La Bible en ses Traditions

Tobie 9,19–10,12

G
V
S

Cependant, Tobit son père comptait chaque jour et lorsque les jours du voyage furent accomplis et qu'ils ne revenaient pas

Pendant que Tobie différait son départ à cause de ses noces

son père Tobie était rempli d’inquiétude : — D’où vient, se disait-il, le retard de mon fils ? Quelle raison peut le retenir dans ce pays ?

...

Il dit : Peut-être aurait-il été confondu ?

Ou peut-être Gabaël serait-il mort et personne ne peut lui remettre l'argent ? 

Gabélus serait-il mort, et n’y aurait-il plus personne pour lui rendre cet argent ? 

...

Et il fut très triste. 

Il commença donc à s’attrister beaucoup, lui et Anne, sa femme

et ils se mirent ensemble à pleurer de ce que leur fils n’était pas revenu près d’eux au jour marqué.

...

Sa femme lui dit : L'enfant est mort, car le temps est passé.

Elle commença à se lamenter sur lui et elle dit : 

Sa mère surtout répandait des larmes intarissables :

— Hélas ! hélas ! mon fils, disait-elle, pourquoi t’avons-nous envoyé si loin

toi qui étais la lumière de nos yeux

le bâton de notre vieillesse

la consolation de notre vie

et l’espérance de notre postérité ?

...

Je n'ai pas à me reprocher, mon enfant, de t'avoir laissé partir, toi, la lumière de mes yeux. 

Nous qui avions tout en toi seul

nous n’aurions pas dû t’éloigner de nous. 

...

Et Tobit lui dit : Tais-toi, ne t'inquiète pas, il se porte bien. 

Tobie lui disait : — Cesse tes plaintes et ne te trouble pas, notre fils se porte bien

et l’homme avec qui nous l’avons fait partir est très fidèle.

...

Et elle dit : Tais-toi, ne m'abuse pas, mon enfant est mort.

Et chaque jour, elle allait au dehors par la route qu'il avait empruntée

le jour, elle ne prenait pas de nourriture, et la nuit, elle ne cessait pas de pleurer Tobie, son fils, jusqu'à ce que s'écoulèrent les quatorze jours  des noces que Raguel lui avait fait jurer de passer là. 

Mais rien ne pouvait la consoler 

sortant chaque jour de sa maison, elle regardait de tous côtés, et allait sur tous les chemins par lesquels il y avait espoir qu’il reviendrait

afin, s’il était possible, de l’apercevoir de loin.

...

Et Tobie dit à Raguel :

Congédie-moi car mon père et ma mère n'espèrent plus me revoir. 

Cependant Raguël disait à son gendre :

— Reste ici, et j’enverrai des nouvelles de ta santé à Tobie, ton père. 

...

Et son beau-père lui dit :

Reste auprès de moi, je te renverrai alors vers ton père et je l'informerai à ton sujet.

Tobie dit : Non, laisse moi retourner chez mon père. 

Tobie lui répondit :

— Je sais que mon père et ma mère comptent les jours

et que leur esprit se tourmente au-dedans d’eux. 

...

10 Et Raguel s'étant levé, lui donna Sara, sa femme et la moitié de ses biens, en esclaves, bétail et argent. 

10 Après avoir fait encore de grandes instances à Tobie, sans que celui-ci voulût rien entendre à ses raisons

Raguël lui remit Sara avec la moitié de tout ce qu’il possédait

en serviteurs et en servantes, en troupeaux, en chameaux, en vaches, en argent, dont il avait beaucoup

et il le laissa partir, plein de santé et de joie

10 ...

11 Et les ayant béni, il les congédia en disant :

Que le Dieu du ciel vous fasse prospérer, enfants, tant que je vivrai. 

11 en disant :

— Que le saint ange du Seigneur soit en votre chemin

qu’il vous conduise jusque chez vous sains et saufs, puissiez-vous trouver toute chose prospère chez vos parents

et puissent mes yeux voir vos enfants avant que je meure !

11 ...

12 Et il dit à sa fille : Honore tes beaux-parents car ils sont désormais tes parents, que j'entende une bonne renommée de toi. Et il l'embrassa. 

12 Et le père et la mère, prenant leur fille, l’embrassèrent et la laissèrent aller,

12 ...

Réception

Musique

1,1–10,1 Va! Tobie... Oratorio de Charles Gounod

19e s.

Charles Gounod (1818-1893), Tobie, quatuor "Par la main de ce fils", 1854

Jesko Sirvend (dir.), Jodie Devos, Kate Aldrich

© License YouTube Standard→, Tb 1,1-10,1

Composition

Introduit par des harmonies cristallines et alertes des bois, le récitatif de l’Ange — presque un arioso qui pourrait être celui d’un Page d’opéra — annonce au vieux Tobie que son fils va lui rendre la vue et, comme il sent quelque défiance, Raphaël insiste : « Quand c’est Dieu qui promet le doute est-il permis ? » avant de se lancer dans un air presque galant de ton, avec des arabesques de violons rebondissant sur le soutien des cors : « Va ! Tobie et sois sans crainte ». Tobie y répond symétriquement puis le père, la mère, le fils et l’ange se rassemblent pour une nouvelle reprise.

(France Musique © 2018)