Un projet du Programme de Recherches La Bible en ses traditions AISBL
Dirigé par l’École Biblique et Archéologique Française de Jérusalem
Pour nous apporter votre aide, cliquer ici
1 Or c’était la Pâque et les Azymes deux jours après
et les grands prêtres et les scribes cherchaient comment par ruse le capturer et le faire mourir.
2 Ils disaient en effet : — Pas en pleine fête, de peur qu'il n'y ait un tumulte du
Sdu tumulte parmi le peuple.
2 Ils disaient en effet :
— Pas en pleine fête pour qu'il n'y ait pas un soulèvement du peuple
3 Et comme il était à Béthanie dans la maison de Simon le lépreux, allongé [à table],
vint une femme ayant un alabastre [plein] d’une huile parfumée de pur nard de grand prix
Byz V TRet, ayant brisé l'alabastre, elle le lui répandit sur la tête.
4 Or, il y en avait qui s'indignaient entre eux :
Byz S TRs'indignaient entre eux et disaient :
Vétaient saisis d'indignation en eux-mêmes et disaient :
— À quoi bon cette perte de l'huile parfumée ?
5 Car il était possible, cette huile, de la vendre pour plus de trois cents deniers et de donner aux pauvres.
Et ils la rabrouaient.
6 Or, Jésus dit :
— Laissez-la.
Pourquoi lui causez-vous ce trouble ?
Vêtes-vous désagréables envers elle ?
C’est une belle
V Sbonne œuvre qu’elle a faite envers moi.
7 Car les pauvres, vous les avez toujours avec vous
et dès que vous voulez vous pouvez leur faire du bien
mais moi, vous ne m’avez pas toujours.
8 Ce qu'elle a pu, elle l'a fait :
elle a d'avance parfumé mon corps pour la sépulture.
9 Amen, je vous dis :
— Partout où sera annoncé l'
Byz V S TRcet
Smon Évangile, au monde entier
ce qu'elle a fait sera redit en mémoire d'elle.
10 Et Judas Iscarioth, l’un des douze, s’en alla vers les grands prêtres pour le leur livrer.
11 L'entendant, ils se réjouirent et promirent de lui donner de l’argent
et il cherchait comment le livrer opportunément.
12 Et le premier jour des Azymes, où ils immolaient la Pâque, ses
Vles disciples lui disent :
— Où veux-tu que nous allions Vte faire les préparatifs pour que tu manges la Pâque ?
13 Et il envoie deux de ses disciples et leur dit :
— Allez à la ville et un homme viendra à votre rencontre portant une cruche d’eau,
suivez-le.
14 Et où qu'il entre, dites au maître de maison :
— Le Maître dit :
— Où est ma salle, où je puisse manger la Pâque avec mes disciples ?
14 Et où qu'il entre, dites au maître de maison :
— Le Maître dit :
— Où est mon repos, que je mange la Pâque avec mes disciples ?
15 Et il vous montrera une pièce du haut, grande, garnie, Byz S TR Nes[toute] prête
et là faites les préparatifs pour nous.
16 Et les
Byz V S TRses disciples partirent
et ils vinrent à la ville
et ils trouvèrent comme il leur avait dit
et ils firent les préparatifs de la Pâque.
17 Or, le soir venu, il vient avec les douze,
18 et, alors qu'ils étaient à table
Vallongés [à table] et qu'ils mangeaient, Jésus dit :
— Amen, je vous dis :
— L'un de vous me livrera, celui qui mange avec moi.
19 Byz V S TRMais ils se mirent à s’attrister et à lui dire l'un après l'autre :
— Pas moi
V S Est-ce moi ?
Byz TREt un autre : Pas moi ?
20 Répondant, il
V S NesIl leur dit :
— L'un des douze, qui trempe avec moi [la main] dans le plat.
21 C'est que le
Byz V S TRLe Fils de l’homme, certes, s’en va selon ce qui est écrit de lui.
Mais malheur à cet homme par lequel le Fils de l’homme est livré !
Mieux vaudrait pour lui qu’il ne fût pas né, cet homme-là.
22 Et tandis qu'ils mangeaient, il
Byz S TRJésus prit du pain, [le] bénit, [le] rompit, [le] leur donna et dit :
— Prenez, ceci est mon corps.
22 Et tandis qu'ils mangeaient, Jésus prit du pain, et bénissant, il [le] rompit, [le] leur donna et dit :
— Prenez, ceci est mon corps.
23 Et ayant pris
Sil prit une
Byz S TRla coupe, grâces rendues,
Sil rendit grâces, il bénit et
Ven rendant grâces, il [la] leur donna
et ils en burent tous.
24 Et il leur dit :
— Ceci est mon sang, [le sang] de l'
Byz V S TRla nouvelle alliance qui est répandu pour beaucoup.
25 Amen, je vous dis :
— Je ne boirai plus désormais du produit de la vigne
jusqu’à ce jour où je le boirai Sde nouveau dans le royaume de Dieu.
26 Et après avoir chanté
Vdit l’hymne ils sortirent pour le mont des Oliviers.
27 Et Jésus leur dit :
— Tous vous serez scandalisés
Byz S TRà cause de moi Byz V S TR cette nuit
parce qu’il est écrit :
« Je frapperai le pasteur et les brebis seront dispersées »
28 mais après que je serai ressuscité je vous précéderai en Galilée.
29 Or, Pierre lui dit :
— Quand bien même tous seraient scandalisés mais pas moi.
30 Et Jésus lui dit :
— Amen, je te dis
que toi aujourd’hui, cette nuit, avant qu'un coq ait chanté
Vn'ait donné de la voix deux fois, trois fois tu me renieras.
