La Bible en ses Traditions

Jacques 5,14c

Texte biblique

14ss Pouvoir de pardonner les péchés

  • Jean Chrysostome Sac. 3,6 cite Jc 5,14-15 comme une illustration du pouvoir qu’a le prêtre de pardonner les péchés (cf. Origène Hom. Lev. 2,4).
  • Pour Calvin Inst. 3,4,6, en revanche, ce passage contredirait la pratique de l’Église catholique de confesser ses péchés au prêtre seul. D’après lui, les laïcs devraient se confesser mutuellement leurs péchés.
  • Trente répond implicitement à Calvin et aux réformateurs quand il affirme que seuls les prêtres et les évêques ont le pouvoir de pardonner les péchés. Les passages de l’Écriture cités par le concile sont toutefois Mt 16,19 et Jn 20,23 (14e session : « Sur les très saints sacrements de Pénitence et d’Extrême-onction » ch.6).

Texte

Critique textuelle

14c en l'oignant : Gr | B : en oignant Codex B omet auton avant « oignant ».

14c du Seigneur : Gr | B : Ø Codex B omet « du Seigneur ».

Grammaire

14c au nom du Seigneur Complément circonstanciel ambigu Le lien entre ce lexème et l'action d'oindre est loin d'être clair. La phrase pourrait signifier :

  • des circonstances concomitantes : l'onction faite en même temps qu'une invocation du nom du Seigneur (cf. Ac 10,48 ; Ep 5,20 ; Tradition chrétienne Jc 5,14c) ;
  • la nature même de l'opération : une onction faite grâce à la puissance et à l'autorité (« le nom ») du Seigneur (cf. Mt 7,22 ; Ac 4,10).

Contexte

Textes anciens

14c d'huile En abondance

  • Pline Nat. 15,7 « La nature […] ne veut pas que nous soyons économes dans l’usage de l’huile : elle en a fait chose universelle, même chez les gens du commun. »

Réception

Tradition chrétienne

14c huile = le saint chrême

  • Innocent I (Ep. 25,8) identifie l’huile dont parle ce verset au « saint chrême béni par l’évêque ». Théologie Jc 5,14c

14c au nom du Seigneur Double signification Grammaire Jc 5,14c

  • Bède le Vénérable Exp. ep. cath. rappelle que les mots « d’huile au nom du Seigneur » signifient « d’huile consacrée au nom du Seigneur », ou encore, « que ceux qui font une onction à un malade doivent en même temps invoquer sur lui le nom du Seigneur » (PL 93,39).

Théologie

14ss Pouvoir de pardonner les péchés

  • Jean Chrysostome Sac. 3,6 cite Jc 5,14-15 comme une illustration du pouvoir qu’a le prêtre de pardonner les péchés (cf. Origène Hom. Lev. 2,4).
  • Pour Calvin Inst. 3,4,6, en revanche, ce passage contredirait la pratique de l’Église catholique de confesser ses péchés au prêtre seul. D’après lui, les laïcs devraient se confesser mutuellement leurs péchés.
  • Trente répond implicitement à Calvin et aux réformateurs quand il affirme que seuls les prêtres et les évêques ont le pouvoir de pardonner les péchés. Les passages de l’Écriture cités par le concile sont toutefois Mt 16,19 et Jn 20,23 (14e session : « Sur les très saints sacrements de Pénitence et d’Extrême-onction » ch.6).

Texte

Vocabulaire

14c l'oignant Registre de l'onction

  • Le verbe aleiphô (« faire une onction d’huile ») est souvent utilisé pour évoquer la guérison physique (Mc 6,13) ou en signe de bonne santé (Mt 6,17).
  • Il diffère de chriô, terme grec habituel pour les onctions cultuelles des rois et des prophètes de l’AT.

Textes anciens Jc 5,14c ; Intertextualité biblique Jc 5,14c ; Littérature péritestamentaire Jc 5,14c

Procédés littéraires

13–18 Isotopie de la prière Si tous les versets de ce passage parlent de la prière, les mots employés ne sont pas pour autant de simples synonymes.

  • Le substantif euchê (« prière », v.15a) et le verbe correspondant euchomai (« prier », v.16b) constituent des termes génériques.
  • La prière de demande est désignée par proseuchomai (v.13a.14b.17b.18a) et proseuchê (v.17b).
  • Plus concret, le substantif deêsis (v.16c) représente une supplication ou une demande particulière.
  • Quant à psallô (« chanter un cantique », v.13b), il s’applique à la prière hymnique, notamment dans le cadre de la liturgie.

