La Bible en ses Traditions

Isaïe 43,1–5

M G V
S

Et maintenant, voici ce que dit YHWH

G Vle Seigneur , celui qui t’a créé, Jacob, celui qui t’a formé, Israël :

— Ne crains pas car je t’ai racheté et je t’ai appelé par

Gdonné ton nom, tu es à moi.

...

Quand tu passeras par les eaux, je serai avec toi et les fleuves ne te submergeront pas

quand tu marcheras au milieu du

Vdans le feu, tu ne seras pas brûlé et la flamme ne t’embrasera

Gte brûlera pas.

...

Car moi, je suis YHWH

G Vle Seigneur ton Dieu, le Saint d’Israël ton sauveur.

J’ai donné

Gfait de l’Égypte en rançon pour toi

Gta rançon, Kush

G Vl’Éthiopie et Saba

GSoène en échange de toi.

...

M V
G S

Depuis que tu es devenu précieux

V honorable à mes yeux, honorable,

Vglorieux, moi, je t’ai aimé

je donnerai des hommes en échange de toi et des peuples en échange de ta vie.

Vton âme.

...

M G V
S

Ne crains pas car je suis avec toi

de l’Orient

Gdu Levant je ramènerai ta semence et de l’Occident

Gdu Couchant je te rassemblerai.

...

Réception

Intertextualité biblique

2 Eau et feu symboles de dangers « Eau » et « feu » sont des allusions aux périls de toute sorte auxquels sera exposé le convoi du retour d'exil : 

2 je serai avec toi LANGAGE La locution divine « je suis avec »  L'expression indique la protection toute-puissante de YHWH : Is 41,10 ; 43,5 ;

Gn 26,3 ; Gn 28,15 ; Ex 3,12 ; Jr 1,8 ; Lc 1,28 ; Mt 28,20.

Liturgie

1–7 Chant paroissial « Ne crains pas »

 Fr Jean Baptiste de la Sainte Famille (du Jonchay, 1974 - ), « Ne crains pas » (C00051, Éditions du Carmel, Toulouse, 2010)

« 140 jeunes chantent et prient Marie » (veillée mariale, église Saint-François-de-Sales, Lyon, 11 février 2017)

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Paroles

Ne crains pas, je suis ton Dieu, C’est moi qui t’ai choisi, appelé par ton nom. Tu as du prix à mes yeux et je t’aime. Ne crains pas car je suis avec toi.

1— Toi mon serviteur, je te soutiendrai ; toi mon élu que préfère mon âme, Je mettrai en toi mon Esprit, je te comblerai de mon Esprit.

2— Le Seigneur m’a appelé dès le sein de ma mère, il a prononcé mon nom. C’est Lui qui m’a formé pour être son serviteur, le témoin de sa Gloire !

Texte

Procédés littéraires

1 formé THÈME isaïen : Dieu façonneur d'Israël Façonné à travers toute son histoire, cf. v Is 43,21 (« ce peuple que j'ai formé pour moi »). Is44,2 (« YHWH qui t’a fait et formé dès le sein ») Is 44,21 (« je t’ai formé »), Is 44,24 (« YHWH, ton rédempteur, celui qui t’a formé dès le sein maternel ») Is 45,11 (« YHWH, le Saint d’Israël et celui qui l'a formé ») Is 49,5 (« YHWH, lui qui m’a formé dès le sein de ma mère »), mais également en parlant du peuple élu Is27,11 (« celui qui l'a formé »).

Ce n'est pas seulement Israël que Dieu forme, mais aussi tous les hommes. Comme il le rapelle dans Is45,9

On notera l'emploi du verbe יצר dans toutes ces références.

YHWH est un Dieu créateur, il est antérieur à toute chose, il est à l'origine de tout, l'univers c'est lui qui le créé. Le prophète, avec plus de vigueur encore que le premier chapitre de la Genèse, s'attache à montrer comment la création toute entière est l'œuvre de Dieu et de lui seul. Celui qui façonne les éléments et les hommes est maître des uns comme des autres. Ceci dit, il est tout à fait vrai qu’il met sa puissance de créateur au service d’un dessein de salut : l’exode d’Égypte, naissance d’un Peuple tiré de la servitude et appelé au service de Dieu pour y convier à son tour les nations, constitue, au sein même d’une démonstration de force rédemptrice, une démonstration éclatante de force créatrice. Le rappel de la puissance créatrice est un gage constant de la puissance sauvante. Celui qui a créé peut re-créer; celui qui a innové peut rénover.

1a formé Métaphore verbale : Dieu comme potier  Le prophète se comparera plus tard à de l'argile et YHWH sera celui qui l'a formé, le sculpteur selon la Vulgate : « nous sommes tous l’oeuvre de tes mains » cf. Is64,7 où plus que le peuple d'Israël, c'est tous les hommes que le Seigneur façonne, il est le potier.

