La Bible en ses Traditions

Cantique des cantiques 5,2–6,3

M V
G S

— Je dors, mais mon cœur veille ...

C’est la voix

VVoix  de mon bien-aimé ! Il

Vpréféré qui  frappe :

— Ouvre-moi, ma sœur mon amie ma colombe, ma parfaite

Vmon immaculée ! 

car ma tête est couverte

Vpleine de rosée, les boucles de mes cheveux sont trempées des gouttes de la nuit !

Vdes nuits ! 

2 Le Seigneur frappe Ap 3,20

J’ai ôté

VJe me suis dépouillée de ma tunique : comment la remettre

Vremettrai-je ?

J’ai lavé mes

V me suis lavé les pieds : comment les salirai-je ?

(Mon bien-aimé a passé

Vpréféré tendit la main par le trou de la serrure

Vl'ouverture et  mes entrailles se sont émues sur lui

Vmon ventre trembla à sa touche.

M
G S
V

Je me suis levée pour ouvrir à mon bien-aimé

et de mes mains a dégoutté la myrrhe, de mes doigts la myrrhe exquise, sur la poignée du verrou.

je me levai pour ouvrir à mon préféré

mes mains dégouttèrent de myrrhe, j'avais les doigts pleins de myrrhe surfine

J’ouvre à mon bien-aimé ; mais mon bien-aimé avait disparu, il avait fui.

J’étais hors de moi quand il me parlait.

Je l’ai cherché et ne l’ai pas trouvé ; je l’ai appelé, il ne m’a pas répondu.

Les gardes m’ont rencontrée, ceux qui font la ronde dans la ville

ils m’ont frappée, ils m’ont meurtrie.

le verrou de la porte, je l'ouvris pour mon préféré... Las ! lui s’était dérobé et il était passé !

Mon âme se liquéfia quand il parla

je le cherchai sans le trouver, j'appelai et il ne me répondit pas ;

Ils m’ont enlevé mon manteau, ceux qui gardent la muraille.

ceux qui me trouvèrent ce furent les gardes qui circulent dans la cité :

ils me frappèrent, me blessèrent, m'enlevèrent  mon manteau, les gardes des remparts).

M V
G S

— Je vous adjure, filles de Jérusalem, si vous trouvez mon bien-aimé

Vpréféré, que lui direz-vous ? Que

Vde lui faire savoir que  je languis d’amour !

M
G S
V

— Qu’a donc ton bien-aimé de plus qu’un autre bien-aimé, ô la plus belle des femmes ?

Qu’a donc ton bien-aimé de plus qu’un autre bien-aimé, pour que tu nous conjures de la sorte ?

— Qu'est-il, ton préféré, d'autre qu'un préféré, ô la plus belle des femmes ?

Qu'est-il, ton préféré, d'autre qu'un préféré, qu'ainsi tu nous aies adjurées ?

M V
G S

10 — Mon bien-aimé est frais

Vpréféré ? d'un blanc  et vermeil, il se distingue entre dix

Vd'un rouge éclatants, se distingue entre mille :

10 

M
G S
V

11 Sa tête est de l’or pur

ses boucles de cheveux flexibles comme des palmes sont noires comme le corbeau.

11 ...

11 avec sa tête d'or fin,

ses cheveux tels les spathes des palmiers, noirs comme le corbeau,

12 Ses yeux sont comme des colombes au bord des ruisseaux

se baignant dans le lait, posées sur les rives. 

12 ...

