Un projet du Programme de Recherches La Bible en ses traditions AISBL
Dirigé par l’École Biblique et Archéologique Française de Jérusalem
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1 Au douzième mois, c'est-à-dire le mois d’Adar,
le treizième jour, où l’ordre du roi et son édit allaient être exécutés,
jour où les ennemis des Juifs avaient espéré triompher d'eux,
la situation s'inversa,
car les Juifs triomphèrent de ceux qui les haïssaient.
1 Car au douzième mois, le treizième [jour] du mois, qui est [le mois d']Adar, on présenta la lettre écrite par le roi.
1 Anisi le douxième mois qu'on appelle adar, nous l'avons déjà dit,
le treizième jour, alors que se préparait le meutre de tous les Juifs,
et que leurs ennemis étaient avides de sang,
les Juifs, au contraire, commencèrent à être plus forts,
et à triompher de leurs adversaires.
2 Les Juifs se rassemblèrent dans leurs villes et dans toutes les provinces du roi Assuérus,
pour porter la main sur ceux qui cherchaient leur malheur,
et personne ne tint devant eux, car la crainte [des Juifs] était tombée sur eux.
2 En ce même jour périrent les adversaires des Juifs ; car personne ne s'opposa par crainte d'eux.
2 Ils se rassemblèrent dans chaque ville, place forte et lieu,
pour porter la main sur leurs ennemis et persécuteurs,
et nul n'osa leur résister, car la crainte de leur grandeur avait pénétré tous les peuples.
3 Tous les princes des provinces, les satrapes, les gouverneurs
et les fonctionnaires du roi assistaient les Juifs,
car la crainte de Morᵉdŏkay était tombée sur eux.
3 En effet, chefs des satrapes, gouverneurs et fonctionnaires royaux honoraient les Juifs ; car la crainte de Mardokhaïos les envahissait.
3 Même les juges des provinces, les chefs et les procurateurs,
toute dignité qui était à la tête de lieux et de charges, élevaient les Juifs,
par crainte de Mardochée.
4 Car Mardochée était grand dans la maison du roi
et sa renommée se répandait dans toutes les provinces,
car cet homme, Mardochée, allait toujours grandissant.
4 Car le décret du roi eut des retombées sur son renom dans tout le royaume.
4 Ils savaient qu'il était prince du palais, et avait beaucoup de pouvoir,
et le bruit de son nom aussi croissait de jour en jour,
et il volait sur toutes les bouches.
5 Les Juifs frappèrent parmi tous leurs ennemis à coups d'épée, [ce fut] un massacre et une destruction,
ils firent selon leur gré à ceux qui les haïssaient.
5
5 Ainsi les Juifs frappèrent leurs ennemis d'un grand coup et les tuèrent,
leur rendant ce qu'ils s'étaient préparés à leur faire,
6 Dans Suse, la capitale, les Juifs tuèrent et exterminèrent cinq cents hommes
6 Et à Suse la ville les Juifs tuèrent cinq cents hommes :
6 au point que même à Suse, ils tuèrent cinq cent hommes,
en plus de dix des fils d'Aman, l'Agagite, l'ennemi des Juifs, dont voici les noms :
7 Met ils tuèrent Parᵉšanᵉdātā'
VPharsandatha, Dalᵉpôn
VDelphon, 'Asᵉpātā'
VPhermestha
7 Pharsannestaïn, Delphôn, Phasga
7 ...
8 Pôrātā'
GPhardatha
VPhorata, 'Ădalᵉyā'
GBarea
VAdalia, 'Ărîdātā'
GSarbakha
VAridatha
8 ...
9 Parᵉmašᵉtā'
GMarmasima
VÉphermesta, 'Ărîsay
GArouphaïos
VArisaï, 'Ăriday
GArsaïos
VAridaï et Wayᵉzātā'
GZabouthaïthan
VVaïzatha
9 ...
10 les dix fils d’Hāmān, fils d’Hamᵉdātā’, adversaire des Juifs. Mais ils ne mirent pas la main sur le butin.
10 les dix fils d'Aman fils d'Amadathos Bougaïos, l'ennemi des Juifs, et les dépouillèrent.
10 et lorsqu'ils les eurent tués, ils ne voulurent pas prendre de butin sur leurs biens.
