La Bible en ses Traditions

Cantique des cantiques 2,2–7

M V
G S

— Telle le lis entre les épines, telle mon amie parmi les filles !

M
G S
V

— Comme un pommier au milieu des arbres de la forêt, tel est mon bien-aimé parmi les jeunes hommes.

À son ombre j'ai désiré m'asseoir et son fruit est doux à mon palais.

— Tel le pommier entre les arbres des forêts, tel mon préféré parmi les garçons 

(à son ombre, que j'avais désirée je m'assis et son fruit est doux à ma gorge 

3 Sous le pommier 8,5
M V
G S

il m'a fait entrer

Vm'introduisit dans son cellier à vin et  la bannière qu’il lève sur moi,

Vordonna en moi la charité) : 

M
G S
V

Soutenez-moi avec des gâteaux de raisin, fortifiez-moi avec des pommes,

car je suis malade d’amour !

fortifiez-moi de fleurs et m'entourez de pommes car je languis d'amour !

Que sa main gauche soutienne ma tête et que sa droite me tienne embrassée !

(De sa gauche sous ma tête et de sa droite il m'enlacera ...)

M V
G S

— Je vous adjure, filles de Jérusalem, par les gazelles

Vchevrettes et les biches

Vcerfs des champs

Vplaines

n’éveillez ni ne réveillez la bien-aimée,

Vfaites veiller la préférée avant

Vjusqu'à ce qu’elle

Velle-même le veuille !

7 Le sommeil de la bien-aimée 5,2 ; 8,5

Réception

Histoire des traductions

3 Comme un pommier au milieu des arbres de la forêt, tel est mon bien-aimé parmi les jeunes hommes

  • Levinas Lectures « Comme le pommier parmi les arbres de la forêt, tel est mon bien-aimé parmi les jeunes gens » (99, d'après b. Šabb. 88a).

Tradition juive

3a Comme un pommier Le pommier : les fruits avant les feuilles

Faire avant d'entendre

  • b. Šabb. 88a « Rav Hama bar Hanina a dit : (Ct 2,3). Pourquoi Israël est-il comparé à un pommier ? Réponse : Pour vous apprendre que, tout comme sur le pommier les fruits précèdent les feuilles, Israël s’est engagé à faire avant d’entendre » (Tradition juive Ex 33,6 Tradition juive Ps 103,20) (Levinas Lectures 99).

Tout dès le début

  • Levinas Lectures « Rien ne prouve, disent-ils [i.e. les tossafistes], que le texte hébraïque parle de pommiers et de pommes. Il s’agit de cédrats. Les cédrats restent sur l’arbre pendant deux ans, et peuvent donc sembler attendre les feuilles. L’image est belle. Nous voici dans un verger merveilleux où les fruits viennent avant les feuilles. Merveille des merveilles : histoire dont l’aboutissement précède le développement. Tout est là dès le début. […] L’histoire ne développe pas, mais étend. L’ordre définitif attend les feuilles parmi lesquelles d’autres fruits surgiront » (99-100).

Philosophie

3 Comme un pommier La Tora : le bien au devant de la liberté

  • Tradition juive Levinas Lectures « […] la Tora est reçue en dehors de tout marche exploratrice, en dehors de tout developpement progressif. Le vrai de la Tora se donne sans précurseur, sans s’annoncer d’abord dans son idée […] c’est le fruit mûr qui se donne et se prend ainsi […]. Le vrai qui s’offre d’une telle manière (Tradition juive Ex 33,6), c’est le bien qui précisément ne laisse pas, à celui qui l’accueille, le temps de se retourner et d’explorer, dont l'urgence n'est pas une limite imposée à la liberté, mais atteste, plus que la liberté, plus que le sujet isolé que la liberté constitue, une responsabilité irrécusable au-delà des engagements pris où peut-être se conteste déjà le moi absolument séparé prétendant à détenir l'ultime secret de la subjectivité » (100).

1,1–8,15 Le Cantique comme symbole de la révélation Rosenzweig Stern (p. 235-242) interprète le caractère dialogal du Ct comme une instance de la structure dialogale de la révélation elle-même.  

  • Une première partie, intitulée « création », décrit une relation non personnelle, en 3e pers. et au passé, entre Dieu et le monde.
  • Au cœur de l'ouvrage, Rosenzweig fait de son commentaire du Ct le fil conducteur de la présentation de ce qu'il appelle « La révélation », c'est-à-dire le passage au « tu » et au présent et ainsi à l'avènement d'une relation personnelle entre Dieu et l'homme. Tout le Ct est un dialogue (à l'exception de Ct 8,6) : il ne dit pas que la révélation est dialogale, il le montre en étant lui-même dialogue et étant presque uniquement cela.

