La Bible en ses Traditions

Matthieu 28,0 ; 7,1–10,42

Byz V S TR Nes

Ne jugez pas pour ne pas être jugés

car du jugement dont vous jugez

Vjugerez vous serez jugés

et de la mesure dont vous mesurez

Vmesurerez on mesurera pour vousTRen retour.

Pourquoi vois-tu la paille dans l’œil de ton frère

et la poutre dans ton œil tu ne la remarques

Vvois pas ?

Ou comment diras

Vdis-tu à ton frère :

— Laisse, que j'enlève la paille de ton œil

alors que la poutre est dans ton œil ?

Hypocrite, enlève d’abord de ton œil la poutre

et alors tu verras Byz TR Nesclair pour enlever la paille de l’œil de ton frère.

Ne donnez pas ce qui est saint aux chiens

ne jetez pas vos perles devant les porcs

de peur qu’ils ne les foulent de leurs pieds

et que, se retournant, ils ne vous déchirent.

Demandez et il vous sera donné

cherchez et vous trouverez

frappez et il vous sera ouvert.

En effet quiconque demande reçoit

et qui cherche trouve

et à qui frappe il sera ouvert.

Byz V S TR
Nes

Ou bien quel est parmi vous l'homme qui, si son fils lui demande du pain,

lui donnera

Vprésentera alors une pierre ? 

Ou bien qui est parmi vous l'homme à qui son fils demandera du pain

et qui lui donnera une pierre ? 

10 Et

VOu, s'il lui demande un poisson,

lui donnera

Vprésentera alors un serpent ?

10 Ou encore lui demandera un poisson

et lui donnera un serpent ?

Byz V S TR Nes

11 Si donc vous, alors que vous êtes mauvais, vous savez donner de bons dons

Vde bonnes choses à vos enfants

Vfils

combien plus votre Père qui est dans les cieux donnera-t-il de bonnes choses à ceux qui [les] lui demandent.

12 Byz V TR NesDonc tout ce que vous voudriez 

V Svoulez que les hommes fassent pour vous, vous aussi faites [-le] pour eux

car c'est cela la Loi et les Prophètes.

13 Entrez par la porte étroite

car elle est large, la porte, et spacieuse, la voie qui conduit à la perdition

et ils sont nombreux, ceux qui entrent par elle

Byz V TR Nes
S

14 comme

Nescar comme

TRcar elle est étroite, la porte, et resserrée, la voie qui conduit à la vie

et ils sont peu nombreux, ceux qui la trouvent.

14 ...

Byz V S TR Nes

15 Méfiez-vous des faux prophètes ils 

Byz V TR Nesqui viennent vers vous dans des vêtements de brebis

mais à l'intérieur sont des loups rapaces.

Crampon

16 C’est à leurs fruits que vous les reconnaîtrez : cueille-t-on du raisin sur les épines, ou des figues sur les ronces ?

Byz V S TR Nes

17 Ainsi tout arbre bon fait de bons fruits

et l'arbre pourri

Vmauvais fait de mauvais fruits.

18 Un arbre bon ne peut faire de mauvais fruits

ni un arbre pourri

Vmauvais faire de bons fruits.

19 Tout arbre qui ne fait pas de bon fruit est coupé et jeté au feu.

20 Ainsi donc à leurs fruits vous les reconnaîtrez.

21 Ce n’est pas tout homme qui me dit : — Seigneur, Seigneur ! qui entrera dans le royaume des cieux

mais celui qui fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux

Vcelui-là entrera dans le royaume des cieux.

22 Beaucoup me diront en ce jour-là : — Seigneur, Seigneur !

en ton nom n'avons-nous pas prophétisé 

et en ton nom expulsé des démons

et en ton nom fait de nombreux miracles ?

23 Alors je leur déclarerai : — Je ne vous ai jamais connus.

Éloignez-vous de moi, vous qui œuvrez l'iniquité.

24 Quiconque donc entend ces paroles que je dis et les fait

sera comparé

Byz TRje le comparerai à un homme avisé

Vsage qui a bâti sa maison sur la pierre

25 et la pluie est descendue

et les fleuves sont venus

et les vents ont soufflé

et se sont précipités sur cette maison et elle n'est pas tombée 

car elle avait été fondée sur la pierre.

26 Et quiconque entend ces paroles que je dis et ne les fait pas

sera comparé

Vsemblable à un homme insensé qui a bâti sa maison sur le sable

27 et la pluie est descendue

et les fleuves sont venus

et les vents ont soufflé

et se sont précipités sur cette maison et elle est tombée et sa chute a été grande.

28 Et il advint que lorsque Jésus eut achevé ces paroles

les foules étaient frappées

Vdans l'admiration de son enseignement.

29 En effet il les enseignait comme ayant autorité

et non comme leurs

Byz TRles scribes et les Pharisiens

Set les pharisiens.

8,1 Étant

VComme il était descendu de la montagne, des foules nombreuses le suivirent.

8,2 Et voici, un lépreux s’approchant

Byz V S TRvenant [à lui], se prosternait devant lui

Vl'adorait en disant :

— Seigneur, si tu veux, tu peux me purifier.

8,3 Et, étendant la main, il

Byz V S TRJésus le toucha, en disant :

— Je veux, sois purifié.

Et aussitôt sa lèpre fut purifiée.

8,4 Et Jésus lui dit :

— Vois, ne [le] dis à personne

mais va, montre-toi au prêtre

Saux prêtres

et offre le don Sselon ce que Moïse a prescrit en témoignage pour eux. 

8,5 Comme il

S TRJésus était entré dans Capharnaüm

un centurion s'approcha de lui, le suppliant

8,6 en disant :

— Seigneur, mon serviteur est couché à la maison, paralysé, gravement tourmenté. 

8,7 Jésus

NesIl lui dit :

— Moi, en allant,

Vje viendrai et je le guérirai. 

