La Bible en ses Traditions

Matthieu 28,0 ; 16,1–20,34

Byz V S TR Nes

Et s'approchant Vde lui les pharisiens

VPharisiens et les sadducéens

VSadducéens en l'éprouvant  

lui demandèrent de leur montrer un signe [venant] du ciel.

Répondant il leur dit :

— Le soir venu vous dites : — beau temps

Vil fera beau car le ciel rougit

Vest rouge,

Byz S TR Nes
V

et le matin Svous dites : — aujourd'hui mauvais temps

car le ciel rougit sombre.

Byz S TRHypocrites ! le visage du ciel vous savez le juger,

mais les signes des temps vous ne pouvez pas 

Sne savez pas discerner !

et le matin : — aujourd'hui tempête

car le ciel rougit sombre.

Une génération mauvaise et adultère réclame un signe

et de signe il ne lui sera pas donné sinon le signe de Jonas

Byz S TRdu prophète Jonas

et les laissant, il s’en alla.

L'apparence du ciel vous savez [la] discerner

mais les signes des temps, vous ne pouvez pas ?

Une génération mauvaise et adultère réclame un signe

et de signe il ne lui sera pas donné sinon le signe de Jonas

et les laissant, il s’en alla.

Byz V S TR Nes

En allant sur l'autre rive ses

Nesles disciples oublièrent de prendre des pains.

Jésus

V SIl leur dit :

— Voyez et méfiez-vous du levain des pharisiens

VPharisiens et des sadducéens

VSadducéens.

Ils réfléchissaient en eux-mêmes en disant :

— Nous n’avons pas pris de pains.

[Le] sachant Jésus Byz S TRleur dit :

— Pourquoi pensez-vous en vous-mêmes, hommes de peu de foi, que vous n'avez pas Byz S TRpris de pains ?

Vous ne comprenez pas encore et vous ne vous rappelez pas les cinq pains des cinq mille Vhommes 

et combien de paniers

Vcouffins vous avez emportés ?

10 Ni les sept pains des quatre mille Vhommes

et combien de corbeilles vous avez emportées ?

11 Comment ne comprenez-vous pas que ce n'est pas à propos du pain

Nesdes pains que je vous ai dit :

— Méfiez-vous du levain des pharisiens

VPharisiens et des sadducéens

VSadducéens !

12 Alors ils comprirent qu’il n'avait pas dit de se méfier du levain du pain

V Nesdes pains

mais de l'enseignement

Vla doctrine des pharisiens

VPharisiens et des sadducéens

VSadducéens.

13 Étant venu dans la région de Césarée de Philippe, Jésus

VJésus vint aux environs de Césarée de Philippe 

Vet il interrogeait ses disciples en disant :

— Que disent les hommes : Suis-je le Fils de l’homme ?

V NesQuel est celui que les hommes disent être le Fils de l’homme ?

14 Ils Vlui dirent :

— Les uns Sdisent Jean le Baptiste

VJean-Baptiste,

d'autres Élie,

d'autres encore Jérémie ou un des prophètes. 

15 Il leur dit :

— Vous, qui dites-vous que je suis ?

16 Répondant Simon Pierre

VSimon-Pierre dit :

— Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant.

17 Répondant Jésus lui dit :

— Heureux es-tu Simon Bariona

V TRbar Jona

Sfils de Jonas,

car chair et sang ne t'ont pas révélé [cela],

mais mon Père qui est dans les cieux

18 et moi je te dis que tu es « Pierre »

et sur cette pierre je bâtirai mon Église

et les portes de l'Hadès

Vde l'Enfer

Sdu Sheol ne l'emporteront

Vprévaudront pas sur elle

19 et je te donnerai les clefs du royaume des cieux,

ce que tu auras lié sur la terre sera lié dans les cieux

et ce que tu auras délié sur la terre sera délié dans les cieux.

20 Alors il ordonna aux

Byz V S TRà ses disciples qu'ils ne disent à personne qu'il était, lui Byz V TRJésus, le Christ.

21 À partir de là, Jésus commença à montrer à ses disciples qu’il lui fallait s'en aller à Jérusalem,

y souffrir beaucoup de la part des anciens, des grands prêtres et des scribes

Vdes scribes et des grands prêtres,

être tué et, le troisième jour, ressusciter.

22 Pierre, le prenant à part, se mit à le réprimander en disant :

— Dieu t'en garde Seigneur ! Cela ne t'arrivera pas. 

23  Se retournant il dit à Pierre :

— Va-t’en derrière moi Satan, tu es un scandale pour moi

car tu ne penses 

Vgoûtes pas les choses de Dieu, mais celles des hommes.

24 Alors Jésus dit à ses disciples :

— Si quelqu’un veut venir derrière moi, qu’il se renie lui-même

et qu’il prenne sa croix et qu'il me suive.

25 En effet celui qui voudra sauver sa vie la perdra

celui qui perdra sa vie à cause de moi la trouvera.

26 En quoi est-il

S Nessera-t-il utile à l’homme s'il gagne l'univers entier

mais ruine sa vie

Vsouffre de la perte de sa vie ?

Ou que donnera l’homme en échange de sa vie ?

27 En effet, le Fils de l'homme va venir dans la gloire de son Père avec ses Ssaints anges,

alors il rendra à chacun selon sa conduite

V Sses oeuvres.

28 Amen je vous dis :

— Il y en a certains de ceux qui se tiennent ici

qui ne goûteront pas la mort avant d'avoir vu le Fils de l’homme venant dans son royaume.

17,1 Six jours après, Jésus prend Pierre, Jacques et Jean son frère, et il les emmène à l’écart sur une haute montagne

17,2 et il

SJésus fut transfiguré devant eux

son visage resplendit comme le soleil

et ses vêtements devinrent blancs comme la lumière

Vneige.

17,3 Et voici, Moïse et Élie leur apparurent parlant avec lui.

17,4 Pierre intervenant dit à Jésus :

— Seigneur, il est bon que nous soyons ici  

si tu veux faisons

S Nesje ferai ici trois tentes

une pour toi et une pour Moïse et une pour Élie.

17,5 Comme il parlait encore

voici, une nuée lumineuse les couvrit de son ombre

et voici une voix de la nuée disant :

— Celui-ci est mon Fils bien-aimé en qui je me suis complu : écoutez-le.

17,6 En entendant [cela] les disciples tombèrent sur leur face et craignirent beaucoup

17,7 et Jésus s'approcha et en les touchant

Byz TRs'approchant les toucha et

Vs'approcha et les toucha et leur dit :

— Levez-vous et ne craignez pas.

17,8 Levant leurs yeux, ils ne virent personne sinonNes lui-même Jésus seul.

17,9 Comme ils descendaient de la montagne, Jésus leur ordonna en disant :

— Ne dites à personne cette vision, jusqu’à ce que le Fils de l’homme ressuscite des morts.

