Un projet du Programme de Recherches La Bible en ses traditions AISBL
Dirigé par l’École Biblique et Archéologique Française de Jérusalem
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4 Et trente-trois jours elle demeurera dans le sang de purification.
Vdans le sang de sa purification.
Gdans son sang impur.
Ssur le sang pur.
À rien de saint elle ne touchera
et elle n'entrera pas dans le sanctuire jusqu’à ce que soient accomplis les jours de sa purification.
4b À rien de saint elle ne touchera Interdit de consommation La majorité des rabbins comprennent cette défense de « toucher » comme un simple interdit de consommation (→b. Yebam. 75a ; →b. Mak. 14b ; → Comm. Tora ; etc.).
2–8 Impureté du nouveau-né et nécessité du baptême → 8,3-4, cherchant prudemment à comprendre les raisons de l’impureté de la parturiente (« Pour moi, en de telles matières, je n’ose rien dire ») en vient à parler de l’impureté du nouveau-né et de la nécessité du baptême. Hom. Lev.
4a elle demeurera Nuance Racine yšb « s'asseoir » dans le sens de « rester, demeurer » (Gn 13,18 ; 24,55 ; Dt 1,46). Tradition juive Lv 12,4a
1–8 THÉOLOGIE BIBLIQUE Pureté rituelle et sainteté L’impureté de la parturiente n’a aucun caractère moral : tout tourne autour des dichotomies pur/impur et saint/profane.
Pour les auteurs de Lv, le sang c’est la vie (Lv 17,10-12) et la vie appartient à Dieu. Toute perte de sang — ce qui est le cas pour l’accouchement comme pour les menstrues (Lv 15,19-30) — entraîne une perte de vitalité qui, non maîtrisée, conduit à la mort et, contredisant en quelque sorte le dynamisme de vie du Dieu créateur, provoque l’impureté.
L’impureté s’oppose donc à la sainteté comme la mort à la vie. Et c’est ce conflit — compte tenu de l’exigence faite au peuple d’être saint (Lv 19,2) pour que le Dieu saint puisse résider en son sein — qui commande un processus de purification.
2–8 Construction : double chiasme
1–8 Les rites entourant les naissances Lv 12 décrit les principaux rites de naissance considérés surtout du point de vue de la femme qui vient d’accoucher (mise en quarantaine plus ou moins prolongée selon le sexe du nouveau-né et offrande d’un sacrifice à la fin de la période). Le processus purificatoire de la parturiente s’accomplit en deux étapes.
Malgré une apparence composite (Procédés littéraires Lv 12,8), le discours est soigneusement composé. Hors introduction, il est divisé en deux parties bien distinctes :
Chacune d’elles constitue un chiasme (Procédés littéraires Lv 12,2–8) :
Si la structure du discours reflète une certaine cohérence conceptuelle, on peut supposer que l’ordre dans lequel les sujets sont traités et la manière dont ils sont introduits ne doivent rien au hasard, mais sont eux-mêmes significatifs.
Si cette logique prévaut aussi pour l’organisation de la première partie (v.2-5), on peut en conclure
Ce chapitre permet de comprendre les rites entourant la naissance de Jésus (cf. Lc 2,22-24 ; Milieux de vie Lv 12,1–8), et les Pères y découvrent même de prophétiques allusions à la conception virginale de Jésus (Tradition chrétienne Lv 12,2b) et à son mystère pascal (Tradition chrétienne Lv 12,3).
1–8 Rites autour de la naissance dans l'Antiquité Les rituels autour de la naissance ont un fondement anthropologique et appartiennent au patrimoine commun à toutes les civilisations :
De même, l’idée d’impureté de la parturiente et la disparité des périodes purificatoires pour la naissance d’un enfant sont universelles.
1–8 Période d’impureté plus longue pour la naissance d’une fille Dans un rituel hittite de la cité de Kizzuwatna, intitulé Quand une femme conçoit, la période d’impureté est également plus longue pour la naissance d’une fille que pour celle d’un garçon :
1–8
La pratique juive n’a pas été la seule à être influencée par la législation vétérotestamentaire (Tradition juive Lv 12,4a). L’idée que la parturiente était impure et devait se rendre au sanctuaire après la naissance pour sa purification est aussi passée dans l’Église orientale, puis dans celle d’Occident. Et cela d’autant plus que Marie accomplissant les préceptes de la Loi (Lc 2,22-24) offrait un modèle parfait à toutes les mères chrétiennes.
De nos jours une nouvelle accouchée juive, en plus des lois habituelles de niddâ (Procédés littéraires Lv 12,2d), se contentera de s’immerger dans un bain rituel à l’issue de la période d’impureté rituelle.
4ac.5c.6a purification Ou « pureté » : connotation opérative Deux formes différentes de la même racine ṭhr avec des vocalisations légèrement différentes (Tradition juive Lv 12,4a) : ṭohŏrâ (en v.4a.5c) et ṭohŏrāh (ṭōhar + le suffixe 3e pers. fém. sg., v.4c.6a), signifiant ici la purification dans son aspect opératif (à la différence de la « pureté », qui en est le résultat).
4a.5c le sang Sens du pluriel Le pl. dāmîm (litt. « les sangs ») s’applique toujours en hébreu à l’idée du sang versé, qu’il s’agisse :
4a dans le sang de purification Idiomatisme M : bidmé ṭohŏrâ est une expression décrivant le nouvel état de la parturiente qui peut encore avoir des pertes de sang (lochia blanca opposée à lochia rubra des premiers jours) pendant plusieurs semaines, mais qui n’est plus impure comme lors de la période de sept (ou quatorze) jours suivant immédiatement l’accouchement. Dès lors, l’isolement total n’est plus requis (cf. Lv 15,19-20), mais seulement l’éloignement des choses consacrées.
4a.5c dans le sang de purification + sur le sang de purification : M Sam | S : sur le sang pur | V : dans le sang de sa purification | G : dans son sang impur
2–5 Origine dans la protohistoire Fidèle à son principe de placer l’origine de certaines prescriptions mosaïques dans la protohistoire, le Livre des jubilés fonde les lois de la parturiente sur le récit de la création lui-même et sur la création d’Adam et Ève plus particulièrement (Gn 1-3) :
Des échos de cette lecture se retrouvent en 4Q265 (frag. 7, col. 2, 11-17).
4 Endroits pour les impurs
4a elle demeurera Sens du verbe yšb
4a dans le sang de purification
Contre la position rigoureuse des karaïtes, des samaritains et des falashas, la plupart des rabbins (e.g. → Comm. Tora ; → sur Comm. ToraLv 12,4) interprètent l'héb. bidmé ṭohŏrâ comme « dans le sang de pureté » plutôt que comme « dans le sang de purification »(Vocabulaire Lv 12,4ac.5c.6a). Ce sang ne rendrait donc pas impur et ne contraint pas la femme à l’isolement et à l’abstinence sexuelle.
Malgré cela, depuis l’époque talmudique, certaines législations et coutumes n’ont cessé de gagner en rigueur et on a pris l’habitude de considérer comme impur le flux sanguin (→Sef. Ḥinnuk 166). De plus, bien que la loi de Lv 12 soit relative à l’existence du sanctuaire, cela a conduit la tradition juive (puis chrétienne) à interdire aux femmes de participer à certains actes cultuels et d’aller à la synagogue (ou à l’église : Liturgie Lv 12,1–8) pendant leurs périodes de règles ou après un accouchement.