La Bible en ses Traditions

Exode 23,1–33

M V
G
S Sam

Tu ne porteras pas de rumeur sans fondement

Vla voix du mensonge

et tu ne prêteras pas la  

Vjoindras pas ta main au méchant pour être témoin de violence

Vpour porter témoignage en faveur d'un méchant.

Tu n'accueilleras pas de rumeur sans fondement

et tu ne te joindras pas à un injuste pour devenir un témoin injuste.

...

Tu ne suivras pas la multitude 

Vfoule pour Vfaire le mal

;

Vet tu  n'interviendras

Vne consentiras pasV, dans un procès, en te rangeant derrière la multitude

Vau jugement du plus grand nombre pour faire dévier [la justice].

Vpour que tu dévies du vrai.

Tu ne seras pas avec le plus grand nombre pour le mal;

tu ne t'ajouteras pas à la multitude pour incliner du côté du plus grand nombre, afin de détourner un jugement.

...

M G V
S Sam

Tu ne favoriseras pas

Vne prendras pas en pitié le

Vun pauvre dans son

G Vun procès.

...

Si tu rencontres le bœuf de ton ennemi ou son âne égaré

Gégarés, tu lui ramèneras

Vramène-le lui

Gtu lui ramèneras et lui rendras

...

Si tu vois l’âne de ton ennemi

M Vcelui qui te hait gisant

Vsuccombant

Gtombé sous sa charge

retiens- toi de l'abandonner

Gtu ne l'éviteras pas

Vtu ne t'en iras pas ;

G Vmais tu lui viendras en aide

Gle relèveras 

Vla soulèveras avec lui.

...

Tu ne Vte détourneras pas

M Gferas pas dévier le droit de ton

Gle droit du

Vdu droit du pauvreM G dans son procès.

...

M G
V
S Sam

Tu te tiendras éloigné d’une cause mensongère

Gde chaque chose injuste

et tu ne feras pas mourir l’innocent et le juste

car je ne justifierai

Get tu ne justifieras pas un impie  

Gpour des cadeaux.

Tu fuiras le mensonge

tu ne feras pas mourir l’innocent et le juste

car j'abhorre l'impie.

...

M G V
S Sam

Tu n’accepteras pas de cadeau,

Gcadeaux,

Vprésents, car le cadeau aveugle les clairvoyants

car le présent aveugle ceux qui ont les yeux ouverts

Gcar les cadeaux aveuglent les clairvoyants

Vqui aveuglent même les prudents

et corrompt

G Vcorrompent les paroles des justes.

Gjustes.

...

Tu

GEt vous n'opprimeras

Gn'opprimerez

Vne molesteras pas l’étranger M Grésident

vousM-mêmes savez

G Vconnaissez Gen effet ce qu'éprouve

G Vl'âme l'étranger

Gde l'étranger

Vdes étrangers

car

Vpuisque vous avez été G Vvous-mêmes étrangers en terre

M Gau pays d’Égypte.

...

10 Pendant six années tu ensemenceras ta terre et tu M Gen récolteras le produit

Vses fruits

Gles produits.

10 ...

11 Mais la septième Vannée, tu la laisseras

M Gferas relâche et tu la feras se reposer

M Get tu la laisseras

afin que se nourrissent

M G les pauvres de ton peuple Gmangeront, 

et M Vque les bêtes des champs

Gsauvagesmangent

Gmangeront Vtout le reste

Gce qui sera resté

ce qui sera laissé.

Tu feras de même

M Gainsi pour la

Gta vigne et M Vpour ton oliveraie.

11 ...

12 Pendant six jours tu travailleras à

Gferas

Vtravailleras tes travaux,mais

V ton travail

le septième jour tu cesseras

G[il y aura] repos

M G, afin que ton bœuf et ton âne se reposent

et Gafin que le fils de ta servante et l’étranger M Grésident reprennent souffle.

Vse rafraîchissent.

12 ...

13 Tout ce que je vous ai dit, vous le garderez

G Vgardez-le

et

G. Et vous ne mentionnerez

Vjugerez pas par le nom d'autres dieux

Vde dieux étrangers 

 et

M G, on ne l'entendra

M Gqu'on ne l'entende pas M G[sortir] de votre bouche.

13 ...

