La Bible en ses Traditions

Exode 23,16

M G V
S Sam

16 et

G VEt Gtu feras la fête de la moisson, des prémices de tes travaux

Vton travail, de ce que tu auras semé dans le

Gton champM G, 

ainsi que

G Vet M Vaussi la fête de la récolte

Gde l'accomplissement

V au sortir 

Và la fin de l’annéeM G,

quand tu récolteras

Vquand tu recueilleras

Gà la récolte des champs [le fruit de] tes travaux

G[du fruit] de tes travaux issu de  ton champ

Vtous les fruits de ton champ.

16 ...

Réception

Arts visuels

16s la fête de la moisson Sukkot à la synagogue

19e s.

Leopold Pilichowski (1869 - 1934), Sukkot à la synagogue (huile sur toile, 1894), 109,2 x 138,4 cm

Lodz, Pologne, Jewish Museum, New York→

© Domaine public, Ex 23,16-17 ; Ex 34,22 ; Lv 23,34-43 ; Nb 29,12 ; Dt 16,13-16 ; Jg 9,27

Composition

Leopold Pilichowski est un peintre juif réaliste polonais, apprécié pour ses peintures de scènes hébraïques et leurs personnages typiques. Ici, les deux hommes à droite sont vêtus de manière traditionnelle, ils portent des châles de prières et ont la tête couverte. Ils donnent à examiner au rabbin une branche de saule, et une palme de dattier et observent eux-même un cédrat : il s'agit là pour eux de respecter la prescription des quatre espèces faite en Lv 24.

Musique

1,11 ; 3,18 ; 4,1–33 ; 5,1–23 ; 7,1–25 ; 8,1–32 ; 9,1–17 ; 10,1–29,13 Let my people go

20e s.

Louis Armstrong (1901-1971), Go Down Moses, 1958

 © Licence YouTube standard→, Ex 3,18.4,1-33.5,1-23.8,1-32.7,1-25.9,1,13.17.1,11.10,1-29.13,15.17,1-16.11,1-10

Composition

Go Down Moses est un negro-spiritual, inspiré par l'Ancien Testament de la Bible, (Exode 5:1 et 8:1). Israël représente les esclaves africains d'Amérique alors que l'Égypte et le Pharaon représentent les maîtres esclavagistes. Cette chanson a été popularisée par Paul Robeson. Le 7 février 1958, elle est enregistrée à New York par Louis Armstrong avec Sy Oliver's Orchestra.

Paroles

Go down, Moses, way down in Egypt land, tell old Pharaoh to let my people go. Now when Israel was in Egypt land (Let my people go) oppressed so hard they could not stand (Let my people go), so the Lord said : go down, Moses way down in Egypt land, tell old Pharaoh to let my people go. So Moses went to Egypt land (Let my people go), he made old Pharaoh understand (Let my people go), yes the Lord said : go down, Moses way down in Egypt land, tell old Pharaoh to let my people go. Thus spoke the Lord, bold Moses said, (Let my people go), if not I'll smite your firstborn dead (Let my people go), 'cause the Lord said : go down Moses way down in Egypt land, tell old Pharaoh to let my people go, tell old Pharaoh to let my people go.

Contexte

Repères historiques et géographiques

19,1–34,35 Emplacement du mont Sinaï

Le mont Sinaï, (numérique, 2022)

M.R. Fournier © BEST AISBL, Lv 1-27 ; Nb 9 ; Ex 3 ; Ex 19-34 

Le mont Sinaï sur cette carte est associé au djebel Musa au sud de la péninsule du Sinaï, où se trouve le monastère Sainte-Catherine. D'autres localisations ont été proposées au nord de la pénisule ou encore au Negeb par ceux qui adoptent un autre itinéraire pour les Hébreux. Toponymie Sinaï, Horeb.

Mohammed Moussa, Vue du sommet du Mont Sinaï (Jabal Musa , جَبَل مُوسَىٰ), (photographie, 2013)

© CC-BY-SA-3.0→,

Réception

Liturgie

16 La fête de la Récolte Shavouoth La fête des Semaines, Shavouoth (qui signifie « semaines » en hébreu), correspond à la Pentecôte. Elle est aussi appelée :

  • « fête des Prémices »,
  • « fête de la Moisson »,
  • « époque du don de notre Tora »,
  • « Atseret » (« conclusion »).

Avec Pâque et la fête des Tentes, Shavouoth est l'une des trois fêtes de pèlerinage (regalim) pendant laquelle on montait au Temple de Jérusalem.

yathradoothu, Célébrations au Mur du Temple à Jérusalem

(Vidéo numérique, 2022)

© Licence YouTube Standard→

À l’origine c’est une fête agricole célébrant le début des moissons puis dès la période hellénistique elle a acquis son sens actuel de commémoration du don de la Tora au Sinaï.

