Un projet du Programme de Recherches La Bible en ses traditions AISBL
Dirigé par l’École Biblique et Archéologique Française de Jérusalem
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1 Et YHWH
G SEt le Seigneur
VLe Seigneur parla à Moïse disant :
2 — Parle aux fils d’Israël disant :
— Quand une femme produira semence
G V Samaura été ensemencée et enfantera un garçon
M G Samalors elle sera impure sept jours
selon les jours de la souillure de son indisposition
Gl’isolement de son indisposition
Vséparation menstruelleM G Sam elle sera impure.
2 — Parle avec les fils d’Israël en leur disant :
— Quand une femme sera enceinte et enfantera un garçon
elle sera impure sept jours
comme aux jours de sa menstruation elle sera impure.
3 Et au huitième jour sera circoncise
Gelle fera circoncire
Sils circonciront la chair de son prépuce.
3 Et au huitième jour sera circoncis le petit enfant.
2b Quand une femme Formule juridique stéréotypée M : ’iššâ kî. Dans la plupart des lois, la conjonction kî introduit le cas principal (ici, la naissance d’un garçon).
2b produira semence Forme rare M : tazrîa‘ (hiphil de zr‘) ; appliqué à la fécondation humaine, ce verbe est rare (un seul autre exemple : Nb 5,28). Le mode factitif ne se rencontre ailleurs dans l’AT qu’en Gn 1,11-12. Comparaison des versions Lv 12,2b
2–8 Impureté du nouveau-né et nécessité du baptême → 8,3-4, cherchant prudemment à comprendre les raisons de l’impureté de la parturiente (« Pour moi, en de telles matières, je n’ose rien dire ») en vient à parler de l’impureté du nouveau-né et de la nécessité du baptême. Hom. Lev.
1.2a Répétition
Formule double introduisant le treizième discours divin du Lévitique. On trouve des introductions strictement identiques en Lv 4,1-2 ; 7,22-23.28-29 ; 23,23-24.33-34.
Ici, bien qu’il soit encore question de problèmes de pureté, Dieu ne s’adresse plus qu’à Moïse et non pas à Moïse et Aaron comme dans le discours précédent et dans le discours suivant (Lv 11,1 ; 13,1).
3a au huitième jour sera circoncise Rite de la prime enfance Attestée dans les civilisations environnantes (cf. Jr 9,24-25) comme rite pubertaire et préparatoire au mariage, la circoncision devient en Israël un rite de la prime enfance et le signe, par l’intégration au peuple qu’elle opère, de l’entrée dans l’alliance avec son Dieu.
1–8 THÉOLOGIE BIBLIQUE Pureté rituelle et sainteté L’impureté de la parturiente n’a aucun caractère moral : tout tourne autour des dichotomies pur/impur et saint/profane.
Pour les auteurs de Lv, le sang c’est la vie (Lv 17,10-12) et la vie appartient à Dieu. Toute perte de sang — ce qui est le cas pour l’accouchement comme pour les menstrues (Lv 15,19-30) — entraîne une perte de vitalité qui, non maîtrisée, conduit à la mort et, contredisant en quelque sorte le dynamisme de vie du Dieu créateur, provoque l’impureté.
L’impureté s’oppose donc à la sainteté comme la mort à la vie. Et c’est ce conflit — compte tenu de l’exigence faite au peuple d’être saint (Lv 19,2) pour que le Dieu saint puisse résider en son sein — qui commande un processus de purification.
1s Une parasha importante
Selon la classification rabbinique (→Sef. Ḥinnuk ; →), cette parasha contient 5 commandements positifs et 2 interdictions, soit 7 des 613 prescriptions de la loi juive. Mitzvot
2–8 Construction : double chiasme
1–8 Les rites entourant les naissances Lv 12 décrit les principaux rites de naissance considérés surtout du point de vue de la femme qui vient d’accoucher (mise en quarantaine plus ou moins prolongée selon le sexe du nouveau-né et offrande d’un sacrifice à la fin de la période). Le processus purificatoire de la parturiente s’accomplit en deux étapes.
