La Bible en ses Traditions

Psaumes 25,4–22

M
G S
V

GHIMEL.

Non, aucun de ceux qui espèrent en toi ne sera confondu 

ceux là seront confondus qui sont infidèles pour le néant.

... 

Que soient confondus ÷tous: les vains ouvriers d'iniquité !

Tes voies, Seigneur, montre-les moi

÷et: tes sentiers enseigne-les moi,

DALETH.

YHWH, fais-moi connaître tes chemins

enseigne-moi tes sentiers.

...

dirige-moi dans ta vérité,

enseigne-moi, puisque tu es Dieu mon sauveur

et que j'ai tenu bon pour toi tout le jour !

HE. Conduis-moi dans ta vérité

VAV. et instruis-moi

car tu es le Dieu de mon salut 

tout le jour en toi j’espère.

... 

Souviens-toi de tes commisérations, Seigneur

et de tes miséricordes qui sont depuis les siècles,

ZAÏN.

Souviens-toi, YHWH,  de ta miséricorde et de ta bonté

car elles sont éternelles.

 ...

des fautes de ma jeunesse et de mes ignorances ne te souviens pas :

selon ta miséricorde souviens-toi de moi, ※toi: 

à cause de ta bonté, Seigneur !

HETH.

Ne te souviens pas des péchés de ma jeunesse ni de mes transgressions

souviens-toi de moi selon ta miséricorde

à cause de ta bonté, YHWH

...

(Doux et droit est le Seigneur 

aussi donnera-t-il une loi à ceux qui défaillent dans la voie,

TETH.

YHWH est bon et droit

c’est pourquoi il indique le chemin aux pécheurs

...

il dirigera les indulgents au jugement,

il enseignera aux doux ses voies : 

10 YOD.

Il fait marcher les humbles dans la justice

il enseigne aux humbles sa voie.

10 ...

10 toutes les voies du Seigneur sont miséricorde et vérité

pour ceux qui recherchent son testament et ses témoignages.)

11 CAPH.

Tous les sentiers de YHWH sont miséricorde et fidélité

pour ceux qui gardent son alliance et ses commandements.

11 ...

11 À cause de ton nom, Seigneur,

tu pardonneras mon péché car il est grand !

12 LAMED.

A cause de ton nom, YHWH, tu pardonneras mon iniquité

car elle est grande.

12 ...

12 (Qui est l'homme qui craint le Seigneur ?

Il fixa pour lui une loi dans la voie qu'il a choisie ;

13 MEM.

Quel est l’homme qui craint YHWH ?

YHWH lui montre la voie qu’il doit choisir.

13 ... 

13 son âme demeurera dans les biens

et sa propre semence héritera la terre !

14 NUN.

Son âme repose dans le bonheur

et sa postérité possédera la terre

14 ... 

14 Le Seigneur est un firmament pour ceux qui le craignent

et son testament est là pour leur être manifesté :

15 SAMECH.

l'intimité de YHWH est pour ceux qui le craignent

il leur fait connaître son alliance.

15 ... 

15 mes yeux sont toujours vers le Seigneur

puisqu'il dégagera lui-même mes pieds du filet.)

16 AÏN.

Mes yeux  sont constamment vers YHWH

car c’est lui qui tirera mes pieds du lacet.

16 ... 

16 Regarde-moi et prends pitié de moi

car je suis unique et pauvre, moi,

17 PHÉ.

Regarde-moi et prends pitié de moi

car je suis délaissé et malheureux.

17 ...

17 les tribulations de mon cœur se sont multipliées :

à ce qui me contraint arrache-moi !

18 TSADÉ.

Les angoisses de mon cœur se sont accrues 

tire-moi de ma détresse  

18. Vois ma misère et ma peine

et pardonne tous mes péchés.

18 ...

18 Vois mon humiliation et mon labeur

et laisse tomber toutes mes fautes,

19 RESCH.

Vois combien sont nombreux mes ennemis

et de quelle haine violente ils me haïssent.

