La Bible en ses Traditions

Psaumes 39,4–7

M
G S
V

mon cœur s’est embrasé au-dedans de moi 

dans mes réflexions un feu s’est allumé

et la parole est venue sur ma langue.

...

mon cœur s’est échauffé au-dedans de moi

et dans ma méditation un feu s'est embrasé 

Fais-moi connaître ma fin, YHWH,

quelle est la mesure de mes jours

que je sache combien je suis éphémère.

...

Une parole m'est venue sur la langue : 

— Fais-moi connaître ma fin, Seigneur

et quel est le nombre de mes jours

que je sache combien peu il m'en reste.

Vois, mes jours, tu les fis de quelques palmes

et ma vie est comme un rien devant toi

Oui, tout homme qui se dresse n’est qu’un souffle

- Séla.

...

Vois, mes jours tu les fis faciles à mesurer

et ma substance comme un rien devant toi

oui, tout homme vivant n'est qu'entière vanité !

DIAPSALMA

M V
G
S

Oui, l’homme chemine

Vpasse comme une image

oui,

Vmais c’est en vain qu’il s’agite 

il entasse

Vamasse des trésors et il ignore qui recueillera

Và qui il les entassera.

 Assurément c'est en image que chemine l'homme

— pourtant, c'est en vain qu'il se trouble

il thésaurise et ne sait pas pour qui il rassemble ces [biens].

...

Réception

Tradition chrétienne

7 c'est en image que chemine l'homme (G) Importance d'une discipline des images intérieures Origène lit très littéralement la formulation du psaume en grec et l'amplifie : rien de ce qui vient impressionner l'âme n'est sans conséquence.

  • Origène Hom. Ps "Donc, tout ce que nous faisons, à toute heure et à tout moment, façonne quelque image (imaginem aliquam deformat). C'est pourquoi nous devons scruter nos actions une à une, et nous examiner nous-mêmes : par cet acte ou cette parole, est-il peint (depingitur) en notre âme une image céleste ou une image terrestre ? […] Donc qu'à présent chacun de vous s'examine avec soin, qu'il scrute les zones secrètes (arcana) de son cœur et qu'il recherche avec attention quelles images il y porte. […] Qui aura pitié de toi, quand du plus profond de la chambre de ton cœur, on mettra au jour l'image du tyran ? […] Si tu ne les a pas rejetées au plus vite de ta maison, si tu n'as pas ôté et gratté de tes sentiments toute la teinte de cette peinture détestable, et si tu n'as pas effacé la trace de cette couleur empoisonnée, ces images elles-mêmes te feront périr." (p. 380-382) Philosophie

Arts visuels

1–14 Vanité du monde, silence et brûlure du soupir : la Madeleine pénitente Peinture française du 17e s

Georges de La Tour a peint quatre versions de la « Madeleine pénitente ». Chaste silence de la méditation et clair-obscur mimant le passage progressif des ténèbres à la lumière, ou le renoncement aux vaines lumières de ce monde, ces compositions invitent à la conversion intérieure.

Georges de La Tour (1593-1652), La Madeleine à la flamme filante, (1638-1640), 117 x 92,

Los Angeles County Museum of Art, Los Angeles © Wikicommons→

Georges de La Tour (1593-1652), La Madeleine au miroir, ou Madeleine Fabius (huile sur toile, 1635-1640), 113 x 92, 7

National Gallery of Art, Washington © Wikicommons→

Madeleine se regarde, mais par un jeu de miroir dont La Tour est coutumier, le spectateur ne voit que le reflet du crâne : efficace memento mori

Georges de La Tour, La Madeleine aux deux flammes, (huile sur toile, vers 1640), 133 x 102 cm

Metropolitan Museum of Art, New-York

© Domaine Public→

Marie-Madeleine se tient assise devant une table sur laquelle repose un cierge, dont la flamme effilée se reflète dans un miroir au cadre orné de motifs. Le collier de perles placé sous le miroir et les bijoux qui gisent à ses pieds, abandonnés dans l'ombre symbolisent la vanité des plaisirs et de la vie légère à laquelle elle a renoncé. Câlé entre ses genoux et ses mains repose un crâne, élément classique du genre pictural de la vanité. La bougie déjà bien entamée et la flamme vacillante, qu'un souffle peut faire mourir, évoquent la fragilité et l'évanescence de la vie humaine. On entend alors de façon nouvelle les mots de saint Jacques : « Vous êtes une vapeur qui paraît un instant et s'évanouit ensuite » (Jc 4,14). Le regard de la pénitente, dont le visage pénétré et baigné de lumière est tourné de trois quarts, plonge au-dessus du miroir vers un rideau d'ombre, nous invitant nous aussi à contempler des réalités d'un autre ordre. La finesse des plis, le blanc lumineux de la chemise, ainsi que la délicatesse des mains jointes en prière sont remarquables.