14 Trois fois par an

GA trois moments de l'année tu célébreras

Vvous célébrerez

Gcélébrez une fête

Vdes festivités pour moi.

14 ...

M G V
Sam S

15 Tu garderas

GVeillez à faire la fête des AzymesM G;

pendant sept jours tu mangeras

Gvous mangerez des azymes comme je t’en ai prescrit

M Gcommandé 

au temps

Gmoment du mois d’Abib

Gmois des [produits] nouveaux

Vmois des [fruits] nouveaux où

M G, car c'est en ce mois que tu es sorti d’ÉgypteM G.

et

M GEt on ne paraîtra pas

G Vtu ne paraîtras pas devant ma face

Gmoi les mains vides

Vsans rien,

G V.

15 ...

M G V
S Sam

16 et

G VEt Gtu feras la fête de la moisson, des prémices de tes travaux

Vton travail, de ce que tu auras semé dans le

Gton champM G, 

ainsi que

G Vet M Vaussi la fête de la récolte

Gde l'accomplissement

V au sortir 

Và la fin de l’annéeM G,

quand tu récolteras

Vquand tu recueilleras

Gà la récolte des champs [le fruit de] tes travaux

G[du fruit] de tes travaux issu de  ton champ

Vtous les fruits de ton champ.

16 ...

17 Trois fois par an

GA trois moments de l'année, tous tes mâles

M Gtout mâle de chez toi paraîtront

M Gparaîtra devant le Seigneur YHWH .

Gle Seigneur ton Dieu.

Vle Seigneur Dieu.

17 ...

M V
G
S Sam

18 Tu ne sacrifieras

Vn'immoleras pas avec du pain levé

Vlevain le sang de ma victimeM,

et la graisse de ma fête ne restera pas jusqu’au matin.

18 Car lorsque je chasserai les nations de devant toi et agrandirai tes frontières

tu ne sacrifieras pas avec du levain le sang de ma victime, 

et que la graisse de ma fête ne reste pas jusqu'au matin.

18 ...

M G V
S Sam

19 Tu apporteras les prémices des M Gpremiers fruits de ta terre à la maison de YHWH

Vdu Seigneur ton Dieu

et tu

M G.Tu ne feras pas cuire un chevreau dans le lait de sa mère.

19 ...

20 Voici que moi j’envoie un

G Vmon ange devant toi, pour qu'il te garde

Gdevant ta face, afin qu'il te garde

Vqui te précédera et te gardera en chemin

et

Gpour  te mène

Gqu'il te fasse entrer

Vt'amènera vers le lieu

Vau lieu

Gdans le pays que j’ai

Gje t’ai préparé.

20 ...

M V
G
S Sam

21 Prends garde devant lui

VRespecte-le, écoute sa voix et ne pas parle pas contre lui

Vle méprise pas

car il ne pardonnera pas votre transgression

Vquand vous pécherez

et mon nom est en lui.

21 Sois attentif, écoute-le et ne lui désobéis pas

car il ne reculera pas devant toi

car mon nom est sur lui.

21 ...

22 Mais si tu écoutes Mbien sa voix et Mque tu fais tout ce que je dirai,

Vdis

je serai l’ennemi de tes ennemis

et l’adversaire de tes adversaires.

Vj'accablerai ceux qui t'accablent.

22 Si vous écoutez vraiment ma voix, et si tu fais tout ce que je te commanderai, et si vous gardez mon alliance 

vous serez pour moi un peuple précieux parmi toutes les nations ; car toute la terre est à moi ; 

et vous, vous serez pour moi un royaume de prêtres et une nation sainte.

Tu diras toutes ces paroles aux fils d'Israël :

— Si vous écoutez vraiment ma voix et si tu fais tout ce que je te dirai

je serai l'ennemi de tes ennemis

et l'adversaire de tes adversaires.

22 ...

M G V
S Sam

23 Car mon

G VMon ange marchera devant toi

Gira te conduisant

Vte précédera

et M Gil te mènera chez l'Amorrhéen, l'Héthéen

Vl'Héttéen, le Phérézéen

VFérézien

le Chananéen

VCananéen, Gle Gergéséen, l'Hévéen

Vl’Évéen et le Jébuséen 

, et je les 

Vque j'exterminerai.