19 ...

19 regarde mes ennemis maintenant qu'ils se sont multipliés

et m'ont haï de haine inique !

20 SCHIN.

Garde mon âme et sauve-moi 

Que je ne sois pas confondu

car j’ai mis en toi ma confiance 

20 ...

20 Garde mon âme et délivre-moi :

je ne rougirai pas maintenant que j'ai placé mon espérance en toi !

21 THAV

Qu'innocence et droiture me protègent

car je t'attends

21 ...

21 Les innocents et les gens droits se sont attachés à moi

car j'ai tenu bon pour toi.

22 O Dieu, délivre Israël

de toutes ses angoisses

22  ...

22 Libère Israël, ô Dieu, de toutes ses tribulations !

Réception

Liturgie

6.22.1ss Souviens-toi Introït

«Reminiscere»

Traditionnel, Introït - Reminiscere

Chœur des moines de l’abbaye Sainte-Madeleine du Barroux

© Abbaye du Barroux→, Ps 25,6.3.22.1.2

8s Doux et droit Graduel

«Dulcis et rectus»

Traditionnel, Graduel - Dulcis et rectus

Chœur des moines de l’abbaye Sainte-Madeleine du Barroux

© Abbaye du Barroux→, Ps 25,8s

17s Les tribulations Graduel

«Tribulationes»

Traditionnel, Graduel - Tribulationes

Chœur des moines de l’abbaye Sainte-Madeleine du Barroux

© Abbaye du Barroux→, Ps 25,17s

Musique

6s Souviens-toi Seigneur

16e s.

Richard Farrant (c.1530-1580), Call to the remembrance

Timothy Brown (dir.), Clare College Chapel Choir

© License YouTube Standard→, Ps 25,6s

Arts visuels

4–22 Voie droite

19e s.

Turner (1775-1851), Rain, Steam and Speed, (huile sur toile, 1844), 91 x 121 cm

National Gallery, Londres

Domaine public © Wikicommons→

Liturgie

17s.1s Tire-moi de ma détresse ! Introït

« De necessitatibus »

Traditionnel, Introït - De necessitatibus

Chœur des moines de l’abbaye Sainte-Madeleine du Barroux

© Abbaye du Barroux→, Ps 25,17s.1s

22 Délivre-moi Seigneur

« Redime me »

Traditionnel, Communion - Redime me

Chœur des moines de l’abbaye Sainte-Madeleine du Barroux

© Abbaye du Barroux→, Ps 25,22

Arts visuels

10 Tous les chemins du Seigneur sont miséricorde et vérité Universæ viæ Domini, misericordia et veritas : Inscription médiévale

Anonyme, art mosan, Arbre de Vie (médaillon émaillé)

Trésor de la collégiale Notre-Dame, Huy (France)

© Traumrune CC BY 3.0→ , Ps 1 ; Ps 25,10 ; Ap 2,7

Inscription sur le pourtour : « Universæ viæ Domini, misericordia et veritas » (Ps 25,10), dans le phylactère : « qui vicerit dabo illi edere de ligno vitæ » (Ap 2,7 ). Conservé dans le Trésor de la Collégiale de Notre-Dame de Huy, le médaillon qui pourrait avoir fait partie d’un triptyque.

Liturgie

15s.1s Mes yeux sont constamment vers le Seigneur

« Oculi mei »

Traditionnel, Introït - Oculi mei

Chœur des moines de l’abbaye Sainte-Madeleine du Barroux

© Abbaye du Barroux→, Ps 25,15s.1s

« L’introït Oculi du troisième dimanche de Carême est emprunté au septième mode, mais il s’agit ici d’un septième mode recueilli qui n’a pas le flamboiement des grandes pièces. Même quand il s’élève mélodiquement, il garde une certaine réserve et douceur.