17,10 Ses

V NesLes disciples l’interrogèrent en disant :

— Pourquoi donc les scribes disent-ils qu’il faut qu’Élie vienne d’abord ?

17,11 Répondant, Jésus leur dit

NesRépondant il dit

VRépondant il leur dit :

— Assurément Élie vient

Vdoit venir Byz S TRd'abord, et il restaurera toutes choses.

17,12  Je vous dis qu’Élie est déjà venu ; ils ne l’ont pas reconnu

mais ils lui ont fait tout ce qu'ils ont voulu.

De même aussi, le Fils de l’homme aura à souffrir par eux. 

17,13 Alors les disciples comprirent qu’il leur avait parlé de Jean le Baptiste

VJean-Baptiste.

Byz S TR Nes
V

17,14 Quand ils furent arrivés près de la foule

un homme s’approcha de lui et tombant à ses genoux :

14  Quand il fut arrivé près de la foule

un homme s’approcha de lui et tombant à genoux devant lui en disant :

— Seigneur, aie pitié de mon fils

parce qu'il est lunatique et il va très mal

en effet il tombe souvent dans le feu et fréquemment dans l'eau.

17,15 en disant :

— Seigneur aie pitié de mon fils

car il est lunatique et il va mal

souvent en effet il tombe dans le feu et souvent dans l’eau.

15 Je l'ai présenté à tes disciples et ils n'ont pas été capables de le guérir.

17,16 Je l'ai présenté à tes disciples et ils n'ont pas été capables de le guérir.

16 Répondant, Jésus dit :

— O génération incrédule et perverse,

jusques à quand serai-je avec vous ?

Jusques à quand vous supporterai-je ?

Amenez-le moi ici.  

17,17  Répondant Jésus dit :

— O génération incroyante et perverse,

jusques à quand serai-je avec vous ?

Jusques à quand vous supporterai-je ?

Amenez-le moi ici.  

17  Jésus le menaça,

le démon sortit de lui,

et l'enfant fut guéri dès cette heure-là. 

17,18  Jésus le menaça

le démon sortit de lui

et l'enfant fut guéri dès cette heure-là.

18  Alors les disciples s'approchèrent de Jésus en secret et dirent :

— Pourquoi n'avons-nous pas été capables de l'expulser ? 

17,19  Alors les disciples s'approchant de Jésus dirent à l'écart :

— Pourquoi n'avons-nous pas été capables de l'expulser ? 

19  Il leur dit :

— À cause de votre incrédulité.

Amen, je vous dis en effet,

si vous avez de la foi comme une graine de moutarde 

vous direz à cette montagne : passe d'ici et elle passera

et rien ne vous sera impossible.

17,20 Il

Byz S TRJésus leur dit :

— À cause de votre peu de foi

Byz S TRincrédulité.

Amen, je vous dis en effet,

si vous avez de la foi comme un grain de sénevé 

vous direz à cette montagne : passe d'ici Byz TR Neslà-bas et elle y passera.

Rien ne vous sera impossible

Sn'aura la force contre vous.

20 Ce genre [de démon] n'est pas expulsé, si ce n'est par la prière et le jeûne.

Byz S TR
V
Nes

17,21  Ce genre [de démon] n'est expulsé que par la prière et le jeûne.

21  Pendant qu'ils se trouvaient en Galilée, Jésus leur dit :

— Le Fils de l'homme doit être livré aux mains des hommes

21  Ø 

Byz S TR Nes
V

17,22  Tandis qu'ils se trouvaient réunis en Galilée, Jésus leur dit :

— Le Fils de l'homme est sur le point d'être livré aux mains des hommes,

22   et ils le tueront et le troisième jour il ressuscitera

et ils furent vivement attristés. 

17,23  ils le tueront et le troisième jour il ressuscitera.

Ils furent très attristés. 

23  Comme ils étaient venus à Capharnaüm,

ceux qui perçoivent la didrachme s'approchèrent de Pierre et dirent :

— Votre maître ne s'acquitte-t-il pas des didrachmes ?

17,24  Comme ils étaient venus à Capharnaüm,

ceux qui perçoivent les didrachmes

Szwzym s'approchèrent de Pierre et dirent :

— Votre maître ne paye-t-il pas des didrachmes ?

Sde ses zwzym ?

24 Il dit : — Oui.

Et lorsqu'il entra dans la maison, Jésus le devança en disant :

— Qu'en penses-tu Simon ? 

Les rois de la terre de qui reçoivent-ils le tribut ou le cens ? 

De leurs fils ou des étrangers ?

17,25  Il dit : — Oui.

Et lorsqu'il

Slorsque Pierre entra dans la maison, Jésus le devança en disant :

— Qu'en penses-tu Simon ? 

Les rois de la terre de qui prennent-ils taxes ou impôts ? 

De leurs fils ou des étrangers ? 

25  Il dit : — Des étrangers.

Jésus dit : 

— Donc les fils sont libres. 

17,26  Il

SSimon lui dit : — Des étrangers.

Jésus lui dit :

— Donc, les fils sont libres. 

26  Afin que nous ne les scandalisions pas,

va à la mer et jette l'hameçon ;

le premier poisson qui montera : prends-le ;

en ouvrant sa bouche tu trouveras un statère.

L'ayant pris, donne-le-leur pour moi et toi. 

17,27  Afin que nous ne les scandalisions pas,

va à la mer, jette l'hameçon ;

le premier poisson qui montera : prends-le ;

en ouvrant sa bouche tu trouveras un statère.

L'ayant pris donne-le-leur pour moi et toi. 

27  Ø 

Byz V S TR Nes

18,1 À cette heure-là, les disciples s'approchèrent de Jésus en disant :

— Qui donc est

Vconsidères-tu le plus grand dans le royaume des cieux ? 

18,2 Byz V S TRJésus appelant un petit enfant il le plaça au milieu d'eux

18,3 et dit :

— Amen je vous dis :

Si vous ne changez pas et ne devenez pas comme les petits enfants,

vous n'entrerez pas dans le Royaume des Cieux. 

18,4 Celui donc qui s'humiliera

Vse sera humilié comme ce petit enfant

celui-là est le plus grand dans le royaume des cieux

18,5 et celui qui accueille 

Vaura accueilli en mon nom un tel petit enfant, c’est moi qu’il accueille.

18,6 Celui qui scandalise 

Vaura scandalisé un de ces petits qui croient en moi 

il est préférable pour lui que lui soit suspendue une meule d'âne autour du

Byz V TRau cou

et qu'il soit coulé dans la profondeur de la mer. 

18,7 Malheur au monde à cause des scandales.

Il est nécessaire en effet qu'arrivent des scandales,

cependant malheur à l’

Byz TRcet homme par lequel le scandale arrive.