8,8 Et répondant le centurion dit :

— Seigneur, je ne suis pas digne que tu entres sous mon toit

mais dis seulement une parole, et mon serviteur sera guéri

8,9 car moi je suis un homme sous une autorité

ayant sous moi

Sma main des soldats

et je dis à l'un : — Va, et il va

et à un autre : — Viens, et il vient

et à mon esclave : — Fais ceci, et il fait.

8,10 En entendant, Jésus admira

et dit à ceux qui suivaient :

— Amen, je vous dis : — Chez personne je n'ai trouvé une telle foi en Israël

Byz V TRJe n'ai pas trouvé une telle foi en Israël

SMême en Israël je n'ai trouvé une telle foi.

8,11  Je vous dis :

— Beaucoup viendront du Levant et du Couchant

et se mettront à table avec Abraham, Isaac et Jacob dans le royaume des cieux

8,12 les fils du royaume seront jetés

Ssortiront dans les ténèbres extérieures

là seront le pleur et le grincement de dents. 

8,13 Et Jésus dit au centurion :

— Va et qu’il te soit fait comme tu as cru !

 Et à cette heure-là son 

Vle serviteur fut guéri.

8,14 Jésus étant venu dans la maison de Pierre

vit sa belle-mère alitée et fiévreuse

8,15 et il toucha sa main et la fièvre la laissa

elle se leva et elle le

V TRles servait. 

8,16 Le soir venu on lui amena de nombreux démoniaques

Vbeaucoup de gens ayant des démons

et il chassait les esprits par une parole

et tous ceux qui allaient

Vavaient un mal, il les guérit

8,17 afin que s'accomplît ce qui avait été dit par le prophète Isaïe, disant :

« Lui-même a pris nos faiblesses et s’est chargé de nos maladies. »

8,18 Jésus, voyant de grandes foules 

Nesune foule  autour de lui, ordonna de s'en aller sur l’autre rive.

8,19 Et un scribe s'approchant lui dit :

Maître

SRabbi, je te suivrai où que tu ailles,

8,20 et Jésus lui dit :

— Les renards ont des tanières et les oiseaux du ciel des abris

Vtentes

mais le fils de l’homme n’a pas où reposer la tête.

8,21 Un autre de ses disciples lui dit :

— Seigneur, permets-moi d’abord de m'en aller et d'ensevelir mon père.

8,22 Mais Jésus lui dit :

— Suis-moi

et laisse les morts ensevelir leurs propres morts.

8,23 Et comme il était monté dans la barque ses disciples le suivirent.

8,24 Et voici, survint une grande secousse dans la mer

au point que la barque était couverte par les vagues

mais lui dormait

8,25 Ses disciples

ByzLes disciples

V Neset ils s’approchèrent, le réveillèrent et lui dirent

Ven disant :

— Seigneur, sauveByz V S TR-nous, nous périssons ! 

8,26 Il leur dit :

— Pourquoi êtes-vous craintifs, [hommes] de peu de foi ?

Alors, s'étant levé, il menaça les vents et la mer

Vil commanda aux vents et à la mer

et il se fit un grand calme.

8,27  Les

VAprès, les hommes furent étonnés en disant :

— Quel est celui-ci que même les vents et la mer lui obéissent ?

8,28 Étant venu sur l'autre rive, dans le pays des Gadaréniens

Byz TRGergéséniens

VGéraséniens,

deux possédés

V hommes ayant des démons vinrent à sa rencontre

sortant des tombeaux

et ils étaient très violents

Smauvais, de sorte que personne n'était capable de passer par ce chemin-là

8,29  et voici, ils crièrent en disant :

— Qu'en est-il de nous et de toi, Byz S TRJésus Fils de Dieu ?

Es-tu venu ici avant le temps pour nous tourmenter ?

8,30 Il y avait Vnon loin d’eux un troupeau de porcs nombreux paissant.

8,31 Et les démons le priaient en disant :

— Si tu nous expulses, envoie-nous

Byz S TRpermets-nous d'aller dans le troupeau de porcs.

8,32 Et il

SJésus leur dit : —  Allez !

Étant sortis, ils partirent vers les

Byz TRle troupeau de porcs

et voici, tout le troupeau Byz TRde porcs  se précipita

Vs'en alla d'un élan du haut de l'escarpement dans la mer

et ils périrent dans les eaux.

8,33 Les pasteurs s'enfuirent

et étant allés dans la ville ils annoncèrent tout 

et ce qui était arrivé aux démoniaques

Và ceux qui avaient des démons

8,34 Et voici, toute la ville sortit à la rencontre de Jésus

et, le voyant, ils le priaient de s'éloigner de leur région.

9,1 Et, étant monté dans la barque, il fit la traversée et vint dans sa ville

9,2 et voici qu'ils lui présentaient un paralytique étendu sur un lit et

Jésus, voyant leur foi, dit au paralytique :

— Confiance, mon enfant, tes péchés Byz V S TRte sont remis.

9,3 Et voici, quelques scribes se dirent en eux-mêmes :

 — Celui-ci blasphème. 

9,4 Et Jésus, voyant leurs pensées, Sleur dit :

— Pourquoi Byz S TRvous pensez-vous de mauvaises choses dans vos cœurs ?

9,5 Qu'est-ce qui est le plus facile ? dire : — Tes

V TRLes péchés V S TRte sont remis ?

ou dire : — Lève-toi et marche ?

9,6  Pour que vous sachiez que le Fils de l’homme a pouvoir sur la terre de remettre les péchés ;

alors il dit au paralytique :

— Lève-toi, prends ton lit et va dans ta maison.

9,7  S'étant levé

VIl se leva et il s'en alla dans sa maison.

9,8 Alors, voyant [cela], les foules eurent peur

Byz TRs'étonnèrent 

et elles glorifièrent Dieu qui a donné un tel pouvoir aux hommes.

