Un projet du Programme de Recherches La Bible en ses traditions AISBL
Dirigé par l’École Biblique et Archéologique Française de Jérusalem
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14ss Pouvoir de pardonner les péchés
14c en l'oignant : Gr | B : en oignant Codex B omet auton avant « oignant ».
14c du Seigneur : Gr | B : Ø Codex B omet « du Seigneur ».
14c au nom du Seigneur Complément circonstanciel ambigu Le lien entre ce lexème et l'action d'oindre est loin d'être clair. La phrase pourrait signifier :
14c d'huile En abondance
14c huile = le saint chrême
14c au nom du Seigneur Double signification Grammaire Jc 5,14c
14ss Pouvoir de pardonner les péchés
14c l'oignant Registre de l'onction
Textes anciens Jc 5,14c ; Intertextualité biblique Jc 5,14c ; Littérature péritestamentaire Jc 5,14c
13–18 Isotopie de la prière Si tous les versets de ce passage parlent de la prière, les mots employés ne sont pas pour autant de simples synonymes.
14c huile Usages antiques
L’huile d’olive constituait un article d’exportation essentiel dans l’Empire romain : elle jouait un rôle clé dans la cuisine et l’éclairage. Elle évoquait la force, la propreté corporelle et la santé. Au gymnase, elle permettait aux athlètes d’assouplir leurs muscles avant l’entraînement (→ 15,19). On avait coutume de l’appliquer sur le corps après le bain ( Nat.→ 65). Ses vertus médicinales étaient expressément reconnues ( Acut.→ 2,14,4 Med. ; → 53,5 Ep. ; → 15,19 Nat. ; 23,79).
L’huile était également utilisée dans le culte (→ 8,42,11 Descr. ; 10,24,6), surtout dans les rites d’ensevelissement et dans les cérémonies en l’honneur des morts (→ 21 Arist. ; → 6,212-234). Aen.
L’huile avait de nombreux symbolismes religieux (Intertextualité biblique Jc 5,14c).
Elle était couramment utilisée à des fins médicales :
14c en l'oignant Onction divine
14c l’oignant d’huile Usages et symbolismes de l'huile L'huile était un produit agricole essentiel (Dt 11,14).
On s'en sert tous les jours pour cuisiner (1R 17,12) et pour l’éclairage des maisons (Mt 25,3-4.8) et du Temple (Ex 27,20). L’onction d’huile est associée à la propreté (Rt 3,3) et à la santé (Ps 104,15 « de l’huile pour faire resplendir leur visage »).
L'huile est un symbole de richesse (Ez 16,13), de bonheur (Is 61,3 l’« huile de joie », cf. Ps 133,2) et de bénédiction divine (Ps 23,5 « Tu me prépares une table face à mes ennemis, tu oins ma tête d’huile, ma coupe déborde »).
On pratiquait les onctions dans les contextes rituels de l’AT : l'onction d’un roi (1S 10,1), d’un prêtre (Ex 28,41) ou d’un prophète (1R 19,16) ; la consécration d’objets sacrés (Gn 28,18 ; Lv 8,11). En hébreu, la catégorie essentielle de « messie » signifie originairement « oint d'huile ».
Dans ces contextes cultuels de l’AT, on trouve régulièrement le verbe chriô (ou bien epicheô « verser »), mais pas le terme aleiphô, qui figure en Jc 5,14c (Vocabulaire Jc 5,14c).
Pour ses propres guérisons, il arrive que Jésus ait recours à des éléments naturels : salive (Mc 7,33 ; 8,23 ; Jn 9,6), contact physique (Mc 1,41 ; 3,10 ; 5,28-31.41 ; 6,56 ; Lc 6,19). Ses disciples emploient l’huile pour leurs guérisons (Mc 6,13) et ont également recours au contact physique (Ac 3,7 ; 5,15 ; 19,11-12).
13–20 Lectionnaire quotidien romain Jc 5,13-20 est lu en même temps que Ps 141,1-3.8 et Mc 10,13-16 pour le samedi de la 7e semaine du Temps ordinaire. Dans ce contexte, le texte de Jc 5,19-20 souligne la responsabilité mutuelle des membres de l’Église, et le lien entre péché, repentir et salut final. Le Ps 141 (sur la prière) et le passage de Mc (Jésus bénissant les enfants) développent le propos de l’épître de Jacques sur la prière confiante adressée à Dieu.