18,8 Si ta main ou ton pied te scandalise, coupe-le

Byz TRles et jette loin de toi :

il est mieux pour toi d'entrer dans la vie estropié ou boiteux

Byz TRboiteux ou estropié

Sboiteux ou mutilé 

que d'être jeté

Sde tomber ayant deux mains ou deux pieds dans le feu éternel

18,9 et si ton œil te scandalise, arrache-le et jette loin de toi :

il est mieux pour toi d'entrer borgne dans la vie

que d’être jeté ayant deux yeux dans la géhenne du feu.

18,10 Veillez à ne pas mépriser un de ces petits,

car je vous dis que leurs anges dans les cieux voient sans cesse le visage de mon Père qui est dans les cieux

Byz V S TR
Nes

18,11 car le Fils de l’homme est venu sauver ce qui était perdu.

11 Ø

Byz S TR Nes
V

18,12 Que vous en semble ?

Si un homme a cent brebis

et que s'égare l'une d'elles :

est-ce que, ayant laissé les quatre-vingt-dix-neuf dans les montagnes

et s'en étant allé, il ne cherche pas l'égarée ? 

12 Que vous en semble ?

Si un homme avait cent brebis

et que se perdait l'une d'elles

est-ce qu'il ne laisserait pas les quatre-vingt-dix-neuf dans les montagnes,

et il irait chercher celle qui était perdue ?

Byz V S TR Nes

18,13 Et s’il arrive qu'il la retrouve,

amen, je vous dis qu'il se réjouit

Vréjouira pour elle plus que pour les quatre-vingt-dix-neuf qui ne se sont pas égarées

Vperdues

18,14 Ainsi ce n'est pas la volonté de votre Père qui est dans les cieux qu'un seul de ces petits périsse. 

18,15 Si ton frère pèche contre toi,

va, réprimande-le entre toi et lui seul :

s’il t’écoute, tu auras gagné ton frère ;

18,16 s’il ne t'écoute pas, prends avec toi encore un ou deux

afin que toute affaire soit établie

Vtoute sentence soit fondée sur la bouche de deux ou trois témoins;

18,17 s’il ne les écoute pas, dis-le à l’Église ;

et s'il n'écoute pas non plus l’Église, qu’il soit pour toi comme le païen et le publicain.

18,18 Amen je vous dis :

— Tout ce que vous aurez lié sur la terre sera Vaussi lié dans le ciel 

et tout ce que vous aurez délié sur la terre sera Vaussi délié dans le ciel.

18,19 De nouveau, amen

V TR

Nes[amen] je vous dis :

— Si deux d'entre vous s'accordent sur la terre

sur toute chose qu'ils demandent, cela leur adviendra de la part de mon Père qui est dans les cieux. 

18,20 Là où deux ou trois sont rassemblés en mon nom,

je suis là au milieu d’eux.

18,21 Alors Pierre, s’approchant Byz V S TRde lui Neslui, dit :

— Seigneur combien de fois mon frère péchera contre moi et lui pardonnerai-je ? 

Jusqu’à sept fois ?

18,22 Jésus lui dit :

— Je ne te dis pas « jusqu’à sept fois », mais : jusqu’à soixante-dix fois sept fois.

18,23 C’est pourquoi le royaume des cieux est semblable à un homme roi

qui voulut régler ses comptes avec ses serviteurs

18,24 et en commençant à régler les comptes

lui fut amené un débiteur de

Vquelqu'un qui devait dix mille talents.

18,25 Comme il n’avait pas de quoi rendre

 son

V Nesle seigneur ordonna qu'il soit vendu

avec sa

S Nesla femme et les enfants et tout ce qu’il avait

S Nesa et que [cela lui] soit rendu. 

Byz S TR Nes
V

18,26 Tombant alors à ses pieds, le serviteur se prosternait devant lui en disant :

— Byz S TRSeigneur sois patient envers moi et je te rendrai tout. 

26 Tombant alors à ses pieds, ce serviteur le priait en disant :

— Sois patient envers moi et je te rendrai tout. 

Byz V S TR Nes

18,27 Saisi de pitié, le seigneur de ce serviteur le renvoya et il lui remit la dette. 

18,28 En sortant, ce serviteur trouva un de ses compagnons qui lui devait cent deniers ;

le saisissant il l'étranglait en disant :

— RendsByz S TR-moi si tu dois quelque chose

V TRce que tu dois

18,29 Tombant Byz S TR Nesdonc Byz S TRà ses pieds, son compagnon de service le priait en disant :

— Sois patient envers moi, et je te rendrai V TRtout.

18,30 Lui ne voulait

Vvoulut pas

mais, partant, il le jeta en prison jusqu'à ce qu'il eût rendu la dette.

18,31 Voyant donc ce qui était arrivé, ses

Sleurs compagnons furent très attristés ;

ils vinrent et rapportèrent à leur seigneur tout ce qui était arrivé. 

18,32 En le convoquant, son seigneur lui dit :

— Serviteur mauvais : toute cette dette je te l'ai remise parce que tu m'avais supplié. 

18,33 Ne fallait-il pas que tu aies pitié de ton compagnon comme moi aussi j'ai eu pitié de toi ? 

18,34 En colère, son seigneur le livra aux bourreaux, jusqu’à ce qu’il Byz S TRlui eût rendu toute la dette.

18,35 C'est ainsi que mon Père céleste fera lui aussi pour vous,

si vous ne remettez pas chacun à son frère de [tout] votre coeur ses offenses

S son offense

NesØ

19,1 Il advint quand Jésus eut achevé ces paroles 

il partit de la Galilée

et vint dans le territoire de la Judée de l'autre côté du Jourdain.

19,2 Des foules nombreuses le suivirent et là il les guérit.

19,3 Des pharisiens

VPharisiens s'approchèrent de lui en le mettant à l'épreuve et en Byz TRlui disant :

— Est-il permis à un homme de renvoyer sa femme pour n'importe quel motif ?

19,4 Répondant, il Byz V S TRleur dit :

— N’avez-vous pas lu que celui qui créa

Byz V TRfit dès le commencement les fit mâle et femelle ? 

19,5 Et il dit :

— À cause de cela l’homme quittera père et mère et il s'attachera à sa femme

et ils seront les deux en une seule chair.

Byz S TR Nes
V

19,6 Ainsi ils ne sont plus deux, mais une seule chair

Sun seul corps.

Eh bien ! ce que Dieu a uni, que l'homme ne le sépare pas. 

Ainsi ils ne sont plus deux, mais une seule chair.

Donc, ce que Dieu a uni, que l'homme ne le sépare pas. 

19,7 Ils lui disent :

— Pourquoi donc Moïse a-t-il commandé de donner un acte de divorce et de la

Nes[la] renvoyer ? 

Ils lui disent :

— Pourquoi donc Moïse a-t-il commandé de donner un certificat de répudiation et de renvoyer ? 

