Un projet du Programme de Recherches La Bible en ses traditions AISBL
Dirigé par l’École Biblique et Archéologique Française de Jérusalem
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13 Et même, à Maaka, sa mère, il ôta la dignité de reine-mère
parce qu’elle avait fait une idole abominable pour Astarté.
Asa abattit son idole abominable
et la brûla au torrent de Cédron.
13 ...
13 De plus, même Maaca, sa mère, il l'écarta
pour qu'elle ne fût plus la première dans le culte de Priape et dans son bois sacré qu'elle avait consacré
il renversa son antre, brisa son idole immonde
et la brûla dans le torrent du Cédron.
13 Priape (V) Génie de Jérôme : interpretatio romana Dans la Vulgate, la présence de personnages issus de la mythologie gréco-romaine tels qu’Adonis (Ez 8,14), Priape (1R 15,13 ; 2Ch 15,16) et Mercure (Pr 26,8) est remarquable. Ces figures ne sont pas issues du texte hébreu traduit par Jérôme, mais constituent des choix de traduction s’inscrivant dans ce qu'on a coutume d’appeler l’« interpretatio romana ». Cette pratique consiste à assimiler des divinités étrangères à celles de Rome, associant par exemple des dieux grecs à leurs équivalents romains (Zeus à Jupiter, Héra à Junon, Poséidon à Neptune, etc.).
Suivant ce principe, Jérôme traduit l’hébreu « Ashéra » en 1R15,13 et « Astarté » en 2Ch15,16 par « Priape », dieu de la fertilité, protecteur du bétail, des plantes fruitières, des jardins et des organes masculins. Ce faisant, il reprend une divinité connue de ses contemporains et sans doute lue à travers les ouvrages de Cicéron, Virgile et Horace. La figure de Priape réapparait d’ailleurs dans le Commentaire sur Isaïe où Jérôme cite un passage du livre I des Satires d’Horace :
Figure inversée d'inculturation romaine : dans le sourire dentu de l'animal mythique, la maladresse du mosaïste « britannique » contemporain de Jérôme traduit naïvement quelque chose de la rapacité impériale.