La Bible en ses Traditions

Ézéchiel 8,14–18

M V
G S

14 Et il me fit avancer à

Vpar la porte d'entrée de la maison de YHWH

Vdu Seigneur qui regardait l'aquilon

et voici, que les femmes y étaient

Vdes femmes assises y pleuraient Thammuz

VAdonis

14 ...

15 et il me dit : — Tu as vu,

VTu as bien vu, fils d’homme,

mais tu seras amené à voir des abominations plus grandes encore que celles-là.

15 ...

16 Et il me fit Malors avancer dans le parvis intérieur de la maison de YHWH

Vdu Seigneur

et voici, à la porte du Temple de YHWH,

Vdu Seigneur, entre le portique et l’autel,

vingt-cinq hommes environ, qui tournaient le dos au Temple

de YHWH

Vdu Seigneur

et, face à l’orient, se prosternaient vers l’orient devant le soleil.

Vadoraient le soleil levant. 

16 ...

M G V
S

17 Et il me dit : — As-tu vu

VTu as bien vu, fils d’homme :

est-ce trop peu pour la maison de Juda de faire les abominations

Gactions illégales qu’ils ont faites ici ?

Car ils ont rempli le pays de violence et ils recommencent à m'irriter

Gils ont rempli le pays d'illégalité

Và force de remplir la terre d'iniquité, ils commencent à m'irriter

et voici, qu’ils portent le rameau à leur

Gles voici comme des gens qui tordent le

Vvoici, ils approchent le rameau de leur nez !

17 ...

M V
G S

18 VAlors moi aussi, j'agirai avec fureur 

mon œil n'aura pas de pitié et je serai sans compassion 

et ils crieront d'une voix forte à mes oreilles et

Vquand ils feront monter d'une voix forte leur clameur à mes oreilles, je ne les exaucerai pas.

18 ...

Texte

Procédés littéraires

14 Adonis (V) Inculturation et génie de Jérôme : interpretatio romana Dans la Vulgate, la présence de personnages issus de la mythologie gréco-romaine tels qu’Adonis (Ez 8,14), Priape (1R 15,13 ; 2Ch 15,16) et Mercure (Pr 26,8) est remarquable. Ces figures ne sont pas issues du texte hébreu traduit par Jérôme, mais constituent des choix de traduction s’inscrivant dans ce qu'on a coutume d’appeler l’« interpretatio romana ». Cette pratique consiste à assimiler des divinités étrangères à celles de Rome, associant par exemple des dieux grecs à leurs équivalents romains (Zeus à Jupiter, Héra à Junon, Poséidon à Neptune, etc.).

Suivant ce principe, Jérôme traduit l’hébreu « hattammûz » (Milieux de vie Ez 8,14) par « Adonis ». Quant au nom « Adonis » (désignant l’amant mortel d’Aphrodite et de Perséphone, considéré comme l’idéal de la beauté masculine dans l’Antiquité), Jérôme l’emploie afin d’être compris par ses contemporains de culture gréco-romaine. Ce faisant, il indique que les Syriens honoraient Hattummouz d’un culte semblable à celui des Grecs pour Adonis.

Il existait du temps de Jérôme un bois sacré d’Adonis dans les environs de Bethléem. Nous le savons grâce à sa correspondance, dans une déploration insérée dans une lettre au prêtre Paulin :

  • Jérôme Ep. « Bethléem, qui est maintenant nôtre, l’endroit le plus auguste de l’univers, de qui chante le psalmiste : 'la vérité est sortie de la terre', était ombragée par un bois sacré de Thammouz, c’est-à-dire d’Adonis, et dans la grotte où naguère vagit le Christ nouveau-né, on pleurait l’amant de Vénus » (éd. Les Belles Lettres, t.III, 77).

Anonyme, Louve romaine avec Romulus et Remus, (mosaïque, 300-400 ap. J.-C.), ca 95 x 95 cm, découverte à Aldborough (North Yorkshire)

Musée municipal de Leeds, Royaume Uni © CC SA 2.0→

Cas inversé d'inculturation romaine : dans le sourire dentu de l'animal mythique, la maladresse du mosaïste « britannique » contemporain de Jérôme traduit naïvement quelque chose de la rapacité impériale.