23 ...

24 Tu n’adoreras pas

M Gne te prosterneras pas devant  leurs dieux ni ne les serviras;

Vleur rendras un culte 

tu n'agiras pas selon leurs oeuvres

mais tu M Vles détruiras M Gcomplètement et tu briseras Gtotalement leurs statues.

Gstèles.

24 ...

25 Vous servirez YHWH

G Vle Seigneur votre

Gton Dieu

et il bénira

Get je bénirai

Vpour que je bénisse ton pain et ton eau

Gvin et ton eau,

et j’éloignerai

Vque j'éloigne de toi

Gde vous

V la maladie Vdu milieu de toi.

25 ...

26 Il n’y aura pas [de femme] qui avorte ni [de femme] stérile dans ton pays; 

Vni inféconde ni stérile sur ta terre 

Gpas [d'homme] stérile de [femme] inféconde dans ton pays ; 

je remplirai le nombre de tes jours.

26 ...

27 J’enverrai ma terreur devant toi

G Vpour te devancer

je mettrai en déroute

Gjetterai dans la confusion

Vtuerai tout peuple

Gtoutes les nations chez qui tu arriveras

et je ferai tourner le dos devant toi à tous tes ennemis

Gde tes ennemis des fuyards

27 ...

28 , et j'enverrai le frelon devant toi et

G, et j'enverrai les frelons devant toi et

Ven envoyant d'abord Vles frelons

il

Gils

Vqui chassera

G Vchasseront Gles Amorrhéens, le Hévéen, le Chananéen et le Héthéen

Gles Hévéens, les Chananéens et les Héthéens

Vl’Évéen, le Cananéen et l'Héttéen de devant toi

Gde toi

Vavant que tu n'arrives

28 ...

29 Je ne les chasserai pas devant toi

Vloin de ta face en une M Gseule annéeM G,

de peur que la terre ne devienne un désert

et que ne s'y

Gse multiplient contre toi les bêtes sauvagesG  de la terre.

29 ...

30 Peu à peu je les chasserai devant toi

Vde ta présence

Gloin de toi

jusqu’à ce que tu fructifies

Gt'accroisses

Vaugmentes et Vque tu possèdes la terre

M Ghérites du pays.

30 ...

31 J’établirai tes frontières

Vlimites depuis la mer des Joncs

G VRouge jusqu’à la mer des Philistins 

et depuis le désert jusqu’au Fleuve

Vfleuve

Ggrand fleuve Euphrate

car

G je livrerai entre vos mains les habitants de la terre

M Gdu pays

et tu les chasseras

Gles chasserai

Vje les chasserai devant toi.

Gloin de toi.

Vde votre présence.

31 ...

32 Tu ne concluras pas d'

Vn'entreras pas en alliance avec eux et avec

Get

Vni avec leurs dieux.

32 ...

33 Ils n'habiteront pas dans ton pays,

VQu'ils n'habitent pas dans ta terre

de peur qu’ils ne te fassent pécher contre moi M G;

car tu servirais

Gcar si tu servais

Vsi tu servais leurs dieux, et ce 

Vce qui

Gceux-ci serait

seraient Vcertainement pour toi un

Gune piège.

Goccasion de chute.

Vscandale.

33 ...

Réception

Arts visuels

16s la fête de la moisson Sukkot à la synagogue

19e s.

Leopold Pilichowski (1869 - 1934), Sukkot à la synagogue (huile sur toile, 1894), 109,2 x 138,4 cm

Lodz, Pologne, Jewish Museum, New York→

© Domaine public, Ex 23,16-17 ; Ex 34,22 ; Lv 23,34-43 ; Nb 29,12 ; Dt 16,13-16 ; Jg 9,27

Composition

Leopold Pilichowski est un peintre juif réaliste polonais, apprécié pour ses peintures de scènes hébraïques et leurs personnages typiques. Ici, les deux hommes à droite sont vêtus de manière traditionnelle, ils portent des châles de prières et ont la tête couverte. Ils donnent à examiner au rabbin une branche de saule, et une palme de dattier et observent eux-même un cédrat : il s'agit là pour eux de respecter la prescription des quatre espèces faite en Lv 24.

