La Bible en ses Traditions

Luc 2,1–52

Byz V S TR Nes

Il advint aussi, en ces jours-là, que sortit un édit de César Auguste

ordonnant de recenser tout le monde habité

Speuple en son pouvoir.

Ce fut le premier recensement, Quirinius

VQuirinus étant gouverneur de Syrie.

Et tous allaient se faire recenser

Vinscrire leur nom, chacun dans sa ville.

Joseph aussi monta de Galilée, de la ville de Nazareth

vers la Judée, vers la ville de David qui s’appelle Bethléem,

parce qu’il était de la maison et de la lignée

Vfamille de David,

pour se faire recenser

Vinscrire avec Marie sa fiancée,

Byz TRpromise pour être sa femme, laquelle était enceinte.

Or il advint, comme ils étaient là, que furent accomplis les jours où elle devait enfanter.

Et elle mit au monde son fils, le premier-né,

et elle l'emmaillota 

et le coucha dans une

Byz TRla mangeoire parce qu’il n’y avait pas de place pour eux dans la salle.

S[là] où ils logeaient. 

Byz S TR Nes
V

Il y avait dans la région même des bergers qui vivaient aux champs et qui passaient les veilles de la nuit à veiller leur troupeau.

Il y avait dans la région même des bergers qui veillaient et qui passaient les veilles de la nuit à garder leur troupeau.

Byz V S TR Nes

Et Byz V S TRvoici, l'ange du Seigneur se tint près d'eux

et la gloire du Seigneur

Vlumière de Dieu resplendit autour d'

Ssur eux

et ils furent saisis d'une grande crainte.

10 Mais l’ange leur dit :

— Soyez sans crainte

car voici, je vous annonce la bonne nouvelle d'une grande joie, qui sera celle de tout le peuple :  

Smonde : 

11 Aujourd'hui vous est né un Sauveur, qui est le Christ Seigneur

SSeigneur Christ, dans la cité de David.

12 Et voici pour vous le signe :

vous trouverez un nouveau-né emmailloté V Neset  placé dans une

S TR la mangeoire. 

13  Et soudain il y eut

Sapparut avec l'ange une multitude de l'armée céleste

louant Dieu et disant :

14 — Gloire à Dieu dans les hauteurs

et sur la terre paix aux hommes, volonté bonne.

Nesaux hommes de sa bienveillance. 

Vaux hommes de bonne volonté.

Set bonne espérance aux hommes.  

15 Et il advint, quand les anges les eurent quittés pour le ciel

que Byz TRles hommes, les bergers se disaient entre eux :

— Passons Byz TR Nesdonc jusqu’à Bethléem

et voyons cette parole qui est arrivée

Vce verbe qui est advenu

que le Seigneur V a fait advenir et nous a fait connaître

Vmontré

16 Et ils vinrent en hâte

et ils trouvèrent Marie et Joseph

et le nouveau-né placé dans la mangeoire.

17 Après avoir vu

VEn le voyant, ils firent connaître

V Nesreconnurent la parole qui leur avait été dite au sujet de cet 

Sl'enfant.

18 Et tous ceux qui les entendirent s'étonnèrent

de ce que leur disaient les bergers.

19 Quant à Marie, elle conservait avec soin toutes ces paroles, conférant en son cœur.

20 Et les bergers s’en retournèrent, glorifiant et louant Dieu

pour tout ce qu’ils avaient entendu et vu

comme il leur avait été annoncé.

21 Et lorsque furent révolus les huit jours pour sa circoncision,

S TRla circoncision de l'enfant,

il fut appelé du nom de « Jésus »

nom dont il fut appelé par l’ange avant qu’il fut conçu dans le ventre de sa mère.

22 Et lorsque furent révolus

Vaccomplis les jours pour leur

V TRsa purification, selon la loi de Moïse,

ils le menèrent à Jérusalem pour le présenter au Seigneur

23 selon qu'il est écrit dans la loi du Seigneur 

Vque « Tout mâle ouvrant le sein sera appelé "saint" pour le Seigneur »,

24 et pour offrir en sacrifice, selon ce qui est dit dans la loi du Seigneur,

« un couple de tourterelles ou deux jeunes colombes. »

25 Et voici, il y avait à Jérusalem un homme du nom de « Siméon »

c’était un homme juste et Vcraignant Dieu

attendant la consolation d’Israël

et l’Esprit Saint était en lui.