Byz V S TR Nes

19,8 Il leur dit :

— Moïse vous a permis de renvoyer vos femmes à cause de votre dureté de coeur,

mais au commencement il n'en fut pas ainsi. 

Byz V S TR
Nes

19,9 Je vous dis que celui qui renvoie

Vaura renvoyé sa femme, si ce n’est pour fornication,

et épouse

Vaura épousé une autre est adultère. 

Et celui qui épouse 

Vaura épousé une renvoyée est adultère.

Je vous dis que celui qui renvoie sa femme, si ce n’est pour fornication,

et épouse une autre est adultère.

Byz V S TR Nes

19,10 Ses disciples lui disent :

— Si telle est la condition de l’homme avec la femme, il n'est pas avantageux de se marier.

19,11 Il Byz S TR Nesleur dit :

— Tous ne comprennent pas cette parole mais ceux à qui [cela] a été donné.

19,12 Il y a en effet des eunuques qui sont nés ainsi du ventre de leur mère ;

il y a des eunuques qui ont été rendus eunuques

Vrendus [tels] par les hommes ;

il y a des eunuques qui se sont rendus eux-mêmes eunuques

Vcastrés à cause du royaume des cieux.

Celui qui peut comprendre, qu'il comprenne !

19,13 Alors lui furent présentés des petits enfants pour qu’il leur impose les mains

Sla main et prie.

Mais les disciples les rabrouèrent

Vrabrouaient.

19,14 Mais Jésus V Sleur dit :

— Laissez les petits enfants et ne les empêchez pas de venir à moi,

car le royaume des cieux est à ceux qui leur ressemblent.

19,15 Et leur ayant imposé les mains

Sla main, il partit de là. 

19,16 Et voici, quelqu'un s'approchant Nesde lui Byz V S TRlui dit :

— Byz V S TRBon maître, que ferai-je de bon pour avoir la vie éternelle ? 

19,17 Il lui dit :

— Pourquoi m’interroges-tu sur ce qui est

Byz TRme dis-tu bon ?

Un seul est le bon

Byz S TRPersonne n'est bon sinon le seul Dieu

VUn seul est bon : Dieu.

Si tu veux entrer dans la vie, observe les commandements. 

19,18 Il lui dit : — Lesquels ?

Jésus dit :

— Tu ne tueras pas 

Vcommettras pas de meurtre,

tu ne commettras pas l’adultère,

tu ne voleras pas

Vcommettras pas de vol,

tu ne feras

Vporteras pas de faux témoignage,

19,19 honore le

V

TRton père et Byz TR Nesla mère,

tu aimeras ton prochain comme toi-même. 

19,20  Le jeune homme lui dit :

— Tout cela je l'ai gardé Byz S TRdepuis ma jeunesse ;

que me manque-t-il encore ? 

19,21 Jésus lui dit :

— Si tu veux être parfait, va, vends tes biens

Vce que tu as et donne aux pauvres :

tu auras un trésor dans les cieux

Byz V TRle ciel ;

et viens, suis-moi.

19,22 Entendant la

Scette parole, le jeune homme s'en alla triste,

car il avait en effet beaucoup de possessions.

19,23 Jésus dit à ses disciples :

— Amen je vous dis : un riche entrera difficilement dans le royaume des cieux.

19,24 De nouveau je vous dis :

— Il est plus facile à un chameau de passer par

V Sd'entrer dans un trou d’aiguille

qu'à un riche d’entrer dans le royaume de Dieu

Vdes cieux.

19,25  Les

Byz TRSes disciples ayant entendu Vcela étaient très étonnés et dirent :

— Qui donc peut 

Vpourra être sauvé ? 

19,26 Fixant son regard Jésus leur dit :

— Pour les hommes c'est impossible

mais pour Dieu tout est possible.

19,26 Fixant son regard Jésus leur dit :

— Pour les hommes c'est impossible

Byz S TR Nesmais pour Dieu tout est possible.

19,27 Alors, répondant, Pierre lui dit :

— Voici, nous avons tout quitté et nous t'avons suivi :

qu’en sera-t-il alors pour nous ?

19,28 Jésus leur dit alors :

— Amen je vous dis : vous qui m'avez suivi,

 au temps de la regénération, lorsque le Fils de l'homme siègera sur le trône de sa gloire

Vmajesté,

vous siègerez vous aussi sur douze trônes,

jugeant les douze tribus d'Israël. 

19,29  Quiconque aura laissé

Va laissé maisons,

Vmaison ou frères, ou sœurs, ou père, ou mère

ou Byz V S TRfemme, ou enfants, ou champs, à cause de mon nom

recevra le centuple et il héritera de

Vpossèdera la vie éternelle.

19,30  Beaucoup de premiers seront derniers et de derniers premiers.

20,1 Car le royaume des cieux est semblable à un homme maître de maison

Vpère de famille

qui sortit tôt le matin pour embaucher des ouvriers pour sa vigne.

20,2 Étant convenu avec les ouvriers d'un denier par jour,

il les envoya dans sa vigne.

20,3  Étant sorti vers la troisième heure,

il en vit d’autres qui se tenaient oisifs sur la place publique

20,4 il leur dit :

— Allez vous aussi à la vigne,

je vous donnerai ce qui est 

Vsera juste.

20,5 Ils allèrent.

De nouveau étant sorti vers la sixième et la neuvième heure il fit de même. 

20,6  Vers la onzième Byz S TRheure il sortit et il en trouva d’autres qui se tenaient là Byz S TRoisifs et leur dit :

— Pourquoi vous tenez-vous ici tout le jour oisifs ?

20,7 Ils lui disent :

— Parce que personne ne nous a embauchés.

Il leur dit :

— Allez vous aussi à la vigne

Byz S TRet vous recevrez ce qui est juste. 

20,8 Le soir venu

VLorsqu'il se fit soir,

le seigneur de la vigne dit à son intendant :

— Appelle les ouvriers et rends-leur le salaire,

en commençant par les derniers jusqu’aux premiers. 

Byz S TR Nes
V

20,9  Étant venus, ceux de la onzième heure

reçurent chacun un denier.

Lorsque vinrent ceux qui étaient venus vers la onzième heure

ils reçurent chacun un denier.

Byz V S TR Nes

20,10  Et en venant, les premiers pensèrent qu’ils recevraient plus,

et 

Vmais ils reçurent eux aussi chacun un denier.

20,11 En [le] recevant ils murmuraient contre le maître de maison

Vpère de famille

20,12 en disant :

— Ces derniers ont fait une heure

et tu les as faits égaux à nous qui avons avons porté le poids du jour et de la chaleur.

20,13 Mais, répondant à l'un d'entre eux, il dit :

— Ami, je ne te fais pas de tort.

N'es-tu pas convenu d'un denier avec moi ? 

20,14 Prends ce qui est à toi et va.

Je veux Vaussi donner à ce dernier comme à toi.