12 ses yeux comme des colombes sur des ruisselets d'eau

lavées au lait, et séjournant près des fleuves les plus abondants,

M V
G S

13 ses joues Msont comme des parterres

Vde petits parterres de baumiers, des carrés de plantes odorantes

Vplantés par des parfumeurs 

ses lèvres Msont des lis, d’où découle la myrrhe la plus pure

V distillant une myrrhe supérieure

13 

13 Les joues Ps 133,2

14 ses mains sont des cylindres d'or 

Vd'or, faites au tour,  émaillés de pierres de Tharsis

Venrichies d’hyacinthes

son ventre Mest un chef-d’œuvre d’ivoire

Véburnéen couvert

Vrehaussé de saphirs

14 

15 ses jambes sont des

Vcuisses, colonnes d’albâtre, posées

Vmarmoréennes fondées sur des bases d’orM pur

il a l'aspect du

Vavec son allure de Liban, élégant comme le cèdre, 

Vélevé comme les cèdres, 

15 

M
G S
V

16 Son palais n’est que douceur et toute sa personne n’est que charme.

Tel est mon bien-aimé, tel est mon ami, filles de Jérusalem.

16 

16 sa gorge des plus suaves, bref, en tout désirable : 

tel est mon préféré, et c'est lui mon ami, filles de Jérusalem !

16 Le bien-aimé 3,1

6,1 Où est allé ton bien-aimé, la plus belle des femmes ?

De quel côté ton bien-aimé s’est-il tourné, pour que nous le cherchions avec toi ?

— Où est parti ton préféré, ô la plus belle des femmes ?

où s'est-il dérobé ? qu'avec toi nous le cherchions ! 

6,2 — Mon bien-aimé est descendu dans son jardin, aux parterres de baumiers, pour se repaître dans les jardins et pour cueillir des lis.

— Mon préféré est descendu dans son jardin vers le parterre d'aromates paître dans les jardins et y cueillir des lis :

2s La bien-aimée et le jardin 4,12-16

6,3 Je suis à mon bien-aimé, et mon bien-aimé est à moi ; il fait paître son troupeau parmi les lis.

moi je suis à mon préféré et mon  préféré est à moi, qui paît parmi les lis !

Réception

Tradition juive

5,2 gouttelettes Traduction Rabbinat (1899) : « Je dors, mais mon cœur est éveillé : c’est la voix de mon bien-aimé ! Il frappe : “Ouvre-moi, ma sœur, ma compagne, ma colombe, mon amie accomplie ; car ma tête est couverte de rosée, les boucles de mes cheveux sont humectées par les gouttelettes de la nuit.” » Paul Vulliaud (1925, traduction commandée pour accompagner les gravures de Kupka) : « Je dors, mais mon cœur veille. J’entends mon Bien-Aimé qui frappe à ma porte. – Ouvre-moi, ma Sœur, mon Aimée, ma Colombe, ma Toute-Belle, car ma tête est couverte de rosée ; mes boucles, de la bruine des nuits ».

5,10 Traduction Rabbinat : « Mon amant est blanc et vermeil » ; Meschonnic : « Mon ami est rayonnant et rouge » ; Chouraqui : « Mon amant, pur et vermeil » (1953) ; « Mon chéri, limpide et rose » (1970) et « mon amant transparent et rouge » (1985).

Texte

Vocabulaire

5,2 couverte Litt. "remplie", "pleine".

Réception

Arts visuels

5,11s Bible hiéroglyphique

Thomas Bewick (1753-1828) et Rowland Hill (1744-1833), → New Hieroglyphical Bible (impression au plomb et gravure sur bois, 1794), 14 cm x 9 cm

Thomas Fisher Rare Book Library, Toronto

© Domaine public - Photo : Dr. Ralph F. Wilson

Philosophie

1,1–8,15 Le Cantique comme symbole de la révélation Rosenzweig Stern (p. 235-242) interprète le caractère dialogal du Ct comme une instance de la structure dialogale de la révélation elle-même.  

  • Une première partie, intitulée « création », décrit une relation non personnelle, en 3e pers. et au passé, entre Dieu et le monde.
  • Au cœur de l'ouvrage, Rosenzweig fait de son commentaire du Ct le fil conducteur de la présentation de ce qu'il appelle « La révélation », c'est-à-dire le passage au « tu » et au présent et ainsi à l'avènement d'une relation personnelle entre Dieu et l'homme. Tout le Ct est un dialogue (à l'exception de Ct 8,6) : il ne dit pas que la révélation est dialogale, il le montre en étant lui-même dialogue et étant presque uniquement cela.