Contexte

Milieux de vie

14c huile Usages antiques

Dans le monde gréco-romain

Usage profane

L’huile d’olive constituait un article d’exportation essentiel dans l’Empire romain : elle jouait un rôle clé dans la cuisine et l’éclairage. Elle évoquait la force, la propreté corporelle et la santé. Au gymnase, elle permettait aux athlètes d’assouplir leurs muscles avant l’entraînement (Pline Nat. 15,19). On avait coutume de l’appliquer sur le corps après le bain (Hippocrate Acut. 65). Ses vertus médicinales étaient expressément reconnues (Celse Med. 2,14,4 ; Sénèque Ep. 53,5 ; Pline Nat. 15,19 ; 23,79).

Usage religieux

L’huile était également utilisée dans le culte (Pausanias Descr. 8,42,11 ; 10,24,6), surtout dans les rites d’ensevelissement et dans les cérémonies en l’honneur des morts (Plutarque Arist. 21 ; Virgile Aen. 6,212-234).

Dans le monde juif

Usage religieux

L’huile avait de nombreux symbolismes religieux (Intertextualité biblique Jc 5,14c). 

Usage profane

Elle était couramment utilisée à des fins médicales :

  • Is 1,6 évoque son usage pour les blessures ;
  • Philon d’Alexandrie Somn. 2,58 : l’huile donne force et fermeté aux muscles ;
  • Josèphe B.J. 1,657 ; A.J. 17,172 : les médecins d’Hérode le baignent dans de l’huile chaude.
  • Les traditions rabbiniques reconnaissent également les propriétés médicinales de l’huile : application de l’huile sur les reins endoloris (m. Šabb. 14,4) ; compresses de vin et d’huile (y. Ber. 1,2).

Textes anciens Jc 5,14c ;  Liturgie Jc 5,14c

Textes anciens

14c en l'oignant Onction divine

  • Homère Il. 16,678-683 « Du milieu des traits, il [= Apollon] enlève aussitôt le divin Sarpédon : il l’emporte au loin, il le lave à l’eau courante d’un fleuve. Il l’oint ensuite d’ambroisie et le revêt de vêtements divins. Il le remet enfin aux porteurs rapides qui doivent l’emporter, Sommeil et Trépas, dieux jumeaux ; et ceux-ci ont tôt fait de le déposer au gras pays de la vaste Lycie ».
  • Homère Il. 23,184-187 « Autour [du cadavre] d’Hector cependant les chiens ne s’affairent pas. La fille de Zeus, Aphrodite, nuit et jour, de lui les écarte. Elle l’oint d’une huile divine, fleurant la rose, de peur qu’Achille lui arrache toute la peau en le traînant ».

Intertextualité biblique

14c l’oignant d’huile Usages et symbolismes de l'huile L'huile était un produit agricole essentiel (Dt 11,14). 

Au quotidien

On s'en sert tous les jours pour cuisiner (1R 17,12) et pour l’éclairage des maisons (Mt 25,3-4.8) et du Temple (Ex 27,20). L’onction d’huile est associée à la propreté (Rt 3,3) et à la santé (Ps 104,15 « de l’huile pour faire resplendir leur visage »). 

Symbolismes

L'huile est un symbole de richesse (Ez 16,13), de bonheur (Is 61,3 l’« huile de joie », cf. Ps 133,2) et de bénédiction divine (Ps 23,5 « Tu me prépares une table face à mes ennemis, tu oins ma tête d’huile, ma coupe déborde »).

Rituel

On pratiquait les onctions dans les contextes rituels de l’AT : l'onction d’un roi (1S 10,1), d’un prêtre (Ex 28,41) ou d’un prophète (1R 19,16) ; la consécration d’objets sacrés (Gn 28,18 ; Lv 8,11). En hébreu, la catégorie essentielle de « messie » signifie originairement « oint d'huile ».

Dans ces contextes cultuels de l’AT, on trouve régulièrement le verbe chriô (ou bien epicheô « verser »), mais pas le terme aleiphô, qui figure en Jc 5,14c (Vocabulaire Jc 5,14c).