31 Mais lui parlait de plus belle :
— Quand il me faudrait mourir avec toi je ne te renierai pas !
Tous aussi disaient de même.
32 Et ils viennent en un domaine dont le nom est Gethsémani
et il dit à ses disciples :
— Asseyez-vous ici pendant que je prierai.
33 Et il prit Pierre, Jacques et Jean avec lui
et il commença à éprouver frayeur et angoisse
Vdégoût.
34 Et il leur dit :
— Mon âme est triste jusqu’à la mort
demeurez ici et veillez.
35 Et comme il s'était un peu avancé, il tombait
V tomba à terre
et il priait que cette heure, s’il était possible, passât loin de lui
36 et il dit :
— Abba Père, tout est possible pour toi :
éloigne de moi cette coupe
mais non ce que moi je veux, mais ce que toi [tu veux].
37 Et il vient et il les trouve endormis et il dit à Pierre :
— Simon, tu dors !
Tu n’as pas eu la force de
V Spu veiller une heure !
38 Veillez et priez pour ne pas entrer en tentation.
L’esprit certes est ardent
Vprompt mais la chair est faible.
39 Il s’en alla de nouveau et pria, disant la même parole.
40 Et venant de nouveau,
Byz V S TRétant revenu, il les trouva Byz V S TRde nouveau endormis :
leurs yeux en effet étaient appesantis
et ils ne savaient que lui répondre.
41 Et il vient une troisième fois et leur dit :
— Dormez désormais et reposez-vous,
c’est assez
Sla fin est arrivée. L’heure est venue : voici, le Fils de l’homme est livré aux mains des pécheurs.
42 Levez-vous, allons. Voici, celui qui me livre est proche.
43 Et Byz S TR Nesaussitôt, alors qu'il parlait encore, survient
Vvient Judas VIscariote, un des douze
et avec lui une foule
Sun peuple nombreuse
Snombreux avec des glaives et des bâtons
de la part des grands prêtres et des scribes et des anciens.
44 Celui qui le livrait
VLe traître leur avait donné un signe, disant :
— Celui à qui je donnerai un baiser, c’est lui : arrêtez-le et emmenez-le.
Byz S TR Nesemmenez-le en sûreté.
45 Et Sétant arrivé aussitôt s’approchant de lui, il Byzlui dit : — RabbiByz S TR, Rabbi !
et il lui donna un baiser.
46 Et eux mirent la main sur lui et l’arrêtèrent.
47 Or, un de ceux qui étaient là,
Vautour, tirant le glaive, frappa le serviteur du grand prêtre
et lui coupa l’oreille.
48 Et prenant la parole, Jésus leur dit :
— Comme pour un brigand, vous êtes sortis avec des glaives et des bâtons pour me prendre.
49 Chaque jour j’étais auprès de vous dans le Temple en enseignant, et vous ne m’avez pas arrêté
mais c’est pour que s’accomplissent les Écritures.
50 Alors V Sses disciples
l'abandonnant, Byz TR Nesils prirent tous la fuite.
51 Un jeune homme le suivait, enveloppé d’un drap
Vsuaire sur [le corps] nu
S, nu, et on le saisit ;
52 mais lui, ayant rejeté le drap
Vsuaire, s’enfuit [tout] nu Byz V TRloin d'eux.
53 Et ils conduisirent Jésus chez le grand prêtre
et tous se réunissent Byz S TRautour de lui : les Byz S TR Nesgrands prêtres et les anciens et les scribes.
54 Et
V SOr, Pierre
SSimon le suivit de loin, jusqu'à l’intérieur, dans la cour du grand prêtre
et il était assis avec les serviteurs et se réchauffait près de la flambée.
V Sdu feu.
55 Mais les grands prêtres et tout le sanhédrin
Vconseil
cherchaient contre Jésus un témoignage pour le le faire mourir
Vlivrer à la mort
et ils ne trouvaient pas.
56 Beaucoup en effet disaient un faux témoignage contre lui
et les témoignages n'étaient pas concordants.
57 Et certains, se levant, portaient un faux témoignage contre lui en disant :
58 — Nous, nous l’avons entendu dire :
Moi, je détruirai ce Temple fait de main [d’homme]
et en trois jours j’en édifierai un autre, non fait de main [d’homme].
59 Et Byz S TR Nesmême ainsi leur témoignage n'était pas concordant.
60 Et le grand prêtre, se levant au milieu, interrogea Jésus, disant :
— Tu ne réponds rien ? Qu'est-ce que ces gens témoignent contre toi ?
Vsur ce qui est déposé contre toi par eux ?
61 Or, lui, gardait le silence et ne répondit rien.
Le grand prêtre l’interrogeait de nouveau et lui dit :
— Toi, tu es le Christ, le Fils du Béni ?
62 Or, Jésus dit :
— Moi, je [le] suis
et vous verrez le Fils de l’homme assis à la droite de la puissance
et venant avec les nuées du ciel.
63 Or, le grand prêtre, déchirant ses vêtements, dit :
— Qu’avons-nous encore besoin de
VPourquoi désirons-nous encore des témoins ?
64 Voici de sa bouche vous
Byz V TR NesVous avez entendu le blasphème. Que vous en semble ?
Et tous le condamnèrent comme méritant la mort.
65 Et certains commencèrent à lui cracher dessus,
Sà la face,
Byz V TR Nesà voiler son visage, à le frapper à coups de poing et à lui dire :
— Prophétise !
et les serviteurs le reçurent avec des
Byz TRrecevaient avec des
V Sfrappaient de soufflets.