Révélation performée : importance du dialogue

La révélation n'est donc pas pour Rosenzweig la communication d'un ensemble d'informations sur Dieu, mais la naissance d'une relation entre Dieu et l'homme. Le Ct est pur dialogue — sans jamais de passage à la 3e pers. — et histoire au présent. Ces deux caractéristiques sont le fondement de la révélation : le dialogue et le présent.

Il ne s'agit donc plus de parler de la relation entre Dieu et l'homme, comme les prophètes qui décrivaient cette relation à l'aide de la métaphore des noces, mais de faire parler cette relation elle-même.

Révélation lyrique : importance de la subjectivité

Le discours du Ct est donc tout entier porté par la subjectivité.

  • Cela se manifeste par l'importance du « je » sous la forme du je-marqué (’ănî en héb.). Le Ct est le texte biblique qui utilise, proportionnellement à sa taille, le plus ce « je », après le livre du Qo (fréquence de 6,03 emplois pour 1000 mots en Ct, et de 6,50 en Qo).
  • Cela se remarque aussi au fait que les premiers mots du Ct expriment une comparaison : « tes amours sont meilleures que le vin » (Ct 1,2b), c'est-à-dire une appréciation subjective et non un simple constat, auquel cas un comparatif n'eût pas été nécessaire.

Dès le début du texte, la focalisation n'est pas celle d'une narration objective mais celle d'une subjectivité : les choses ne sont pas décrites pour elles-mêmes, l'enjeu est d'emblée perspectiviste. 

Critique de la réception moderne du Cantique

Rosenzweig critique les analyses modernes du Ct (à partir des 18e et 19e s.) qui ont cherché à effacer cette dimension dialogale du texte.

  • Il vise d'abord Herder et Goethe, qui ont fait du Ct un chant d'amour purement humain, prisonniers qu'ils étaient du préjugé que ce qui est humain ne peut être divin et que Dieu ne peut pas aimer. Cependant, leur tentative eut au moins le mérite de conserver cet aspect essentiel du Ct : le fait qu'il s'agisse d'un chant lyrique, de l'expression de deux subjectivités.
  • D'autres tentatives ont suivi, plus condamnables parce qu'elles ont réduit le Ct à un simple récit, narration entre plusieurs personnages : un roi, un berger, une paysanne. Dans ce dernier type d'interprétation le cœur du Ct, à savoir son caractère lyrique, est perdu et l'œuvre demeure incompréhensible.

Musique

5,1–16 Je dors mais mon cœur veille

17e s.

Melchior Franck (1579-1639), Geistliche Gesäng und Melodeyen: No. 3, Ich schlafe, aber mein Herz wachet

Christoph Dittmar (dir.), Cantus Thuringia & Capella

© Licence YouTube Standard→, Ct 5,2

Composition

Melchior Franck est un compositeur allemand de la Renaissance tardive et du début de l'époque baroque. Il composa plus de quarante livres de motets, dont cette œuvre sur le Cantique des Cantiques: « Je dors, mais mon cœur veille ».

5,6 Mon âme a fondu

17e s.

Heinrich Schütz (1585-1672), Symphoniae sacrae I, Op. 6: No. 7, Anima mea liquefacta est, SWV 263, 1629

Hans-Christoph Rademann (dir.), Tobias Mäthger, Georg Poplutz

© Licence YouTube Standard→, Ct 5,6

Paroles

Anima mea liquefacta est, ut dilectus locutus est. Quaesivi et non inveni illum; vocavi et non respondit mihi. Invenerunt me custodes civitatis, percusserunt me et vulneraverunt me. Tulerunt pallium meum custodes murorum. Filiae Hierusalem, nuntiate dilecto quia amore langueo.

