La Bible en ses Traditions

Genèse 29,31–30,14

M G
V
S Sam

31 YHWH vit que Léa était haïe et il ouvrit sa matrice

tandis que Rachel était stérile.

31 Le Seigneur, voyant qu'il méprisait Lia, ouvrit sa matrice

sa sœur restant stérile.

31 ...

32 Léa conçut et enfanta un fils et elle appela son nom Rᵉ'ûbēn car elle dit :

— Parce que YHWH a vu mon affliction car maintenant mon mari m’aimera.

32 Et elle enfanta, ayant conçu un fils, et appela son nom Ruben, disant :

— Le Seigneur a vu mon humiliation, maintenant, mon mari m'aimera.

32 ...

M V
G S Sam

33 Elle

VEt elle conçut encore

Và nouveau et enfanta un fils et elle dit :

— Parce que YHWH

Vle Seigneur a entendu que j’étais haïe

Vtenue en haine il m’a encore donné celui-là.

Et elle appela son nom Šimᵉ‘ôn.

VSiméon [Symeon].

33 ...

34 Elle conçut encore

Vune troisième fois et enfanta un fils

Vautre et elle dit :

Cette fois

VMaintenant mon mari

Vépoux s’attachera

Vunira à moi

car je lui ai enfanté

Vengendré trois fils. 

C’est pourquoi on le nomma Lēwî.

VLévi.

34 ...

35 Elle conçut encore

Vune quatrième fois et enfanta

Vengendra un fils et elle dit :

— Cette fois je louerai YHWH.

Vle Seigneur. 

C’est pourquoi elle appela son nom Juda.

Ml'appela Yᵉhûdâ. Et elle cessa d’enfanter.

Vengendrer. 

35 ...

30,1 Or, Rachel, voyant qu’elle n’enfantait pas d’enfant à Jacob

Vétait inféconde, fut jalouse de sa sœur et Melle dit à Jacob :

Vson mari : 

— Donne-moi des enfants, ou je meurs !

...

30,2 La colère de Jacob s’enflamma contre Rachel, et il dit :

VEn colère, Jacob lui répondit :  

Suis-je à la place de Dieu,

VEst-ce que moi je suis à la place de Dieu, qui t’a privée du fruit du sein ?

...

M G V
S Sam

30,3 Elle dit : — Voici ma

VMais elle : — J'ai, dit-elle, une servante, Bilha

VBala. Va vers elle

qu’elle enfante sur mes genoux, et que j'aie M Gmoi aussi des enfants à travers elle !

...

M V
G S Sam

30,4 Et elle lui donna Bilha

VBala Msa servante pour femme,

Ven mariage. Met Jacob alla vers elle.

...

30,5 Bilha

VEt Jacob étant allé vers elle, elle conçut et enfanta un fils Mà Jacob.

...

M G V
S Sam

30,6 Et Rachel dit : — Dieu m’a rendu justice, etM G même il a entendu

Vécouté ma voix et m’a donné

Ven me donnant un fils

C’est pourquoi elle le nomma du nom de Dan.

...

M V
G S Sam

30,7  Et Bilha

VBala,M servante de Rachel conçut

Vconcevant encore et

V, enfanta un second

VautreM fils à Jacob.

...

M G V
S Sam

30,8 Et Rachel dit Và son sujet :

J’ai lutté d'une lutte divine avec

GDieu m’a soutenue, j'ai supporté 

VLe Seigneur m’a fait entrer en combat avec ma sœur, et j'ai gagné !

Grésisté !

Et elle lui donna le nom de Naptālî.

GNephthali.

VNephthali.

...

M V
G S Sam

30,9 Lorsque Léa

VLia vit qu’elle avait cessé d’enfanter

elle Zilpa

VZelpha, sa servante,prit

Vremit M et la donna pour femme à Jacob.

V à son mari. 

...

30,10 Zilpa, servante de Léa, enfanta un fils à Jacob.

VLaquelle, après avoir conçu, accouchant d'un fils 

10 ...