Musique

1,11 ; 3,18 ; 4,1–33 ; 5,1–23 ; 7,1–25 ; 8,1–32 ; 9,1–17 ; 10,1–29,13 Let my people go

20e s.

Louis Armstrong (1901-1971), Go Down Moses, 1958

 © Licence YouTube standard→, Ex 3,18.4,1-33.5,1-23.8,1-32.7,1-25.9,1,13.17.1,11.10,1-29.13,15.17,1-16.11,1-10

Composition

Go Down Moses est un negro-spiritual, inspiré par l'Ancien Testament de la Bible, (Exode 5:1 et 8:1). Israël représente les esclaves africains d'Amérique alors que l'Égypte et le Pharaon représentent les maîtres esclavagistes. Cette chanson a été popularisée par Paul Robeson. Le 7 février 1958, elle est enregistrée à New York par Louis Armstrong avec Sy Oliver's Orchestra.

Paroles

Go down, Moses, way down in Egypt land, tell old Pharaoh to let my people go. Now when Israel was in Egypt land (Let my people go) oppressed so hard they could not stand (Let my people go), so the Lord said : go down, Moses way down in Egypt land, tell old Pharaoh to let my people go. So Moses went to Egypt land (Let my people go), he made old Pharaoh understand (Let my people go), yes the Lord said : go down, Moses way down in Egypt land, tell old Pharaoh to let my people go. Thus spoke the Lord, bold Moses said, (Let my people go), if not I'll smite your firstborn dead (Let my people go), 'cause the Lord said : go down Moses way down in Egypt land, tell old Pharaoh to let my people go, tell old Pharaoh to let my people go.

Contexte

Repères historiques et géographiques

19,1–34,35 Emplacement du mont Sinaï

Le mont Sinaï, (numérique, 2022)

M.R. Fournier © BEST AISBL, Lv 1-27 ; Nb 9 ; Ex 3 ; Ex 19-34 

Le mont Sinaï sur cette carte est associé au djebel Musa au sud de la péninsule du Sinaï, où se trouve le monastère Sainte-Catherine. D'autres localisations ont été proposées au nord de la pénisule ou encore au Negeb par ceux qui adoptent un autre itinéraire pour les Hébreux. Toponymie Sinaï, Horeb.

Mohammed Moussa, Vue du sommet du Mont Sinaï (Jabal Musa , جَبَل مُوسَىٰ), (photographie, 2013)

© CC-BY-SA-3.0→,

Réception

Liturgie

16 La fête de la Récolte Shavouoth La fête des Semaines, Shavouoth (qui signifie « semaines » en hébreu), correspond à la Pentecôte. Elle est aussi appelée :

  • « fête des Prémices »,
  • « fête de la Moisson »,
  • « époque du don de notre Tora »,
  • « Atseret » (« conclusion »).

Avec Pâque et la fête des Tentes, Shavouoth est l'une des trois fêtes de pèlerinage (regalim) pendant laquelle on montait au Temple de Jérusalem.

yathradoothu, Célébrations au Mur du Temple à Jérusalem

(Vidéo numérique, 2022)

© Licence YouTube Standard→

À l’origine c’est une fête agricole célébrant le début des moissons puis dès la période hellénistique elle a acquis son sens actuel de commémoration du don de la Tora au Sinaï.

INSTITUTION

La fête est aussi mentionnée en

CALENDRIER

Cette fête a lieu cinquante jours après Pâque, le 6 du mois de Sivan dans le calendrier hébreu, date qui tombe au mois de mai ou de juin du calendrier grégorien. En dehors d’Israël, la fête dure deux jours, les 6 et 7 de Sivan.

La date de cette fête, qui n’est pas explicitement précisée dans le texte biblique, fit l’objet de controverses dans l’Antiquité. Dans la mesure où ce passage figure dans un chapitre décrivant un calendrier rituel fixé dans un ordre chronologique, il est certain que le point de départ du décompte est lié aux deux fêtes qui viennent d’être évoquées, Pessah et les jours suivants, les Azymes. La détermination de la date de Shavouoth dépend seulement du sens que l’on donne à l’expression « lendemain du sabbat » (Lv 23,15), seule indication de la Tora, et notamment au terme « sabbat » dans la première occurrence de la fête. Il peut signifier soit « le jour du sabbat », pour une lecture littérale, soit « le jour de la fête » pour une interprétation fondée sur l’usage d’appeler le sabbat « fête », comme dans Lv 23,24 ou Lv 23,32. Selon l’interprétation littérale, on commence le décompte à partir du dimanche suivant les six jours des Azymes. Dans ce cas, la date de la fête n’est pas fixe, puisque Pâque peut tomber n’importe quel jour de la semaine. La fête avait lieu un dimanche, lendemain du sabbat autour du 15 Sivan. Des textes de Qumrân témoignent de ce choix et de la controverse avec les Pharisiens :

