La Bible en ses Traditions

Genèse 1,29–2,3

M S Sam
G
V

29 Et Dieu dit :

— Voici que je vous donne toute herbe portant semence sur les faces de toute la terre

et tout arbre ayant un fruit

Sdes fruits d’arbre portant semence,

qu'ils soient votre nourriture.

29 Et Dieu dit :

— Voici que je vous donne toute herbe portant semence qui est par dessus toute la terre

et tout arbre ayant un fruit portant semence,

qu'ils soient votre nourriture.

29 Et Dieu dit :

— Voici, je vous ai donné toute herbe porteuse de semence sur la terre

et tous les arbres qui ont en eux-mêmes la semence de leur genre

qu'ils soient votre nourriture.

1,1–2,3 Deux récits de la création 2,4-25
M V S Sam
G

30 Et à tout animal

Vtous les [êtres] animés de la terre

Sde la campagne

et à tout oiseau des cieux

Vdu ciel

et à tout ce qui se meut

Vtous les [êtres] qui se meuvent sur la terre

Vterre

ayant en soi une âme vivante

Vet dans lesquels il y a une âme vivante

[je donne] toute herbe verte pour nourriture.

V afin qu'ils l'aient pour se nourrir.  

Et il fut ainsi.

VEt il fut fait ainsi.

30 Et à tous les animaux de la terre

et à tous les oiseaux du ciel

et à tout ce qui rampe sur la terre

ayant en soi une âme vivante,

[je donne] toute herbe verte pour nourriture. 

Et il fut ainsi.

M S Sam
G V

31 Et Dieu vit tout ce qu’il avait fait, et Mvoici c'était très bon.

Et il y eut un soir et un matin :

M Sle sixième jour.

31 Et Dieu vit toutes [les choses] qu’il avait faites : elles étaient très bonnes !

Et il y eut un soir et un matin : sixième jour.

M S Sam
G
V

2,1 Et les cieux et la terre furent achevés et toute leur armée.

Et le ciel et la terre furent achevés et tout leur ornement.

Alors les cieux et la terre furent achevés et tout leur ornement.

M Sam
G S
V

2,2 Et Dieu acheva le septième

Samsixième jour son œuvre qu’il avait faite 

et il se reposa le septième jour de toute son œuvre qu’il avait faite.

Et Dieu acheva le sixième jour ses œuvres qu’il avait faites

et il se reposa le septième jour de toutes ses œuvres qu’il avait faites.

Et Dieu compléta le septième jour son œuvre qu’il avait faite

et il se reposa le septième jour de toute son œuvre qu’il avait réalisée.

M S Sam
G
V

2,3 Et Dieu bénit le septième jour et le sanctifia

parce qu’en ce jour-là il s’était reposé de toute l’œuvre qu’il avait créée en la

Stoutes les œuvres qu’il avait créées en les faisant.

Et Dieu bénit le septième jour et le sanctifia

parce qu’en ce jour-là il s’était reposé de toutes les œuvres qu’il avait commencé à faire.

Et il bénit le septième jour et le sanctifia

parce qu’en ce jour-là, il s'était abstenu de toute œuvre sienne que Dieu créa pour qu'elle fût faite.

Réception

Musique

1–7 La Création

20e s.

Aaron Copland,  In the Beginning (CD, 2015), 1947

 James Morrow (dir.), Susanne Mentzer (mezzo-soprano), University of Texas Chamber Singers

American Classics, Naxos, © License YouTube Standard→, © NaxosofAmerica

Composition

Cette œuvre représente l'histoire de la création, chantée a cappella, c'est-à-dire sans accompagnement instrumental. Aaron Copland la composa suite à une commande pour un Symposium sur la critique musicale à l'Université de Harvard. Chaque partie du texte est exprimée de manière appropriée au fur et à mesure que la musique se déroule avec une originalité sonore propre à Copland.

Arts visuels

1,26–31 Sixième jour : la création de l'humanité

Typologie vétérotestamentaire de la création du premier couple

Une introduction décorative initiale du livre d'Osée dans une Bible médiévale française offre une représentation audacieuse d'Osée et de sa femme infidèle Gomer flanquant Jésus-Christ (avec son nimbe cruciforme), analogue aux représentations d'Adam et Ève, couple primordial, entourant le Créateur.

