La Bible en ses Traditions

Cantique des cantiques 1,4–5 ; 2,10.14

M
G S
V

Entraîne-moi après toi ; courons !

Le roi m’a fait entrer dans ses appartements  ;

nous tressaillirons, nous nous réjouirons en toi :

nous célébrerons ton amour plus que le vin.

Qu’on a raison de t’aimer ! 

tire-moi après toi, courons !)

le roi m'a introduite en ses celliers !

(nous exulterons et nous réjouirons en toi :

se souvenant mieux de tes seins que du vin, les hommes droits s'attachent à toi)

Je suis noire mais belle, filles de Jérusalem

comme les tentes de Cédar, comme les pavillons de Salomon.

je suis noire mais aussi ravissante, filles de Jérusalem,

comme les tentes de Cédar, comme les peausseries de Salomon

M V
G S

2,10 Mon bien-aimé

Vet mon préféré a pris la parole, il m’a dit

Vme dit :

— Lève-toi,

V— Lève-toi, vite, mon amie, ma belle

Vjolie et viens !

10 

2,14 ma colombe dans la fente

Vles trous du rocher, dans l’abri des parois escarpées

Vla cavité de la muraille,

montre-moi ton visage,

fais-moi entendre ta voix

Vque résonne ta voix dans mes oreilles

Mcar ta voix est douceV, en effet, et Vpoli ton visage Mcharmant !

14 

Réception

Comparaison des versions

1,1–15 M G | V (Numérotation des versets) M et G incluent le titre du livre dans la numérotation des versets, contrairement à V. Il en résulte un décalage systématique d'un verset (en moins) de V par rapport à M et G.

  • M = 6,1 // V : 5,17 (dernier verset du chapitre), ce qui explique le décalage dans la numérotation des versets (M :  6,2 // V : 6,1, etc.)
  • M : 7,1 // V : 6,12.

Texte biblique

1,4a Entraîne-moi

Contre mon gré

  • Bernard de Clairvaux Serm. Cant. 21 : Dans sa faiblesse l’épouse demande à être entraînée même « contre son gré » afin de suivre l’Epoux « de son plein gré » (21,9). L’épreuve la contraint, la visite intérieure la console et attire à sa suite les jeunes filles stimulées, non par leurs mérites, mais à l’odeur de la miséricorde.

Prière de l'Église

  • Bède le Vénérable In Cant. : L’Église prend la parole pour porter la prière des convertis d’après l’Incarnation, leur désir de suivre le Christ jusqu’aux cieux.

Texte

Vocabulaire

1,4 appartements Chambre de stockage, chambre intime

  • Chrétien Espace Vocabulaire Mt 6,6 « Nous retrouvons l'ambiguité du mot grec tamieion, présent dans G, comme nom du lieu où le roi introduit la fiancée (qui est la locutrice). Saint Jérôme dans V traduit par « celliers » (cellaria), mais d'autres traductions latines parlaient bien de « chambre », comme plus tard Luther (Kamer) ou la version dite de King James (chambers). [Pope 1977 303] précise que le mot hébreu heder, comme son correspondant arabe, signifie la partie privée d'un lieu d'habitation, par exemple la section d'une tente où l'on se retire, fermée par un rideau, voire une chambre dans une chambre, une chambre secrète : rien n'indique, précise-t-il, malgré des traductions anciennes, qu'il s'agisse d'une resserre ou d'un lieu de stockage ! » (48)

Réception

Tradition chrétienne

1,4 Le roi m’a fait entrer dans ses appartements Chambre du Roi, chambre du cœur Origène relie la chambre où entre l'Épouse à la chambre où, dans Mt 6,5s, Jésus nous invite à entrer en fermant la porte lorsqu'on prie (Tradition chrétienne Mt 6,5s ; Philosophie Mt 6,5s ; Philosophie) :

  • Origène Comm. Ct 1,10 « Comme le Roi a une chambre où il introduit la Reine, son Épouse, de même l'Épouse aussi a sa chambre ; là, une fois entrée, elle est invitée par le Verbe de Dieu à fermer la porte et, ainsi enfermées toutes ses richesses dans cette chambre, invitée à prier le Père qui voit dans le secret [Mt 6,6], et qui regarde quels grands trésors, à savoir les vertus de l'âme, l'Épouse aura mis en réseve dans sa chambre, pour qu'à la vue de ses richesses il lui donne tout ce qu'elle demande ; en effet, à quiconque a, on donnera [Mt 25,29]. » (t.1, 246)

V. le même approchement chez Ambroise de Milan Exp. Ps. 118 2,29, Ambroise de Milan Inst. virg. 1,5.

Philosophie

1,4 Le roi m’a fait entrer dans ses appartements Entrer dans la chambre du Roi, entrer dans la chambre de son cœur — identité et différence entre extase et introspection mystiques

  • Chrétien Espace « Cet oratoire qu'est la chambre du cœur [Mt 6,5s Philosophie Mt 6,5s] n'est pas en lui-même mystique, il est celui de toute prière vraie, quelle qu'elle soit. Mais il est condition de la vie mystique, et le deviendra souvent lorsqu'il sera mis en relation avec une autre « chambre » biblique, celle du Cantique des cantiques. […] Est-ce que la chambre du Roi et la chambre de la Reine sont vraiment des lieux distincts ? Quand Dieu vient y habiter, est-ce que toute chambre, et ici celle de notre intériorité, ne devient pas sa chambre, du fait de la dissymétrie et de sa hauteur ? C'est assurément une question. Mais il convient de privilégier, dans cette topique, la dynamique et le sens des mouvements : phénoménologiquement, il n'est pas identique d'aller chez l'Autre, ou que l'Autre vienne chez moi. Que ma propre intériorité soit agrandie, dilatée, éclairée, magnifiée par un hôte sans mesure supérieur à ce que je suis forme assurément une autre possibilité que celle où je sors de moi, quitte mon lieu propre, pour être introduit dans ce que Dieu a de plus secret. » (49-50)

1,1–8,15 Le Cantique comme symbole de la révélation Rosenzweig Stern (p. 235-242) interprète le caractère dialogal du Ct comme une instance de la structure dialogale de la révélation elle-même.  