9,9  En passant plus loin, Jésus

vit un homme assis au bureau des impôts,

du nom de Matthieu

et il lui dit : — Suis-moi. 

Et, se levant, il le suivit.

9,10  Il advint, comme il était à table dans la maison,

voici, beaucoup de publicains et de pécheurs, étant venus, se mettaient à table avec Jésus et ses disciples

9,11  et, voyant cela, les Pharisiens disaient

Byz S TRdirent à ses disciples :

 — Pourquoi est-ce avec les publicains et les pécheurs que  votre maître mange ? 

9,12 Mais Lui

Byz V S TRJésus, entendant [cela], Byz S TRleur dit :

— Ce ne sont pas les gens en bonne santé qui ont besoin de médecin, mais les mal portants.

9,13  Allez apprendre ce qu'est : « Je veux la miséricorde et non le sacrifice ».

Car je ne suis pas venu appeler des justes, mais des pécheursByz TR pour la conversion

9,14 Alors les disciples de Jean viennent

Vvinrent à lui en disant : 

— Pourquoi nous et les pharisiens

VPharisiens jeûnons-nous souvent

Byz S TRbeaucoup

mais tes disciples ne jeûnent pas ? 

9,15 Et Jésus leur dit :

— Les compagnons de la chambre nuptiale 

Vde l'époux peuvent-ils se lamenter

Sjeûner tant que l'époux est avec eux ?

Viendront des jours où l'époux leur sera enlevé, et alors ils jeûneront.

9,16 Personne ne superpose un ajout d’étoffe brute à un vieux vêtement

car elle enlève l'intégrité au vêtement et une déchirure pire se produit

9,17 et on ne met pas un vin nouveau dans des outres vieilles :

sinon les outres se déchirent, le vin se répand et les outres sont perdues

mais on met un vin nouveau dans des outres neuves et les deux sont gardés ensemble. 

9,18 Comme il leur disait ces choses

voici, un chef vint se prosterner devant lui

Vs'approcha et l'adorait en disant : 

— Ma fille est morte à l'instant

mais viens imposer ta

Vla main sur elle et elle vivra. 

9,19 Et, se levant, Jésus le suivait, ainsi que ses disciples.

Sainsi que ses disciples le suivirent.

9,20  Voici, une femme hémorroïsse

Vqui souffrait d'un flux de sang depuis douze ans

 s'approchant

Svint

Vs'approcha par derrière, Vet toucha la frange de son manteau

9,21 car elle disait en elle-même :

— Si seulement je touche son manteau, je serai sauvée. 

9,22 Jésus se retournant et la voyant dit : 

— Confiance, ma fille, ta foi t'a sauvée. 

Et la femme fut sauvée dès cette heure-là.

9,23  Jésus, en venant à la maison du chef,

et voyant les joueurs de flûte et la foule agitée

9,24 leur dit :

V Nesdisait :

Sleur disait :

— Retirez-vous, car la jeune fille n’est pas morte, mais elle dort 

et ils se moquaient de lui.

9,25 Lorsque la foule fut expulsée

en entrant

Vil entra et il prit sa main et la jeune fille se leva.

9,26 Et la 

Vcette rumeur se répandit dans tout ce pays-là. 

9,27 Et comme Jésus passait plus loin, deux aveugles le suivirent, criant, et disaient :

— Aie pitié de nous, fils de David ! 

9,28  Comme il arrivait à la maison, les aveugles s’approchèrent de lui

et Jésus leur dit :

— Croyez-vous que je peux faire cela Vpour vous

Ils lui disent : — Oui, Seigneur.

9,29 Alors il toucha leurs yeux en disant :

— Selon votre foi qu'il vous soit fait ! 

9,30 Et leurs yeux s’ouvrirent

et Jésus les menaça en disant :

— Voyez, que personne ne [le] sache. 

9,31  Mais eux, étant sortis, le divulguèrent

Vrépandirent cette rumeur à son sujet dans tout ce pays-là. 

Byz TR Nes
V S

9,32 Comme ils sortaient

voici, on lui présenta un homme muet démoniaque.

32 Comme Jésus sortait,

on lui présenta un muet qui avait Ssur lui un démon.

Byz V S TR Nes

9,33 Le démon ayant été expulsé, le muet parla

et les foules furent dans l'admiration, disant :

— Jamais rien de semblable n'a paru en Israël. 

9,34 Mais les pharisiens

VPharisiens disaient :

— Par le chef des démons il expulse les démons. 

9,35 Et Jésus circulait dans toutes les villes et les villages

enseignant dans leurs synagogues, proclamant l’évangile du Royaume

et guérissant toute maladie et toute infirmitéByz TRdans le peuple

Byz S TR Nes
V

9,36  En voyant les foules, il

SJésus fut saisi de pitié

parce qu'elles étaient lasses et prostrées comme des brebis qui n'ont pas de berger.

36  En voyant les foules, il fut saisi de pitié

parce qu'elles étaient mal traitées et abandonnées comme des brebis qui n'ont pas de berger.

Byz V S TR Nes

9,37 Alors il dit à ses disciples :

— La moisson est abondante mais les ouvriers peu nombreux.

9,38 Priez donc le maître de la moisson de faire sortir des ouvriers pour sa moisson. 

10,1 Puis, ayant appelé ses douze disciples

il leur donna pouvoir sur les esprits impurs pour les expulser

et pour guérir toute maladie et toute infirmité.

Byz S TR Nes
V

10,2 Et voici les noms des douze apôtres :

premier, Simon appelé Pierre et André son frère

et Jacques, le [fils] de Zébédée et Jean son frère

Et voici les noms des douze apôtres :

premier, Simon, qui est appelé Pierre, et André, son frère

10,3 Philippe et Barthélemy

Thomas et Matthieu le publicain

Jacques le [fils] d’Alphée et Thaddée

Byz S TRLebbeus surnommé Thaddée

Jacques, [le fils] de Zébédée et Jean son frère

Philippe et Barthélemy

Thomas et Matthieu le publicain

et Jacques [le fils] d’Alphée et Thaddée

Byz V S TR Nes

10,4 Simon le Cananéen et Judas Nesl’Iscariote, celui qui le livra.

