Un projet du Programme de Recherches La Bible en ses traditions AISBL
Dirigé par l’École Biblique et Archéologique Française de Jérusalem
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1 VICI COMMENCE LE LIVRE DU PROPHÈTE JÉRÉMIE
Paroles de Yirmeyahou
VVerbes de Jérémie fils de Hilqiyyahu,
VHelcias, un des prêtres qui étaient
Vfurent à Anathoth en terre de Benjamin
VBenjamin :
1 La chose de Dieu qui advint sur Ieremias [fils] de Chelkias, [l'un] des prêtres qui habitaient à Anathoth dans la terre de Benjamin,
1 ...
2 auquel la parole de YHWH
Vverbe du Seigneur qui lui advint aux jours de Yoshiyyahu
VJosias fils d’Amon, roi de Juda,
la treizième année de son règne
2 qui devint pour lui la parole de Dieu aux jours de Josias, fils d’Amos, roi de Juda
la treizième année de son règne
2 ...
3 et elle
Vça arriva aux jours de Yehoyaqim,
VJoachim, fils de Josias roi de Juda,
jusqu’à la fin de la onzième année de Cidqiyyahu
VSédécias, fils de Josias roi de Juda,
jusqu’à la déportation de Jérusalem au cinquième mois.
3 et elle arriva aux jours de Joakim, fils de Josias, roi de Juda,
jusqu’à la onzième année de Sedekias, fils de Josias, roi de Juda,
jusqu’à la captivité de Jérusalem au cinquième mois.
3 ...
1 Yirmeyahu Représentations du prophète Jérémie Le personnage du prophète Jérémie se lamentant sur Jérusalem a donné lieu à plusieurs représentations telles que :
1–19 Histoire et confessions de Jérémie dans la musique contemporaine
Ce spectacle, conçu dans la tradition des mystères médiévaux, inclut trois œuvres lyriques en hébreu, grec et latin, en créations mondiales : il suit la mission, les souffrances et l'espérance du prophète Jérémie, ainsi que la destinée de sa prophétie, comme autant de figures du Christ en sa passion, sa résurrection et son Évangile.
1s Verbes de Jérémie + verbe du Seigneur qui lui advint (V) FRANÇAIS BIBLIQUE Des verbes au Verbe et réciproquement
Le nom verbum, omniprésent dans les Écritures, signifie « mot, énoncé, parole(s) » et beaucoup plus encore. Il assume les significations de dabar et de →logos, cristallisant la méditation sur la présence d'un « langage » transcendant avec le Créateur, participé dans la création. Cet usage culmine dans le Nouveau Testament pour désigner le mystère personnel de Jésus-Christ (cf. V—Jn 1,1.14.17).
L'expression verbum Domini, en particulier, crée donc un fil continu de révélation christique, de livre en livre. Pour les scribes latins :
Autant que possible, nous traduisons donc verbum par « verbe », souvent sans majuscule, parfois avec.
1 ICI COMMENCE LE LIVRE (V) Les titres de la bible latine Un des grands intérêts de traduire la version latine produite par saint Jérôme, est d’entrer avec lui dans l'atelier des passeurs de l'Écriture de l'Antiquité. En effet, Jérôme continue l’usage de ceux qui transmettaient les écritures : il y laisse des traces de ses interventions.
Dans la tradition hébraïque, les transmetteurs de l'Écriture sont appelés « massorètes » et c'est à eux qu'est dû le texte hébraïque le plus fiable, dit →« texte massorétique » (cf. Tradition juive Dt 31,24). Leurs interventions descriptives et prescriptives sont codifiées dans des notes marginales, infra ou suprapaginales, ou de fin de livre, qu'on appelle respectivement la « petite massore », la « grande massore » et la « massore finale ».
Dans la tradition latine, c'est d’abord en indiquant le début et la fin de chaque livre que le traducteur intervient, mais pas seulement comme on va le voir.
Voici par exemple les titres des premiers livres dans la Bible selon Théodulfe. Cet érudit, proche de Charlemagne, devenu évêque d’Orléans puis abbé de quelques abbayes travailla à l'édition des Écritures latines dans la tradition de saint Jérôme. On conserve au moins six bibles composées sous sa direction. Les titres suivants apparaissent dans un manuscrit de la Bibliothèque nationale de France (Mss BnF lat. 9380 et 11937) :
Comme on le voit, ce ne sont pas de simples titres mais de véritables phrases, commençant par des verbes : incipit (du verbe latin incipere : « commencer ») et explicit (du verbe latin explico : « déployer, dérouler », d'où « développer, expliquer »).
