Un projet du Programme de Recherches La Bible en ses traditions AISBL
Dirigé par l’École Biblique et Archéologique Française de Jérusalem
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1 Et s'approchant Vde lui les pharisiens
VPharisiens et les sadducéens
VSadducéens en l'éprouvant
lui demandèrent de leur montrer un signe [venant] du ciel.
2 Répondant il leur dit :
— Le soir venu vous dites : — beau temps
Vil fera beau car le ciel rougit
Vest rouge,
3 et le matin Svous dites : — aujourd'hui mauvais temps
car le ciel rougit sombre.
Byz S TRHypocrites ! le visage du ciel vous savez le juger,
mais les signes des temps vous ne pouvez pas
Sne savez pas discerner !
3 et le matin : — aujourd'hui tempête
car le ciel rougit sombre.
4 Une génération mauvaise et adultère réclame un signe
et de signe il ne lui sera pas donné sinon le signe de Jonas
Byz S TRdu prophète Jonas
et les laissant, il s’en alla.
4 L'apparence du ciel vous savez [la] discerner
mais les signes des temps, vous ne pouvez pas ?
Une génération mauvaise et adultère réclame un signe
et de signe il ne lui sera pas donné sinon le signe de Jonas
et les laissant, il s’en alla.
5 En allant sur l'autre rive ses
Nesles disciples oublièrent de prendre des pains.
6 Jésus
V SIl leur dit :
— Voyez et méfiez-vous du levain des pharisiens
VPharisiens et des sadducéens
VSadducéens.
7 Ils réfléchissaient en eux-mêmes en disant :
— Nous n’avons pas pris de pains.
8 [Le] sachant Jésus Byz S TRleur dit :
— Pourquoi pensez-vous en vous-mêmes, hommes de peu de foi, que vous n'avez pas Byz S TRpris de pains ?
9 Vous ne comprenez pas encore et vous ne vous rappelez pas les cinq pains des cinq mille Vhommes
et combien de paniers
Vcouffins vous avez emportés ?
10 Ni les sept pains des quatre mille Vhommes
et combien de corbeilles vous avez emportées ?
11 Comment ne comprenez-vous pas que ce n'est pas à propos du pain
Nesdes pains que je vous ai dit :
— Méfiez-vous du levain des pharisiens
VPharisiens et des sadducéens
VSadducéens !
12 Alors ils comprirent qu’il n'avait pas dit de se méfier du levain du pain
V Nesdes pains
mais de l'enseignement
Vla doctrine des pharisiens
VPharisiens et des sadducéens
VSadducéens.
13 Étant venu dans la région de Césarée de Philippe, Jésus
VJésus vint aux environs de Césarée de Philippe
Vet il interrogeait ses disciples en disant :
— Que disent les hommes : Suis-je le Fils de l’homme ?
V NesQuel est celui que les hommes disent être le Fils de l’homme ?
14 Ils Vlui dirent :
— Les uns Sdisent Jean le Baptiste
VJean-Baptiste,
d'autres Élie,
d'autres encore Jérémie ou un des prophètes.
15 Il leur dit :
— Vous, qui dites-vous que je suis ?
16 Répondant Simon Pierre
VSimon-Pierre dit :
— Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant.
17 Répondant Jésus lui dit :
— Heureux es-tu Simon Bariona
V TRbar Jona
Sfils de Jonas,
car chair et sang ne t'ont pas révélé [cela],
mais mon Père qui est dans les cieux
18 et moi je te dis que tu es « Pierre »
et sur cette pierre je bâtirai mon Église
et les portes de l'Hadès
Vde l'Enfer
Sdu Sheol ne l'emporteront
Vprévaudront pas sur elle
19 et je te donnerai les clefs du royaume des cieux,
ce que tu auras lié sur la terre sera lié dans les cieux
et ce que tu auras délié sur la terre sera délié dans les cieux.
20 Alors il ordonna aux
Byz V S TRà ses disciples qu'ils ne disent à personne qu'il était, lui Byz V TRJésus, le Christ.
21 À partir de là, Jésus commença à montrer à ses disciples qu’il lui fallait s'en aller à Jérusalem,
y souffrir beaucoup de la part des anciens, des grands prêtres et des scribes
Vdes scribes et des grands prêtres,
être tué et, le troisième jour, ressusciter.
22 Pierre, le prenant à part, se mit à le réprimander en disant :
— Dieu t'en garde Seigneur ! Cela ne t'arrivera pas.
23 Se retournant il dit à Pierre :
— Va-t’en derrière moi Satan, tu es un scandale pour moi
car tu ne penses
Vgoûtes pas les choses de Dieu, mais celles des hommes.
24 Alors Jésus dit à ses disciples :
— Si quelqu’un veut venir derrière moi, qu’il se renie lui-même
et qu’il prenne sa croix et qu'il me suive.
25 En effet celui qui voudra sauver sa vie la perdra
celui qui perdra sa vie à cause de moi la trouvera.
26 En quoi est-il
S Nessera-t-il utile à l’homme s'il gagne l'univers entier
mais ruine sa vie
Vsouffre de la perte de sa vie ?
Ou que donnera l’homme en échange de sa vie ?
27 En effet, le Fils de l'homme va venir dans la gloire de son Père avec ses Ssaints anges,
alors il rendra à chacun selon sa conduite
V Sses oeuvres.
28 Amen je vous dis :
— Il y en a certains de ceux qui se tiennent ici
qui ne goûteront pas la mort avant d'avoir vu le Fils de l’homme venant dans son royaume.