10,5 Ces douze, Jésus les envoya en leur commandant et disant :

— N'allez pas sur le chemin des nations

et n’entrez pas dans une ville

Vles villes des Samaritains

10,6 allez plutôt vers les brebis de la maison d’Israël qui ont disparu.

10,7 En [y] allant, proclamez en disant : 

— Le royaume des cieux approche. 

10,8 Guérissez les malades

V Nesressuscitez les morts

purifiez les lépreux

TRressuscitez les morts

expulsez les démons.

Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement.

10,9 Ne possédez or ni argent

ni monnaie de cuivre 

Vmonnaie pour vos ceintures

10,10 ni besace pour la route

ni deux tuniques

ni sandales

ni bâton 

car l’ouvrier est digne de sa nourriture.

10,11  En quelque ville ou quelque village où vous entrerez

informez-vous 

Vdemandez qui y est digne

et demeurez là jusqu’à ce que vous partiez.

10,12 En entrant dans la maison, saluez-la.

10,13  Si la maison est digne

que votre paix vienne sur elle

Vmais si elle n’est pas digne

que votre paix retourne vers vous.

10,14  Celui qui ne vous accueillerait pas et n'écouterait pas vos paroles,

en sortant V Neshors de cette

Vla maison ou de cette

Vla ville secouezVavec force  la poussière de vos pieds.

10,15  Amen, je vous dis :

 — Ce sera plus tolérable pour la terre de Sodome et de Gomorrhe au jour du jugement que pour cette ville. 

10,16 Voici, moi je vous envoie comme des brebis au milieu des loups

soyez donc prudents 

Ssages comme les serpents

et simples comme les colombes.

10,17  Méfiez-vous des hommes

car ils vous livreront aux sanhédrins

Vconseils

et dans leurs synagogues vous flagelleront.

10,18 Vous serez amenés devant des gouverneurs et des rois à cause de moi en témoignage pour eux et les nations.

Byz S TR Nes
V

10,19 Lorsqu’on vous livrera

ne vous préoccupez pas de ce que vous direz ni comment [vous le direz]

car ce que vous direz vous sera donné à cette heure-là.

19 Lorsqu’on vous livrera

ne pensez pas à comment ou bien à ce que vous direz

car ce que vous direz vous sera donné à cette heure-là.

Byz V S TR Nes

10,20 Car ce n’est pas vous qui parlez

mais l’Esprit de votre Père qui parle en vous.

10,21 Le frère livrera son frère à la mort

le père son enfant

Vfils

les enfants

Vfils se dresseront contre les parents et les feront mourir

Vleur feront subir la mort.

10,22 Vous serez haïs de tous à cause de mon nom

celui qui persévérera 

Vaura persévéré jusqu’à la fin, celui-là sera sauvé.

10,23 Lorsqu’on vous persécutera dans cette ville

fuyez dans l'autre

Amen, je vous dis : 

— Vous n’aurez pas fini [de parcourir] les villes d’Israël

avant que vienne le Fils de l’homme.

10,24 Le disciple n'est pas au-dessus du

Sde son maître

ni l'esclave au-dessus de son seigneur.

10,25 Il suffit pour le disciple qu'il devienne

Vsoit comme son maître

et l'esclave comme son seigneur.

S'ils ont appelé Béelzéboul

V SBéelzébub le maître de maison

Vpère de famille

 [ils appelleront] bien davantage ceux de sa maison !

10,26 Ne les craignez donc pas

car il n’y a rien de caché qui ne sera dévoilé

et de secret qui ne sera connu.

10,27 Ce que je vous dis dans les ténèbres, dites[-le] à la lumière

et ce que vous entendez dans l’oreille, proclamez[-le] sur les toits.

10,28 Ne craignez pas ceux qui tuent le corps

mais ne peuvent tuer l’âme

craignez plutôt celui qui peut perdre à la fois l’âme et le corps dans la géhenne.

10,29 Est-ce que deux moineaux ne se vendent pas pour un as ?

Et pas un d’entre eux ne tombera à terre sans votre Père.

10,30  Pour vous, même les cheveux de votre tête sont tous comptés.

10,31 Ne craignez donc pas

vous valez mieux que beaucoup de moineaux.

10,32 Quiconque donc se déclarera pour moi

Vme confessera devant les hommes

moi aussi je me déclarerai pour lui

Vle confesserai devant mon Père qui est dans les cieux

10,33  celui qui me reniera devant les hommes

moi aussi, je le renierai devant mon Père qui est dans les cieux.

10,34 Ne pensez pas que je sois venu jeter la paix sur la terre

je ne suis pas venu jeter la paix mais le glaive.

10,35 Car je suis venu séparer l'homme contre son père

la fille contre sa mère

la belle-fille contre sa belle-mère

10,36  et les ennemis de l'homme [seront] ceux de sa maison.

10,37 Qui aime père ou mère plus que moi

n’est pas digne de moi

et qui aime fils ou fille plus que moi

n’est pas digne de moi

10,38 celui qui ne prend pas sa croix et ne Vme suit pasByz S TR Nesderrière moi 

n’est pas digne de moi.

10,39 Qui trouve sa vie la perdra

et qui perd

Vaura perdu sa vie à cause de moi la trouvera.

10,40 Celui qui vous reçoit me reçoit

et celui qui me reçoit reçoit celui qui m’a envoyé.

10,41 Celui qui reçoit un prophète en qualité de prophète recevra un salaire de prophète

et celui qui reçoit un juste en qualité de juste recevra un salaire de juste.