Usage thérapeutique

Pour ses propres guérisons, il arrive que Jésus ait recours à des éléments naturels : salive (Mc 7,33 ; 8,23 ; Jn 9,6), contact physique (Mc 1,41 ; 3,10 ; 5,28-31.41 ; 6,56 ; Lc 6,19). Ses disciples emploient l’huile pour leurs guérisons (Mc 6,13) et ont également recours au contact physique (Ac 3,7 ; 5,15 ; 19,11-12).

14c au nom du Seigneur Invocation du nom du Seigneur Régulièrement en cas de guérisons (cf. Ac 3,6 ; 4,10), d'exorcismes (Mc 9,38 ; 16,17 ; Lc 10,17) et de baptêmes (Ac 2,38 ; 8,16 ; 10,48 ; 19,5).

Réception

Liturgie

13–20 Lectionnaire quotidien romain Jc 5,13-20 est lu en même temps que Ps 141,1-3.8 et Mc 10,13-16 pour le samedi de la 7e semaine du Temps ordinaire. Dans ce contexte, le texte de Jc 5,19-20 souligne la responsabilité mutuelle des membres de l’Église, et le lien entre péché, repentir et salut final. Le Ps 141 (sur la prière) et le passage de Mc (Jésus bénissant les enfants) développent le propos de l’épître de Jacques sur la prière confiante adressée à Dieu.

14c l’oignant d’huile

Comment ?

Au Moyen Âge on pratiquait sur le malade cinq onctions, une pour chacun des sens (cf. Thomas d’Aquin Sum. theol. Suppl. 32,6 ; Florence [→DzH 1324]). Suivant le Ordo unct. 76, le malade reçoit l’onction sur le front et les mains ; le rite oriental prévoit des onctions sur d’autres parties du corps (AELF 1977, 47 [no. 112]).

Quand ?

Outre l'Onction des malades, l'onction d’huile joue un rôle majeur dans d'autres rites chrétiens :

Tradition chrétienne

14s Des guérisons chrétiennes...

... et non chrétiennes

Certains écrivains chrétiens opposaient la guérison octroyée par l’Eucharistie et par l’onction des malades aux méthodes de guérison non chrétiennes :

  • Césaire d’Arles Serm. 19,5 : Si quelqu’un est malade, « qu’il reçoive le Corps et le Sang du Christ, qu’il soit oint par les prêtres de l’huile consacrée et qu’il demande à ces prêtres et diacres de prier sur lui au nom du Christ. S’il agit ainsi, il recevra non seulement la santé du corps, mais aussi le pardon des péchés. [... suit la citation de Jc 5,14-15] Pourquoi donc un homme devrait-il tuer son âme auprès des sorciers, des voyants, des enchanteurs ou avec des phylactères diaboliques quand il peut guérir aussi bien son âme que son corps par la prière du prêtre et l’huile consacrée ? » (cf. Serm. 13,3 ; 184,5).
  • De même, Ouen de Rouen Vita Elig. 2,15 (après une mise en garde contre le recours aux sorciers et aux magiciens et contre l’usage de « phylactères diaboliques ») : « Que le patient se fie seulement à la miséricorde divine et qu’il reçoive le Corps et le Sang du Christ plein de foi et de dévotion et qu’il demande avec foi à l’Église sa bénédiction et de l’huile, pour qu’il puisse s’en oindre le corps au nom du Christ et, si l’on en croit l’apôtre, “la prière confiante sauvera l’infirme et le Seigneur le soulagera”. Il ne recevra pas la santé pour son corps seulement mais aussi pour son âme, et ce que le Seigneur a promis dans l’Évangile s’accomplira : “Quoi que vous demandiez dans la prière avec foi, vous l’obtiendrez” (cf. Jc 5,15 ; Mt 21,22) » (PL 87,529A-B).

... de non-chrétiens

  • Tertullien Scap. 4,5 parle de la guérison d’un empereur romain par un chrétien : « Même Sévère, le père d’Antoine, se soucia favorablement des chrétiens ; car il rechercha le chrétien Proclus, surnommé Torpacion, le gardien d’Euhodias et, pour le remercier de l’avoir autrefois guéri par une onction, il le garda dans son palais jusqu’à sa mort. »

Théologie

14s Théologie sacramentaire

Promulgation de sacrements ?

