Un projet du Programme de Recherches La Bible en ses traditions AISBL
Dirigé par l’École Biblique et Archéologique Française de Jérusalem
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1 Psaume de David.
1 ...
1 PSAUME DE DAVID
Vers toi, Seigneur, j'ai élevé mon âme,
2 ALEPH.
Vers toi, YHWH, j’élève mon âme, mon Dieu.
2 ...
2 mon Dieu,
c'est en toi que je me confie : que je n'en rougisse pas
3 BETH.
En toi je me confie
que je ne sois pas confondu
Que mes ennemis ne se réjouissent pas à mon sujet
3 ...
3 ni qu'aillent rire de moi mes ennemis !
Oui, vraiment tous ceux qui tiennent bon pour toi ne seront pas confondus !
6.22.1ss Souviens-toi Introït
17s.1s Tire-moi de ma détresse ! Introït
15s.1s Mes yeux sont constamment vers le Seigneur
« L’introït Oculi du troisième dimanche de Carême est emprunté au septième mode, mais il s’agit ici d’un septième mode recueilli qui n’a pas le flamboiement des grandes pièces. Même quand il s’élève mélodiquement, il garde une certaine réserve et douceur.
L’enseignement spirituel de cet introït est très riche pourtant : il nous parle de la prière assidue qui est élévation de l’âme vers Dieu (« mes yeux sont toujours tournés vers le Seigneur ») ; il nous décrit la confiance que suscite la considération de l’œuvre de Salut accomplie par le Christ (« car c’est Lui qui dégagera mes pieds du filet ») ; il évoque l’attitude fondamentale du chrétien vis-à-vis de ce Salut : l’humilité et la petitesse qui oblige Dieu à déployer sa puissance d’amour (« Regardez-moi, Seigneur, prenez pitié de moi, car je suis pauvre et isolé »)». (L'Homme Nouveau→)
1 V—IUXTA HEBR.
2 V—IUXTA HEBR.
3 V—IUXTA HEBR.
1–4 À toi Seigneur GRÉGORIEN « Le » psaume d'entrée dans l'Avent Les quatre premiers versets de cet unique psaume fournissent trois pièces structurantes de la liturgie eucharistique du 1er dimanche de l'Avent.
Le chant d'entrée de l'Avent, l'introït du 1er Dimanche, donne le ton à toute l’année liturgique en invitant à élever son âme vers Dieu dans une attente confiante, à transformer sa vie en prière :
L'aspiration vivante vers Dieu ad te (vers toi) informe la vie de l'âme soutenue par la foi qui illumine et purifie. Elle soulève et transporte l’âme vers Celui qui est sa force, son guide, son appui ad te Domine levavi animam meam (vers toi, Seigneur, j'ai élevé mon âme). Elle établit dans une sérénité confiante « Mon Dieu, c'est en toi que je me confie », un respect adorant des desseins de Dieu sur soi, malgré les embûches d’ennemis puissants, intérieurs et extérieurs, qui perturbent l’âme « en toi je me confie, je ne rougirai pas ». En bref, toute l’antienne exprime une confiance inébranlable en Dieu, au milieu d’ennemis qui cherchent à entraver la marche de l'âme vers Dieu.
Elle attaque la dominante du mode sans préparation et s’y installe en quelque sorte, mais avec vivacité et insistance. Il y a quelque chose de malicieux sur irrideant, et sur inimici peut-être du mépris qui se change en une paix heureuse sur les clivis allongées de la dernière syllabe de inimici et la 1re de mei qui amènent la mélodie en Fa.
Etenim universi se chante dans une paix heureuse. Il faut ensuite envelopper exspectant dans un beau mouvement arsique, en faisant entendre un discret crescendo. La pièce finit sur une cadence à la fois douce et forte de non confundentur.
Le texte reprend la dernière phrase de l’Introït sans la particule de liaison etenim et à la fin un Domine ajouté et son verset : Universi qui te exspectant, non confundentur, Domine. V. Vias tuas, Domine, notas fac mihi et sémitas tuas edoce me. (Tous ceux qui t’attendent ne seront pas confondus, Seigneur ! Tes voies, Seigneur, montre-les moi et tes sentiers enseigne-les moi.)
Le sens est le même que dans l’Introït : la joie domine dans une confiance inaltérable.
