La Bible en ses Traditions

Ecclésiastique 51,1–7

G V
S

VDISCOURS DE JÉSUS FILS DE SIRACH

Je te rendrai grâces, Seigneur Roi

et je te louerai, Dieu mon sauveur

Gje rendrai grâces à ton nom

...

G
V
S

car tu as été pour moi protecteur et secours.

Tu as délivré mon corps de la perdition 

du piège de la calomnie de la langue

et des lèvres des fauteurs de mensonge.

Et face à ceux qui étaient présents

tu m'as été un secours, et tu m'as délivré

je rends grâces à ton nom

car tu as été pour moi un secours et un protecteur.

...

2cd Délivrance de l'injure Ps 120,2

selon la grandeur de ta miséricorde et de ton nom

de ceux qui grinçaient des dents prêts à me dévorer 

de la main de ceux qui en voulaient à ma vie

des innombrables tribulations que j'ai subies

Tu as délivré mon corps de la perdition

du piège de la langue injuste

et des lèvres de ceux qui pratiquent le mensonge ;

et face à ceux qui étaient là tu t'es fait pour moi un secours.

...

de la suffocation du feu qui m’entourait et du milieu d’un feu que je n’avais pas allumé

Et tu m’as délivré, selon l'abondance de la miséricorde propre à ton nom

de ceux qui rugissaient, prêts à me dévorer

...

de l’abîme profond du schéol

et de la langue impure et de la parole mensongère

des mains de ceux qui en voulaient à ma vie

et des portes de la tribulation qui m’ont entouré ;

...

5a du ventre de l’Hadès Jon 2,3

calomnie d'une langue injuste envers le roi ;

mon âme s'approchait de la mort

et ma vie était proche du shéol en bas.

de la pression de la flamme qui m'a entouré

(et au milieu du feu je n'ai pas été brûlé) ;

...

Ils m’entouraient de toutes parts et il n’y avait personne pour me secourir 

je regardais vers le soutien des hommes et il n’y en avait pas.

de la profondeur des entrailles de l’enfer

de la langue souillée et de la parole de mensonge

du roi injuste et de la langue injuste.

...

7a personne pour me secourir Ps 22,12 ; Is 63,5

Texte

Critique textuelle

3cd ma chute de la main (héb.) Conjecture Le texte non modifié (sl‘ wmyd) n’a pas de sens : « (ceux qui guettent) un rocher (sl‘) et de la main ». On propose de modifier en çl‘y myd.

Réception

Tradition chrétienne

1–30 Le premier commentaire chrétien sur le livre de Ben Sira est le commentaire édifiant de Raban Maur, évêque de Mayence au 9e s. (Comm. Eccl.). 

Texte biblique

6c ma vie était toute proche de l’enfer, en bas (V 9) Épreuves endurées par l’auteur comme allusion aux peines de l’enfer

  • Raban Maur Comm. Eccl. « Sa vie approche de l’enfer car, en défaillant, la vie de la chair approche chaque jour de la mort. Ici, on parle de l’enfer pour signifier la mort, car la mort de la chair constitue un châtiment du premier péché, de même que l’enfer représente la peine éternelle des âmes pécheresses. Personne, cependant, n’échappe à la mort de la chair. Quel est en effet l’homme qui pourrait vivre sans connaître la mort ? Voilà pourquoi il est écrit ailleurs : “Nul ne peut vivre à jamais : que [chacun] soit assuré de cette vérité” (V-Qo 9,5). Par la grâce du Christ, les hommes saints peuvent échapper au tourment de l’enfer étant donné qu’ils pérégrineront bientôt vers la joie du ciel, une fois délivrés du lien de la chair » (PL 109,1121A). Intertextualité biblique Si 51,5–9v

6c ma vie était toute proche de l’enfer, en bas (V 9) Épreuves endurées par l’auteur comme allusion aux peines de l’enfer