26 Et il avait reçu une réponse de l'Esprit Saint

Byz S TR Nes reçu de l'Esprit Saint la révélation 

qu’il ne verrait pas la mort avant d’avoir vu le Christ du Seigneur.

27 Et il vint, poussé par l'Esprit, dans le Temple ;

et comme ses parents amenaient l’enfant Jésus pour faire à son égard selon la coutume imposée par la Loi

28 il le reçut dans les

Byz V S TRses bras, bénit Dieu et dit :

29 — Maintenant tu laisses s'en aller ton serviteur, Maître, selon ta parole,

Vton verbe, dans la paix

30 puisque

Vparce que Svoici, mes yeux ont vu ton salut

31 celui que tu as préparé à la face de tous les peuples,

32 lumière pour la révélation des nations et gloire de ton peuple

Vpetit peuple Israël ! 

33 Et son père

Byz S TRJoseph et sa mère étaient dans l’étonnement de ce que l'on disait de lui.

34 Et Siméon les bénit

et il dit à Marie, sa mère :

— Voici, celui-ci est établi pour la chute et le relèvement de beaucoup

Vla ruine et la résurrection d'un grand nombre en Israël

et pour être un signe en butte à la contradiction ; 

35 et toi-même, un glaive te transpercera l'âme, 

afin que d'un grand nombre de cœurs soient révélées les pensées.

36 Et il y avait une prophétesse, Anne, fille de Phanouel

VPhanuel, de la tribu d'Aser.

Elle Saussi  était fort avancée en âge.

Après avoir vécu avec son mari sept ans, depuis sa virginité,

37 elle était restée veuve, parvenue à Byz S TRenviron  quatre-vingt-quatre ans

elle ne quittait pas le Temple

servant Dieu nuit et jour dans le jeûne et la prière.

38 Elle aussi

Byz TREt elle, survenant à l'heure même,

Byz S TR Nesaprès s'être levée à l'instant même, louait le Seigneur

NesDieu

et parlait de l’enfant à tous ceux qui attendaient la rédemption de Jérusalem.

39 Et, quand ils eurent achevé tout ce qui était conforme à la loi du Seigneur,

ils retournèrent en Galilée, dans leur ville à Nazareth.

40 Cependant l'enfant grandissait, se fortifiait dans l'Esprit, rempli

V Nes, rempli

Sdans l'Esprit et se remplissait de sagesse

et la grâce de Dieu était sur lui.

41 Et ses parents se rendaient chaque année à Jérusalem, pour la fête

Vle jour solennel  de la Pâque.

42 Et quand il eut douze ans

comme ils étaient montés Byz V TRà Jérusalem selon la coutume de la fête,

43 une fois les jours écoulés, alors qu'ils s'en retournaient

l'enfant Jésus resta à Jérusalem

et Joseph et de sa mère

V Nesses parents ne le savaient pas.

44 Pensant qu’il était dans la caravane

ils firent une journée de chemin

et ils le recherchaient parmi leurs proches et leurs connaissances.

45 Et ne l'ayant pas trouvé,

Vne le trouvant pas,

Sils ne le trouvèrent pas et ils s’en retournèrent à Jérusalem pour le chercher.

46 Il arriva que trois jours après

ils le trouvèrent dans le Temple, assis au milieu des docteurs,

les écoutant et les interrogeant ;

47 et tous ceux qui l'entendaient étaient stupéfaits

de son intelligence

Ssa sagesse et de ses réponses.

48 Et, le voyant, ils furent frappés d'étonnement.

Et sa mère lui dit :

— Mon enfant

V S Nesfils, que nous as-tu fait en agissant de la sorte ?

Vois, ton père et moi, c'est dans la douleur que nous te cherchons. 

Byz V S TRcherchions. 

49 Et il leur dit:

— Pourquoi me cherchiez-vous ?

Ne saviez

Ssavez-vous pas qu’il me faut être aux affaires

Sdans la maison de mon Père ?

50 Et eux ne comprirent pas la parole qu’il leur dit.

51 Et il descendit avec eux et vint à Nazareth

et il leur était soumis.

Et sa mère conservait toutes ces

Nesles paroles en son cœur.

52 Quant à Jésus, il croissait en Ssa sagesse, en taille

Ssa taille

Vâge et en grâce devant Dieu et devant les hommes.

