène ne renvoie à aucun épisode précis de l’Écriture, mais condense la Passion dans son ensemble. Ici, les yeux du Christ sont clos, alors que dans nombre de représentations ultérieures de l’Homme des Douleurs, ils resteront ouverts. Quant à la Vierge Hodiguitria, un contraste singulier apparaît : elle porte l’Enfant, source de joie, mais son visage exprime une profonde tristesse. Marie semble déjà consciente de l’Homme de Douleurs représenté au revers et réagit à cette image.

Les offices liturgiques relatifs à la Passion se sont développés dans les monastères constantinopolitains au 11e s., et favorisèrent l'invention d'un nouveau motif iconographique combinant les thèmes de la Crucifixion, de la Déploration et de la Mise au tombeau. Peut-être s'agit-il d'une s'agit d'une version picturale des chants rituels byzantins utilisés dans la liturgie de la Passion : certains de ces chants montrent Marie en deuil de la Crucifixion tout en évoquant la jeunesse du Christ, exactement ce que semble faire la Vierge dans ce panneau ?

Au cours du 12e s., l’image se diffuse et s’enrichit rapidement. Le corps est alors présenté devant la croix, comme émergeant du tombeau. Le cadrage s'élargit et le Christ apparaît les bras croisés sur sa poitrine, dans la posture du mort.

Le type se diffuse en Occident à la faveur des échanges entre Byzance et l’Italie.

  • Au cours du 14e s., une imago pietatis réalisée en mosaïque est apportée à la basilique Sainte-Croix-de-Jérusalem à Rome et se voit attribuer une légende la rattachant à la vision de Grégoire le Grand.
  • Pietro Lorenzetti, Imago pietatis (ca. 1340-1345, Lindenau Museum, Altenburg).

Pietro Lorenzetti (actif entre 1320 et 1344), Imago pietatis (tempera sur panneau de bois de peuplier, ca. 1340-1345), 35 x 25,9 cm

Lindenau-Museum, Altenburg, Thuringe, Allemagne © Domaine public→

Giovanni Bellini (1427-1516), Imago Pietatis, Homme de Douleurs, (tempera sur bois, 1457), 50 x 40,4 cm

Musée Poldi Pezzoli, Milan, Italie © Fair Use. Musée Poldi Pezzoli→ 

Ce panneau de Giovanni Bellini est une œuvre de jeunesse, marquée par l’influence de son beau-frère Andrea Mantegna. Bellini y représente une résurrection à l’aube, au lever du soleil, moment de la renaissance du jour. Le fond rosé contraste avec le Christ encore pâle, soulignant les traces de la mort. Émergeant du tombeau, le Christ est figuré entre la vie et la mort : son corps terne et son visage las, privés de couleurs vitales, accentuent la dramatisation. Les zones blanches peintes sur les joues et autour des yeux creusés laissent apparaître les os du crâne sous la peau.

Présentée par d'autres personnages

Parfois, et dès la fin du 13e s. en sculpture, le Christ est présenté par Marie ou par des anges, parfois même par le Père et l’Esprit, comme hostie vivante offerte à la contemplation du fidèle :

Giovanni Pisano (vers 1245/1248), Pietà de l'ange, (ca 1300), 44x 45 x 36 cm, Pupitre d'une chaire (relief), cathédrale de Pise (?)

Musées d'État de Berlin→, Collection de sculptures et Musée d'art byzantin, photo Antje Voigt © CC BY-SA 4.0

Le relief provient d’un lutrin appartenant à l’une des chaires sculptées par Giovanni Pisano, à Sant’Andrea de Pistoia (1297-1301) ou à la cathédrale de Pise (1302-1311). Il constitue l’une des premières représentations de la Pietà de l’Ange. Les anges, émus, ont ouvert le linceul du Christ de façon à laisser voir le haut de son corps. Le présentant comme une hostie, ils l’encadrent de leurs bras levés et de leurs jambes tendues, formant une mandorle. Sur cette chaire destinée à proclamer l’Écriture, ils désignent le Logos, le Verbe incarné.