M G V
S Sam

30,11 M GEt Léa  dit : — Quelle bonne fortune !

etV, pour cette raison, lui donna le

Vappela son nom de Gād.

G VGad. 

11 ...

M V
G S Sam

30,12 Zilpa

VZelphaM, servante de Léa, enfanta un second fils à Jacob

Vautre [fils]

12 ...

M G V
S Sam

30,13 et Léa

VLia dit :

— C'[est] pour mon bonheur !

car les filles

Vfemmes me diront bienheureuse.

Et

VC'est pourquoi elle l'appela

Vle nomma Mdu nom de ’Ašēr.

GAsêr.

VAser. 

13 ...

M V
G S Sam

30,14 Ruben sortit

V, sorti au temps de la moisson du froment

trouva des mandragores dans les champs, il

V et les apporta à Lia, sa mère.

Alors Rachel ditM à Léa : — Donne-moi, je te prie,

V une partie des mandragores de ton fils.

14 ...

Contexte

Milieux de vie

30,14ss FLORE Mandragore

 La mandragore, mai 2022, Réserve de Neot Kedumim (Israël)

D.R. M.R. Fournier © BEST AISBL

Gn 30,14-16

Identification

Deux textes bibliques seulement font mention d’une plante mystérieuse appelée  dûdāîm. La racine de ce mot est dûd  qui signifie « aimer » ou « être troublé ». Dûdāîm est donc parfois traduit par « pomme d’amour ». Dans Ct 7,14, il apparait que cette plante dégage une forte odeur et dans Gn 30,14-16, on comprend qu’il s’agit d’une fleur sauvage rare et précieuse. La Septante, la Vulgate et les versions syriaque et arabe ont traduit dûdāîm par « mandragore ». L’identification n’est pas certaine et d’autres hypothèses ont été émises (des champignons tels que Agaricus campestris ou des truffes comme les terfez).

Classification
  • Famille : solanaceae
  • Genre : mandragora
  • Espèce : officinarum
Localisation

Originaire du bassin méditerranéen et du Proche-Orient, cette plante pousse dans des sols riches et profonds. Elle est devenue très rare aujourd'hui.

Description
  • Herbacée qui n’a pas vraiment de tige et se présente en touffe d’une hauteur d’environ 30 cm.
  • Plante toxique riche en alcaloïdes psychotropes qui peuvent provoquer des hallucinations et une narcose.
  • Sa racine brune peut atteindre des dimensions importantes (80 cm). Elle a une forme anthropomorphe qui est à l’origine de bien des légendes. Il est difficile de la sortir de terre.
  • Ses feuilles sont longues, molles et de formes variables.
  • Sa fleur de couleur blanche, bleue ou violette possède 5 pétales soudés et 5 étamines. La floraison a lieu entre septembre et avril. Cette fleur est inodore.
  • Ses baies d’environ 5 cm de diamètre sont jaunes ou rouges et dégagent un fort parfum. Elles sont comestibles à condition d’en consommer en faible quantité. Pline Nat.25,94 : « L’odeur seule porte à la tête. En quelques contrées, on en mange les fruits. Cependant la violence de cette odeur étourdit ceux qui n’y sont pas habitués ; et une dose trop forte de suc donne la mort. À une dose variable suivant les forces du sujet il est soporifique ».