Réception

Liturgie

32 Lumière pour éclairer - Antienne

Antienne « Lumen ad revelationem »

Traditionnel, Antienne - Lumen ad revelationem

Chœur des moines de l’abbaye Sainte-Madeleine du Barroux

© Abbaye du Barroux→, Lc 2,32

Antienne chantée aux laudes de la Présentation du Seigneur le 2 février.

Musique

29–32 Dans la paix je m'en vais Un memento mori de Jean-Sébastien Bach : son Actus Tragicus (BWV 106) L'adieu paisible du vieillard Syméon joue un rôle-clé dans le finale de la cantate de Jean-Sébastien Bach nommée Actus Tragicus (BWV 106), sorte de memento mori inaugural car cette cantate est l'une des premières de Bach, composée à Mühlhausen entre septembre 1707 et juin 1708, alors qu'il était âgé d'à peine vingt-deux ans.

Johann Sebastian Bach (1685-1750), Cantate Gottes Zeit..., dite 'Actus Tragicus' - BWV 106,  1707-1708,

Enregistré le 16 mai 2015, Oostkerk, Middelburg, Pays-Bas .  Jos Van Veldhoven dir. ; Netherlands Bach Society : Dorothee Mields, soprano ; Alex Potter, alto ; Charles Daniels, tenor ; Tobias Berndt, basse) — Plus d'informations sur BWV 106 et cette production ici→ 

© Licence YouTube standard, Gn 2,17 ; Is 38,1 ; Lc 2,29-32 ; Lc 23,43 ; Ap 22,20

Sommaire (Texte et traduction complets de la cantate ici→)

0:00 Sonatine — 2:42 Gottes Zeit ist die allerbeste Zeit (Chœur) — 4:49 Ach, Herr, Lehre uns bedenken (Arioso) — 7:06 Bestelle dein Haus (Aria) — 8:11 Es ist der alte Bund (Chœur et arioso) — 12:00 In deine Hände (Aria) — 14:19 Heute wirst du mit mir im Paradies sein (Arioso) — 17:55 Glorie, Lob, Ehr und Herrlichkeit (Chœur).

Un memento mori vétéro- et néo-testamentaire

Elle comprend deux parties : la première envisage la mort du point de vue de l'Ancien Testament ; la seconde, du point de vue du Nouveau. La séparation de l'ancienne et de la nouvelle alliance détermine la structure symétrique de la cantate.

  • La première partie expose l'ancienne alliance (Es ist der Alte Bund) : la mort est inévitable, l'Homme doit mourir (Mensch, du mußt sterben), au temps choisi par Dieu (zur rechten Zeit, wenn er will). L'Homme doit s'y préparer. C'est ici que la sentence d'Is 38,1 résonne avec force, comme expression caractéristique de l'antique conception de la mort : « — Mets en ordre ta maison car tu vas mourir et tu ne vivras pas » (Bestelle dein Haus, denn du wirst sterben und nicht lebendig bleiben). Cette première partie s'achève sur un appel au Messie, pris en Ap 22,20 : « — Oui, viens, Seigneur Jésus, viens ! » (Ja, komm, Herr Jesu, komm !).
  • La seconde partie expose la « nouvelle alliance ». L'exemple de la mort du Christ en croix  « — Je remets mon esprit entre tes mains » (In deine Hände befehl ich meinen Geist) - est offerte à l'homme sauvé (Du hast mich erlöset). Désormais, la mort de l'homme mène à sa résurrection au Paradis : « — Aujourd'hui tu seras avec moi dans le Paradis » (Heute wirst du mit mir in Paradies sein Lc 23,43). Ainsi envisagée en Jésus-Christ, la mort peut être acceptée avec paix et joie et l'homme peut faire siennes les paroles du vieillard Siméon : « — Dans la paix et dans la joie je m'en vais » (Mit Fried und Freud ich fahr dahin Lc 2,29-32).

Comparaison des versions

32 petit peuple  : V | Gr : peuple. Inculturation romaine ?  Alors que le texte grec emploie seulement l'alternance ethnos (nation) / laos (peuple), le latin propose la triade populi / gentes / plebs. La plebs désigne la partie inférieure du peuple, par opposition aux patriciens. L'athmosphère générale de la bonne nouvelle annoncée aux anawim, pauvres du Seigneur, n'a pas échappé à la finesse des traducteurs latins, qui savent que Dieu s'adresse plus particulièrement aux pauvres, dans son peuple. 