17,1 Six jours après, Jésus prend Pierre, Jacques et Jean son frère, et il les emmène à l’écart sur une haute montagne
17,2 et il
SJésus fut transfiguré devant eux
son visage resplendit comme le soleil
et ses vêtements devinrent blancs comme la lumière
Vneige.
17,3 Et voici, Moïse et Élie leur apparurent parlant avec lui.
17,4 Pierre intervenant dit à Jésus :
— Seigneur, il est bon que nous soyons ici
si tu veux faisons
S Nesje ferai ici trois tentes
une pour toi et une pour Moïse et une pour Élie.
17,5 Comme il parlait encore
voici, une nuée lumineuse les couvrit de son ombre
et voici une voix de la nuée disant :
— Celui-ci est mon Fils bien-aimé en qui je me suis complu : écoutez-le.
17,6 En entendant [cela] les disciples tombèrent sur leur face et craignirent beaucoup
17,7 et Jésus s'approcha et en les touchant
Byz TRs'approchant les toucha et
Vs'approcha et les toucha et leur dit :
— Levez-vous et ne craignez pas.
17,8 Levant leurs yeux, ils ne virent personne sinonNes lui-même Jésus seul.
17,9 Comme ils descendaient de la montagne, Jésus leur ordonna en disant :
— Ne dites à personne cette vision, jusqu’à ce que le Fils de l’homme ressuscite des morts.
17,10 Ses
V NesLes disciples l’interrogèrent en disant :
— Pourquoi donc les scribes disent-ils qu’il faut qu’Élie vienne d’abord ?
17,11 Répondant, Jésus leur dit
NesRépondant il dit
VRépondant il leur dit :
— Assurément Élie vient
Vdoit venir Byz S TRd'abord, et il restaurera toutes choses.
17,12 Je vous dis qu’Élie est déjà venu ; ils ne l’ont pas reconnu
mais ils lui ont fait tout ce qu'ils ont voulu.
De même aussi, le Fils de l’homme aura à souffrir par eux.
17,13 Alors les disciples comprirent qu’il leur avait parlé de Jean le Baptiste
VJean-Baptiste.
17,14 Quand ils furent arrivés près de la foule
un homme s’approcha de lui et tombant à ses genoux :
14 Quand il fut arrivé près de la foule
un homme s’approcha de lui et tombant à genoux devant lui en disant :
— Seigneur, aie pitié de mon fils
parce qu'il est lunatique et il va très mal
en effet il tombe souvent dans le feu et fréquemment dans l'eau.
17,15 en disant :
— Seigneur aie pitié de mon fils
car il est lunatique et il va mal
souvent en effet il tombe dans le feu et souvent dans l’eau.
15 Je l'ai présenté à tes disciples et ils n'ont pas été capables de le guérir.
17,16 Je l'ai présenté à tes disciples et ils n'ont pas été capables de le guérir.
16 Répondant, Jésus dit :
— O génération incrédule et perverse,
jusques à quand serai-je avec vous ?
Jusques à quand vous supporterai-je ?
Amenez-le moi ici.
17,17 Répondant Jésus dit :
— O génération incroyante et perverse,
jusques à quand serai-je avec vous ?
Jusques à quand vous supporterai-je ?
Amenez-le moi ici.
17 Jésus le menaça,
le démon sortit de lui,
et l'enfant fut guéri dès cette heure-là.
17,18 Jésus le menaça
le démon sortit de lui
et l'enfant fut guéri dès cette heure-là.
18 Alors les disciples s'approchèrent de Jésus en secret et dirent :
— Pourquoi n'avons-nous pas été capables de l'expulser ?
17,19 Alors les disciples s'approchant de Jésus dirent à l'écart :
— Pourquoi n'avons-nous pas été capables de l'expulser ?
19 Il leur dit :
— À cause de votre incrédulité.
Amen, je vous dis en effet,
si vous avez de la foi comme une graine de moutarde
vous direz à cette montagne : passe d'ici et elle passera
et rien ne vous sera impossible.
17,20 Il
Byz S TRJésus leur dit :
— À cause de votre peu de foi
Byz S TRincrédulité.
Amen, je vous dis en effet,
si vous avez de la foi comme un grain de sénevé
vous direz à cette montagne : passe d'ici Byz TR Neslà-bas et elle y passera.
Rien ne vous sera impossible
Sn'aura la force contre vous.
20 Ce genre [de démon] n'est pas expulsé, si ce n'est par la prière et le jeûne.
17,21 Ce genre [de démon] n'est expulsé que par la prière et le jeûne.
21 Pendant qu'ils se trouvaient en Galilée, Jésus leur dit :
— Le Fils de l'homme doit être livré aux mains des hommes
21 Ø
17,22 Tandis qu'ils se trouvaient réunis en Galilée, Jésus leur dit :
— Le Fils de l'homme est sur le point d'être livré aux mains des hommes,
22 et ils le tueront et le troisième jour il ressuscitera
et ils furent vivement attristés.
17,23 ils le tueront et le troisième jour il ressuscitera.
Ils furent très attristés.
23 Comme ils étaient venus à Capharnaüm,
ceux qui perçoivent la didrachme s'approchèrent de Pierre et dirent :
— Votre maître ne s'acquitte-t-il pas des didrachmes ?
17,24 Comme ils étaient venus à Capharnaüm,
ceux qui perçoivent les didrachmes
Szwzym s'approchèrent de Pierre et dirent :
— Votre maître ne paye-t-il pas des didrachmes ?
Sde ses zwzym ?