20,15  Byz V S TROu ne m’est-il pas permis de faire ce que je veux Byz S TR Nesde ce qui est à moi ?

Nes[Ou]

V S Nesou ton oeil est-il mauvais parce que moi je suis bon ? 

20,16 Ainsi les derniers seront premiers et les premiers derniers. 

Byz V S TRCar beaucoup sont appelés mais peu élus. 

20,17 Et montant à Jérusalem, Jésus prit à part les douze Byz V S TRdisciples et leur dit Byz TR Nesen chemin :

20,18  — Voici, nous montons à Jérusalem :

le Fils de l’homme sera livré aux grands

Vchefs des prêtres et aux scribes,

et ils le condamneront à mort,

20,19 et ils le livreront aux païens pour être moqué et flagellé et crucifié,

et le troisième jour il ressuscitera. 

20,20 Alors s'approcha de lui la mère des fils de Zébédée avec ses fils,

se prosternant et lui demandant quelque chose.

20,21 Il lui dit :

— Que veux-tu ?

Elle lui dit :

— Dis que mes deux fils que voici siègent un à ta droite et un à Byz S Nesta gauche dans ton royaume.

20,22 Répondant Jésus dit :

— Vous ne savez pas ce que vous demandez.

Pouvez-vous boire la coupe que moi je vais boire 

ou être baptisés du baptême dont moi je vais être baptisé ?

V Nes? 

Ils lui disent : — Nous pouvons. 

20,23 Il leur dit :

— Ma coupe vous la boirez Byz S TRet vous serez baptisés du baptême dont moi je vais être baptisé.

Quant à siéger à ma droite ou à Byz S TRma gauche,

ce n'est pas à moi de Vvous le donner,

mais à ceux pour qui [cela] a été préparé par mon père. 

20,24 Ayant entendu

VEntendant [cela], les dix s’indignèrent contre les deux frères.

20,25 Mais Jésus les appelant

Vappela à lui, Vet dit :

— Vous savez que les chefs des nations les dominent,

et les

Vceux qui sont grands exercent leur pouvoir sur elles. 

20,26 Il n’en sera pas ainsi parmi vous

mais celui qui voudra devenir grand

Vle plus grand parmi vous

sera

V TRqu'il soit votre serviteur,

20,27 celui qui voudra parmi vous être premier

sera

Byz TRqu'il soit votre esclave.

20,28  De même que le Fils de l’homme n'est pas venu pour être servi mais pour servir

et donner sa vie en rançon

Vrédemption pour une multitude.

20,29 Comme ils sortaient de Jéricho, une foule nombreuse le suivit.

20,30 Voici : deux aveugles assis au bord du chemin

entendant

Ventendirent que Jésus passait

crièrent en disant :

— Aie pitié de nous, Seigneur,

V NesSeigneur, aie pitié de nous, Fils de David !

20,31 La foule les réprimanda 

Vréprimandait pour qu'ils se taisent ;

mais eux crièrent

Vcriaient plus fort disant :

— Aie pitié de nous, Seigneur,

VSeigneur, aie pitié de nous, Fils de David !

20,32  S’arrêtant Jésus les appela et dit :

— Que voulez-vous que je fasse pour vous ? 

20,33 Ils lui disent :

— Seigneur, que nos yeux s'ouvrent ! 

20,34 Saisi de pitié Vpour eux, Jésus

toucha leurs yeux ;

et, aussitôt, ils virent 

Byz TRleurs yeux virent 

Sleurs yeux s'ouvrirent et ils le suivirent. 

Contexte

Textes anciens

27,64–28,20 Apparition et apothéose de Romulus

  • Tite-Live 1,16,6-7 « Romulus, père de notre ville, est descendu soudain du ciel, ce matin, au point du jour, et s’est offert à mes yeux ; et, comme je me tenais devant lui, plein de crainte et de respect, et lui demandais instamment la faveur de le regarder en face : ‘Va’, m’a-t-il dit, ‘et annonce aux Romains que la volonté du ciel est de faire de ma Rome la capitale du monde. Qu’ils pratiquent donc l’art militaire. Qu’ils sachent et qu’ils apprennent à leurs enfants que nulle puissance humaine ne peut résister aux armes romaines’. »

Quelques décennies plus tard, le récit d'apparition post-mortem du fondateur de Rome, relevant de la biographie « archéologique » au sens hérodotien du terme, non de l'historiographie, est amplifié, et assigné à un temoin oculaire autorisé :

  • Plutarque Rom. 28 « Pendant le tumulte que cet incident fit naître, un des premiers patriciens, généralement estimé pour sa vertu, qui avait suivi Romulus d’Albe à Rome, et avait joui de la confiance et de la familiarité de ce prince, Julius Proculus, s’avança au milieu de la place publique ; et là, en présence de tout le peuple, il jura, par ce qu’il y avait de plus sacré, qu’en revenant de l’assemblée Romulus lui avait apparu plus grand et plus beau qu’il ne l’avait jamais vu, et couvert d’armes plus brillantes que le feu ; qu’à cette vue, saisi d’étonnement, il lui avait dit : "— Ah ! prince, que vous avons-nous fait ? et pourquoi nous avez-vous quittés, en nous exposant aux accusations les plus graves et les plus injustes, en laissant toute la ville privée d’un père et plongée dans un deuil inexprimable ?" Que Romulus lui avait répondu : "— Les dieux veulent, Proculus, qu’après avoir vécu si longtemps avec les hommes, quoique fils d’un dieu, après avoir bâti une ville qui surpassera toutes les autres en puissance et en gloire, je retourne au ciel d’où je suis descendu. Adieu ; allez dire aux Romains qu’en pratiquant la tempérance, en exerçant leur courage, ils s’élèveront au plus haut point de la puissance humaine. Pour moi, sous le nom de Quirinus, je serai votre dieu tutélaire." Le caractère de Proculus, et le serment qu’il avait fait, firent ajouter foi à son témoignage. D’ailleurs l’assemblée, par une sorte d’inspiration divine, fut saisie d’un tel enthousiasme, que personne ne pensa à le contredire, et que, renonçant à leurs soupçons, ils se mirent tous à invoquer et à adorer Quirinus » (trad. Ricard).

Réception

Arts visuels

20,22s Symbolisme de la coupe La coupe intervient dans diverses légendes sur la vie des disciples. 

Domḗnikos Theotokópoulos dit El Greco (1541-1614), Saint Jean l'évangéliste, (huile sur toile, 1605),  99 x 78 cm

Musée du Prado, Madrid, Espagne

Domaine public © Wikicommons→, Mt 20,20-24 ; Mc 16,17-18

Selon la Légende dorée le grand prêtre Aristodème dit un jour à saint Jean : « Si tu veux que je croie en ton Dieu, je te donnerai du poison à boire ; et, s’il ne te fait aucun mal, c’est que ton Dieu sera le vrai Dieu. Mais que d’abord tu voies mourir d’autres hommes par l’effet de ce poison, pour en constater la puissance ! » Alors l’apôtre prit le calice, et, s’étant muni du signe de la croix, il but tout le poison et n’en éprouva aucun mal : sur quoi tous se mirent à louer Dieu.