Anonyme (Italie Nord, fin 15e s.), Christ mort soutenu par deux anges (Imago Pietatis), (sculpture sur peuplier polychromé, 1485 - 1500), 82 x 68 m x 7 cm, bas-relief (la tête de l’ange senestre est une réfection)

Département des Sculptures du Moyen Age, de la Renaissance et des temps modernes, n° RF 706, Musée du Louvre, Paris

© Fair Use. Musée du Louvre, Dist. Grand Palais Rmn. photo : Pierre Philibert→

Au fil des siècles les artistes ont continué à développer ce thème.

  • Lubin BauginBaccio BandinelliGiovanni BelliniLudovico CarracciJacopino del ConteDaniele CrespiCarlo Crivelli, DonatelloGaudenzio FerrariFilippo LippiLorenzo LottoJean MalouelAntonello da MessinePalma le JeuneSebastiano del PiomboArtus QuellinPeter Paul RubensGiorgio SchiavoneDesiderio da SattiganoVéronèseil Zoppo, etc.

Particulièrement remarquables sont :

Carlo Crivelli (ca. 1430–1495/1500), Le Christ mort soutenu par deux anges, (Tempera à l'œuf et or travaillé sur panneau de bois, ca 1472), 70,8 × 47,3 × 2,9 cm, Pinacle d'un retable, Collection John G. Johnson, 1917, n° Cat. 158

Philadelphia Museum of Art, Pennsylvanie, États-Unis © Philadelphia Museum of Art→. Fair Use 

Carlo Crivelli se caractérise par un dessin fin et une touche délicate, alliés à un réalisme étrange et caricatural. Ici, la représentation détaillée des plaies du Christ et de sa peau grisonnante, ainsi que les larmes et les expressions angoissées des anges, accentuent l'horreur et la douleur de la souffrance et de la mort du Christ.

Andrea Mantegna (1431–1506), Le Christ, Rédempteur souffrant, (tempera sur panneau de bois, 1488), 136 x 97 cm

Musée des Beaux Arts du Danemark, Copenhague, © Domaine public→

  • Maître de BohêmeChrist de douleur, tempera sur bois (ca. 1470, Prague) : le Christ tenant un calice sous son côté ouvert est entouré de deux anges ;
  • Martin van HeemskerckChrist de douleur (1532, Gand) : deux anges entourent un athlétique Christ décrucifié, l’un semblant lui retirer délicatement la couronne d’épines ;
  • VéronèseLe Christ mort, soutenu par deux anges, huile sur toile (1587-1589, Berlin) ;
  • Édouard ManetJésus mort et les anges (1864, New York) ; Eugène Delacroix
  • Maxime Descombin,  Bernard Buffet, etc.

Cette iconographie inspire quelques artistes contemporains reprenant les grands maîtres de la Renaissance :

  • Bill ViolaEmergence (2002).

Bill Viola (1951-2024), Emergence, (bande vidéo couleur HD, 2002), taille de l’image projetée : 84 5/16 x 84 5/16 x 37/8 po, J. Paul Getty Museum, Los Angeles, © Licence Youtube standard→ D.R. Bill Viola, , Romains 6. 3-5

Cette œuvre du vidéaste américain, extraite de la série des Passions, est une méditation métaphysique sur la renaissance spirituelle. D’une durée de onze minutes et 49 secondes, elle met en scène un homme à la blancheur irréelle qui émerge lentement de l’eau d’un bassin et que deux femmes viennent accoucher sur le sol. Au sens chrétien, la symbolique est flagrante et l’on peut en faire une double lecture : à la fois celle de la résurrection du Christ au matin de Pâques, porté hors de sa tombe par la vitalité des fluides divins ; mais également celle du sacrement du baptême pour le croyant. Cela, car le ralenti extrême de la vidéo évoque l’effort de gestation que constitue le cheminement spirituel, depuis l’abandon du « vieil homme » jusqu'à la vie en Christ. Cette renaissance dans la famille de Dieu ne se fait pas sans douleur : commençant dans les pleurs des jeunes femmes agenouillées, elle s’accompagne nécessairement d’un deuil puisqu’il faut mourir à soi-même – la vieille enveloppe gisant au sol (vidéo) – pour que jaillisse l’homme nouveau, revêtu du vêtement christique. Quant à l’eau qui s’écoule de façon ininterrompue dans cette mise en scène expérimentale, elle renvoie à la purification baptismale, promesse de la vie éternelle.