11 Ce jour-là
VEt aussitôt, le nombre de ceux qui avaient été tués
Gdes trépassés dans Suse, M Vla capitale, vint à la connaissance du
fut livré au
Vfut rapporté au roi.
11 ...
12 Et le roi dit à la reine Esther : — Dans Suse, la capitale, les Juifs ont tué et exterminé cinq cents hommes
et les dix fils d’Aman,
et dans le reste des provinces du roi, qu'ont-ils dû faire !
Quel est ton souhait ? Il te sera accordé. Quelle est encore ta demande ? Elle sera accomplie.
12 Et le roi s'adressa à Esther : — Les Juifs ont fait périr dans Suse la ville cinq cents hommes ; à la périphérie comment penses-tu en user ? Que donc requerrais-tu encore et qu'en sera-t-il pour toi ?
12 Et celui-ci dit à la reine : — Dans la ville de Suse, les Juifs ont tué cinq cent hommes
outre les dix fils d'Aman.
Quelle grandeur penses-tu qu'atteigne leur massacre, dans toutes les provinces ?
Que demandes-tu encore, et que veux-tu que j'ordonne de faire ?
13 Esther répondit :
— Si le roi le trouve bon, qu’il soit accordé aux Juifs qui sont à Suse de faire encore demain selon le décret d’aujourd’hui,
et les dix fils d'Aman, qu'on les pende au bois.
13 Et Esther dit au roi : — Que soit accordé aux Juifs d'en user de même demain, de sorte à pendre les dix fils d'Aman.
13 Elle répondit :
— S'il plaît au roi, qu'on donne pouvoir aux Juifs de faire encore demain ce qu'ils ont fait aujourd'hui à Suse,
et qu'on pende au gibet les dix fils d'Aman.
14 Le roi ordonna de faire ainsi :
un décret fut Vaussitôt affiché dans Suse,
et les dix fils d'Aman furent pendus.
14 Et on s'en remit pour qu'il en soit ainsi aux Juifs de la ville et on exposa que les corps des fils d'Aman soient pendus.
14 ...
15 Et les Juifs qui étaient à Suse, se rassemblèrent de nouveau
Vs'étant rassemblés, le quatorzième jour du mois d’Adar,
et tuèrent
Von tua dans Suse trois cents hommes,
mais ils ne mirent pas la main sur le butin
Vleurs biens ne furent pas pillés par eux.
15 Et les Juifs dans Suse se rassemblèrent le quatorzième [jour] d'Adar et tuèrent trois cents hommes et les dépouillèrent.
15 ...
16 Et le reste des Juifs qui [étaient] dans les provinces du roi
Gle royaume s'assemblèrent,
pour tenir debout pour leur vie et [obtenir]
Get ils se portèrent mutuellement secours, et prirent du repos de leurs ennemis,et pour tuer
Gcar ils avaient tué
parmi ceux qui les haïssaient soixante-quinze mille
Gquinze mille d'entre eux au treizième [jour] d'Adar
mais ils ne mirent pas leur main au pillage
Gn'avaient rien pillé.
16 Mais à travers toutes les provinces qui étaient soumises à la juridiction du roi,
les Juifs se tinrent droits pour défendre leur vie, tandis que leurs ennemis et leurs persécuteurs étaient tués,
dans une quantité telle que soixante-quinze mille morts furent comptés,
sans que nul ne touchât rien de leurs biens.
16 Et le reste des Juifs, qui [étaient] dans les provinces du roi, s'assemblèrent pour tenir debout pour leur vie et [obtenir] du repos de leurs ennemis, et pour tuer parmi ceux qui les haïssaient soixante-quinze mille [hommes], mais ils ne mirent pas leurs mains au pillage.
17 [Cela se passa] le treizième jour du mois d’Adar,
et le quatorzième [jour] du mois
ils se reposèrent,
et ils en firent un jour de festin et de joie.
17 Et ils reposèrent le quatorzième [jour] du même mois, et ils passaient ce jour de repos avec joie et allégresse.
17 Le treizième jour du mois d'adar
fut pour tous le premier de l'extermination,
et le quatorzième jour ils cessèrent le massacre.