  • Raban Maur Comm. Eccl. « Sa vie approche de l’enfer car, en défaillant, la vie de la chair approche chaque jour de la mort. Ici, on parle de l’enfer pour signifier la mort, car la mort de la chair constitue un châtiment du premier péché, de même que l’enfer représente la peine éternelle des âmes pécheresses. Personne, cependant, n’échappe à la mort de la chair. Quel est en effet l’homme qui pourrait vivre sans connaître la mort ? Voilà pourquoi il est écrit ailleurs : “Nul ne peut vivre à jamais : que [chacun] soit assuré de cette vérité” (V-Qo 9,4). Par la grâce du Christ, les hommes saints peuvent échapper au tourment de l’enfer étant donné qu’ils pérégrineront bientôt vers la joie du ciel, une fois délivrés du lien de la chair » (PL 109,1121A). Intertextualité biblique Si 51,5–9v

Tradition juive

4b un feu qui ne fut pas allumé (héb. 5a) La géhenne Le traité Semaḥot, consacré à la mort et aux funérailles, raconte l’histoire d’un rabbin condamné à mort par le feu. Celui-ci, se basant sur Jb 20,26 (reprise ici en Si), dit préférer être consumé par un feu allumé (par l’homme) plutôt que par un feu non allumé, c'est-à-dire celui de la géhenne :

  • Sem. 8,12 « Quand ils le brûlèrent, ils l’enveloppèrent dans un rouleau de la Tora et y mirent le feu. Sa fille pleurait, se lamentait et se jeta à terre devant lui. À quoi il répliqua : “Ma fille, si c’est pour moi que tu pleures et te lamentes, sache qu’il est préférable que je sois consumé par un feu qui est allumé [de main d’homme] plutôt que par un feu qui ne l’est pas ; car il est écrit : un feu non allumé va le consumer” ».

Liturgie

1–8 Lectionnaire sanctoral romain : victoire du martyr

  • 7 août : Première lecture pour la fête de saint Sixte II, pape, et ses compagnons, martyrs en 258.

Comparaison des versions

6b s’approcha : G héb. | V : loua | S : arriva

Texte

Critique textuelle

4b de la brûlure d'un feu (héb. 5a) Conjecture ms.B : mkbwt ’š, « de l’extinction d’un feu », sens qui n’est accepté par personne : ce n’est pas de l’extinction d’un feu que Ben Sira demande d’être délivré mais du feu lui-même. Plutôt que mittôk ’ēš (« du milieu d’un feu ») ou que mibénôt ’ēš (sens analogue), on préférera la proposition mimmikwat ’ēš (mmkwt ’š « de la brûlure d’un feu »), expression attestée en Lv 13,24.

5a abîme (héb. 5b) Conjecture Ms.B préserve seulement la fin du mot : -wm. On propose les consonnes t et h en début du mot, ce qui donne tᵉhôm « abîme ».

Vocabulaire

2b fosse (héb. 2a) Ou : « destruction » Le terme šaḥat a les deux sens. À Qumrân le terme šaḥat est associé à la corruption.

Grammaire

5b.6a lèvres méchantes + langue trompeuse — (héb. 5cd) Génitifs de qualité Litt. « lèvres de méchanceté » et « langue de tromperie » (états construits).

Procédés littéraires

2–5 (G) Anaphore G : ek / apo, caractéristique du rythme oratoire.

2a .2f Chiasme G : boêthos egenouegenou boêthos.

2b.12a destruction (G) Inclusion.

6bc Mon âme + ma vie — Chiasme.

Réception

Comparaison des versions

1a Roi : G V S | héb. : Ø

1ab rendre grâces et louer : G V S | héb. : louer et rendre grâces L’ordre des deux premiers stiques est renversé.

2e–3b Et face à ceux qui étaient .... et de ton nom — G V | héb. G (v.2e-3b) et V (v.3d-4a) étendent sur trois stiques le distique de l’héb. (v.3ab) et ajoutent « de ton nom ».

Texte

Procédés littéraires

1s.6 (héb.) Inclusions qui soulignent le péril mortel encouru : « ma vie » (héb. 1a.6b), « mon âme » (héb. 1b.6a), « la mort » (héb. 1b.6a »), « shéol » (héb. 2b.6b). 

