La Bible en ses Traditions

Psaumes 40,1–9

M V
G S

Du maître de chant. De David. Paume.

VVERS LA FIN DE DAVID PSAUME

...

M
G S
V

J’attendais, j'attendais YHWH 

il s’est penché vers moi, il a entendu mon cri.

...

Pour l'attendre, je l'ai attendu, le Seigneur ! Et il prit garde à moi 

Il m’a retiré de la fosse de perdition

de la fange du bourbier

il a dressé mes pieds sur le roc

il a affermi mes pas.

...

il exauça mes prières

et me retira d'un lac de misère et d'une fange de fèces

il établit mes pieds sur le roc

et dirigea mes pas

Il a mis dans ma bouche un cantique nouveau

une louange à notre Dieu 

beaucoup verront et craindront  

ils se confieront en YHWH.

...

puis il mit en ma bouche un cantique nouveau

(charme pour notre Dieu ; 

beaucoup verront et craindront

ils espèreront dans le Seigneur ) : 

4 = Ps 52,8

Heureux l’homme qui a mis en YHWH sa confiance

et ne se tourne pas vers les orgueilleux

ni vers ceux que le mensonge égare 

...

Heureux l'homme dont l'espérance est le nom du Seigneur

et qui n'a regardé ni vanités ni insanités mensongères !

Tu as multiplié, YHWH, mon Dieu, tes merveilles et tes projets pour nous :

nul n’est comparable à toi.

Je voudrais les publier et les proclamer

ils surpassent tout récit.

...

Tu as accumulé tes merveilles, Seigneur mon Dieu,  

et pour les pensées que tu nourris, nul n'est semblable à toi : 

j'ai annoncé et j'ai parlé,

elles se sont multipliées au-delà de tout nombre !

Tu ne veux ni sacrifice ni oblation

tu m’as creusé les oreilles 

tu ne demandes ni holocauste ni victime expiatoire.

...

Sacrifice ni oblation tu ne voulus

mais tu m’as parfait les oreilles

holocauste ni sacrifice pour le péché tu ne réclamas

M V
G S

alors j'ai dit : — Voici, je viens.

Dans le rouleau du

VEn tête du livre, il est

Va été écrit de moi

Và mon sujet 

...

Je veux faire ta volonté

Vque je fasse ta volonté, mon Dieu, V(je l'ai voulu !)

et ta Loi au fond

Vmilieu de mon cœur. 

...

Réception

Liturgie

2ss J'attendais Offertoire

« Expectans »

Traditionnel, Offertoire - Expectans

Chœur des moines de l’abbaye Sainte-Madeleine du Barroux

© Abbaye du Barroux→, Ps 40,2ss

7ss Ni sacrifice ni oblation Offertoire

« Holocaustum »

Traditionnel, Offertoire - Holocaustum

Chœur des moines de l’abbaye Sainte-Madeleine du Barroux

© Abbaye du Barroux→, Ps 40,7ss

Comparaison des versions

1 V — IUXTA HEBR.

  • POUR LA VICTOIRE DE DAVID CANTIQUE

2 V—IUXTA HEBR.

  • Attendant, j'ai attendu le Seigneur et il s’est penché vers moi

8 V—IUXTA HEBR.

  • Alors j’ai dit : — Voici, je viens | dans le rouleau du livre il est écrit de moi 

Littérature

3 fèces (V) FRANÇAIS BIBLIQUE Le latin emploie ici le terme assez rade faex, cis, d'où dérive directement le terme rare français fèces qui désigne le sédiment au fond d'un liquide trouble qui a reposé : CNRTL→

Drapeau de la francophonie→ © Domaine public

4 charme  (V) FRANÇAIS BIBLIQUE Il s'agit de beaucoup plus qu'un poème. V—iuxta LXX emploie ici le terme carmen,inis, qui désigne une forme particulière de poésie religieuse incantatoire (cf. V—Iuxta Heb. se contente de laus,dis louange). On le rend par « charme » qui peut avoir également le sens de « formule incantatoire » en français. 

Dans l'usage magico-religieux de la vieille religion romaine, un carmen (énoncé verbal chanté à des fins rituelles) est un chant, un hymne, ou un sort . Il se se caractérise par l'expression de formules, la redondance et le rythme.

  • Les fragments de deux hymnes sacerdotaux archaïques sont conservés, le Carmen Arvale des Frères Arvales et les Carmina Saliaria des Saliiens.
  • Le Carmen Saeculare d'Horace, bien qu'il soit consciemment littéraire dans sa technique, était également un hymne, interprété par un chœur lors des Jeux séculaires de 17 av. J.-C. et exprimant l'idéologie apollinienne d'Auguste.
  • il existe aussi des  charmes sombres : carmen malum ou maleficum (sort potentiellement nuisible), carmen sepulchrale (invocation des morts sur leurs tombes) ; un carmen veneficum (charme empoisonné).

Dès la toute première législation écrite, œuvre des mythiques décemviri (Duodecim Tabulæ, ca 451-449 av. J.-C.), il est question de ces derniers :  la justice romaine ne cessa de lutter contre la magie noire. 