  • Jub. 6 « C'est à ce sujet que je te donne des ordres et des instructions pour que tu les leur communiques, car après ta mort, tes fils les déformeront en sorte qu'ils ne donneront plus à l'année trois cent soixante-quatre jours seulement et ainsi il se tromperont au sujet du mois, de la saison, du sabbat, et ils mangeront du sang avec tout ce qui est chair. »
  • 11QTa « Tu compteras sept semaines complètes depuis le jour où vous aurez apporté la gerbe, vous compterez jusqu’au lendemain du septième sabbat. Vous compterez cinquante jours et vous apporterez une oblation nouvelle au Seigneur. »

Selon les sages du Talmud, il faut compter à partir du 16 Nissan, c’est-à-dire, le soir du premier jour de Pâque. Pour eux, le sabbat désigne le jour de la fête de Pâque, que ce soit ou non un sabbat :

  • m. Menaḥ. 10,3 (= Menaḥ. 65a) « Des émissaires étaient envoyés par le tribunal la veille du jour de la fête, ils mettaient en gerbe les épis, pour qu’ils soient faciles à moissonner. Et [tous les habitants] des environs les attachaient ensemble, sans les ôter du sol, pour que la moisson soit faite de belle manière [c’est un rite et non un travail]. Quand il est bien évident que le soir est tombé, ils disent : "Le soleil est-il couché ?" Les autres répondent : "Oui." Ils répètent : "Le soleil est-il bien couché ?" Ils répondent : "Oui." Les émissaires disent : "avec cette faucille ?" Ils disent : "Oui." "Avec cette faucille ?" "Oui." "Avec ce panier ?" "Oui." "Avec ce panier ?" "Oui." (Si c’est un sabbat) : "ce sabbat ?" "Oui." "Ce sabbat ?" "Oui." "Devons-nous couper ?" "Oui." "Devons-nous couper ?" "Oui." L’émissaire demande trois fois [l’accord des autres] pour chaque tâche à accomplir, et l’assemblée répond : "oui, oui, oui." On demande : Pourquoi faut-il répéter de cette manière ? À cause des béothusiens [groupe juif de l’époque du Second temple, proche des Saducéens, qui niaient la validité de la Loi orale]. Ceux-ci disent : il n’y a pas de moisson de l’omer à la fin du premier jour de fête de Pâque. [Le rite sous forme de dialogue avait pour but de confirmer que le décompte des cinquante jours précédant la fête (omer) commençait le 16 Nissan, que ce soit un sabbat ou non. La date de Shavouoth est ainsi fixée cinquante jours plus tard, le 6 Sivan]. Cette date est conservée de nos jours.

Par ailleurs, dans l’Antiquité tardive est apparu le principe du redoublement des jours de fête majeurs en diaspora :

  • Beṣa 4b « Disons que Rav Asi démontre que les deux jours (de fête) ne forment qu’une seule sainteté. »

Cette pratique, originellement apparue à cause des incertitudes du calendrier, fut par la suite maintenue pour des raisons théologiques :

  • y' Erub. 3,10 « Rabbi Abba dit au nom de rabbi Hyya au nom de rabbi Jonathan : "Les fils de ma mère se sont emportés contre moi. Et ils m'ont fait garder les vignes, ma vigne à moi, je ne l'avais pas gardée. Pourquoi m’ont-ils fait garder les vignes ? Parce que ma vigne à moi, je ne l'avais pas gardée. Pourquoi ai-je gardé deux jours en Syrie ? Parce que je n'avais pas gardé un seul jour dans le pays." »