24 Il dit : — Oui.
Et lorsqu'il entra dans la maison, Jésus le devança en disant :
— Qu'en penses-tu Simon ?
Les rois de la terre de qui reçoivent-ils le tribut ou le cens ?
De leurs fils ou des étrangers ?
17,25 Il dit : — Oui.
Et lorsqu'il
Slorsque Pierre entra dans la maison, Jésus le devança en disant :
— Qu'en penses-tu Simon ?
Les rois de la terre de qui prennent-ils taxes ou impôts ?
De leurs fils ou des étrangers ?
25 Il dit : — Des étrangers.
Jésus dit :
— Donc les fils sont libres.
17,26 Il
SSimon lui dit : — Des étrangers.
Jésus lui dit :
— Donc, les fils sont libres.
26 Afin que nous ne les scandalisions pas,
va à la mer et jette l'hameçon ;
le premier poisson qui montera : prends-le ;
en ouvrant sa bouche tu trouveras un statère.
L'ayant pris, donne-le-leur pour moi et toi.
17,27 Afin que nous ne les scandalisions pas,
va à la mer, jette l'hameçon ;
le premier poisson qui montera : prends-le ;
en ouvrant sa bouche tu trouveras un statère.
L'ayant pris donne-le-leur pour moi et toi.
27 Ø
18,1 À cette heure-là, les disciples s'approchèrent de Jésus en disant :
— Qui donc est
Vconsidères-tu le plus grand dans le royaume des cieux ?
18,2 Byz V S TRJésus appelant un petit enfant il le plaça au milieu d'eux
18,3 et dit :
— Amen je vous dis :
Si vous ne changez pas et ne devenez pas comme les petits enfants,
vous n'entrerez pas dans le Royaume des Cieux.
18,4 Celui donc qui s'humiliera
Vse sera humilié comme ce petit enfant
celui-là est le plus grand dans le royaume des cieux
18,5 et celui qui accueille
Vaura accueilli en mon nom un tel petit enfant, c’est moi qu’il accueille.
18,6 Celui qui scandalise
Vaura scandalisé un de ces petits qui croient en moi
il est préférable pour lui que lui soit suspendue une meule d'âne autour du
Byz V TRau cou
et qu'il soit coulé dans la profondeur de la mer.
18,7 Malheur au monde à cause des scandales.
Il est nécessaire en effet qu'arrivent des scandales,
cependant malheur à l’
Byz TRcet homme par lequel le scandale arrive.
18,8 Si ta main ou ton pied te scandalise, coupe-le
Byz TRles et jette loin de toi :
il est mieux pour toi d'entrer dans la vie estropié ou boiteux
Byz TRboiteux ou estropié
Sboiteux ou mutilé
que d'être jeté
Sde tomber ayant deux mains ou deux pieds dans le feu éternel
18,9 et si ton œil te scandalise, arrache-le et jette loin de toi :
il est mieux pour toi d'entrer borgne dans la vie
que d’être jeté ayant deux yeux dans la géhenne du feu.
18,10 Veillez à ne pas mépriser un de ces petits,
car je vous dis que leurs anges dans les cieux voient sans cesse le visage de mon Père qui est dans les cieux
18,11 car le Fils de l’homme est venu sauver ce qui était perdu.
11 Ø
18,12 Que vous en semble ?
Si un homme a cent brebis
et que s'égare l'une d'elles :
est-ce que, ayant laissé les quatre-vingt-dix-neuf dans les montagnes
et s'en étant allé, il ne cherche pas l'égarée ?
12 Que vous en semble ?
Si un homme avait cent brebis
et que se perdait l'une d'elles
est-ce qu'il ne laisserait pas les quatre-vingt-dix-neuf dans les montagnes,
et il irait chercher celle qui était perdue ?
18,13 Et s’il arrive qu'il la retrouve,
amen, je vous dis qu'il se réjouit
Vréjouira pour elle plus que pour les quatre-vingt-dix-neuf qui ne se sont pas égarées
Vperdues.
18,14 Ainsi ce n'est pas la volonté de votre Père qui est dans les cieux qu'un seul de ces petits périsse.
18,15 Si ton frère pèche contre toi,
va, réprimande-le entre toi et lui seul :
s’il t’écoute, tu auras gagné ton frère ;
18,16 s’il ne t'écoute pas, prends avec toi encore un ou deux
afin que toute affaire soit établie
Vtoute sentence soit fondée sur la bouche de deux ou trois témoins;
18,17 s’il ne les écoute pas, dis-le à l’Église ;
et s'il n'écoute pas non plus l’Église, qu’il soit pour toi comme le païen et le publicain.
18,18 Amen je vous dis :
— Tout ce que vous aurez lié sur la terre sera Vaussi lié dans le ciel
et tout ce que vous aurez délié sur la terre sera Vaussi délié dans le ciel.
18,19 De nouveau, amen
V TR∅
Nes[amen] je vous dis :
— Si deux d'entre vous s'accordent sur la terre
sur toute chose qu'ils demandent, cela leur adviendra de la part de mon Père qui est dans les cieux.
18,20 Là où deux ou trois sont rassemblés en mon nom,
je suis là au milieu d’eux.
18,21 Alors Pierre, s’approchant Byz V S TRde lui Neslui, dit :
— Seigneur combien de fois mon frère péchera contre moi et lui pardonnerai-je ?
Jusqu’à sept fois ?
18,22 Jésus lui dit :
— Je ne te dis pas « jusqu’à sept fois », mais : jusqu’à soixante-dix fois sept fois.