66 Et comme Pierre était en bas dans la cour
vient une des servantes du grand prêtre
67 et ayant vu Pierre se réchauffer, le regardant, elle dit :
— Toi aussi, tu étais avec Jésus le Nazaréen.
68 Mais lui nia en disant :
— Je ne sais ni ne comprends
Vconnais ce que Byz TR Nestoi tu dis.
Et il s’en alla dehors dans la cour
Vdevant l'atrium et un coq chanta.
69 Or, V Sde nouveau, l’ayant vu, la servante se mit Byz TR Nesde nouveau à dire à ceux qui étaient autour :
— Celui-ci est de ces gens-là.
70 Mais lui de nouveau niait
Vnia
et un peu après, de nouveau, ceux qui étaient présents disaient à Pierre :
— Vraiment tu es de ces gens-là
car tu es aussiGaliléen et ton langage est semblable.
V Nes Galiléen.
71 Mais il se mit à prononcer des anathèmes
Vanathématiser et à jurer : — Je ne connais pas cet homme dont vous parlez.
72 Et V S Nesaussitôt, une seconde fois, un coq chanta.
Et Pierre
SSimon se souvint de la parole que Jésus lui avait dite :
— Avant que le coq ait chanté deux fois, trois fois tu me renieras
et il se mit
Sil commença à pleurer.
15,1 Et aussitôt le matin les grands prêtres avec les anciens et les scribes et tout le sanhédrin
Vtoute l'assemblée tinrent conseil.
Ayant lié
VLiant Jésus, ils l’emmenèrent et le livrèrent à Pilate.
15,2 Et Pilate l’interrogea :
— Toi, tu es le roi des Juifs ?
Mais lui, en réponse, lui dit :
— Toi, tu le dis.
15,3 Et les grands prêtres l'accusaient sur de nombreux points mais lui ne répondit rien.
Byz V S Nes.
15,4 Or Pilate de nouveau l’interrogeait
Vinterrogea en disant :
— Tu ne réponds rien ?
Vois sur combien de points ils t'accusent.
S TRportent témoignage contre toi.
15,5 Et Jésus ne répondit plus rien, au point que Pilate s'en étonnait.
15,6 Or, à chaque fête, il leur relâchait un prisonnier
Và chaque jour de fête, il avait coutume de leur relâcher un des prisonniers, celui qu’ils demandaient.
15,7 Il y avait celui qu'on appelait Barabbas,
qui avait été emprisonné avec les séditieux
qui avaient, lors de la sédition, commis un meurtre.
15,8 Et la foule
Sle peuple, étant montée,
Byz S TRpoussant de grands cris, se mit à demander ce qu'il faisait Byz V TRtoujours pour eux.
15,9 Pilate Sleur répondit disant :
Vet dit :
— Voulez-vous que je vous relâche le roi des Juifs ?
15,10 Il
SPilate savait en effet que c’était par jalousie que les grands prêtres l’avaient livré.
15,11 Mais les grands prêtres
Vpontifes excitèrent la foule pour qu'il leur relâchât plutôt Barabbas.
15,12 Pilate, prenant de nouveau la parole, leur disait :
Byz V TRdit :
— Que [voulez-vous]
Byz V S TRvoulez-vous donc que je fasse de celui que vous appelez « le roi des Juifs » ?
Vdu roi des Juifs ?
15,13 Mais eux de nouveau crièrent :
— Crucifie-le !
15,14 Mais Pilate leur disait :
— Qu’a-t-il donc fait de mal ?
Mais eux crièrent
Vcriaient plus fort :
— Crucifie-le !
15,15 Pilate, voulant donner satisfaction à la foule
V Sau peuple,
leur relâcha Barabbas
et livra Jésus, après l'avoir fait flageller, pour qu'il fût crucifié.
15,16 Or, les soldats l’emmenèrent à l’intérieur de la cour, c'est-à-dire le prétoire
Và l’intérieur dans l'atrium du prétoire
et ils convoquent toute la cohorte
15,17 et ils le revêtent de pourpre
et lui posent [sur la tête] une couronne d’épines qu'ils avaient tressée
V tressent
15,18 et ils commencèrent à le saluer :
— Salut, roi des Juifs !
15,19 Et ils frappaient sa tête avec un roseau
et ils crachaient sur lui
et, se mettant à genoux, ils se prosternaient devant lui.
Vl'adoraient.
15,20 Après s’être moqués de lui, ils lui retirèrent la pourpre,
lui remirent ses vêtements
et le firent
Vfont sortir pour le crucifier.
15,21 Et ils contraignent
Vréquisitionnèrent un passant, un certain Simon le Cyrénéen, qui revenait de la campagne,
le père d’Alexandre et de Rufus,
afin de porter sa croix.
15,22 Et ils le conduisent au lieu du Golgotha
SGagultha, qui se traduit
Ss'interprète « lieu du Crâne
VCalvaire ».
15,23 Et ils lui donnaient Byz V S TRà boire du vin à la myrrhe mais
Vet il n’en prit pas.
15,24 Et ils le crucifient et ils se partagent
ByzEt, le crucifiant, ils se partagent
S TREt, le crucifiant, ils se partagèrent ses vêtements
les tirant au sort [pour savoir] qui prendrait quoi.
24 Et, le crucifiant, ils se partagèrent ses vêtements
les tirant au sort entre eux: qui prendra quoi.
15,25 C'était la troisième heure et
Slorsqu'ils le crucifièrent.
15,26 L’inscription indiquant la cause (de sa condamnation) portait : « le roi des Juifs. »
26 Et l'écriteau avec la cause (de sa condamnation) portait l'inscription : « le roi des Juifs. »
15,27 Et avec lui ils crucifient deux brigands
Vlarrons
un à droite et un
Vl'autre à sa gauche.