  • Une première partie, intitulée « création », décrit une relation non personnelle, en 3e pers. et au passé, entre Dieu et le monde.
  • Au cœur de l'ouvrage, Rosenzweig fait de son commentaire du Ct le fil conducteur de la présentation de ce qu'il appelle « La révélation », c'est-à-dire le passage au « tu » et au présent et ainsi à l'avènement d'une relation personnelle entre Dieu et l'homme. Tout le Ct est un dialogue (à l'exception de Ct 8,6) : il ne dit pas que la révélation est dialogale, il le montre en étant lui-même dialogue et étant presque uniquement cela.

Révélation performée : importance du dialogue

La révélation n'est donc pas pour Rosenzweig la communication d'un ensemble d'informations sur Dieu, mais la naissance d'une relation entre Dieu et l'homme. Le Ct est pur dialogue — sans jamais de passage à la 3e pers. — et histoire au présent. Ces deux caractéristiques sont le fondement de la révélation : le dialogue et le présent.

Il ne s'agit donc plus de parler de la relation entre Dieu et l'homme, comme les prophètes qui décrivaient cette relation à l'aide de la métaphore des noces, mais de faire parler cette relation elle-même.

Révélation lyrique : importance de la subjectivité

Le discours du Ct est donc tout entier porté par la subjectivité.

  • Cela se manifeste par l'importance du « je » sous la forme du je-marqué (’ănî en héb.). Le Ct est le texte biblique qui utilise, proportionnellement à sa taille, le plus ce « je », après le livre du Qo (fréquence de 6,03 emplois pour 1000 mots en Ct, et de 6,50 en Qo).
  • Cela se remarque aussi au fait que les premiers mots du Ct expriment une comparaison : « tes amours sont meilleures que le vin » (Ct 1,2b), c'est-à-dire une appréciation subjective et non un simple constat, auquel cas un comparatif n'eût pas été nécessaire.

Dès le début du texte, la focalisation n'est pas celle d'une narration objective mais celle d'une subjectivité : les choses ne sont pas décrites pour elles-mêmes, l'enjeu est d'emblée perspectiviste. 

Critique de la réception moderne du Cantique

Rosenzweig critique les analyses modernes du Ct (à partir des 18e et 19e s.) qui ont cherché à effacer cette dimension dialogale du texte.

  • Il vise d'abord Herder et Goethe, qui ont fait du Ct un chant d'amour purement humain, prisonniers qu'ils étaient du préjugé que ce qui est humain ne peut être divin et que Dieu ne peut pas aimer. Cependant, leur tentative eut au moins le mérite de conserver cet aspect essentiel du Ct : le fait qu'il s'agisse d'un chant lyrique, de l'expression de deux subjectivités.
  • D'autres tentatives ont suivi, plus condamnables parce qu'elles ont réduit le Ct à un simple récit, narration entre plusieurs personnages : un roi, un berger, une paysanne. Dans ce dernier type d'interprétation le cœur du Ct, à savoir son caractère lyrique, est perdu et l'œuvre demeure incompréhensible.

1,5a Noire je le suis, et ravissante aussi Coïncidence de la conscience d'être aimé et de la découverte de la capacité d'aimer

  • Rosenzweig Stern : L'âme aimée se découvre en même temps noire et belle, c'est-à-dire à la fois aimée et pécheresse. En effet, l'âme qui est aimée et qui prend conscience de cet amour prend aussi conscience du fait qu'avant cela elle n'aimait pas, qu'elle n'était qu'un soi égoïste enfermé en lui-même. Elle reconnaît alors à la fois ce qu'elle a été et ce qu'elle n'est dorénavant plus, « elle ne peut reconnaître son amour qu'en reconnaissant en même temps sa faiblesse et en répondant [...] : "j'ai péché" » (213).

Arts visuels

1,5a ; 2,13c Noire, je le suis, mais ravissante + Lève-toi, mon amie, ma belle — (V) Inscription médiévale Un médaillon sculpté au 12e s. dans l’église abbatiale de Vézelay (3e arcade sud, CIFM 21,239) montre la compilation et la réinterprétation poétique de deux versets du Ct au Moyen Âge (Ct 1,5 et Ct 2,13 V : nigra sum sed formo[n]sa... surge amica mea speciosa mea).

Anonyme, Allégorie de l'Église, (sculpture sur pierre, 12e s.), diam. 40 cm, médaillon, arc doubleau

Vézelay, Basilique Sainte-Marie-Madeleine, Vézelay (France)

photo Sébastien Biay © CIFM

  • Le vers Su(m) modo fumosa, sed ero post hec speciosa (« je suis maintenant enfumée, mais après cela je serai d’une grande beauté ») est gravé tout autour de la représentation de l’Église, sous les traits d’une femme couronnée, portant une bannière dans une main et la représentation d’une église dans l’autre. Cet hexamètre léonin rapproche par la rime -osa deux termes antithétiques, à la manière du v.5a (nigra/formosa), tout en reprenant la même syntaxe (sumsed…).

Les interprétations divergent pour comprendre le sens de ce médaillon :

  • une allusion à l’incendie de 1120 qui détruisit la nef carolingienne et fit plus d’un millier de victimes ? L'emplacement du médaillon serait un memento topographique de l'événement et le verset biblique donnerait alors voix à l'église en tant que bâtiment, et non comme institution ou corps mystique ;
  • une représentation de la Reine de Saba, symbole de l’Église et qui dans un manuscrit de l’Hortus deliciarum (encyclopédie chrétienne réalisée par les moniales du mont Saint-Odile, 3e quart du 12e s.) est accompagnée des mêmes termes ? Aux fol. 209 a et b, elle offre des présents à Salomon, avec ces mots : Sibilla ecclesia nigra est persecutionibus, sed formosa virtutibus, myrrha id est mortificatione viciorum et thure id est oratione fumosa.

