La Bible en ses Traditions

Luc 2,32

Byz V S TR Nes

32 lumière pour la révélation des nations et gloire de ton peuple

Vpetit peuple Israël ! 

Réception

Liturgie

32 Lumière pour éclairer - Antienne

Antienne « Lumen ad revelationem »

Traditionnel, Antienne - Lumen ad revelationem

Chœur des moines de l’abbaye Sainte-Madeleine du Barroux

© Abbaye du Barroux→, Lc 2,32

Antienne chantée aux laudes de la Présentation du Seigneur le 2 février.

Musique

29–32 Dans la paix je m'en vais Un memento mori de Jean-Sébastien Bach : son Actus Tragicus (BWV 106) L'adieu paisible du vieillard Syméon joue un rôle-clé dans le finale de la cantate de Jean-Sébastien Bach nommée Actus Tragicus (BWV 106), sorte de memento mori inaugural car cette cantate est l'une des premières de Bach, composée à Mühlhausen entre septembre 1707 et juin 1708, alors qu'il était âgé d'à peine vingt-deux ans.

Johann Sebastian Bach (1685-1750), Cantate Gottes Zeit..., dite 'Actus Tragicus' - BWV 106,  1707-1708,

Enregistré le 16 mai 2015, Oostkerk, Middelburg, Pays-Bas .  Jos Van Veldhoven dir. ; Netherlands Bach Society : Dorothee Mields, soprano ; Alex Potter, alto ; Charles Daniels, tenor ; Tobias Berndt, basse) — Plus d'informations sur BWV 106 et cette production ici→ 

© Licence YouTube standard, Gn 2,17 ; Is 38,1 ; Lc 2,29-32 ; Lc 23,43 ; Ap 22,20

Sommaire (Texte et traduction complets de la cantate ici→)

0:00 Sonatine — 2:42 Gottes Zeit ist die allerbeste Zeit (Chœur) — 4:49 Ach, Herr, Lehre uns bedenken (Arioso) — 7:06 Bestelle dein Haus (Aria) — 8:11 Es ist der alte Bund (Chœur et arioso) — 12:00 In deine Hände (Aria) — 14:19 Heute wirst du mit mir im Paradies sein (Arioso) — 17:55 Glorie, Lob, Ehr und Herrlichkeit (Chœur).

Un memento mori vétéro- et néo-testamentaire

Elle comprend deux parties : la première envisage la mort du point de vue de l'Ancien Testament ; la seconde, du point de vue du Nouveau. La séparation de l'ancienne et de la nouvelle alliance détermine la structure symétrique de la cantate.

  • La première partie expose l'ancienne alliance (Es ist der Alte Bund) : la mort est inévitable, l'Homme doit mourir (Mensch, du mußt sterben), au temps choisi par Dieu (zur rechten Zeit, wenn er will). L'Homme doit s'y préparer. C'est ici que la sentence d'Is 38,1 résonne avec force, comme expression caractéristique de l'antique conception de la mort : « — Mets en ordre ta maison car tu vas mourir et tu ne vivras pas » (Bestelle dein Haus, denn du wirst sterben und nicht lebendig bleiben). Cette première partie s'achève sur un appel au Messie, pris en Ap 22,20 : « — Oui, viens, Seigneur Jésus, viens ! » (Ja, komm, Herr Jesu, komm !).
  • La seconde partie expose la « nouvelle alliance ». L'exemple de la mort du Christ en croix  « — Je remets mon esprit entre tes mains » (In deine Hände befehl ich meinen Geist) - est offerte à l'homme sauvé (Du hast mich erlöset). Désormais, la mort de l'homme mène à sa résurrection au Paradis : « — Aujourd'hui tu seras avec moi dans le Paradis » (Heute wirst du mit mir in Paradies sein Lc 23,43). Ainsi envisagée en Jésus-Christ, la mort peut être acceptée avec paix et joie et l'homme peut faire siennes les paroles du vieillard Siméon : « — Dans la paix et dans la joie je m'en vais » (Mit Fried und Freud ich fahr dahin Lc 2,29-32).

Comparaison des versions

32 petit peuple  : V | Gr : peuple. Inculturation romaine ?  Alors que le texte grec emploie seulement l'alternance ethnos (nation) / laos (peuple), le latin propose la triade populi / gentes / plebs. La plebs désigne la partie inférieure du peuple, par opposition aux patriciens. L'athmosphère générale de la bonne nouvelle annoncée aux anawim, pauvres du Seigneur, n'a pas échappé à la finesse des traducteurs latins, qui savent que Dieu s'adresse plus particulièrement aux pauvres, dans son peuple. 

Frontispice de la bible Polyglotte d’Alcalà (1514-1517), (gravure sur bois) © Domaine public

Voici la traduction du décryptage allégorique imprimé au-dessus de ce frontispice montrant un écu à quinze carreaux surmontés de la croix et du chapeau cardinalice : « Les quinze carrés de cet écu représentent les quinze jours que passèrent ensemble à Jérusalem saint Pierre qui prêchait aux juifs ou à ceux de la synagogue et saint Paul, apôtre des nations. Le chiffre 7 (et en conséquence les 7 carrés de couleur de cet écu) signifie la loi antique ou Ancien Testament ; le chiffre 8 (ou les huit carrés de l'autre couleur) signifient la loi de grâce ou le Nouveau Testament. Le nombre 15 (donc les quinze carrés) les contient tous. »

Contexte

Repères historiques et géographiques

22–50 Un des lieux de l'enfance de Jésus : le Temple de Jérusalem

Le Temple de Jérusalem d'Hérode le Grand, (numérique, Jérusalem : 2022)

M.R. Fournier © BEST AISBL

Mc 11,11-12,44 ; 13,1-3 ; Mt 4,5 ; 21,12-24,2 ; Lc 2,22-50 ; 4,9 ; 19,45 ; 21,5.6.37 ; Jn 2,14-15 ; 5,14 ; 8,20 ; 10,23

Réception

Arts visuels

22–39 ils le menèrent à Jérusalem pour le présenter au Seigneur La Présentation de Jésus au Temple selon la Biblia pauperum Dans la planche précédente (planche C : Arts visuels Mt2) une offrande était faite à Dieu ; dans celle-ci, c'est Dieu lui-même qui est offert au prêtre, conformément à la loi selon laquelle tout premier-né devait être consacré à Dieu et racheté par une offrande. 

