La Bible en ses Traditions

Exode 5,0 ; 22,1–6,30 ; 6,1

M G V
S Sam

YHWH

G VLe Seigneur dit à Moïse :

— Maintenant tu vas voir ce que je ferai

Vsuis sur le point de faire à Pharaon :

c'est, en effet, seulement à main forte

Vpuissante qu'il les laissera partir ;

après cela, par une main forte 

Gà bras levé

Vd'une main ferme   il les chassera de son pays !

...

Réception

Arts visuels

14,19 Puzzle hiéroglyphique

Thomas Bewick (1753-1828); Rowland Hill (1744-1833), New Hieroglyphical Bible, (Impression au plomb et gravure sur bois, 14 cm x 9 cm)

Thomas Fisher Rare Book Library, Toronto, © Public Domain - Photo : Dr. Ralph F. Wilson

12,8 herbes amères Plus amère encore : la femme !

Enluminure juive de la Renaissance

Yoel Ben Shimon, Enluminure (détrempe sur parchemin), commande de Moses ben Yekutiel Hakohen, Italie du Nord, 1479

« Rothschild Haggadah », Musée d'Israël, Jérusalem © Domaine public→  Qo 7,26 ; Ex 12,8

Une coutume veut que l'homme désigne sa femme quand il prononce le mot maror (« herbes amères ») selon le verset de Qo 7,26.

14,21–15,13 Moïse figure du prêtre

20e s.

Vitrail

Raymond van Bergen (1883-1978), vitraux des confessionnaux, 

Troisième vitrail, verrière droite, église du couvent dominicain de Zwolle, Pays-Bas

© BEST a.i.s.b.l. ; D.R. photo Joop Van Putten, Mt 9,20-22 ; Ex 14,21-31 ; Ex 15,13

Prêtre dominicain du couvent de Zwolle (Pays-Bas) l'artiste a peint de nombreuses œuvres d'arts : peintures, gravures, mais surtout des vitraux dans de nombreuses églises hollandaises. Ces vitraux présentent soit des saint(e)s dominicain(e)s, soit des passages bibliques. Les « vitraux des confessionnaux » dans son église maternelle, l'église du couvent dominicain de Zwolle, relèvent du second genre. Les commentaires sont basés sur les recherches de Cees Brakkee o.p., confrère-dominicain de Zwolle.

À droite, la traversée de la mer Rouge. Le placement du vitrail dans le cadre des confessionnaux s'explique par son sous-titrage d'Ex 15,13 : « Par ta fidélité tu conduis ce peuple. » Le prêtre devient un guide spirituel pour celui qui se confesse et par là atteint la libération de la servitude du péché. Cela explique la concentration sur Moïse, dépeint très grand, et l'absence des Égyptiens.

Liturgie

13,9–16 tu les attacheras sur ta main pour te servir de signe LITURGIE JUIVE Institution des tephilin

Définition

Les tephillin (judéo-araméen : תפילין, tefillin, singulier hébreu : tefilla), dits « phylactères » (grec ancien : φυλακτήριον phylacterion, « amulettes ») dans les sources chrétiennes, sont des objets de culte du judaïsme rabbinique. Il s’agit de deux petits cubes contenant quatre passages bibliques (Ex 13,9.16 ; Dt 6,8 ; 11,18).

Rituel

On les attache au bras (lié au cœur et à la force de travail) et sur le front (lié à l’esprit), par des lanières de cuir, durant la lecture du Shema et pendant  la prière matinale des jours profanes par les hommes ayant atteint leur majorité religieuse.

Institution

Outre les passages bibliques sus-mentionnés : m.Menaḥ. 3:7 ; b.‘Erub. 95b, b.Sanh. 4b, b.Menaḥ. 34a-37b.

Père et fils portant des Tephilin, (2011)

CC BY-SA 3.0→© photo יעקב  Ex 13,9.16 ; Dt 6,8 ; 11,18

Tel père, tel fils : ce touchant cliché illustre admirablement l'idéal de transmission de génération en génération de Dt 6,2.7. Le père est gaucher, son tephilin est  sur sa main droite. Le fils est droitier : ils le porte sur la main gauche.