Intertextualité biblique Is 43,1a

Réception

Intertextualité biblique

1 créé, formé PERSONNAGE Dieu caractérisé par ses actions

Dieu... 

... façonne יצר

Tel un « potier » comme dans Is 64,7 (« YHWH, tu es notre père, nous sommes de l'argile et tu es celui qui nous a formé, tu es notre sculpteur ») où plus que le peuple d'Israël, c'est tous les hommes que le Seigneur façonne, il est le potier. Cette image du dieu-potier appliquée à YHWH appartient au patrimoine religieux de l'Ancien Orient. On trouvera par exemple le dieu éguyptien Khnoum qui façonne l'enveloppe charnelle de toutes les créatures sur son tour. C'est un dieu très ancien, mais encore vénéré à l'époque ptolémaïque et romaine avec par exemple la construction d'un temple à Esna en Haute-Égypte.

Ce thème est également présent dans le second mythe de la création de l'homme dans Gn2,7 où « YHWH façonna l’homme de la poussière du sol » avant de lui insufler l'esprit pour que l'homme devienne un être vivant. C'est le verbe יצר qui est utilisé, mais pas le verbe « créé » ou « fit ».

... crée ברא

Lorsque que son action divine produit quelque chose de nouveau, de merveilleux ou d'inouï. Comme au tout début de la Bible en Gn 1,1. Ce terme serait d’abord un terme technique s’appliquant à la création orginelle : création des astres (Is 45,7), des cieux (Is 42,5), de l’homme (Is 45,12), des cieux et de la terre habitable et non chaotique (Is 45,18). Mais le prohpète semble innover en appliquant ce terme pour la création du peuple israélite (Is 43,1 et Is 43,15).

Dans tous les passages de l’AT où la racine ברא « créer » est solidement attestée, Dieu est toujours l’auteur de l’action exprimée par ברא. Il s’agit donc d’une activité propre à la divinité et à elle seule : jamais une divinité étrangère à Israël n’est sujet de ברא et, plus précisément encore, c’est quasiment toujours YHWH c’est-à-dire le seul Dieu d’Israël, qui est le sujet de ce verbe.

... fait עשׂה

Comme dans Gn 2,4b où le verbe faire verbe עשׂה est une action créatrice. De même, on trouve cette même action, avec le même verbe, dans Is 44,2 Is 51,13 et Is 54,5.

Texte

Procédés littéraires

3 Kush et Séba NARRATION Cadre géographique symbolique Simple évocation de peuples lointains, ce n’est pas une allusion historique précise, Repères historiques et géographiquescf. v. 4. Yhwh est le maître suprême de toutes les nations et la délivrance prochaine d'Israël entre dans son dessein universel. En effet, avant de dire que Dieu sauve les peuples étrangers, il lui plaît de montrer qu’Il dispose d’eux à sa guise. Pour récompenser les Perses de leur générosité envers Israël, le Maître du monde va livrer en leur pouvoir l’Égypte, l’Éthiopie et aussi Seba. De fait, en 525, Cambyse conquerra l’Égypte et soumettra l’Éthiopie au tribut. Ces pays conquis seront comme la rançon qui paiera l’affranchissement d’Israël et leurs populations, subjuguées au moment même où Israël se redressera, ne pourront qu’admirer le Dieu d’Israël et se tourner vers Lui Is45,14s.

Réception

Musique

41,10 ; 43,1 Ne crains pas

18e s.

Johann Sebastian Bach (1685-1750), Motet Fürchte dich nicht - BWV 228, 1726

Musica Amphion & Gesualdo Consort Amsterdam

© Licence YouTube standard→, Is 41,10.43,1

Paroles

 Fürchte dich nicht, ich bin bei dir; weiche nicht, denn ich bin dein Gott! Ich stärke dich, ich helfe dir auch, ich erhalte dich durch die rechte Hand meiner Gerechtigkeit. (Is 41,10) Fürchte dich nicht, denn ich habe dich erlöset; ich habe dich bei deinem Namen gerufen, du bist mein! (Is 43,1) / Chorale: Herr, mein Hirt, Brunn aller Freuden, du bist mein, ich bin dein niemand kann uns scheiden. Ich bin dein, weil du dein Leben und dein Blut mir zu gut in den Tod gegeben. Du bist mein, weil ich dich fasse und dich nicht, o mein Licht, aus dem Herzen lasse! Laß mich hingelangen, da du mich und ich dich lieblich werd umfangen. Fürchte dich nicht, du bist mein.

