La Bible en ses Traditions

Jacques 5,15–18

Byz V TR Nes
S

15 et la prière de la foi sauvera le patient

et le Seigneur le relèvera.

Et s'il a commis des

Vest dans les péchés, il lui sera pardonné.

 

15 et la prière de la foi guérira le patient

et notre Seigneur le relèvera.

Et si des péchés ont été commis par lui, ils lui seront pardonnés.

 

16 Confessez V Nesdonc les uns aux autres les chutes 

Nesles péchés

Vvos péchés 

et priez les uns pour les autres afin d'être guéris

Vcar c'est avec beaucoup de puissance que la supplication fervente

Vassidue du juste agit.

16 Confessez donc les uns aux autres vos fautes 

et priez les uns pour les autres afin d'être guéris

car grande est la puissance de la prière que le juste prie.

Byz TR Nes
V S

17 Élie était un homme ayant les mêmes passions que nous

et en prière il pria pour qu'il ne pleuve pas

et il ne plut pas sur la terre pendant trois ans et six mois.

17 Élie était un homme ayant les mêmes passions que nous

et Ven prière il pria pour qu'il ne pleuve

Sque la pluie ne descende pas sur la terre

et il ne plut

Selle ne descendit pas pendant trois ans et six mois.

17 Elie, modèle d’intercesseur 1R 17,1 ; 18,1,41s ; Ap 11,6
Byz V S TR Nes

18 Et de nouveau, il pria, et le ciel donna la pluie

et la terre fit germer

V Sdonna son fruit.

Texte biblique

14ss Pouvoir de pardonner les péchés

  • Jean Chrysostome Sac. 3,6 cite Jc 5,14-15 comme une illustration du pouvoir qu’a le prêtre de pardonner les péchés (cf. Origène Hom. Lev. 2,4).
  • Pour Calvin Inst. 3,4,6, en revanche, ce passage contredirait la pratique de l’Église catholique de confesser ses péchés au prêtre seul. D’après lui, les laïcs devraient se confesser mutuellement leurs péchés.
  • Trente répond implicitement à Calvin et aux réformateurs quand il affirme que seuls les prêtres et les évêques ont le pouvoir de pardonner les péchés. Les passages de l’Écriture cités par le concile sont toutefois Mt 16,19 et Jn 20,23 (14e session : « Sur les très saints sacrements de Pénitence et d’Extrême-onction » ch.6).

Texte

Critique textuelle

16a donc : Nes (א A B C) V S | Byz TR : Ø

16a chutes : Byz TR | V Nes : péchés | S : fautes

  • Byz TR et quelques mss. minuscules (p. ex. 307 et 442) : ta paraptômata ;
  • Nes (א A B) : tas hamartias ; V : peccata ;
  • S : sklwt’  (saklotkun, litt. « vos folies »).

Vocabulaire

15a le patient Ou « celui qui souffre » : polysémie Le verbe grec kamnô a plusieurs significations :

  • « être fatigué » : 4 Macc. 3,8 : David est « fort fatigué » (sphodra kekmêkôs) après une bataille contre les Philistins ;
  • « être malade » : Strabon Geogr. 8,6,15 : à Epidaure, Asclépios est censé guérir « toutes sortes de maladies (nosous) : son sanctuaire est rempli en permanence de malades (kamnontôn) » ;
  • « être mort » (Sg 4,16 ; 15,9).

16b afin d'être guéri Sens double Le verbe grec iaomai signifie :

  • tout d'abord la guérison physique (p. ex. Lc 7,7 ; Ac 9,34 ; Platon Charm. 156b [faisant référence à un essai de guérir (iasthai) les yeux]),
  • mais également la guérison/le pardon des péchés (G-Is 53,5 « dans ses blessures nous trouvons la guérison »).

17a ayant les mêmes passions que nous Connotations Gr : homoiopathês hêmin (cf. V : similis nobis passibilis) ; homoiopathês désigne littéralement une identité de sentiments (pathê). Quand la foule désigne Barnabé et Paul comme Zeus et Hermès à Lystres, Paul réplique, « nous sommes des hommes de même condition que vous (homoiopatheis... humin) » (Ac 14,15).