Ils en firent une fête solennelle,
en sorte qu'ils passaient tout ce temps, ensuite, en festins, joie et banquets.
18 Et les Juifs qui étaient à Suse, se rassemblèrent
le treizième et le quatorzième jour,
se reposèrent le quinzième,
et ils en firent un jour de festin et de joie.
18 Quant aux Juifs dans Suse la ville, il se rassemblèrent le quatorzième [jour] aussi et ne se reposèrent pas ; ils passèrent le quinzième avec joie et allégresse.
18 Et ceux qui avaient perpétré le massacre dans la ville de Suse
s'appliquèrent au massacre le treizième et le quatorzième jours de ce même mois,
mais le quinzième jour, ils cessèrent de frapper,
et ils firent de ce même jour un jour sacré, de festins et de joie.
19 C’est pourquoi les Juifs de la campagne, qui habitent des villes ouvertes,
font du quatorzième jour du mois d’Adar [un jour] de joie, de festin et un jour de fête,
et s'envoient des portions les uns aux autres.
19 Pour cela donc les Juifs dispersés dans tout le territoire à l'extérieur, passent un heureux quatorzième jour d'Adar avec allégresse à envoyer chacun des portions au voisin, alors que les habitants des grandes villes passent aussi un heureux quinzième jour d'Adar à envoyer des portions aux voisins.
19 Mais les Juifs qui demeuraient dans des villages sans remparts et dans des maisons à la campagne
fixèrent le quatorzième jour du mois d'adar comme jour de banquets et de joie,
si bien qu'ils exultent en ce jour et s'envoient les uns aux autres des parts de festin et de nourriture.
20 Et ainsi, Morᵉdŏkay
VMardochée écrivit Vtout cela, et il envoya des lettres
Vaprès en avoir fait une lettre, il l'envoya à tous les Juifs
qui étaient
Vdemeuraient dans toutes les provinces du roi Assuérus
Vroi,
à ceux qui étaient près et
Vcomme à ceux qui étaient loin
20 Mardokhaïos écrivit ces paroles sur un livre pour l'expédier aux Juifs, tous ceux qui étaient dans le royaume d'Artaxerxès, à ceux près et à ceux loin,
20 ...
21 afin de leur prescrire de célébrer le quatorzième jour du mois d'Adar et le quinzième jour,
d'année en année,
21 qu'ils ont établis ces jours comme joyeux et qu'ils passent le quatorzième et le quinzième [jour] d'Adar
21 afin qu'ils se donnent le quatorzième et le quinzième jours du mois d'adar pour fêtes,
et qu'à chaque nouvelle année, ils les célèbrent par des honneurs solennels,
22 comme étant les jours où les Juifs avaient obtenu du repos de leurs ennemis
et le mois où s'étaient changés pour eux la tristesse en joie, et le deuil en jour de fête,
et de faire de ces jours, des jours de festin et de joie,
où l'on s’envoie des portions les uns aux autres
et où [l’on distribue des dons] aux pauvres.
22 car en ces jours les Juifs avaient pris du repos de leurs ennemis, et le mois (qui était [le mois d']Adar), durant lequel ils étaient passés de l'affliction à la joie, d'un jour de chagrin à un jour de joie, de passer tout entier des jours heureux de noces et d'allégresse à envoyer des portions aux amis et aux mendiants.
22 parce qu'en ces jours-mêmes, les Juifs se vengèrent de leurs ennemis,
que le deuil et la tristesse se sont changés en gaieté et en réjouissance,
pour que ceux-ci fussent des jours de festin et de joie,
et qu'ils s'envoyassent les uns aux autres des parts des nourritures, et que de petits présents fussent donnés aux pauvres.
23 Les Juifs confirmèrent [pour usage]
Vse donnèrent en rite solennel
Vtout ce qu’ils avaient déjà
Ven ce temps commencé de faire,
et ce que Mardochée leur avait écrit
Vavait commandé de faire dans ses lettres.
23 Et les Juifs en firent bon accueil, selon ce que leur avait écrit Mardokhaïos,
23 ...
24 Car Hāmān, fils d’Hamᵉdātā’, l'Agagite, adversaire de tous les Juifs,
avait tramé contre les Juifs de les exterminer,
et il avait jeté le pur, c’est-à-dire le sort, afin de les faire périr et de les exterminer.
