La Bible en ses Traditions

Matthieu 27,64

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64 ... 

64 Ordonne donc de garder le sépulcre jusqu’au troisième jour,

de crainte que ses disciples ne viennent pour le dérober

et qu'ils ne disent au peuple : — Il est ressuscité des morts.

Cet égarement ultime sera pire que le premier. 

Contexte

Littérature péritestamentaire

62–66 Parallèle

  • Ev. P. 28-33 "Les scribes, les Pharisiens et les anciens (Mt 28,12) se réunirent entre eux, ayant entendu dire que tout le peuple murmurait et se frappait la poitrine (Lc 23,48) en disant : 'Si ces signes merveilleux se sont produits au moment de sa mort, voyez combien il est juste (Mt 27,19; Lc 23,47)!' Les anciens furent épouvantés et ils allèrent vers Pilate (Mt 27,63), le priant en ces termes : 'Donne-nous des soldats poursurveiller sa tombe pendant trois jours (cf. Mt 27,64), afin que ses disciples ne l'enlèvent pas et que le peuple ne croie pas qu’il est ressuscité d'entre les morts et nous fasse du mal (Mt 27,64.28,13).' Et Pilate leur donna le centurion Petronius avec des soldats pour garder le sépulcre (Mt 27,65-66) ; et les anciens et les scribes allèrent avec eux au tombeau. Et ayant roulé une grande pierre (Mt 27,60; Mc 15,46.16,4), le centurion, les soldats et tous ceux qui étaient là la placèrent à la porte du sépulcre. Et ils apposèrent sept sceaux, et, ayant dressé là une tente, ils montèrent la garde (Mt 27,66)."

 

Réception

Tradition chrétienne

62–66 Les princes des prêtres et les Pharisiens allèrent ... auprès de Pilate ... scellant la pierre, avec des gardes La garde du tombeau

  • Hippolyte de Rome  Dan.  3,27  ''Tel est le travail de la méchanceté. Les satrapes craignaient qu'en cachette le roi n'ordonnât de tirer Daniel de la fosse, aussi ils avaient cru bon de faire sceller la dalle. Ce furent les mêmes précautions que prirent les princes des prêtres et les Pharisiens à l'égard du Sauveur, quand ils firent sceller la pierre et y firent placer des gardes' (cf. Mt 27,62-66).''
  • Év. Nic. 12,4 [XII, 2] "Ainsi donc, le vendredi étant achevé, le samedi de bonne heure les Juifs se rendirent chez Pilate et lui dirent : 'Seigneur, ce mystificateur a dit, de son vivant, qu'après trois jours il ressusciterait. Afin que ses disciples ne le dérobent pas de nuit et ne mystifient pas le  peuple par cette fraude, ordonne que l'on garde son tombeau.' Pilate, pour cette raison, leur remit cinq cents soldats qu'ils installèrent autour du tombeau pour le garder, après avoir mis des sceaux sur la pierre du tombeau." (282)

1–66 La mort de Jésus. Clamans voce magna : inscriptions médiévales.

15e siècle : 

  • Vers 1400 : Allemagne, Lüneburg, Kloster Ebstorf, vitrail : "jhesus pendens in cruce tradidit spiritum" DI 76, n° 27, 87.
  • Vers 1425 : Allemagne, Osnabrück, cathédrale, croix : "clamans voce magna emisit spiritum"  DI 26, n° 36, 45.
  • 4e quart du 15e s. :  Allemagne, Hanovre Musée Auguste Kostner, antependium : "Jhesus clamans voce magna emisit spiritum" DI 76, n° 62, 142.

Arts visuels

1–66 Ecce homo

19e s.

Antonio Ciseri (1821-1891), Ecce homo, (huile sur toile, 1860-1880), 292 x 380 cm

Galleria dell'Arte Moderna, Palazzo Pitti, Florence, © Domaine public→, Jn 19, Mt 27

Le peintre néoclassique représente dans une œuvre presque grandeur nature ce passage de l'Évangile. L'angle est original : nous sommes dans le palais de Pilate. Au premier plan, à droite, la femme de Pilate se détourne tristement : elle a tenté d'empêcher cela en racontant à son mari le rêve qu'elle a eu au sujet de Jésus, mais en vain. Les lignes de fuite, bien que discrètes parce que liées aux architectures de l'arrière plan, attirent le regard vers le point signifiant toute l'intensité dramatique du moment : l'espace situé entre le corps de Jésus et la main de Pilate, cette main qui livre, et qui prétend se laver du crime.