1,4.7.15 ; 2,8.16 ; 4,1–7.10 ; 5,8 ; 8,6 Niets dan liefde (Rien d'autre que l'amour)

21e s.

Kris Oelbrandt, OCSO (1972-), Niets dan liefde (Oratorio du printemps op.23), 2011

Marie de Roy (sopr), Aldo Platteau (bar), Ensemble Sturm und Klang (dir. Thomas van Haeperen)

© Kris Oelbrandt→, Ct 1,4.7.15.2,8.16.4,1-7.10.5,8.8,6 Mc 14,22 Mt 26,26 Lc 22,19 1Co 13,7s

Composition

Cette Cantate est composée pour le quatrième dimanche du carême sur l'amour. Elle est constituée de deux parties: la première décrit l'amour entre l'homme et Dieu comme un amour entre humains, la deuxième fait apparaître l'amour entre Dieu et l'homme dans l'eucharistie et le don de soi. La première partie est inspirée du Cantique des cantiques. Dans la deuxième partie, le Récit de l'Institution est superposé par un poème de Hans Andreus, qui se traduit en français par: « Je te préfère au pain, bien qu'on dit que c'est impossible, et bien que ce soit impossible ». Un fragment de la Prière de Charles de Foucauld et du cantique de l'amour (1Co 13,8a.7) concluent la cantate.

5,8 malade d'amour Une chanson célèbre Écrite avec l’aide du grand parolier français Yves Dessca, cette hymne à l’amour s’inspire directement du Ct et spécialement de Ct 5,8 pour exalter la beauté, les merveilles mais aussi les déchirements que l’amour peut susciter.

Michel Sardou et Yves Dessca (paroles), Jacques Revaux (mus.) La maladie d’amour, 1973, Mercury Music Group, © Licence YouTube standard

Paroles
  • Elle court, elle court — La maladie d'amour — Dans le cœur des enfants — De sept à soixante dix-sept ans — Elle chante, elle chante — La rivière insolente — Qui unit dans son lit — Les cheveux blonds, les cheveux gris — Elle fait chanter les hommes et s'agrandir le monde —— Elle fait parfois souffrir tout le long d'une vie — Elle fait pleurer les femmes, elle fait crier dans l'ombre — Mais le plus douloureux, c'est quand on en guérit ——R/ Elle court, elle court, etc —— Elle surprend l'écolière sur le banc d'une classe — Par le charme innocent d'un professeur d'anglais — Elle foudroie dans la rue cet inconnu qui passe — Et qui n'oubliera plus ce parfum qui volait —— R/ Elle court, elle court, etc.

Arts visuels

6,1 Où est parti ton bien-aimé (= V : 5,17)

Expressionnisme allemand

Egon Tschirch (1889-1948), Cantique des Cantiques, étude E (tempera sur carton, 1923), 64 x 47 cm

Kunsthalle Rostock→ (Allemagne) © CC BY-SA 3.0 de→

Composition

Le Cantique des Cantiques - en allemand Das Hohelied Salomos - est le titre d'un cycle d'images expressionnistes du peintre allemand Egon Tschirch. L'artiste interprète les textes du Cantique des cantiques. Le cycle a été créé en 1923 à Rostock et contient environ 50 images, dont 27 ont été redécouvertes en 2015.

Contexte

Milieux de vie

1,13 ; 3,6 ; 4,6.14 ; 5,1.5.13 myrrhe FLORE Arbre à myrrhe (basalmier)

Illustration botanique de Commiphora myrrha (arbre à myrrhe ou basalmier) de Müller (1833-1887) 

  Köhler's Medizinal-Pflanzen Franz Eugen Köhler, 1887 © Domaine public→

Ex 30,23 ; Ex 30,23 ; M, G – Est 2,12 ; Ps 45,9 ; Pr 7,17 ; Ct 1,13 ; 3,6 ; 4,6.14 ; 5,1.5.13 ;  M – Si 24,15 ; Mt 2,11 ; Mc 15,23 ; Jn 19,39 ; Ap 18,13 

