Un projet du Programme de Recherches La Bible en ses traditions AISBL
Dirigé par l’École Biblique et Archéologique Française de Jérusalem
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1 En effet, j’ai pris tout ceci à cœur et j’ai observé tout ceci :
Que les justes et les sages et leurs œuvres sont dans la main de Dieu ;
l’homme ne connaît ni l’amour, ni la haine —
tout est devant eux.
1 …
1 J'ai examiné tout ceci en mon cœur pour comprendre avec attention :
Il y a des justes et des sages, et leurs œuvres sont dans la main de Dieu ;
pourtant, l’homme ignore s'il mérite amour ou haine.
2 Tout [est] comme ce qui [est] pour tout
GLa vanité [est] en tous :
un [même] événement au juste et au méchant
Gimpie, au bon Get au mauvais et au pur et à l'impur et à celui qui sacrifie et à celui qui ne sacrifie pas.
Comme le bon, ainsi le pécheur ; Gcomme celui qui jure, comme
Gainsi celui qui craint un serment.
2 Mais tout ce qui sera demeure incertain parce que tout arrive également :
au juste et à l'injuste, au bon et au méchant, au pur et à l'impur, à celui qui immole des victimes et à celui qui méprise les sacrifices.
Comme le bon, ainsi aussi le pécheur ; comme le parjure ainsi aussi celui qui fait un vrai serment.
2 ...
3 C’est un mal
VVoici le pire parmi tout ce qui se fait sous le soleil qu’il y ait pour tous un même sort
c’est pourquoi le cœur des fils de l’homme
Vdes hommes est plein de malice et la folie est dans leur cœur
Vde mépris pendant leur vie
après quoi ils vont
Vsont emmenés chez les morts.
3 …
4 Car pour l’homme qui est parmi les vivants, il y a de l’espérance
mieux vaut un chien vivant qu’un lion mort.
4 …
4 Il n'y a pas d'homme qui vive éternellement ni qui en ait l'espérance
mieux vaut un chien vivant qu’un lion mort.
5 Les vivants, en effet, savent qu’ils mourront,
mais les morts ne savent rien
Vrien de plus et il n’y a plus pour eux
Vils n'ont pas en plus de salaire
car leur mémoire est oubliée
Vlaissée à l'oubli.
5 …
6 Déjà leur amour, leur haine, leur envie ont péri
et ils n’auront
Vont plus jamais aucune part à ce
V aucune part dans ce monde, ni à l'œuvre qui se fait sous le soleil.
6 …
7 Va
VVa donc, mange avec joie ton pain et bois ton vin d’un cœur content
Vavec joie ton vin, puisque déjà Dieu se montre favorable à tes œuvres
Vtes œuvres plaisent à Dieu.
7 …
8 Qu’en tout temps tes vêtements soient blancs et que l’huile parfumée ne manque pas sur ta tête.
8 …
9 Jouis de la vie avec une femme
Vl'épouse que tu aimes, pendant tous les jours de ta vie de vanité
Vchancelante
que Dieu t’a donnée
Vqui te furent donnés sous le soleil, pendant tous les jours
Và chaque moment de ta vanité
car c’est ta part dans la vie et dans le travail que tu fais sous le soleil.
9 …
10 Tout ce que ta main peut faire, fais-le avec ta force
Vpromptement
car il n’y a
Vaura plus ni œuvre, ni intelligence, ni science, ni sagesse, dans le schéol
Vles enfers où tu vas
Vcours.
10 …
11 Je me suis tourné
Vtourné ailleurs et j’ai vu sous le soleil que la course n’est pas aux agiles, ni la guerre aux vaillants, ni le pain aux sages, ni la richesse aux intelligents
Vinstruits, ni la faveur aux savants
Vhabiles
car le temps et les accidents les atteignent tous.
11 …
12 Car l’homme ne connaît même pas son heure,
pareil aux oiseaux qui sont pris au piège
comme eux, les enfants des hommes sont enlacés au temps du malheur, quand il fond sur eux tout à coup.
12 …
12 L’homme ne connaît pas son heure,
mais pareil aux poissons qui sont pris à l'hameçon et pareil aux oiseaux qui sont saisis au filet,
ainsi sont pris les hommes par l'adversité, quand tout à coup elle fond sur eux.
13 J’ai encore vu sous le soleil ce trait de sagesse et celle-ci m’a paru grande.
13 …
14 Il y avait une petite ville avec peu d’hommes dans ses murs
un roi puissant vint contre elle, l’investit et bâtit contre elle de hautes tours.
14 …
14 Il y avait une petite ville et peu d’hommes dans ses murs
Vint contre elle un grand roi, il l’investit, érigea des forts autour et voilà le siège en place.