15,28 Et fut accomplie l’Écriture qui dit :
« Et il a été compté parmi les criminels. »
Vhommes iniques. »
28 Ø
15,29 Et les passants l’outrageaient
hochant la tête et disant :
— Hé ! Toi qui détruis
VCelui qui détruit le Temple et le bâtis
Vbâtit en trois jours,
15,30 sauve-toi toi-même en descendant
Byz S TRet descends de la croix !
15,31 De même les grands prêtres aussi, se moquant [de lui] entre eux avec les scribes, disaient :
— Il en a sauvé d’autres, il ne peut se sauver lui-même !
15,32 Que le Christ, le roi d’Israël, descende maintenant de la croix
afin que nous voyions et que nous croyions Byz Sen lui !
Et ceux qui avaient été crucifiés avec lui l’insultaient.
15,33 Et la sixième heure arrivée, les ténèbres se firent sur toute la terre jusqu’à la neuvième heure.
15,34 Et à la neuvième heure, Jésus s'écria d’une voix forte Byz V S TRdisant :
— Éloï, Éloï, lema sabachthani
Byz— Éloï, Éloï, lima sabachthani
TR— Héloï, Héloï, lamma sabachthani
V— Éloï, Éloï, lama sabacthani
S— Yl, Yl, lamna shbaqtanii
ce qui se traduit
Ssoit :
« Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? »
15,35 Et certains de ceux qui étaient là,
Vl'entouraient, l'ayant entendu, disaient :
— Voici, il appelle Élie.
15,36 Quelqu'un, ayant couru et rempli une éponge de vinaigre
et l’ayant mise au bout d’un roseau, lui donnait à boire, disant :
— Laissez, voyons si Élie viendra le descendre.
15,37 Mais Jésus, ayant poussé un grand cri, expira.
15,38 Et le voile du Temple se déchira en deux
depuis le haut jusqu'en bas.
15,39 Or le centurion qui se tenait en face de lui, voyant
qu’il avait expiré ainsi, Byz V S TRen s'écriant dit :
— Vraiment cet homme était Fils de Dieu.
15,40 Or il y avait aussi des femmes qui regardaient de loin
parmi lesquelles Marie la Magdaléenne
VMarie-Madeleine, Marie mère de Jacques le petit et Vla mère de Joset,
VJoseph, et Salomé :
15,41 qui
Velles le suivaient et le servaient lorsqu’il était en Galilée
et beaucoup d’autres aussi qui étaient montées avec lui à Jérusalem.
15,42 Et le soir étant déjà venu,
parce que c’était la Préparation, c’est-à-dire veille du
V qui est avant le sabbat,
15,43 vint Joseph d’Arimathie
Sderamta, noble membre du conseil
Vdécurion
qui lui aussi était dans l'attente du royaume de Dieu
V et il entra hardiment chez Pilate
et demanda le corps de Jésus.
15,44 Mais Pilate s’étonna
Vs’étonnait de ce qu’il fût déjà mort
et ayant fait appeler le centurion, il lui demanda s’il était Vdéjà mort Byz S TR Nesdepuis longtemps
15,45 et renseigné Byz V TR Nespar le centurion, il accorda le
Sson cadavre
Byz V S TRcorps à Joseph.
15,46 Byz S TR NesEt V SJoseph, ayant acheté un linceul et le descendant [de la croix], Byz TR Nesil l’enveloppa du linceul
et le déposa dans un tombeau qui était taillé dans le roc
et il roula une pierre contre l'entrée du tombeau.
15,47 Or, Marie la Magdaléenne
VMarie-Magdeleine et Marie [mère] de Joset
VJoseph regardaient où il était déposé.
15,26 PARALITURGIE Reliques de la passion : le titulus de Pilate PARALITURGIE Les reliques de la passion→
Depuis 1492, date de sa découverte lors de restaurations dans la basilique Sainte-Croix-de-Jérusalem à Rome (cachée dans une brique marquée TITVLVS CRVCIS), et 1496, date à laquelle le pape Alexandre VI le déclara authentique, on vénère à Rome une tablette de bois de noisetier portant une inscription, comme l’écriteau même placé sur la croix de Jésus. Part du trésor rassemblé par l’impératrice Hélène dans la chapelle de sa demeure devenue la basilique, elle y aurait été cachée vers 455 pour la protéger des invasions wisigothiques.
La tablette mesure 25 cm sur 14 cm ; son épaisseur est de 2,6 cm ; elle pèse 687 g et fut attaquée par divers parasites. Une des faces est grossièrement gravée de lettres sur trois lignes : sur la première, des caractères hébraïques très abîmés ; sur la deuxième et sur la troisième, des mots grecs et latins.
Plusieurs paléographes et épigraphistes concluent à une certaine authenticité.
Cf.
Maria-Luisa, Il titolo della croce di Gesù. Confronto tra i vangeli e la tavoletta-reliquia della basilica Eleniana a Roma (Tesi Gregoriana. Serie teologia 100), Rome : Editrice Pontificia Università Gregoriana, 2005.Cet objet est-il un morceau de l'écriteau authentique du Christ ? La datation au carbone 14 donne le 11e s. comme période probable (cf. titulus originel.
Francesco et Carlo, « 14C Dating of the 'Titulus Crucis' », Radiocarbon 44 [2002] 685-689). Si la tablette n’est pas originelle, c’est peut-être une réplique scrupuleuse d'un fragment duElle constituerait ainsi le premier témoignage écrit sur Jésus.