10,42 Et quiconque donnera à boire 

Vaura donné à boire seulement un verre [d'eau] fraîche

Vd'eau fraîche à l'un de ces petits en qualité de disciple,

amen, je vous dis : — Il ne perdra pas son salaire.

Contexte

Textes anciens

27,64–28,20 Apparition et apothéose de Romulus

  • Tite-Live 1,16,6-7 « Romulus, père de notre ville, est descendu soudain du ciel, ce matin, au point du jour, et s’est offert à mes yeux ; et, comme je me tenais devant lui, plein de crainte et de respect, et lui demandais instamment la faveur de le regarder en face : ‘Va’, m’a-t-il dit, ‘et annonce aux Romains que la volonté du ciel est de faire de ma Rome la capitale du monde. Qu’ils pratiquent donc l’art militaire. Qu’ils sachent et qu’ils apprennent à leurs enfants que nulle puissance humaine ne peut résister aux armes romaines’. »

Quelques décennies plus tard, le récit d'apparition post-mortem du fondateur de Rome, relevant de la biographie « archéologique » au sens hérodotien du terme, non de l'historiographie, est amplifié, et assigné à un temoin oculaire autorisé :

  • Plutarque Rom. 28 « Pendant le tumulte que cet incident fit naître, un des premiers patriciens, généralement estimé pour sa vertu, qui avait suivi Romulus d’Albe à Rome, et avait joui de la confiance et de la familiarité de ce prince, Julius Proculus, s’avança au milieu de la place publique ; et là, en présence de tout le peuple, il jura, par ce qu’il y avait de plus sacré, qu’en revenant de l’assemblée Romulus lui avait apparu plus grand et plus beau qu’il ne l’avait jamais vu, et couvert d’armes plus brillantes que le feu ; qu’à cette vue, saisi d’étonnement, il lui avait dit : "— Ah ! prince, que vous avons-nous fait ? et pourquoi nous avez-vous quittés, en nous exposant aux accusations les plus graves et les plus injustes, en laissant toute la ville privée d’un père et plongée dans un deuil inexprimable ?" Que Romulus lui avait répondu : "— Les dieux veulent, Proculus, qu’après avoir vécu si longtemps avec les hommes, quoique fils d’un dieu, après avoir bâti une ville qui surpassera toutes les autres en puissance et en gloire, je retourne au ciel d’où je suis descendu. Adieu ; allez dire aux Romains qu’en pratiquant la tempérance, en exerçant leur courage, ils s’élèveront au plus haut point de la puissance humaine. Pour moi, sous le nom de Quirinus, je serai votre dieu tutélaire." Le caractère de Proculus, et le serment qu’il avait fait, firent ajouter foi à son témoignage. D’ailleurs l’assemblée, par une sorte d’inspiration divine, fut saisie d’un tel enthousiasme, que personne ne pensa à le contredire, et que, renonçant à leurs soupçons, ils se mirent tous à invoquer et à adorer Quirinus » (trad. Ricard).

Réception

Littérature

7,12 la Loi et les Prophètes FRANÇAIS BIBLIQUE L'expression « la Loi et les prophètes » se dit, en divers contextes ou circonstabces, de ce qui y fait autorité sans discussion. 

FRANÇAIS BIBLIQUE

Drapeau de la francophonie→ © Domaine public 

Cinéma

26,1–28,20 La Passion dans Il Vangelo secondo Matteo, chef-d'œuvre de Pier Paolo Pasolini (réal., scén., 1922-1975) Film noir et blanc à petit budget, réalisé par un homosexuel athée marxiste, ce film reste un choc, comparé aux œuvres ultérieures de Pasolini (p. ex. Salò, ou Les 120 journées de Sodome, en 1975). Pasolini s'était dit fasciné par l'éclat littéraire et l'efficacité narrative de l'évangile selon Mt. Son film, dédié au « glorieux Pape Jean XXIII », met en scène tout l’évangile selon Mt, qu’il suit fidèlement, surtout dans les dialogues. Cette fidélité littérale ne l’empêche pas de proposer une représentation très personnelle de la passion de Jésus, où il fait intervenir sa propre mère Susanna Pasolini pour interpréter la Vierge Marie avec une retenue bouleversante (cf. ci-dessous « la figure de Marie »).

Pier Paolo Pasolini, Il Vangelo secondo Matteo, film, 137', Italie-France : Arco film-Lux Compagnie cinématographique, 1964.

Photographie : Tonino Delli Colli ; musique : Jean-Sébastien Bach, Wolfgang Amadeus Mozart, Sergueï Prokofiev, Anton Webern, Père Guido Haazen (Missa Luba), Sometimes I Feel like a Motherless Child (Negro spiritual), chants de l’Armée Rouge ; distribution : Enrique Irazoqui (Jésus), Mario Socrate (Jean-Baptiste), Margherita Caruso/Susanna Pasolini (Marie)

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La représentation est à la fois réaliste, par le décor naturel, et hiératique, par une succession de tableaux qui évoquent la scénographie d’un opéra. La musique joue d’ailleurs un rôle important pour préciser le sens des séquences, comme un commentaire sans paroles. La figure de Jésus est celle d’un prophète imprécateur, au verbe violent, qui entraîne les foules et déchaîne l’hostilité croissante des chefs et des pharisiens. Cette énergie se déploie jusqu’à l’arrestation. Jésus est d’ailleurs filmé souvent seul dans le plan, séparément des disciples. Les traits fins et distingués de l’acteur qui interprète le Christ contrastent avec la beauté brute et rustique des visages des disciples : Jésus est la perfection de l’humanité. Les gros plans nombreux sur ces visages évoquent l'Église comme peuple de Dieu ou le Peuple lui-même. On y voit surtout des hommes de tous âges, des vieilles femmes et des enfants, peu de jeunes femmes.