Toute la pièce se chante dans un bon mouvement joyeux.
Elle est écrite dans le registre grave du mode de Ré. L’intonation de Universi qui descend jusqu’au La inférieur est particulièrement expressive de joie profonde, remplie de fierté. Elle aura avantage à être chantée par des voix chaudes sans lenteur avec un bon mouvement comme s’il y avait de l’enthousiasme dans l’air. Tout de suite après, la joie monte en arsis sur exspectant pour s’épanouir sur les clivis quelque peu allongées mais non pesantes, exprimant une attente pleine de confiance.
La joie qui fut tout d’abord réservée se fera de plus en plus marquée. Le non doit exprimer la ferme espérance par le punctum épisématique « les rythmes binaires de confundentur l’emportent, légère, jusqu’à la fin, où la mélodie se pénètre sur l’admirable vocalise de la dernière syllabe de Domine d’une ardeur nuancée de reconnaissance et d’amour. » (Dom L. , L'expression du chant grégorien, Abbaye Sainte-Anne de Kergonan, Plouharnel-Morbihan, 1947,1,10).
Le verset plus léger est une grande prière toute baignée elle aussi de joie. La mélodie se balance sur des rythmes binaires sur Vias tuas, et sur les deux 1ères syllabes de Domine. La grande vocalise si gracieuse de la dernière syllabe de Domine fait penser à l’insistance de l’enfant qui se sait aimé : le motif Fa Sol La Do La revient trois fois. La belle montée avant le quart de barre qui conduit jusqu’au Ré exprime une joie épanouie. La répétition du podatus Do Ré en est l’illustration. Mais à partir de notas, la « flamme du désir » envahit les coeurs par la quarte ascendante La Ré avec un départ ferme sur la dominante du mode. Toujours dans la ligne d’une pure espérance qui s’épanouit sur le verbe fac en montant jusqu’au Mi pour redescendre graduellement sur mihi qui est tout en légèreté, mais convaincu. Avec et semitas tuas et edoce me s’amorce une grande thésis sans lourdeur. Dans la vocalise de tuas qui se pose sur la sous-tonique Do, la sérénité se laisse deviner et elle dure jusqu’à la fin : edoce me se termine dans une paix confiante avec une retenue toute de douceur pénétrante.
Le texte est le même que celui de l’introït sauf le Domine remis à sa place comme dans le psaume. L’interprétation en diffère quelque peu : la lecture de l’Évangile a laissé une note de gravité, nuancée d'amour filial devant l’annonce de la venue du Christ en gloire.
Elle ne présente pas la joyeuse assurance de l’Introït. L’âme redit à Dieu sa confiance, en dépit de tout ce qui précède l’avènement glorieux du Christ. Le chant des deux premières phrases se fait plus discret, retenu, mais toujours pénétré de confiance aimante. L’âme se livre à la tendre miséricorde du Père comme pour y chercher refuge. La locution d’ouverture Ad te (Vers toi) comporte dix notes, progressant en un crescendo qui s’épanouit sur la clivis allongée du ½ ton descendant. Celui-ci exprime une plainte délicate. L’âme chante avec tendresse et douceur le mot Domine. L'accent de prière intense et pourtant douce et confiante de l'intonation Ad te Domine passera à toute la phrase. La mélodie reprend un petit crescendo à levavi dont l’accent au levé est bien arrondi, jusqu’à l’avant-dernière syllabe de animan. Le meam est légèrement retenue. C'est l'expression de l’élan de l’âme vers le Seigneur.
La confiance devient plus ferme comme si l’âme se ressaisissait. Le Deus qui est syllabique à l’unisson et le te qui suit ne comportant qu’une seule note, sont mis en évidence par leur simplicité et se chantent avec une chaude conviction. Cette proclamation joyeuse se poursuit sur confido et va s’élevant sur non erubescam, affirmé avec netteté. L’insistance sur la corde de Fa et la cadence sur cette même note suggère la certitude inébranlable de l’âme. À neque irridant me, on note le défi et une certaine ironie qui atteint sa force sur l’arsis vigoureux de inimici.
Le calme revient et avec lui une confiance paisible. Il y a même une touche de joie sur universi. La belle descente sur exspectant met en relief la remontée de non confundentur qui achève la pièce sur une note d’espérance joyeuse, bien dans l’esprit de l’Avent.