Sur ce tableau Jean vient de faire le signe de croix, le venin, sous la forme d’un dragon noir, (ou d'un serpent dans d'autres représentations) sort de la coupe dont le contenu devient inoffensif.

Cinéma

26,1–28,20 La Passion dans Il Vangelo secondo Matteo, chef-d'œuvre de Pier Paolo Pasolini (réal., scén., 1922-1975) Film noir et blanc à petit budget, réalisé par un homosexuel athée marxiste, ce film reste un choc, comparé aux œuvres ultérieures de Pasolini (p. ex. Salò, ou Les 120 journées de Sodome, en 1975). Pasolini s'était dit fasciné par l'éclat littéraire et l'efficacité narrative de l'évangile selon Mt. Son film, dédié au « glorieux Pape Jean XXIII », met en scène tout l’évangile selon Mt, qu’il suit fidèlement, surtout dans les dialogues. Cette fidélité littérale ne l’empêche pas de proposer une représentation très personnelle de la passion de Jésus, où il fait intervenir sa propre mère Susanna Pasolini pour interpréter la Vierge Marie avec une retenue bouleversante (cf. ci-dessous « la figure de Marie »).

Pier Paolo Pasolini, Il Vangelo secondo Matteo, film, 137', Italie-France : Arco film-Lux Compagnie cinématographique, 1964.

Photographie : Tonino Delli Colli ; musique : Jean-Sébastien Bach, Wolfgang Amadeus Mozart, Sergueï Prokofiev, Anton Webern, Père Guido Haazen (Missa Luba), Sometimes I Feel like a Motherless Child (Negro spiritual), chants de l’Armée Rouge ; distribution : Enrique Irazoqui (Jésus), Mario Socrate (Jean-Baptiste), Margherita Caruso/Susanna Pasolini (Marie)

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La représentation est à la fois réaliste, par le décor naturel, et hiératique, par une succession de tableaux qui évoquent la scénographie d’un opéra. La musique joue d’ailleurs un rôle important pour préciser le sens des séquences, comme un commentaire sans paroles. La figure de Jésus est celle d’un prophète imprécateur, au verbe violent, qui entraîne les foules et déchaîne l’hostilité croissante des chefs et des pharisiens. Cette énergie se déploie jusqu’à l’arrestation. Jésus est d’ailleurs filmé souvent seul dans le plan, séparément des disciples. Les traits fins et distingués de l’acteur qui interprète le Christ contrastent avec la beauté brute et rustique des visages des disciples : Jésus est la perfection de l’humanité. Les gros plans nombreux sur ces visages évoquent l'Église comme peuple de Dieu ou le Peuple lui-même. On y voit surtout des hommes de tous âges, des vieilles femmes et des enfants, peu de jeunes femmes.

De plus, la pauvreté formelle adoptée comme langage cinématographique résonne fortement avec les enseignements du Christ : les canons néoréalistes permettent d’insister sur l’humanité de Jésus, rompant avec la vision « héroïcisante » des studios hollywoodiens. L’ambition néoréaliste de mettre à l’honneur les humbles, tout en soulignant le caractère réellement inédit du quotidien, renvoie aussi à la prophétie de Jésus : « Aujourd'hui s'accomplit cette Écriture — à vos oreilles » (Lc 4,21). Ce film fut récompensé, entre autres, par le prix spécial du jury au Festival de Venise et le grand prix de l'Office catholique du cinéma.

La passion

La représentation de la passion à proprement parler occupe 28 min, dans la seconde moitié du film. Dans les choix opérés par le réalisateur, trois caractéristiques influent profondément sur le message délivré par l’œuvre : Pasolini a une intelligence politisée du message évangélique ; il adopte une lecture chronologique et littérale de Mt ; il représente la passion de points de vue majoritairement externes.

  • Pasolini dans ses choix de mise en scène, décrit Jésus comme un tribun, un homme politique animé par un immense désir de justice.

  • Il adopte une narration strictement chronologique, qui suit littéralement le texte de l’évangile, omettant toutefois certains épisodes relatés dans Mt. Cette construction linéaire, si elle confère un caractère de simplicité et de pauvreté au récit de la passion, exprime de manière limitée l’unité profonde dont est tissée la vie du Christ.

  • La caméra adopte le point de vue externe de Pierre jusqu’à son reniement, puis de Judas jusqu’à sa pendaison, enfin de Jean jusqu’à la crucifixion. Il en découle que la majorité des images de la passion est éloignée du cœur de l’action : l’œil de la caméra observe une suite de tableaux à distance respectueuse, sans s’approcher du visage ni du corps du Christ. Hormis la pauvreté formelle adoptée dans cette œuvre, la Passion de Pasolini fait peu entrer dans le caractère stupéfiant de l’amour de Dieu tel qu’il est révélé dans la mort du Christ, car cette représentation laisse le spectateur à l’extérieur de l’humanité du messie et de sa réalité incarnée et personnelle. Pasolini ne montre pas non plus l’événement universel et cosmique (en tant qu’il réalise une conversion, un retournement de la marche du monde) que constitue la passion de Jésus.

Une conséquence de telles options est l’impression d’extériorité qui se dégage de la dernière partie du film : Jésus, après avoir déclamé ses enseignements sur un ton impérieux, souffre sa passion et meurt loin du spectateur. La distance installée par le metteur en scène avec le Christ souffrant occulte largement la violence inexprimable de la passion, qui est le sacrifice d’amour de Dieu pour ses enfants et ses frères, les hommes. Avec le recul, on comprend les raisons pour lesquelles cette œuvre a pu rencontrer un tel succès critique, tant cette représentation de la passion, tout en semblant réaliste, est peu dérangeante.

Jésus

À l’écran, selon un procédé fréquent dans le cinéma italien de l’après-guerre, Jésus est incarné simultanément par un duo d’acteurs, avec l’apparence d’Enrique Irazoqui aux cheveux noirs, aux yeux noirs et sans arcade (juif basque qui, comme les autres interprètes, n'était pas un acteur professionnel) et la voix d’Enrico Maria Salerno. Le décalage entre les images capturées en extérieur d’un interprète non professionnel et la voix puissante enregistrée en studio d’un acteur confirmé peut être vu comme le signe de la double nature du Christ. Ce Jésus éructe les paraboles et prophétise avec une férocité vive, comme un agitateur syndical. Il est nerveux avec ses inquisiteurs et brusque avec ses apôtres. C'est un homme-Dieu pressé d'accomplir sa mission. Plus tôt mort, plus tôt ressuscité.