Questionnement
  • Érasme NT Annot. (p. 1038) se demandait si la théologie sur les sacrements de la Pénitence et de l’Extrême-onction pouvait se fonder sur ce passage.
Négation
Affirmation

L’Église catholique voit en Jc 5,14-15 la promulgation par l’apôtre Jacques du sacrement de l’Onction des malades.

  • CEC 1510 « L'Église apostolique connaît cependant un rite propre en faveur des malades, attesté par S. Jacques : (Jc 5,14-15). La Tradition a reconnu dans ce rite un des sept sacrements de l’Église » (cf. 1499–1532).
  • Trente rappelle que « Cette onction sainte des malades a été instituée par le Christ notre Seigneur comme étant véritablement un sacrement de la Nouvelle Alliance ; ce sacrement a été indiqué dans Marc [Mc 6,13], recommandé et promulgué par Jacques, apôtre et frère du Seigneur [suit la citation de Jc 5,14-15] » (→DzH 1695 ; cf. 1716).

Onction des malades ou Extrême-onction ?

Au Moyen Âge, dans l’Église catholique on avait parfois tendance à voir dans ce passage une référence exclusive à ceux qui étaient mourants. Le sacrement évoqué dans le texte de Jc était donc connu sous le nom d’ « Extrême-onction » (ainsi Thomas d’Aquin Sum. theol. Suppl. 32,2). Luther (Capt. bab.) et Calvin (Inst. 4,19,21), qui rejetaient cette interprétation, jugeaient que l’épître parlait de maladie en général.

Le concile Vatican II est venu rappeler la portée originelle de ce sacrement : il évite le nom d’ « Extrême-onction » au profit de celui, plus conforme à la Tradition, d’ « Onction des malades ». Toutefois, le fidèle qui le reçoit est bien celui « qui commence à être en danger » grave pour sa santé :

  • Vatican II SC 73 « L’Extrême-onction, qu’on peut appeler aussi et mieux l’Onction des malades, n’est pas seulement le sacrement de ceux qui se trouvent à toute extrémité. Aussi, le temps opportun pour le recevoir est déjà certainement arrivé lorsque le fidèle commence à être en danger de mort par suite d’affaiblissement physique ou de vieillesse ». Liturgie Jc 5,14b

Tradition chrétienne

14c.15b en l'oignant d'huile + le Seigneur le relèvera — Huile et salut eschatologique (résurrection)

  • Év. Phil. 92 « Mais l’arbre de vie se dresse en plein paradis. (C’est) bien sûr l’olivier. C’est de lui qu’est venue l’huile chrismale. C’est par lui qu’est venue la résurrection. »
  • Origène Cels. 6,27 mentionne l’existence d’un groupe dont les membres déclarent : « J’ai reçu l’onction de l’huile blanche de l’arbre de vie ».
  • Ps.-Clément Recogn. 1,45 « [...] il [= le Christ] est le premier que Dieu oignit de l’huile tirée du bois de l’arbre de vie. C’est donc à cause de cette onction qu’il est appelé Christ. Lui-même enfin, conformément au dessein de son Père, oindra aussi d'une huile semblable tous les hommes pieux, quand ils arriveront dans son royaume, pour les reposer de leurs fatigues, comme des gens qui ont surmonté les difficultés d'un chemin raboteux, afin que leur lumière resplendisse et que, remplis de l’Esprit Saint, ils reçoivent le don de l’immortalité ». Cf. Ac. Pil. 19 : le Christ donnera à Adam dans l’au-delà une onction de l’huile de l’arbre du paradis.

Textes anciens Jc 5,14c ; Littérature péritestamentaire Jc 5,14c ; Islam Jc 5,14c

Contexte

Littérature péritestamentaire

14c l’oignant Onction et salut Le lien entre le rituel de l’onction et le salut eschatologique reflète le rapport établi par les Juifs de l’époque du second Temple entre l’onction d’huile et le salut éternel :

  • Adam, malade en raison de ses péchés, recevra une onction (de l’huile d’un arbre du paradis) en vue de sa guérison lors de la résurrection finale (V.A.È. 9,3 ; 13,2-3 ; autres références à un olivier au paradis : 2 Hén. 8,4 [recension courte] ; cf. Gen. Rab. 33,6 sur Gn 8,10).
  • L’onction d’Hénoch marque la transition entre son existence terrestre et le moment où il devient « semblable à l’un des êtres glorieux » (2 Hén. 22,8-10 ; cf. 56,2).
  • Voir également 3 Bar. 15 où le ciel offre des vases d’huile en récompense ; Jos. Asén. 8,5 ; 16,16 (« onction d’incorruptibilité ») ; T. Adam 1,7.