Le erouv, qui donne son titre au traité, sert à délimiter, pour des raisons pratiques, un espace à partir duquel on peut calculer ce que l’on peut transporter le jour du sabbat sans enfreindre la sainteté du jour. Pour Shavouoth et certaines autres solennités, le erouv est symboliquement délimité dans le temps : on élargit le périmètre temporel de la fête pour être sûr de la garder. C’était le premier motif des deux jours d’observance, à cause de l'incertitude de la date. Dans ce passage, l’exil (en Syrie) est considéré comme un châtiment de l’infidélité du peuple, qui doit la réparer en célébrant les solennités pendant deux jours. C’est la raison qui fonde la différence d’observance entre Israël et le reste du monde aujourd’hui.

CÉLÉBRATIONS SYNAGOGALES

Dans le judaïsme rabbinique

La fête de Shavouoth ne comporte pas de rite particulier. L’essentiel de la célébration est intégré à la liturgie synagogale, où on lit les passages de la Tora portant sur l’institution de la fête ainsi que sur la révélation du Sinaï. La plupart des rituels accomplis sont similaires à ceux des fêtes de réjouissance majeures, notamment l’allumage de bougies et la récitation du Hallel. Outre la veillée d’étude pratiquée dans certaines communautés, on lit en entier le livre de Ruth :

  • Sof. 14,18 « On lit la première moitié du livre de Ruth à la fin du premier jour de Shavouoth, et on le termine le deuxième jour. D’autres disent qu’il faut faire comme pour les autres fêtes, c’est-à-dire lire les rouleaux respectifs à la fin du sabbat précédant la fête. On a décidé qu’aucune de ces deux prescriptions n’est contraignante, sauf s’il y a une coutume établie [pour la communauté]. »

Cependant aucun traité du Talmud n'est dédié à cette fête bien qu'elle soit l'une des trois convocations annuelles au Temple de Jérusalem (avec Souccot et Pessah qui font chacune l'objet d'un traité). Cette omission pourrait être le signe d'une polémique avec les chrétiens qui reprennent le sens de cette fête comme don de la Tora au Sinaï dans Ac 2.

Textes

Sont lus le premier jour de la fête :

Sont lus le second jour (hors d'Israël) :

En Israël, où le jour de Shavouoth est férié, la fête a pris depuis le début du 20e siècle une dimension champêtre mettant en avant les productions agricoles. Des processions de villages et de kibboutz sont donc organisées, modelées sur la description d’une cérémonie d’offrande des prémices au Temple tirée du Talmud. De nombreux spectacles sont également organisés.

Orel Gozlan, Mizmor de Shavouoth (psaume 68)

(Tradition Hazanout Ashkénaze, Enregistrement numérique audio, 2017)

© Orel Gozlan→

Pendant la période biblique et celle du Temple de Jérusalem

L’offrande collective des prémices de la nouvelle récolte du blé est définie dans le Deutéronome comme un pèlerinage au Temple de Jérusalem (Dt 16,11.16) et s’accompagnait de nombreux sacrifices publics et individuels, détaillés à plusieurs reprises dans la Torah (Lv 23,18-20 ; Nb 28,26-30).

David Becker, Champ de blé mûr

(Photographie numérique, 2018)

© Licence Unsplash→

Dans le livre de Tobie (Tb 2,1ss), vraisemblablement composé au 2e siècle av. J.-C., un juif installé dans l’empire assyrien — c’est-à-dire cinq siècles plus tôt — célèbre Shavouoth dans la ville de Ninive en prenant un « déjeuner copieux » avec sa famille.

MYSTAGOGIE

La fête est liée à l’événement de la sortie d’Égypte dès la période hellénistique :

  • dans le livre du Deutéronome, le commandement de la fête (Dt 16,9) est suivi par la mention : « Tu te souviendras que tu as été esclave en Égypte » (Dt 16,12),
  • dans Ex 19,1, le peuple est arrivé au Sinaï « le troisième mois après la sortie d’Égypte », et on interprète cette date comme cinquante jours. Ainsi, le 6 Sivan devient l’anniversaire du don de la Tora au Sinaï.

On trouve cette association dans la tradition rabbinique, de manière elliptique :

  • Pesaḥ. 68b « Shavouoth est le jour du Don de la Tora. »
  • Šabb. 86b « Le 6 Sivan, les dix Commandements ont été donnés au peuple juif ».