Malgré une apparence composite (Procédés littéraires Lv 12,8), le discours est soigneusement composé. Hors introduction, il est divisé en deux parties bien distinctes :
Chacune d’elles constitue un chiasme (Procédés littéraires Lv 12,2–8) :
Si la structure du discours reflète une certaine cohérence conceptuelle, on peut supposer que l’ordre dans lequel les sujets sont traités et la manière dont ils sont introduits ne doivent rien au hasard, mais sont eux-mêmes significatifs.
Si cette logique prévaut aussi pour l’organisation de la première partie (v.2-5), on peut en conclure
Ce chapitre permet de comprendre les rites entourant la naissance de Jésus (cf. Lc 2,22-24 ; Milieux de vie Lv 12,1–8), et les Pères y découvrent même de prophétiques allusions à la conception virginale de Jésus (Tradition chrétienne Lv 12,2b) et à son mystère pascal (Tradition chrétienne Lv 12,3).
1–8 Rites autour de la naissance dans l'Antiquité Les rituels autour de la naissance ont un fondement anthropologique et appartiennent au patrimoine commun à toutes les civilisations :
De même, l’idée d’impureté de la parturiente et la disparité des périodes purificatoires pour la naissance d’un enfant sont universelles.
1–8 Période d’impureté plus longue pour la naissance d’une fille Dans un rituel hittite de la cité de Kizzuwatna, intitulé Quand une femme conçoit, la période d’impureté est également plus longue pour la naissance d’une fille que pour celle d’un garçon :
1–8
La pratique juive n’a pas été la seule à être influencée par la législation vétérotestamentaire (Tradition juive Lv 12,4a). L’idée que la parturiente était impure et devait se rendre au sanctuaire après la naissance pour sa purification est aussi passée dans l’Église orientale, puis dans celle d’Occident. Et cela d’autant plus que Marie accomplissant les préceptes de la Loi (Lc 2,22-24) offrait un modèle parfait à toutes les mères chrétiennes.
De nos jours une nouvelle accouchée juive, en plus des lois habituelles de niddâ (Procédés littéraires Lv 12,2d), se contentera de s’immerger dans un bain rituel à l’issue de la période d’impureté rituelle.
2d.5b souillure Variation Au v.5b l’expression est un peu différente :
2d la souillure de son indisposition Locution euphémique M : niddat dôtāh désigne les règles de la femme. Le premier terme (niddâ, nom donné à un des traités de la Mishna légiférant sur le statut de la femme qui a ses règles) dérive d’une racine ndh ou ndd signifiant « faire partir, expulser » et se rapporte, en premier lieu, à l’élimination du sang menstruel avant de désigner l’impureté en général (2Ch 29,5). Le second terme (racine dwh) renvoie à la situation de la femme et connote l’idée de faiblesse, d’indisposition, de maladie (cf. akk. dawû et oug. dwy).
2b produira semence : M | S : sera enceinte | Sam G V : aura été ensemencée
La différence pourrait trahir des conceptions embryologiques divergentes,
2–5 Origine dans la protohistoire Fidèle à son principe de placer l’origine de certaines prescriptions mosaïques dans la protohistoire, le Livre des jubilés fonde les lois de la parturiente sur le récit de la création lui-même et sur la création d’Adam et Ève plus particulièrement (Gn 1-3) :
Des échos de cette lecture se retrouvent en 4Q265 (frag. 7, col. 2, 11-17).
3 Interprétation christologique pascale Augustin met la circoncision au huitième jour en rapport avec le jour de la résurrection du Christ :
Pour l’assimilation de la mort physique à une circoncision totale, voir →L’agonie de Jésus et la ligature d’Isaac.
2b Quand une femme aura été ensemencée (G) Prophétie de la conception virginale de Jésus Suivant G (Comparaison des versions Lv 12,2b), plusieurs auteurs anciens s’interrogent sur l’apparente redondance de cette phrase (une femme peut-elle enfanter sans avoir reçu une semence ?) et concluent que la répétition n’est pas superflue car elle annonce la Vierge Marie, celle qui a conçu sans semence :