Aux lecteurs sensibles, ces indications disent bien plus de choses que le simple nom donné au livre. Ponctuant la bible latine livre après livre, elles y conservent le double souvenir de son origine linguistique et des modes de transmission des traces écrites de la révélation.
À l'imitation de saint Jérôme, Théodulfe a travaillé avec un juif (peut-être devenu chrétien, et qui pourrait être l’auteur anonyme des Quaestiones in libros Regum et Paralipomenon, recueil sur les livres des Rois et des Chroniques attribuée ... à saint Jérôme !). Suivant l’usage juif, Théodulfe translittère comme titres le ou les premiers mots de chacun des livres de la Torah en hébreu. Il se permet cependant des variations :
Au-delà du Pentateuque, on peut remarquer que chez Théodulfe les deux livres des Rois n’ont qu’un titre en hébreu, Malachim. Dans les bibles latines, les livres de Samuel et des Rois sont souvent appelés Regum primus, secundus, tertius, quartus : il y a pour elles 4 livres des Rois). 1S 1,1 (cf. 2S 1,1) ; 1R 1,1 (cf. 2R 1,1).
, lui, semble avoir été plus pédagogue sur ce point : voyez par ex. ses titres enExplicit (de explicare) garde peut-être dans son étymologie la mémoire de l'utilisation des livres antiques qui avaient la forme du rouleau (volumen), avant de se couler dans la forme moderne du codex.
De g. à dr. : calame sur son pot à encre, volumen (rouleau) de papyrus, codex (livre) sous forme de tablette de cire, et tablette en bois.
Incipit et explicit ne sont pas seulement de vieux termes de paléographie. Ils sont couramment utilisés en théorie littéraire contemporaine, en particulier dans la science de l’analyse des récits (la « narratologie ») :
L'incipit et l'explicit d’une œuvre sont cruciaux pour qui cherche à la comprendre, car en début et en fin de livre leurs auteurs donnent souvent des clés d’interprétation et laissent paraître plus ou moins clairement quelles étaient leurs intentions en le composant.
Les incipits des livres bibliques devinrent des lieux privilégiés où les enlumineurs déployèrent leur art, non seulement pour marquer visuellement la séparation entre les livres par un élément surtout décoratif (comme c'est le cas ici), mais aussi, parfois, pour introduire des personnages, des thèmes ou des scènes caractéristiques du livre qui commence, l'image devenant déjà une exégèse, comme dans ... l'incipit d'un roman moderne.
Le traducteur antique ne se contente pas d'indiquer ainsi le début et la fin de chaque livre. Il intervient parfois au milieu, pour donner son avis sur les textes qu'il transmet. Ainsi Jérôme prend-t-il soin d'indiquer qu'il n'a pas trouvé tel ou tel passage dans les manuscrits hébreux qu'il a pu consulter, dans les milieux juif de la Palestine du 4e siècle, et de dire à partir de quelles sources il a travaillé. C'est le cas dans deux livres, Esther et Daniel :
(nota bene : Parce que notre édition numérique est fondée sur la versification massorétique, les chapitres 11 à 16 du livre d'Esther apparaissent comme des ajouts même sur le plan technologique, les numéros de chapitre et de versets étant comme ajoutés « à la main »).
Les interventions des transmetteurs latins des Écritures ne se sont pas limitées aux titres et aux didascalies sur le texte lui-même. On devra y ajouter des considérations sur les prologues, les sommaires, les « canons » et les listes d'interpretationes, qui finirent par être parfois intégrés au texte même de l'Écriture, au fil de leurs éditions manuscrites...
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N. M.
, notice « Bible », Encyclopaedia Judaica, t. IV, Jérusalem, 1971, col. 820-821—— Chr. , « Théodulfe d’Orléans », dans Histoire littéraire de la France, t. XLII, Paris, 2002, 237-267 —— Gilbert , La Bible latine du XIIIe siècle, à par. coll. « Patrimoines thomistes», Paris : Cerf, 2025.