Musique

2,1–17 Le Cantique des Cantiques

Le Cantique des cantiques illustré dans un film :

Keeping Mum (Secrets de famille) (2005), Niall Johnson, Niall Johnson ; Richard Russo, Dickon Hinchlife

Licence YouTube standard→

Rowan Atkinson, alias Mr Bean et Kristin Scott Thomas, dans Secrets de famille de Niall Johnson (2006). Un homme regarde sa femme faire sa toilette tandis que le narrateur déclame un hymne composé à partir des versets du Cantique des Cantiques.

2,1–11 Je suis le narcisse de Saron

18e s.

William Billings (1746-1800), I am the rose of Sharon, 1778 

Ross W. Duffin (dir.), Quire Cleveland

© Licence YouTube standard→, Ct 2,1-11

Paroles

I am the Rose of Sharon and the lily of the valleys. As the Lily among the thorns, so is my Love among the Daughters. As the Apple tree, among the trees of the wood, so is my Beloved among the Sons. I sat down under his shadow with great delight, And his fruit was sweet to my taste, taste. He brought me to the Banqueting House, His Banner over me was Love. Stay me with Flagons, Comfort me with Apples, for I am sick, sick of Love. I charge you, O ye Daughters of Jerusalem, by the Roes and by the Hinds of the Field, that you stir not up nor Awake, Awake my Love till he please. The voice of my Beloved, Behold, he cometh, Leaping upon the mountains, skipping upon the Hills. My Beloved spake and said unto me: rise up, my Love, my fair one, and come away, for Lo, the Winter is past, the rain is over and gone. (Ct 2,1-11)

Compositeur

William Billings (né à Boston le 7 octobre 1746, mort dans cette même ville le 26 septembre 1800) est un compositeur américain de musique chorale, et est considéré comme le père de la musique chorale américaine. À l'origine tanneur de métier et autodidacte, Billings a créé ce qui est maintenant reconnu comme un style spécifiquement américain de la musique vocale.

2,10–14 Lève-toi mon amie

21e s.

Stephen Paulus (1949-2014), Arise My Love, 2004

Northwest Tower Choir

© Licence YouTube standard→, Ct 2,10-14

Paroles

My beloved spake, and said unto me, Rise up, my love, my fair one, and come away. For, lo, the winter is past, the rain is over and gone; The flowers appear on the earth; the time of the singing of birds is come, and the voice of the turtle is heard in our land; The fig tree putteth forth her green figs, and the vines with the tender grape give a good smell. Arise, my love, my fair one, and come away. O my dove, that art in the clefts of the rock, in the secret places of the stairs, let me see thy countenance, let me hear thy voice; for sweet is thy voice, and thy countenance is comely. (Ct 2,10-14)

Compositeur

Stephen Paulus est un compositeur américain, connu pour ses opéras et sa musique chorale. Son catalogue d'œuvres comprend plus de 350 pièces touchant à plusieurs genres, dont la musique chorale, l'orchestre, la voix seule, etc.

2,10–13 Mon bien-aimé a parlé

20e s.

Patrick Arthur Sheldon Hadley (1899-1973), My beloved spake, 1938

Andrew Lumsden (dir.), Choir of Winchester Cathedral

© Licence YouTube standard→, Ct 2,10-13

Paroles

My beloved spake, and said unto me, Rise up, my love, my fair one, and come away. For, lo, the winter is past, the rain is over and gone; The flowers appear on the earth; the time of the singing of birds is come, and the voice of the turtle is heard in our land; The fig tree putteth forth her green figs, and the vines with the tender grape give a good smell. Arise, my love, my fair one, and come away. (Ct 2,10-13)

Compositeur

Patrick Hadley est un compositeur, chef d'orchestre et pédagogue anglais. Ses compositions — principalement de la musique vocale —, influencées par Frederick Delius, sont d'un romantisme tardif, telles la ballade symphonique The Trees So High (pour baryton, chœurs et orchestre, 1931) et les cantates The Hills (pour soprano, ténor, chœurs et orchestre, 1944) et Lenten Meditations (pour ténor, baryton, chœurs et orchestre, 1962).

17e s.

Henry Purcell (1659-1695), My Beloved Spake Z.28, 1677

Paul McMreesh (dir.), Gabrieli Consort

© Licence YouTube standard→, Ct 2,10-13.16

Paroles

My beloved spake, and said unto me, Rise up, my love, my fair one, and come away. For, lo, the winter is past, the rain is over and gone; The flowers appear on the earth; the time of the singing of birds is come, and the voice of the turtle is heard in our land; The fig tree putteth forth her green figs, and the vines with the tender grape give a good smell. Arise, my love, my fair one, and come away. My beloved is mine, and I am His. (Ct 2,10-13.16)

Composition

"My Beloved Spake" a été composé au plus tard en 1677 — dans la 18e année de Purcell. Étonnante dans son assurance technique, délicieuse dans la fraîcheur printanière de son invention musicale, et magnifiquement lucide dans sa construction, avec sa symphonie d'ouverture répétée à mi-chemin de la succession des mouvements vocaux, elle n'est pas moins remarquable que les œuvres adolescentes de Mozart.

2,13s Au côté

17e s.