Réception

Intertextualité biblique

4–5a feu + enfer — (V-6-7a) Le feu de l'enfer Le NT présente le lieu destiné aux personnes coupables d’injustice comme la géhenne « dans le feu qui ne s’éteint pas » (Mc 9,43) où « seront les pleurs et les grincements de dents » (Mt 13,42 ; cf. Mt 25,30.41). L’Apocalypse représente de façon expressive dans un « étang de feu » ceux qui se soustraient au livre de la vie, allant ainsi à la rencontre de la « seconde mort » (Ap 20,13-14). Tradition chrétienne Si 51,6c ; Arts visuels Si 51,3–6

Arts visuels

3–6 Imagerie traditionnelle des peines dans l’au-delà Des expressions comme « ceux qui rugissent prêts à dévorer » (V-4b), « mains de ceux qui cherchent mon âme » (V-5a), « portes de la tribulation » (V-5b), « suffocation d’un feu tout autour » (V-6a) trouveront des échos dans la représentation traditionnelle de l’enfer. Intertextualité biblique Si 51,4–5a ; Tradition chrétienne Si 51,6c

Texte

Procédés littéraires

3a tu m’as libéré Soulignement du verbe « libérer » par accumulation des compléments d'objet Le verbe commande les neuf stiques qui suivent : immense fut la libération !

Réception

Comparaison des versions

7 G V heb. | S : Simplification G, V et l'héb. mentionnent dans chaque stique l’absence de secours, tandis que S ne le fait qu’au v.7b.

Intertextualité biblique

5a ventre de l’Hadès Allusion à Jonas ? Cf. M-Jon 2,3 mibbeṭen šᵉ’ôl « du ventre du shéol ».

4b qui ne fut pas allumé (héb. 5a) Motif du feu inextinguible Le sens de l’expression (Procédés littéraires Si 51,4b) — non sa référence — rejoint celui d’expressions plus usuelles dans la Bible :

Comparaison des versions

2b destruction : G V S | héb. : fosse La polysémie du terme hébreu šaḥat (Vocabulaire Si 51,2b) est supprimée dans G : apôleias ; V : perditione ; S : ḥbl’ « destruction ».

Texte

Procédés littéraires

2cd.5b–6a de la calomnie de la langue + de mensonge + de mensonge + de la calomnie d’une langue — (G) Échos en chiasme v.2cd : diabolês glôssês pseudos ; v.5b-6a : pseudous… diabolê glôssês. Critique textuelle Si 51,6a

2e présents (G) Nuance adversative ? Peut-être avec une nuance d’opposition, comme en héb.

Vocabulaire

3b perdition (S) Polysémie S : ’bdn’ (racine « perdre »), également un autre nom du Shéol.

Contexte

Milieux de vie

1–12 Anthropologie Les mentions « ma vie », « mon âme », « ma chair », « mon pied » n’impliquent pas une anthropologie dualiste. C’est la personne même de Ben Sira qui est sauvée de la mort, comme l’atteste le pronom personnel 1e pers. sg. (les expressions « tu m’as libéré », « tu m’as protégé », « tu m’as sauvé »). Au v.6 « mon âme » et « ma vie » sont parallèles. 

Propositions de lecture

1–12 Action de grâces au terme d'une terrible épreuve

Argument général

Ben Sira rend grâces au Seigneur qui, d’une véritable descente aux enfers, l’a fait remonter à la vie. Une calomnie l’avait mis en péril (v.1-7 décrivent les dangers dont le Seigneur l’a délivré ; v.8-12 rendent grâces au Seigneur sauveur). Il montre que son enseignement de Si 2 est fondé sur sa propre expérience, autant que sur celle des aïeux, tels Josué (Si 46,5), Samuel (Si 46,16-18) et autres.

Variations entre versions

Les coupes observées dans les versions ne sont pas identiques.

  • G et V omettent l’un ou l’autre demi-vers de l'héb.
  • S est plus court : sept demi-vers de moins dans la première partie (v.2cde.4b.5ab.6a). En supprimant toute allusion à la calomnie, S rend cette prière plus générale, utilisable pour toutes actions de grâces individuelles au sortir d’une épreuve mortelle. La seconde partie suit davantage le texte hébreu.

La numérotation des versets en hébreu, grec et latin est différente. La version syriaque suit la numérotation du grec.