24 comme Aman, fils d'Amadathos, le Macédonien, les avait combattu, lorsque qu'il avait pris une décision et fait un tirage au sort pour les faire disparaître,
24 Car Aman, fils d'Amadath, de la souche d'Agag, ennemi et adversaire des Juifs,
avait médité le mal contre eux pour les tuer et les détruire,
et il avait jeté phur, que l'on traduit dans notre langue par sort.
25 Quand [Esther] vint devant
VPuis Esther entra chez le roi,
il ordonna par lettre
V suppliant que ses entreprises soient empêchées par les lettres du roi,
que son dessein méchant,
Vet que le mal qu'il avait médité contre les Juifs, revînt
V revienne sur sa tête.
Et
VEt enfin, ils le pendirent à un bois
Vl'attachèrent sur une croix lui et ses fils.
25 Et comme il était entré devant le roi
en disant de pendre Mardokhaïos ; les si grands maux qu'il avait envisagé entreprendre contre les Juifs furent sur lui
et lui fut pendu ainsi que ses enfants.
25 Et quand Esther entra devant le roi, l'[ordre] écrit/le scribe dit : — Que les desseins mauvais retournent sur la tête de [celui] qui a eu ces desseins contre les Juifs. Et ils le pendirent, lui et ses fils, sur des arbres/poteaux.
26 C’est pourquoi on appela ces jours Pourim, du nom de pur.
C'est pourquoi, à cause de toutes les paroles de cette lettre
de ce qu'ils avaient vu, et à cause de ce qui leur était arrivé,
26 Pour cela ces jours furent appelés Phrourai à cause des sorts, parce que dans leur langue on les appelle Phrourai, à cause de toutes les paroles de cette lettre, de tout ce qu'ils ont subi à cause de cela, et de tout ce qui leur est arrivé.
26 Et depuis ce temps-là, ces jours sont appelés Purim, c'est-à-dire, jours des Sorts
parce que le phur, c'est-à-dire le sort, avait été jeté dans l'urne
et tout ce qui s'est passé est conservé dans le rouleau d'une lettre, c'est-à-dire de ce livre.
27 les Juifs se prescrivirent
et acceptèrent pour eux, pour leurs descendants et pour tous ceux qui se joindraient à eux,
de ne pas négliger de célébrer ces deux jours,
selon [ce qui est] écrit et le temps [fixé]
d'année en année.
27 Et les Juifs l'établirent et le reçurent pour eux, pour leur semence et pour ceux qui se joindraient à eux, et n'en usent pas autrement ; les jours [sont] une commémoration imposée de génération en génération, et pour chaque ville, patrie et province.
27 Ils l'acceptèrent, et cela devint ensuite immuable.
Les Juifs se prescrivirent, pour eux et pour leur semence,
et pour tous ceux qui voudraient s'attacher à leur religion
de ne permettre à personne de passer ces deux jours sans la fête solennelle
que l'écriture atteste, et que demandent les temps fixés,
dans les années qui se suivent à l'infini.
28 Et ces jours seraient commémorés et célébrés,
de génération en génération, dans chaque famille, dans chaque province
et dans chaque ville, et ces jours des Pourim ne seraient jamais négligés au milieu des Juifs
ni leur mémoire effacée dans leur postérité.
28 Ces jours de Phrourai sont célébrés de tout temps, et leur commémoration ne saurait être délaissée des générations
28 Ce sont là des jours que nul oubli ne détruira,
et que dans les générations successives célébreront toutes les provinces, sur toute la terre,
et il n'y a pas une seule ville où les jours des Purim, c'est-à-dire des Sorts, ne soient pas observés des Juifs
et de leur descendance, qui est liée par ces rites.
29 Et la reine Esther, fille d'Ăbîḥaîl
VAbiaïl, et le juif Morᵉdŏkay
VMardochée écrivirent Vencore une seconde missive
en toute puissance, pour confirmer une seconde fois cette lettre sur les Pourim
Vpour qu'avec un entier dévouement, ce jour soit, à l'avenir, consacré par des fêtes solennelles.
29 Et Esther la reine, fille d'Aminadab, et Mardokhaïos le Juif écrivirent tout ce qu'ils avaient fait et la confirmation de la lettre des Phrourai
29 ...