Dieterich Buxtehude (1637/1639-1707), Membra Jesu Nostri - BuxWV 75 - (4) Ad latus, 1680

René Jacobs (dir.), Schola Cantorum Basiliensis

© Licence YouTube standard→, Ct 2,13s

Paroles

IV. Ad latus 1. Sonata 2. Concerto (SSATB) Surge, amica mea, speciosa mea, et veni, columba mea inforaminibus petrae, in caverna maceriae (Ct 2,13-14) 3. Aria (Soprano 1) Salve latus salvatoris, in quo latet mel dulcoris, in quo patet vis amoris, ex quo scatet fons cruoris, qui corda lavat sordida 4. Aria (ATB) Ecce tibi apropinquo, parce, Jesu, si delinquo, verecunda quidem fronte, ad te tamen veni sponte scrutari tua vulnera 5. Aria (Soprano 2) Hora mortis meus flatus intret Jesu, tuum latus, hinc ex pirans in te vadat, ne hunc leo trux invadat, sed apud te permaneat 6. Concerto (da capo: Surge amica mea)

IV. Au côté 1. Sonata ; 2. Concerto : Lève-toi, mon amie, / ma belle, et viens, / ma colombe qui te tiens dans les fentes du rocher / dans l'abri des parois escarpées ; 3. Aria (Soprano 1) : Je te salue, flanc du sauveur / en lequel repose le miel de douceur / en lequel paraît la force de l'amour / duquel s'échappe une source sanglante / qui lave les cœurs souillés ; 4. Aria (Alto + Ténor + Basse) Voici que je m'approche de toi / épargne-moi, Jésus, si je pèche / malgré le rouge qui me monte au front / je suis pourtant venu de moi-même à toi / pour étudier tes blessures ; 5. À l'heure de la mort que mon souffle / entre, Jésus, en ton flanc / et y expire, / afin que le lion féroce ne l'attaque pas, / mais qu'il demeure près de toi.

Composition

Membra Jesu nostri (en français « les membres de notre Jésus »), BuxWV 75, est un cycle de sept cantates composées par Dietrich Buxtehude, sur des poésies spirituelles du Moyen Âge, déplorant l'une après l'autre les plaies du Christ.

Liturgie

2,10–14 Les fleurs ont paru sur la terre Graduel

« Flores »

Traditionnel, Graduel - Flores

Chœur des moines de l’abbaye Sainte-Madeleine du Barroux

© Abbaye du Barroux→, Ct 2,10-14

Messe de Notre-Dame de Lourdes le 11 février.

Musique

1,4.7.15 ; 2,8.16 ; 4,1–7.10 ; 5,8 ; 8,6 Niets dan liefde (Rien d'autre que l'amour)

21e s.

Kris Oelbrandt, OCSO (1972-), Niets dan liefde (Oratorio du printemps op.23), 2011

Marie de Roy (sopr), Aldo Platteau (bar), Ensemble Sturm und Klang (dir. Thomas van Haeperen)

© Kris Oelbrandt→, Ct 1,4.7.15.2,8.16.4,1-7.10.5,8.8,6 Mc 14,22 Mt 26,26 Lc 22,19 1Co 13,7s

Composition

Cette Cantate est composée pour le quatrième dimanche du carême sur l'amour. Elle est constituée de deux parties: la première décrit l'amour entre l'homme et Dieu comme un amour entre humains, la deuxième fait apparaître l'amour entre Dieu et l'homme dans l'eucharistie et le don de soi. La première partie est inspirée du Cantique des cantiques. Dans la deuxième partie, le Récit de l'Institution est superposé par un poème de Hans Andreus, qui se traduit en français par: « Je te préfère au pain, bien qu'on dit que c'est impossible, et bien que ce soit impossible ». Un fragment de la Prière de Charles de Foucauld et du cantique de l'amour (1Co 13,8a.7) concluent la cantate.

Liturgie

2,14 Montre-moi ton visage - Alleluia

Alleluia « Ostende mihi »

Traditionnel, Alleluia - Ostende mihi

Chœur des moines de l’abbaye Sainte-Madeleine du Barroux

© Abbaye du Barroux→, Ct 2,14

Alleluia chanté à la Messe de la fête de Notre-Dame de Lourdes le 11 février.

Contexte

Milieux de vie

1,6–14 ; 2,13ss Vigne FLORE Vitis vinifera

Vigne près de Nahal Ilan (Israël)

Photo : M.R. Fournier (avril 2022) © BEST AISBL

Vigne: Gn 9,20 ; 40,9-11 ; 49,11-12 ; Ex 22,4 ; 23,11 ; Lv 19,10.19 ; 25,3 ; Nb 6,4 ; 13,23 ; 20,5.17 ; 21,22 ; 22,24 ; Dt 6,11 ; 8,8 ; 20,6 ; 22,9 ; 23,24 ; 24,21 ; 28,30.39 ; 32,32 ; Jg 9,12.13.27 ; 13,14 ; 14,5 ; 15,5 ; 21,20.21 ; 1S 8,14-15 ; 22,7 ; 1R 5,5 ; 21,1-2.6.7.15-16.18 ; 2R 4,39 ; 5,26 ; 18,31-32 ; 19,29 ; 1Ch 27,27 ; Ne 5,3-5.11 ; 9,25 ; 1M 3,56 ; 14,12 ; Jb 15,33 ; 24,6 ; Ps 78,47 ; 80,9-16 ; 105,33 ; 107,37 ; 128,3 ; Pr 9,12 ; 24,30 ; 31,16 ; Qo 2,4 ; Ct 1,6.14 ; 2,13.15 ; 6,11 ; 7,9.13 ; 8,11.12 ; Si 24,17.23 ;  Is 1,8 ; 3,14 ; 5,1-17 ; 7,23 ; 16,8-10 ; 17,10 ; 24,7 ; 32,12 ; 34,4 ; 35,9 ; 36,16 ; 48,32 ; 63,3 ; 65,21 Ez 15,2.6 ; Ez 17,5-10 ; 19,10 ; 28,26 ; Jr 2,21 ; 5,17 ; 6,9 ; 8,13 ; 12,10 ; 32,15 ; 35,7.9 ; 39,10 ; Os 2,14.17 ; Os 2,14 ; 10,1 ; 14,8 ; Jl 1,12 ; 2,22 ; 1,7Am 4,9 ; 5,17 ; 9,14 ; Mi 1,6 ; 4,4 ; Ha 3,17 ; Ag 2,19 ; Za 3,10 ; 8,12 ; Mt 20,1-2.4.7.8 ; Mt 21,28.33.39-41 ; 26,27-29 ; Mc 12,1-2.8-9 ; Lc 13,6 ; 20,9-16 ; 22,18 ; Jn 15,1-6 ; Jc 3,12 : 1Co 9,7 ; Ap 14,18-20 ; 