Drapeau de la francophonie→ © Domaine public

Arts visuels

2s il me retira d'un lac de misères Le Seigneur retire du puits infernal L'icône traditionnelle de la résurrection représente le Christ descendu aux Enfers et en faisant remonter les justes des temps anciens.

15e s.

Andrea Mantegna (1431-1506), La Descente du Christ aux Enfers, (1470-1475), 38,8 x 42,3 cm

Collection Barbara Piasecka Johnson (collection privée), prêté au Frick Museum, New York, Domaine public © Wikimedia commons→

7ss en tête du livre il est écrit de moi (V) ...  à la voix du Verbe, dès « avant » son incarnation ... Dans les mots de David, depuis He 10,5-7, se fait entendre la voix de Jésus lui-même, c'est-à-dire celle du Verbe, peut-être même dès avant son incarnation, au conseil divin où le Père, le Fils et l'Esprit saint projettent le salut de l'humanité — conseil reflété dans le Livre des Écritures.  

Dialogue intratrinitaire du Fils avec le Père

Anonyme, « Trinité du Psautier », (tempéra sur parchemin, ca 1210), enluminure du Psautier de Canterbury,

ms 157, British Library, Arundel © Domaine public

On appelle ce type d'images « Trinité du Psautier »  car elle illustre le premier verset Ps 109 : « Le Seigneur a dit à mon Seigneur : siège à ma droite »… Elle place les Personnes sur deux trônes identiques et proches l’un de l’autre, pour le Père et le Fils, ou sur le même trône. complète similitude entre le Père et le Fils : Mêmes visages, mêmes vêtements, mêmes gestes. La personne du Dieu Père est invisible : elle n'a pour visibilité que les traits de la nature humaine de son Verbe incarné.

  • Sur un fond d’or, symbole de lumière divine, Père et Fils siègent tournés l'un vers l'autre sur des assises orange. Ils tiennent à la main une mandorle ovale à bordure bleue, à l’intérieur de laquelle se tient à la verticale une colombe blanche aux ailes striées de traits rouges : l’Esprit Saint.

Dans sa célébrissime icône, Roublev  

Andreï Roublev (1410-1427), Philoxénie ou Hospitalité d'Abraham, dite « Trinité de l'Ancien Testament », (icône, tempera sur panneau de bois, ca.1410-1427), 150 × 100 cm

Galerie Tretiakov,  Moscou, Russie © Domaine public→  Gn 18,1-8

Le jeu des regards, des mains et des postures des trois Anges aux lèvres pourtant closes disent quelque chose de l'ineffable langage dans lequel chacune communique aux autres sa substance toute entière. 

Comparaison des versions

3 V—IUXTA HEBR.

  • et il a entendu mon cri | et il m’a retiré de la fosse de perdition | de la fange du bourbier | il a dressé mes pieds sur le roc, il a affermi mes pas.

4 V—IUXTA HEBR.

  • Il a mis dans ma bouche un cantique nouveau, une louange à notre Dieu | beaucoup verront et craindront et espéreront dans le Seigneur.

5 V — IUXTA HEBR.

  • Heureux l’homme qui a mis dans le Seigneur sa confiance | et ne s'est pas tourné vers les hauteurs orgueilleuses et les pompes du mensonge

6 V—IUXTA HEBR.

  • Tu as multiplié, Seigneur, mon Dieu, tes merveilles | et tes pensées pour nous : | je n'ai pas trouvé [leur] agencement devant toi. Je voudrais les raconter et les énumérer | ils surpassent tout ce qu'on peut raconter.

7 V—IUXTA HEBR.

  • Tu n'as pas besoin de victime et d'oblation | tu m’as creusé les oreilles et tu n'as pas demandé d'holocauste pour le péché.

9 V—IUXTA HEBR.

  • Faire ce qui te plaît, mon Dieu, je l'ai voulu | et ta Loi au milieu de mon ventre

Musique

1–4 Pour l'attendre je l'ai attendu Symphonie des Psaumes

20e s.

Igor Stravinsky (1882-1971), Symphony of Psalms (2/3): II. Expectans expectavi Dominum, 1930

Toshiyuki Shimada, Yale Symphony Orchestra and Yale Glee Club

© License YouTube Standard→, Ps 40,1-4

Composition

Igor Fiodorovitch Stravinsky est un compositeur, chef d'orchestre et pianiste russe (naturalisé français en 1934, puis américain en 1945) de musique moderne, considéré comme l'un des compositeurs les plus influents du XXe siècle. L'œuvre de Stravinsky se caractérise par sa grande diversité de styles. Pour lui, la musique est destinée à « instituer un ordre dans les choses, y compris et surtout un ordre entre l'homme et le temps [...]. La construction faite, l'ordre atteint, tout est dit. »

La Symphonie de Psaumes est commandée en 1929 par Serge Koussevitzky pour le 50e anniversaire de l'Orchestre symphonique de Boston. Gabriel Paichadze, son éditeur, souhaite une pièce “populaire” mais Stravinsky donne à ce terme le sens “d’universellement admiré” et non la signification de “s’adapter à la compréhension populaire”. La particularité de cette pièce est le jeu que fait Stravinsky envers les traditions. En effet, une symphonie est de nature profane (sans lien avec la religion) et le psaume appartient au domaine du sacré. Cette pièce est une nouveauté car elle brise les coutumes.