18,23 C’est pourquoi le royaume des cieux est semblable à un homme roi
qui voulut régler ses comptes avec ses serviteurs
18,24 et en commençant à régler les comptes
lui fut amené un débiteur de
Vquelqu'un qui devait dix mille talents.
18,25 Comme il n’avait pas de quoi rendre
son
V Nesle seigneur ordonna qu'il soit vendu
avec sa
S Nesla femme et les enfants et tout ce qu’il avait
S Nesa et que [cela lui] soit rendu.
18,26 Tombant alors à ses pieds, le serviteur se prosternait devant lui en disant :
— Byz S TRSeigneur sois patient envers moi et je te rendrai tout.
26 Tombant alors à ses pieds, ce serviteur le priait en disant :
— Sois patient envers moi et je te rendrai tout.
18,27 Saisi de pitié, le seigneur de ce serviteur le renvoya et il lui remit la dette.
18,28 En sortant, ce serviteur trouva un de ses compagnons qui lui devait cent deniers ;
le saisissant il l'étranglait en disant :
— RendsByz S TR-moi si tu dois quelque chose
V TRce que tu dois.
18,29 Tombant Byz S TR Nesdonc Byz S TRà ses pieds, son compagnon de service le priait en disant :
— Sois patient envers moi, et je te rendrai V TRtout.
18,30 Lui ne voulait
Vvoulut pas
mais, partant, il le jeta en prison jusqu'à ce qu'il eût rendu la dette.
18,31 Voyant donc ce qui était arrivé, ses
Sleurs compagnons furent très attristés ;
ils vinrent et rapportèrent à leur seigneur tout ce qui était arrivé.
18,32 En le convoquant, son seigneur lui dit :
— Serviteur mauvais : toute cette dette je te l'ai remise parce que tu m'avais supplié.
18,33 Ne fallait-il pas que tu aies pitié de ton compagnon comme moi aussi j'ai eu pitié de toi ?
18,34 En colère, son seigneur le livra aux bourreaux, jusqu’à ce qu’il Byz S TRlui eût rendu toute la dette.
18,35 C'est ainsi que mon Père céleste fera lui aussi pour vous,
si vous ne remettez pas chacun à son frère de [tout] votre coeur ses offenses
S son offense
NesØ.
19,1 Il advint quand Jésus eut achevé ces paroles
il partit de la Galilée
et vint dans le territoire de la Judée de l'autre côté du Jourdain.
19,2 Des foules nombreuses le suivirent et là il les guérit.
19,3 Des pharisiens
VPharisiens s'approchèrent de lui en le mettant à l'épreuve et en Byz TRlui disant :
— Est-il permis à un homme de renvoyer sa femme pour n'importe quel motif ?
19,4 Répondant, il Byz V S TRleur dit :
— N’avez-vous pas lu que celui qui créa
Byz V TRfit dès le commencement les fit mâle et femelle ?
19,5 Et il dit :
— À cause de cela l’homme quittera père et mère et il s'attachera à sa femme
et ils seront les deux en une seule chair.
19,6 Ainsi ils ne sont plus deux, mais une seule chair
Sun seul corps.
Eh bien ! ce que Dieu a uni, que l'homme ne le sépare pas.
6 Ainsi ils ne sont plus deux, mais une seule chair.
Donc, ce que Dieu a uni, que l'homme ne le sépare pas.
19,7 Ils lui disent :
— Pourquoi donc Moïse a-t-il commandé de donner un acte de divorce et de la
Nes[la] renvoyer ?
7 Ils lui disent :
— Pourquoi donc Moïse a-t-il commandé de donner un certificat de répudiation et de renvoyer ?
19,8 Il leur dit :
— Moïse vous a permis de renvoyer vos femmes à cause de votre dureté de coeur,
mais au commencement il n'en fut pas ainsi.
19,9 Je vous dis que celui qui renvoie
Vaura renvoyé sa femme, si ce n’est pour fornication,
et épouse
Vaura épousé une autre est adultère.
Et celui qui épouse
Vaura épousé une renvoyée est adultère.
9 Je vous dis que celui qui renvoie sa femme, si ce n’est pour fornication,
et épouse une autre est adultère.
19,10 Ses disciples lui disent :
— Si telle est la condition de l’homme avec la femme, il n'est pas avantageux de se marier.
19,11 Il Byz S TR Nesleur dit :
— Tous ne comprennent pas cette parole mais ceux à qui [cela] a été donné.
19,12 Il y a en effet des eunuques qui sont nés ainsi du ventre de leur mère ;
il y a des eunuques qui ont été rendus eunuques
Vrendus [tels] par les hommes ;
il y a des eunuques qui se sont rendus eux-mêmes eunuques
Vcastrés à cause du royaume des cieux.
Celui qui peut comprendre, qu'il comprenne !
19,13 Alors lui furent présentés des petits enfants pour qu’il leur impose les mains
Sla main et prie.
Mais les disciples les rabrouèrent
Vrabrouaient.
19,14 Mais Jésus V Sleur dit :
— Laissez les petits enfants et ne les empêchez pas de venir à moi,
car le royaume des cieux est à ceux qui leur ressemblent.
19,15 Et leur ayant imposé les mains
Sla main, il partit de là.
19,16 Et voici, quelqu'un s'approchant Nesde lui Byz V S TRlui dit :
— Byz V S TRBon maître, que ferai-je de bon pour avoir la vie éternelle ?
19,17 Il lui dit :
— Pourquoi m’interroges-tu sur ce qui est
Byz TRme dis-tu bon ?
Un seul est le bon
Byz S TRPersonne n'est bon sinon le seul Dieu
VUn seul est bon : Dieu.