Structure : variations dans le cadre d’énonciation

Particulièrement claire en hébreu, la structure littéraire reste ferme dans les versions aussi :

  • Une grande inclusion (vv.1 et v.12) englobe le poème (composé en heb. de deux parties de 10 distiques) dans une action de grâces adressée à Dieu.
  • Première partie : v.1-5 (heb. 50,28c-51,5c) : Ben Sira s’adresse à Dieu à la deuxième personne (« tu »). L'héb. contient 3 strophes de 3 distiques. Au centre de la 2e strophe (héb. 3ab), l’auteur reconnaît l’intervention divine.
  • Pivot : v.6bc-7 (2 distiques) : Le tournant du texte correspond au fond de la descente aux enfers : Dieu y est absent.  Le v.6bc (heb. 6) renvoie aux versets qui précèdent, en particulier les v.1b.2b de l'héb. Le v.7 ouvre les v.8-12 (3 strophes de 3 distiques). 
  • Seconde partie : v.8-12 : La seconde partie parle de Dieu à la 3e pers. dans l'héb. (« il ») — tout en intégrant l’anamnèse d’une prière en « tu » (héb. 10-11ab) — tandis que G et V continuent à la 2e pers. (sauf aux v.10a et v.12d : Comparaison des versions Si 51,8–12). Les v.8-11 font l’anamnèse d’une prière passée et de son exaucement, puis rendent grâces, comme promis. En héb., la strophe centrale de l'action de grâces se trouve en v.10-11b, évocation de la prière prononcée naguère dans la détresse, qui place en son centre une unique demande, négative : « Ne m’abandonne pas » (cf. Ne 9,32). 

Narration : temporalité : analepses et prolepses

  • La prière en héb. couvre tout le cours du temps : elle est passée (sous forme d’anamnèse, v.10-11b), présente (v.1-5) et promise (v.12cd).

Texte

Critique textuelle

1–12 Le texte héb. du ms.B est bien transmis, hormis quelques détails. Propositions de lecture Si 51,1–12

1ab Dieu de mon salut + mon Dieu, mon père — (héb. 50,28cd) Vocalisation ?

  • ms.B : ’lhy ’by (héb. 50,28d) : ’Ĕlōhay ’ābî (« mon Dieu, mon père » ; cf. v.10a) ou ’Ĕlōhé ’ābî (« Dieu de mon père » ; cf. Ex 15,2 ; Jdt 9,12). Le texte hébraïque de Ben Sira n’étant pas vocalisé, le texte consonantique permet les deux lectures.
  • ms.B : ’lhy yš‘ (héb. 50,28c) : De la même manière, « Dieu de mon salut » (’Ĕlōhé yiš‘î ; cf. Ps 18,47 ; 25,5 ; 27,9 ; Mi 7,7 ; Ha 3,18) peut être lu « mon Dieu, mon salut » (’Ĕlōhay yiš‘i) ; cf. 4Q372 fr. 1,16.

Procédés littéraires Si 51,1ab ; Théologie Si 51,1b.10a

2b mon pied (héb.) Vocalisation ? raglî « mon pied » ou raglay « mes pieds ». Le texte consonantique permet les deux lectures. Probablement raglî (assonance avec la fin des deux versets précédents : ’ābî, napšî). 

2cd (héb.) Glose Ms.B propose en fait trois stiques : « Tu m’as libéré de la calomnie du peuple, / du fouet de la calomnie de la langue / et de la lèvre des fauteurs de mensonge ». Les tristiques sont toujours problématiques chez Ben Sira. L’expression « de la calomnie du peuple », empruntée peut-être à Ez 36,3, est vraisemblablement une glose. Nous l'omettons dans la traduction.

Procédés littéraires

1ab (héb. 50,28cd) Parallélisme ? Lire « Mon Dieu, mon salut… mon Dieu, mon père » ou « Dieu de mon salut… Dieu de mon père » (Critique textuelle Si 51,1ab) soulignerait un parallélisme de structure entre les deux stiques. Néanmoins,

  • l’expression « Dieu de mon salut » est traditionnelle dans la Bible hébraïque, de sorte que la 1e option soit peu probable ;
  • l’expression « Dieu de mon père », au sg., est rare, de sorte que la 2e option soit improbable de même.