INSTITUTION

La fête est aussi mentionnée en

CALENDRIER

Cette fête a lieu cinquante jours après Pâque, le 6 du mois de Sivan dans le calendrier hébreu, date qui tombe au mois de mai ou de juin du calendrier grégorien. En dehors d’Israël, la fête dure deux jours, les 6 et 7 de Sivan.

La date de cette fête, qui n’est pas explicitement précisée dans le texte biblique, fit l’objet de controverses dans l’Antiquité. Dans la mesure où ce passage figure dans un chapitre décrivant un calendrier rituel fixé dans un ordre chronologique, il est certain que le point de départ du décompte est lié aux deux fêtes qui viennent d’être évoquées, Pessah et les jours suivants, les Azymes. La détermination de la date de Shavouoth dépend seulement du sens que l’on donne à l’expression « lendemain du sabbat » (Lv 23,15), seule indication de la Tora, et notamment au terme « sabbat » dans la première occurrence de la fête. Il peut signifier soit « le jour du sabbat », pour une lecture littérale, soit « le jour de la fête » pour une interprétation fondée sur l’usage d’appeler le sabbat « fête », comme dans Lv 23,24 ou Lv 23,32. Selon l’interprétation littérale, on commence le décompte à partir du dimanche suivant les six jours des Azymes. Dans ce cas, la date de la fête n’est pas fixe, puisque Pâque peut tomber n’importe quel jour de la semaine. La fête avait lieu un dimanche, lendemain du sabbat autour du 15 Sivan. Des textes de Qumrân témoignent de ce choix et de la controverse avec les Pharisiens :

  • Jub. 6 « C'est à ce sujet que je te donne des ordres et des instructions pour que tu les leur communiques, car après ta mort, tes fils les déformeront en sorte qu'ils ne donneront plus à l'année trois cent soixante-quatre jours seulement et ainsi il se tromperont au sujet du mois, de la saison, du sabbat, et ils mangeront du sang avec tout ce qui est chair. »
  • 11QTa « Tu compteras sept semaines complètes depuis le jour où vous aurez apporté la gerbe, vous compterez jusqu’au lendemain du septième sabbat. Vous compterez cinquante jours et vous apporterez une oblation nouvelle au Seigneur. »

Selon les sages du Talmud, il faut compter à partir du 16 Nissan, c’est-à-dire, le soir du premier jour de Pâque. Pour eux, le sabbat désigne le jour de la fête de Pâque, que ce soit ou non un sabbat :

  • m. Menaḥ. 10,3 (= Menaḥ. 65a) « Des émissaires étaient envoyés par le tribunal la veille du jour de la fête, ils mettaient en gerbe les épis, pour qu’ils soient faciles à moissonner. Et [tous les habitants] des environs les attachaient ensemble, sans les ôter du sol, pour que la moisson soit faite de belle manière [c’est un rite et non un travail]. Quand il est bien évident que le soir est tombé, ils disent : "Le soleil est-il couché ?" Les autres répondent : "Oui." Ils répètent : "Le soleil est-il bien couché ?" Ils répondent : "Oui." Les émissaires disent : "avec cette faucille ?" Ils disent : "Oui." "Avec cette faucille ?" "Oui." "Avec ce panier ?" "Oui." "Avec ce panier ?" "Oui." (Si c’est un sabbat) : "ce sabbat ?" "Oui." "Ce sabbat ?" "Oui." "Devons-nous couper ?" "Oui." "Devons-nous couper ?" "Oui." L’émissaire demande trois fois [l’accord des autres] pour chaque tâche à accomplir, et l’assemblée répond : "oui, oui, oui." On demande : Pourquoi faut-il répéter de cette manière ? À cause des béothusiens [groupe juif de l’époque du Second temple, proche des Saducéens, qui niaient la validité de la Loi orale]. Ceux-ci disent : il n’y a pas de moisson de l’omer à la fin du premier jour de fête de Pâque. [Le rite sous forme de dialogue avait pour but de confirmer que le décompte des cinquante jours précédant la fête (omer) commençait le 16 Nissan, que ce soit un sabbat ou non. La date de Shavouoth est ainsi fixée cinquante jours plus tard, le 6 Sivan]. Cette date est conservée de nos jours.