Illustration botanique de la mandragore

Herbier général de l’amateur, vol. 8 [P. Bessa], 1817-1827 © Domaine public→

Gn 30,14-16 ; Ct 7,13

Usage
Alimentation 
  • Les fruits peuvent être consommés séchés et en petite quantité.
Médical
  • Cette plante a des propriétés sédatives (Platon Symp. 2,22) narcotiques, antispasmodiques, anti-inflammatoires, hypnotiques et hallucinogènes.
  • Ses propriétés aphrodisiaques (Théophraste Hist. plant.) lui donnent des vertus fertilisantes bénéfiques pour les femmes stériles (Gn 30,14-16).
  • Elle était utilisée par les guérisseuses pour faciliter les accouchements et mélangée au miel et à l’huile, elle soignait les morsures de serpent (Pline Nat. 25,94).
  • On utilisait la racine comme somnifère (Théophraste Hist. plant. 9, 9,1). Elle faisait partie des ingrédients déposés sur l’éponge soporifique destinée à endormir les patients lors d’opérations chirurgicales ( Dioscoride Mat. med. 4,75, Pline Nat. 21, 94).
  • Elle était prescrite contre la mélancolie (Hippocrate Acut. 6, 329, n°39).
  • Mélangée au vinaigre, elle guérit les inflamations de la peau.
  • Pline Nat. 25, 110 : « on efface les marques du visage en se frottant avec la mandragore ».
Cultuel
  • Les sorcières au Moyen-Âge s’enduisaient la peau d’un onguent à base de mandragore pour entrer en transe.
  • L’apparence humaine de sa racine, et ses propriétés chimiques rendent cette plante mystérieuse et dès l’Antiquité elle fut associée à des rituels magiques. 
  • Elle était utilisée comme philtre magique (Théophraste Hist. plant. 9, 9,1).
Histoire

Dans l’Antiquité des méthodes étranges étaient utilisées pour cueillir la mandragore :

  • Théophraste Hist. plant. 9, 9, 8 : « On recommande de circonscrire la mandragore par trois fois avec une épée et de la couper en regardant le couchant ; d’autre part, que le second opérateur danse en rond autour d’elle et prononce le plus possible de paroles grivoises ».
  • Au Moyen-Âge la tradition pour cueillir ce fruit change : Après s’être bouché les oreilles avec de la cire pour ne pas entendre le cri de la mandragore, puisque l’entendre serait s’exposer à la mort, le cueilleur attache la plante au collier d’un chien pour que cet animal le déterre, en y laissant la vie. Josèphe B.J. 7,6,183 rapporte la même anecdote au sujet d’une plante qu’il appelle « baaras » et qui pousse dans la vallée au nord de Machéronte.   

    Manuscrit enluminé sur la cueillette de la mandragore, 1350

    Bibliothèque nationale de France © Domaine public→

  • En Égypte ancienne, la légende de Sekhmet raconte que cette déesse voulant exterminer tous les hommes, les dieux répandirent de la mandragore dans des milliers de jarres de bière teintées de rouge afin que la déesse assoiffée de sang la boive. La plante faisant son effet, la déesse s’endormit, épargnant l’humanité.
  • Au Moyen-Âge apparurent des mandragores « fétiches », sortes de petites statuettes à formes humaines qui étaient censées procurer richesse et pouvoir à son possesseur. Jeanne d’Arc fut accusée d’en posséder une.
  • La mandragore inspira des œuvres littéraires : La fée aux miettes, C. Nodier ; Eine Geschichte vom Galgenmännlein, F. de la Motte-Fouqué ; La Mandragore, J.-L. Lorrain ; Alraune, HH Ewers ; Harry Potter et la chambre des secrets, J.K. Rowling.
Symbolique
Sorcellerie
  • En Allemagne, le mot « alraun » signifie à la fois « mandragore » et « sorcière ».
  • Les sorcières employaient la mandragore.
Le peuple d’Israël
  • La mandragore est comparée par certains commentateurs de la Bible à un corps sans tête (Bède le Vénérable In Gen.  PL91, col. 257c ). Pour Anselme de Laon  PL 169, col. 1222D, la mandragore est l’image du peuple juif qui n’a pas encore reçu l’imposition de sa tête, le Christ, puisque sa conversion n’a pas encore eu lieu (Philippe de Harvengt PL 203, col. 473 CD).
L’Antéchrist et les infidèles
  • Dans certaines représentations iconographiques de l’histoire du Salut, la mandragore est représentée sous la forme d’un corps décapité dont la tête gît à ses pieds. La mandragore décapitée est alors l’image de l’Antéchrist vaincu ou des infidèles dans la première étape de leur conversion. L’étape suivante sera l’imposition sur la mandragore de la tête du Christ grâce à l’Eucharistie qui réalise l’unité entre la tête et le corps. (cf. Manuscrits enluminés du commentaire d’Honorius Augustodunensis, 12e s.).