Grammaire

15c il lui sera pardonné Sémitisme Gr : aphethêsetai autôᵢ est probablement un sémitisme, indiquant le passif divin, comme dans M-Lv 4,26 wᵉnislaḥ lô.

17b en prière il pria Sémitisme Gr : proseuchêᵢ prosêuxato imite la construction sémitique avec un infinitif absolu. Ce trait, ainsi que le grand nombre de kai qui émaillent notre texte, dénonce l’arrière-fond sémitique de la lettre.

Contexte

Littérature péritestamentaire

15s Lien entre péché et maladie T. Rub. 1,7 ; T. Sim. 2,12-13 ; T. Zab. 5,4 ; T. Gad 5,9-11.

16a Confessez les uns aux autres les chutes Pratique à Qumrân

  • 1QS 1,22-25 « Les lévites énuméreront les péchés des enfants d’Israël […] et tous ceux qui entrent dans l’alliance feront après eux leur confession pour dire : “Nous avons agi de manière inique, nous avons [désobéi]” ».

17s Efficacité de la prière d’Élie 4 Esd. 7,109.

Réception

Tradition juive

17s Efficacité de la prière d’Élie m. Ta‘an. 2,4 ; b. Sanh. 113a.

Tradition chrétienne

15c Et s'il a commis des péchés, il lui sera pardonné Insistance sur le sacrement du pardon des péchés Origène fait seulement référence à la guérison spirituelle, citant ce passage comme un exemple du pardon des péchés :

  • Origène Hom. Lev. 2,4 (la citation la plus ancienne connue de notre passage) : « Il en est encore une septième [rémission des péchés], bien que dure et pénible, la rémission des péchés par la pénitence […] quand il [= le pécheur] ne rougit pas de déclarer son péché au prêtre du Seigneur et de demander un remède […]. Ainsi s'accomplit encore ce que dit l’apôtre Jacques [suit la citation de Jc 5,14-15] » (trad. Borret).

16a Confessez les uns aux autres les chutes Contexte eucharistique

  • Did. 14,1 « Le jour du Seigneur, quand vous vous réunissez, rompez le Pain et rendez grâces après avoir confessé vos transgressions » (cf. 4,14).

Théologie

14ss Pouvoir de pardonner les péchés

  • Jean Chrysostome Sac. 3,6 cite Jc 5,14-15 comme une illustration du pouvoir qu’a le prêtre de pardonner les péchés (cf. Origène Hom. Lev. 2,4).
  • Pour Calvin Inst. 3,4,6, en revanche, ce passage contredirait la pratique de l’Église catholique de confesser ses péchés au prêtre seul. D’après lui, les laïcs devraient se confesser mutuellement leurs péchés.
  • Trente répond implicitement à Calvin et aux réformateurs quand il affirme que seuls les prêtres et les évêques ont le pouvoir de pardonner les péchés. Les passages de l’Écriture cités par le concile sont toutefois Mt 16,19 et Jn 20,23 (14e session : « Sur les très saints sacrements de Pénitence et d’Extrême-onction » ch.6).

Texte

Procédés littéraires

13–18 Isotopie de la prière Si tous les versets de ce passage parlent de la prière, les mots employés ne sont pas pour autant de simples synonymes.

  • Le substantif euchê (« prière », v.15a) et le verbe correspondant euchomai (« prier », v.16b) constituent des termes génériques.
  • La prière de demande est désignée par proseuchomai (v.13a.14b.17b.18a) et proseuchê (v.17b).
  • Plus concret, le substantif deêsis (v.16c) représente une supplication ou une demande particulière.
  • Quant à psallô (« chanter un cantique », v.13b), il s’applique à la prière hymnique, notamment dans le cadre de la liturgie.

Réception

Liturgie

13–20 Lectionnaire quotidien romain Jc 5,13-20 est lu en même temps que Ps 141,1-3.8 et Mc 10,13-16 pour le samedi de la 7e semaine du Temps ordinaire. Dans ce contexte, le texte de Jc 5,19-20 souligne la responsabilité mutuelle des membres de l’Église, et le lien entre péché, repentir et salut final. Le Ps 141 (sur la prière) et le passage de Mc (Jésus bénissant les enfants) développent le propos de l’épître de Jacques sur la prière confiante adressée à Dieu.