Si tu veux entrer dans la vie, observe les commandements.
19,18 Il lui dit : — Lesquels ?
Jésus dit :
— Tu ne tueras pas
Vcommettras pas de meurtre,
tu ne commettras pas l’adultère,
tu ne voleras pas
Vcommettras pas de vol,
tu ne feras
Vporteras pas de faux témoignage,
19,19 honore le
V
TRton père et Byz TR Nesla mère,
tu aimeras ton prochain comme toi-même.
19,20 Le jeune homme lui dit :
— Tout cela je l'ai gardé Byz S TRdepuis ma jeunesse ;
que me manque-t-il encore ?
19,21 Jésus lui dit :
— Si tu veux être parfait, va, vends tes biens
Vce que tu as et donne aux pauvres :
tu auras un trésor dans les cieux
Byz V TRle ciel ;
et viens, suis-moi.
19,22 Entendant la
Scette parole, le jeune homme s'en alla triste,
car il avait en effet beaucoup de possessions.
19,23 Jésus dit à ses disciples :
— Amen je vous dis : un riche entrera difficilement dans le royaume des cieux.
19,24 De nouveau je vous dis :
— Il est plus facile à un chameau de passer par
V Sd'entrer dans un trou d’aiguille
qu'à un riche d’entrer dans le royaume de Dieu
Vdes cieux.
19,25 Les
Byz TRSes disciples ayant entendu Vcela étaient très étonnés et dirent :
— Qui donc peut
Vpourra être sauvé ?
19,26 Fixant son regard Jésus leur dit :
— Pour les hommes c'est impossible
mais pour Dieu tout est possible.
19,26 Fixant son regard Jésus leur dit :
— Pour les hommes c'est impossible
Byz S TR Nesmais pour Dieu tout est possible.
19,27 Alors, répondant, Pierre lui dit :
— Voici, nous avons tout quitté et nous t'avons suivi :
qu’en sera-t-il alors pour nous ?
19,28 Jésus leur dit alors :
— Amen je vous dis : vous qui m'avez suivi,
au temps de la regénération, lorsque le Fils de l'homme siègera sur le trône de sa gloire
Vmajesté,
vous siègerez vous aussi sur douze trônes,
jugeant les douze tribus d'Israël.
19,29 Quiconque aura laissé
Va laissé maisons,
Vmaison ou frères, ou sœurs, ou père, ou mère
ou Byz V S TRfemme, ou enfants, ou champs, à cause de mon nom
recevra le centuple et il héritera de
Vpossèdera la vie éternelle.
19,30 Beaucoup de premiers seront derniers et de derniers premiers.
20,1 Car le royaume des cieux est semblable à un homme maître de maison
Vpère de famille
qui sortit tôt le matin pour embaucher des ouvriers pour sa vigne.
20,2 Étant convenu avec les ouvriers d'un denier par jour,
il les envoya dans sa vigne.
20,3 Étant sorti vers la troisième heure,
il en vit d’autres qui se tenaient oisifs sur la place publique
20,4 il leur dit :
— Allez vous aussi à la vigne,
je vous donnerai ce qui est
Vsera juste.
20,5 Ils allèrent.
De nouveau étant sorti vers la sixième et la neuvième heure il fit de même.
20,6 Vers la onzième Byz S TRheure il sortit et il en trouva d’autres qui se tenaient là Byz S TRoisifs et leur dit :
— Pourquoi vous tenez-vous ici tout le jour oisifs ?
20,7 Ils lui disent :
— Parce que personne ne nous a embauchés.
Il leur dit :
— Allez vous aussi à la vigne
Byz S TRet vous recevrez ce qui est juste.
20,8 Le soir venu
VLorsqu'il se fit soir,
le seigneur de la vigne dit à son intendant :
— Appelle les ouvriers et rends-leur le salaire,
en commençant par les derniers jusqu’aux premiers.
20,9 Étant venus, ceux de la onzième heure
reçurent chacun un denier.
9 Lorsque vinrent ceux qui étaient venus vers la onzième heure
ils reçurent chacun un denier.
20,10 Et en venant, les premiers pensèrent qu’ils recevraient plus,
et
Vmais ils reçurent eux aussi chacun un denier.
20,11 En [le] recevant ils murmuraient contre le maître de maison
Vpère de famille
20,12 en disant :
— Ces derniers ont fait une heure
et tu les as faits égaux à nous qui avons avons porté le poids du jour et de la chaleur.
20,13 Mais, répondant à l'un d'entre eux, il dit :
— Ami, je ne te fais pas de tort.
N'es-tu pas convenu d'un denier avec moi ?
20,14 Prends ce qui est à toi et va.
Je veux Vaussi donner à ce dernier comme à toi.
20,15 Byz V S TROu ne m’est-il pas permis de faire ce que je veux Byz S TR Nesde ce qui est à moi ?
Nes[Ou]
V S Nesou ton oeil est-il mauvais parce que moi je suis bon ?
20,16 Ainsi les derniers seront premiers et les premiers derniers.
Byz V S TRCar beaucoup sont appelés mais peu élus.
20,17 Et montant à Jérusalem, Jésus prit à part les douze Byz V S TRdisciples et leur dit Byz TR Nesen chemin :
20,18 — Voici, nous montons à Jérusalem :
le Fils de l’homme sera livré aux grands
Vchefs des prêtres et aux scribes,
et ils le condamneront à mort,
20,19 et ils le livreront aux païens pour être moqué et flagellé et crucifié,
et le troisième jour il ressuscitera.