Révélation performée : importance du dialogue

La révélation n'est donc pas pour Rosenzweig la communication d'un ensemble d'informations sur Dieu, mais la naissance d'une relation entre Dieu et l'homme. Le Ct est pur dialogue — sans jamais de passage à la 3e pers. — et histoire au présent. Ces deux caractéristiques sont le fondement de la révélation : le dialogue et le présent.

Il ne s'agit donc plus de parler de la relation entre Dieu et l'homme, comme les prophètes qui décrivaient cette relation à l'aide de la métaphore des noces, mais de faire parler cette relation elle-même.

Révélation lyrique : importance de la subjectivité

Le discours du Ct est donc tout entier porté par la subjectivité.

  • Cela se manifeste par l'importance du « je » sous la forme du je-marqué (’ănî en héb.). Le Ct est le texte biblique qui utilise, proportionnellement à sa taille, le plus ce « je », après le livre du Qo (fréquence de 6,03 emplois pour 1000 mots en Ct, et de 6,50 en Qo).
  • Cela se remarque aussi au fait que les premiers mots du Ct expriment une comparaison : « tes amours sont meilleures que le vin » (Ct 1,2b), c'est-à-dire une appréciation subjective et non un simple constat, auquel cas un comparatif n'eût pas été nécessaire.

Dès le début du texte, la focalisation n'est pas celle d'une narration objective mais celle d'une subjectivité : les choses ne sont pas décrites pour elles-mêmes, l'enjeu est d'emblée perspectiviste. 

Critique de la réception moderne du Cantique

Rosenzweig critique les analyses modernes du Ct (à partir des 18e et 19e s.) qui ont cherché à effacer cette dimension dialogale du texte.

  • Il vise d'abord Herder et Goethe, qui ont fait du Ct un chant d'amour purement humain, prisonniers qu'ils étaient du préjugé que ce qui est humain ne peut être divin et que Dieu ne peut pas aimer. Cependant, leur tentative eut au moins le mérite de conserver cet aspect essentiel du Ct : le fait qu'il s'agisse d'un chant lyrique, de l'expression de deux subjectivités.
  • D'autres tentatives ont suivi, plus condamnables parce qu'elles ont réduit le Ct à un simple récit, narration entre plusieurs personnages : un roi, un berger, une paysanne. Dans ce dernier type d'interprétation le cœur du Ct, à savoir son caractère lyrique, est perdu et l'œuvre demeure incompréhensible.

Musique

1–17 Le Cantique des Cantiques

Le Cantique des cantiques illustré dans un film :

Keeping Mum (Secrets de famille) (2005), Niall Johnson, Niall Johnson ; Richard Russo, Dickon Hinchlife

Licence YouTube standard→

Rowan Atkinson, alias Mr Bean et Kristin Scott Thomas, dans Secrets de famille de Niall Johnson (2006). Un homme regarde sa femme faire sa toilette tandis que le narrateur déclame un hymne composé à partir des versets du Cantique des Cantiques.

1–11 Je suis le narcisse de Saron

18e s.

William Billings (1746-1800), I am the rose of Sharon, 1778 

Ross W. Duffin (dir.), Quire Cleveland

© Licence YouTube standard→, Ct 2,1-11

Paroles

I am the Rose of Sharon and the lily of the valleys. As the Lily among the thorns, so is my Love among the Daughters. As the Apple tree, among the trees of the wood, so is my Beloved among the Sons. I sat down under his shadow with great delight, And his fruit was sweet to my taste, taste. He brought me to the Banqueting House, His Banner over me was Love. Stay me with Flagons, Comfort me with Apples, for I am sick, sick of Love. I charge you, O ye Daughters of Jerusalem, by the Roes and by the Hinds of the Field, that you stir not up nor Awake, Awake my Love till he please. The voice of my Beloved, Behold, he cometh, Leaping upon the mountains, skipping upon the Hills. My Beloved spake and said unto me: rise up, my Love, my fair one, and come away, for Lo, the Winter is past, the rain is over and gone. (Ct 2,1-11)

Compositeur

William Billings (né à Boston le 7 octobre 1746, mort dans cette même ville le 26 septembre 1800) est un compositeur américain de musique chorale, et est considéré comme le père de la musique chorale américaine. À l'origine tanneur de métier et autodidacte, Billings a créé ce qui est maintenant reconnu comme un style spécifiquement américain de la musique vocale.