L’enseignement spirituel de cet introït est très riche pourtant : il nous parle de la prière assidue qui est élévation de l’âme vers Dieu (« mes yeux sont toujours tournés vers le Seigneur ») ; il nous décrit la confiance que suscite la considération de l’œuvre de Salut accomplie par le Christ (« car c’est Lui qui dégagera mes pieds du filet ») ; il évoque l’attitude fondamentale du chrétien vis-à-vis de ce Salut : l’humilité et la petitesse qui oblige Dieu à déployer sa puissance d’amour (« Regardez-moi, Seigneur, prenez pitié de moi, car je suis pauvre et isolé »)». (L'Homme Nouveau→)

Comparaison des versions

4 V—IUXTA HEBR.

  • qu'ils soient confondus ceux qui commettent l'iniquité pour le néant | Seigneur, montre-moi tes chemins | enseigne-moi tes sentiers

5 V—IUXTA HEBR.

  • Conduis-moi dans ta vérité | et enseigne-moi | car tu es Dieu mon sauveur | et je t'ai attendu tout le jour.

6 V—IUXTA HEBR.

  • souviens-toi de tes tendresses, Seigneur | et de tes miséricordes | car elles sont de toujours

7 V—IUXTA HEBR.

  • Ne te souviens pas des péchés de ma jeunesse et de mes crimes | selon ta miséricorde souviens-toi de moi | à cause de ta bonté, Seigneur

8 V—IUXTA HEBR.

  • Le Seigneur est bon et droit | c'est pourquoi il enseignera aux pécheurs au sujet de la voie [à suivre]

9 V—IUXTA HEBR.

  • il conduira les doux dans la justice | et enseignera aux modestes son chemin

10 V—IUXTA HEBR.

  • tous les sentiers du Seigneur sont miséricorde et vérité | pour ceux qui gardent son alliance et son témoignage

11 V—IUXTA HEBR.

  • à cause de ton nom pardonne mon iniquité | car elle est grande

12 V—IUXTA HEBR.

  • Quel est cet homme qui craint le Seigneur | qu'il enseignera sur la voie qu'il a choisie

13 V—IUXTA HEBR.

  • son âme demeurera dans le bien | et sa descendance aura la terre pour héritage

14 V—IUXTA HEBR.

  • Le secret du Seigneur est pour ceux qui le craignent | et il leur montrera son alliance

15 V—IUXTA HEBR.

  • mes yeux sont toujours vers le Seigneur | car il tirera mes pieds du filet

16 V—IUXTA HEBR.

  • regarde-moi et prends pitié de moi | car je suis seul et pauvre

17 V—IUXTA HEBR.

  • les tribulations de mon cœur se sont multipliées | tire-moi de mes angoisses

18 V—IUXTA HEBR.

  • Vois mon affliction et ma peine | et charge-toi de tous mes péchés.

19 V—IUXTA HEBR.

  • Vois combien se sont multipliés mes ennemis | et de quelle haine inique ils me haïssent.

20 V—IUXTA HEBR.

  • Garde mon âme et libère-moi | Que je ne sois pas confondu | car j'ai espéré en toi

21 V—IUXTA HEBR.

  • l'innocence et la droiture me protègeront | car je t'ai attendu

22 V—IUXTA HEBR.

  • O Dieu, délivre Israël | de toutes ses angoisses

Littérature

14 firmament (V) FRANÇAIS BIBLIQUE Dérivé de firmare « rendre ferme, solide », le nom « firmament » désigne la voûte céleste à laquelle les astres semblent fixés. En latin classique le mot avait le sens de « soutien, appui » (au propre et au figuré). Cf. CNRTL→

Drapeau de la francophonie→ © Domaine public

Contexte

Milieux de vie

13b sa lignée possédera la terre VIE DES COMMUNAUTÉS De retour d'Exil, un enrichissement de l'espérance traditionnelle ?   À la conviction héritée des sages d'Israël qu'une récompense terrestre est accordée au juste, s'ajoute ici l'espoir des Juifs de →Retour de l'Exil, d'entrer enfin dans la pleine jouissance du pays des ancêtres.