15 Et il s’y trouva un homme pauvre et sage, qui sauva
Vlibéra la ville par sa sagesse.
Et personne Vensuite ne s’est souvenu de cet homme pauvre.
15 …
16 Et j’ai dit : La sagesse vaut mieux que la force,
mais la sagesse du pauvre est méprisée, et ses paroles ne sont pas écoutées.
16 …
16 Et je disais que la sagesse valait mieux que la force
Comment donc la sagesse du pauvre a-t-elle été méprisée et ses paroles n'ont-elles pas été écoutées ?
17 Les paroles des sages Mprononcées avec calme sont écoutées Ven silence, mieux que les cris d’un chef
Vprince au milieu des fous.
17 …
18 La sagesse vaut mieux que des instruments de guerre ; mais un seul pécheur peut détruire beaucoup de bien.
18 …
18 La sagesse vaut mieux que des armes de guerre ; et celui qui pèche en une chose perd beaucoup de bien.
10,1 Des mouches mortes empestent et putréfient l’huile du parfumeur
Vgâchent la suavité de l'onguent
un peu de folie Véphémère l’emporte sur la sagesse et la gloire.
1 ...
10,2 Le cœur du sage est à sa droite et le cœur de l’insensé à sa gauche.
2 ...
10,3 Et aussi, quand l’insensé va dans le chemin, le sens lui manque, et il dit à tous : c'est un
Vestime tout le monde comme fou.
3 ...
10,4 Si l’esprit de qui dirige s’élève contre
Vde qui a du pouvoir prend de l'ascendant sur toi, ne quitte point ta place
car le calme prévient
Vla guérison fera cesser de grands péchés.
4 ...
10,5 Il est un mal que j’ai vu sous le soleil comme une inadvertance
Verreur qui provient du souverain :
Vprince :
5 ...
10,6 La folie occupe des postes élevés
VLe fou est établi dans une position sublime et des riches sont assis dans de basses conditions.
6 ...
10,7 J’ai vu des esclaves sur des chevaux et des princes marchant au sol comme des esclaves.
7 ...
10,8 Qui force une brèche y tombera et qui entaille une muraille un serpent
Vune couleuvre le mordra.
8 ...
10,9 Celui qui transporte des pierres y peinera
Vs'y blessera et celui qui fend des bûches s'y risquera
Ventaillera.
9 ...
10,10 Si le fer est émoussé
Vet s'il n'est pas comme auparavant,
et si l’on n’a pas aiguisé le tranchant, Vet s'il est abîmé,
on devra redoubler de force ;
mais l'avantage de faire réussir : sagesse.
10 ...
10,11 Si le serpent mord sans chuchotis,
Ven silence,
il n’y a pas d’avantage pour l’enchanteur.
11 ...
10,12 Les paroles de la bouche du sage : grâce
et les lèvres de l’insensé le perdront.
10,13 Le commencement des paroles de sa bouche : sottise,
et l'après de sa bouche : démence furieuse
Verreur abominable.
13 ...
10,14 Et l’insensé multiplie les paroles !…
L’humain ne sait
Vce qui fut avant lui ce qui sera !...
et qui lui rapportera
Vindiquera ce qui sera après lui ?
14 ...
10,15 Le travail des sots le
Vles lasse
parce qu'il ne sait
Veux qui ne savent pas aller à la ville.
15 ...
10,16 Malheur à toi,
pays dont le roi est un enfant,
et dont les princes mangent dès le matin !
16 ...
10,17 Heureux es-tu, pays dont le roi est fils de nobles,
et dont les princes mangent à temps,
dans la vaillance, et non dans l'ivrognerie
Vpour la force et non pas pour l'ivresse.
17 ...
10,18 Quand les (deux) mains sont paresseuses,
VDans l'excès de paresse
la charpente s’affaisse,
et quand les (deux) mains sont lâches,
la maison suinte.
18 ...
10,19 Pour se divertir on fait un repas ;
le vin réjouit les vivants
et l'argent a réponse à tout.
19 ...
10,20 Ne maudis pas le roi, fût-ce dans ta pensée,
et dans les alcôves de ta couche, ne maudis pas le riche,
car un oiseau du ciel emporterait Vta voix,
celui qui a des ailes rapporterait la parole.
20 ...
11,1 Jette ton pain sur les faces des eaux
Vles eaux courantes : oui,
dans plusieurs jours
Vbeaucoup de temps après tu le retrouveras ;
1 ...
11,2 Donne une part à sept, et même à huit : car tu ne sais quel malheur il y aura sur la terre.
2 ...
11,3 Quand les nébulosités sont pleines, elles répandent une averse sur la terre ;
et si un arbre tombe à l'auster ou à l'aquilon, il reste à la place où il est tombé.
3 ...