Contexte

Milieux de vie

2 FLORE Épines

Identification

De nombreuses plantes épineuses sont présentes dans les environs de Jérusalem et plus de 70 espèces existent en Israël. Appelées dans la Bible  qôṣatad, ’āṭādshamir, šāmîr, silôn, les épines sont difficiles à identifier précisément. Celles auxquelles on a porté la plus grande attention sont les épines de la couronne de Jésus.

La couronne de Jésus
  • Les reliques conservées à Notre Dame de Paris montrent une couronne tressée de joncs qui aurait servi de support pour fixer des branches épineuses.
  • Les épines furent dispersées au fil des siècles : 70 épines conservées dans divers lieux du monde sont aujourd’hui répertoriées comme pouvant provenir de cette couronne.
  • Il n’est pas exclu que la couronne ait été tressée avec, non pas une, mais diverses espèces épineuses.

Plusieurs plantes sont proposées :

Le jujubier de Palestine (Ziziphus spina christi

 Ziziphus spina-christi

Photo : Davidbena (mars 2018) © CC-BY-SA-4.0→  

Gn 3,18 ; Ex 22,5 ; Jg 8,7 ;  Ps 58,10 ; Pr 15,19 ;  Is 5,6 ; 7,19.23-25 ; 9,17 ; 10,17 ; 33,12 ; 34,13 ; 55,13 ; Ez 28,24 ; Os 2,8 ; 9,6 ; Mt 7,16; Mt 27,29 ; Mc 15,17 ; Lc 6,44 ;  Jn 19,2.

Cette espèce est la plus communément admise comme étant celle qui a permis de faire la couronne d’épines car elle est présente dans les environs de Jérusalem et correspond aux épines qui étaient présentes sur la couronne d’épines de Notre-Dame de Paris. Seules ses jeunes tiges seraient assez souples pour être tressées en couronne.

Classification
  • Famille : rhamnaceae
  • Genre : ziziphus
  • Espèce : spina-christi
Localisation

Cette espèce est originaire d’Afrique et s’est vite acclimatée au Moyen-Orient. Un jujubier dont l’âge est estimé entre 1500 et 2000 ans est encore présent à Ein Hatzeva près la Mer Morte.

Description
  • Arbre aux branches étalées qui peut atteindre 20 m de haut.
  • Feuilles vertes persistantes présentant généralement deux épines stipulaires de 2 et 5 cm de long. 
  • Fleurs jaunes parfumées à 5 pétales.
  • Le fruit est une drupe globuleuse, jaune-rouge. Autour d’un noyau, la chair est comestible.

 Jujubier, Neot Kedumim (Israël)

(avril 2022) D.R. M.R. Fournier © BEST AISBL

Usage
Alimentation
  • Cet arbre est cultivé pour ses fruits, les jujubes, qui sont consommés frais, séchés ou en farine. Ils servent aussi à la fabrication d’une boisson alcoolisée. Les fleurs fournissent le nectar pour les abeilles ; les feuilles servent d’alimentation au bétail.
Médical
  • Les feuilles ont des propriétés antibactériennes, anti inflammatoires, cicatrisantes et anti diabétiques.
  • Les graines de jujube sont utilisées en Chine contre l’insomnie, l’irritabilité et les sueurs nocturnes.
  • Les épines sont utilisées en Afrique contre les morsures de serpent.
Culture matérielle
  • Le bois, résistant aux termites, sert à la construction et à la fabrication d’objets.
Cultuel
  • Au Soudan, des rituels magiques sont pratiqués près de cet arbre.

Le paliure (paliarus spina christi

Paliure

© Domaine public

Cette plante épineuse peut facilement être tressée mais elle n’est pas aujourd’hui présente dans la région de Jérusalem. Sa présence à l’état sauvage en Samarie et en Galilée fait supposer qu’elle aurait pu pousser en Judée durant l’Antiquité.

Classification
  • Famille : rhamnaceae
  • Genre : paliurus
  • Espèce : spina-christi
Localisation

On trouve cette plante sur le pourtour méditerranéen.

Description 
  • Petit arbre touffu de 2 à 5 m à l’écorce grise crevassée.
  • Rameaux grêles en zig zag qui portent des épines robustes.
  • Feuilles vertes caduques alternes et ovales.
  • Fleurs jaunes à 5 pétales réunies en grappes.
  • Les fruits sont des samares entourées d’une aile membraneuse en forme de chapeau d’où le nom de « porte chapeau » donné parfois à la plante.
Usage
Médical
  • Le fruit est utilisé en infusion pour son action diurétique et contre l’hypertension artérielle.

