La Bible en ses Traditions

Psaumes 123,2–4

M
G S
V

Oui, comme les yeux des serviteurs vers la main de leurs maîtres

comme les yeux de la servante vers la main de sa maîtresse

ainsi nos yeux vers YHWH, notre Dieu

jusqu’à ce qu’il ait pitié de nous.

...

(Voici : comme les yeux des serviteurs vers les mains de leurs maîtres

comme les yeux de la servante vers les mains de sa maîtresse

ainsi nos yeux vers le Seigneur notre Dieu 

jusqu’à ce qu’il ait pitié de nous)

Aie pitié de nous, YHWH, aie pitié de nous

car nous n’avons été que trop rassasiés d’opprobres.

...

aie pitié de nous Seigneur aie pitié de nous

trop c'est trop ! nous sommes saturés de mépris

3 En butte au mépris Ne 3,36 ; Ps 44,14s

Notre âme n’a été que trop rassasiée de la moquerie des satisfaits

du mépris des orgueilleux.

...

trop c'est trop ! notre âme est saturée

opprobre pour les gavés et mépris pour les superbes.

4 Mépris des satisfaits Jb 12,5 ; Ps 119,51

Réception

Liturgie

3 LITURGIE JUIVE (rite séphardi) Ce verset est cité dans la prière de Abinou Malquenou qui fait partie des rogations des prières du matin et de l'après-midi des jours ouvrés.

1–4 LITURGIE JUIVE (rite séphardi) Ce psaume est chanté dans les Zemirot du samedi matin et des fêtes.

Texte

Vocabulaire

2 Voyez Le terme latin est Ecce = Voici, voilà. Il peut se traduire aussi par Vois ou voyez (cf. Blaise)

Réception

Arts visuels

1–4 Comme la servante devant son Seigneur : Marie-Madeleine

14e s.

Duccio di Buoninsegna (1255-1319), Le Christ apparaît à Marie-Madeleine, (tempera sur bois, 1308-1311), 51 x 57 cm

Museo dell'Opera metropolitana del Duomo, Sienne, Domaine public, GNU-FDL © Wikimedia commons→, Jn 20

Liturgie

1ss Comme les yeux des serviteurs - Introït

« Sicut oculi »

Traditionnel, Introït - Sicut oculi

Chœur des moines de l’abbaye Sainte-Madeleine du Barroux

© Abbaye du Barroux→, Ps 123,1ss

Musique

2 ; 148,1–4 ; 51,19 ; 69,8ss Ignatius Cantata

21e s.

Kris Oelbrandt, OCSO (1972-), Ignatius Cantata op.34, 2014

Joris Derder (bariton), Nico Couck (guitare), I Solisti del Vento (ensemble)→, Musa Horti (choeur)

 © Kris Oelbrandt→, Ps 123,2.148,1-4.51,19.69,8-10 Lc 1,38.9,57-61.2,48s Jn 6,68.21,15ss Ph 2,6-11

Composition

Cette cantate est une synthèse musicale des exercices spirituels d'Ignace de Loyola. Les mouvements I, II, III et IV parcourent les quatre phases des exercices: émerveillement sur la création, suivre le Christ, s'adonner à la croix, ressusciter avec Lui. Ces quatre idées centrales sont explicitées par des citations des exercices (chantées en Sprechstimme par le bariton), qui sont commentés par des versets bibliques illustratifs, chantés par le chœur. Le premier mouvement est précédé par un prologue (la fameuse prière de Thérèse d'Avila), le dernier est suivi par un épilogue qui donne une dernière synthèse.

  • Mouvement I (00:00 - 12:55):

Dans le premier mouvement, le retraitant s'apprête pour l'émerveillement en se rendant compte de sa propre humilité et de la grandeur de Dieu. Le psaume 123, notamment par l'image de la servante qui regarde la main de sa maîtresse, décrit cette idée. Voir aussi Ps 51,19.

Au milieu de la première phase des exercices, le retraitant éclate en émerveillement et joie sur la création. La musique monte pas à pas, le chœur monte dans des progressions harmoniques qui ouvrent chaque fois un nouveau monde (un nouvel élément énuméré dans le psaume 148), le bariton parle à travers en énumérant plus ou moins les mêmes éléments comme ils apparaissent dans le texte ignacien.

Retour vers la conscience de sa propre humilité. Le verset du psaume 51 (l'offre de mon cœur broyé) rappelle le psaume 123. La mélodie reprend celle du ps 123 en mouvement miroir rétrograde.

