La Bible en ses Traditions

Cantique des cantiques 3,9

M
G S
V

Le roi Salomon s’est fait une litière des bois du Liban.

(C'est un palanquin en bois du Liban que s'est fait faire Salomon

9 Bois de cèdre 1,17

Réception

Philosophie

1,1–8,15 Le Cantique comme symbole de la révélation Rosenzweig Stern (p. 235-242) interprète le caractère dialogal du Ct comme une instance de la structure dialogale de la révélation elle-même.  

  • Une première partie, intitulée « création », décrit une relation non personnelle, en 3e pers. et au passé, entre Dieu et le monde.
  • Au cœur de l'ouvrage, Rosenzweig fait de son commentaire du Ct le fil conducteur de la présentation de ce qu'il appelle « La révélation », c'est-à-dire le passage au « tu » et au présent et ainsi à l'avènement d'une relation personnelle entre Dieu et l'homme. Tout le Ct est un dialogue (à l'exception de Ct 8,6) : il ne dit pas que la révélation est dialogale, il le montre en étant lui-même dialogue et étant presque uniquement cela.

Révélation performée : importance du dialogue

La révélation n'est donc pas pour Rosenzweig la communication d'un ensemble d'informations sur Dieu, mais la naissance d'une relation entre Dieu et l'homme. Le Ct est pur dialogue — sans jamais de passage à la 3e pers. — et histoire au présent. Ces deux caractéristiques sont le fondement de la révélation : le dialogue et le présent.

Il ne s'agit donc plus de parler de la relation entre Dieu et l'homme, comme les prophètes qui décrivaient cette relation à l'aide de la métaphore des noces, mais de faire parler cette relation elle-même.

Révélation lyrique : importance de la subjectivité

Le discours du Ct est donc tout entier porté par la subjectivité.

  • Cela se manifeste par l'importance du « je » sous la forme du je-marqué (’ănî en héb.). Le Ct est le texte biblique qui utilise, proportionnellement à sa taille, le plus ce « je », après le livre du Qo (fréquence de 6,03 emplois pour 1000 mots en Ct, et de 6,50 en Qo).
  • Cela se remarque aussi au fait que les premiers mots du Ct expriment une comparaison : « tes amours sont meilleures que le vin » (Ct 1,2b), c'est-à-dire une appréciation subjective et non un simple constat, auquel cas un comparatif n'eût pas été nécessaire.

Dès le début du texte, la focalisation n'est pas celle d'une narration objective mais celle d'une subjectivité : les choses ne sont pas décrites pour elles-mêmes, l'enjeu est d'emblée perspectiviste. 

Critique de la réception moderne du Cantique

Rosenzweig critique les analyses modernes du Ct (à partir des 18e et 19e s.) qui ont cherché à effacer cette dimension dialogale du texte.

  • Il vise d'abord Herder et Goethe, qui ont fait du Ct un chant d'amour purement humain, prisonniers qu'ils étaient du préjugé que ce qui est humain ne peut être divin et que Dieu ne peut pas aimer. Cependant, leur tentative eut au moins le mérite de conserver cet aspect essentiel du Ct : le fait qu'il s'agisse d'un chant lyrique, de l'expression de deux subjectivités.
  • D'autres tentatives ont suivi, plus condamnables parce qu'elles ont réduit le Ct à un simple récit, narration entre plusieurs personnages : un roi, un berger, une paysanne. Dans ce dernier type d'interprétation le cœur du Ct, à savoir son caractère lyrique, est perdu et l'œuvre demeure incompréhensible.

Musique

1–11 La voix du bien-aimé

21e s.

Tanguy Dionis du Séjour, LA VOIX DU BIEN-AIME, 2014

Dei Amoris Cantores

© License YouTube Standard→, Ct 3,1-11

Fondé en décembre 2011 par 3 amis musiciens et compositeurs : Tanguy, Martin et Frère Gaétan de la Communauté St Jean, Dei Amoris Cantores est un chœur catholique composé d’une vingtaine de jeunes et enthousiastes interprètes. Ils répondent à l’appel de Jean-Paul II et Benoit XVI et se consacrent à la nouvelle évangélisation, persuadés que le chant polyphonique est un moyen formidable de mettre en valeur et de transmettre la Parole de Dieu.

Contexte

Milieux de vie

9 FLORE Cèdre du Liban

Forêt des cèdres de Dieu au Liban (Bcharré)

Photo : BlingBling10 (août 2007) © CC-BY-SA-3.0→

Nb 24,6 ; Jg 9,15 ; 2S 5,11 ; 1R 6,9.15-16.18.36 ; 7,2.3.7.11.12 ; 9,11 ; 2R 14,9 ; 19,23 ; 1Ch 14,1 ; 17,1 ; 22,3-4 ; 2Ch 1,15 ; 2,7-8 ; 9,27 ; 25,18 ; Esd 3,7 ; Jb 40,17 ; Ps 29,5 ; 80,11 ; 92,13 ; 104,16 ; 148,9 ; Ct 1,17 ; 3,9 ; 5,15 ; 8,9 ; Is 2,13 ; 14,8 ; 37,24 ; 41,19 ; 44,14 ; Jr 22,7.14-15.23. ; Ez 17,3.22-24 ; 27,24 ; 31,3-18 ; Am 2,9 ; M,G—So 2,14 ; Za 11,1-2

Étymologie 

En hébreu, « érez » désigne le cèdre ; puis par extension il désigne tout bois utilisable dans les cérémonies de purification. Ce nom apparait 70 fois dans la Bible. 