De plus, la pauvreté formelle adoptée comme langage cinématographique résonne fortement avec les enseignements du Christ : les canons néoréalistes permettent d’insister sur l’humanité de Jésus, rompant avec la vision « héroïcisante » des studios hollywoodiens. L’ambition néoréaliste de mettre à l’honneur les humbles, tout en soulignant le caractère réellement inédit du quotidien, renvoie aussi à la prophétie de Jésus : « Aujourd'hui s'accomplit cette Écriture — à vos oreilles » (Lc 4,21). Ce film fut récompensé, entre autres, par le prix spécial du jury au Festival de Venise et le grand prix de l'Office catholique du cinéma.

La passion

La représentation de la passion à proprement parler occupe 28 min, dans la seconde moitié du film. Dans les choix opérés par le réalisateur, trois caractéristiques influent profondément sur le message délivré par l’œuvre : Pasolini a une intelligence politisée du message évangélique ; il adopte une lecture chronologique et littérale de Mt ; il représente la passion de points de vue majoritairement externes.

  • Pasolini dans ses choix de mise en scène, décrit Jésus comme un tribun, un homme politique animé par un immense désir de justice.

  • Il adopte une narration strictement chronologique, qui suit littéralement le texte de l’évangile, omettant toutefois certains épisodes relatés dans Mt. Cette construction linéaire, si elle confère un caractère de simplicité et de pauvreté au récit de la passion, exprime de manière limitée l’unité profonde dont est tissée la vie du Christ.

  • La caméra adopte le point de vue externe de Pierre jusqu’à son reniement, puis de Judas jusqu’à sa pendaison, enfin de Jean jusqu’à la crucifixion. Il en découle que la majorité des images de la passion est éloignée du cœur de l’action : l’œil de la caméra observe une suite de tableaux à distance respectueuse, sans s’approcher du visage ni du corps du Christ. Hormis la pauvreté formelle adoptée dans cette œuvre, la Passion de Pasolini fait peu entrer dans le caractère stupéfiant de l’amour de Dieu tel qu’il est révélé dans la mort du Christ, car cette représentation laisse le spectateur à l’extérieur de l’humanité du messie et de sa réalité incarnée et personnelle. Pasolini ne montre pas non plus l’événement universel et cosmique (en tant qu’il réalise une conversion, un retournement de la marche du monde) que constitue la passion de Jésus.

Une conséquence de telles options est l’impression d’extériorité qui se dégage de la dernière partie du film : Jésus, après avoir déclamé ses enseignements sur un ton impérieux, souffre sa passion et meurt loin du spectateur. La distance installée par le metteur en scène avec le Christ souffrant occulte largement la violence inexprimable de la passion, qui est le sacrifice d’amour de Dieu pour ses enfants et ses frères, les hommes. Avec le recul, on comprend les raisons pour lesquelles cette œuvre a pu rencontrer un tel succès critique, tant cette représentation de la passion, tout en semblant réaliste, est peu dérangeante.

Jésus

À l’écran, selon un procédé fréquent dans le cinéma italien de l’après-guerre, Jésus est incarné simultanément par un duo d’acteurs, avec l’apparence d’Enrique Irazoqui aux cheveux noirs, aux yeux noirs et sans arcade (juif basque qui, comme les autres interprètes, n'était pas un acteur professionnel) et la voix d’Enrico Maria Salerno. Le décalage entre les images capturées en extérieur d’un interprète non professionnel et la voix puissante enregistrée en studio d’un acteur confirmé peut être vu comme le signe de la double nature du Christ. Ce Jésus éructe les paraboles et prophétise avec une férocité vive, comme un agitateur syndical. Il est nerveux avec ses inquisiteurs et brusque avec ses apôtres. C'est un homme-Dieu pressé d'accomplir sa mission. Plus tôt mort, plus tôt ressuscité.

La perfection formelle du visage d’Irazoqui rappelle les représentations du Greco ; son regard légèrement asymétrique renvoie au mystère que dégagent les portraits du Christ dans l’art russe de l’icône. Fidèle au texte de Mt, Pasolini insiste sur l’union de Jésus au Père en montrant la prière solitaire du Christ avant sa passion, sur le point d’entrer dans Jérusalem. Il montre la souffrance portée par Jésus dans son agonie en empruntant à La Passion de Jeanne d’Arc de Carl Dreyer la douleur béate et muette du visage du condamné : regard hébété, fixité, stupéfaction à l’aube du don total de soi.

Il faut néanmoins admettre que l’acteur principal manque singulièrement d’épaisseur, en particulier dans les scènes de la passion, ce qui peut être imputé au jeune âge d’Irazoqui, qui n’avait que 19 ans (et non 33) lors du tournage.

Colère de Dieu, colère des hommes

Il Vangelo de Pasolini frappe par le souffle d’impatience et de colère impérieuse qui jaillit de la personne du Christ et qui secoue toute l’œuvre. La Bonne Nouvelle présentée ici semble être un principe de vie réagissant à l’injustice sociale répandue dans le monde. Par suite, la justice de Dieu semble primer sur la miséricorde de Dieu, appauvrissant le sens fondamental de la passion. On est loin de la plume déchirante de Péguy qui met les mots suivants dans la bouche du Père décrivant la passion de Jésus :

  • Péguy Porche « Cette aventure par laquelle mon Fils m’a lié les bras. Pour éternellement liant les bras de ma justice, pour éternellement déliant les bras de ma miséricorde » (307).

Chez Pasolini, le cœur de Jésus semble plus vibrant de colère que brisé d’amour. Sa colère et son exigence de justice l’emportent sur sa compassion et sa miséricorde. À la lumière des engagements de Pasolini auprès du Parti communiste italien, on peut s’interroger sur la justesse de cette interprétation : la colère attribuée ici au Christ est-elle la colère de Dieu, ou plutôt la colère du réalisateur projetée sur ce qu’il comprend de la personne du Christ ?