Frontispice de la bible Polyglotte d’Alcalà (1514-1517), (gravure sur bois) © Domaine public

Voici la traduction du décryptage allégorique imprimé au-dessus de ce frontispice montrant un écu à quinze carreaux surmontés de la croix et du chapeau cardinalice : « Les quinze carrés de cet écu représentent les quinze jours que passèrent ensemble à Jérusalem saint Pierre qui prêchait aux juifs ou à ceux de la synagogue et saint Paul, apôtre des nations. Le chiffre 7 (et en conséquence les 7 carrés de couleur de cet écu) signifie la loi antique ou Ancien Testament ; le chiffre 8 (ou les huit carrés de l'autre couleur) signifient la loi de grâce ou le Nouveau Testament. Le nombre 15 (donc les quinze carrés) les contient tous. »

Contexte

Repères historiques et géographiques

22–50 Un des lieux de l'enfance de Jésus : le Temple de Jérusalem

Le Temple de Jérusalem d'Hérode le Grand, (numérique, Jérusalem : 2022)

M.R. Fournier © BEST AISBL

Mc 11,11-12,44 ; 13,1-3 ; Mt 4,5 ; 21,12-24,2 ; Lc 2,22-50 ; 4,9 ; 19,45 ; 21,5.6.37 ; Jn 2,14-15 ; 5,14 ; 8,20 ; 10,23

Réception

Arts visuels

13 Et soudain il y eut avec l'ange une multitude de l'armée céleste Les anges de Nöel

Iconographie contemporaine

Éric Mortreuil (1964 -), Les anges de Noël, (Parchemin de chevrette pigments : encres pigmentées, feuille d’or sur colle de poisson, 2023), 30 x 24,

Coll. part., France,

D.R. É. Mortreuil→ © BEST aisbl,

Enlumineur depuis 2016, É. M. s’inspire de textes bibliques et chrétiens et de la spiritualité scoute pour élaborer des compositions dans la tradition de l’enluminure occidentale, avec une préférence pour le style irlandais « insulaire » (Livre de Kells, Évangiles de Lindisfarne) et pour le gothique du 13e s.

Reprenant les versets Lc 2,13-14 et Ps 98 (ajoutés sur la photo par ordinateur), selon la traduction de l'Association épiscopale liturgique pour les pays francophones (AELF), É. M. encadre ces passages d'anges musiciens. Ceux-ci louent le Seigneur. Au son du cornet à bouquin et du luth, de la chalemie et de la viole, de la voix et du psaltérion, les anges acclament Dieu.

1–7 elle mit au monde son fils La naissance de Jésus selon la Biblia pauperum La Nativité est enchâssée par deux épisodes typologiques : le buisson ardent et le rameau d'Aaron. Préfigurant le mystère de la virginité perpétuelle de Marie, ils symbolisent l'Esprit par lequel Marie, demeurant immaculée, enfante Jésus. Celle qui sera par la suite appelée « mère de Dieu » (Θεοτόκος) est représentée à côté des prophètes de l'Ancien Testament.

Anonyme (continuant Albrecht Pfister), « Moïse et le buisson ardent, La Nativité, Le rameau d'Aaron », (impression xylographique, 1460s), Pays-Bas ou Rhin inférieur, 27,5 x 20,5 cm

Planche B, f.2r de Biblia pauperum seu historiæ Veteris et Novi Testamenti, Bibliothèque nationale de France→,

© Domaine public→

Registre supérieur

Lectures
  • à g. On lit au livre de l'Exode, au chapitre 3, que Moïse vit un buisson brûlant qui ne brûlait pas et qu'il entendit le Seigneur lui parler depuis le buisson. Le buisson brûlant qui ne se consume pas signifie la Bienheureuse Vierge Marie enfantant sans corruption de l'intégrité de son corps, elle qui, vierge, enfanta et sans corruption demeura. (Ex 3)
  • à dr. On lit au livre des Nombres, au chapitre 17, que le rameau d'Aaron, en une nuit, se couvrit de feuilles et de fleurs, lequel rameau figurait la Vierge Marie stérile qui enfanterait sans semence d'homme un fils, à savoir Jésus Christ, à jamais béni. (Nb 17)
Prophètes
  • à g.  Daniel : « La pierre d'angle, sans la main d'aucun homme, s'est détachée de la montagne. » (Dn 2,34-35)
  • à dr. Isaïe : « Un petit enfant nous est né, un fils nous a été donné. » (Is 9,5)