Classification

Il existe 4 espèces de cèdres dont le cèdre du Liban. C'est un arbre conifère.

  • Famille : pinaceae
  • Genre : cedrus
  • Espèce : libani
Localisation

Originaire du Moyen-Orient (Liban, Syrie, Turquie). Au Liban les cèdres couvraient autrefois la plus grande partie du Liban mais la déforestation a eu raison de pratiquement l'intégralité des anciennes forêts. Il ne reste que quelques îlots de cèdres dans la région de Bcharré, dans El chouf, à Jaj ou à Tannourine. 

Description
  • Arbre majestueux et massif qui peut atteindre jusqu’à 40 m de haut.
  • De forme pyramidale au début de sa vie, il étend au fil du temps ses branches à l’horizontal, prenant une belle apparence avec sa cime tabulaire.
  • Ses aiguilles persistantes, d’environ 3 cm de long, ont une couleur vert-gris-bleuté, qui varie selon les espèces. Les aiguilles sont rassemblées en rosettes.
  • Les cônes d’environ 10 cm ont une forme ovoïde et un aspect lisse du fait des écailles plaquées.
  • Son bois est odorant.
  • On estime son espérance de vie à 2000 ans.
  • Ce conifère a une bonne résistance au froid et aux fortes chaleurs et pousse généralement sur un sol siliceux, rocailleux en région montagneuse (1000 à 2000 m d’altitude).

Illustration botanique du cèdre du Liban

 dans Traité des arbres et arbrisseaux - Atlas par P. Mouillefert, Paul Klincksieck (éd.), 1892-1898 : Köhler, 1887 © Domaine public

Usage
Médical
  • Le cèdre a des propriétés antiseptiques et cicatrisantes. Ce sont essentiellement ses aiguilles qui sont utilisées à des fins thérapeutiques en infusion ou en usage externe. Le macérat de bourgeon de cèdre soigne les problèmes cutanés.
Culture matérielle
  • Son bois est utilisé pour la confection de charpentes, de coffres, de mobiliers dès l’antiquité car l’odeur du bois de cèdre éloigne les mites, insectes et vers.
  • Le bois de cèdre du Liban fut importé à Jérusalem par Salomon pour permettre la construction du Temple. (2Ch 2,3-10).
  • Dans l'antiquité il est aussi utilisé pour la construction navale et la fabrication de sarcophages.
  • Il semble que des cèdres du Liban étaient plantés dans la cour du Temple (cf. Ps 92,13).
Cultuel
  • Dans les rites religieux, la fumée du cèdre était réputée pour chasser les mauvais esprits.
  • Pline Naturalis historia 13,2 raconte qu’au temps de la guerre de Troie, on n’employait pas encore l’encens dans les sacrifices mais on brûlait des rameaux de cèdre et de citre qui répandaient un relent plutôt qu’une senteur.
  • La sciure de cèdre servait en Égypte à l'embaumement des momies.
Autres
  • Le cèdre est aujourd’hui l’emblème du Liban. 
  • Cet arbre a inspiré des artistes tel que Lamartine : « Choeur des cèdres du Liban ».
Symbolique
Majesté divine, grandeur, gloire, force.
  • Ps 104,16-17 Le cèdre manifeste la grandeur de son créateur.
  • Ez 17,22-23 La parabole présente le cèdre comme le royaume de Dieu.
  • Ps 92,13 Les justes sont comparés au cèdre du Liban.
  • Ez 31,1-9 Pharaon est comparé au cèdre pour sa grandeur.
Orgueil

Par contraste, ceux qui se dressent comme rivaux de Dieu sont aussi comparés au cèdre.

Longévité, éternité

En raison de sa longue vie mais aussi parce que son bois est réputé imputrescible, il est symbole de pérennité, d'éternité et d'incorruptibilité.

Réception

Liturgie

1–11 Le Cantique est lu après la amida durant la semaine de Pessach. Le choix serait motivé par la mention des chars de Pharaon en Ct 1,9 où l'on voit une allusion à l'Exode. 

Traditionnel, Megillat Shir HaShirim, c.3 lu par Abraham Shmuelof (1913-1994), Maison Saint-Isaïe des Dominicains, Jérusalem, années 1970

Audio Scriptures International (numérisation) ; Mechon Mamre→ (mise en ligne)  © Sœurs du Carmel (enregistrements originaux)

Abraham Shmuelof né en 1913 dans le quartier Meah Shearim de Jérusalem, dernier de seize enfants dans une grande famille juive ultraorthodoxe de Bucharan qui avait émigré de Perse à la fin du 19e siècle devint une figure légendaire à Jérusalem, passant du statut de juif ultraorthodoxe au catholicisme romain, moine trappiste, bénédictin, retournant aux trappistes et enfin servant dans l'Église gréco-catholique de Galilée. Dans les années 1970, il trouva sa place à « La Maison Saint-Isaïe » fondée à Jérusalem par les Dominicains français, où il collabora au développement d'une liturgie catholique hébréophone avec le P. Jacques Fontaine. C'est à cette époque qu'il se chargea de la tâche d'enregistrer l'intégralité du Tanakh en hébreu.