La Bible en ses Traditions

Proverbes 25,1–26,8

M
G S
V

Voici encore des Proverbes de Salomon

recueillis par les hommes d’Ézékias roi de Juda.

...

VOICI ENCORE DES PROVERBES DE SALOMON QUE TRANSMIRENT LES HOMMES D'ÉZÉCHIAS ROI DE JUDA

M V
G S

La gloire de Dieu, c’est de cacher la parole ; la gloire des rois, c’est de les examiner.

...

La hauteur du ciel, la profondeur de la terre et le cœur des rois sont impénétrables.

Vinscrutables.

...

M V
G
S

Ôte les scories

Vla rouille de l’argent et il en sortira un vase pour le fondeur.

Vtrès pur.

Frappe l’argent de mauvais aloi et chaque chose pure sera purifiée.

...

M V
G S

Ôte le méchant

Vl'impiété de devant le roi et son trône s’affermira dans

Vpar la justice.

...

Ne prends pas des airs superbes

Vglorieux devant le roi, ne te mets pas à la place des grands

...

car il vaut mieux qu’on te dise : — Monte ici, plutôt qu’on t’humilie devant le princeM que tes yeux ont vu.

...

Ne pars

Vdécouvre pas trop vite en contestation Vce que tes yeux ont vu

 de peur qu’à la fin tu ne saches que faire

Vpuisses réparer si ton prochain te confond.

Vlorsque tu auras déshonoré ton ami.

...

M
G S
V

Défends ta cause contre ton prochain mais ne révèle pas le secret d’un autre

...

Traite ta cause avec ton ami ; ne révèle pas ton secret à un étranger

M V
G S

10 de peur que celui qui l’entendra ne t'insulte et que tu ne puisses revenir sur tes propos

Vqu'il ne cesse de nourrir des griefs contre toi.

10 ...

11 Comme des pommes d’or sur des ciselures

Vlits d’argent, ainsi Vcelui qui profère une parole Mdite à propos.

11 ...

12 Comme un anneau d’or

Vune boucle d'oreille en or et un ornement d’or fin,

Vune perle brillante, ainsi est le sage qui reprend une oreille docile.

Vcelui qui reprend le sage et l'oreille obéissante.

12 ...

13 Comme la fraîcheur de la neige au temps de la moisson, ainsi est le messager fidèle pour ceux qui l’envoient

Vcelui qui l'envoie

 il réjouit l’âme de son maître

Vdonne du repos à son âme.

13 ...

M
G S
V

14 Des nuages et du vent sans pluie, tel est l’homme qui se glorifie de présents mensongers.

14 ...

14 Tel les nuages et le vent non suivis de pluie, ainsi un glorieux qui n'accomplit pas ses promesses.

M V
G S

15 Par la longanimité le juge se laisse persuader

VLe prince s'adoucit par la patience et une langue douce peut briser des os

Vla dureté.

15 ...

16 Tu as trouvé du miel ? N’en mange que ce qui te suffit de peur que, rassasié, tu ne le vomisses.

16 ...

17 Mets rarement le

VSoustrais ton pied dans

Và la maison de ton prochain de peur que, fatigué de toi, il ne te haïsse.

17 ...

18 Une massue

VUn dard, une épée et une flèche aiguë, tel est l'homme qui porte un faux témoignage contre son prochain.

18 ...

19 Une dent cassée

Vpourrie et un pied qui glisse,

Vtrébuche, c’est la confiance qu’inspire un perfide

Vinfidèle au jour de détresse.

Vd'angoisse

19 ...

M
G S
V

20 Oter son manteau un jour de froid, répandre du vinaigre sur du nitre, ainsi fait celui qui dit des chansons à un cœur affligé.

20 ...

20 et qui enlève le manteau un jour de grand froid.

Il répand du vinaigre dans du nitre aussi celui qui dit des chansons à un cœur mauvais.

M V
G S

21 Si ton ennemi a faim donne-lui du pain à manger, s’il a soif abreuve-le d'eau

Vdonne-lui de l'eau à boire

21 ...

22 car tu amasses ainsi des charbons sur sa tête et YHWH

Vle Seigneur te le revaudra.

22 ...

M
G S
V

23 La brise du nord enfante la pluie ; la langue qui médit en secret, un visage irrité.

23 ...

23 L'aquilon répand la pluie ; le visage triste, la langue médisante.

M V
G S

24 Mieux vaut habiter à l’angle d’un toit

Vde la maison que de partager la demeure avec une femme querelleuse.

24 ...

25 De l’eau fraîche pour une gorge

Vâme altérée, telle est une bonne nouvelle venant d’une terre lointaine.

25 ...

26 Une fontaine troublée Vavec le pied et une source corrompue, tel est le juste qui chancelle

Vtombe devant le méchant.

26 ...

M
G S
V

27 Il n’est pas bon de manger beaucoup de miel ; scruter sa gloire, voilà la gloire.

27 ...