Bill Viola (1951-2024), Emergence, Espace Louis Vuitton, Venise (Italie), (2014) avec Weba Garretson, John Hay et Sarah Steben

Vidéo amateur Bellatrilli Maria-Laura Bidorini © Licence YouTube standard

Deux femmes sont vues assises de chaque côté d'une citerne en marbre dans une cour, tandis qu'elles attendent patiemment en silence, ne se saluant qu'occasionnellement de la présence de l'autre, quand soudain la tête d'un jeune homme apparaît, puis son corps se lève...

Vir dolorum

Le portrait en pied du Christ, encore vivant montrant ses plaies, apparaît assez tardivement (14e s.) en Occident, surtout dans les pays germaniques.

Lucas Cranach l'Ancien (1472–1553), Christ de douleur, (peinture sur panneau de bois, 1550), 137 x 54 cm, (Intérieur du haut 5,5 cm, raboté et complété en dessous 6,5 cm), Aile intérieure d'un autel

Kunsthistorisches Museum, Vienne, Autriche © Domaine public→ 

L’expression générique Vir dolorum peut désigner aussi des imagines pietatis, si bien que les expressions sont souvent synonymes.

2 — Enrichissements

Planctus

En Italie, le type s’enrichit des dolents de la crucifixion : la Vierge dès le 13e s. ; puis Jean, Marie-Madeleine, Joseph d’Arimathie et Nicodème au 14e s., au point que la composition devient une lamentation, le Christ étant présenté à mi-corps.

Maître de la Madone Strauss, peut-être Ambrogio di Baldese ( ca 1360-1429), Vir dolorum, saints et Arma Christi, (détrempe, pigments et feuille d'or sur panneau de bois, 1380-90)

église San Romolo, Valiana, près de Pratovecchio, Toscane, Italie, © CC-BY-3.0→ 

Geertgen tot Sint Jans (ca 1460 –1488), L'homme des douleurs de Smarten, (huile sur panneau de bois, ca 1485–1495), 24,5 x 24 cm,

Musée du Couvent de Sainte-Catherine, Utrecht © Domaine public→

Mort jeune, le peintre primitif flamand au 12 ou 16 œuvres connues livre ici une version particulièrement complexe du thème, avec anges, saintes femmes, saint Jean et instruments de la Passion...

Eucharistie

Parallèlement, l’image se charge d’une dimension eucharistique qui module la représentation du Christ. Au cours du 14e s., dans les pays germaniques, le Christ est figuré montrant ses plaies, en pied, sous les traits du Rédempteur triomphant de la mort, sortant du tombeau et présentant le saint calice :

  • Anonyme allemand, Den Schmerzensmann mit den Arma Christi, gravure sur bois, rehaut d'aquarelle (ca. 1470-1485, Germanisches Nationalmuseum, Nuremberg).

Anonyme allemand, Der Schmerzensmann mit den Arma Christi (gravure sur bois, rehaut d'aquarelle, ca. 1470-1485)

  Germanisches Nationalmuseum, Nuremberg © Domaine public→

Arma Christi

Rapidement, les Arma Christi sont associées à la composition.

  • Goossen van der Weyden, Triptyque d’Antonius Tsgrooten (1507, Musée royal des Beaux-Arts, Anvers).

Goossen van der Weyden (ca. 1455-1543), Triptyque de l'abbé Antonius Tsgrooten, (huile sur panneau, 1507), 33,7 x 25,2 cm

Musée des Beaux-Arts, Anvers, Belgique © Domaine public→

Messe de saint Grégoire

L’image donne également naissance à l’iconographie de « La messe de saint Grégoire », qui commémore une vision du pape Grégoire le Grand célébrant l’Eucharistie et voyant apparaître sur l’autel le Christ de douleurs.

  • Maître de la Sainte Parenté le JeuneMesse de saint Grégoire (1486, Museum Catharijneconvent, Utrecht).

Maître de la Sainte Parenté le Jeune, actif 1475-1515, Messe de saint Grégoire (panneau de dévotion, détrempe sur bois, 1486)

musée du couvent Sainte-Catherine, Utrecht © Domaine public→ 

Les variantes duVir dolorum connaissent un essor considérable tout au long du 15e s., accompagnant le développement de la piété doloriste et de la devotio moderna. Ainsi, les peintres germaniques et flamands développent une variante du Vir dolorum présenté en buste comme dans l’imago pietatis, mais vivant et montrant ses plaies.