Propositions de lecture

22 Hypothèse sur l’histoire de la rédaction Ce v., qui est en surplus dans la série alphabétique, serait-il une antienne liturgique faisant écho à l'expérience de l'Exil (cf. Ps 34,23) ? Milieux de vie Ps 25,13b

Réception

Liturgie

1–4 À toi Seigneur GRÉGORIEN « Le » psaume d'entrée dans l'Avent  Les quatre premiers versets de cet unique psaume fournissent trois pièces structurantes de la liturgie eucharistique du 1er dimanche de l'Avent.

1. L'introït « Ad te levavi »

Le chant d'entrée de l'Avent, l'introït du 1er Dimanche, donne le ton à toute l’année liturgique en invitant à élever son âme vers Dieu dans une attente confiante, à transformer sa vie en prière :

  •  Jean Damascène Fid. orth.3,24 « La prière est l’élévation de l’âme vers Dieu » (PG 94,1089D ; cf.CEC 2590).
  • Jean-Paul II  Audience générale 29 novembre 1978 : toute la vie chrétienne est un Avent, une élévation vers Celui qui vient, qui ne cesse de venir et qui viendra définitivement dans la Gloire.

Traditionnel, Introït Ad te levavi (Grad. 15)

Chœur des moines de l’abbaye Sainte-Madeleine du Barroux

© Abbaye du Barroux→, Ps 25,1-4

Interprétation spirituelle des v. 1 à 3

L'aspiration vivante vers Dieu ad te (vers toi) informe la vie de l'âme soutenue par la foi qui illumine et purifie. Elle soulève et transporte l’âme vers Celui qui est sa force, son guide, son appui ad te Domine levavi animam meam (vers toi, Seigneur, j'ai élevé mon âme). Elle établit dans une sérénité confiante « Mon Dieu, c'est en toi que je me confie », un respect adorant des desseins de Dieu sur soi, malgré les embûches d’ennemis puissants, intérieurs et extérieurs, qui perturbent l’âme « en toi je me confie, je ne rougirai pas ». En bref, toute l’antienne exprime une confiance inébranlable en Dieu, au milieu d’ennemis qui cherchent à entraver la marche de l'âme vers Dieu. 

  • Guéranger L'Année liturgique L'Avent 1,119 traduit le verbe erubescam par un futur au lieu du subjonctif qui transformerait cette incise en un supplication. En traduisant par le futur, il exprimait la fermeté de l'espérance que la mélodie grégorienne suggère et qui est bien dans la ligne de toute la pièce.
Interprétation musicale
1ère phrase : Ad te levavi animam meam, Deus meus in te confido, non erubescam (Vers toi j'ai élevé mon âme, mon Dieu, en toi je me confie, je ne rougirai pas).
  • 1ère incise : L'intonation Ad te levavi exprime admirablement la joie confiante de l’âme qui s’élève vers Dieu. On remarque les deux intervalles de quarte qui se répondent, en quelque sorte à l’inverse : dès le départ sur le 1er mot Ad, une quarte descendante Sol-Ré, amorçant la grande montée sur animam dont la 1ère syllabe, mise en évidence par la quarte ascendante Sol-Do, atteint le double Do dans une joie évidente pour s’achever par une cadence paisible sur Fa.
  • La 2e incise commence sur une note de fierté : la joie de pouvoir dire et chanter haut « mon Dieu » Deus meus et pour cela, la mélodie part à une tierce supérieure du Fa — il vient tout juste d’être entendu— le La, pour monter sur le double Do de la finale de Deus et s’y maintenir sur meus afin d'atteindre et se reposer sur le Ré comme en suspension. Ici, il est recommandé de transformer le ¼ de barre en une ½ barre, afin de permettre à la voix d’effectuer un léger decrescendo pour suggérer la certitude aimante et paisible que l’âme possède en son Dieu. On notera l’intervalle de sixte descendante, rare en grégorien, Ré-Fa que forme cette cadence en suspension avec la 1re note de la 3e incise qui suit :
  • La 3e incise in te confido non erubescam (en toi je me confie, je ne rougirai pas) poursuit en quelque sorte l’ardeur qui se dégageait à Deus meus, avec la montée ferme, un accord parfait majeur de Fa-La-Do, sur la 2e syllabe accentuée de confido et la tristropha vibrante sur Do de non, venant se reposer sur le verbe erubescam (je ne rougirai pas) dans une certitude absolue.
2e phrase : neque irrideant me inimici mei (et que n'aillent pas rire de moi mes ennemis)

