Un projet du Programme de Recherches La Bible en ses traditions AISBL
Dirigé par l’École Biblique et Archéologique Française de Jérusalem
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4 Il n’en est pas ainsi des impies
ils sont comme la paille que le vent emporte.
4 ...
4 Ils ne seront pas comme ça, les impies ÷pas comme ça:
mais comme la poussière que projette le vent ÷à la face de la terre:
5 Ainsi
SCar ceci : les méchants ne se relèveront pas au jugement
ni les pécheurs au rassemblement
Sà l'assemblée des justes
5 C’est pourquoi les impies ne se relèveront pas au jugement
ni les pécheurs au conseil des justes
5 ainsi les impies ne ressusciteront pas au jugement
ni les pécheurs au conseil des justes
6 car YHWH connaît
Vpuisque le Seigneur a reconnu la voie des justes
et le chemin pécheurs mène à la ruine.
Vla route des impies s'en est allée.
6 ...
4 V—IUXTA HEBR.
Il n’en est pas ainsi des impies | ils sont comme la poussière que le vent emporte.
1–6 L'homme juste et l'arbre. L'homme juste est comparé à un arbre dans ce psaume. Cette comparaison a été diversement interprétée dans les arts visuels.
Le chêne suffit ici à traduire la vertu du roi Louis IX : le corps du monarque prolonge visuellement le tronc de l'arbre. Le peintre souligne ainsi la vertu affermie du roi, gage d'une justice droite.
L'homme juste a aussi été représenté sous la forme d'un arbre : le comparé et le comparant ne forment plus qu'un !
Le peintre Roberto Mc 8,24 et le rapprochement ne lui a pas échappé, pour un résultat saisissant :
a lu« Heureux l’Homme qui ne marche pas selon le conseil des méchants... il est comme un arbre planté à la rupture des eaux ». Ps 1 « J’aperçois les hommes, mais j’en vois comme des arbres et qui marchent » (Mc 8,24)
4 ÷pas comme ça: + « ÷à la face de la terre: » Bible latine : obèles (et astérisques) On appelle « obèle » le petit signe ÷ . Il a une grande importance dans l'histoire de la constitution et de la transmission des bibles que nous lisons aujourd'hui. En transmettant la bible latine (→Recensions), en effet, →Origène ou saint Jérôme ne voulurent pas livrer un texte prêt-à-lire. Ils choisirent de montrer les « coutures » de la Bible en cours d'élaboration, pour inviter les lecteurs à accueillir le texte sacré dans toute son effervescente interactivité.
Outre la division même du texte en →cola et commata et les →titres et didascalies qu’il interpole dans certains livres, Jérôme souligne cette effervescence du texte biblique d'une version à l'autre, par des signes typographiques devenus fameux : les « astérisques » et « obèles ».
Dans l’érudition alexandrine, ces signes furent d'abord utilisés pour l'édition critique des textes grecs. Ils revêtirent ensuite des formes et des fonctions diverses dans les papyri littéraires grecs et latins en Égypte, aux époques romaine et byzantine.
L’astérisque est l’un des sept signes critiques utilisés par
(ca 216-145) pour éditer Homère. Placé dans la marge, il signale un vers authentique incorrectement inséré ailleurs dans l’œuvre d’Homère. Les astérisques de ce papyrus illustrent cet usage : les vers 490-493 du chant z de l’Iliade y apparaisent placés à tort dans les chants α et θ de l’Odyssée. Sur le papyrus, manque le quatrième astérisque (pour Z 493).Quand il embrasse l'idéal d'une veritas hebraica à partir de 390, Jérôme s’inspire d’Origène :
Origène lui-même s’en expliquait ainsi :
Pour Jérôme comme pour Origène, ces signes sont d’abord les instruments de la recherche d'une plus grande proximité avec le texte hébraïque dont ils disposent :
L' astérisque ※ signale un passage oublié par la version grecque courante, mais qui existe dans l’hébreu et les autres versions.
L'obèle ÷ signale un passage ajouté dans la version grecque, mais qui n’apparaît pas dans l'hébreu.
Quand c’est un verset, un colon ou un comma entiers qui sont concernés, l’astérisque ou l’obèle est simplement placé au début de la ligne ; lorsque le manque ou l’ajout concerne seulement un mot ou un groupe de mots, Jérôme marque la fin de ce groupe par les deux points : « : ». Cela peut prêter à confusion en langue française, où ce signe de ponctuation existe déjà — mais l'usage des deux points est suffisamment polysémique pour qu’on puisse lui ajouter aussi cette fonction, ont déterminé les auteurs de la présente traduction.
Jérôme lui-même explique le système dans sa préface à sa révision du Psautier de la Septante :
Vers 386-389, saint Jérôme recommande à ses chères Paula et Eustochion, grandes matrones romaines devenues ses disciples, d’y être particulièrement attentives dans les livres de Salomon qu’il vient de restaurer :
On a le droit de ne pas trouver ce système très facile à comprendre. Le grand saint Augustin lui-même s’est attiré des sarcasmes de saint Jérôme à cause de ses questions « idiotes » à ce sujet. Le moine de Bethléem reproche à l’évêque d’Hippone, qui ne l’encourageait pas suffisamment dans son travail, de … « sembler ne pas comprendre sa propre question » :
Des millions d’amateurs de bande dessine connaissent ces mots par les célébrissimes héros de Goscinny. Remplacez la terminaison –isque par –ix, en hommage rimé au chef gaulois Vercingétorix, et vous obtenez « Astérix » ; faites opération semblable avec l’obèle et vous obtenez « Obélix ».
Quand on prend l’hébreu comme point de référence, dans la version grecque l’astérisque signale un moins, et l’obèle un plus. On comprend donc que leurs noms, « gallicisés », désignent respectivement un petit et un grand (non, on ne dit pas gros !) personnages.
« Obélix » vient d’abord de cet obélisque typographique, mais cela n’empêche pas de remarquer que l'imposant monument égyptien qu’on appelle obélisque aussi (il y en a un place de la Concorde), ainsi que le menhir, son avatar gaulois dont Obélix fait justement commerce, conviennent à la carrure du Gaulois roux !
Loin d’être une coïncidence, le choix de ces noms constituerait un hommage à la mémoire du grand-père de Goscinny, imprimeur-typographe. Tout comme les deux amis Astérix et Obélix, l’astérisque et l’obèle sont étroitement liés par leur usage jusqu’à aujourd’hui :
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Pour aller plus loin : Gabriel Nocchi
et Maria Chiara (dir.), Signes dans les textes, textes sur les signes, « Papyrologica Leodiensia 6 », Liège : Presses universitaires de Liège, 2017 — Frederick , Origenis Hexaplorum, Oxford : Clarendon Press, 1875, t.1, LXI-LXIII — Robert , Introduction à l'étude des manuscrits grecs, Paris : Klincksieck, 1954, 73-75.