Classification
  • Famille : vitaceae
  • Genre : vitis
  • Espèce : vinifera
Localisation

La culture de la vigne est si ancienne, qu’il est difficile de connaître précisément son origine. Dans la Bible elle commence avec Noé (Gn 9,20) et sa présence est attestée ensuite en Égypte (Gn 40,9-11 ; représentations picturales dans les tombeaux d’Égypte) et en Canaan (Nb 13,24). On considère généralement que la vigne est originaire de l’Arménie et des régions de la Mer Caspienne (Moldenke, Bible Plants, p. 242).

Description
  • Plante grimpante qui s’attache à des supports par des vrilles.
  • Son système racinaire est puissant et étendu. Il peut s’enfoncer jusqu’à 6 m de profondeur pour puiser l’eau nécessaire.
  • Cultivé, le pied de vigne, flexible, se recouvre peu à peu d’écorces anciennes pour former le tronc que l’on appelle cep. Il se ramifie en plusieurs bras sur lesquels poussent des rameaux appelés sarments. Les sarments peuvent atteindre une longueur de 10 m mais ils sont généralement coupés pour ne pas dépasser 2 m de long. Sur les nœuds des tiges (renflements) poussent des feuilles et des bourgeons.
  • Ses feuilles à nervures palmées, généralement à 5 lobes, ont une base en forme de cœur.
  • Ses fleurs, petites, verdâtres et regroupées en inflorescences dégagent une agréable odeur.
  • Son fruit, le raisin, est composé de baies pluriloculaires regroupées en grappes. Sa couleur (blanc, jaune, rouge, violet, noir) et sa forme (globuleuse elliptique, ovoïde) diffèrent selon les variétés. Chaque baie possède une enveloppe externe recouverte de pruine, et contient une pulpe généralement incolore et un ou deux pépins.
  • Un ensemble de plants issus d’un même pépin peuvent former un cépage. Les cépages se distinguent surtout par la couleur des fruits, leur taille et leur saveur. Il existe plus de 6000 cépages dans le monde.

     Illustration botanique de la vigne, Müller 

     Köhler's Medizinal-Pflanzen Franz Ernest Köhler, 1887, © Domaine public

Culture
Plantation

Avant de planter une vigne il est important de préparer le sol à la bêche en creusant un sillon (Pline Naturalis historia 17,159), et d’enlever les pierres (Is 5,2).

Il existe différentes techniques de culture de vigne :

  • Dans l’Antiquité se pratiquait la culture de la vigne sur arbre ( Jr 8,13 ; Ha 3,17 ) : on laissait pousser la vigne près d’un arbre qui lui servait de tuteur. Ainsi Pline Naturalis historia 14,10 parle de vignes « mariées » au peuplier et dont les tiges grimpaient de branche en branche. De ces vignes étaient tirés parfois de grands crus (Pline Naturalis historia 17,199). Près d’habitations on faisait grimper la vigne sur des figuiers (1R 5,5 ; Mi 4,4 ; Za 3,10).
  • Une autre manière de cultiver la vigne est de la dresser, avec ou sans échalas, avec ou sans joug (perche ou roseau). Cette technique donne un vin meilleur car le raisin profite plus du soleil, et garde moins l’humidité. Elle permet aussi de travailler plus facilement la vigne.
  • Il est encore possible de laisser la vigne pousser à terre (Pline Naturalis historia 17,185) en supprimant la tige du cep. On entoure alors la vigne rampante de clôtures basses et de tranchées. Cette culture, qui permet au raisin d’être mieux abrité du soleil par les feuilles, se rencontre surtout dans les pays chauds, en Afrique, Égypte, Syrie et Europe. Le vin est de moins bonne qualité, le raisin est la proie des renards et des rats et le risque de pourriture au contact du sol est grand.
Entretien de la vigne
  • La vigne a besoin d’être taillée (Jn 15,2-6) chaque année à la fin de l’hiver (Pline affirme qu'on peut la pratiquer dès la fin des vendanges et durant tout l’hiver si le climat est doux). La taille a pour rôle de régulariser la naissance des sarments sur les branches de l’année précédente. Autrefois on taillait la vigne à la serpette (Is 2,4 ; 18,5 ; Jl 4,10).

Après 3 ans d’entretien, la vigne porte du fruit la 4e année. 