30 On envoya des lettres
VIls l'envoyèrent à tous les JuifsV qui vivaient dans les cent vingt-sept provinces du royaume d’Assuérus,
Vroi Assuérus,
paroles de paix et de loyauté,
Vpour qu'ils aient la paix et reçoivent la vérité
30 Ø
30 ...
31 pour prescrire ces jours des Pourim aux temps fixés,
comme les avaient prescrits pour eux le juif Mardochée et la reine Esther,
et comme ils les avaient prescrits pour eux-mêmes et pour leurs descendants
à l'occasion des jeûnes et de leurs lamentations.
31 Mardokhaïos et Esther l'avaient établis pour eux et pour les leurs, ayant établi aussi alors leur volonté sur leur jeûne ;
31 en observant les jours des Sorts, et pour qu'ils les célèbrent avec joie, en leur temps,
comme l'avaient établi Mardochée et Esther,
et comme ils leur avaient prescrit, à eux et à leur semence,
d'observer les jeûnes, les cris, et les jours des Sorts,
32 Et l’ordre d’Esther prescrivit cette institution des Pourim, et cela fut écrit dans le livre.
32 et Esther l'établit en parole pour l'éternité, et l'écrivit en souvenir.
32 et tout ce qui est contenu dans l'histoire du livre qui est appelé Esther.
20ss Mordechaï écrivit ces paroles sur un livre. L'institution de la fête de Pourim, ne figurant pas dans la Tora de Moïse. La fête de Pourim (en hébreu pûrîm) est aussi appelée « fête des sorts ».
On fait mémoire du sauvetage in extremis des Juifs de Perse du massacre décrété par Aman, grand vizir du roi Assuérus. On identifie ce dernier avec le roi Xerxès (486 à 465 av. notre ère) mais aucune autre source ne vient corroborer les événements rapportés dans le récit biblique.
Le style du livre d’Esther est plus proche du conte que du récit historique.
L’institution de la fête de Pourim est rapportée seulement dans le traité talmudique Meguila. Les rabbins insistent sur l’importance du rouleau d’Esther auquel ils accordent une autorité pratiquement semblable à celle de la Tora de Moïse. Le fait est cependant que Mardochée « écrivit ces choses » (Est 9,20) comme Moïse, puis décréta la fête de Pourim. Comment recevoir le décret de Mordechaï et le concilier avec Dt 4,2, qui interdit de rajouter quoi que ce soit à la Loi de Moïse ? Voici un passage illustrant le contexte de la discussion sur la légitimité, et donc la canonicité, du livre d’Esther :
On finit par considérer Esther et Mardochée comme (plus que) des prophètes :
La fête de Pourim est célébrée les 14 et/ou 15 du mois d'Adar (février ou mars).
Dans les villes de rempart, comme Jérusalem, la fête a lieu le 15 Adar, sous le nom de « Shoushan Pourim », c'est-à-dire le « Pourim de Suse », selon les événements relatés en Est 9,13-18 : le roi Assuérus avait accordé sa protection aux Juifs pendant un jour supplémentaire, lors des combats qui eurent lieu à Suse entre les partisans d’Aman et les Juifs. C'est donc en mémoire des combats de Suse que l'on célèbre la fête un jour plus tard dans les villes fortifiées.
Pendant les années embolismiques (comportant deux mois de Adar), Pourim est fêté le second mois de Adar (Adar sheni) de manière à tomber un mois précisément avant la Pâque (Pessah). Ces années-là, le 13 du premier mois de Adar est appelé « Pourim qatan », soit le « petit Pourim ». On doit s’abstenir de jeûner ce jour-là, tandis que la veille de la fête, on observe un jeûne en souvenir du jeûne d’Esther (Est 4,16).
Selon l’incipit choisi pour la proclamation, l’accent est placé sur l’un ou l’autre des protagonistes ou des événements. Les alternatives sont consignées dans le traité Meguila du Talmud de Babylone :
La pratique la plus importante de la fête est la lecture du rouleau d’Esther aux deux offices de la veille au soir et du matin.