La perfection formelle du visage d’Irazoqui rappelle les représentations du Greco ; son regard légèrement asymétrique renvoie au mystère que dégagent les portraits du Christ dans l’art russe de l’icône. Fidèle au texte de Mt, Pasolini insiste sur l’union de Jésus au Père en montrant la prière solitaire du Christ avant sa passion, sur le point d’entrer dans Jérusalem. Il montre la souffrance portée par Jésus dans son agonie en empruntant à La Passion de Jeanne d’Arc de Carl Dreyer la douleur béate et muette du visage du condamné : regard hébété, fixité, stupéfaction à l’aube du don total de soi.

Il faut néanmoins admettre que l’acteur principal manque singulièrement d’épaisseur, en particulier dans les scènes de la passion, ce qui peut être imputé au jeune âge d’Irazoqui, qui n’avait que 19 ans (et non 33) lors du tournage.

Colère de Dieu, colère des hommes

Il Vangelo de Pasolini frappe par le souffle d’impatience et de colère impérieuse qui jaillit de la personne du Christ et qui secoue toute l’œuvre. La Bonne Nouvelle présentée ici semble être un principe de vie réagissant à l’injustice sociale répandue dans le monde. Par suite, la justice de Dieu semble primer sur la miséricorde de Dieu, appauvrissant le sens fondamental de la passion. On est loin de la plume déchirante de Péguy qui met les mots suivants dans la bouche du Père décrivant la passion de Jésus :

  • Péguy Porche « Cette aventure par laquelle mon Fils m’a lié les bras. Pour éternellement liant les bras de ma justice, pour éternellement déliant les bras de ma miséricorde » (307).

Chez Pasolini, le cœur de Jésus semble plus vibrant de colère que brisé d’amour. Sa colère et son exigence de justice l’emportent sur sa compassion et sa miséricorde. À la lumière des engagements de Pasolini auprès du Parti communiste italien, on peut s’interroger sur la justesse de cette interprétation : la colère attribuée ici au Christ est-elle la colère de Dieu, ou plutôt la colère du réalisateur projetée sur ce qu’il comprend de la personne du Christ ?

Le mystère de la croix

Pasolini montre sans ambiguïté le don libre que le Christ fait de lui-même dans sa passion : Jésus après l’institution de l’Eucharistie, sourit à ses disciples comme un époux qui connaît la plénitude après l’union nuptiale ; au prétoire, après le couronnement d’épines, il marche librement vers sa croix, son bâton à la main ; au Golgotha, il crie peu lorsqu’il est cloué sur sa croix, contrairement au brigand crucifié à ses côtés.

Toutefois par d’autres aspects non négligeables, Pasolini ne donne pas la pleine mesure du don personnel du Fils de Dieu fait homme. Ainsi la flagellation du Christ est ignorée. De plus, dans l’interprétation que le réalisateur fait de la réquisition de Simon de Cyrène, Jésus, désormais déchargé de sa croix et apparemment en bonne santé, cesse de porter sa croix et marche aux côtés du Cyrénéen qui a endossé son fardeau. Étranger à l’ultime étape de sa vie terrestre, le Christ paraît dès lors désincarné. La lecture que fait Pasolini du texte de Mt, quoique poétique, est un contresens : ici le Verbe de Dieu fait homme pour assumer le péché du monde fait porter son joug par son prochain menacé de mort, alors même qu’il est venu assumer la souffrance et le péché de tous les prochains.

La figure de Marie

Le rôle de Marie lors de la passion du Christ est tenu par Susanna Pasolini, la mère de Pasolini. Elle est une Vierge éplorée de douleur, tordue de souffrance devant le spectacle de son fils supplicié et mis à mort devant elle. Malgré le jeu convaincant de son actrice, le réalisateur butte sur le double écueil du choix de son interprète et de la difficulté à percer le mystère de la nouvelle Ève :

  • En donnant ce rôle clef à sa propre mère, Pasolini fait en quelque sorte le choix d’apparaître lui-même comme le messie crucifié. (Nombreux sont d’ailleurs les critiques que, par certains aspects, la vie du Christ résonne avec la vie du cinéaste.)

  • Pasolini ne communique guère au spectateur les réalités profondes qui font que la souffrance de Marie au pied de la croix dépasse considérablement la peine de Susanna Pasolini, fût-elle en train de contempler son propre fils agonisant : Marie au Calvaire distingue dans la personne de son fils à la fois le fruit de ses entrailles et le Dieu vivant et vrai qui épouse notre humanité pour porter toute souffrance. Étant unie mystiquement au cœur de son fils, elle traverse la mort comme Jésus traverse la mort. Cependant si elle porte « celui qui porte tout », on peut dire aussi que sa force et sa dignité reçues de Dieu surpassent celles de toutes les mères : dans son union mystique au cœur de Dieu, Marie garde intacte sa certitude que Jésus est le Fils de Dieu, et intacte sa confiance dans l’amour tout-puissant et miséricordieux du Père. À ce titre le jeu accablé de Susanna Pasolini, s’il est juste sur un plan strictement humain, ne rend pas pleinement compte de l’amour de Marie marchant au Golgotha avec Jésus.

Antijudaïsme ?

Chez Pasolini, Jésus marche jusqu'à sa mort, à travers la campagne de Matera, dans les Pouilles, près du talon de la botte italienne. La foule le poursuit et le presse ; un cri jaillit "Son sang soit sur nos enfants !" (Mt 27,25). Pasolini, poète avant d'être cinéaste, ne voulut pas censurer le verset d'un texte qu'il voulait honorer ; et, en mettant en scène des Italiens pourchassant les Italiens, il typifie une malédiction moins de race ou de religion que de clan.

L’Église

Une mosaïque de musiques émaille l’œuvre de Pasolini : des extraits des œuvres de Bach, Webern, Mozart, Prokofiev, de la Missa Luba (messe congolaise), de Negro spirituals (déchirant Sometimes I Feel like a Motherless Child) et de chants révolutionnaires russes enrichissent les images de la vie simple du Christ et nous enseignent sur ce qu’est l’Eglise :

  • Ces thèmes récurrents sont une représentation de la multiplicité des demeures dans la maison du Père : l’Église ressemble à une famille et l’Église est universelle ; elle accueille tout homme, comme Dieu ouvre ses bras à tout homme.

  • La répétition de ces musiques variées évoque aussi la prière tournoyante et sans cesse recommencée du psalmiste.

  • Enfin, on peut deviner dans les choix de musique de Pasolini les possibles défigurations du message évangélique. Ainsi, après la résurrection du Christ, l’Église en marche est représentée comme un peuple d’insurgés avec les armes à la main, courant vers un avenir lumineux au son des chœurs de l’Armée Rouge.