Description

Le respect de la lettre scripturaire touche les moindres détails :

  • Le tefillin du bras, parce qu'il est désigné au singulier en hébreu (’ôt, signe) comporte un seul compartiment contenant les quatre passages bibliques écrits sur une seule bande de parchemin ;
  • le tefillin de la tête, parce qu'il est désigné au pluriel en hébreu (totāfot, « ornements frontaux »), est divisé en quatre compartiments séparés contenant chacun un petit rouleau.

Fabrication

Après qu'il s'est purifié au mikvé (bain rituel), il faut 10 à 15 heures à un sofer (scribe) pour écrire en écriture hébraïque Ashuri, avec de l'encre, sur des parchemins et dans un ordre codés par la halakha, les 3 188 lettres que contiennent les quatre passages

Willem van de Poll, Un homme fabrique des teffilin derrière une table de travail pleine, (photographie, 1964), Jérusalem

Nationaal Archief, Pays-Bas — 2.24.14.02 © CC0 1.0→ 

Outre les lanières de cuir, au premier plan, on distingue sur la table de préparation des boitiers à quatre compartiments et des boitiers à compartiment unique.

Musique

1,11 ; 3,18 ; 4,1–33 ; 5,1–23 ; 7,1–25 ; 8,1–32 ; 9,1–17 ; 10,1–29,13 Let my people go

20e s.

Louis Armstrong (1901-1971), Go Down Moses, 1958

 © Licence YouTube standard→, Ex 3,18.4,1-33.5,1-23.8,1-32.7,1-25.9,1,13.17.1,11.10,1-29.13,15.17,1-16.11,1-10

Composition

Go Down Moses est un negro-spiritual, inspiré par l'Ancien Testament de la Bible, (Exode 5:1 et 8:1). Israël représente les esclaves africains d'Amérique alors que l'Égypte et le Pharaon représentent les maîtres esclavagistes. Cette chanson a été popularisée par Paul Robeson. Le 7 février 1958, elle est enregistrée à New York par Louis Armstrong avec Sy Oliver's Orchestra.

Paroles

Go down, Moses, way down in Egypt land, tell old Pharaoh to let my people go. Now when Israel was in Egypt land (Let my people go) oppressed so hard they could not stand (Let my people go), so the Lord said : go down, Moses way down in Egypt land, tell old Pharaoh to let my people go. So Moses went to Egypt land (Let my people go), he made old Pharaoh understand (Let my people go), yes the Lord said : go down, Moses way down in Egypt land, tell old Pharaoh to let my people go. Thus spoke the Lord, bold Moses said, (Let my people go), if not I'll smite your firstborn dead (Let my people go), 'cause the Lord said : go down Moses way down in Egypt land, tell old Pharaoh to let my people go, tell old Pharaoh to let my people go.

Contexte

Repères historiques et géographiques

12,1–19,25 Première partie de la route de l'Exode

Itinéraire des Hébreux d'Égypte au Sinaï, (numérique, Jérusalem : 2022)

M.R. Fournier © BEST AISBL, Ex 12-19 ; Nb 33

Note

L'itinéraire suivi par les Hébreux n'est pas certain. Il existe d'autres possibilités selon la localisation du Mt Sinaï (ici, le Mt Sinaï est identifié à Djebel Musa) . Aucune des étapes du voyage ne peut être localisée avec certitude.

Choix sur cette carte:

  • Pitom, ville du district de Sukkot (cf. Ex 1,11) est identifiée à Tell el-Maskhouta.
  • Mara, à Ein Musa
  • Elim, à wadi Gharandal
  • Dophka, à Sarabit al-Khadim
  • Rephidim à wadi Feiran Pi-Hahirot,
  • Pi-Hahirot, Migdol, Baal-Çephon, Alush sont difficiles à localiser.

Cet itineraire est l'itinéraire traditionnel rapporté par Égérie Itin..  

Toponymie

Ramsès, Sukkot, Égypte, Étam, Pi-Hahirot, Migdol, Baal-Çephôn, désert de Shur, Mara, Élim, désert de Sîn, Dophka (Nb 33), Alush (Nb 33), Rephidim, Massa et Meriba, désert du Sinaï

19,1–34,35 Emplacement du mont Sinaï

Le mont Sinaï, (numérique, 2022)

M.R. Fournier © BEST AISBL, Lv 1-27 ; Nb 9 ; Ex 3 ; Ex 19-34 

Le mont Sinaï sur cette carte est associé au djebel Musa au sud de la péninsule du Sinaï, où se trouve le monastère Sainte-Catherine. D'autres localisations ont été proposées au nord de la pénisule ou encore au Negeb par ceux qui adoptent un autre itinéraire pour les Hébreux. Toponymie Sinaï, Horeb.