15,20 PARALITURGIE Chemin de croix : deuxième station
« Voici l’Homme ! » Voici une foule, cette foule que l’on remarque derrière la croix, cette croix qui semble être le sceptre dérisoire de sa royauté, mais dans les yeux levés et en cette couronne d’épines, il y a vraiment un roi qui va s’acheminer sur l’unique trône de la vie, qui est celui de cette présentation, de cette mort. Oui, le Christ dénudé, presque squelettique, va s’avancer. Derrière lui, sur la gauche, il y a les deux larrons, l’un est habillé en prisonnier, l’autre avec le vêtement que l’on donnait dans les camps de concentration. Il y a quelqu’un qui est en fauteuil roulant ; mais regardez bien tout au fond, ces cannes : tous ces estropiés de la vie sont représentés. Dans ce Chemin de croix, on reconnaît effectivement un style que l’on pourrait qualifier d’expressionniste, mais c’est un expressionisme inspiré, c’est un expressionisme associé à la vie : un homme, un ouvrier, avec son débardeur, porte une croix autour du cou ; mais regardez bien cette femme, sur la droite : elle vend des chapelets. Pour vivre donc ce Chemin de croix, il y a véritablement ce don, cette présence, cet accompagnement de la prière des pauvres, mais cette prière si riche de la vie des êtres qui égrènent le temps des hommes et des femmes, qui égrènent le temps de ceux et de celles qui ne savent plus comment prier ni pour qui prier. (J.-M. N.)
Mt 27,59 ; Jn 19,40 ; Lc 23,53 ; Mc 15,46 l'enveloppa d'un drap Saint Suaire
Au centre, accompagnée de l'inscription Il verissimo ritratto del Santissimo Sudario (représentation véridique du Saint Suaire), se trouve une reproduction fidèle de la relique contenue dans le reliquaire : le fameux linceul dans lequel le Christ aurait été enveloppé avant d'être mis au tombeau. À gauche, la colonne de la flagellation ; à droite, la croix ainsi que deux des instruments de la Passion, l'éponge au bout du la branche d'hysope et la lance de laquelle un soldat aurait transpercé le corps du Christ selon Jn 19,34.
15,24b Jésus sans ses vêtements PARALITURGIE Chemin de croix : dixième station
Une station absolument remarquable, qui remet dans un sens véritable l’adoration du Saint Sacrement : Jésus est dépouillé de ses vêtements, totalement. Le corps du Christ est associé au dépouillement total, de toute vie. Le Christ, lorsqu’il a été crucifié, était totalement nu. C’est la pudeur qui l’a fait représenter à travers les âges, avec ce qu’on appelle le perizonium, le pagne. Mais tous ceux qui étaient crucifiés étaient totalement nus. Il n’était pas question de pudeur. Cette nudité veut dire qu’il porte toutes les nudités des hommes, il porte toute la réalité de notre humanité. S’il est corps, il est corps dénudé, c’est-à-dire il est corps enfanté, il est corps de Dieu : un corps qui se présente à nous. Et le rapport entre l’hostie, le corps blanc, de cet ostensoir doré, ce qui est vénéré à travers le Corps du Christ, c’est sa Passion et le don de sa vie. De ce corps qui fut bafoué, au coeur de cette Fête-Dieu représentée sous le dais, l’artiste a associé à la fois la Passion et le Corps glorieux. Le Corps de Lumière, ce rayonnement qui préfigure déjà la résurrection, le soleil du petit matin du corps nu enseveli dans le tombeau. C’est le corps dénudé où s’accomplit l’enfantement de toute l’humanité ; c’est le corps dénudé du Christ. Comme le disait le cardinal Wojtyla devant le pape Paul VI lors de la retraite de 1976, « le Corps du Christ révèle la souffrance, il nous met face à nos douleurs et à nos souffrances pour participer pleinement et totalement à sa résurrection ». Effectivement, Jésus passe dans les processions de la Pologne, au milieu de ces bannières, pour qu’on n’oublie pas Celui qui a donné sa vie. (J.-M. N.)
15,24a le crucifiant PARALITURGIE Chemin de croix : onzième station
Ici, c’est l’histoire de la Pologne durant la guerre et à travers ses martyrs : Jésus est cloué à la croix. Il manque les bourreaux. On a l’impression que le Christ lui-même se fixe sur cette croix ; il est cloué par la souffrance humaine et par le martyre des victimes ; il est cloué lorsque des êtres sont morts pour la Pologne, pour la patrie et pour la liberté. Il meurt avec ceux qui meurent, il meurt avec ceux qui sont en camp de concentration. Leur souvenir est le symbole de la voie polonaise conduisant à notre résurrection.
Derrière, au fond, on voit de face un wagon, représentant les trains de la mort ; on voit également ce qui n’est pas un cercueil mais le coffre d’une voiture, avec la plaque, à côté du cardinal Wyszynski, cet homme de haute stature.
C’est le coffre d’une voiture dans lequel se trouvait un prêtre, le P. Popieluszko. Ce prêtre a été assassiné en 1984, on s’en souvient tous. Il était l’Aumônier de Solidarnosc. Il est cette figure emblématique de la lutte pour la liberté et contre le régime communiste. Il avait été l’objet de plusieurs attentats ; un jour, on a fini par l’enlever dans le coffre d’une voiture, on a voulu lui donner une sévère leçon et il en est mort, et on l’a trouvé dans un réservoir de la Vistule quelques jours plus tard. Il a été béatifié par le pape Benoît XVI le 6 juin 2010. Nous avons d’autres personnages, pour dire la vérité de cette Passion : au centre, sous la croix où l’on voit toujours les rubans de la Pologne, blanc et rouge, il y a un homme qui s’avance vers son exécution. Mais un autre homme va prendre sa place.