  • Atelier d’Albert Bouts, Vir dolorum (1525, Metropolitan Museum of Art, New York).

Atelier d'Albert Bouts (ca. 1452-1549), L'homme de douleurs, (huile sur bois de chêne, ca. 1525), 44,5 x 28,6 cm

Metropolitan Museum of Art, New York © Fair Use  Metmuseum→

Avatars modernes et contemporains

L'image n'a jamais cessé de hanter les artistes, jusqu'à la période contemporaine : est-il interdit d'en trouver un avatar dans cette installation célèbre de Andy Warhol et de Jean-Michel Basquiat ?

Andy Warhol (1928–1987) et Jean-Michel Basquiat (1960–1988), Ten Punching Bags (Last Supper), (sérigraphie et acrylique sur punching bags, 1985-86), 10 fois ca 107 × 36 × 36 cm, installation,

Andy Warhol Museum, Pittsburgh (PA)  © Fair Use. Carnegiemuseums→ 

Cette installation provocatrice soulève paradoxe et contradiction : elle exhibe peut-être ce qui est le cœur du christianisme : Dieu a pris figure humaine et accepté d'être défiguré pour sauver l'humanité : le punching bag symbolise Jésus comme prenant les coups («porter les péchés») de l’humanité. Le nombre 10 suggère à la fois les dix commandements (dix manières de frapper Jésus quand on les enfreint ) et les dix lépreux (parias) que Jésus a purifiés (Mc 10,41).

Andy Warhol (1928–1987) et Jean-Michel Basquiat (1960–1988), Ten Punching Bags (Last Supper), detail, (sérigraphie et acrylique sur punching bags, 1985-86), 10 fois ca 107 × 36 × 36 cm, installation

Andy Warhol Museum, Pittsburgh (PA) © Fair Use. D.R. photo D.R. blondeambition4→,

Commande du collectionneur fantasque Alexander Iolas en 1984, l'abondante série de Warhol inspirée par La dernière Cène de Vinci, fut sa dernière œuvre majeure. Elle prend donc une résonance singulière, alors que l'artiste, atteint du SIDA, est déjà hanté par la mort. Aux images sereines de Warhol d’un Christ DaVinci-esque, Basquiat juxtapose ses propres graphismes, à la fois religieux (une couronne, une racine de Jessé, des symboles trinitaires) et profanes (plomb, amiante, potence, stade de football délabré). Jésus le juge est lui-même jugé par la misère de la pauvreté urbaine.

Tradition chrétienne

2,1 Comme Jésus était né à Bethléem La Bethléem de saint Jérôme de Stridon À dix kilomètres seulement du bureau de La Bible en ses Traditions→ à Jérusalem, se trouvent les vestiges du monastère que saint Jérôme s’y construisit, il y a seize siècles. C’est là qu’il mena l’œuvre que nous continuons aujourd’hui : traduire les Écritures pour vous.

Éléments biographiques

Thắng-Nhật Trần (photographie), Saint Jérôme, (sculpture sur pierre)

Cloître de l'église Sainte-Catherine, Bethléem, Palestine © Domaine public→

Le crâne, le livre et le stylet, et la peau de bête sont les attributs du moine érudit et instruit que fut pendant toutes ces dernières décennies, saint Jérôme à Bethléem.

Pourquoi Jérôme quitta-t-il Rome ?

En août 385, Jérôme embarque pour l’Orient. Dans la lettre 45 adressée à Asella, il expose les raisons de son départ de Rome : les diffamations de la part de la noblesse et du clergé romains. Il est accusé d’avoir converti un grand nombre de femmes de la noblesse, d’être entouré d’une cohorte de vierges, et surtout d’admirer avec trop de ferveur Paule, grande matrone romaine convertie à l’ascèse monastique, dont l’humble piété forçait son admiration.