Anonyme, Initiale décorée (pigments sur parchemin, 1131-1165)

Bible avec glose interlinéaire et Glossa Ordinaria: Incipit du Livre d'Osée, Abbaye d'Anchin (Pecquencourt, France)

Bibliothèque et musée Morgan. Manuscrits médiévaux et de la Renaissance — MS M.962→ © Morgan Library & Museum→

L'enluminure équivaut à une sorte de midrash, reliant Os 1-2  avec Gn 2 (la création du premier couple) et Jn 1 (Jésus confessé en tant que Dieu Créateur). 

Puzzle hiéroglyphique

Thomas Bewick (1753-1828) et Rowland Hill (1744-1833), Hill et Bewick New Hieroglyphical Bible p. 5 (impression au plomb et gravure sur bois, 1794), 14 x 9 cm

Thomas Fisher Rare Book Library, Toronto, © Domaine public

20e s.

George Desvallières (1861-1950), Nouvelle Alliance  (Aquarelle et encre sur papier, ca. 1948), 29 x 20 cm

collection particulière, Paris © SEBERT→

CONTEMPLATION

Dieu unit l'humanité à son Amour trinitaire. Devant la Croix glorieuse du Fils, dans la lumière de l’Esprit, Dieu le Père prend la main de l’homme et de la femme à genoux, heureux, au milieu d’une végétation plantureuse. La Nouvelle Création apparaît dans une harmonie que vivifie l'éclat radieux des couleurs. Le serpent est déjà aux aguets ...

2,1–3,24 PERSONNAGE Adam

Une représentation antique d'Adam

Adam et Eve (fresque, 300-337), Catacombes de Marcellin et Pierre (Rome)

© Domaine public→, Gn 2,16

Cette représentation d’Adam et Ève compte parmi les premières représentations d’Adam et Ève. Placés de chaque côté de l’arbre de la connaissance du bien et du mal, Adam et Ève cachent leur nudité et se tiennent tête inclinée, yeux baissés, honteux de la faute qu’ils viennent de commettre.

1. Attributs iconographiques

  • Jeune adulte séduisant et le plus souvent nu.
  • Dans les représentations après le péché, Adam tient une feuille de vigne ou de figuier pour cacher sa nudité. Il peut être habillé d’une peau de bête. 
  • Dans certaines iconographies paléochrétiennes un agneau et une gerbe de blé, fruits du labeur de l’homme, accompagnent Adam pour représenter les conséquences du péché (Gn 3,19).
  • Adam est parfois représenté avec sa pelle ou sa houe.

 Statue d'Adam (1260), Notre-Dame de Paris, Musée national du Moyen Âge

Photo : Thesupermat © CC-BY-SA-3.0→

Cette statue d'Adam nu est la preuve que les médiévaux connaissaient bien l'anatomie humaine : les muscles, les côtes, correspondent à la réalité.

2. Iconographie narrative

  • La création d’Adam (Gn 1,26-31 ; 2,7,21-22 ; Arts visuels Gn 2,7s).
  • Adam nomme les animaux (Gn 2,20 ; Arts visuels Gn 2,20).
  • La création d’Ève tirée d’Adam (Gn 2,21-22) : Adam est représenté endormi et la femme émerge de sa cage thoracique. Parce que Dieu crée par sa Parole, dans les représentations médiévales, c’est le Verbe, sous les traits de Jésus, qui préside à la création d’Adam et Ève. Dans les représentations modernes, c'est Dieu le père, sous les traits d’un vieillard à barbe qui crée (Arts visuels Gn 1,26–31).
  • Adam et Ève au paradis terrestre avant le péché (Gn 1,26-30 ; Arts visuels Gn 2,15).
  • La chute (Gn 3,1-24) : dans l’art paléochrétien, Adam et Ève sont d’abord représentés uniquement avec l’arbre puis avec le serpent qui s’entortille sur l’arbre. À l’époque médiévale, Adam est placé à gauche de l’arbre et Ève est représentée à droite en train de prendre le fruit ou de le passer à Adam. À partir du 13e s., le serpent est représenté avec un visage de femme (la représentation la plus illustre est celle du panneau de Michel-Ange dans la chapelle Sixtine : Arts visuels Gn 2,1–6).
  • Confrontation entre Dieu et Adam et Ève, après le péché (Gn 3,7-10) : face à Dieu le Père qui apparaît dans le ciel, Adam et Ève, vêtus d’une ou plusieurs feuilles de figuier (ou feuille de vigne), pleurent. Parfois ils montrent de leurs mains celui qu’ils accusent. Dans certains cas, leurs vêtements sont fait de peau : Arts visuels Gn 3,8.
  • Adam et Ève chassés du paradis terrestre (Gn 3,24) : Adam et Ève, le visage accablé, sont chassés par un ange portant une épée à la main (Arts visuels Gn 3,24).
  • Le travail pénible d’Adam et Ève (Gn 3,17-18) : Adam est représenté avec une pelle ou une houe en train de travailler la terre ; Ève, assise, file le lin ou la laine puisqu'elle porte une quenouille (Arts visuels Gn 3,17–23).
  • Adam et Ève et leurs enfants (Arts visuels Gn 4,1s).
  • Adam et Ève découvrant Abel mort (Gn 4,8.10.25 ; Arts visuels Gn 4,8).
  • La mort d’Adam (Gn 5,5 ; Arts visuels Gn 5,5).
  • Le Christ descend chercher Adam et Ève aux enfers : le Christ ressuscité descend chercher ceux qui l’ont précédé dans la mort. Adam et Ève sont les premiers qu’il fait sortir. Adam porte souvent une barbe et des cheveux longs blancs. En Orient, le couple est vêtu, tandis qu’en Occident il est parfois représenté nu (Arts visuels Ps 130,1–8 ; Arts visuels Mt 28,1–20 ; →Descente aux enfers).