11,4 Celui qui observe le vent ne sèmera point, et celui qui regarde les nuages ne moissonnera point.
4 ...
11,5 Comme tu ne sais pas quel est le chemin du vent ni de l'ossification
Vni comment les os se forment dans le ventre de celle qui est enceinte,
ainsi tu ne connais pas l’œuvre de Dieu, qui fait toutes choses.
5 ...
11,6 Au matin, sème ta semence et au soir, ne laisse pas reposer ta main, car tu ne sais pas ce qui réussira, ceci ou cela, ni si les deux, comme un seul, sont bons
6 ...
11,7 Douce est la lumière, et il est bon pour les yeux de voir le soleil.
7 ...
11,8 Oui, si l’homme vit de nombreuses années, qu’il se réjouisse durant toutes celles-ci.
Et qu’il se souviennent des jours de ténèbres, car ils seront nombreux :
Tout ce qui arrive : vanité !
8 ...
11,9 Réjouis-toi, adolescent, en ton enfance ; que ton cœur te donne de la joie
Vsoit dans l'agrément aux jours de ton adolescence !
Marche dans les voies de ton cœur, et selon les perspectives de tes yeux ;
mais sache que sur tout cela Dieu te fera venir en jugement.
9 ...
11,10 Bannis de ton cœur le chagrin, et éloigne de ta chair le mal ;
car la jeunesse et l'âge des cheveux noirs
Vles plaisirs sont vanité.
10 ...
12,1 Et, aux jours de ton adolescence, souviens-toi de ton créateur
avant que ne viennent les jours de malheur et que n’arrivent les années dont tu diras : je n’y ai point de plaisir.
1 ...
12,2 Avant que ne s’obscurcissent le soleil et la lumière, la lune et les étoiles, et que ne reviennent les nuages après la pluie ;
2 ...
12,3 au jour où tremblent les gardiens de la maison, où se courbent les hommes forts,
où celles qui moulent s’arrêtent parce qu'on n'est plus en nombre,
et que s’obscurcissent celles qui regardent aux fenêtres,
3 ...
12,4 et que les deux battants de la porte se ferment sur la rue, tandis que s’affaiblit le bruit de la meule ;
et qu’on se lève au chant de l’oiseau
et que toutes les filles du poème s'inclinent ;
4 ...
12,5 et qu’on frémit de la hauteur, et que ce sont des frayeurs en rue.
L’amandier fleurit, la sauterelle devient pesante, et la câpre n’a plus d’effet,
car l’homme s’en va vers sa maison d’éternité, et les pleureurs tournent dans la rue.
5 ...
12,6 Avant que ne se rompe le cordon d’argent, que se brise l’ampoule d’or,
que la cruche se casse à la fontaine, que la poulie se fracasse dans la citerne ;
6 ...
12,7 Et que la poussière retourne à la terre, selon ce qu’elle était ;
et que le souffle retourne à Dieu qui l’a donné.
7 ...
12,8 Vanité des vanités, dit l’Ecclésiaste, tout est vanité.
8 ...
12,9 Outre que l'Ecclésiaste fut un sage, il a encore enseigné la science au peuple
il a pesé et sondé, et il a disposé un grand nombre de sentences.
9 …
9 Et comme l'Ecclésiaste était très sage, il instruisit le peuple et il raconta ce qu'il avait fait
et dans son enquête, il composa de nombreuses paraboles.
12,10 L’Ecclésiaste s’est étudié à trouver
VIl a recherché une parole agréable
Vprofitable et à écrire avec exactitude des paroles
Vde très droits discours de vérité
Vpleins de vérité.
10 …
12,11 Les paroles des sages sont comme des aiguillons et leurs recueils comme des clous plantés
elles sont données par un seul pasteur.
11 …
11 Les paroles des sages sont comme des aiguillons et comme des clous profondément enfoncés
qui furent données, à travers les conseils des maîtres, par un seul pasteur.
12,12 Et quant à plus de paroles que celles-ci, mon fils, sois averti.
Multiplier les livres n’aurait pas de fin
et beaucoup d’étude est une fatigue pour la chair.
12 …
12 Ne recherche rien, mon fils, au-delà d'elles
Multiplier les livres n’a pas de fin
et la réflexion continuelle est une affliction pour la chair.
12,13 Fin du discours, le tout entendu :
VÉcoutons tous ensemble la fin du discours :
Crains Dieu et observe ses commandements,
car c’est là tout l’homme.
13 …
12,14 Car Dieu citera en un jugement
portant sur tout ce qui est caché, toute œuvre, soit bonne, soit mauvaise.
14 …
14 Et Dieu appellera en jugement tout ce qui se fait,
sur tout ce qui s'est égaré, que ce soit bon ou mauvais.