20,20 Alors s'approcha de lui la mère des fils de Zébédée avec ses fils,
se prosternant et lui demandant quelque chose.
20,21 Il lui dit :
— Que veux-tu ?
Elle lui dit :
— Dis que mes deux fils que voici siègent un à ta droite et un à Byz S Nesta gauche dans ton royaume.
20,22 Répondant Jésus dit :
— Vous ne savez pas ce que vous demandez.
Pouvez-vous boire la coupe que moi je vais boire
ou être baptisés du baptême dont moi je vais être baptisé ?
V Nes?
Ils lui disent : — Nous pouvons.
20,23 Il leur dit :
— Ma coupe vous la boirez Byz S TRet vous serez baptisés du baptême dont moi je vais être baptisé.
Quant à siéger à ma droite ou à Byz S TRma gauche,
ce n'est pas à moi de Vvous le donner,
mais à ceux pour qui [cela] a été préparé par mon père.
20,24 Ayant entendu
VEntendant [cela], les dix s’indignèrent contre les deux frères.
20,25 Mais Jésus les appelant
Vappela à lui, Vet dit :
— Vous savez que les chefs des nations les dominent,
et les
Vceux qui sont grands exercent leur pouvoir sur elles.
20,26 Il n’en sera pas ainsi parmi vous
mais celui qui voudra devenir grand
Vle plus grand parmi vous
sera
V TRqu'il soit votre serviteur,
20,27 celui qui voudra parmi vous être premier
sera
Byz TRqu'il soit votre esclave.
20,28 De même que le Fils de l’homme n'est pas venu pour être servi mais pour servir
et donner sa vie en rançon
Vrédemption pour une multitude.
20,29 Comme ils sortaient de Jéricho, une foule nombreuse le suivit.
20,30 Voici : deux aveugles assis au bord du chemin
entendant
Ventendirent que Jésus passait
crièrent en disant :
— Aie pitié de nous, Seigneur,
V NesSeigneur, aie pitié de nous, Fils de David !
20,31 La foule les réprimanda
Vréprimandait pour qu'ils se taisent ;
mais eux crièrent
Vcriaient plus fort disant :
— Aie pitié de nous, Seigneur,
VSeigneur, aie pitié de nous, Fils de David !
20,32 S’arrêtant Jésus les appela et dit :
— Que voulez-vous que je fasse pour vous ?
20,33 Ils lui disent :
— Seigneur, que nos yeux s'ouvrent !
20,34 Saisi de pitié Vpour eux, Jésus
toucha leurs yeux ;
et, aussitôt, ils virent
Byz TRleurs yeux virent
Sleurs yeux s'ouvrirent et ils le suivirent.
27,64–28,20 Apparition et apothéose de Romulus
Quelques décennies plus tard, le récit d'apparition post-mortem du fondateur de Rome, relevant de la biographie « archéologique » au sens hérodotien du terme, non de l'historiographie, est amplifié, et assigné à un temoin oculaire autorisé :
20,22s Symbolisme de la coupe La coupe intervient dans diverses légendes sur la vie des disciples.
Selon la →Légende dorée le grand prêtre Aristodème dit un jour à saint Jean : « Si tu veux que je croie en ton Dieu, je te donnerai du poison à boire ; et, s’il ne te fait aucun mal, c’est que ton Dieu sera le vrai Dieu. Mais que d’abord tu voies mourir d’autres hommes par l’effet de ce poison, pour en constater la puissance ! » Alors l’apôtre prit le calice, et, s’étant muni du signe de la croix, il but tout le poison et n’en éprouva aucun mal : sur quoi tous se mirent à louer Dieu.
Sur ce tableau Jean vient de faire le signe de croix, le venin, sous la forme d’un dragon noir, (ou d'un serpent dans d'autres représentations) sort de la coupe dont le contenu devient inoffensif.
26,1–28,20 La Passion dans Il Vangelo secondo Matteo, chef-d'œuvre de Pier Paolo Pasolini (réal., scén., 1922-1975) Film noir et blanc à petit budget, réalisé par un homosexuel athée marxiste, ce film reste un choc, comparé aux œuvres ultérieures de Pasolini (p. ex. Salò, ou Les 120 journées de Sodome, en 1975). Pasolini s'était dit fasciné par l'éclat littéraire et l'efficacité narrative de l'évangile selon Mt. Son film, dédié au « glorieux Pape Jean XXIII », met en scène tout l’évangile selon Mt, qu’il suit fidèlement, surtout dans les dialogues. Cette fidélité littérale ne l’empêche pas de proposer une représentation très personnelle de la passion de Jésus, où il fait intervenir sa propre mère Susanna Pasolini pour interpréter la Vierge Marie avec une retenue bouleversante (cf. ci-dessous « la figure de Marie »).
La représentation est à la fois réaliste, par le décor naturel, et hiératique, par une succession de tableaux qui évoquent la scénographie d’un opéra. La musique joue d’ailleurs un rôle important pour préciser le sens des séquences, comme un commentaire sans paroles. La figure de Jésus est celle d’un prophète imprécateur, au verbe violent, qui entraîne les foules et déchaîne l’hostilité croissante des chefs et des pharisiens. Cette énergie se déploie jusqu’à l’arrestation. Jésus est d’ailleurs filmé souvent seul dans le plan, séparément des disciples. Les traits fins et distingués de l’acteur qui interprète le Christ contrastent avec la beauté brute et rustique des visages des disciples : Jésus est la perfection de l’humanité. Les gros plans nombreux sur ces visages évoquent l'Église comme peuple de Dieu ou le Peuple lui-même. On y voit surtout des hommes de tous âges, des vieilles femmes et des enfants, peu de jeunes femmes.