Cet homme avec le vêtement des déportés, c’est le P. Maximilien Kolbe, ce franciscain conventuel qui a voué sa vie tout entière à la Vierge, à l’Immaculée Conception. Cet homme qui a traversé le monde et qui a créé des journaux, cet homme qui a donné sa vie pour un père de famille. L’histoire est encore plus forte : dans le camp de concentration d’Auschwitz, un homme s’est évadé, et il fallait des exécutions en représailles « dissuasives ». Une quinzaine allaient être exécutés et le P. Maximilien Kolbe s’est présenté, a négocié pour qu’on l’exécute à la place du père de famille, ce qui a été fait. Quand il était enfant, il avait eu la vision de la Vierge Marie qui, dit-il, lui aurait présenté deux couronnes : une blanche et une rouge. Encore les couleurs de la Pologne ! Mais en l’occurrence, la blancheur c’était la consécration de sa vie, le rouge c’était le martyre. Il a pris les deux ! Et cet homme qui avait voué sa vie à la Vierge a été exécuté le 14 août, et on l’a mis dans le four crématoire le 15 août ! Continuons dans ce chemin de l’horreur. Ils ne sont pas seuls, il y a tous ces êtres anonymes qui sont associés.
On a également le cardinal Wyszynski, cet homme qui a fait pape Jean-Paul II ! Alors que celui-ci voulait s’appeler Stanislas, le cardinal Wyszynski lui a dit : « Un pape polonais, c’est beaucoup. Stanislas, cela relève de la provocation ! ». Cet homme qui était lié d’une profonde amitié avec Jean-Paul II et qui plus d’une fois lui a dit « Arrêtez, n’en faites pas trop, pas trop vite ! », cet homme avait été emprisonné de 1953 à 1956 ; et dès qu’on a annoncé au pape Pie XII qu’il avait été emprisonné dans un camp pour lui remettre les idées en place, le pape l’a fait cardinal. Politiquement, c’était très fort car cela voulait dire que le gouvernement avait enfermé un « prince de l’Église » : attention au sens de « prince de l’Église », cela veut dire qu’il est un serviteur qui ira jusqu’au martyre, c’est pourquoi les cardinaux sont vêtus de rouge, ils doivent donner leur vie jusqu’au martyre. Le Christ ici a les yeux ouverts, c’est un état de conscience de ce qui se passe à travers les âges, au cœur de la vie. Au cœur de ces hommes et au cœur de ces femmes, de cette Présentation, de cette vieille femme sur la gauche, numérotée. Tous ceux et celles que l’on voit, ce n’est plus une procession, c’est la marche d’un massacre, au cœur des camps, au cœur de la Pologne. (J.-M. N.)
15,33–39 PARALITURGIE Chemin de croix : douzième station
Jésus meurt sur la croix : il est étendu sur la croix, et il est étendu sur la Pologne ; sur toute l’histoire de la Pologne. Ce qui va des premiers martyrs jusqu’à Jean-Paul II. L’artiste meurt en 2004 ; Jean-Paul II est mort en 2005. Et lorsqu’on voit Jean-Paul II au pied de la croix, ce n’est pas simplement un portrait de Jean-Paul II, c’est le portrait de l’Eglise ; et la multitude de croix, ce foisonnement de croix au fond, manifeste que tous ceux qui sont saints et tous ceux qui sont baptisés portent la croix. Et toujours Marie au pied de la croix : l’icône de Notre Dame de Czestochowa. Il y a une intelligence de cette présence, de cette vie et de ce Christ dont le sang coule toujours sur ce peuple ; et ce peuple a aussi, avec d’autres, versé son sang pour la patrie. C’est donc effectivement le Golgotha de Jasna Gora, le Golgotha du sanctuaire de la Pologne. Comme disait Jean-Paul II, Jasna Gora, le sanctuaire, c’est le lieu de la liberté des Polonais. Tout est mêlé, associé : on voit Saint Venceslas, on voit la multitude des saints et des saintes, des ermites, des pasteurs, des prêtres, des fidèles qui sont là, tout le peuple est en marche parce qu’une nation n’existe qu’à travers et que par son histoire. Et Marie dans sa fidélité associe cette présence, où l’Emmanuel qu’elle porte, cet enfant Jésus, prouve sa révélation dans la croix. (J.-M. N.)
15,46s PARALITURGIE Chemin de croix : quatorzième station, Jésus est mis au tombeau
Le Christ au tombeau : dans quel tombeau ? Il est dans le tombeau des camps de concentration. On y voit les fils barbelés ; on y voit les livres qui ont été brûlés, des livres où l’on a voulu effacer la mémoire de la vie. Des cierges entourent Celui qui est au tombeau, enfoui dans l’horreur de cette humanité. Dans ce fatras de piliers qui encerclaient les hommes à l’intérieur des camps et dont plusieurs ont la forme de croix, tout s’écroule, mais aussi tout se libère. Car c’est bien dans le tombeau que tout se libère. Aujourd’hui au cimetière polonais d’Oswiecim, c’est la montagne des croix profanes : on voit une montagne où sont plantées une succession de croix, de croix qui disent la vie des êtres, de communautés, l’histoire de ceux et de celles qui ont combattu pour la liberté, des croix que l’on dépose encore. Les croix de la mémoire qui ne sont pas simplement un enfouissement au cœur de la mort, parce que si on regarde une croix, c’est parce qu’on a foi en la résurrection : on ne croit pas en un Dieu mort mais en un Dieu vivant ! Ce troisième jour, « ô mort, où est ta victoire ? » ; « En mourant il a détruit notre mort et en ressuscitant il nous a redonné la vie ». (J.-M. N.)