Identification

La myrrhe est « môr » en hébreu et « smurna » en grec. Le mot « muron » en grec qui généralement est traduit par « huile parfumée » ( Ex 30,25 ; 1Ch 9,30 ; 2Ch 16,14 ; Jdt 10,3 ; Ps 132,2 ; Pr 27,9 ; Ct 1,3-4 ; Ct 4,14 ; Am 6,6 ; Is 39,2 ; Ez 27,17 ; Mt 26,7.12 ; Mc 14,3-5 ; Lc 7,37-38.46 ; Lc 23,56 ; Jn 11,2 ; 12,3.5.) est traduit par « myrrhe» en Ap 18,13. Il s'agirait probalement d'une huile à base de myrrhe et d'autres aromates (cf. Ct 4,14).

Classification
  • Famille : burseraceae
  • Genre : commiphora
  • Espèce : myrrha
Localisation

Originaire d’Afrique de l’Est (Éthiopie, Somalie) et du sud de l’Arabie (Yémen, Oman).

Description
  • Arbuste de 3 à 5 m de haut aux branches noueuses et anguleuses dotées d’épines.
  • Ses petites feuilles ovales vertes sont caduques et aromatiques.
  • Ses fleurs blanches ou rouges-orangées apparaissent en été.
  • De ses nœuds suinte, sous forme de larmes jaunes, une résine aromatique que l’on appelle « myrrhe » ; ce nom vient de l’akkadien murru qui signifie « amère ».
Usages
Médical et cosmétique
  • En médecine, dès l’Antiquité, la myrrhe était réputée pour apaiser la douleur et pour son action anti-inflammatoire. Les Grecs utilisaient la myrrhe pour nettoyer les plaies des soldats. Elle était utilisée en gargarisme pour éviter les inflammations de la bouche.
  • Jérôme Commentariorum in Matthaeum 27,48  t.26, col.212  affirme que le breuvage donné à Jésus sur la croix, un vin mêlé de myrrhe (Mc 15,23), avait pour but d’alléger les douleurs du crucifié.
  • En huile, elle servait pour la toilette des femmes (Est 2,12).
Cultuel
  • Parfum pour l’embaumement (Hérodote Historiae 2,86 ), elle est employée en Égypte mais aussi chez les Juifs (cf. Jn 19,39).
  • Elle est brûlée comme encens dans les temples.
  • La myrrhe entrait dans la composition de l’onction sainte (Ex 30,23). Aujourd’hui elle entre dans la composition du saint-chrême.
Histoire
  • Selon les archives royales assyriennes, au 9e siècle av. J.-C., la myrrhe venue d’Arabie par caravane était vendue dans des villes sur les bords de l’Euphrate.
  • Hérodote Historiae 7,181 rapporte que Pythès, membre de l’armée navale de Xerxès, tombé à demi-mort entre les mains des Perses, fut soigné avec de la myrrhe. 

 Myrrhe

Photo : Leo_65 / 319 Bilder de Pixabay (2014) © Domaine public

Symbolique
Souffrance

En raison de son goût amer et de son efficacité pour soigner et apaiser les blessures, la myrrhe évoque la souffrance.

Mort

Parce qu’elle sert à l’embaumement, elle est associée à la mort.

Humanité

Les deux précédents symboles manifestant la vulnérabilité de la nature humaine, la myrrhe devient aussi symbole d’humanité.

Royauté

Ce parfum précieux était généralement réservé à l’embaumement des rois.

Amour

Comme l’amour, la myrrhe dégage un parfum envoûtant et puissant. (Ps 45,9 et Ct 1,13)

Le prénom de Marie « Mariam » ou « Myriam » signifie « mer de myrrhe » ou « mer d'amertume».