Il quitte Rome comme on quitte Babylone :

  • Jérôme Ep.XLV à Asella : « Ces lignes, ma très chère dame Asella, je les ai écrites à la hâte, en larmes et dans la douleur, alors que je montais déjà sur le navire. Je rends grâce à mon Dieu de ce qu’il m’ait jugé digne d’être haï par le monde. Prie afin que je revienne de Babylone à Jérusalem, pour que Nabuchodonosor ne règne pas sur moi, mais Jésus, fils de Josédec ; qu’Esdras vienne — lui dont le nom signifie secours — et qu’il me ramène dans ma patrie ! Insensé que j’étais, moi qui voulais chanter le Cantique du Seigneur en terre étrangère, et qui, sur la montagne déserte du Sinaï, réclamais l’aide de l’Égypte ! » (éd. Les Belles Lettres, t.2, 99).

Il ne partit toutefois pas seul pour la Palestine, mais en compagnie de Paule et de sa fille, avec lesquelles il fonda ultérieurement deux monastères à Bethléem. Cependant, afin de prévenir les médisances, ils entreprirent le voyage séparément, du moins dans un premier temps.

Itinéraire, utilité et spiritualité du voyage

Jérôme donne un résumé assez détaillé des différentes étapes du voyage dans son Apologie contre Rufin. Il quitte Rome pour se rendre à Rhêgion (aujourd’hui Reggio de Calabre), puis à Chypre et Antioche. Alors que l’hiver approchait, il atteignit Jérusalem, non sans un détour par l’Égypte, avant de s’installer définitivement à Bethléem :

  • Jérôme Ruf. : « Lorsque vint le froid, j’entrai à Jérusalem. J’y vis bien des merveilles : ce que je connaissais autrefois par ouï-dire, mes yeux le virent alors. De là, je me hâtai vers l’Égypte : j’y visitai les monastères de Nitrie, et, au milieu des troupes d’hommes saints, je vis des aspics qui se cachaient. Je revins aussitôt en toute hâte à mon cher Bethléem, où j’adorai la crèche et le berceau du Sauveur. Je vis aussi le lac fameux ; et je ne m’abandonnai ni à l’oisiveté ni à la paresse, mais j’appris beaucoup de choses que j’ignorais auparavant » (SC 303, 273).

La lettre 108, rédigée peu après la mort de Paula, offre une description précieuse de leur arrivée en Terre sainte. On y apprend qu’ils parcoururent plusieurs lieux marqués par des épisodes bibliques : la tour d’Élie à Sarepta (1R 17,8-14), les rivages de Tyr où Paul avait prié (Ac 21,5), la maison de Corneille à Césarée (Ac 21,8), ainsi que Lydda,et Nicopolis, lieux de guérisons et de manifestations du Christ.

Jérôme connaît les vertus du voyage : gagner la Terre sainte ne consiste pas seulement à suivre les traces du Christ, mais aussi à se donner les moyens de mieux comprendre les Écritures, au service de son œuvre de traduction :

  • Jérôme, Praef. Paralipomènes (LXX) (= Chroniques) 1 « De même qu’ils ont une meilleure compréhension de l’histoire grecque, ceux qui ont vu Athènes, et du troisième Livre [de l’Enéide] de Virgile ceux qui ont navigué de la Troade en Sicile, en passant par Leucate et le promontoire acrocéraunien, ensuite jusqu’aux bouches du Tibre, ainsi portera-t-il un regard plus clair sur l’Écriture sainte celui qui a vu de ses propres yeux la Judée et connaîtra les monuments des villes anciennes et les noms de lieux, qu’ils soient les mêmes ou qu’ils aient changé » (cf. Aline Canellis (dir.) Saint Jérôme, Préfaces aux livres de la Bible., SC 592, Paris: Cerf, 2017, 339-341).

Dans cette pérégrination en Terre sainte, la visite de Bethléem et de ses environs constitue l’un des moments les plus émouvants. Jérôme décrit la grotte de la Nativité à travers le regard émerveillé de Paule.