Caravage, La Madone au serpent (ou La Madone des palefreniers), Galerie Borghèse (Rome)

© Domaine public→, Gn 2,16 ; 3,15

3. Iconographie typologique

Adam/L’homme pécheur 

Parce qu'Adam a fait entrer le péché dans le monde, l'homme pécheur est assimilé à Adam. 

  • Dans La vocation de saint Matthieu de Caravage (Arts visuels Mt 9,9), le doigt de Jésus, prolongé par le doigt de Pierre, chef de l’Église, rappelle le doigt du Créateur qui donne la vie à Adam dans le tableau de Michel-Ange (Arts visuels Gn 2,7). Matthieu, considéré comme un pêcheur public, est appelé à renaître à la vie en suivant le Christ, qui l'appelle. 
  • Osée et sa femme infidèle Gomer (Os 1-2) sont mis en relation avec Adam et Ève, premier couple humain (Gn 2 ; Arts visuels Gn 1,26–31).
Adam/L’humanité entière
  • Le crâne d’Adam est souvent représenté au pied de la Croix dans l'iconographie chrétienne (Arts visuels Mt 27,35–56), en référence au lieu de la crucifixion de Jésus, le Golgotha, qui signifie « lieu du crâne » (sans doute en raison de la forme  du rocher : Vocabulaire Mt 27,33b). Les chrétiens ont vu dans ce nom, une image d'Adam par qui l'humanité est devenue pêcheresse et a connu la mort. En mourant sur la Croix, Jésus répand son sang sur l'humanité entière, symbolisée par le crâne d'Adam, afin de lui rendre la vie. 
Adam/Le Christ, nouvel Adam

Rapprochement entre Adam et Jésus Christ:

  • Les artistes médiévaux représentent  souvent le créateur avec le visage de Jésus Christ, Verbe de Dieu.   Adam, créé à l’image de Dieu, apparaît sous les même traits (Arts visuels Gn 2,18–25).
  • L’Annonciation : les peintres mettent en parallèle sur un même tableau Adam et Ève chassés du paradis terrestre et l’annonce faite à Marie, pour montrer qu’à l’Incarnation, c’est la rédemption de l’homme qui commence (Arts visuels Lc 1,38).
  • La Vierge à l’enfant : il n’est pas rare de voir représenté dans les bras de Marie un enfant Jésus tenant dans ses mains un fruit en référence au fruit de l’arbre du bien et du mal (Gn 3). Sur l’œuvre de Lucas Cranach l'Ancien, l’enfant et sa mère sont même placés sous un pommier, comme l’étaient Adam et Ève lors de la chute (Arts visuels Gn 3,15).
  • La crucifixion et la déposition de la Croix: pour symboliser l’humanité unie par Dieu à son amour trinitaire, Georges Desvallières, dans son tableau Nouvelle Alliance, représente Dieu le Père devant la croix glorieuse de son Fils, unissant Adam et Ève en joignant leurs mains. C'est une nouvelle naissance (Arts visuels Gn 1,26–31). Dans le diptyque de Vienne, Adam et Ève mangeant le fruit défendu et la déposition de Jésus de la croix sont mis en parallèle (Arts visuels Gn 3,23s).