9 Tu n’ensemenceras pas ta vigne de deux sortes de semences
Vd'autre graine
de peur que le tout ne soit déclaré chose sainte et la graine que tu as semée et le produit de la vigne.
9 ...
10 Tu ne laboureras pas avec un bœuf et un âne ensemble.
10 ...
11 Tu ne porteras pas un vêtement d’un tissu mélangé de laine et de lin réunis ensemble.
Vqui soit tissu de laine et de lin.
11 ...
12 Tu feras des glands aux quatre coins du vêtement dont tu te couvriras.
12 ...
Contexte
Milieux de vie
11FLORE Lin Le lin est du côté de la pureté : on ne le mélange pas avec quelque chose de moins noble tel que la laine.
Identification
Plusieurs noms dans la Bible sont traduits par « lin », mais s’agit-il toujours de la même plante ?
Le mot « šēš » (Gn 41,42 ;Ez 27,7) désigne les fils de lin venus d’Égypte (traduit « byssus » en latin). C’est de ce textile que sont faites les tentures du tabernacle (Ex 25,4). Le byssus est plus spécifiquement désigné par le mot « bûṣ » en 1Ch 4,21 ;15,27 ;2Ch 2,13 ;3,14 ;5,12 ;Est 1,6 ;8,15 ;Ez 27,16.
Le mot « ’ētûn » est utilisé une fois (hapax) dans Pr 7,16 pour désigner aussi le lin d’Égypte.
Le mot « bad » désigne le lin des vêtements sacerdotaux. Il s’agit sans doute d'un lin de grande finesse et blancheur (Lv 6,3 ;16,23 ;1S 2,18 ;1Ch 15,27 ;Est 8,15).
Le lin, d’abord sauvage (linum bienne), commence à être cultivé dans le Croissant fertile puis se propage en Europe et dans la vallée du Nil. C’est l’une des premières espèces cultivées. Dans les grottes de Dzudzuana (Géorgie), on a découvert des fragments de lin portant des traces de torsion et de teinture vieux de 36 000 ans ; ce sont les premières traces de la maîtrise du textile par l’homme. On trouve la trace de graines de lin dans le Croissant fertile, dans des villages du Néolithique datant de 10 500 av. J.-C.
Description
Tige fine de forme élancée, peu ou non ramifiée, pouvant atteindre 1 m de haut.
Feuilles simples, vert pâle, linéaires ou lancéolées.
Grandes fleurs à cinq pétales dont la couleur varie du bleu foncé au blanc rosé, au sommet des tiges. La floraison dure quinze jours et chaque fleur ne vit qu’une journée.
Les fruits sont des capsules ovoïdes à cinq loges contenant des graines plates et brunes riches en huile.
Cycle de vie
Ensemencement : le lin est semé au début du printemps. Il atteint sa maturité au bout de 120 jours : « Rien ne pousse plus facilement que le lin » (→Pline Nat. 19,2). Après la floraison, les plantes forment leurs fruits. Les feuilles tombent et le lin devient jaune.
Arrachage : la récolte a lieu à peu près trois mois et demi après la semence. Le lin est arraché mais non coupé pour ne pas perdre la fibre présente dans le bas de la tige. On fait des petites bottes, qu'on laisse sécher au soleil.
Rouissage : autrefois les bottes étaient placées dans des rivières ou dans des cuves pour que se développent les bactéries qui favorisent l’extraction des fibres. Les tiges étaient plongées dans une eau échauffée par le soleil et tenues au fond à l’aide d’un poids (→Pline Nat. 19,2). Aujourd’hui, le lin est le plus souvent laissé dans les champs et le rouissage se fait sur place par les micro-organismes du sol, sous l’effet de l’humidité et de la température. La paille prend alors une couleur brune. Quand les fibres peuvent être facilement extraites, le lin est dit « teillable ».
Séchage des tiges au soleil, la tête en bas.
Battage : à l’aide de battes, de fléaux ou de pierres, on bat le lin pour séparer le grain des tiges.
Teillage, écangage ou broyage : on broie le bois et on sépare les fibres (filasses) des particules ligneuses (anas).
Peignage : pour préparer le lin à la filature, on étire les fibres pour les mettre en parallèle et séparer les grandes des petites. Les fibres plus courtes et plus grossières forment l’étoupe. De ce lin de qualité inférieure on fait les mèches de lampes (cf. →Pline Nat. 19,3).