Ne crains rien, je suis à tes côtés ; ne te détourne pas, car je suis ton Dieu ! Je t'ai fortifié, et je t'aide encore, je te soutiens par la main droite de ma justice. Ne crains rien, car je t'ai racheté ; je t'ai appelé par ton nom, tu es à moi !  / Chorale : Seigneur, mon berger, source de toute joie, tu es mien, je suis tien, et personne ne peut nous séparer. Je suis tien, puisque tu as donné ta vie et ton sang pour mon bien en subissant la mort. Tu es mien, puisque je te reçois, et que je ne te laisse pas, ô ma lumière, sortir de mon cœur ! Laisse-moi venir là où, toi près de moi et moi près de toi, nous serons embrassés dans un même amour. Ne crains rien, tu es mien.

Composition

Fürchte dich nicht (Ne crains rien), BWV 228, est un motet de Jean-Sébastien Bach composé à Leipzig probablement en 1726. On pense que ce motet a été composé pour un service à la mémoire de Susanna Sophia Winkler, la veuve d'un riche notable et capitaine de Leipzig. Le texte est issu du livre d'Isaïe (Is 41,10 et Is 43,1) et d'un cantique de Paul Gerhardt, et le thème général du motet est le réconfort du chrétien qui écoute Dieu le réconforter (Ne crains rien) et lui exprime sa fidélité (Je suis à toi). Le motet est — comme la plupart des motets de Bach — un double chœur à quatre voix, sans accompagnement instrumental spécifique. Son choral est remarquable par son traitement en fantaisie chorale à quatre voix, où le texte de Gerhardt et la mélodie chorale — représentant le point de vue du chrétien — est chanté en cantus firmus par les soprano, s'unissant amoureusement avec la parole de Dieu chantée par les autres voix par un fugato, dans un style rappelant la musique pour orgue de Bach.

Arts visuels

1 Et maintenant, voici que dit le Seigneur La crainte de Dieu

Enluminure française du 14e s.

La Bible moralisée est un genre qui fleurit entre le 13e et le 15e siècles. Ce genre d'ouvrages s'attache à illustrer la plupart des chapitres de l'Ancien Testament, et à leur donner un sens allégorique ou typologique.

Jean Pucelle (1319-1334), La crainte de Dieu, (enluminure, 1345-1355)

in Bible moralisée, f.173r, Paris, Bibliothèque nationale de France→. Département des Manuscrits. Français 167, © Domaine public

Légende

Et nunc haec dicit dominus creans te, Jacob, et formans te, Israel : noli timere, quod redemi te et vocavi te nomine [meo ; ...] meus es tu. (Is 43,1)

Maintenant Dieu qui créa Jacob et forma Israël dit ces choses :  [... ] car je t'ai racheté et appelé à mon nom : tu es mon [...]

Cette enluminure conçue pour illustrer Is 43,1 représente le Seigneur disant à Jacob de ne pas le craindre car il est son Dieu, qui l'a appelé par son nom. La légende de cette enluminure est un enseignement à écouter et reconnaître Dieu avec son âme et son corps.

Propositions de lecture

40,1–55,13 Le « livre de la consolation d’Israël » L'incipit de ce chapitre et le thème des premiers versets inspire le titre souvent donné à cette deuxième partie du livre d'Isaïe : Is 40-55. En contraste avec les oracles pleins de menace d'Is 1-39, c'est la consolation qui est ici annoncée, par le  prophète anonyme de la fin de l'Exil qu'on appelle le « Deuxième Isaïe ».

Contexte

Repères historiques et géographiques

3b Kush et Séba Topographie africaine Kush et Séba (distinct de Saba, en Arabie du Sud) sont deux régions d'Afrique, au sud de l'Égypte.

Kush

Traduit souvent par « Éthiopie » (cf. Is 45,14 et Is 18,1), était la région située au sud d’Assouan (Syène) et de la première cataracte : la Nubie et la partie septentrionale du Soudan. Le Nil traversait cette région ; l’Atbara et le Nil Bleu coulant au sud à une grande distance. Un grand royaume s'y établie. Il fût durant certaines période sous domination égyptienne, mais au cours de la XXVe dynastie, alros que le Royaume avait conquis l'Égypte, les pharaons seront nubiens. Au moment de l'Exil, la capitale du Royaume était Napata, à environ 75 km en aval de la 4e cataracte.

Séba

On apprend dans Gn 10,7 que Seba est un fils de Kush, lui-même fils de Cham. Cette filiation est confirmée dans 1Ch 1,9. Cependant, d'après le Ps 72,10, Séba n'est pas Saba, puisqu'on distingue les deux.

  • Saba semble désigner la région du Yemen.
  • Seba une région près de l'Éthiopie et l'Égypte, puisque dans ce passage les trois sont mis en relation. Le lien est confirmé en Is 45,14 où l'on désigne directement ses habitants, les « Sabéens ».

Les deux noms géographiques sont peut-être moins une allusion historique qu'une manière d'évoquer des peuples éloignés : Procédés littéraires Is 43,3