Elle attaque la dominante du mode sans préparation et s’y installe en quelque sorte, mais avec vivacité et insistance. Il y a quelque chose de malicieux sur irrideant, et sur inimici peut-être du mépris qui se change en une paix heureuse sur les clivis allongées de la dernière syllabe de inimici et la 1re de mei qui amènent la mélodie en Fa.

3e phrase : etenim universi qui te exspectant, non confundentur (Oui, vraiment tous ceux qui t'attendent ne seront pas confondus).

 Etenim universi se chante dans une paix heureuse. Il faut ensuite envelopper exspectant dans un beau mouvement arsique, en faisant entendre un discret crescendo. La pièce finit sur une cadence à la fois douce et forte de non confundentur.

2. Le graduel « Universi »

Le texte reprend la dernière phrase de l’Introït sans la particule de liaison etenim et à la fin un Domine ajouté et son verset : Universi qui te exspectant, non confundentur, Domine. V. Vias tuas, Domine, notas fac mihi et sémitas tuas edoce me. (Tous ceux qui t’attendent ne seront pas confondus, Seigneur ! Tes voies, Seigneur, montre-les moi et tes sentiers enseigne-les moi.)

Traditionnel, Graduel Universi (Grad. 16)

Chœur des moines de l’abbaye Sainte-Madeleine du Barroux

© Abbaye du Barroux→, Ps 25,3s 

 Le sens est le même que dans l’Introït : la joie domine dans une confiance inaltérable.

Interprétation musicale

Toute la pièce se chante dans un bon mouvement joyeux.

1re phrase Universi qui te exspectant, non confundentur, Domine.- (Tous ceux qui t’attendent ne seront pas confondus, Seigneur).

Elle est écrite dans le registre grave du mode de Ré. L’intonation de Universi qui descend jusqu’au La inférieur est particulièrement expressive de joie profonde, remplie de fierté. Elle aura avantage à être chantée par des voix chaudes sans lenteur avec un bon mouvement comme s’il y avait de l’enthousiasme dans l’air. Tout de suite après, la joie monte en arsis sur exspectant pour s’épanouir sur les clivis quelque peu allongées mais non pesantes, exprimant une attente pleine de confiance.

La joie qui fut tout d’abord réservée se fera de plus en plus marquée. Le non doit exprimer la ferme espérance par le punctum épisématique « les rythmes binaires de confundentur l’emportent, légère, jusqu’à la fin, où la mélodie se pénètre sur l’admirable vocalise de la dernière syllabe de Domine d’une ardeur nuancée de reconnaissance et d’amour. » (Dom L. Baron, L'expression du chant grégorien, Abbaye Sainte-Anne de Kergonan, Plouharnel-Morbihan, 1947,1,10).

Verset : Vias tuas, Domine, notas fac mihi et semitas tuas edoce me. (Tes voies, Seigneur, montre-les moi et tes sentiers enseigne-les moi).