Conclusion

Il Vangelo secondo Matteo de Pasolini bénéficie des canons du néoréalisme italien et rompt heureusement, par sa pauvreté formelle, avec la proposition hollywoodienne connue jusque-là. Toutefois, dans une lecture littérale (quoique poétisée et politisée) de l’évangile, le réalisateur semble ne pas adhérer au cœur de la foi chrétienne, qui est que Dieu, fait homme dans la personne de Jésus, a porté le péché de chaque homme et de l’humanité pour que tout homme soit sauvé. C’est pourquoi cette œuvre recèle un certain nombre de limites lorsqu’elle rend compte du message évangélique, et ressemble au récit qu’un reporter extérieur ferait du parcours exceptionnel d’un leader exceptionnel.

La passion dans Il Vangelo secondo Matteo, verset par verset

Après la référence, on donne un bref commentaire, suivi du minutage.

  • Mt 26,1-5 : complot contre Jésus (1:38). 
  • Mt 26,6-13 : la protestation « des disciples » contre l'onction vient de Judas seul ; Marie Madeleine perçoit avec effroi le choix que Judas fait, dans son cœur, de trahir le Christ (1:39-41). 
  • Mt 26,14-16: trahison de Judas (1:41-42).
  • Mt 26,25 : dénonciation de Judas (1:42-43). 
  • Mt 26,26 : la communion au pain (1:43). 
  • Mt 26,27:  lors de la communion au calice, Jésus sourit (contentement de l’époux après avoir consommé ses noces ; 1:43-44).
  • Mt 26,30: le jardin des Oliviers (1:44).
  • Mt 26,38: pendant l’agonie de Jésus, la lumière disparaît ; la pellicule noircit (1:45-49).
  • Mt 26,39: Jésus tombe, mais pas face contre terre (1:45-49).
  • Mt 26,43: en train de dormir En train de dormir : Jésus prie en 2 fois et pas 3 (il ne réveille ses disciples qu’une seule fois, puis les soldats arrivent) (1:45-49).
  • Mt 26,49: un baiser le baiser de Judas Ignoré par Pasolini (1:45-49).
  • Mt 26,51-52: Jésus, par sa parole, empêche que l’oreille du garde soit arrachée par le disciple zélé (1:48-49).
  • Mt 26,55 : l’arrestation de Jésus (1:49).
  • Mt 26,59 : pendant l’interrogatoire au sanhédrin, un point de vue de Pierre, qui déambule, perdu dans les rues de Jérusalem. Jérusalem est montrée comme une ville en ruines (1:50).
  • Mt 26,65 a: déchira ses vêtements l’indignation de Caïphe : Caïphe se déshabille plutôt qu’il ne déchire ses vêtements (1:52).
  • Mt 26,67-68 : les outrages chez le grand prêtre sont suggérés (cohue). Cette scène est montrée de loin, avec le point de vue de Pierre qui est un spectateur éloigné. Pasolini qui insiste tout au long de son œuvre sur la colère du Christ devant l’injustice faite aux hommes par les hommes, édulcore l’injustice faite par les hommes à l’Homme (1:53).
  • Mt 26,70 b: Je ne sais pas ce que tu veux dire le reniement de Pierre : Le coq n’est pas montré ; Pierre est montré perdu sur une rue pavée dévorée de mauvaises herbes (Cf. la parabole). On s’éloigne de Pierre pour rejoindre Judas (1:53-54).
  • Mt 27,4-5 les remords de Judas : Puis point de vue de Judas pour montrer Jésus emmené chez Pilate pour mourir (1:55-57).
  • Mt 27,5 Mort de Judas : Judas se pend nu. Il a tout perdu. Il se retrouve seul dans la création, séparé de Dieu, comme Adam après le péché originel ? (1:57).
  • Ajout de Pasolini : Jean et Marie chez Pilate (1:57-58).
  • Mt 27,1 Devant le gouverneur : Jésus chez Pilate est montré du point de vue de Jean, avec les yeux de Jean (1:58).
  • Mt 27,11 b: le gouverneur l’interrogea l’interrogatoire par Pilate (1:58).
  • Mt 27,24 b: se lava les mains le lavement des mains Pilate prononce les paroles du lavement des mains mais ne se lave pas les mains (1:58).
  • Mt 27,26-27 dans le prétoire la flagellation et les outrages au prétoire Jésus marche librement vers sa mort, un bâton de pèlerin à la main jusqu’à ce que ce dernier soit remplacé par la croix. A part un mouvement de cohue, Jésus n’est pas supplicié (1:59).
  • Mt 27,31 c : ils l’emmenèrent la montée au Calvaire : Marie est cramponnée à Jean. Susana Pasolini est tres convaincante en mère assistant au supplice de son fils ; cependant elle n’est pas n’importe quelle mère. Lorsque son fils meurt, il porte le monde et dans sa compassion qui est une union mystique, un cœur à cœur avec le Fils de Dieu qui aime l’humanité à mourir d’amour pour elle, Marie aussi porte le monde. Elle ne peut dès lors être représentée comme « simplement » éplorée (évaporée).  Les soldats donnent à boire à Jésus pour monter au Calvaire. Marie se bat pour être proche de son fils (1:59).
  • Mt 27,32 a : un Cyrénéen du nom de Simon Simon de Cyrène : Jésus tombe une fois, puis Simon de Cyrène est réquisitionné pour porter (seul). Jésus n’a pas un cheveu décoiffé, pas une égratignure. Rupture entre la promenade dominicale d’un Christ étranger/indifférent/désincarné [ou encore philosophe face] à son fardeau. Ici Jésus sous-traite le problème (2:01).
  • Mt 27,35 a l’ayant crucifié la crucifixion (2:03). L’image s’interrompt pour expliquer, par une parole du Christ, le caractère mystérieux (incompréhensible ?) de la Passion : « Vous verrez mais ne comprendrez pas… »
  • Mt 27,38  deux brigands le bon et le mauvais larron : Visibles mais non identifiés (2:02).
  • Mt 27,45 de la ténèbre sur toute la terre l’obscurcissement à la sixième heure (2:04).
  • Mt 27,48 b : vinaigre la gorgée de vinaigre (2:05).
  • Mt 27,51-53 les signes accompagnant la mort du Christ : Seul le tremblement de terre est représenté. Un groupe de femmes en noir jaillit en courant d’une habitation (2:06).
  • Mt 27,59-60 Ensevelissement de Jésus : Cortège comprenant Marie et Jean. Plusieurs jeunes hommes pieds nus, habillés comme des moines franciscains (sans capuche), portent le corps de Jésus jusqu’à son tombeau (2:07-08).
  • Mt 28,1 vinrent pour voir le sépulcre visite des saintes femmes au tombeau (2:09).
  • Mt 28,2 et voici la résurrection Le visage de Marie s’illumine de gratitude, sans trace de surprise lorsque la pierre roule découvrant le tombeau vide (2:10).
  • Mt 28,16-20 : apparition du Christ ressuscité aux disciples (2:11).

(avec fr. Benoît Ente o.p.)