Mohammed Moussa, Vue du sommet du Mont Sinaï (Jabal Musa , جَبَل مُوسَىٰ), (photographie, 2013)

© CC-BY-SA-3.0→,

Réception

Littérature

12,14 Ce jour sera pour vous un mémorial FRANÇAIS BIBLIQUE

  • « Faire ses pâques » : l'expression vient de la demande de l'Église aux fidèles de se confesser et de communier le jour de Pâques pour célébrer la Cène, la Passion et la Résurrection du Christ. Faire ses Pâques se situe donc dans la continuité des Juifs qui commémorent la sortie d'Égypte et la libération de l'esclavage : signifiant le passage, la première Pâque annonce la seconde, passage du Christ qui libère du péché.

    Drapeau de la francophonie→, © Domaine public 

Arts visuels

14,26–31 Le passage de la mer Rouge, de siècle en siècle Un épisode aussi spectaculaire ne pouvait pas échapper à l'attention des artistes visuels à travers l'histoire.

13e s.

Anonyme, Le passage de la Mer Rouge, (enluminure sur parchemin, 1266),

Jerusalem, Armenian Patriarchate Library n° 2027 © Domaine public→, Sg 19,1-9

17e s.

Entre deux eaux

Nicolas Poussin (1594-1665), Le Passage de la mer rouge, (huile sur toile, 1634), 155,6 × 215,3 cm,

Collection dal Pozzo, National Gallery of Victoria, Melbourne  © Domaine public→

19e s.

Baignade interdite

Gustave Doré (1832-1883), Les Egyptiens se sont noyés dans la mer Rouge, (Gravure sur bois, 1866),

Illustration de la grande → Bible de Tours © Domaine public→

20e s. 

« Au nom de la liberté de toutes les religions »

Peu avant le déclenchement de la Première Guerre mondiale, Jean Devemy, chapelain au Sanatorium de Sancellemoz au Plateau-d’Assy, prit entre 1938–1946 l’initiative de construire l’église Notre-Dame-de-Toute-Grâce au Plateau d’Assy. Cette station pour les malades pulmonaires en Haute-Savoie ne disposait jusqu’alors que de petits espaces sacrés sous forme de chapelles intégrés dans les bâtiments des sanatoriums. Rappelons dans ce contexte que depuis le Concile de Trente 1545–1563, l’art ecclésiastique était étroitement réglé par l’Église, « en sorte qu’on n’expose aucune image porteuse d’une fausse doctrine et pouvant être l’occasion d’une erreur dangereuse pour les gens simples.3» Sous l’influence des réflexions du père dominicain Marie-Alain Couturier concernant le renouveau de l’art ecclésiastique, le chanoine Devemy envisagea d’ouvrir l’église du Plateau d’Assy non seulement à l’art contemporain, mais avant tout aux plus grands artistes. De cette façon des artistes comme Georges Rouault, Pierre Bonnard, Fernand Léger, Jean Lurçat, Henri Matisse, Germaine Richier, Jacques Lipchitz et bien d’autres ont contribué à la décoration de l’église. 

Marc Chagall (1887-1985), Passage de la mer Rouge, (Peinture sur céramique, 1956), 250 x 230 cm, Carrelage mural,

Chapelle baptismale, Notre-Dame-de-Toute-Grâce, Plateau d'Assy, France,  D.R. © Photo : archives Barbara von Orelli

L'œuvre est signée et datée : « Au nom de la liberté de toutes les religions. Chagall 1956. » Le thème du passage de la mer Rouge avait été peint une première fois par l’artiste dans les gouaches de la Bible en 1931. Ce n’est qu’après 1950 que le chanoine Devemy s’adressa à Marc Chagall pour la décoration de la chapelle baptismale. Celui-ci proposa de l’orner d’un vitrail, de deux plaques en marbre en bas-relief pour les murs latéraux et une grande œuvre peinte sur carrelage blanc fixé au mur vis-à-vis de la porte d’entrée.