Le Lyciet

 Lycium intricatum en Espagne

Photo : Retama (sept 2006) 

© CC-BY-SA-3.0→

 Le lyciet d’Europe est nommé « couronne du Christ » en francais. Les reliques de la couronne du Christ à Rome et à Milan sont des épines de lyciet.

Classification
  • Famille : solanaceae
  • Genre : lycium
Localisation

Sur le pourtour méditerranéen.

Description
  • Arbrisseau touffu de 1 à 3 m.
  • Feuilles vertes grisâtres.
  • Fleurs rosées ou blanchâtres.
  • Les fruits sont des baies rouges orangées.
  • Rameaux raides et épineux avec épines courtes et robustes.
Usage
Alimentation
  • Les baies fades, sont consommées en Inde et Afrique. Elles doivent être mangées bien mûres pour éviter les empoisonnements.
  • Les pousses peuvent être mangées cuites à l’eau.
  • Les feuilles peuvent être servies en salade.
Médical
  • Déjà au 4e s. av. J.-C. la racine et les feuilles bouillies de cet arbre étaient utilisées comme médicament et en application locale pour soigner les abcès et les plaies Pline Nat. 24,76.
Culture matérielle
  • Le lyciet permet de faire des haies de protection.

La pimprenelle épineuse (sarcopoterium spinosum) 

 Pimprenelle épineuse, Neot Kedumim (Israël)

(avril 2022) D.R. M.R. Fournier © BEST AISBL

Cette plante a de fortes épines et est suffisamment souple pour en tresser une couronne. C'est le buisson épineux le plus commun dans la région de Jérusalem.

Classification
  • Famille : rosaceae
  • Genre : sarcopoterium
  • Espèce : spinosum
Localisation

Région méditerranéenne orientale.

Description
  • Arbrisseau touffu et épineux de 50 cm de haut en forme de boule.
  • Feuilles à petites folioles arrondies, vert brillant. Elles tombent en été.
  • Fleurs sans corolle, groupées en têtes denses.
  • Les fruits sont des baies rouges.
  • Rameaux entrelacés.
Usage
Culture matérielle
  • On se servait encore de ce buisson au siècle dernier pour alimenter le feu.
  • Ces buissons, à la forme de barbelés, étaient utilisés (Is 5,6) pour recouvrir les clôtures de pierre et former une haie  (meśûkkâ) pour empêcher les chèvres de pénétrer dans les vignobles.

L’épine vulnérante (zilla spinosa

Il est question de cette plante en Ez 28,24

Zilla spinosa à Negev Derech HaArava (Israël)

Photo : Krzysztof Ziarnek, Kenraiz, fev. 2023,© CC BY-SA 4.0→

Classification
  • Famille : brassicaceae
  • Genre : zilla
  • Espèce : spinosa
Localisation 

Espèce assez commune dans le sud-est d’Israël. On la trouve sur la route entre Jérusalem et la Mer Morte. Résistante à la sècheresse cette plante se développe dans des sols sablonneux, des oueds.

Description
  • Buisson très ramifié et aux épines féroces pouvant atteindre 1,50 m de haut.
  • Feuilles vertes rapidement caduques.
  • Fleurs roses violacées de 1 à 2 cm.
  • Son fruit est une silicule subglobuleuse.
Usage
Alimentation
  • Elle sert de nourriture et d’abri à certains insectes.
Culture Matérielle
  • Sèches, les brindilles peuvent permettre d’allumer un feu.

Le calicotome velu (calycotome villosa)

 Calycotome villosa en fleurs dans les montagnes de Judée (Israël)

Photo : Davidbena , mars 2020, © CC BY-SA 4.0  →

Classsification
  • Famille : fabaceae
  • Genre : callicotome
  • Espèce : villosa
Localisation

Il est présent sur tout le pourtour méditerranéen, dans les terrains siliceux, les garrigues, les maquis, les forêts et les broussailles.  En Israël on le trouve surtout dans la moitié nord.