Théologie

15bc le Seigneur le relèvera + il lui sera pardonné — Théologie sacramentaire : effets de l’Onction des malades

  • Trente « La réalité est, en effet, cette grâce du Saint-Esprit dont l’onction nettoie les fautes, si certaines sont encore à expier […] le malade d’une part supporte plus aisément les difficultés et les peines de la maladie […] parfois enfin, obtient la santé du corps, quand cela est utile au salut de l’âme » (→DzH 1696 ; cf. Thomas d’Aquin Sum. gent. 73,2). Tradition chrétienne Jc 5,15c

Le rapport étroit entre l’onction pour la guérison des malades et le pouvoir de guérison propre à d’autres rites transparaît dans la définition de la « Fraction du Pain » comme « remède d’immortalité » par Ignace d’Antioche Eph. 20,2.

Tradition chrétienne

14s Des guérisons chrétiennes...

... et non chrétiennes

Certains écrivains chrétiens opposaient la guérison octroyée par l’Eucharistie et par l’onction des malades aux méthodes de guérison non chrétiennes :

  • Césaire d’Arles Serm. 19,5 : Si quelqu’un est malade, « qu’il reçoive le Corps et le Sang du Christ, qu’il soit oint par les prêtres de l’huile consacrée et qu’il demande à ces prêtres et diacres de prier sur lui au nom du Christ. S’il agit ainsi, il recevra non seulement la santé du corps, mais aussi le pardon des péchés. [... suit la citation de Jc 5,14-15] Pourquoi donc un homme devrait-il tuer son âme auprès des sorciers, des voyants, des enchanteurs ou avec des phylactères diaboliques quand il peut guérir aussi bien son âme que son corps par la prière du prêtre et l’huile consacrée ? » (cf. Serm. 13,3 ; 184,5).
  • De même, Ouen de Rouen Vita Elig. 2,15 (après une mise en garde contre le recours aux sorciers et aux magiciens et contre l’usage de « phylactères diaboliques ») : « Que le patient se fie seulement à la miséricorde divine et qu’il reçoive le Corps et le Sang du Christ plein de foi et de dévotion et qu’il demande avec foi à l’Église sa bénédiction et de l’huile, pour qu’il puisse s’en oindre le corps au nom du Christ et, si l’on en croit l’apôtre, “la prière confiante sauvera l’infirme et le Seigneur le soulagera”. Il ne recevra pas la santé pour son corps seulement mais aussi pour son âme, et ce que le Seigneur a promis dans l’Évangile s’accomplira : “Quoi que vous demandiez dans la prière avec foi, vous l’obtiendrez” (cf. Jc 5,15 ; Mt 21,22) » (PL 87,529A-B).

... de non-chrétiens

  • Tertullien Scap. 4,5 parle de la guérison d’un empereur romain par un chrétien : « Même Sévère, le père d’Antoine, se soucia favorablement des chrétiens ; car il rechercha le chrétien Proclus, surnommé Torpacion, le gardien d’Euhodias et, pour le remercier de l’avoir autrefois guéri par une onction, il le garda dans son palais jusqu’à sa mort. »

Théologie

14s Théologie sacramentaire

Promulgation de sacrements ?

Questionnement
  • Érasme NT Annot. (p. 1038) se demandait si la théologie sur les sacrements de la Pénitence et de l’Extrême-onction pouvait se fonder sur ce passage.
Négation
Affirmation

L’Église catholique voit en Jc 5,14-15 la promulgation par l’apôtre Jacques du sacrement de l’Onction des malades.

  • CEC 1510 « L'Église apostolique connaît cependant un rite propre en faveur des malades, attesté par S. Jacques : (Jc 5,14-15). La Tradition a reconnu dans ce rite un des sept sacrements de l’Église » (cf. 1499–1532).
  • Trente rappelle que « Cette onction sainte des malades a été instituée par le Christ notre Seigneur comme étant véritablement un sacrement de la Nouvelle Alliance ; ce sacrement a été indiqué dans Marc [Mc 6,13], recommandé et promulgué par Jacques, apôtre et frère du Seigneur [suit la citation de Jc 5,14-15] » (→DzH 1695 ; cf. 1716).