  • Mouvement II (12:55 - 23:00):

La deuxième phase des exercices ignaciennes se concentre sur la volonté de suivre le Christ. Ce concept est illustré musicalement par un basson seul qui joue une mélodie légère, sautante, quasi improvisée, en croches constantes - décrivant quelqu'un qui se met en route. Sur cette mélodie apparaissent de courts fragments avec des citations bibliques sur ce thème. La première expression de la volonté de suivre le Christ, chantée en forme de chorale, est celle de l'Annonciation, où Marie se confie à la promesse de l'ange Gabriel. Voir aussi Lc 9,57-61 et Jn 6,68.

La deuxième expression de la volonté de suivre le Christ est la promesse - pourtant conditionnelle - de divers gens de suivre le Christ. Celui-ci répond en Espagnol (rappellant les exercices ignaciennes) "Sigue me", "Suis-moi". Voir aussi Lc 1,38 et Jn 6,68.

La troisième expression de la volonté de suivre le Christ, citation de l'évangile selon St Jean, est mise de nouveau (comme la première, Lc 1,38) en forme de chorale. Voir aussi Lc 1,38 et Lc 9,57-61.

  • Mouvement III (23:00 - 30:40)

Dans la troisième phase des exercices ignaciennes, le retraitant réalise que la croix est inévitable en suivant le Christ. Après la citation de la phrase centrale des exercices par le bariton, le début du prologue revient, maintenant joué par la guitare. De cette manière l'auditeur se souvient de la prière de Thérèse d'Avila: "Je suis à vous". La tête de la mélodie de la prière est maintenant jouée par les instruments à vent et tenue longue en point d'orgue. Les versets du psaume 68 (69) sont superposés sur ce tapis harmonique, mêlant ainsi la notion de l'abandon et la notion de la croix. Le bariton chante régulièrement, comme troisième couche, "Sigue me", "Suis-moi", ce qui rappelle le deuxième mouvement, notamment Lc 9,57-61.

La conviction que le Christ ressuscité est apparu tout d'abord à Marie, sa mère, est typiquement jésuite. L'histoire du jeune Jésus qui est retrouvé après trois jours dans le temple, peut être vu comme une justification biblique de ce passage des exercices ignaciens. Deux motifs musicaux sont repris et superposés: la mélodie continue du basson (voir la deuxième phase dans Lc 1,38, Lc 9,57-61 et Jn 6,68) - maintenant jouée par le hautbois - et le chant de l'humble servante (voir ps 123, 2). L'humble servante est comparée à Marie qui s'écrie en retrouvant Jésus.

  • Mouvement IV (30:40 - 36:49)

La quatrième et dernière phase des exercices conclut par une réconciliation: le retraitant se réconcilie avec Jésus et ses émotions ou conflits intérieurs en déclarant son amour pour le Christ ressuscité, illustré par Jn 21,15-17. La mélodie du prologue, où le chœur chantait la prière de Thérèse d'Avila, notamment "Que mandais hacer de mi?" ("Que veux-tu que je fasse?"), sonne maintenant dans les instruments à vent comme une formule répétée pp. C'est sur cette couche que les confessions de Pierre à Jésus sont chantées, en alternance entre ténors (Jésus) et le reste du chœur.

Partitions→

121,1–8 ; 123,1–4 J'ai levé les yeux

16e s.

Giovanni Pierluigi da Palestrina (1525-1594), Ad Te Levavi Oculos Meos, 1587

Sistine Chapel Choir, Massimo Palombella (dir.)

© Licence YouTube Standard→, Ps 121,1-8.123,1-4

Composition

Giovanni Pierluigi da Palestrina est un compositeur italien de la Renaissance, reconnu et immensément admiré par tous les musiciens de son temps. Il a su appliquer les réformes du Concile de Trente à la musique sacrée voulant obtenir l'intelligibilité des paroles et une musique en rapport intime avec le texte sacré.

Comparaison des versions

2 V—juxta Hebr.  (Voici : comme les yeux des serviteurs vers la main de leurs maîtres | comme les yeux de la servante vers la main de sa maîtresse | ainsi nos yeux vers le Seigneur notre Dieu jusqu’à ce qu’il ait pitié de nous)

3 V—juxta Hebr.

  • Aie pitié de nous, Seigneur, aie pitié de nous car nous n’avons été que trop rassasiés de mépris.

4 V—juxta Hebr.

  • Notre âme n’a été que trop rassasiée de la moquerie des satisfaits et du mépris des orgueilleux.