De plus, la pauvreté formelle adoptée comme langage cinématographique résonne fortement avec les enseignements du Christ : les canons néoréalistes permettent d’insister sur l’humanité de Jésus, rompant avec la vision « héroïcisante » des studios hollywoodiens. L’ambition néoréaliste de mettre à l’honneur les humbles, tout en soulignant le caractère réellement inédit du quotidien, renvoie aussi à la prophétie de Jésus : « Aujourd'hui s'accomplit cette Écriture — à vos oreilles » (Lc 4,21). Ce film fut récompensé, entre autres, par le prix spécial du jury au Festival de Venise et le grand prix de l'Office catholique du cinéma.
La représentation de la passion à proprement parler occupe 28 min, dans la seconde moitié du film. Dans les choix opérés par le réalisateur, trois caractéristiques influent profondément sur le message délivré par l’œuvre : Pasolini a une intelligence politisée du message évangélique ; il adopte une lecture chronologique et littérale de Mt ; il représente la passion de points de vue majoritairement externes.
Pasolini dans ses choix de mise en scène, décrit Jésus comme un tribun, un homme politique animé par un immense désir de justice.
Il adopte une narration strictement chronologique, qui suit littéralement le texte de l’évangile, omettant toutefois certains épisodes relatés dans Mt. Cette construction linéaire, si elle confère un caractère de simplicité et de pauvreté au récit de la passion, exprime de manière limitée l’unité profonde dont est tissée la vie du Christ.
La caméra adopte le point de vue externe de Pierre jusqu’à son reniement, puis de Judas jusqu’à sa pendaison, enfin de Jean jusqu’à la crucifixion. Il en découle que la majorité des images de la passion est éloignée du cœur de l’action : l’œil de la caméra observe une suite de tableaux à distance respectueuse, sans s’approcher du visage ni du corps du Christ. Hormis la pauvreté formelle adoptée dans cette œuvre, la Passion de Pasolini fait peu entrer dans le caractère stupéfiant de l’amour de Dieu tel qu’il est révélé dans la mort du Christ, car cette représentation laisse le spectateur à l’extérieur de l’humanité du messie et de sa réalité incarnée et personnelle. Pasolini ne montre pas non plus l’événement universel et cosmique (en tant qu’il réalise une conversion, un retournement de la marche du monde) que constitue la passion de Jésus.
Une conséquence de telles options est l’impression d’extériorité qui se dégage de la dernière partie du film : Jésus, après avoir déclamé ses enseignements sur un ton impérieux, souffre sa passion et meurt loin du spectateur. La distance installée par le metteur en scène avec le Christ souffrant occulte largement la violence inexprimable de la passion, qui est le sacrifice d’amour de Dieu pour ses enfants et ses frères, les hommes. Avec le recul, on comprend les raisons pour lesquelles cette œuvre a pu rencontrer un tel succès critique, tant cette représentation de la passion, tout en semblant réaliste, est peu dérangeante.
À l’écran, selon un procédé fréquent dans le cinéma italien de l’après-guerre, Jésus est incarné simultanément par un duo d’acteurs, avec l’apparence d’Enrique Irazoqui aux cheveux noirs, aux yeux noirs et sans arcade (juif basque qui, comme les autres interprètes, n'était pas un acteur professionnel) et la voix d’Enrico Maria Salerno. Le décalage entre les images capturées en extérieur d’un interprète non professionnel et la voix puissante enregistrée en studio d’un acteur confirmé peut être vu comme le signe de la double nature du Christ. Ce Jésus éructe les paraboles et prophétise avec une férocité vive, comme un agitateur syndical. Il est nerveux avec ses inquisiteurs et brusque avec ses apôtres. C'est un homme-Dieu pressé d'accomplir sa mission. Plus tôt mort, plus tôt ressuscité.
La perfection formelle du visage d’Irazoqui rappelle les représentations du Greco ; son regard légèrement asymétrique renvoie au mystère que dégagent les portraits du Christ dans l’art russe de l’icône. Fidèle au texte de Mt, Pasolini insiste sur l’union de Jésus au Père en montrant la prière solitaire du Christ avant sa passion, sur le point d’entrer dans Jérusalem. Il montre la souffrance portée par Jésus dans son agonie en empruntant à La Passion de Jeanne d’Arc de Carl la douleur béate et muette du visage du condamné : regard hébété, fixité, stupéfaction à l’aube du don total de soi.
Il faut néanmoins admettre que l’acteur principal manque singulièrement d’épaisseur, en particulier dans les scènes de la passion, ce qui peut être imputé au jeune âge d’Irazoqui, qui n’avait que 19 ans (et non 33) lors du tournage.
Il Vangelo de Pasolini frappe par le souffle d’impatience et de colère impérieuse qui jaillit de la personne du Christ et qui secoue toute l’œuvre. La Bonne Nouvelle présentée ici semble être un principe de vie réagissant à l’injustice sociale répandue dans le monde. Par suite, la justice de Dieu semble primer sur la miséricorde de Dieu, appauvrissant le sens fondamental de la passion. On est loin de la plume déchirante de Péguy qui met les mots suivants dans la bouche du Père décrivant la passion de Jésus :
Chez Pasolini, le cœur de Jésus semble plus vibrant de colère que brisé d’amour. Sa colère et son exigence de justice l’emportent sur sa compassion et sa miséricorde. À la lumière des engagements de Pasolini auprès du Parti communiste italien, on peut s’interroger sur la justesse de cette interprétation : la colère attribuée ici au Christ est-elle la colère de Dieu, ou plutôt la colère du réalisateur projetée sur ce qu’il comprend de la personne du Christ ?