Réception

Liturgie

5,1–16 LITURGIE JUIVE Un chant pascal Le Cantique est lu après la amida durant la semaine de Pessach. Le choix serait motivé par la mention des chars de Pharaon en Ct 1,9 où l'on voit une allusion à l'Exode.  

TraditionnelMegillat Shir HaShirim, c.5 lu par Abraham Shmuelof (1913-1994), Maison Saint-Isaïe des Dominicains, Jérusalem, années 1970

Audio Scriptures International (numérisation) ; Mechon Mamre→ (mise en ligne)  © Sœurs du Carmel (enregistrements originaux)

Abraham Shmuelof né en 1913 dans le quartier Meah Shearim de Jérusalem, dernier de seize enfants dans une grande famille juive ultraorthodoxe de Bucharan qui avait émigré de Perse à la fin du 19e siècle devint une figure légendaire à Jérusalem, passant du statut de juif ultraorthodoxe au catholicisme romain, moine trappiste, bénédictin, retournant aux trappistes et enfin servant dans l'Église gréco-catholique de Galilée. Dans les années 1970, il trouva sa place à « La Maison Saint-Isaïe » fondée à Jérusalem par les Dominicains français, où il collabora au développement d'une liturgie catholique hébréophone avec le P. Jacques Fontaine. C'est à cette époque qu'il se chargea de la tâche d'enregistrer l'intégralité du Tanakh en hébreu.

6,1–13 LITURGIE JUIVE Un chant pascal    Le Cantique est lu après la amida durant la semaine de Pessach. Le choix serait motivé par la mention des chars de Pharaon en Ct 1,9 où l'on voit une allusion à l'Exode.   

TraditionnelMegillat Shir HaShirim, c.6 lu par Abraham Shmuelof (1913-1994), Maison Saint-Isaïe des Dominicains, Jérusalem, années 1970

Audio Scriptures International (numérisation) ; Mechon Mamre→ (mise en ligne)  © Sœurs du Carmel (enregistrements originaux)

Abraham Shmuelof né en 1913 dans le quartier Meah Shearim de Jérusalem, dernier de seize enfants dans une grande famille juive ultraorthodoxe de Bucharan qui avait émigré de Perse à la fin du 19e siècle devint une figure légendaire à Jérusalem, passant du statut de juif ultraorthodoxe au catholicisme romain, moine trappiste, bénédictin, retournant aux trappistes et enfin servant dans l'Église gréco-catholique de Galilée. Dans les années 1970, il trouva sa place à « La Maison Saint-Isaïe » fondée à Jérusalem par les Dominicains français, où il collabora au développement d'une liturgie catholique hébréophone avec le P. Jacques Fontaine. C'est à cette époque qu'il se chargea de la tâche d'enregistrer l'intégralité du Tanakh en hébreu.

Texte

Critique textuelle

6,1–12 V Numérotation des versets Dans les éditions de V, Ct 6,1 est considéré comme le dernier v. du ch. 5 (V—Ct 5,17  =  MSG—Ct 6,1). D'où un décalage d'une unité dans tout le chapitre (MSG—Ct 6,2 = V Ct 6,1, etc.).

© CC-BY-SA-4.0

Réception

Tradition chrétienne

6,2 Mon préféré est descendu dans son jardin + paître, cueillir (V)  TYPOLOGIE mariale de la préférée...

... tout au long du Cantique

Le maître de saint Augustin est le premier commentateur à voir dans l’Épouse une image de la Vierge Marie : Ct 7,1-3, (description du nombril et du sein de la Bien-Aimée) évoque selon lui les mystères de la naissance du Christ. 