Récolte et fabrication du vin
  • Les vendanges au pays du Levant ont lieu au mois de septembre et doivent être finies avant la fête des tabernacles.
  • On cueillait les raisins dans des paniers. Ils étaient ensuite jetés au pressoir – cuve en pierre placée dans le verger – et foulés aux pieds par les vendangeurs. Le jus du raisin s’écoulait alors par une fente dans une seconde cuve ou dans des récipients. Des pressoirs à levier étaient ensuite utilisés pour extraire ce qui restait du jus des raisins déjà foulés.
  • Les méthodes de conservation du vin étaient différentes selon le climat : dans les régions aux hivers rigoureux, le vin était conservé dans des tonneaux de bois cerclés ; dans les pays tempérés, on le mettait dans des jarres d'argile ( Jr 13,12 ) ou des outres en peau (Jos 9,4.13 ; 1S16,20 ; Jdt 10,5). 
  • Placé dans le cellier, ou, dans le cas du Temple, dans des magasins, le vin fermentait et vieillissait pour se bonifier (Lc 5,39). Selon la forme des jarres, la qualité du vin était différente : Les petites jarres donnaient un vin meilleur. Pour assurer l’étanchéité des jarres, on les enduisait de poix. La poix et la résine (en particulier la résine de térébinthe) servaient aussi à appréter le vin pour faciliter sa conservation. Ce vin résiné prenait un léger goût de térébinthe. Pline Naturalis historia 14,124.
Usage
Alimentation
  • Le vin est consommé communément en boisson avant ou après fermentation. En Orient, autrefois, le vin aromatisé avec des herbes, de la myrrhe ou d'autres résines, était très apprécié.
  • Une partie du raisin est mangée en nature ou sous forme de raisins secs.
  • La vigne elle-même se mange : on faisait cuire les sommités des tiges ou on les faisait confire dans le vinaigre et la saumure (Pline Naturalis historia 14,119). On mangeait salées les pousses de la vigne sauvage (Dioscoride De materia medica 4,181).
Médical
  • Les médecins anciens attribuaient au vin de grandes vertus médicinales. Ils avaient étudiés les propriétés de chaque cépage et les prescrivaient comme remèdes . Pline Naturalis historia 14,19.
  • Paul de Tarse présente le vin comme un remède contre les maux d’estomac (1Tm 5,23).
  • Il était considéré comme un désinfectant : Lucien de Samosate Oeuvres completes 24,2 rapporte qu’on arrosa les rues avec du vin lors de la peste d’Athènes. Dans la parabole, le bon samaritain panse les plaies du blessé avec du vin et de l’huile (Lc 10,34).
  • Selon Pline Naturalis historia 14,7, en boisson, il a la propriété de réchauffer les organes, en lotion de les refroidir. 
Cultuel
  • Le vin était donné en libation aux dieux (Nb 28,14 ; Dt 32,38). Une loi romaine interdisait d’utiliser pour les pratiques religieuses certains vins : vins de vignes non taillées ou frappées par la foudre, vin d’un raisin foulé par des pieds blessés, vin de marc souillé par la chute d’ordures, vins coupés avec de l’eau (ex : vins grecs) Pline Naturalis historia 14,119.
  • Au Temple le vin servait aux libations sacrées (Ex 29,40 ; Nb 15,5.7.10 ; 28,7-14 ; Os 9,4).
  • Jésus, lors de la dernière Cène fait du vin l’une des espèces  de l’Eucharistie (Mt 26,27 ; Mc 14,23 ; Lc 22,20 ; 1Co 11,25).
Culture matérielle
  • Le cep de vigne atteignait parfois de grandes tailles si bien qu’il était possible de tailler dedans de grandes statues : une statue de Jupiter à Populonia, une panthère à Marseille, des colonnes à Métaponte, un escalier à Éphèse (Pline Naturalis historia 14,9).
Autre
  • La feuille de vigne et la grappe de raisin servent de motifs pour orner sculptures et peintures. Dans le Temple de Jérusalem d’Hérode, une vigne d’or ornait le vestibule (Josèphe Bellum Judaicum 5,5,4).
Symbolique de la vigne
Paix et prospérité
  • 1R 5,5 : le peuple habite en sécurité « sous sa vigne ».
La tribu de Juda 
  • Gn 49,11 : Jacob, lorsqu'il bénit ses fils sur son lit de mort, compare Juda à une vigne.
Le peuple d'Israël
  • Jr 2,21 : Dieu, pour reprocher à Israël son infidélité par la bouche de Jérémie, compare ce peuple à une vigne dégénérée. 
  • Jr 6,9 : le pillage d'Israël est comparé à un grapillage de vigne (Is 24,3-7).
  • Is 27,2-6 : Dieu prend soin d'Israël comme le vigneron de sa vigne et il attend de son peuple qu'il porte du fruit. 
  • Ps 80 : le psalmiste évoque la sortie d'Égypte, l'entrée en terre promise et les invasions qui suivent par l'image de la vigne plantée, entretenue puis pillée. 
  • Dt 22,9 : Dieu, par l'image de la vigne, interdit à Israël tout culte étranger. 
  • Mt 21,33-43 ; Mc 12,1-9 ; Lc 20,9-16 : dans la parabole des vignerons homicides, la vigne peut encore une fois représenter Israël. 
Sagesse
  • Si 24,17 : la sagesse est comparée à la vigne chargée de fruits. 
  • Pr 9,2-6 : la sagesse prépare le vin.
Jésus et l'Église
  • Jn 15,1-9 Jésus se compare au cep de vigne qui donne aux sarments liés à lui, la sève (la grâce) nécessaire pour vivre et porter du fruit. La vigne, symbole d'Israël devient, par la venue du Christ, image de l’Église.  
Symbolique du vin
Feu, joie, amour
  • Parce qu’il réchauffe le corps et le cœur, le vin est assimilé au feu. Comme lui, il est symbole de joie, d’amour.
  • Les périodes de tristesse, d'épreuves sont associées à une absence de vin (Dn 10,3 ; Jl 1,12).
  • Le vin favorise la convivialité. En Grèce, dans l'Antiquité, les banquets étaient suivis du symposion, temps de détente où, tout en buvant du vin, les convives parlaient, jouaient et assistaient à des spectacles.  
  • Le vin est un élément indispensable pour les fêtes (Jn 2,3) ; il participe à la joie des noces. Jésus en changeant l'eau en vin lors des noces de Cana (Jn 2,9), fournit aux époux et invités une source de joie et d'amour et il annonce par là le vin de la nouvelle alliance (Mc 14,24), vin de la joie éternelle, du banquet des noces de l'agneau (Is 25,6 ; Ap 19,9).
Vie éternelle, vie divine
  • Le vin libère l’esprit et décuple les forces de l'homme. Il donne à celui qui le boit, plus de confiance en soi, d’aisance pour discourir. Il développe les facultés intellectuelles créatives, imaginatives. 
  • La vigne après la vendange semble pourrir en hiver mais elle se régénère au printemps. Aussi le vin évoque la résurrection, la vie par delà la mort (Girard Symboles bibliques 2016 t.2,p.284).
Le sang du Christ
  • Le vin désigné dans la Bible comme « le sang des raisins » (Gn 49,11 ; Dt 32,14), devient signe du sang de Jésus, vraie vigne (Jn 15,5).
  • Ce sang est le « vin nouveau » (Mt 9,17) versé pour la multitude, signe de « l’alliance nouvelle » (Lc 22,20 ; 1Co 11,25).
  • A Gethsémani, « lieu du pressoir », la sueur de sang dont Luc fait mention (Lc 22,44), marque le début du sang versé durant toute la Passion.
  • Jésus présente son sang comme la vraie boisson qui donne la vie (Jn 6,55). Il choisit le vin comme l'une des deux  espèces  de l'Eucharistie (Mt 26,27 ; Mc 14,23-24 ; Lc 22,20). Par l'institution de ce sacrement, le vin eucharistique devient substanciellement sang du Christ. 