15,21 PARALITURGIE Chemin de croix : cinquième (et sixième) station
Les deux stations sont sur le même panneau sur le bas-côté gauche de la nef. Au bord du chemin, un homme et une femme viennent soulager Jésus. « Le Sauveur est debout, il n’en peut plus. Alors Simon de Cyrène, homme rude et bon, apparaît, l’entraîne, lui et sa Croix » (Bourgeois). L’artiste semble avoir prêté son propre visage à Simon de Cyrène (Ritter). Dans ce pays où il a traversé la guerre des tranchées et la perte de son fils de 17 ans, Desvallières a pris et prend encore sa part aux souffrances du Christ. Le docteur Vallon a visité l’atelier du peintre en 1931 et y a vu trois stations du futur Chemin de Croix d’Alsace dont celle-ci : « Ce fut alors seulement, que, convenablement préparé je me suis autorisé à contempler sur les ascétiques cimaises, blanchies à la chaux, les grandes toiles du Chemin de Croix de Georges [sic] Desvallières [...] Desvallières porte la Croix. Avec elle, il est tombé autant de fois que Jésus et il lui a suffi d’interroger sa propre douleur pour nous raconter (en quels termes poignants !) l’écrasement d’un homme par l’inhumain fardeau. Il a trébuché sur les pierres roulantes des chemins du Golgotha. Pendant que la charité du Cyrénéen le remplaçait, un instant, sous la Croix, il s’est étiré, comme Jésus, et la douleur de ses reins lui a arraché un sourd gémissement. Avec le Christ, il a gravi le Calvaire [...] » (Vallon). Plus loin après l’arche devant la ville de Jérusalem illuminée par un rayon de soleil, dans le prolongement, la sixième station représente alors une femme, Véronique, sous les traits de la maîtresse de maison qui accueille alors le peintre à Ruelisheim. Avec une compassion émouvante, elle essuie délicatement le visage de Jésus, « sa sueur et son sang. Pour trouver une foi de la qualité de celle-ci, il faudrait remonter le cours des âges, s’enfoncer, à tâtons, dans la nuit médiévale » (idem).
Le visage du Christ de douleur s’imprime lumineux, sur le voile de Véronique qui s’est avancée à travers les lances ennemies menaçantes sur le fond noir du ciel. La femme, qui vient d’accomplir son geste bienveillant, ferme les yeux devant la vision du supplice et renverse son visage en arrière. Cette grande scène rectangulaire invite le fidèle au recueillement et au courage : comme Véronique, il doit braver les dangers. Cette station se trouve « sous les fresques de Marguerite Hanin et de Melle Roisin qui célèbrent, à travers la figure de saint Bernard ou le Concordat de Worms, “ l’Église [qui] étend ses bienfaits à toute l’Europe ” » (Rinuy).
Jésus en son chemin passe par des espaces nouveaux, dans des villages, et ici un jour de mariage. Un mariage à la polonaise : tout à fait au fond, on voit une église, un couple de jeunes mariés : Il passe dans la vie, Il passe aussi dans la joie. Simon de Cyrène est issu du peuple. Il a une moustache, il a les cheveux blancs. Il y a des gens qui travaillent. Il y a même un violon, un violoniste qui joue ! Mais, pour quelques instants, la fête semble s’arrêter ; parce qu’il n’y a peut-être pas d’amour sans Passion, il n’y a pas de vie sans la réalité de ceux qui œuvrent, de cet homme au fond sur la gauche avec un béret, de cette petite fête de village, parmi les paysans qui sont endimanchés. Il y a en cette croix le bouquet de la mariée, et devant, tout à fait devant, au pied de Simon de Cyrène, une bouteille vide et un verre. Et à droite, il y a du pain, ce pain jeté à terre, ce pain Corps du Christ, ce sac de blé, de farine : le pain de la fraction, le pain du sacrifice, ce Pain qui avance, ce Pain de Vie qui au levain de la foi va donner la Vie. (J.-M. N.)
15,45 PARALITURGIE Chemin de croix : treizième station, Jésus est descendu de la croix
La descente de Croix de l’église, couvrant une partie du bas-côté droit de la nef, révèle l’« horreur tragique » (Ritter). Au pied de la Croix, Marie-Madeleine, tend ses mains jointes vers Jésus, et Marie, évanouie, tombe, la face douloureuse renversée vers son Fils dont le visage invisible est volontairement tourné vers la Croix. La toile est exposée au Salon des Tuileries et remarquée par tous les critiques avant de partir à Wittenheim. « Simple hasard, évidemment, mais enfin il n’y a que peu d’œuvres proprement religieuses au Salon des Tuileries. Peu d’œuvres... et toutefois deux chefs-d’œuvre nous arrêtent dès l’entrée. Ce sont deux panneaux de notre grand et cher Desvallières, stations d’un Chemin de Croix pour une église d’Alsace ». Maurice Brillant rappelle les deux toiles découvertes au dernier Salon d’automne. Maurice Denis choisit d’illustrer, entre autres son livre Histoire du monde religieux avec cette station peinte par Desvallières à propos duquel il écrit : « Au courant Romantique, celui qui s’apparente au baroque, au Greco, à la piété espagnole, impossible de ne pas y rattacher l’oeuvre immense de George Desvallières, le représentant génial du lyrisme et du mysticisme d’après-guerre, l’un des plus grands noms de l’art d’aujourd’hui. Il avait peint un Christ à la colonne, un Sacré-Cœur pathétique comme un Grünewald. Mais c’est après quatre années de vie héroïque face à l’ennemi dans un secteur des Vosges, qu’il a peint son Drapeau de Sacré-Cœur (à Verneuil-sur-Avre), plusieurs ex-voto, plusieurs Chemins de Croix. » (Denis, 1939, p. 297)
Cette station pathétique se déploie sous la grande fresque d’A.-H.