Le mystère de la croix

Pasolini montre sans ambiguïté le don libre que le Christ fait de lui-même dans sa passion : Jésus après l’institution de l’Eucharistie, sourit à ses disciples comme un époux qui connaît la plénitude après l’union nuptiale ; au prétoire, après le couronnement d’épines, il marche librement vers sa croix, son bâton à la main ; au Golgotha, il crie peu lorsqu’il est cloué sur sa croix, contrairement au brigand crucifié à ses côtés.

Toutefois par d’autres aspects non négligeables, Pasolini ne donne pas la pleine mesure du don personnel du Fils de Dieu fait homme. Ainsi la flagellation du Christ est ignorée. De plus, dans l’interprétation que le réalisateur fait de la réquisition de Simon de Cyrène, Jésus, désormais déchargé de sa croix et apparemment en bonne santé, cesse de porter sa croix et marche aux côtés du Cyrénéen qui a endossé son fardeau. Étranger à l’ultime étape de sa vie terrestre, le Christ paraît dès lors désincarné. La lecture que fait Pasolini du texte de Mt, quoique poétique, est un contresens : ici le Verbe de Dieu fait homme pour assumer le péché du monde fait porter son joug par son prochain menacé de mort, alors même qu’il est venu assumer la souffrance et le péché de tous les prochains.

La figure de Marie

Le rôle de Marie lors de la passion du Christ est tenu par Susanna Pasolini, la mère de Pasolini. Elle est une Vierge éplorée de douleur, tordue de souffrance devant le spectacle de son fils supplicié et mis à mort devant elle. Malgré le jeu convaincant de son actrice, le réalisateur butte sur le double écueil du choix de son interprète et de la difficulté à percer le mystère de la nouvelle Ève :

  • En donnant ce rôle clef à sa propre mère, Pasolini fait en quelque sorte le choix d’apparaître lui-même comme le messie crucifié. (Nombreux sont d’ailleurs les critiques que, par certains aspects, la vie du Christ résonne avec la vie du cinéaste.)

  • Pasolini ne communique guère au spectateur les réalités profondes qui font que la souffrance de Marie au pied de la croix dépasse considérablement la peine de Susanna Pasolini, fût-elle en train de contempler son propre fils agonisant : Marie au Calvaire distingue dans la personne de son fils à la fois le fruit de ses entrailles et le Dieu vivant et vrai qui épouse notre humanité pour porter toute souffrance. Étant unie mystiquement au cœur de son fils, elle traverse la mort comme Jésus traverse la mort. Cependant si elle porte « celui qui porte tout », on peut dire aussi que sa force et sa dignité reçues de Dieu surpassent celles de toutes les mères : dans son union mystique au cœur de Dieu, Marie garde intacte sa certitude que Jésus est le Fils de Dieu, et intacte sa confiance dans l’amour tout-puissant et miséricordieux du Père. À ce titre le jeu accablé de Susanna Pasolini, s’il est juste sur un plan strictement humain, ne rend pas pleinement compte de l’amour de Marie marchant au Golgotha avec Jésus.

Antijudaïsme ?

Chez Pasolini, Jésus marche jusqu'à sa mort, à travers la campagne de Matera, dans les Pouilles, près du talon de la botte italienne. La foule le poursuit et le presse ; un cri jaillit "Son sang soit sur nos enfants !" (Mt 27,25). Pasolini, poète avant d'être cinéaste, ne voulut pas censurer le verset d'un texte qu'il voulait honorer ; et, en mettant en scène des Italiens pourchassant les Italiens, il typifie une malédiction moins de race ou de religion que de clan.

L’Église

Une mosaïque de musiques émaille l’œuvre de Pasolini : des extraits des œuvres de Bach, Webern, Mozart, Prokofiev, de la Missa Luba (messe congolaise), de Negro spirituals (déchirant Sometimes I Feel like a Motherless Child) et de chants révolutionnaires russes enrichissent les images de la vie simple du Christ et nous enseignent sur ce qu’est l’Eglise :

  • Ces thèmes récurrents sont une représentation de la multiplicité des demeures dans la maison du Père : l’Église ressemble à une famille et l’Église est universelle ; elle accueille tout homme, comme Dieu ouvre ses bras à tout homme.

  • La répétition de ces musiques variées évoque aussi la prière tournoyante et sans cesse recommencée du psalmiste.

  • Enfin, on peut deviner dans les choix de musique de Pasolini les possibles défigurations du message évangélique. Ainsi, après la résurrection du Christ, l’Église en marche est représentée comme un peuple d’insurgés avec les armes à la main, courant vers un avenir lumineux au son des chœurs de l’Armée Rouge.

Conclusion

Il Vangelo secondo Matteo de Pasolini bénéficie des canons du néoréalisme italien et rompt heureusement, par sa pauvreté formelle, avec la proposition hollywoodienne connue jusque-là. Toutefois, dans une lecture littérale (quoique poétisée et politisée) de l’évangile, le réalisateur semble ne pas adhérer au cœur de la foi chrétienne, qui est que Dieu, fait homme dans la personne de Jésus, a porté le péché de chaque homme et de l’humanité pour que tout homme soit sauvé. C’est pourquoi cette œuvre recèle un certain nombre de limites lorsqu’elle rend compte du message évangélique, et ressemble au récit qu’un reporter extérieur ferait du parcours exceptionnel d’un leader exceptionnel.

La passion dans Il Vangelo secondo Matteo, verset par verset

Après la référence, on donne un bref commentaire, suivi du minutage.