Réception

Arts visuels

2,1–17 Cantique des Cantiques

Peinture espagnole du 17e s.

Le Cantique des Cantiques présente le chant de l’amour d’un homme vers sa femme. Ce chant introduit le lecteur dans le mystère de la relation d’amour qui unit deux époux. De nombreux passages de ce texte invitent à contempler l’attitude masculine face à celle qui est aimée.

Cercle de Bartolomé Estéban Murillo, Jacob et Rachel au puits  (huile sur toile, 17e s.), 9,30 x 1,492 m

Espagne, Dulwich Picture Gallery, Londres (Royaume-Uni) © Domaine public→

« Trop d’hommes sont amputés d’eux-mêmes. 'La virilité n’est plus une valeur en Occident', écrit Paul François Paoli dans La Tyrannie de la faiblesse (2010). Elle n’est pourtant pas l’agressivité, ni la dureté du cœur, encore moins la vulgarité. Mais le don de son corps et de son sang pour devenir gardien de l’épouse dans la vulnérabilité de son enfantement, pour protéger la vie fragile (...). Voilà ce qui conduit l’homme à son accomplissement, et la femme à porter la vie. On ne peut porter la vie que dans l’union au Corps d’un autre. L’homme est une force qui doit s’incliner au rang de serviteur, afin de ne jamais tomber dans la brutalité despotique de celui qui n’a jamais fait de sa puissance un service. La logique de l’amour d’un homme est eucharistique : « Maris, aimez vos femmes, comme le Christ a aimé l’Église et a donné sa vie pour elle » (Lettre de Saint Paul aux Éphésiens). »

Cette conception de la virilité semble rejoindre une citation de Simone de Beauvoir dans Le deuxième sexe (1949) : « Personne n'est plus arrogant envers les femmes, plus agressif ou méprisant, qu'un homme inquiet pour sa virilité. »

Liturgie

1,4 Courons TYPOLOGIE Prière à la Vierge immaculée

« Trahe nos Virgo Immaculata »

Traditionnel, Antienne - Trahe nos

Chœur des moines de l’abbaye Sainte-Madeleine du Barroux

© Abbaye du Barroux→, Ct 1,3

Antienne chantée pour la solennité de l'Immaculée Conception le 8 décembre.

Paroles

Entraînez-nous, Vierge Immaculée, nous courrons après vous à l'odeur de vos parfums.

2,1–17 LITURGIE JUIVE Un chant pascal Le Cantique est lu après la amida durant la semaine de Pessach. Le choix serait motivé par la mention des chars de Pharaon en Ct 1,9 où l'on voit une allusion à l'Exode. 

Traditionnel, Megillat Shir HaShirim, c. 2  lu par Abraham Shmuelof (1913-1994), Maison Saint-Isaïe des Dominicains, Jérusalem, années 1970,

Audio Scriptures International (numérisation) ; Mechon Mamre→ (mise en ligne), © Sœurs du Carmel (enregistrements originaux)

Abraham Shmuelof né en 1913 dans le quartier Meah Shearim de Jérusalem, dernier de seize enfants dans une grande famille juive ultraorthodoxe de Bucharan qui avait émigré de Perse à la fin du 19e siècle devint une figure légendaire à Jérusalem, passant du statut de juif ultraorthodoxe au catholicisme romain, moine trappiste, bénédictin, retournant aux trappistes et enfin servant dans l'Église gréco-catholique de Galilée. Dans les années 1970, il trouva sa place à « La Maison Saint-Isaïe » fondée à Jérusalem par les Dominicains français, où il collabora au développement d'une liturgie catholique hébréophone avec le P. Jacques Fontaine. C'est à cette époque qu'il se chargea de la tâche d'enregistrer l'intégralité du Tanakh en hébreu.

Musique

1,5 ; 2,10ss je suis noire mais aussi ravissante Nigra sum

20e s.

Pablo Casals (1876-1973), Nigra Sum, 1943

The Georgia Boy Choir

© Licence YouTube standard→, Ct 1,4s.2,10.2,14

Paroles

Nigra sum sed formosa filiae Hierusalem, Ideo dilexit me rex, et introduxit me in cubiculum suum, et dixit mihi: Surge, amica mea et veni, Ostende mihi faciem tuam, sonet vox tua in auribus meis, vox enim tua dulcis, et facies tua decora.