Onction des malades ou Extrême-onction ?

Au Moyen Âge, dans l’Église catholique on avait parfois tendance à voir dans ce passage une référence exclusive à ceux qui étaient mourants. Le sacrement évoqué dans le texte de Jc était donc connu sous le nom d’ « Extrême-onction » (ainsi Thomas d’Aquin Sum. theol. Suppl. 32,2). Luther (Capt. bab.) et Calvin (Inst. 4,19,21), qui rejetaient cette interprétation, jugeaient que l’épître parlait de maladie en général.

Le concile Vatican II est venu rappeler la portée originelle de ce sacrement : il évite le nom d’ « Extrême-onction » au profit de celui, plus conforme à la Tradition, d’ « Onction des malades ». Toutefois, le fidèle qui le reçoit est bien celui « qui commence à être en danger » grave pour sa santé :

  • Vatican II SC 73 « L’Extrême-onction, qu’on peut appeler aussi et mieux l’Onction des malades, n’est pas seulement le sacrement de ceux qui se trouvent à toute extrémité. Aussi, le temps opportun pour le recevoir est déjà certainement arrivé lorsque le fidèle commence à être en danger de mort par suite d’affaiblissement physique ou de vieillesse ». Liturgie Jc 5,14b

Texte

Procédés littéraires

16a donc Argumentation : quel lien entre confession et guérison ? La particule oun associe la confession et la prière du v.16 à l'onction et le pardon des v.14-15. Ceci pourrait impliquer que la confession et l'harmonie au sein de la communauté sont indispensables pour que Dieu donne suite à l'intercession de guérison. Une telle association fait bien écho à Mt 6,12 : « Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés. »

Contexte

Intertextualité biblique

16a Confessez les uns aux autres les chutes AT Voir Lv 5,5 (associé à une offrande cultuelle) ; Nb 5,7 ; Lv 16,21 (un prêtre confesse le péché du peuple). Le psalmiste établit un lien entre la confession des péchés et le soulagement de la souffrance : Ps 32,3.5 « Je me taisais, et mes os se consumaient […]. Mon péché, je te l’ai fait connaître […] et tu as pardonné ma faute. » Littérature péritestamentaire Jc 5,16a ; Tradition chrétienne Jc 5,16a ; Théologie Jc 5,14ss

Réception

Tradition chrétienne

14c.15b en l'oignant d'huile + le Seigneur le relèvera — Huile et salut eschatologique (résurrection)

  • Év. Phil. 92 « Mais l’arbre de vie se dresse en plein paradis. (C’est) bien sûr l’olivier. C’est de lui qu’est venue l’huile chrismale. C’est par lui qu’est venue la résurrection. »
  • Origène Cels. 6,27 mentionne l’existence d’un groupe dont les membres déclarent : « J’ai reçu l’onction de l’huile blanche de l’arbre de vie ».
  • Ps.-Clément Recogn. 1,45 « [...] il [= le Christ] est le premier que Dieu oignit de l’huile tirée du bois de l’arbre de vie. C’est donc à cause de cette onction qu’il est appelé Christ. Lui-même enfin, conformément au dessein de son Père, oindra aussi d'une huile semblable tous les hommes pieux, quand ils arriveront dans son royaume, pour les reposer de leurs fatigues, comme des gens qui ont surmonté les difficultés d'un chemin raboteux, afin que leur lumière resplendisse et que, remplis de l’Esprit Saint, ils reçoivent le don de l’immortalité ». Cf. Ac. Pil. 19 : le Christ donnera à Adam dans l’au-delà une onction de l’huile de l’arbre du paradis.

Textes anciens Jc 5,14c ; Littérature péritestamentaire Jc 5,14c ; Islam Jc 5,14c

Texte

Procédés littéraires

15b relèvera Syllepse Le verbe egeirô recouvre deux significations :

  • relever quelqu’un physiquement (p. ex. Ac 3,7), ainsi dans la portée immédiate du texte présent ;
  • relever quelqu’un d’entre les morts (cf. Mt 10,8 ; en particulier en référence à la résurrection de Jésus : Mt 16,21 ; Ac 3,15 ; Rm 6,4).