La composition dispose d’une direction centrale du bas à gauche vers le haut au centre. Dans la moitié inférieure, enveloppés d’un nuage blanc, se trouvent les soldats du pharaon sur leurs chevaux et avec les épées levées. Le peuple israélite est représenté dans sa marche dans la moitié supérieure de la composition, conduite par un ange qui l’accompagne et le guide en toute sécurité. Moïse veille sur le tout, figure montant du coin inférieur gauche et orchestrant l’exode des Israélites avec son bras levé comme un chef d'orchestre. La couleur de l’œuvre est dominée par le bleu, la couleur de la mer, le blanc du nuage par lequel l’armée égyptienne est enveloppée, et la colonne israélite rendue par des tons plus sombres. Tout en haut, à l’horizon sombre, apparaît une traînée d'aurore.

La dynamique particulière de la composition du bas droit au centre supérieur se traduit également par une extension de l'espace réel, à savoir le baptistère.  Le passage de la Mer Rouge de l'Ancien Testament et le baptême présentent des analogies. Dans les deux cas, il s’agit d’échapper à la condition ou à la menace de mort pour accéder à la vraie vie : Liturgie Ex 14,19–24... (B. V.O.)

Littérature

9,20s le verbe du Seigneur  + la parole du Seigneur (V) FRANÇAIS BIBLIQUE De la parole au Verbe et réciproquement En deux versets le scribe latin fait la variation verbum Domini / sermo Domini pour désigner la même réalité, l'oracle tout juste prononcé par Moïse devant Pharaon (Ex 9,13-19). Par le choix de verbum pour désigner la « parole » de Dieu entendue et mise en pratique par les uns (Ex 9,20), et de sermo pour la désigner en tant qu'elle est négligée par les autres, le scribe latin suggèrerait-il que les incroyants n'entendent que de simples paroles là où les croyants sentent obscurément le mystère du v.Verbe ?

Du latin ...

Le nom verbum, omniprésent dans les Écritures, signifie « mot, énoncé, parole(s) » et beaucoup plus encore. Il assume les significations de dabar et de logos, cristallisant la méditation sur la présence d'un « langage » transcendant avec le Créateur, participé dans la création. Cet usage culmine dans le Nouveau Testament pour désigner le mystère personnel de Jésus-Christ (cf. V—Jn 1,1.14.17).

L'expression verbum Domini, en particulier, crée donc un fil continu de révélation christique, de livre en livre. Pour les scribes latins :

  • elle dénote non seulement les paroles attribuées à Dieu, mais aussi Jésus-Christ comme ce Verbe ultime ;
  • elle connote donc aussi sa prééxistence, dans des proportions difficilement déterminables.

... au français

CNRTL →:

  • En littérature, un verbe peut encore signifier un énoncé, une parole ou une suite de paroles : Paul VerlaineSagesse, (OC. vol. I), Paris : Vanier, 1902 : « Aime-moi ! Ces deux mots sont mes verbes suprêmes » (238).
  • En théologie, le Verbe est la Parole divine adressée aux hommes, Dieu lui-même incarné en sa deuxième Personne en Jésus-Christ. 

Autant que possible, nous traduisons donc verbum par « verbe », souvent sans majuscule, parfois avec.

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Texte

Procédés littéraires

17,13 glaive dévorant  FRANÇAIS BIBLIQUE L’expression latine « in ore gladii », traduit l’expression hébraïque lepî-hereb.

  • En hébreu, le est lexicalisé en préposition, signifiant selon, par. lepî-hereb signifie donc au moyen de l'épée, ou au fil de l'épée.
  • V, à l'instar d'Aquila, transpose littéralement, réactivant ainsi l'étymologie de la préposition. En effet, pe désigne la bouche, orifice qui donne accès à l’intérieur du corps ; par métaphore toute ouverture : le monde souterrain, une grotte, un puits ;  et par métonymie, une rive, ou un bord.
  • Si cette locution est complètement lexicalisée en hébreu, elle ne l’est pas en latin, où elle demeure inusitée et marginale, exception faite de saint Jérôme. Pour conserver quelque chose de la bouche à laquelle semble tenir le traducteur latin, nous rendons l'expression par « glaive dévorant ».

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