Par ailleurs, dans l’Antiquité tardive est apparu le principe du redoublement des jours de fête majeurs en diaspora :

  • Beṣa 4b « Disons que Rav Asi démontre que les deux jours (de fête) ne forment qu’une seule sainteté. »

Cette pratique, originellement apparue à cause des incertitudes du calendrier, fut par la suite maintenue pour des raisons théologiques :

  • y' Erub. 3,10 « Rabbi Abba dit au nom de rabbi Hyya au nom de rabbi Jonathan : "Les fils de ma mère se sont emportés contre moi. Et ils m'ont fait garder les vignes, ma vigne à moi, je ne l'avais pas gardée. Pourquoi m’ont-ils fait garder les vignes ? Parce que ma vigne à moi, je ne l'avais pas gardée. Pourquoi ai-je gardé deux jours en Syrie ? Parce que je n'avais pas gardé un seul jour dans le pays." »

Le erouv, qui donne son titre au traité, sert à délimiter, pour des raisons pratiques, un espace à partir duquel on peut calculer ce que l’on peut transporter le jour du sabbat sans enfreindre la sainteté du jour. Pour Shavouoth et certaines autres solennités, le erouv est symboliquement délimité dans le temps : on élargit le périmètre temporel de la fête pour être sûr de la garder. C’était le premier motif des deux jours d’observance, à cause de l'incertitude de la date. Dans ce passage, l’exil (en Syrie) est considéré comme un châtiment de l’infidélité du peuple, qui doit la réparer en célébrant les solennités pendant deux jours. C’est la raison qui fonde la différence d’observance entre Israël et le reste du monde aujourd’hui.

CÉLÉBRATIONS SYNAGOGALES

Dans le judaïsme rabbinique

La fête de Shavouoth ne comporte pas de rite particulier. L’essentiel de la célébration est intégré à la liturgie synagogale, où on lit les passages de la Tora portant sur l’institution de la fête ainsi que sur la révélation du Sinaï. La plupart des rituels accomplis sont similaires à ceux des fêtes de réjouissance majeures, notamment l’allumage de bougies et la récitation du Hallel. Outre la veillée d’étude pratiquée dans certaines communautés, on lit en entier le livre de Ruth :

  • Sof. 14,18 « On lit la première moitié du livre de Ruth à la fin du premier jour de Shavouoth, et on le termine le deuxième jour. D’autres disent qu’il faut faire comme pour les autres fêtes, c’est-à-dire lire les rouleaux respectifs à la fin du sabbat précédant la fête. On a décidé qu’aucune de ces deux prescriptions n’est contraignante, sauf s’il y a une coutume établie [pour la communauté]. »

Cependant aucun traité du Talmud n'est dédié à cette fête bien qu'elle soit l'une des trois convocations annuelles au Temple de Jérusalem (avec Souccot et Pessah qui font chacune l'objet d'un traité). Cette omission pourrait être le signe d'une polémique avec les chrétiens qui reprennent le sens de cette fête comme don de la Tora au Sinaï dans Ac 2.

Textes

Sont lus le premier jour de la fête :

Sont lus le second jour (hors d'Israël) :

En Israël, où le jour de Shavouoth est férié, la fête a pris depuis le début du 20e siècle une dimension champêtre mettant en avant les productions agricoles. Des processions de villages et de kibboutz sont donc organisées, modelées sur la description d’une cérémonie d’offrande des prémices au Temple tirée du Talmud. De nombreux spectacles sont également organisés.

Orel Gozlan, Mizmor de Shavouoth (psaume 68)

(Tradition Hazanout Ashkénaze, Enregistrement numérique audio, 2017)

© Orel Gozlan→

Pendant la période biblique et celle du Temple de Jérusalem

L’offrande collective des prémices de la nouvelle récolte du blé est définie dans le Deutéronome comme un pèlerinage au Temple de Jérusalem (Dt 16,11.16) et s’accompagnait de nombreux sacrifices publics et individuels, détaillés à plusieurs reprises dans la Torah (Lv 23,18-20 ; Nb 28,26-30).

David Becker, Champ de blé mûr

(Photographie numérique, 2018)

© Licence Unsplash→

Dans le livre de Tobie (Tb 2,1ss), vraisemblablement composé au 2e siècle av. J.-C., un juif installé dans l’empire assyrien — c’est-à-dire cinq siècles plus tôt — célèbre Shavouoth dans la ville de Ninive en prenant un « déjeuner copieux » avec sa famille.

MYSTAGOGIE

La fête est liée à l’événement de la sortie d’Égypte dès la période hellénistique :

  • dans le livre du Deutéronome, le commandement de la fête (Dt 16,9) est suivi par la mention : « Tu te souviendras que tu as été esclave en Égypte » (Dt 16,12),
  • dans Ex 19,1, le peuple est arrivé au Sinaï « le troisième mois après la sortie d’Égypte », et on interprète cette date comme cinquante jours. Ainsi, le 6 Sivan devient l’anniversaire du don de la Tora au Sinaï.