  • Jérôme Ep.108 Oraison funèbre de sainte Paule : « Ensuite, selon ses modestes moyens, elle distribua de l’argent aux pauvres et à ses serviteurs, puis se rendit à Bethléem. […] Elle entra dans Bethléem, et pénétra dans la grotte du Sauveur. Après avoir vu la sainte demeure de la Vierge, et l’étable où le bœuf reconnut son possesseur et l’âne la crèche de son Seigneur (Is 1,3), afin que s’accomplît ce qui est écrit dans le même prophète : "Bienheureux celui qui sème près des eaux, là où le bœuf et l’âne foulent" (Is 32,20), elle jurait, en ma présence, voir de ses yeux de foi l’enfant emmailloté, vagissant dans la crèche — le Seigneur lui-même — les Mages l’adorant, l’étoile brillant au-dessus, la Mère Vierge (Mt 2), le nourricier vigilant, les bergers venant de nuit pour contempler la Parole faite chair (Lc 2,16). Et déjà elle semblait consacrer les premières paroles de l’évangile de Jean : « Au commencement était le Verbe… et le Verbe s’est fait chair » (Jn 1,1-14) » (éd. Les Belles Lettres, t.5, 168).

Une fois les visites des lieux saints de Bethléem et de ses environs achevées, leur pèlerinage les mena vers le sud, à Gaza, puis en Égypte, notamment à Alexandrie. Après un court séjour auprès des communautés monastiques de Nitrie, ils regagnent la Palestine, résolus à y fonder un monastère pour hommes et un autre pour femmes :

  • Jérôme Ep.108 Oraison funèbre de sainte Paule : « Aussi, à cause des chaleurs torrides, elle revint par mer de Péluse à Maïouma, et avec une telle rapidité qu’on lui eût cru des ailes. Bientôt après, ayant décidé de résider pour toujours dans la sainte Bethléem, elle habita trois ans dans une étroite demeure, le temps de construire des cellules et des monastères, puis de fonder près de la route un abri pour les pèlerins, parce que Marie et Joseph n’avaient pas trouvé de gîte » (éd. Les Belles Lettres, t.5, 176).

Pourquoi Bethléem ? 

Le choix de Bethléem comme lieu d’établissement continue de susciter des interrogations parmi les chercheurs. Parmi les hypothèses les plus vraisemblables, l’on peut retenir :

  • la sacralité du lieu en lui-même, car Bethléem abrite la grotte de la Nativité ;

  • leur indépendance vis-à-vis de Rufin et Mélanie, qui ont ouvert des monastères à Jérusalem ;

  • la relative tranquillité de Bethléem, à l’écart du tumulte de Jérusalem ;

  • la possibilité de côtoyer des érudits juifs, à l’instar de Baranina, ce qui permettrait à Jérôme d’approfondir ses connaissances en hébreu.

Hendrick van Someren ou van Somer, dit aussi «Enrico Fiammingo » ou « Henrico il Fiamingo » (1602–ca 1655), Saint Jérôme lisant, (huile sur toile, 1652), 102 × 154 cm, Galleria Nazionale d'Arte Antica di Palazzo Barberini, Rome, Italie © Domaine public→ 

Cette déclinaison du thème très répandu de Jérôme à la lecture représente bien l'effort de critique textuelle du prince des traducteurs, il semble y comparer un volumen (rouleau) hébraïque et un codex (livre) en cursive latine ou grecque, méditant, avant de mettre la main à la plume blanche en premier plan, qui attend sa décision.

À quoi ressemblait Bethléem ? 

La Bethléem de Jérôme ressemblait très peu à celle que nous connaissons aujourd’hui. De fait, au 4e s., Bethléem était un tout petit village, un hameau même, une villula comme Jérôme se plaît à l’appeler : « dans la bourgade du Christ tout est rustique : hormis les psaumes, ce n’est que silence » [In Christo vero, ut supra diximus, villula tota rusticitas et extra psalmos silentius est]. (éd. Les Belles Lettres, t.2, 112).

Aux abords de cette villula , à la lisière du hameau, se trouvait, bien avant l’arrivée de Jérôme, un lieu de culte païen : un bois consacré à Adonis, situé à l’emplacement même de la grotte de la Nativité.

  • Jérôme Ep. 58 au prêtre Paulin : « Bethléem, qui est maintenant nôtre, l’endroit le plus auguste de l’univers, de qui chante le psalmiste : 'la vérité est sortie de la terre', était ombragée par un bois sacré de Thammouz, c’est-à-dire d’Adonis, et dans la grotte où naguère vagit le Christ nouveau-né, on pleurait l’amant de Vénus » (éd. Les Belles Lettres, t.III, 77) [voir : Procédés littéraires Ez 8,14].