La commémoration du don de la Tora au Sinaï confère à la fête un caractère mystique propice aux phénomènes surnaturels, comme des dédicaces du Temple, ou d’autres événements, comme l'atteste la littérature péritestamentaire :

  • Ps.-Philon Ant. bib. 23,2 « Josué leur dit : "Rassemblez-vous devant l'arche de l'alliance du Seigneur à Silo et j'établirai pour vous l'alliance avant que je ne meure." Tout le peuple s'étant rassemblé, le seizième jour du troisième mois, devant le Seigneur à Silo, avec les femmes et les enfants, Josué leur dit : "Écoute, Israël ! Voici que j'établis pour vous l'alliance de cette Loi, qu'a établie le Seigneur pour nos pères à l'Horeb." »
  • Josèphe B.J. 6,299 « En outre, à la fête dite de la Pentecôte, les prêtres qui, suivant leur coutume, étaient entrés la nuit dans le Temple intérieur pour le service du culte, dirent qu'ils avaient perçu une secousse et du bruit, et entendu ensuite ces mots comme proférés par plusieurs voix : "Nous partons d'ici." »

Dans le Livre des Jubilés, composé à la fin du 2e siècle avant notre ère, un ange envoyé à Moïse présente la fête des Semaines comme une « célébration de l’Alliance », thème rappelant le don de la Loi au Sinaï :

  • Jub. 6,15-22 « Il donna à Noé et à ses enfants le signe qu'il n'y aurait plus de déluge sur la terre. Il mit son arc dans la nuée en signe d'alliance éternelle afin qu'il n'y ait plus sur terre de déluge qui la dévaste, tant que la terre durera. Pour cette raison, il est ordonné et prescrit sur les tables célestes qu'il y ait des gens qui célèbrent la fête des Semaines en ce mois-ci, une fois par an, pour renouveler l'alliance chaque année. Cette fête a été intégralement célébrée dans le ciel depuis le jour de la création jusqu'au temps de Noé : pendant vingt-six jubilés et cinq semaines d'années. Noé et ses enfants l'ont observée durant sept jubilés et une semaine d'années jusqu'au jour de la mort de Noé. Dès le jour de la mort de Noé, ces fils l’ont négligée, jusqu'au temps d'Abraham : ils mangeaient le sang. Mais Abraham l'a observée ; Isaac, Jacob et ses fils l'ont observée jusqu'à tes jours. En yes jours, les fils d'Israël l’ont oubliée jusqu'à ce que tu l'aies restaurée pour eux auprès de cette montagne. Et toi, ordonne aux enfants d'Israël d'observer cette fête de génération en génération : c'est une ordonnance pour eux de l'observer en ce mois-ci ; qu'ils célèbrent la fête un seul jour par an, ce mois-ci. C'est en effet la fête des Semaines et la fête des Prémices. Cette fête est double et a un double caractère. Célèbre-la conformément à ce qui est inscrit et gravé à son sujet. Car j'ai écrit dans le livre de la première loi, dans ce livre que j'ai écrit pour toi, que tu dois la célébrer chaque fois en son temps, un seul jour par an. Je t’ai dit aussi les offrandes convenables pour elle, afin que les enfants d'Israël s'en souviennent et la célèbrent de génération en génération, ce mois-ci, un seul jour chaque année. »

DANS LES ARTS

Littérature

Victor Hugo (1802-1885), dans son recueil La Légende des siècles (1859-1883), écrivit le poème « Booz endormi ».

Cinéma

Le péplum américain L'histoire de Ruth (1960) de Henry Koster (1905-1988) évoque de manière romancée l'histoire de ce livre biblique. 

Musique

Jean-François Le Sueur (1760-1837) composa en 1811 un oratorio intitulé Ruth et Noëmi.

Aminadav Aloni (1928-1999) également composé un oratorio intitulé Ruth - An oratorio en 2019.

Aminadav Aloni, Ruth - An Oratorio (Vidéo numérique, Beth Shalom, 8 juin 2019)

Phil Baron (Booz), Sarah Fortman Zerbib-Berda (Noémi), Bryce Megdal (Ruth), Michelle Baron (narrateur) et Chris Hardin (piano)

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