Le verset plus léger est une grande prière toute baignée elle aussi de joie. La mélodie se balance sur des rythmes binaires sur Vias tuas, et sur les deux 1ères syllabes de Domine. La grande vocalise si gracieuse de la dernière syllabe de Domine fait penser à l’insistance de l’enfant qui se sait aimé : le motif Fa Sol La Do La revient trois fois. La belle montée avant le quart de barre qui conduit jusqu’au Ré exprime une joie épanouie. La répétition du podatus Do Ré en est l’illustration. Mais à partir de notas, la « flamme du désir » envahit les coeurs par la quarte ascendante La Ré avec un départ ferme sur la dominante du mode. Toujours dans la ligne d’une pure espérance qui s’épanouit sur le verbe fac en montant jusqu’au Mi pour redescendre graduellement sur mihi qui est tout en légèreté, mais convaincu. Avec et semitas tuas et edoce me s’amorce une grande thésis sans lourdeur. Dans la vocalise de tuas qui se pose sur la sous-tonique Do, la sérénité se laisse deviner et elle dure jusqu’à la fin : edoce me se termine dans une paix confiante avec une retenue toute de douceur pénétrante.

3. L'offertoire « Ad te Domine »

Le texte est le même que celui de l’introït sauf le Domine remis à sa place comme dans le psaume. L’interprétation en diffère quelque peu : la lecture de l’Évangile a laissé une note de gravité, nuancée d'amour filial devant l’annonce de la venue du Christ en gloire.

Traditionnel, Offertoire Ad te Domine (Grad.17)

Chœur des moines de l’abbaye Sainte-Madeleine du Barroux

© Abbaye du Barroux→, Ps 25,1ss

Interprétation musicale
La 1re phrase Ad te Domine levavi animam meam (Vers toi, Seigneur, j'ai élevé mon âme)

Elle ne présente pas la joyeuse assurance de l’Introït. L’âme redit à Dieu sa confiance, en dépit de tout ce qui précède l’avènement glorieux du Christ. Le chant des deux premières phrases se fait plus discret, retenu, mais toujours pénétré de confiance aimante. L’âme se livre à la tendre miséricorde du Père comme pour y chercher refuge. La locution d’ouverture Ad te (Vers toi) comporte dix notes, progressant en un crescendo qui s’épanouit sur la clivis allongée du ½ ton descendant. Celui-ci exprime une plainte délicate. L’âme chante avec tendresse et douceur le mot Domine. L'accent de prière intense et pourtant douce et confiante de l'intonation Ad te Domine passera à toute la phrase. La mélodie reprend un petit crescendo à levavi dont l’accent au levé est bien arrondi, jusqu’à l’avant-dernière syllabe de animan. Le meam est légèrement retenue. C'est l'expression de l’élan de l’âme vers le Seigneur.

2e et 3e phrases Deus meus, in te confido, non erubescam, neque irrideant me inimici me (mon Dieu, en toi je me confie, je ne rougirai pas et que n'aillent pas rire de moi mes ennemis).

La confiance devient plus ferme comme si l’âme se ressaisissait. Le Deus qui est syllabique à l’unisson et le te qui suit ne comportant qu’une seule note, sont mis en évidence par leur simplicité et se chantent avec une chaude conviction. Cette proclamation joyeuse se poursuit sur confido et va s’élevant sur non erubescam, affirmé avec netteté. L’insistance sur la corde de Fa et la cadence sur cette même note suggère la certitude inébranlable de l’âme. À neque irridant me, on note le défi et une certaine ironie qui atteint sa force sur l’arsis vigoureux de inimici.

4e phrase : etenim universi qui te exspectant, non confundentur (oui, vraiment tous ceux qui t'attendent ne seront pas confondus).

Le calme revient et avec lui une confiance paisible. Il y a même une touche de joie sur universi. La belle descente sur exspectant met en relief la remontée de non confundentur qui achève la pièce sur une note d’espérance joyeuse, bien dans l’esprit de l’Avent.