Ce bois fut remplacé par l’église de la Nativité, construite par l’impératrice Hélène à la fin des années 320. Cette dernière reproduit à plus petite échelle les traits de l’église de la Résurrection à Jérusalem, avec une vaste nef, un atrium à colonnades et un sanctuaire octogonal sur la grotte où le Christ est né. cf. Repères historiques et géographiques 1S 16,4.

Près de l’église, Paule, Eustochie et Jérôme fondèrent deux monastères qui furent leur demeure jusqu’à leur mort. Leur installation à Bethléem attira de nombreux pèlerins, et, à la mort de Paule, Eustochie prit la direction du monastère, qui comptait alors une cinquantaine de religieuses (Hist. Laus. 41).

Juridiction ecclésiastique et vie quotidienne 

Le monastère fondé par Jérôme fut modeste à ses débuts, mais sa renommée contribua probablement à son expansion. Le nombre de prêtres y demeurant reste incertain : Épiphane évoque une multitude de moines, tandis que Jérôme n’en mentionne que cinq. Les données sur la vie quotidienne sont rares, mais il est probable que les hommes, comme les femmes, se réunissent plusieurs fois par jour pour chanter le psautier. L’organisation des communautés s’inspire du monachisme égyptien, vie en cellules, réunions communes, obéissance, travaux manuels, sans toutefois suivre strictement la règle de Pacôme, qui sert davantage de modèle que de norme.

Selon la lettre 66, la vie y était simple et autonome : les vierges dirigées par Paule accomplissent elles-mêmes les tâches domestiques, rompant avec leur passé aristocratique. À Bethléem, l’accent semble davantage porter sur l’étude et le travail intellectuel, même si Jérôme valorise le labeur manuel. Enfin, la proximité avec Jérusalem favorise les échanges : l’évêque vient y célébrer lors des fêtes, et Jérôme a probablement officié plus d’une fois dans la Ville sainte.

D'où provint l'argent pour acheter le terrain ? 

L’argent nécessaire à l’achat du terrain et à la construction du monastère fut apporté par Paule, qui pour Jérôme  était à la fois sa sœur en Christ et sa bienfaitrice dans le monde. Arrivés à Bethléem en 386, ils fondèrent, en plus des monastères, un couvent et un hospice pour les pèlerins. Ce dernier connut un franc succès, comme en témoigne la grogne de Jérôme dans l’une de ses lettres, où il se plaint de la présence d’un grand nombre de pèlerins qui l’empêchent de travailler :

  • Jérôme Ep. 71 à Lucinus de Bétique : «  Fréquemment, j’ai recommandé qu’ils les collationnent avec beaucoup de soin et les corrigent [ses ouvrages]. Personnellement, je n’ai pas pu relire d’aussi nombreux volumes, à cause de ces foules de passants et de pèlerins qui m’assaillent » (éd. Les Belles Lettres, t.4, 12). 

Une dizaine d’années plus tard, les lieux étant devenus trop exigus pour accueillir un nombre croissant de pèlerins, Jérôme dut vendre ce qui lui restait des propriétés familiales en Dalmatie pour agrandir les bâtiments :

  • Jérôme Ep. 66 à Pammachius : « Pour nous, dans cette lointaine province, nous avons bâti un monastère et construit tout à côté une hôtellerie, afin que, si Joseph venait à présent avec Marie à Bethléem, il ne s’y vît pas du moins refuser l’hospitalité. Or, nous sommes submergés par de telles foules de moines qui accourent de toutes les parties du monde, que nous ne pouvons ni abandonner l’œuvre commencée, ni en supporter le poids, car elle dépasse nos forces. C’est pourquoi – puisqu’il nous est presque advenu ce dont parle l’Evangile, savoir qu’avant d’ériger la tour nous n’avons pas supputé les dépenses – nous avons été contraint d’envoyer notre frère Paulinien au pays natal pour vendre quelques petites fermes à moitiés ruinées qui ont échappé aux mains des barbares – ce sont les reliques de nos parents – afin d’éviter, si nous délaissions le service des saints, de prêter à rire à nos détracteurs et à nos envieux. » (éd. Les Belles Lettres, t.3, 180). 