Triptyque central et distiques afférents

Panneau central
  • La Nativité (Lc 2)
  • Distique central : « Sans douleur tu enfantes, Marie, Vierge de la mer. »
Panneau gauche
  • Moïse et le buisson ardent (Ex 3)
  • Distique gauche : «Il illumine et embrase le buisson que le feu ne brûle. »
Panneau droit
  • Le rameau d'Aaron (Nb 17)
  • Distique droit : « Ici, à l'encontre des lois de la nature, le petit rameau produit une fleur. »

Prophètes inférieurs

  • à g. Habaquq : « Seigneur, j'ai entendu ce que tu as dit et j'ai craint » (Ha 3,2)
  • à dr. Michée : « Toi, Bethléem, terre de Juda, tu ne seras pas la moindre parmi les principales villes de Juda. » (Mi 5)

Commentaire : La Nativité selon la Biblia Pauperum

Au centre du triptyque, la Vierge Marie est en train de lire. Maîtresse de lecture, elle invite le spectateur à s'attarder sur l'image. Les Lectiones en haut de la planche apprennent que le buisson qui brûle sans brûler représente Marie qui, vierge, enfante sans perdre sa virginité ; aussi est-ce Jésus-Christ (bien idenfiable à son nimbe crucifère), et non pas simplement une flamme, ni une figure de vieillard (le Père) qui figure dans le buisson, sur le panneau de gauche. L'épisode du rameau d'Aaron est lu lui aussi comme une analogie typologique de la virginité perpétuelle de Marie. 

Détails remarquables : 
  • Autour de Moïse, ce sont aussi les moutons des bergers de la crèche qui paissent. 
  • Les trois images présentent le motif du feu : dans le buisson, sur le réchaud au pied du lit et dans l'encensoir qu'Aaron balance. 
  • Moïse ôte ses chaussures sur une terre sacrée, protégeant ses yeux contre l'éblouissement de la Lumière divine, tandis que Joseph tient tranquillement ses pieds chaussés près d’un petit feu qu'il surveille du coin de l'œil. Joseph voit les flammes que Moïse ne pouvait voir, car Dieu est désormais incarné.
  • Moïse et Joseph assis sont dans des postures presque symétriques de part et d'autre de la cloison d'osier qui les sépare : Moïse voit le buisson qui brûle sans brûler, Joseph voir la Vierge Marie qui enfante sans perdre sa virginité, le buisson contient la voix du Verbe, la Vierge présente le livre, la lettre du même Verbe. 
  • Cependant, l'enfant miracle, Jésus entouré de l'âne et du bœuf est tout en haut de l'image (au même niveau que le buisson miracle  à gauche ou le rameau miracle à droite), échappant au regard de Marie et de Joseph : l'imagier suggère-t-il par là que l'Incarnation ne puisse se méditer qu'indirectement : dans la bonté des choses créées (le brasero de Joseph) ou dans la trace écrite de la révélation (le Livre ouvert par Marie), et que confesser Jésus comme Dieu incarné (nourrisson dans sa crèche) ne donne aucune maîtrise sur le mystère divin, mais au contraire lui confère une sorte de transcendance au carré ? 

22–39 ils le menèrent à Jérusalem pour le présenter au Seigneur La Présentation de Jésus au Temple selon la Biblia pauperum Dans la planche précédente (planche C : Arts visuels Mt2) une offrande était faite à Dieu ; dans celle-ci, c'est Dieu lui-même qui est offert au prêtre, conformément à la loi selon laquelle tout premier-né devait être consacré à Dieu et racheté par une offrande. 