ICI FINIT LE LIVRE DE L'ECCLÉSIASTE
12,13 LITURGIE JUIVE (rite séphardi) Ce verset est inclus dans l'Escaba (prière pour le repos de l'âme des morts) dite lorsque le défunt est homme.
12,11 aiguillon AGRICULTURE Un symbole très concret Il s’agit d’un long bâton à l’extrémité effilée ou munie d’une pointe de fer. On l’emploie pour faire avancer le bétail (1S 13,21). Lorsque son maître la conduit à l'aiguillon, c'est la bête elle-même qui se blesse en résistant.
, Le bouvier et son aiguillon (gravure M.A. Lachevardière, détail, sur un dessin illustrant un poème de Piers Ploughman, 14e s. Trinity College, Cambridge, Royaume Uni), Le magasin Pittoresque, Paris, (déc. 1846), p.407
Domaine public © D.R. crcb.org→, 1S 13,21 ; Jg 3,31 ; Qo 12,11 ; Ac 9,5 ; Os 13,14 ; 1Co 15,54-57
Les paroles des sages sont fort justement comparées à des aiguillons (Qo 12,11). La même métaphore jouera un grand rôle dans le parcours de Saul-Paul (cf. Ac 9,5 et 1Co 15,54-57, inspiré d’Os 13.14).
11,4 Bible hiéroglyphique
Thomas →New Hieroglyphical Bible (impression au plomb et gravure sur bois, 1794), 14 x 9 cm
(1753-1828) et Rowland (1744-1833),Thomas Fisher Rare Book Library, Toronto
© Public Domain — Photo : Dr. Ralph F. Wilson
10,16 pays dont le roi est un enfant Un pensionnat régi par un élève indiscipliné
9,1–10,20 O Sagesse, cachée dans le mystère
Jean-Baptiste
(1632-1687), O sapientia in misterio - LWV 77/11Arlette Steyer, Marie Boyer, Les Arts Florissants, François Fauché, William Christie
Ce « petit motet » de Jean-Baptiste Lully est à la louange de la Sagesse éternelle, décrite par l'Ecclésiaste comme « plus grande que la force », et identifiée dans ce motet à la charité du Christ.
11,1–12,14 Celui qui est patient se gouverne avec grande prudence
Orlando
(1532-1594), Motet à six voix - Qui patiens est multaMichael Procter (dir.), Hofkapelle Ensemble
Ce motet à six voix de Roland de Lassus reprend les paroles du proverbe: « Celui qui est patient se gouverne avec grande prudence, l'homme prompt à s’emporter publie sa folie ». Cette ode à la prudence s'applique parfaitement à ces deux chapitres de l'Ecclésiaste sur la bienfaisance et la joie de la prudence.
Qui patiens est multa gubernatur prudentia. Qui autem impatiens est exaltat stultitiam suam.
1,1–12,14 Questions sur l’inspiration du livre (Séminaire des Sources Chrétiennes — HiSoMA→)
Qo a fait l’objet d’un nombre appréciable de commentaires, d’homélies et de citations chez les auteurs patristiques, qui reconnaissaient généralement le caractère inspiré, et même prophétique, du livre.
Le mot rêmata, « paroles » (Qo 1,1), amène en particulier des réflexions sur l’inspiration de l’Esprit Saint et le caractère prophétique de l’Ecclésiaste, par exemple
Le caractère déroutant de certaines affirmations a de fait conduit certains exégètes à les interpréter comme dites au nom d’autres personnes.
Selon plusieurs, Salomon aurait donc rapporté dans son livre maintes doctrines impies ou hérétiques afin de les combattre. Par exemple :
Cela peut conduire à élargir le propos à toute l’Église, sans remettre en question le bien-fondé des affirmations :
Les témoignages de rejet ou de prudence vis-à-vis du livre sont assez rares :
1,1–12,14 LITURGIE SYNAGOGALE, LECTIONNAIRE : une des lectures principales de Sukkoth (Fête desTentes) De nos jours, à la synagogue, de nombreux Juifs lisent Qohélet (l'Ecclésiaste) à la fête des Huttes (Sûkkôt).
Simon
, « Sukkah in Mea Shearim, Jewish ultra-othordox neighbourhood, Jerusalem », (photographie numérique, 2008)Le temps de la fête, pieds des immeubles et balcons se transforment, avec des planches, en résidences plus frêles, où revivre l'expérience de la liberté et de la joie des nomades au désert ...
Simon
, « Sukkah near Western Wall in Jewish Quarter, Jerusalem », (photographie numérique, 2008)La proximité des éphémères constructions de Sukkot et du mur occidental, vestige du Temple résidence du Nom sur la terre, donne à méditer, dans l'esprit de l'Ecclésiaste, sur ce qui est stable et sur ce qui passe, dans la relation entre l'homme et Dieu...