Filage : les fibres de lin sont converties en fils. Une fibre est trop fine et fragile pour être utilisée seule donc il faut entrelacer les brins pour obtenir un fil. Un paquet de fibres est enroulé sur une quenouille, la fileuse tient la quenouille d’une main et de l’autre elle prélève des fibres, les enroule et forme un fil qu’elle attache à la rainure du fuseau. En laissant pendre le fuseau et en le faisant tourner, elle crée une torsion. Le fil ainsi tordu est enroulé autour du manche du fuseau. Au 13e s. on utilise un rouet. Au 19e s. apparaissent les premières filatures. Une fois filé, le lin est mis en écheveaux.
Teinture : après filage et nettoyage, les fils peuvent être teints par trempage dans des bains répétés de colorants : le jaune (feuilles d’amandier, peau de grenade), le noir (écorce de grenadier), le rouge (racine de garance, Kermès), le bleu (indogotier), le pourpre de Tyr (coquille de murex). Parfois c’est le tissu entier qui est teint. Un mordant est ajouté à la matière colorante pour que le colorant soit insoluble.
Tissage : teinté ou non, le lin est tissé en faisant passer les fils de trame (fils perpendiculaires) alternativement devant et derrière les fils de chaîne (fils horizontaux). Les métiers à tisser antiques étaient soit des cadres horizontaux posés au sol, soit des cadres verticaux avec des poids attachés aux fils de chaîne. Le tissage était un ouvrage domestique, mais il pouvait être aussi professionnel (1Ch 4,21).
Usage
Alimentation
Les graines ont des propriétés nutritives.
L’huile de lin peut être utilisée en salade pour l’assaisonnement.
Médical
En décoction, les graines soulagent la toux et les problèmes intestinaux.
Au 13e s., les graines de lin sont considérées comme diurétiques et apéritives (cf. l’école de Salerne).
Cultuel
Le lin servait lors de l’embaumement : les corps embaumés étaient ensuite enroulés dans un drap de lin appelé « linceul ». D’abord pratiqué en Égypte, cet usage du linceul fut repris par les Grecs et les Hébreux (Ex 28,39).
Les vêtements des prêtres officiant dans le Temple étaient en lin pur. Il était interdit de faire des vêtements mélangés de laine et de lin (Lv 19,19 ;Dt 22,11). La robe du grand prêtre était de fin lin blanc en tissu quadrillé.
Les prêtres égyptiens étaient vêtus de lin.
Culture matérielle
Dans l’Antiquité, le lin est le principal textile végétal. Ses fibres servent à tisser :
Des objets usuels : drapeaux, pennons, serviettes de toilette, serviettes de table, suaires (Jn 11,44), cordeaux pour mesurer (Ez 40,3), filets (Is 19,8-9), mèches de lampes (Is 42,3).
Le travail de tissage du lin est un travail domestique réalisé par les femmes (Pr 31,13-19). Il existe diverses qualités de lin. Plus le lin est fin, blanc et solide, plus il est de bonne qualité. Les rois, les haut dignitaires, les femmes élégantes étaient vêtus de lin (Gn 41,42 ;Est 8,15 ;Pr 31,22).
L’huile de lin, encore aujourd’hui, est utilisée pour protéger et imperméabiliser le bois.
Symbolique
La quenouille et le fil de lin
Féminité
Le filage de la laine et du lin était un travail réservé aux femmes, même si Pline dit que « filer le lin est honorable, même pour les hommes » (→Pline Nat. 19,3).
Dans l’art, la quenouille avec son fil de lin représente donc la féminité et le travail de la femme.
La vie et le temps
La quenouille dans la mythologie grecque est l’instrument des moires qui tissent le destin des hommes. Elle symbolise la vie qui se déroule et le temps qui passe.
Le lin est une matière saine qui favorise l’hygiène du corps (il n'irrite pas la peau et la laisse respirer, il absorbe l’humidité, il est résistant et s’adoucit avec le temps) ; il est donc associé à l’idée de propreté.
Le lin, par sa blancheur, était symbole de lumière divine pour les Égyptiens. Plus le lin était pur, plus il était blanc. Les prêtres égyptiens et hébreux étaient habillés d’un lin fin blanc.
La sainteté
Parce que la blancheur du lin représentait la lumière divine, le lin est devenu symbole de sainteté. Dieu commande aux prêtres de se vêtir de lin et tous les textiles du Temple sont en lin (Lv 16,4). Les saints dans le livre de l’Apocalypse sont vêtus d’un lin fin éclatant, splendide et pur (Ap 19,8).
La résurrection
En raison de sa résistance et de sa pureté, le lin devient symbole de résurrection.
Les Égyptiens pensaient que le lin facilitait le passage des morts dans l’autre monde. Les momies, les linceuls étaient en lin.