1ac Je te rendrai grâces + Je rends grâces — Anaphore G : exomologêsomai... exomologoumai, caractéristique du rythme oratoire et de l’amplification propres à une prière d’action de grâces.

Vocabulaire

2a Très-Haut (S) Propre à S Cf. S-10a « mon père d’en haut ». 

2d fauteurs de mensonge (héb.) ms.B : śṭy kzb. L’expression śāṭé kāzāb « fauteurs de mensonge » est un hapax dans la Bible hébraïque (Ps 40,5). Cf. héb. 5c : « plâtriers de mensonge ».

Genres littéraires

1–12 (heb.) Action de grâces individuelle — inversée En commençant par l’action de grâces adressée à Dieu proprement dite, la structure normale de ce genre littéraire (connue surtout par Ps 116 ; 118 ; Is 38,10-20) est inversée. Généralement elle se présente ainsi :

  • elle commence par le récit de la détresse où sombrait le psalmiste, adressé aux témoins ;
  • elle se continue dans un morceau liturgique, adressé directement au Seigneur et rappelant la prière prononcée dans la détresse et la promesse de rendre grâces ;
  • ellese termine avec le psalmiste exécutant sa promesse, remerciant le Seigneur libérateur.

Ben Sira en bouleverse le cadre énonciatif et l'ordre :   

1. Apostrophe au Dieu sauveur (v.1-7)

L’auteur s’adresse d'emblée au Seigneur pour le remercier de l'avoir libéré.

2. Innovation : hésitations énonciatives (v.8-12)

Ben Sira ne s’adresse pas au Seigneur mais plutôt à des tiers, quitte à citer sa prière dans la détresse. En inversant les sections « tu » et « il » (Propositions de lecture Si 51,1–12), Ben Sira opère un choix : non plus une liturgie, mais une action de grâces privée.

3. Psaume de louange (héb. 12a-o)

Le Ps de louange qui suit, quelle que soit l’hypothèse rédactionnelle retenue, rejoint la 2e partie de la structure traditionnelle (cf. Ps 118,29).

Réception

Comparaison des versions

2a G V | héb. G et V sont plus courtes que l’héb. :

  • le mot « protecteur » (G-2a et V-2b) renvoie à l’héb. « refuge de ma vie » (héb. 1a) ;
  • le mot « secourable » (G-2a et V-2b) renvoie à l’héb. « tu as racheté mon âme » (héb. 1b) ; repris partiellement en G-3a et V-4a.

Intertextualité biblique

1–12 Scenario du juste en détresse Bien des citations ou des références à l’Écriture renvoient à des situations de détresse critique et exemplaire : Job, le psalmiste en péril (Ps 25 et autres psaumes de détresse), Jérémie persécuté, Jonas dans le ventre du grand poisson, Sophonie devant le Jour de YHWH, etc. Références en marge

Littérature péritestamentaire

1bc mon Dieu, mon père. Je veux raconter ton nom (héb. 50,28d-51,1a) Prière du patriarche Joseph

  • 4Q372 fr. 1 « (14) ... Et en tout cela Joseph [fut livré] (15) aux mains des étrangers dévorant sa force et brisant ses os jusqu’au temps de sa fin. Et il cria [d’une voix forte] (16) et il appela le Dieu vaillant de le délivrer de leurs mains en disant : "Mon père et mon Dieu (’by w’lhy), ne m’abandonne pas dans la main des nations […] (25) … et je raconterai [tes] tendresses […] (26) je te louerai YHWH, mon Dieu, et te bénirai." »

Théologie

1b.10a mon Dieu, mon père + Mon père, c’est toi — (héb. 50,28d ; 51,10a) Innovation théologique : Dieu, Père des personnes individuelles ? Une lecture ’Ĕlōhay, ’ābî « mon Dieu, mon père » (ms.B : ’lhy ’by) dans héb. 50,28d (Critique textuelle Si 51,1ab) permet de voir ici l’idée de Dieu comme père non plus seulement du roi (cf. 2S 7,14) ni du peuple mais de la personne privée ; cf. héb. 51,10a « Et j’ai exalté YYY : Mon père, c’est toi » ; Si 4,10 (surtout héb.) ; Si 23,1.4. Intertextualité biblique Si 51,10a

Texte

Critique textuelle

4a […] (héb. 4b) Conjecture Un mot de quelques lettres manque dans le manuscrit, déchiré. Il pourrait s’agir du terme sabîb, « tout autour ». Cf. G, V et S, et Lm 2,3.