Textes anciens Jc 5,14c ; Tradition chrétienne Jc 5,14c.15b ; Islam Jc 5,14c

Réception

Islam

14c d'huile L’olivier au paradis

  • Coran sour. 24,35 « Allah est la Lumière des cieux et de la terre. Sa Lumière est à la ressemblance d’une niche où se trouve une lampe ; la lampe est dans un [récipient de] verre ; celui-ci semblerait un astre étincelant ; elle est allumée grâce à un arbre béni, [grâce à] un olivier ni oriental ni occidental, dont l’huile [est si limpide qu’elle] éclairerait même si nul feu ne la touchait. Lumière sur Lumière ». Littérature péritestamentaire Jc 5,14c ; Tradition chrétienne Jc 5,14c.15b

Propositions de lecture

13–18 Le trait commun aux v.13-18 est la prière, avec insistance sur les cas du malade et du pécheur, puis v.16-18, sur la puissance de celui qui prie bien.

Du petit traité sur la prière dans l'épreuve à l'institution d'un sacrement

La prière

Cette péricope a pour thème central la prière. Après avoir prévenu le lecteur qu'il devait présenter à Dieu sa pétition avec foi, sans éprouver de doute (Jc 1,5-8) ni demander à Dieu ce qui pourrait causer sa perte (Jc 4,2-3), Jc fournit dans cette péricope des exemples de la prière correcte et efficace (Procédés littéraires Jc 5,13–18).

La parole juste

Ayant mis ses lecteurs sérieusement en garde contre la parole incorrecte (p. ex. Jc 5,9.12), Jc donne ici des exemples de la parole juste : soit dans la prière, soit dans les chants.

La maladie et la guérison

Le texte présente un point de vue global sur la maladie et la guérison étroitement associées : d'une part, la maladie physique et la maladie spirituelle (c.-à-d. le péché) ; d'autre part la guérison physique et le pardon des péchés. Le passage établit aussi un lien étroit entre deux autres dimensions : le geste rituel compris comme source de guérison (spirituelle et physique) en cette vie, et la saisie de l'onction et de la prière en tant que préparation à la guérison finale dans la vie éternelle lors de la résurrection. Cet accent reflète donc le thème de l’intégrité que développe le reste de l’épître.

Le sacrement de l’onction des malades

La tradition catholique a développé la richesse du sens de ce passage, allant parfois jusqu'à y trouver l'institution du sacrement de l’onction des malades (Théologie Jc 5,14s). Au cours de l’histoire, la tradition a déployé les différents aspects de l'intégrité abîmée et à restaurer dont traite l’épître de Jacques :

  • guérison spirituelle (Origène ; Jean Chrysostome ; le concile de Trente) ;
  • guérison physique (Césaire d'Arles ; Vatican II, qui rappelle la dimension intégrale de la guérison) ;
  • perspective eschatologique (insistance de la tradition sur la préparation à la vie éternelle qu’offrent les derniers sacrements). Tradition chrétienne Jc 5,14s

Théologie

14c l’oignant d’huile Jc suppose connue la pratique dont il parle. Dans cette onction faite au nom du Seigneur, accompagnée de prières dites par les « anciens » (Ac 11,30 ; 15,4 ; 21,18), en vue du soulagement de la maladie et de la rémission des péchés, l'Église a vu une forme initiale du sacrement de l' « onction des malades ». Cette identification traditionnelle a été définie par le concile de Trente.

Théologie sacramentaire : matière du sacrement

D'huile consacrée?
  • Selon Calvin Inst. 4,19,21, Jacques faisait référence à de l’huile commune et non consacrée.
  • Trente déclare en revanche à propos de Jc 5,15 : « L’Église a compris que la matière était l’huile bénie par l’évêque ; car l’onction représente très adéquatement la grâce de l’Esprit Saint, dont l’âme du malade est ointe invisiblement » (→DzH 1695). Tradition chrétienne Jc 5,14c

Éléments naturels — guérison surnaturelle

  • CEC 1504 établit le lien entre l’usage par Jésus de « signes » (la salive, le contact physique) et l’aspect physique des sacrements : « Ainsi, dans les sacrements, le Christ continue à nous “toucher” pour nous guérir ».