Jc joue sur un double sens, naturel et surnaturel : le fait de se relever physiquement peut être un présage de la résurrection finale et même une participation anticipée à cette résurrection. Propositions de lecture Jc 5,13–18 ; Tradition chrétienne Jc 5,14c.15b

15a sauvera Syllepse Le verbe sôᵢzô admet deux sens différents :

Dans l’épître, les autres occurrences de ce mot évoquent le salut eschatologique (Jc 1,21 ; 2,14 ; 4,12 ; 5,20). Le passage ici semble jouer sur les deux sens. Guérison physique et salut éternel sont en effet étroitement liés dans la lettre. Littérature péritestamentaire Jc 5,14c ; Tradition chrétienne Jc 5,15c ; Théologie Jc 5,15bc

Contexte

Intertextualité biblique

15s

Lien entre péché et maladie

Dans certains passages de la Bible, la maladie semble constituer la sanction de la désobéissance à la loi divine (Ex 15,26 ; Dt 7,15 ; 28,15-22 ; Ps 38,2-4 ; 41,5). Dans Jb 4,7-9 ; 7,20 ; 9,22-23, le sens de cette relation entre maladie et péché sera envisagé dans une perspective différente. Littérature péritestamentaire Jc 5,15s ; Tradition juive Jc 5,15s ; Théologie Jc 5,15bc

Lien entre pardon des péchés et guérison

AT

Ps 103,3 « Il pardonne toutes tes offenses, guérit toutes tes maladies ».

  • CEC 1502 : « L’homme de l’Ancien Testament vit la maladie en face de Dieu. C’est devant Dieu qu’il déverse sa plainte sur sa maladie (cf. Ps 38) et c’est de Lui, le Maître de la vie et de la mort, qu’il implore la guérison (cf. Ps 6,3 ; Is 38). La maladie devient chemin de conversion (cf. Ps 38,5 ; 39,9.12) et le pardon de Dieu inaugure la guérison (cf. Ps 32,5 ; 107,20 ; Mc 2,5-12). Israël fait l’expérience que la maladie est, d’une façon mystérieuse, liée au péché et au mal, et que la fidélité à Dieu, selon sa loi, rend la vie : “Car c’est moi, le Seigneur, qui suis ton médecin” (Ex 15,26). Le prophète entrevoit que la souffrance peut aussi avoir un sens rédempteur pour les péchés des autres (cf. Is 53,11). Enfin, Isaïe annonce que Dieu amènera un temps pour Sion où Il pardonnera toute faute et guérira toute maladie (cf. Is 33,24). »
NT

Les guérisons opérées par Jésus sont intégrales. Le rétablissement du paralytique est associé au pardon des péchés en Mt 9,1-8 // ; le discours de Jésus lui-même semble présupposer la connaissance de ce rapport entre maladie et péché (cf. Mc 2,17 « Ce ne sont pas les bien-portants qui ont besoin d’un médecin, mais les malades. Je suis venu appeler non les justes mais les pécheurs »). On peut en dire autant des enseignements de Paul (1Co 11,30). Néanmoins, ceux qui souffrent en vertu de l’oppression ou d’un accident ne sont pas plus grands pécheurs que les autres (Lc 13,1-5 ; Jn 9,1-3).

Régulièrement accompagnées d’un appel à la foi (cf. Mc 2,5 ; 5,34.36 ; 9,23), ses guérisons apparaissent comme des signes annonciateurs du Royaume de Dieu (cf. Mt 11,5-6).

  • CEC 1505 « Ému par tant de souffrances, le Christ non seulement se laisse toucher par les malades, mais Il fait siennes leurs misères : “Il a pris nos infirmités et s’est chargé de nos maladies” (Mt 8,17 ; cf. Is 53,4). Il n’a pas guéri tous les malades. Ses guérisons étaient des signes de la venue du Royaume de Dieu. Ils annonçaient une guérison plus radicale : la victoire sur le péché et la mort par sa Pâque. Sur la Croix, le Christ a pris sur Lui tout le poids du mal (cf. Is 53,4-6) et a enlevé “le péché du monde” (Jn 1,29), dont la maladie n’est qu’une conséquence. Par sa passion et sa mort sur la Croix, le Christ a donné un sens nouveau à la souffrance : elle peut désormais nous configurer à Lui et nous unir à sa passion rédemptrice. »

Réception

Tradition juive

15s Lien entre une guérison physique et le pardon des péchés

Propositions de lecture

13–18 Le trait commun aux v.13-18 est la prière, avec insistance sur les cas du malade et du pécheur, puis v.16-18, sur la puissance de celui qui prie bien.