27 De même qu'il n'est pas bon de manger trop de miel, de même celui qui scrute la majesté sera accablé par la gloire.

28 Une ville forcée qui n’a plus de rempart, tel est l’homme dont l'esprit n'a plus d'entrave.

28 ...

28 Tel une ville ouverte non entourée de murailles, ainsi est l'homme qui ne peut comprimer son esprit lorsqu'il parle.

M V
G S

26,1 Comme la neige en été et la pluie pendant la moisson, ainsi la gloire ne convient pas à un insensé.

...

M
G S
V

26,2 Comme le passereau qui s’échappe, comme l’hirondelle qui s’envole

ainsi la malédiction sans cause n’atteint pas.

...

Comme le passereau qui s’échappe, comme l’hirondelle qui s’envole

ainsi se répand la médisance proférée sans cause contre quelqu'un.

M V
G S

26,3 Le fouet est pour le cheval, le mors pour l’âne et le bâton pour le dos des insensés

Vimprudents.

...

26,4 Ne réponds pas à l’insensé selon sa folie, de peur de lui devenir semblable.

...

26,5 Réponds à l’insensé selon sa folie, de peur qu’il ne se regarde comme sage.

...

26,6 Il se coupe les

Vboite des pieds, il boit la violence,

Vl'iniquité, celui qui envoie des messages par l'entremise d'un insensé.

...

M
G S
V

26,7  Les jambes flageolent sous le boiteux, le proverbe dans la bouche de l’insensé.

...

De même que le boiteux a en vain de belles jambes, de même la parabole ne sied pas à la bouche des sots.

M V
G S

26,8 C’est attacher

Vlancer une pierre à la fronde

Vdans un amas de Mercure que de rendre gloire

Vhonneur à un insensé.

...

Texte

Procédés littéraires

26,8a Mercure (V) Inculturation et génie de Jérôme : Interpretatio romana Dans la Vulgate, la présence de personnages issus de la mythologie gréco-romaine tels qu’Adonis (Ez 8,14), Priape (1R 15,13 ; 2Ch 15,16) et Mercure (Pr 26,8) est remarquable. Ces figures ne sont pas issues du texte hébreu traduit par Jérôme, mais constituent des choix de traduction s’inscrivant dans ce qu'on a coutume d’appeler l’« interpretatio romana ». Cette pratique consiste à assimiler des divinités étrangères à celles de Rome, associant par exemple des dieux grecs à leurs équivalents romains (Zeus à Jupiter, Héra à Junon, Poséidon à Neptune, etc.).

Suivant ce principe ici en  Pr 26,8, Jérôme traduit l’hébreu bᵉmargēmâ  par Mercure. Par ailleurs, il procède par étoffement paraphrastique rendant l’hébreu :

  • « C’est attacher à la fronde une pierre que de faire une situation honorable à un sot »

par :

  • « C’est lancer une pierre dans un amas de Mercure que de rendre honneur à un insensé. »

Bien que tous deux semblent saugrenus (puisqu’une pierre liée à une fronde ne peut être ni lancée ni atteindre son but et qu’honorer Mercure c’est rendre hommage à une idole), Jérôme choisit la piété romaine dont l’amas de Mercure renvoie au « tas de cailloux aux pieds des Hermès de carrefour, où chaque passant jetait une pierre en son honneur » (Blaise Dict. 44). Cette pratique remonterait à l'épisode mythologique où les dieux de l'Olympe absolvent Mercure du meurtre d'Argus dont on l'accusait en jetant à ses pieds un caillou blanc. Cette coutume devient dans la littérature latine une expression figurée pour désigner une activité vaine, dérisoire.

Le choix gréco-romain du culte (poser une pierre devant une statue) et de la divinité (Mercure) n’est pas tant de nature religieuse que didactique. Présenter un culte et une divinité étrangère risquait de perdre le lecteur dans des coutumes et des mœurs étrangers, tandis que l'utilisation d'une expression figurée proprement romaine permettait d'assurer la compréhension de ses contemporains.

En utilisant l'« interpretatio romana » et l'élaboration paraphrastique, Jérôme s'inscrit dans la conception romaine classique de la traduction, notamment celle de Cicéron et d'Horace. Leur principe consiste à éviter la traduction littérale au profit d'une traduction littéraire fondée sur le sens. Cela rappelle les paroles de Jérôme adressées à Sunnia et Frétéla :

  • « Si nous suivions un zèle fâcheux pour l'exactitude de l'interprétation, on laisserait de côté tout le charme de la traduction ; c'est la règle d'un bon interprète d'exprimer les idiomatismes d'une langue par les expressions propres de la sienne. »Jérôme Ep.106.

Anonyme, Louve romaine avec Romulus et Remus, (mosaïque, 300-400 ap. J.-C.), ca 95 x 95 cm, découverte à Aldborough (North Yorkshire)

Musée municipal de Leeds, Royaume Uni © CC SA 2.0→

Figure inversée d'inculturation romaine : dans le sourire dentu de l'animal mythique, la maladresse du mosaïste « britannique » contemporain de Jérôme traduit naïvement quelque chose de la rapacité impériale.