La méguila d’Esther doit être écrite sur un rouleau de parchemin selon les mêmes règles scrupuleuses qu’un Sefer Tora, et lue avec la psalmodie traditionnelle. Chaque mot doit être entendu distinctement. On prononce une prière particulière avant et après la lecture.
Pendant la lecture, l’assemblée et les officiants sont déguisés. Chaque fois que le nom d’« Aman » est prononcé, on agite des crécelles, ou l'on frappe des mains pour « effacer la mémoire d’Amaleq » selon l’injonction de Dt 25,19. Aman est en effet un descendant d’Agag l’Amalécite (Est 3,1 ; 1S 15,8). Mardochée est benjaminite, fils de Qich (Est 2,5) comme le roi Saül.
L’institution des trois autres commandements trouve sa source dans le texte même de la Meguila. Il s’agit :
La tradition veut que l'on mange des « oreilles d'Aman » (Hamantashen).
La fête de Pourim est comparée à celle du don de la Tora (Shavouoth, Pentecôte) :
Cette insistance des rabbins est due en partie au fait que le nom de Dieu n’apparaît pas dans le livre d’Esther :
Bien que le nom d’« Esther » soit d’origine perse (« Astar » ou « Astarée »), les rabbins voient dans son nom une allusion au verbe « aster » qui veut dire « voiler », « occulter ». Le thème du ester panim, voilement de la face de Dieu, est classique dans la cabale.
Enfin, Pourim, comme le jour de Kippour, a acquis une dimension messianique, avec l’idée que dans le monde à venir seules ces deux fêtes continueront à être célébrées :
Le philosophe Maïmonide souligne aussi cette importance de la fête :
Outre des œuvres célèbres comme
la fête de Pourim a fait naître un genre littéraire. De nombreuses œuvres (notamment des pièces de théâtre) rapportent les événements du livre d’Esther et sont fréquemment mises en scène pendant la fête. Depuis le 16e siècle, les communautés ashkénazes désignent ces compositions sous le nom de « Pourim-Shpil » ;
Paroles en français : Levez-vous pour cette histoire si grandiose – Shushan est l'endroit où tout a commencé – Le miracle caché – Un homme, commandant en second – Tuer tous les Juifs était son plan diabolique – Un plan si misérable – Il a choisi une date pour le désastre – Ce qui s'est passé après est ironique – Il ne savait pas qu'une fille nommée Esther – Le retournerait – Alors levez votre verre si vous voyez le sens caché, il est juste devant vous – Nous ne serons jamais rien d'autre que fiers de raconter l'histoire – v'nahafoch hu [C'était à l'envers] – Ne viendrez-vous pas et venez et levez votre verre – Venez et levez votre verre, venez et levez votre verre – Esther est devenue reine – Parce que Dieu tirait les ficelles dans les coulisses – Elle a porté la couronne royale – Pendant 3 jours, les Juifs ont prié – La reine Esther a risqué sa vie pour sauver la situation – Elle a fait tomber Haman – Les rues étaient remplies de célébrations – Tout le monde a mangé des Hamantashen [oreilles d'Haman] – Jubilation pour la nation – Ken tihiyeh lanu... [Il devrait en être de même pour nous] – Levez votre verre si vous voyez le sens caché, il est juste devant vous – Nous ne serons jamais rien d'autre que fiers de raconter l'histoire – v'nahafoch hu – Ne viendrez-vous pas et venez et levez votre verre – Venez et venez et levez votre verre – Mettez vos costumes – Faites du bruit et noyez Haman – Ne buvez pas comme des imbéciles – Et rappelez-vous et rappelez-vous – Le but de la journée... – Alors levez votre verre si vous voyez Dieu dans des lieux secrets – Il est juste devant vous – Nous ne serons jamais rien d'autre que fiers de raconter notre histoire – v'nahafoch hu (notre trad.)