  • Mt 26,1-5 : complot contre Jésus (1:38). 
  • Mt 26,6-13 : la protestation « des disciples » contre l'onction vient de Judas seul ; Marie Madeleine perçoit avec effroi le choix que Judas fait, dans son cœur, de trahir le Christ (1:39-41). 
  • Mt 26,14-16: trahison de Judas (1:41-42).
  • Mt 26,25 : dénonciation de Judas (1:42-43). 
  • Mt 26,26 : la communion au pain (1:43). 
  • Mt 26,27:  lors de la communion au calice, Jésus sourit (contentement de l’époux après avoir consommé ses noces ; 1:43-44).
  • Mt 26,30: le jardin des Oliviers (1:44).
  • Mt 26,38: pendant l’agonie de Jésus, la lumière disparaît ; la pellicule noircit (1:45-49).
  • Mt 26,39: Jésus tombe, mais pas face contre terre (1:45-49).
  • Mt 26,43: en train de dormir En train de dormir : Jésus prie en 2 fois et pas 3 (il ne réveille ses disciples qu’une seule fois, puis les soldats arrivent) (1:45-49).
  • Mt 26,49: un baiser le baiser de Judas Ignoré par Pasolini (1:45-49).
  • Mt 26,51-52: Jésus, par sa parole, empêche que l’oreille du garde soit arrachée par le disciple zélé (1:48-49).
  • Mt 26,55 : l’arrestation de Jésus (1:49).
  • Mt 26,59 : pendant l’interrogatoire au sanhédrin, un point de vue de Pierre, qui déambule, perdu dans les rues de Jérusalem. Jérusalem est montrée comme une ville en ruines (1:50).
  • Mt 26,65 a: déchira ses vêtements l’indignation de Caïphe : Caïphe se déshabille plutôt qu’il ne déchire ses vêtements (1:52).
  • Mt 26,67-68 : les outrages chez le grand prêtre sont suggérés (cohue). Cette scène est montrée de loin, avec le point de vue de Pierre qui est un spectateur éloigné. Pasolini qui insiste tout au long de son œuvre sur la colère du Christ devant l’injustice faite aux hommes par les hommes, édulcore l’injustice faite par les hommes à l’Homme (1:53).
  • Mt 26,70 b: Je ne sais pas ce que tu veux dire le reniement de Pierre : Le coq n’est pas montré ; Pierre est montré perdu sur une rue pavée dévorée de mauvaises herbes (Cf. la parabole). On s’éloigne de Pierre pour rejoindre Judas (1:53-54).
  • Mt 27,4-5 les remords de Judas : Puis point de vue de Judas pour montrer Jésus emmené chez Pilate pour mourir (1:55-57).
  • Mt 27,5 Mort de Judas : Judas se pend nu. Il a tout perdu. Il se retrouve seul dans la création, séparé de Dieu, comme Adam après le péché originel ? (1:57).
  • Ajout de Pasolini : Jean et Marie chez Pilate (1:57-58).
  • Mt 27,1 Devant le gouverneur : Jésus chez Pilate est montré du point de vue de Jean, avec les yeux de Jean (1:58).
  • Mt 27,11 b: le gouverneur l’interrogea l’interrogatoire par Pilate (1:58).
  • Mt 27,24 b: se lava les mains le lavement des mains Pilate prononce les paroles du lavement des mains mais ne se lave pas les mains (1:58).
  • Mt 27,26-27 dans le prétoire la flagellation et les outrages au prétoire Jésus marche librement vers sa mort, un bâton de pèlerin à la main jusqu’à ce que ce dernier soit remplacé par la croix. A part un mouvement de cohue, Jésus n’est pas supplicié (1:59).
  • Mt 27,31 c : ils l’emmenèrent la montée au Calvaire : Marie est cramponnée à Jean. Susana Pasolini est tres convaincante en mère assistant au supplice de son fils ; cependant elle n’est pas n’importe quelle mère. Lorsque son fils meurt, il porte le monde et dans sa compassion qui est une union mystique, un cœur à cœur avec le Fils de Dieu qui aime l’humanité à mourir d’amour pour elle, Marie aussi porte le monde. Elle ne peut dès lors être représentée comme « simplement » éplorée (évaporée).  Les soldats donnent à boire à Jésus pour monter au Calvaire. Marie se bat pour être proche de son fils (1:59).
  • Mt 27,32 a : un Cyrénéen du nom de Simon Simon de Cyrène : Jésus tombe une fois, puis Simon de Cyrène est réquisitionné pour porter (seul). Jésus n’a pas un cheveu décoiffé, pas une égratignure. Rupture entre la promenade dominicale d’un Christ étranger/indifférent/désincarné [ou encore philosophe face] à son fardeau. Ici Jésus sous-traite le problème (2:01).
  • Mt 27,35 a l’ayant crucifié la crucifixion (2:03). L’image s’interrompt pour expliquer, par une parole du Christ, le caractère mystérieux (incompréhensible ?) de la Passion : « Vous verrez mais ne comprendrez pas… »
  • Mt 27,38  deux brigands le bon et le mauvais larron : Visibles mais non identifiés (2:02).
  • Mt 27,45 de la ténèbre sur toute la terre l’obscurcissement à la sixième heure (2:04).
  • Mt 27,48 b : vinaigre la gorgée de vinaigre (2:05).
  • Mt 27,51-53 les signes accompagnant la mort du Christ : Seul le tremblement de terre est représenté. Un groupe de femmes en noir jaillit en courant d’une habitation (2:06).
  • Mt 27,59-60 Ensevelissement de Jésus : Cortège comprenant Marie et Jean. Plusieurs jeunes hommes pieds nus, habillés comme des moines franciscains (sans capuche), portent le corps de Jésus jusqu’à son tombeau (2:07-08).
  • Mt 28,1 vinrent pour voir le sépulcre visite des saintes femmes au tombeau (2:09).
  • Mt 28,2 et voici la résurrection Le visage de Marie s’illumine de gratitude, sans trace de surprise lorsque la pierre roule découvrant le tombeau vide (2:10).
  • Mt 28,16-20 : apparition du Christ ressuscité aux disciples (2:11).

(avec fr. Benoît Ente o.p.)