Description 
  • Arbuste épineux ressemblant au genêt et pouvant atteindre 2 m de haut.
  • Feuilles trifoliées vertes et caduques. Des poils sont visibles sur la face inférieure.
  • Rameaux et légumineuses couverts de poils blanchâtres.
  • Fleur couleur jaune or avec un calice en forme de coupe. Elles sont groupées par 2 ou 4 sur les épines.
Usage
Médical
  • Cette plante est utilisée comme antiseptique et anti inflammatoire.
  • Les racines en décoction soignent les rhumatismes.
  • Les feuilles permettent la cicatrisation des plaies et blessures.
Culture matérielle
  • Une teinture verte est obtenue à partir de cette plante.

Le nerprun (rhamnus lycioides et palaestina)

Rhamnus lycioides, Menashe Hills (Israël)

Photo : איתן פרמן, oct. 2010 © CC BY-SA 3.0→

Classification
  • Famille : rhamnaceae
  • Genre : rhamnus
  • Espèce : lycioides
Localisation

Cette plante est originaire du Soudan et pousse de préférence dans les pays chauds. On la trouve en Syrie, au Liban, en Israel et plus précisément dans les zones de garrigues, des sols pauvres et graveleux. Un échantillon de cette plante a été retrouvé à 500 m du Saint Sépulcre.

Description 
  • Arbuste à écorce grisâtre et à branches épineuses.
  • Feuilles vert clair oblongues, obtuses et persistantes.
  • Petites fleurs jaunes en grappes qui apparaissent en mars-avril.
  • Baies ovoïdes jaunes-rouges. En grande quantité elles peuvent être toxiques pour l‘homme.
Usage
Alimentation
  • Les baies servent de nourriture pour les oiseaux.
Culture matérielle
  • Cette plante est utilisée en reboisement pour freiner l’érosion.
  • Elle permet de former des haies de protection.
  • Le bois servait de combustible.
  • Les baies fournissaient une teinture jaune-orangé.

Astragale à épines (astragalus spinosus)

Astragalus spinosus, Nord du Negev (Israël)

Photo : Gidip, dec. 2006 © CC BY-SA 3.0→

Classsification
  • Famille : fabaceae
  • Genre :  astragalus
  • Espèce : spinosus
Localisation

Cette plante est présente dans le sud et l’est du bassin méditerranéen (Libye, Égypte, Israël, Liban, Syrie, Irak) ainsi qu’en Iran et dans la Péninsule Arabique. On la trouve surtout dans les lieux désertiques.

Description
  • Arbuste vivace épineux.
  • Feuilles pennées.
  • Fleurs blanches à 5 pétales hérissées d’épines fines et acérées.

Le câprier épineux (capparis spinosa var. aegyptia)

Câprier en fleurs (Israël)

Photo : Bo Basilic, juin 2012 © CC BY-SA 3.0→ 

Même si ses épines ne sont pas très grandes, la flexibilité de ses tiges aurait pu permettre aux soldats de tresser une couronne pour Jésus lors de sa passion tout en y insérant d’autres épines. Des traces de pollen de capparis aegyptia ont été retrouvées sur le linceul de Turin.

Classsification
  • Famille : capparaceae
  • Genre : capparis
  • Espèce : spinosa (var. aegyptia)
Localisation

Le câprier épineux est très répandu. On le trouve en Afrique du Nord et de l’Est, en Asie Occidentale ainsi que sur le pourtour méditerranéen. Il est présent en Israël.

Description
  • Arbuste épineux aux rameaux grisâtres toujours fleuris. Ses tiges sont très souples.
  • Feuilles alternes, simples, ovales et vertes.
  • Épines courtes recourbées à la base.
  • Fleurs axillaires à quatre pétales blanc-rose et aux étamines mauves.
  • Fruit charnu ovoïde, appelé câpron, qui éclate à maturité pour disperser ses graines.
Usage
Alimentation

On obtient des câpres en faisant confire ses boutons floraux dans le vinaigre.

Médical 
  • Du fait de ses propriétés analgésiques et diurétiques, l’écorce des racines est utilisée pour le traitement des infections intestinales.
  • Absorbés, les boutons de fleurs servent de laxatif. En traitement extérieur ils soignent les infections oculaires.
  • Les feuilles sont utilisées contre les piqûres d’insectes.
  • On attribuait autrefois aux câpres des vertus aphrodisiaques.
Culture matérielle
  • Sèches, les brindilles peuvent servir à allumer le feu.
Cosmétique
  • L’extrait de racine sert pour le soin capillaire et le soin de la peau.