Contexte

Textes anciens

27,64–28,20 Apparition et apothéose de Romulus

  • Tite-Live 1,16,6-7 « Romulus, père de notre ville, est descendu soudain du ciel, ce matin, au point du jour, et s’est offert à mes yeux ; et, comme je me tenais devant lui, plein de crainte et de respect, et lui demandais instamment la faveur de le regarder en face : ‘Va’, m’a-t-il dit, ‘et annonce aux Romains que la volonté du ciel est de faire de ma Rome la capitale du monde. Qu’ils pratiquent donc l’art militaire. Qu’ils sachent et qu’ils apprennent à leurs enfants que nulle puissance humaine ne peut résister aux armes romaines’. »

Quelques décennies plus tard, le récit d'apparition post-mortem du fondateur de Rome, relevant de la biographie « archéologique » au sens hérodotien du terme, non de l'historiographie, est amplifié, et assigné à un temoin oculaire autorisé :

  • Plutarque Rom. 28 « Pendant le tumulte que cet incident fit naître, un des premiers patriciens, généralement estimé pour sa vertu, qui avait suivi Romulus d’Albe à Rome, et avait joui de la confiance et de la familiarité de ce prince, Julius Proculus, s’avança au milieu de la place publique ; et là, en présence de tout le peuple, il jura, par ce qu’il y avait de plus sacré, qu’en revenant de l’assemblée Romulus lui avait apparu plus grand et plus beau qu’il ne l’avait jamais vu, et couvert d’armes plus brillantes que le feu ; qu’à cette vue, saisi d’étonnement, il lui avait dit : "— Ah ! prince, que vous avons-nous fait ? et pourquoi nous avez-vous quittés, en nous exposant aux accusations les plus graves et les plus injustes, en laissant toute la ville privée d’un père et plongée dans un deuil inexprimable ?" Que Romulus lui avait répondu : "— Les dieux veulent, Proculus, qu’après avoir vécu si longtemps avec les hommes, quoique fils d’un dieu, après avoir bâti une ville qui surpassera toutes les autres en puissance et en gloire, je retourne au ciel d’où je suis descendu. Adieu ; allez dire aux Romains qu’en pratiquant la tempérance, en exerçant leur courage, ils s’élèveront au plus haut point de la puissance humaine. Pour moi, sous le nom de Quirinus, je serai votre dieu tutélaire." Le caractère de Proculus, et le serment qu’il avait fait, firent ajouter foi à son témoignage. D’ailleurs l’assemblée, par une sorte d’inspiration divine, fut saisie d’un tel enthousiasme, que personne ne pensa à le contredire, et que, renonçant à leurs soupçons, ils se mirent tous à invoquer et à adorer Quirinus » (trad. Ricard).

Repères historiques et géographiques

26,1–27,66 Les lieux de la Passion

Parcours de Jésus durant sa Passion, (numérique, Jérusalem : 2022)

M.R. Fournier © BEST AISBL, Mt 26-27 ; Mc 14-15 ; Lc 22-23 ; Jn 18-19

Le lieu du →prétoire, tribunal de Ponce Pilate, est incertain. Deux sites sont possibles : la forteresse Antonia et le Palais d'Hérode le Grand. La tradition situe le prétoire à l'Antonia mais les archéologues, aujourd'hui, le placent plutôt dans le palais d'Hérode le Grand.

Bibliographie
  • Dominique-Marie Cabaret, La topographie de la Jérusalem antique (Cahiers de la Revue Biblique 98), Peeters : 2020.
Toponymie

Esplanade du Temple, Ophel, ville haute, ville basse, palais d’Hérode le Grand, mont Sion, Cénacle, palais hasmonéen, palais de Caïphe, Golgotha, forteresse Antonia, porte dorée, jardin de Gethsémani, mont des Oliviers, colline de Bézétha, théâtre, vallée du Cédron, vallée du Tyropéon, vallée de la Géhenne, via Dolorosa.

27,32–28,10 Le Saint-Sépulcre

La basilique du Saint-Sépulcre à travers les siècles, (numérique, Jérusalem : 2022)

M.R. Fournier © BEST AISBL, Mt 27,32-28,10 ; Mc 15,22-16,9 ; Lc 23,33-24,12 ; Jn 19,17-20,17