Du petit traité sur la prière dans l'épreuve à l'institution d'un sacrement

La prière

Cette péricope a pour thème central la prière. Après avoir prévenu le lecteur qu'il devait présenter à Dieu sa pétition avec foi, sans éprouver de doute (Jc 1,5-8) ni demander à Dieu ce qui pourrait causer sa perte (Jc 4,2-3), Jc fournit dans cette péricope des exemples de la prière correcte et efficace (Procédés littéraires Jc 5,13–18).

La parole juste

Ayant mis ses lecteurs sérieusement en garde contre la parole incorrecte (p. ex. Jc 5,9.12), Jc donne ici des exemples de la parole juste : soit dans la prière, soit dans les chants.

La maladie et la guérison

Le texte présente un point de vue global sur la maladie et la guérison étroitement associées : d'une part, la maladie physique et la maladie spirituelle (c.-à-d. le péché) ; d'autre part la guérison physique et le pardon des péchés. Le passage établit aussi un lien étroit entre deux autres dimensions : le geste rituel compris comme source de guérison (spirituelle et physique) en cette vie, et la saisie de l'onction et de la prière en tant que préparation à la guérison finale dans la vie éternelle lors de la résurrection. Cet accent reflète donc le thème de l’intégrité que développe le reste de l’épître.

Le sacrement de l’onction des malades

La tradition catholique a développé la richesse du sens de ce passage, allant parfois jusqu'à y trouver l'institution du sacrement de l’onction des malades (Théologie Jc 5,14s). Au cours de l’histoire, la tradition a déployé les différents aspects de l'intégrité abîmée et à restaurer dont traite l’épître de Jacques :

  • guérison spirituelle (Origène ; Jean Chrysostome ; le concile de Trente) ;
  • guérison physique (Césaire d'Arles ; Vatican II, qui rappelle la dimension intégrale de la guérison) ;
  • perspective eschatologique (insistance de la tradition sur la préparation à la vie éternelle qu’offrent les derniers sacrements). Tradition chrétienne Jc 5,14s

Arts visuels

15 la prière de la foi sauvera le patient L'extrême-onction

Classicisme français

L'extrême-onction, ou sacrement des malades, a des fondements scripturaires non seulement dans l'épître de Jacques mais aussi dans les Actes des apôtres ainsi que dans tous les miracles de guérison opérés par Jésus Christ. Le prêtre des toiles de Poussin a d'ailleurs des allures d'apôtre, et on le voit appliquer sur le front ou les mains l'huile bénite, selon le rituel.

Nicolas Poussin (1594-1665), Les Sept Sacrements I : L'Extrême-onction 

(huile sur toile, ca. 1636 - 1640), 95,5 × 121 cm

Collection dal Pozzo, Fitzwilliam Museum, Cambridge (Angleterre, Royaume-Uni) © Domaine public→

Nicolas Poussin (1594-1665), Les Sept Sacrements II : L'Extrême-Onction (huile sur toile, 1644), 117 × 178 cm

Collection du duc de Sutherland, National Gallery of Scotland (mise en dépôt), Édimbourg (Écosse, Royaume-Uni) © Domaine public→

Poussin, représentant majeur du classicisme pictural, réalisa deux séries de Sept sacrements, et par conséquent deux œuvres ayant pour thème le sacrement de l'extrême-onction. Formé à Paris mais surtout actif à Rome, il acheva peut-être la première lors d'un bref séjour parisien en 1640, mais la seconde fut exécutée après son retour en Italie. Les toiles étaient expédiées roulées aux commanditaires français, puis remontées sur châssis et vernies une fois arrivées à destination.