3 FLORE Lis 

Lis blanc (lilium candidum), Photo : Zachi Evenor (mai 2015)

Wadi Kelach, Mont Carmel (Israël) © CC-BY-2.0→

1R 7,19.22.26 ; 2Ch 4,5 ; (M) Ps 45,1 ; (M) Ps 60,1 ; Ct 2,16 ; 4,5 ; 5,13 ; 6,2-3 ; (G) Si 39,14 ; 50,8 ; Os 14,6 ; Mt 6,28-30 ; Lc 12,27-28

Le lis est aussi gracieux et doux que les épines sont redoutables. Fleur exceptionnelle, elle incarne à merveille l'élection et la préférence de l'amour, divin comme humain.

Identification

Le mot hébreu « šûšan » traduit le plus souvent par « lis » en francais, pourrait désigner des fleurs d’espèces variées. D’après la Bible, cette plante pousse dans les vallées (Ct 2,1), les prairies (Ct 2,16 ; 6,3), les champs (Ct 4,5), les jardins (Ct 6,2), près des eaux (Si 50,8) et même au milieu des épines (Ct 2,2). Elle donne des fleurs magnifiques, de parures royales (Mt 6,28-30 ; Lc 12,27-28) qui ont la forme de coupes (2Ch 4,5) et exhalent un merveilleux parfum (Si 39,14). Ces fleurs poussent en abondance (Os 14,6).

Il est possible que les diverses mentions bibliques du « lis » fassent référence à plusieurs espèces de fleurs car aucune espèce ne possède toutes ces caractéristiques à la fois. Les botanistes et commentateurs de la Bible ont donné de nombreuses possibilités :

  • Lilium candidum 
  • Hyacinthus orientalis
  • Lilium chalcedonicum 
  • Anemone coronaria
  • Anthemis palaestina
  • Pancratium maritinum
  • Urginea maritima
  • Ixiolirion tataricum
  • Nymphaea lotus
  • Iris pseudacorus
  • Cyclamen persicum
  • Asphodelus
  • Gladiolus

Le lis de la Madone (lilium candidum) tient une place importante dans cette liste puisqu’il est l’espèce appelée communément « lis » aujourd'hui (« šûšan » en hébreu moderne) et qu’il est chargé de toute la symbolique du lis biblique.

 Illustration de Lilium Candidum, (aquarelle, Pierre Joseph Redouté, 1805)

 Photo : rawpixel © CC-BY-SA-4.0 →

Classification
  • Famille : liliaceae
  • Genre : lilium
  • Espèce : candidum
Localisation

Cette plante originaire des Balkans et du Moyen-Orient s’est largement répandue en Europe, en Afrique du Nord et en Amérique (Mexique). Elle est cultivée depuis plus de 3000 ans. Elle pousse encore aujourd’hui à l’état sauvage sur les collines de Galilée et sur le Mont Carmel.

Description
  • Plante à bulbe vivace.
  • Tige entre 1 et 2 m de hauteur qui pousse au printemps.
  • Plusieurs grandes fleurs à 6 pétales d’une grande blancheur poussent à l’extrémité de chaque tige. Elles dégagent une odeur suave.
  • Feuilles vertes brillantes, elliptiques, lancéolées. Tandis que la plupart des lis perdent leurs feuilles en hiver, cette espèce garde à sa base une rosette de petites feuilles.
Usage
Cosmétique
Ornemental
  • Les lis sont utilisés pour confectionner des bouquets.
  • Ils sont utilisés comme motifs architecturaux et sont représentés sur de nombreux tableaux pour leur symbolique. On les retrouve sur des bas-reliefs assyriens.
Histoires
  • Selon une légende l'apôtre Thomas, ne croyant pas aux rumeurs qu'il avait entendues sur l'assomption de la Bienheureuse Vierge Marie, fit ouvrir son tombeau. À l'intérieur, au lieu de son corps, il trouva le tombeau rempli de lis et de roses.
  • D'après la mythologie grecque, le lis serait né d’une goutte de lait tombée du sein d’Héra allaitant Héraclès.
Symbolique
Pureté, virginité, amour pur
  • L’extrême blancheur du lis en a fait le symbole de la pureté.
  • En raison de sa beauté et de la parure somptueuse dont Dieu l’a dotée (Lc 12,27-28) cette fleur est devenue le symbole de l’élection divine et donc de l’amour.
Sainteté
  • Le lis exhale un parfum agréable qui est symbole de l’odeur de sainteté (Si 50,8-9).
  • Il est, dans l’iconographie, l’attribut de nombreux saints : la Vierge Marie, saint Joseph, saint Bernard, saint Dominique, sainte Claire, saint Louis, sainte Catherine de Sienne, saint Antoine de Padoue...
Royauté
  • Jésus présente la fleur de lis comme une parure plus belle encore que celle du roi Salomon (Mt 6,28-30 ; Lc 12,27-28).
  • La fleur de lis (qui représente plutôt un iris) fut prise comme emblème par les rois de France.
La Vierge Marie

Les peintres au Moyen Âge représentaient la Vierge avec un lis. En raison de cette association, le nom de « lis de la Madone » a été donné à cette espèce de lilium.