Pasolini montre sans ambiguïté le don libre que le Christ fait de lui-même dans sa passion : Jésus après l’institution de l’Eucharistie, sourit à ses disciples comme un époux qui connaît la plénitude après l’union nuptiale ; au prétoire, après le couronnement d’épines, il marche librement vers sa croix, son bâton à la main ; au Golgotha, il crie peu lorsqu’il est cloué sur sa croix, contrairement au brigand crucifié à ses côtés.
Toutefois par d’autres aspects non négligeables, Pasolini ne donne pas la pleine mesure du don personnel du Fils de Dieu fait homme. Ainsi la flagellation du Christ est ignorée. De plus, dans l’interprétation que le réalisateur fait de la réquisition de Simon de Cyrène, Jésus, désormais déchargé de sa croix et apparemment en bonne santé, cesse de porter sa croix et marche aux côtés du Cyrénéen qui a endossé son fardeau. Étranger à l’ultime étape de sa vie terrestre, le Christ paraît dès lors désincarné. La lecture que fait Pasolini du texte de Mt, quoique poétique, est un contresens : ici le Verbe de Dieu fait homme pour assumer le péché du monde fait porter son joug par son prochain menacé de mort, alors même qu’il est venu assumer la souffrance et le péché de tous les prochains.
Le rôle de Marie lors de la passion du Christ est tenu par Susanna Pasolini, la mère de Pasolini. Elle est une Vierge éplorée de douleur, tordue de souffrance devant le spectacle de son fils supplicié et mis à mort devant elle. Malgré le jeu convaincant de son actrice, le réalisateur butte sur le double écueil du choix de son interprète et de la difficulté à percer le mystère de la nouvelle Ève :
En donnant ce rôle clef à sa propre mère, Pasolini fait en quelque sorte le choix d’apparaître lui-même comme le messie crucifié. (Nombreux sont d’ailleurs les critiques que, par certains aspects, la vie du Christ résonne avec la vie du cinéaste.)
Pasolini ne communique guère au spectateur les réalités profondes qui font que la souffrance de Marie au pied de la croix dépasse considérablement la peine de Susanna Pasolini, fût-elle en train de contempler son propre fils agonisant : Marie au Calvaire distingue dans la personne de son fils à la fois le fruit de ses entrailles et le Dieu vivant et vrai qui épouse notre humanité pour porter toute souffrance. Étant unie mystiquement au cœur de son fils, elle traverse la mort comme Jésus traverse la mort. Cependant si elle porte « celui qui porte tout », on peut dire aussi que sa force et sa dignité reçues de Dieu surpassent celles de toutes les mères : dans son union mystique au cœur de Dieu, Marie garde intacte sa certitude que Jésus est le Fils de Dieu, et intacte sa confiance dans l’amour tout-puissant et miséricordieux du Père. À ce titre le jeu accablé de Susanna Pasolini, s’il est juste sur un plan strictement humain, ne rend pas pleinement compte de l’amour de Marie marchant au Golgotha avec Jésus.
Chez Pasolini, Jésus marche jusqu'à sa mort, à travers la campagne de Matera, dans les Pouilles, près du talon de la botte italienne. La foule le poursuit et le presse ; un cri jaillit "Son sang soit sur nos enfants !" (Mt 27,25). Pasolini, poète avant d'être cinéaste, ne voulut pas censurer le verset d'un texte qu'il voulait honorer ; et, en mettant en scène des Italiens pourchassant les Italiens, il typifie une malédiction moins de race ou de religion que de clan.
Une mosaïque de musiques émaille l’œuvre de Pasolini : des extraits des œuvres de Bach, Webern, Mozart, Prokofiev, de la Missa Luba (messe congolaise), de Negro spirituals (déchirant Sometimes I Feel like a Motherless Child) et de chants révolutionnaires russes enrichissent les images de la vie simple du Christ et nous enseignent sur ce qu’est l’Eglise :
Ces thèmes récurrents sont une représentation de la multiplicité des demeures dans la maison du Père : l’Église ressemble à une famille et l’Église est universelle ; elle accueille tout homme, comme Dieu ouvre ses bras à tout homme.
La répétition de ces musiques variées évoque aussi la prière tournoyante et sans cesse recommencée du psalmiste.
Enfin, on peut deviner dans les choix de musique de Pasolini les possibles défigurations du message évangélique. Ainsi, après la résurrection du Christ, l’Église en marche est représentée comme un peuple d’insurgés avec les armes à la main, courant vers un avenir lumineux au son des chœurs de l’Armée Rouge.
Il Vangelo secondo Matteo de Pasolini bénéficie des canons du néoréalisme italien et rompt heureusement, par sa pauvreté formelle, avec la proposition hollywoodienne connue jusque-là. Toutefois, dans une lecture littérale (quoique poétisée et politisée) de l’évangile, le réalisateur semble ne pas adhérer au cœur de la foi chrétienne, qui est que Dieu, fait homme dans la personne de Jésus, a porté le péché de chaque homme et de l’humanité pour que tout homme soit sauvé. C’est pourquoi cette œuvre recèle un certain nombre de limites lorsqu’elle rend compte du message évangélique, et ressemble au récit qu’un reporter extérieur ferait du parcours exceptionnel d’un leader exceptionnel.
Après la référence, on donne un bref commentaire, suivi du minutage.
(avec fr. Benoît Ente o.p.)