14c l’oignant d’huile
Au Moyen Âge on pratiquait sur le malade cinq onctions, une pour chacun des sens (cf. → Suppl. 32,6 Sum. theol. ; → [→DzH 1324]). Suivant le →Ordo unct. 76, le malade reçoit l’onction sur le front et les mains ; le rite oriental prévoit des onctions sur d’autres parties du corps (→, 47 [no. 112]).
Outre l'Onction des malades, l'onction d’huile joue un rôle majeur dans d'autres rites chrétiens :
14s Des guérisons chrétiennes...
Certains écrivains chrétiens opposaient la guérison octroyée par l’Eucharistie et par l’onction des malades aux méthodes de guérison non chrétiennes :
14s Théologie sacramentaire
L’Église catholique voit en Jc 5,14-15 la promulgation par l’apôtre Jacques du sacrement de l’Onction des malades.
Au Moyen Âge, dans l’Église catholique on avait parfois tendance à voir dans ce passage une référence exclusive à ceux qui étaient mourants. Le sacrement évoqué dans le texte de Jc était donc connu sous le nom d’ « Extrême-onction » (ainsi → Suppl. 32,2). Sum. theol. (→Capt. bab.) et (→Inst. 4,19,21), qui rejetaient cette interprétation, jugeaient que l’épître parlait de maladie en général.
Le concile Vatican II est venu rappeler la portée originelle de ce sacrement : il évite le nom d’ « Extrême-onction » au profit de celui, plus conforme à la Tradition, d’ « Onction des malades ». Toutefois, le fidèle qui le reçoit est bien celui « qui commence à être en danger » grave pour sa santé :
14c.15b en l'oignant d'huile + le Seigneur le relèvera — Huile et salut eschatologique (résurrection)
Textes anciens Jc 5,14c ; Littérature péritestamentaire Jc 5,14c ; Islam Jc 5,14c
14c l’oignant Onction et salut Le lien entre le rituel de l’onction et le salut eschatologique reflète le rapport établi par les Juifs de l’époque du second Temple entre l’onction d’huile et le salut éternel :
Textes anciens Jc 5,14c ; Tradition chrétienne Jc 5,14c.15b ; Islam Jc 5,14c
14c d'huile L’olivier au paradis
13–18 Le trait commun aux v.13-18 est la prière, avec insistance sur les cas du malade et du pécheur, puis v.16-18, sur la puissance de celui qui prie bien.
Cette péricope a pour thème central la prière. Après avoir prévenu le lecteur qu'il devait présenter à Dieu sa pétition avec foi, sans éprouver de doute (Jc 1,5-8) ni demander à Dieu ce qui pourrait causer sa perte (Jc 4,2-3), Jc fournit dans cette péricope des exemples de la prière correcte et efficace (Procédés littéraires Jc 5,13–18).
Ayant mis ses lecteurs sérieusement en garde contre la parole incorrecte (p. ex. Jc 5,9.12), Jc donne ici des exemples de la parole juste : soit dans la prière, soit dans les chants.
Le texte présente un point de vue global sur la maladie et la guérison étroitement associées : d'une part, la maladie physique et la maladie spirituelle (c.-à-d. le péché) ; d'autre part la guérison physique et le pardon des péchés. Le passage établit aussi un lien étroit entre deux autres dimensions : le geste rituel compris comme source de guérison (spirituelle et physique) en cette vie, et la saisie de l'onction et de la prière en tant que préparation à la guérison finale dans la vie éternelle lors de la résurrection. Cet accent reflète donc le thème de l’intégrité que développe le reste de l’épître.
La tradition catholique a développé la richesse du sens de ce passage, allant parfois jusqu'à y trouver l'institution du sacrement de l’onction des malades (Théologie Jc 5,14s). Au cours de l’histoire, la tradition a déployé les différents aspects de l'intégrité abîmée et à restaurer dont traite l’épître de Jacques :
14c l’oignant d’huile Jc suppose connue la pratique dont il parle. Dans cette onction faite au nom du Seigneur, accompagnée de prières dites par les « anciens » (Ac 11,30 ; 15,4 ; 21,18), en vue du soulagement de la maladie et de la rémission des péchés, l'Église a vu une forme initiale du sacrement de l' « onction des malades ». Cette identification traditionnelle a été définie par le concile de Trente.