Paroles en français : Nous ne parlons pas d'Haman – Mais ! – En l'an 12 du roi – Au pouvoir depuis peu, il jette les sorts pour choisir chaque date – (Aucun juif n'est autorisé dans le pays) – Le sort tombe sur Adar, les Juifs proches et lointains : dans le viseur – Est-ce la fin pour la tribu ? (Ha'ir shushan navocha) – Haman dit : « Hé, roi, regarde ici » (Qu'est-ce qu'il lui a dit ?) – « Ils nous désobéissent sans crainte » (Quel misérable criminel !) – Il a le sourire jusqu'aux oreilles (Quel ennemi odieux, il faut le savoir) – Nous ne parlons pas d'Haman – Hé, Haman est vraiment intelligent, malveillant et rusé – Il a dépensé beaucoup d'argent pour mener à bien sa mission – Nous l'associons au son du tirage au sort – La rage au cœur, Mordechai ne veut pas s'incliner – Le jeu d'échecs commence : manipuler la couronne – Le roi est le pion et Haman mène la danse – C'est Haman qui mène la danse ! – Debout à la porte, l'idole autour du cou – Si tu ne te prosternes pas, tu pourrais être le prochain – Il hante vos rêves, son nom vous fait hurler – Nous ne parlons pas d'Haman – Il construit des potences de 50 coudées – Pour ma tête – J'ai déchiré toutes mes chemises et mes robes à ses paroles – Ils ont écrit dans toutes les écritures et dans toutes les langues qu'il voulait nous voir morts – Nous avons regardé la défaite en face à la lecture des édits – Ne parlez pas d'Haman (Pourquoi avons-nous parlé d'Haman ?) – Pas un mot sur Haman (Chaque année, nous parlons d'Haman) — Elle est la nouvelle reine à votre service – Et ils ne peuvent pas savoir qu'elle n'est pas Perse – Elle a des tours, elle a des perchoirs – Elle doit montrer qu'elle connaît sa valeur – Elle ne demande pas si le travail est dur – Elle a une surface calme et infaillible – Les diamants et le platine, les rois les ont (elle les a) – Elle aime ce qu'on lui donne, elle suit les commandements – Mais... – Elle se sent nerveuse – Elle ne sait pas si ses efforts nous sauveront ou s'ils nous feront du mal – Elle se sent nerveuse – Son peuple a besoin d'aide, je ne saurais dire si elle se demande : « Suis-je digne, ai-je mérité cela ? » – Elle se sent nerveuse – Tout ce qu'elle a vécu ne valait-il rien ? Comment peut-elle être utile ? – La loi est insensée – Notre peuple revêt le sac – Et s'habille tout en noir – Elle veut retrouver sa nation ! – Elle est Esther, elle a été choisie, choisie, choisie pour la couronne perse – Esther mais elle va trébucher, trébucher, trébucher si elle ne regarde pas en bas – Elle doit faire face à ses peurs et à ce lourd fardeau – Si elle ne veut pas voir le rideau final de son peuple – Comment décide-t-elle ? Quel coup doit-elle jouer ? Après tout, elle est – Esther avec une poigne, poigne, poigne qui ne passera jamais – Esther et elle s'en tiendra, s'en tiendra, s'en tiendra au plan qu'elle a fait – Elle marchera jusqu'au trône, espérant le sceptre – « Suis-je Hadassah ou suis-je Esther ? » – Elle est là, je sais qu'elle a ce qu'il faut – Pas de fissure, pas de rupture – Pas d'erreur, c'est Esther (notre trad.)
Paroles en français : Ce que je suis sur le point de dire peut paraître insensé – Rayon de soleil, elle est là, tu peux faire une pause – Je suis une montgolfière qui pourrait aller dans l'espace – Avec l'air, comme si je m'en fichais, babe, au passage – Huh – (Car je suis heureux) Tape dans tes mains si tu te sens comme une chambre à ciel ouvert – (Car je suis heureux) Tape dans tes mains si tu sens que le bonheur est la vérité – (Car je suis heureux) Tape dans tes mains si tu sais ce qu'est le bonheur pour toi – (Car je suis heureux) Tape dans tes mains si tu sens que tu en as envie –– Voilà les mauvaises nouvelles, à parler de ci et ça (Ouais) – Eh bien! donne-moi tout ce que tu as, ne retiens rien (Ouais) – Eh bien! Je devrais probablement t'avertir que tout ira bien pour toi (Ouais) – Sauf ton respect, ne perds pas ton temps – Voici pourquoi – Huh, me faire tomber – Rien ne peut me faire tomber – Je suis trop haut pour tomber – J'ai dit : rien ne peut me faire tomber (notre trad.)