On trouve cette association dans la tradition rabbinique, de manière elliptique :

  • Pesaḥ. 68b « Shavouoth est le jour du Don de la Tora. »
  • Šabb. 86b « Le 6 Sivan, les dix Commandements ont été donnés au peuple juif ».

La commémoration du don de la Tora au Sinaï confère à la fête un caractère mystique propice aux phénomènes surnaturels, comme des dédicaces du Temple, ou d’autres événements, comme l'atteste la littérature péritestamentaire :

  • Ps.-Philon Ant. bib. 23,2 « Josué leur dit : "Rassemblez-vous devant l'arche de l'alliance du Seigneur à Silo et j'établirai pour vous l'alliance avant que je ne meure." Tout le peuple s'étant rassemblé, le seizième jour du troisième mois, devant le Seigneur à Silo, avec les femmes et les enfants, Josué leur dit : "Écoute, Israël ! Voici que j'établis pour vous l'alliance de cette Loi, qu'a établie le Seigneur pour nos pères à l'Horeb." »
  • Josèphe B.J. 6,299 « En outre, à la fête dite de la Pentecôte, les prêtres qui, suivant leur coutume, étaient entrés la nuit dans le Temple intérieur pour le service du culte, dirent qu'ils avaient perçu une secousse et du bruit, et entendu ensuite ces mots comme proférés par plusieurs voix : "Nous partons d'ici." »

Dans le Livre des Jubilés, composé à la fin du 2e siècle avant notre ère, un ange envoyé à Moïse présente la fête des Semaines comme une « célébration de l’Alliance », thème rappelant le don de la Loi au Sinaï :

  • Jub. 6,15-22 « Il donna à Noé et à ses enfants le signe qu'il n'y aurait plus de déluge sur la terre. Il mit son arc dans la nuée en signe d'alliance éternelle afin qu'il n'y ait plus sur terre de déluge qui la dévaste, tant que la terre durera. Pour cette raison, il est ordonné et prescrit sur les tables célestes qu'il y ait des gens qui célèbrent la fête des Semaines en ce mois-ci, une fois par an, pour renouveler l'alliance chaque année. Cette fête a été intégralement célébrée dans le ciel depuis le jour de la création jusqu'au temps de Noé : pendant vingt-six jubilés et cinq semaines d'années. Noé et ses enfants l'ont observée durant sept jubilés et une semaine d'années jusqu'au jour de la mort de Noé. Dès le jour de la mort de Noé, ces fils l’ont négligée, jusqu'au temps d'Abraham : ils mangeaient le sang. Mais Abraham l'a observée ; Isaac, Jacob et ses fils l'ont observée jusqu'à tes jours. En yes jours, les fils d'Israël l’ont oubliée jusqu'à ce que tu l'aies restaurée pour eux auprès de cette montagne. Et toi, ordonne aux enfants d'Israël d'observer cette fête de génération en génération : c'est une ordonnance pour eux de l'observer en ce mois-ci ; qu'ils célèbrent la fête un seul jour par an, ce mois-ci. C'est en effet la fête des Semaines et la fête des Prémices. Cette fête est double et a un double caractère. Célèbre-la conformément à ce qui est inscrit et gravé à son sujet. Car j'ai écrit dans le livre de la première loi, dans ce livre que j'ai écrit pour toi, que tu dois la célébrer chaque fois en son temps, un seul jour par an. Je t’ai dit aussi les offrandes convenables pour elle, afin que les enfants d'Israël s'en souviennent et la célèbrent de génération en génération, ce mois-ci, un seul jour chaque année. »

DANS LES ARTS

Littérature

Victor Hugo (1802-1885), dans son recueil La Légende des siècles (1859-1883), écrivit le poème « Booz endormi ».

Cinéma

Le péplum américain L'histoire de Ruth (1960) de Henry Koster (1905-1988) évoque de manière romancée l'histoire de ce livre biblique. 

Musique

Jean-François Le Sueur (1760-1837) composa en 1811 un oratorio intitulé Ruth et Noëmi.

Aminadav Aloni (1928-1999) également composé un oratorio intitulé Ruth - An oratorio en 2019.

Aminadav Aloni, Ruth - An Oratorio (Vidéo numérique, Beth Shalom, 8 juin 2019)

Phil Baron (Booz), Sarah Fortman Zerbib-Berda (Noémi), Bryce Megdal (Ruth), Michelle Baron (narrateur) et Chris Hardin (piano)

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