Cénotaphe de saint Jérôme de Stridon, Grotte de saint Jérôme, sous-sols de la Basilique de la Nativité, Bethléem, Palestine

© D.R.→, Fair Use 

Au cœur d'un labyrinthe de chambres souterraines sous la basilique de la Nativité, au fond d'un ensemble de grotte se trouvent deux pièces où saint Jérôme aurait vécu en moine et travaillé à traduire les Écritures pendant une trentaine d'années. Il est émouvant de constater que ces pièces jouxtent la grotte de la Nativité : le travail sur le corps du texte était ainsi tout proche du lieu où le corps du Verbe lui-même poussa ses premiers cris. Les lourds aménagements actuellement visibles (autels, tombeaux, fresques, cellules monastiques, inscriptions) sont le résultat de superpositions historiques des Grecs, des Arméniens et des Franciscains, avec des rénovations régulières maintenues par la Custodie de Terre Sainte (Franciscains). En octobre 2018, le Saint-Siège fit rapporter en ce lieu par Mgr Luigi Falcone deux petites reliques du saint traducteur à Jérôme, dont la dépouille est vénérée à Rome (actuellement dans la basilique Sainte-Marie-Majeure) depuis près de 1600 ans.

Bethléem, lieu rêvé ? 

Malgré un emploi du temps très chargé par ses nombreuses fonctions cléricales, Jérôme est extrêmement prolifique durant ses années palestiniennes.

Véritable bourreau de travail, il se consacra entièrement à l’étude, comme en témoigne l’Aquitain Postumianus selon Sulpice Sévère : « Les hérétiques le détestent, car il ne cesse de les attaquer ; les ecclésiastiques le détestent, car il s’en prend à leur mode de vie et à leurs crimes. Mais, sans aucun doute, toutes les personnes de bien l’admirent et l’aiment […] Il est toujours occupé à lire, toujours plongé dans ses livres : il ne se repose ni le jour ni la nuit ; il est perpétuellement en train de lire ou d’écrire quelque chose » (Sulpicius Severus, Dial. I,  9.5 (CSEL I,161). C’était, pour reprendre un anglicisme, un authentique workaholic.

La Bethléem de Jérôme était rustique : «dans la bourgade du Christ, tout est rustique : hormis les psaumes, ce n’est que silence ». Cette rusticité est celle qu’il retrouve dans la Bible qu’il traduit, laquelle est à ses yeux, contrairement aux belles lettres latines qu’il chérit tant, simple (simplicitas) et rustique (rusticitas). Rêche, rude et sans artifice, la Bible n’est ni ornée de figures de style, ni polie selon les préceptes de l'elegantia. C’est peut-être pour cela que Bethléem lui apparaît comme un lieu de prédilection : à l’enjolivement lettré romain se substitue la rusticité scripturaire bethléemite.

  • Jérôme Chron. : « Tout cela fait que les Saintes Écritures paraissent bien peu soignées et bien dissonantes pour des lettrés qui, sans savoir qu’elles ont été traduites de l’hébreu, n’en voient que la surface et non la moelle et rejettent avec horreur l’habit négligé du discours avant de découvrir la beauté du corps qu’il renferme. Qu’y a-t-il enfin de plus mélodieux que le Psautier qui, à la façon de notre Flaccus et du grec Pindare, tantôt court sur l’iambe, tantôt fait résonner le vers alcaïque, tantôt s’enfle du vers saphique, tantôt s’avance sur un vers de six pieds ? Qu’y a-t-il de plus beau que le chant du Deutéronome, que le chant d’Isaïe, quoi de plus solennel que Salomon, quoi de plus achevé que Job ?  Tous ces livres, comme l’écrivent Josèphe et Origène, suivent en hébreu le cours de l’hexamètre et du pentamètre. Quand nous les lisons en grec, ils rendent un autre son, mais quand c’est en latin, ils n’ont plus aucun rapport avec leur tonalité d’origine. Si quelqu’un ne croit pas que la traduction modifie le charme de la langue, qu’il transpose Homère en latin mot à mot ; mieux encore, qu’il le traduise dans sa langue avec le vocabulaire de la prose : il verra que l’ordre des mots est ridicule et que le poète le plus éloquent sait à peine parler » (Presses universitaires de Rennes, 2004).