Anonyme (continuant Albrecht Pfister), « La loi du Seigneur concernant la femme ayant mis au monde un fils, La présentation de Jésus au Temple, Samuel offert au Temple par Anne, sa mère », (impression xylographique, 1460s), Pays-Bas ou Rhin inférieur, 27,5 x 20,5 cm

Planche D, f.4r de Biblia pauperum seu historiæ Veteris et Novi Testamenti,Bibliothèque nationale de France→,

© Domaine public→

Registre supérieur

Lectures
  • à g. On lit au livre du Lévitique, au chapitre 12, que toute femme ayant accouché de son premier-né, devrait le racheter avec une brebis. Mais les pauvres qui ne pouvaient pas avoir de brebis devaient offrir pour l'enfant [deux] tourterelles ou deux petits de colombes, et ce pour leur purification. C'est ce qu'accomplit la glorieuse Vierge bien qu'elle n'eût pas besoin d'être purifiée (Lv 12).
  • à dr. On lit au premier livre des Rois, au chapitre 1, que lorsqu'Anne, la mère de Samuel l'eut sevré, elle offrit au prêtre Eli, dans la tente de Dieu, ce même Samuel, offrande qui préfigurait l'offrande de Dieu à Syméon dans le Temple (1S 1).
Prophètes
  • à g.  David : « Le Seigneur dans son temple saint » (Ps 11,5).
  • à dr. Malachie : « Il viendra dans son temple saint le souverain que vous cherchez » (Ml 3,1).

Triptyque central et distiques afférents

Panneau central
  • La présentation de Jésus au Temple (Lc 2)
  • Distique central : « La Vierge offrant le Christ, de Syméon le reçoit ».
Panneau gauche
  • La loi du Seigneur concernant la femme ayant mis au monde un fils (Lv 12)
  • Distique gauche : «Cet enfant premier-né est présenté | pour être racheté ».
Panneau droit
  • Samuel offert au Temple par Anne, sa mère (1S 1)
  • Distique droit : « Ce Samuel te désigne, ô Christ | toi, [cet enfant] qui a été offert ».

Prophètes inférieurs

  • à g. Zacharie : « Voici que moi je viens et j'habiterai au milieu de vous » (Za 2,10).
  • à dr. Sophonie : « Le Roi d'Israël, le Seigneur, [est] au milieu de toi » (So 3,15).

Commentaire : La présentation de Jésus au Temple selon la Biblia Pauperum

L'image de gauche est censée représenter la purification de la femme ayant accouché. Elle est surprenante, car elle montre une mère tenant un enfant debout sur l'autel. Il n'est pas question de circoncision, d'agneau, ni même de tourterelles ou de colombes, comme le voudrait la lectio de gauche à propos de Lv 12. Selon Françoise Chêneau, il ne s'agit pas d'une scène de l'Ancien Testament préfigurant un épisode de la vie du Christ, mais de « la mise en images de ce que nous dit l'évangeliste Luc à propos de la Présentation de Jésus au Temple : « selon ce qui est écrit dans la loi » (Lc 2,23) » (La Bible des pauvres, p. 105). Détail intéressant et qui tendrait à conforter cette lecture : l'enfant de cette planche joint ses doigts à la manière du Christ qui vient bénir par le signe de croix. 

Détails remarquables : 
  • La scène centrale suggère trois événements : la prophétie de Siméon, la purification de la mère après quarante jours, rendue rituellement impure par l'accouchement selon la Loi mosaïque et la fête de la Chandeleur. Celle-ci est suggérée par le cierge tordasé portant une flamme, la « lumière pour la révélation des nations » (Lc 2,32).
  • Un parallèle est fait entre l'image centrale et l'image de droite: de la même façon que Marie a eu son fils par la grâce de Dieu, Anne a eu Samuel par un don du Seigneur. De surcroît, les deux enfants sont consacrés à Dieu. Anne est ainsi une préfiguration de Marie, tout comme Samuel l'est de Jésus, comme le précise le distique droit : « Ce Samuel te désigne, ô Christ | toi, [cet enfant] qui a été offert ». Ce lien apparaît également dans l'étymologie des prénoms. Anne implore le Seigneur en lui demandant un fils qu'elle nomme Samuel (« Dieu a entendu »). Jésus est quant à lui l'affirmation de la présence divine parmi les hommes ; il est l'Emmanuel (« Dieu est avec nous »), donné par le Seigneur.
  • Les trois représentations montrent un enfant se tenant debout sur un autel, ce qui suggère le sacrifice de Jésus sur la croix ou l'Eucharistie.
  • La Sainte Vierge regarde le spectateur d'un œil douloureux. Pense-t-elle à la première des souffrances du Christ, la circoncision ? Son absence de coiffe contraste avec les planches précédentes (planches B : Arts visuels Lc 2,1–7 et C : Arts visuels Mt 2,1) et renforce l'impression que son visage nous dévisage.