Comme le lis, Marie est :

  • choisie entre toutes par Dieu ;
  • pleine de grâce, immaculée ;
  • vierge ;
  • de dignité royale (Lc 12,27-28) ;
  • elle exhale le parfum divin de la sainteté (Si 50,8-9).

3s FLORE Pommier Les Pères ont vu dans le pommier le type du Christ Grégoire de Nysse Hom. Cant.4,7. Ne donne-t-il pas en effet son vin et n'est-il pas celui qui ordonne la charité en ceux qui aiment (Ct 2,4) ?

 Pommier en fleurs à Murrhardt (Allemagne)

Photo : Jean-Marc Pascolo (mai 2009) © CC-BY-SA-3.0→

Pr 25,11 ; Ct 2,3-5 ; 7,9 ; 8,5 ; Jl 1,12

Identification

Le tappûaḥ  mentionné dans le Cantique des cantiques est un arbre assez grand, fournissant de l’ombre et possédant des fruits au goût et à l’odeur agréable. Bien que  tappûaḥ  signifie pommier, il pourrait s’agir d’un pommier particulier tel que :

  • Le citronnier que Théophraste Histoire des plantes1, 13, 4, au 4e s. av. J.-C., appelle « pommier médique » ou « pommier persique ». Mais son ombrage et sa taille ne suffisent pas pour que l’on se repose à son ombre.
  • L’abricotier (prunus armeniaca) qui est appelé par Dioscoride de Materia medica 1.2,c.165, « mailon armeniacon », soit « pommier d’Arménie ». 
  • Le cognassier dont les fruits sont appelés « coins », « pommes d’or » ou « pommes de Cydon ».

Mais les commentateurs modernes affirment qu’il s’agit d’un véritable pommier (malus). 

Il existe aujourd’hui environ 40 espèces de pommiers. L’espèce la plus ancienne et qui semble être à l’origine des autres espèces est l’espèce sauvage malus sieversii.

Illustration botanique du pommier commun (malus domestica)

in Flora von Deutschland, Österreich und der Schweiz, O. W. Thomé (1885) © CC-BY-SA-3.0→

Classification
  • Famille : rosaceae
  • Genre : malus
  • Espèce : sieversii
Localisation

Le pommier est originaire d’Asie Centrale, principalement du Kazakhstan.

Description
  • Fruit à l’enveloppe charnue avec, en son centre, des carpelles soudés.
  • La graine ou pépin possède un endocarpe cartilagineux.
Usage
Alimentation
  • La pomme peut être consommée telle quelle ou transformée (compote, pâtisseries, jus, cidre).
Médical
  • Ses fruits et son écorce sont utilisés en phytothérapie.
  • Ses bourgeons sont utilisés en gemmothérapie.
  • Ses propriétés thérapeutiques : aide à la digestion, antiseptique, amincissant, renforce les défenses immunitaires. 
Culture matérielle

Le bois de pommier est utilisé pour :

  • La confection de meubles 
  • Tournage
  • Instruments de précisions
  • Marqueterie
  • Lutherie
Ornemental
  • En raison de ses belles fleurs blanches, le pommier sert d’ornement.
Symbolique
Douceur
  • Son fruit est sucré et doux au palais Ct 2,3-5.
Naissance
  • Ct 8,5 présente l'ombre du pommier comme un lieu de repos et de conception.
L’arbre de la connaissance du bien et du mal
  • Le mot « malus » en latin pouvant signifier tout à la fois « pommier » ou « mauvais », beaucoup d’artistes, par ce jeu de mots, ont choisi de représenter l’arbre de la connaissance du bien et du mal sous la forme d’un pommier.
L’arbre de vie et le Verbe incarné

Pour les Pères de l’Église, le pommier du Cantique est l’arbre de vie et le Verbe incarné :