5a […] (héb. 5b) Conjectures Le manuscrit, altéré, propose les trois premiers lettres d’un mot inachevé,  l’m. Propositions :

  • lᵉ’immî « (du ventre de l’abîme), ma mère » ; 
  • lᵉ’ūmmî « (du ventre de l’abîme) de mon peuple » (cf. « la calomnie du peuple » en héb. 2c, mais ce qui est probablement une glose : Critique textuelle Si 51,2cd) ;
  • lᵉ’ūmmîm « des peuples » ;
  • lᵉ’ămiteka « selon ta fidélité » ;
  • lᵉ’ēmîm « (du ventre de l’abîme) des terreurs », notre proposition (cf. Si 40,5 ; Jb 20,25).

Procédés littéraires

4b qui ne fut pas allumé (héb. 5a) Désignation métonymique du résultat par le processus ? Litt. « qui ne fut pas soufflé » (lᵉ’én pūḥâ) ; cf. Jb 20,26 ; Sg 17,6 ; Sem. 47b. On souffle sur un feu pour le faire démarrer. L’expression signifie « un feu qui ne fut pas allumé » par l’homme, un feu immaîtrisable, terrible, peut-être la foudre. Intertextualité biblique Si 51,4b ; Tradition juive Si 51,4b

Réception

Comparaison des versions

3e nombreuses : G | V : des portes Plutôt que pleionôn (« nombreuses »), V a dû lire pulônôn  (« des portes » de l’adversité ; gén. pl. de pulôn « porte », « portail »).

4b je n’ai pas brûlé : G | V : je n’ai pas été consumé | héb. : qui ne fut pas allumé Alors que G et V soulignent la façon dont l’énonciateur a surmonté le mal qui l’affligeait, l'héb. souligne le caractère terrible et immaîtrisable du feu.

Tradition chrétienne

3c de ceux qui rugissent prêts à dévorer (V-4b) Topos V : a rugientibus praeparatis (/paratis) ad escam ; expression reprise fréquemment pour évoquer les menaces, avec ou sans l’idée de délivrance.

3e–4a et des portes de la tribulation qui m’ont entouré de la suffocation d’un feu qui m’a entouré (V 5b-6a) Citation

Texte

Critique textuelle

6a auprès du roi, de la calomnie Conjecture ? Ainsi les mss. grecs : basilei diabolê (cf. V : a rege iniquo). Ziegler lit kai bolidos « et d'une flèche », conjecture d’après l’héb.

Réception

Tradition chrétienne

7b Je cherchais du regard mon secours et il n’y en avait pas (V 10b) Citations

6c ma vie était toute proche de l’enfer, en bas (V-9) Épreuves endurées par l’auteur comme allusion aux peines de l’enfer

  • Raban Maur Comm. Eccl. « Sa vie approche de l’enfer car, en défaillant, la vie de la chair approche chaque jour de la mort. Ici, on parle de l’enfer pour signifier la mort, car la mort de la chair constitue un châtiment du premier péché, de même que l’enfer représente la peine éternelle des âmes pécheresses. Personne, cependant, n’échappe à la mort de la chair. Quel est en effet l’homme qui pourrait vivre sans connaître la mort ? Voilà pourquoi il est écrit ailleurs : “Nul ne peut vivre à jamais : que [chacun] soit assuré de cette vérité” (V-Qo 9,4). Par la grâce du Christ, les hommes saints peuvent échapper au tourment de l’enfer étant donné qu’ils pérégrineront bientôt vers la joie du ciel, une fois délivrés du lien de la chair » (PL 109,1121A). Intertextualité biblique Si 51,4–5a