Anonyme (continuant Albrecht Pfister), « La loi du Seigneur concernant la femme ayant mis au monde un fils, La présentation de Jésus au Temple, Samuel offert au Temple par Anne, sa mère », (impression xylographique, 1460s), Pays-Bas ou Rhin inférieur, 27,5 x 20,5 cm

Planche D, f.4r de Biblia pauperum seu historiæ Veteris et Novi Testamenti,Bibliothèque nationale de France→,

© Domaine public→

Registre supérieur

Lectures
  • à g. On lit au livre du Lévitique, au chapitre 12, que toute femme ayant accouché de son premier-né, devrait le racheter avec une brebis. Mais les pauvres qui ne pouvaient pas avoir de brebis devaient offrir pour l'enfant [deux] tourterelles ou deux petits de colombes, et ce pour leur purification. C'est ce qu'accomplit la glorieuse Vierge bien qu'elle n'eût pas besoin d'être purifiée (Lv 12).
  • à dr. On lit au premier livre des Rois, au chapitre 1, que lorsqu'Anne, la mère de Samuel l'eut sevré, elle offrit au prêtre Eli, dans la tente de Dieu, ce même Samuel, offrande qui préfigurait l'offrande de Dieu à Syméon dans le Temple (1S 1).
Prophètes
  • à g.  David : « Le Seigneur dans son temple saint » (Ps 11,5).
  • à dr. Malachie : « Il viendra dans son temple saint le souverain que vous cherchez » (Ml 3,1).

Triptyque central et distiques afférents

Panneau central
  • La présentation de Jésus au Temple (Lc 2)
  • Distique central : « La Vierge offrant le Christ, de Syméon le reçoit ».
Panneau gauche
  • La loi du Seigneur concernant la femme ayant mis au monde un fils (Lv 12)
  • Distique gauche : «Cet enfant premier-né est présenté | pour être racheté ».
Panneau droit
  • Samuel offert au Temple par Anne, sa mère (1S 1)
  • Distique droit : « Ce Samuel te désigne, ô Christ | toi, [cet enfant] qui a été offert ».

Prophètes inférieurs

  • à g. Zacharie : « Voici que moi je viens et j'habiterai au milieu de vous » (Za 2,10).
  • à dr. Sophonie : « Le Roi d'Israël, le Seigneur, [est] au milieu de toi » (So 3,15).

Commentaire : La présentation de Jésus au Temple selon la Biblia Pauperum

L'image de gauche est censée représenter la purification de la femme ayant accouché. Elle est surprenante, car elle montre une mère tenant un enfant debout sur l'autel. Il n'est pas question de circoncision, d'agneau, ni même de tourterelles ou de colombes, comme le voudrait la lectio de gauche à propos de Lv 12. Selon Françoise Chêneau, il ne s'agit pas d'une scène de l'Ancien Testament préfigurant un épisode de la vie du Christ, mais de « la mise en images de ce que nous dit l'évangeliste Luc à propos de la Présentation de Jésus au Temple : « selon ce qui est écrit dans la loi » (Lc 2,23) » (La Bible des pauvres, p. 105). Détail intéressant et qui tendrait à conforter cette lecture : l'enfant de cette planche joint ses doigts à la manière du Christ qui vient bénir par le signe de croix. 

Détails remarquables : 
  • La scène centrale suggère trois événements : la prophétie de Siméon, la purification de la mère après quarante jours, rendue rituellement impure par l'accouchement selon la Loi mosaïque et la fête de la Chandeleur. Celle-ci est suggérée par le cierge tordasé portant une flamme, la « lumière pour la révélation des nations » (Lc 2,32).
  • Un parallèle est fait entre l'image centrale et l'image de droite: de la même façon que Marie a eu son fils par la grâce de Dieu, Anne a eu Samuel par un don du Seigneur. De surcroît, les deux enfants sont consacrés à Dieu. Anne est ainsi une préfiguration de Marie, tout comme Samuel l'est de Jésus, comme le précise le distique droit : « Ce Samuel te désigne, ô Christ | toi, [cet enfant] qui a été offert ». Ce lien apparaît également dans l'étymologie des prénoms. Anne implore le Seigneur en lui demandant un fils qu'elle nomme Samuel (« Dieu a entendu »). Jésus est quant à lui l'affirmation de la présence divine parmi les hommes ; il est l'Emmanuel (« Dieu est avec nous »), donné par le Seigneur.
  • Les trois représentations montrent un enfant se tenant debout sur un autel, ce qui suggère le sacrifice de Jésus sur la croix ou l'Eucharistie.
  • La Sainte Vierge regarde le spectateur d'un œil douloureux. Pense-t-elle à la première des souffrances du Christ, la circoncision ? Son absence de coiffe contraste avec les planches précédentes (planches B : Arts visuels Lc 2,1–7 et C : Arts visuels Mt 2,1) et renforce l'impression que son visage nous dévisage.