  • Nil d’Ancyre Comm. Cant.2,3, 43 écrit que le pommier est de bois comme les autres arbres de la forêt, mais c’est un bois fécond qui donne de nombreux fruits qui réjouissent l’œil, séduisent l’odorat et comblent le sens du goût.
  • Grégoire de Nysse Hom. Cant. 4,7  Le Verbe incarné, qui est lumière, sainteté et « vie pour ceux qui le mangent », « est devenu pommier parmi les arbres de la forêt, afin de greffer sur lui-même tous les rameaux sauvages de la forêt et de les rendre aptes à produire un fruit semblable au sien » (cf. Rm 11,17-27). La pomme elle-même est le Verbe incarné : « Celui qui par amour des hommes a germé dans la forêt de notre nature en participant à la chair et au sang s’est fait pomme. […] Par sa blancheur il imite le caractère propre de la chair, tandis que le rouge dont il est teint témoigne par son aspect d’une parenté avec la nature du sang ».

Réception

Arts visuels

1–17 Cantique des Cantiques

Peinture espagnole du 17e s.

Le Cantique des Cantiques présente le chant de l’amour d’un homme vers sa femme. Ce chant introduit le lecteur dans le mystère de la relation d’amour qui unit deux époux. De nombreux passages de ce texte invitent à contempler l’attitude masculine face à celle qui est aimée.

Cercle de Bartolomé Estéban Murillo, Jacob et Rachel au puits  (huile sur toile, 17e s.), 9,30 x 1,492 m

Espagne, Dulwich Picture Gallery, Londres (Royaume-Uni) © Domaine public→

« Trop d’hommes sont amputés d’eux-mêmes. 'La virilité n’est plus une valeur en Occident', écrit Paul François Paoli dans La Tyrannie de la faiblesse (2010). Elle n’est pourtant pas l’agressivité, ni la dureté du cœur, encore moins la vulgarité. Mais le don de son corps et de son sang pour devenir gardien de l’épouse dans la vulnérabilité de son enfantement, pour protéger la vie fragile (...). Voilà ce qui conduit l’homme à son accomplissement, et la femme à porter la vie. On ne peut porter la vie que dans l’union au Corps d’un autre. L’homme est une force qui doit s’incliner au rang de serviteur, afin de ne jamais tomber dans la brutalité despotique de celui qui n’a jamais fait de sa puissance un service. La logique de l’amour d’un homme est eucharistique : « Maris, aimez vos femmes, comme le Christ a aimé l’Église et a donné sa vie pour elle » (Lettre de Saint Paul aux Éphésiens). »

Cette conception de la virilité semble rejoindre une citation de Simone de Beauvoir dans Le deuxième sexe (1949) : « Personne n'est plus arrogant envers les femmes, plus agressif ou méprisant, qu'un homme inquiet pour sa virilité. »

2 Comme un lis au milieu des épines Interprétation typologique : Le lis symbolisant la Vierge Marie

12e s.

Anonyme, Lis parmi les épines (fresque, 12e s.)

Ermitage de Santa Caterina del Sasso→, Lombardie (Italie) © CC BY-SA 3.0→

Les épines présentes autour des lis forment une couronne analogue à la couronne de la Passion du Christ. Les lis évoquent ici la victoire du Christ sur la mort et la vie qui en jaillit.

Liturgie

1–17 LITURGIE JUIVE Un chant pascal Le Cantique est lu après la amida durant la semaine de Pessach. Le choix serait motivé par la mention des chars de Pharaon en Ct 1,9 où l'on voit une allusion à l'Exode. 

Traditionnel, Megillat Shir HaShirim, c. 2  lu par Abraham Shmuelof (1913-1994), Maison Saint-Isaïe des Dominicains, Jérusalem, années 1970,

Audio Scriptures International (numérisation) ; Mechon Mamre→ (mise en ligne), © Sœurs du Carmel (enregistrements originaux)

Abraham Shmuelof né en 1913 dans le quartier Meah Shearim de Jérusalem, dernier de seize enfants dans une grande famille juive ultraorthodoxe de Bucharan qui avait émigré de Perse à la fin du 19e siècle devint une figure légendaire à Jérusalem, passant du statut de juif ultraorthodoxe au catholicisme romain, moine trappiste, bénédictin, retournant aux trappistes et enfin servant dans l'Église gréco-catholique de Galilée. Dans les années 1970, il trouva sa place à « La Maison Saint-Isaïe » fondée à Jérusalem par les Dominicains français, où il collabora au développement d'une liturgie catholique hébréophone avec le P. Jacques Fontaine. C'est à cette époque qu'il se chargea de la tâche d'enregistrer l'intégralité du Tanakh en hébreu.