, L’Église qui anime l’ordre social par la charité. Après sa mort, le Christ est descendu de la croix avec des cordes dans une composition mêlant l’horizontalité du corps de Jésus à la verticalité des échelles et des pieds des deux croix. Comme à Wittenheim les deux bras pendants du Christ encadrent la figure de sa mère. La Vierge de douleur montre son visage de face, alors que Marie-Madeleine renverse sa tête vers l’arrière et saint Jean soutient le corps du Christ à côté d’elle.Il y a là une idée spirituelle de génie, où l'on retrouve l’icône de Notre-Dame de Czestochowa : c’est le thème de la Pietà, c’est à-dire la descente de croix, où Marie porte le Christ soutenu sous les aisselles par une main qui sort de l’icône : Marie donne cette main, alors que de cette main elle montrait l’enfant Jésus, pour révéler que cet Emmanuel, c’est Dieu au milieu de ce peuple. Et la tête du Christ mort est à la place de l’enfant, avec son auréole ! Un ermite blanc, tonsuré, soutient l’icône : le sanctuaire de Czestochowa est confié à un ordre religieux, les Paulins, et c’est l’habit de chœur des Paulins. Et l’on voit des soldats, derrière, et aussi un soldat à genoux, avec le sabre dans son dos : il risque d’être exécuté… Mais il y a des soldats qui ressemblent à des cadavres, des soldats morts, exécutés.
Le Christ regarde, il porte tout cela, il porte à la fois ceux qui exécutent et ceux qui meurent. C’est bien pour cela que lorsqu’on prie pour les victimes, il faut aussi prier pour les bourreaux, pour leur conversion. La main tendue de cette Mère qui présente le Christ est prière, et lorsqu’on prie Notre Dame de Czestochowa, on prie à travers et par tout ce chemin de croix.
Ainsi les choses s’accomplissent, ainsi la vie se révèle, ainsi tout se dit : Marie est là, Marie est présente, mais ce n’est pas que Marie, c’est Marie mère de Dieu et mère de l’Église, et c’est l’Église qui porte le Christ souffrant, pour porter toute souffrance. (J.-M. N.)
15,1–15 PARALITURGIE Chemin de croix : première station
Il est devant Pilate, mais il a le dos tourné à Pilate. Car la sentence vient d’être prononcée. Pilate, qui est représenté non pas en ecclésiastique comme on pourrait le croire, mais comme un juge. Un juge qui est aveugle : ce qu’il porte sur les yeux n’est pas le signe du bandeau de la justice dans son impartialité, il est vraiment aveugle, il a une canne blanche. Et l’actualité de l’événement du Christ est associée à l’actualité des hommes qui cherchent, à travers celui qui a entre ses mains un micro et qui regarde le Christ s’en aller vers la Passion, mis en scène, sous les projecteurs, sous les perches des micros, l’actualité de ceux qui cherchent la vérité. Mais « qu’est-ce que la vérité ? ». Face à la question de Pilate, la représentation met en scène des hommes et des femmes. Au plan stylistique, vous verrez : des visages ressemblent à des têtes inspirées du folklore populaire polonais, de ces têtes d’argile, de ces marionnettes polonaises. Mais prenons conscience qu’à côté de cette canne, il y a un homme à genoux et une jeune fille. Entre le Christ et cet homme dont le cierge est éteint, il y a cet agneau pascal qui est couché, et des femmes : une femme qui médite devant ce qu’elle vend, simplement deux écuelles de soupe ; et sous les projecteurs de l’actualité, le Christ s’en va, les yeux fermés, car la vérité ne saurait se dire, la vérité réellement va s’éprouver dans le don de cet homme-Dieu. (J.-M. N.)
14,9 évangile Vocabulaire Mc 15,13b ; Genres littéraires Mc 15,13b ; →Le genre littéraire « évangile »
Jésus semble s’extraire lui-même de son statut de personnage dans le récit pour décrire la destinée du récit comme s’il y était extérieur. Dans son contexte immédiat, la « bonne nouvelle » en question est le témoignage favorable que Jésus rend à cette femme. Mais c’est aussi l’annonce messianique concernant Jésus, qui inclura le récit de sa passion, et finalement l’évangile que le lecteur a dans les mains.
Cet évangile est destiné à être proclamé partout (cf. Mt 24,14 « Cette bonne nouvelle [ou "évangile"] du royaume sera proclamée dans le monde entier »), jusqu’au lieu où je me trouve au moment où je lis ou entends cette parole performative, vérifiée à chaque fois qu’elle est lue ou entendue. Procédés littéraires Mt 28,16–20
Sur ce trompe-l'œil ironique, où la peinture semble sortir de son cadre pour échapper à la critique, c'est aussi le (modèle du) peintre qui sort du cadre de la « fiction » artistique pour rejoindre la réalité de celui qui regarde. Les emplois du mot euaggelion dans les évangiles, dans la mesure où ils s'irisent de connotations métalittéraires et peuvent désigner le livre même qu'on est en train de lire, relèvent de ce « glissement » (lepsis) d'un niveau encadré à un niveau encadrant (meta) : le personnage qui les emploie est à la fois dedans et dehors.