La Bible en ses Traditions

Ézéchiel 8,1–14

M V
G S

Et il arriva que, la sixième année, au sixième mois, le cinquième du mois

j’étais assis dans ma maison et les anciens de Juda étaient assis devant moi

et là, la main du Seigneur YHWH

VDieu tomba sur moi

...

M G V
S

et je vis, et voici, l'apparence [d'un homme] comme l'aspect d'un feu :

Gd'un homme :

depuis M Vl'aspect de ses reins et vers le bas

Gjusqu'en bas

Vau-dessous, du feu,

et à partir de ses reins et vers le haut

Gen haut

Vau-dessus, M Vcomme l'aspect d’une lumière éclatante, comme l'apparence

G Vune vision d'or blanc.

...

M V
G S

Il étendit une forme de main et

VDe l'apparence de sa main tendue il me saisit par une boucle des cheveux de ma tête

et l’esprit m’éleva entre terre et ciel

il m’emmena à Jérusalem dans des visions

Vla vision de Dieu

à l’entrée

Vprès de la porte intérieure qui regardait l'aquilon

là où l’idole de jalousie

est placée

Vavait été érigée pour provoquer la jalousie

Vla convoitise

...

et voici, là, la gloire du Dieu d’Israël, selon l'aspect

Vla vision que j’avais vu

Vvue dans la plaine !

...

Et il me dit : — Fils d’homme, lève Mdonc les yeux en direction de l'aquilon.

Et je levai les yeux en direction de l'aquilon

et voici, à l'aquilon, à l'entrée de l’autel, cette 

Vl'idole de jalousie sur le seuilV-même !

...

Et il me dit : — Fils d’homme, vois-tu

Vpenses-tu ? Tu vois ce qu’ils peuvent faire, les grandes abominations

que la maison d’Israël fait ici pour m'éloigner de mon sanctuaire ?

Et tu seras amené à voir des abominations plus grandes encore !

Mde grandes abominations...

...

Et il me fit avancer vers l’entrée du parvis

Vla porte de l'atrium et je vis, et voici : dans la paroi, un trou isolé.

...

Et il me dit : — Fils d’homme, perce Mdonc la paroi.

Et je perçai la muraille, et voici

Vlorsque j'eus transpercé la paroi, apparut une porte isolée.

...

Et il me dit : — Entre à l'intérieur et vois les Mhorribles abominationsV atroces qu’ils font ici !

...

10 Et je vins et

V, entré à l'intérieur, je vis, et voici : toute forme de reptile et d’animal,

Vapparence de reptiles et d'animaux, une abomination !

Et la totalité des idoles de la maison d’Israël gravées

Vétaient représentées sur le pourtour entier de la paroi...

10 ...

11 Et [je vis encore] soixante-dix hommes des anciens de la maison d’Israël :

Jézonias,

VJézonias, fils de Saphan, était debout au milieu d'eux, qui étaient debout devant elles

Vles peintures

chacun avait à la main son

Vun encensoir et la vapeur d'un nuage d’encens s'élevait.

11 ...

12 Et il me dit : — As-tu vu,

VTu vois bien, fils d’homme, ce que les anciens de la maison d’Israël font dans les ténèbres

chacun dans ses appartements couverts de dessins !

Vle secret de sa chambre !

Ils disent en effet : — YHWH

VLe Seigneur ne nous voit pas, YHWH

Vle Seigneur a abandonné sa terre...

12 ...

13 Et il me dit : — Tu seras amené à voir des abominations plus grandes encore,

Mde grandes abominations, qu’ils font [aussi].

13 ...

14 Et il me fit avancer à

Vpar la porte d'entrée de la maison de YHWH

Vdu Seigneur qui regardait l'aquilon

et voici, que les femmes y étaient

Vdes femmes assises y pleuraient Thammuz

VAdonis

14 ...

Texte

Procédés littéraires

14 Adonis (V) Inculturation et génie de Jérôme : interpretatio romana Dans la Vulgate, la présence de personnages issus de la mythologie gréco-romaine tels qu’Adonis (Ez 8,14), Priape (1R 15,13 ; 2Ch 15,16) et Mercure (Pr 26,8) est remarquable. Ces figures ne sont pas issues du texte hébreu traduit par Jérôme, mais constituent des choix de traduction s’inscrivant dans ce qu'on a coutume d’appeler l’« interpretatio romana ». Cette pratique consiste à assimiler des divinités étrangères à celles de Rome, associant par exemple des dieux grecs à leurs équivalents romains (Zeus à Jupiter, Héra à Junon, Poséidon à Neptune, etc.).

Suivant ce principe, Jérôme traduit l’hébreu « hattammûz » (Milieux de vie Ez 8,14) par « Adonis ». Quant au nom « Adonis » (désignant l’amant mortel d’Aphrodite et de Perséphone, considéré comme l’idéal de la beauté masculine dans l’Antiquité), Jérôme l’emploie afin d’être compris par ses contemporains de culture gréco-romaine. Ce faisant, il indique que les Syriens honoraient Hattummouz d’un culte semblable à celui des Grecs pour Adonis.

Il existait du temps de Jérôme un bois sacré d’Adonis dans les environs de Bethléem. Nous le savons grâce à sa correspondance, dans une déploration insérée dans une lettre au prêtre Paulin :

  • Jérôme Ep. « Bethléem, qui est maintenant nôtre, l’endroit le plus auguste de l’univers, de qui chante le psalmiste : 'la vérité est sortie de la terre', était ombragée par un bois sacré de Thammouz, c’est-à-dire d’Adonis, et dans la grotte où naguère vagit le Christ nouveau-né, on pleurait l’amant de Vénus » (éd. Les Belles Lettres, t.III, 77).

Anonyme, Louve romaine avec Romulus et Remus, (mosaïque, 300-400 ap. J.-C.), ca 95 x 95 cm, découverte à Aldborough (North Yorkshire)

Musée municipal de Leeds, Royaume Uni © CC SA 2.0→

Cas inversé d'inculturation romaine : dans le sourire dentu de l'animal mythique, la maladresse du mosaïste « britannique » contemporain de Jérôme traduit naïvement quelque chose de la rapacité impériale.