  • Ambroise de Milan Inst. virg. 89-92,94  « Que de belles choses aussi ont été prophétisées de Marie sous la figure de l’Église à condition de considérer non pas les membres du corps, mais les mystères de son enfantement ; car il lui est dit : « Le modelé de tes jambes ressemble à des colliers, ouvrage d’un artiste. Ton nombril est une coupe façonnée au tour, où le vin ne manque pas. Ton sein est comme un monceau de blé entouré de lis » (Ct 7,1-3) ; car, en lui, il contient la naissance du Christ, né de la Vierge, en tous […]. 90. Et le sein de Marie est réellement une coupe façonnée au tour (Ct 7,2), où résidait la Sagesse qui a préparé son vin dans une coupe (Pr 9,2.5), en nous versant cette grâce intarissable, la sainte connaissance de la plénitude de sa divinité. 91. Dans le sein de la Vierge il y avait en même temps un monceau de blé et la beauté de la fleur de lis (Ct 7,3), car elle engendrait et le grain de blé et le lis ; le grain de blé, selon l’Écriture : « En vérité, en vérité je vous le dis, si le grain de blé ne tombe en terre et ne meurt, il demeure seul » ; mais comme de l’unique grain de blé a germé un monceau de blé, la prophétie s’est accomplie : « Les vallées auront du blé en abondance » (Ps 64,14) […] 92. Qu’il y ait aussi dans ce grain un lis, les oracles divins en témoignent ; car il est écrit : « Je suis la fleur des champs et le lis des vallées, tel un lis au milieu des épines » (Ct 2,1-2). Le Christ était au milieu des épines lorsqu’il était au milieu des juifs. […] 94. Donc le sein de Marie a déposé en ce monde le monceau de blé garni de lis, lorsque d’elle est né le Christ. »

Ambroise est l'exception. Après lui, seuls Juste d’Urgell (6e s.) puis Paschase Radbert (9e s.) reprirent l'interprétation mariale, avant qu'elle ne se popularise après le 12e s. (Honorius d’Autun, Rupert de Deutz et Alain de Lille).

... dans ce verset

C'est Juste qui est le premier a donner une interprétation mariale de ce verset :

  • Juste d’Urgell (?-546), Explanatio in Cantica § 132 « Mon Bien-Aimé est descendu à son jardin, aux parterres embaumés. Il est descendu à son jardin quand il a visité lors de sa venue son peuple Israël, comme il le dit lui-même : '—Je n’ai été envoyé que pour les brebis perdues de la maison d’Israël'. Quant aux parterres embaumés, nous considérons qu’il faut comprendre la Sainte Vierge Marie en personne ; car c’est d’elle que nous est née l’odeur de justice, le Seigneur Jésus Christ. » (Cf. Juste d’Urgell, Explanatio in Cantica canticorum. Un vescovo esegeta nel regno visigoto, texte latin, introd., trad. ital. et comm. par R. Guglielmetti (Per verba 27), Florence : Edizioni del Galluzzo, 2011). 

Anonyme, Incipit d'un office de la Vierge, avec une scène de Nativité (pigment à la détrempe et or sur vellum, ca 1430, Rennes, France), 20,5 x15 cm, enluminure, dans le Livre d’heures de Marguerite d’Orléans, Latin 1156B, f.75r

Bibliiothèque nationale de France © Domaine public→

Des premières lettres du texte jaillit une végétation profuse : la page entière se transforme en jardin, où les oiseaux du ciel aux ailes remployées ont trouvé leur refuge (cf. Mt 13,31-32) et où poussent des fleurs hautement symboliques du mystère de Marie, la préférée, qui accueille son préféré dans le sein de sa vie virginale : les marges font écho à la scène centrale, la Nativité, où un petit séraphin aux ailes rouges présente à la Vierge Marie, comme pour mettre en abîme le contemplateur de cette page, un petit livre où se lit le Gloria.

Remarquer en particulier les ancolies, avec leurs pétales dont la forme s’apparente à des colombes au cou gracile (de là vient son nom anglais de columbine). Par analogie, l'ancolie symbolise l’Esprit-Saint. Le nombre de ses pétales, cinq, lui vaut aussi le surnom de « doigts de Notre-Dame. »