Georges de la Tour (1593-1652), La Madeleine à la veilleuse, (huile sur toile, ca. 1640-1645), 128 × 94 cm,

Musée du Louvre, Paris © Wikicommons→

Comparaison des versions

4 V—IUXTA HEBR. 

  • Mon coeur s'est embrasé au milieu de moi | dans ma méditation un feu m'enflamma

6 V—IUXTA HEBR. 

  • Vois, mes jours tu les fils de courte durée | et ma vie est comme un rien devant toi | tout homme en effet qui se dresse est entièrement vanité TOUJOURS.

7 V—IUXTA HEBR. 

  • Autant c'est en image que marche l'homme | autant c'est en vain qu'il se trouble | il amasse et ignore à qui il les remettra.

5 V—IUXTA HEBR. 

  • Une parole m'est venu sur la langue : | — Montre-moi, Seigneur, ma fin | et quelle est la mesure de mes jours | que je sache combien peu il m'en reste.

Musique

5 Fais-moi connaître ma fin, Seigneur

18e s.

Maurice Greene (1696-1755), Lord let me know mine end

© License YouTube Standard→, Ps 39,4-7.12s

Composition

Maurice Greene était un compositeur et organiste anglais. Il devint organiste de la Chapelle Royale à la mort de William Croft en 1727 et professeur de musique à l'Université de Cambridge en 1730. En 1735 il fut nommé maître de la musique du roi.Maurice Greene a composé un bon nombre de pièces vocales, tant sacrées que profanes, et notamment l'oratorio The Song of Deborah and Barak (1732), des mises en musique de sonnets tirés des Amoretti de Edmund Spenser (1739) ainsi qu'un recueil d'anthems en 1743, dont un des plus connus s'intitule : Lord, let me know mine end. C'est ce dernier qui est ici interprété.

Paroles

Lord, let me know mine end, and the number of my days: that I may be certified how long I have to live. Behold, thou hast made my days as it were a span long: and mine age is even as nothing in respect of thee; and verily every man living is altogether vanity. For man walketh in a vain shadow, and disquieteth himself in vain: he heapeth up riches, and cannot tell who shall gather them.

5 Fais-moi connaître ma fin, Seigneur

19e s.

Johannes Brahms (1833-1897), Ein Deutsches Requiem Op.45 "Herr, lehre doch mich, daß ein Ende" (partie 3 sur 7), 1866

KammerChor Hofheim, Monteverdichor Budapest

© License YouTube Standard→, Ps 39,4-7

Composition

« Un Requiem allemand, sur des textes de l'Écriture sainte, pour solistes, chœur et orchestre (avec orgue ad libitum) » – est une œuvre sacrée (mais pas liturgique) en sept parties (ou mouvements) composée par Johannes Brahms et achevée en 1868. Elle dure de 70 à 80 minutes, ce qui en fait la plus longue composition de Brahms. Les deux solistes n'interviennent qu'exceptionnellement, le baryton pour faire entendre l'appel angoissé de l'homme face à son destin, la soprano pour annoncer le caractère maternel des consolations futures. L'orchestre reste toujours d'une clarté exemplaire, même lorsqu'il passe au second plan. La conclusion résume la promesse du sermon sur la montagne. Les épisodes centraux du sixième morceau pourraient être considérés comme une version protestante du Dies iræ. L'œuvre, de conception humaniste, que l'auteur aurait désiré rendre œcuménique, lui assura la célébrité. Notre extrait est le 3ème mouvement du Requiem.

Paroles

Herr, lehre doch mich, daß ein Ende mit mir haben muß, und mein Leben ein Ziel hat, und ich davon muß. Siehe, meine Tage sind einer Hand breit vor dir, und mein Leben ist wie nichts vor dir. Ach wie gar nichts sind alle Menschen, die doch so sicher leben. Sie gehen daher wie ein Schemen, und machen ihnen viel vergebliche Unruhe; sie sammeln und wissen nicht wer es kriegen wird. Nun Herr, wes soll ich mich trösten? Ich hoffe auf dich. Der Gerechten Seelen sind in Gottes Hand und keine Qual rühret sie an.