Je suis noire mais belle, filles de Jérusalem (Ct 1,5), c'est pourquoi le roi m'a choisie, et m'a fait entrer dans ses appartements (Ct 1,4), et il m'a dit : « Lève-toi, mon amie, et viens, (Ct 2,10) montre-moi ton visage, que ta voix résonne à mes oreilles ; car ta voix est douce, et ton visage charmant. (Ct 2,14) »

Compositeur

Pablo Casals, né le 29 décembre 1876 à El Vendrell (province de Tarragone, Espagne) et mort le 22 octobre 1973 à San Juan (Porto Rico), est un violoncelliste, chef d'orchestre et compositeur espagnol. Tout au long de sa longue vie, Casals fut un défenseur acharné et enthousiaste du violoncelle, mais aussi de la musique dans une inébranlable foi dans les valeurs qu'elle peut transmettre. Ses enregistrements sont habités de cet enthousiasme et de son énergie. Il essaye de favoriser l'accès à la musique pour le plus grand nombre, que ce soit avec des associations de concerts, la création de ses divers orchestres ; il jouera même dans des conditions mouvementées lors de la guerre d'Espagne.

1,5s je suis noire La Reine de Saba figure de la beauté exotique de la bien-aimée

19e s.

Charles Gounod (1818-1893), Jules Barbier et Michel Carré (livret), La Reine de Saba, 1862

Michel Plasson (dir.), Chœurs et Orchestre du Capitole de Toulouse

© Licence YouTube Standard→, 1R 10,1-13 2Ch 9,1-12 Ct 1,5s Mt 12,42 Lc 11,31

OPÉRA EN QUATRE ACTES

Livret : Jules Barbier et Michel Carré

Création : Paris, Opéra Salle Le Peletier, 28 février 1862

LES PERSONNAGES/LES VOIX

Balkis : mezzo-soprano

Soliman : basse

Adoniram : ténor

Bénoni : mezzo-soprano

Méthousaël : basse

Sadoc : basse

Amrou : ténor

Phanor : baryton

Sarabil : alto

ARGUMENT
Acte I

Afin d’éblouir Balkis, la reine de Saba dont il attend la visite à Jérusalem, Soliman vient de faire construire par Adoniram un temple merveilleux. Bénoni, jeune apprenti de l’artiste, célèbre la beauté légendaire de la reine. Adoniram, qui rêve du chef-d’œuvre suprême, est torturé par le doute, mais aussi par ses ouvriers, Amrou, Méthousaël et Phanor qui, se voyant refuser une part des bénéfices, jurent vengeance. Balkis admire la splendeur du temple, sans manifester d’enthousiasme à l’idée d’épouser Soliman, à qui elle offre pourtant son anneau. Elle est davantage fascinée par Adoniram, d’autant qu’il semble posséder des pouvoirs surnaturels – un scarabée magique, grâce auquel il commande des hommes et des djinns. Balkis orne le cou d’Adoniram de son collier.

Acte II

Sur le plateau de Sion, devant Soliman et Balkis, Adoniram s’apprête à créer le chef-d’œuvre  de ses rêves, une Mer d’Airain. Lorsqu’il est trop tard pour arrêter la fonte, Benoni avertit Soliman que les trois ouvriers-traîtres ont saboté l’ouvrage. Le métal fondu détruit le précieux moule et le fourneau explose.

Acte III

En dépit de son échec, l’image d’Adoniram brûle toujours dans l’esprit de Balkis. L’artiste se déclare indigne de la confiance de la reine, et lui rend son collier. Les sentiments puissants les submergent. Benoni annonce que les djinns ont réparé le moule, et tout est à nouveau en place pour la fonte. Adoniram révèle alors à Balkis qu’ils descendent du même ancêtre, le chasseur Nemrod, et qu’il est protégé par des forces surnaturelles. Leur entretien a été entendu par les trois traîtres qui décident d’en informer Soliman.

Acte IV

L’absence prolongée de Balkis attise les soupçons de Soliman, confirmés par les traîtres qui lui rapportent le rendez-vous de la reine avec Adoniram. D’abord méfiant, Soliman finit par prêter foi à ces accusations lorsque Adoniram lui présente sa démission, en refusant de partager avec lui le pouvoir royal. Ayant fini son chef-d’œuvre, il se prépare à s’enfuir avec Balkis. La reine calme les ardeurs de Soliman en lui faisant boire un somnifère, retire l’anneau qu’elle lui avait offert et s’éclipse, ignorant ses imprécations.

Acte V

Les trois traîtres surprennent Adoniram à l’endroit de son rendez-vous avec la reine, au pied du mont Tabor, et le poignardent. Tel le trouve Balkis qui, recevant son dernier soupir, glisse sur son doigt l’anneau sacré. La montagne s’ouvre et le corps d’Adoniram est porté par les djinns au royaume de ses ancêtres.

HISTOIRE

Gounod a une revanche à prendre sur l’Opéra où, depuis La Nonne sanglante, on n’a pas joué une note de sa musique. Encouragé par le succès croissant de Faust, le directeur Alphonse Royer accepte volontiers ce qui deviendra La Reine de Saba (auparavant intitulé La Reine Balkis, adapté par Barbier et Carré des Nuits de Ramazan de Gérard de Nerval) […] soumis à d’innombrables coupures, dont la suppression de la scène de la fonte du IIe acte, La Reine de Saba ne tiendra l’affiche que quinze soirées avant d’être retirée du répertoire.

Après des reprises complètes à la Monnaie de Bruxelles (1862, puis en 1876), à Darmstadt (1863), un nouvel échec à Londres (1865, en concert au Crystal Palace, avec le livret maquillé en Irene, drame turc…) et à Manchester (1880), puis une ultime et malheureuse tentative à l’Opéra-Populaire du Château-d’Eau, le 27 novembre 1900, l’œuvre disparut jusqu’en 1969 où elle fut reprise au Capitole de Toulouse, pour la dernière fois au XXe siècle.

Bibliographie : Mille et un opéras, Piotr Kaminski, Fayard, 2004

2,10–13 ; 6,10ss ; 7,10ss Cantique des Cantiques

20e s.

Ivan Moody (1964-), Canticum Canticorum I, 1987

David Fallis (dir.), Quire Cleveland

© Licence YouTube standard→, Ct 2,10-13.6,2.11

Composition

Ivan Moody est un compositeur britannique contemporain. Ses œuvres montrent les influences de l'est du chant liturgique et de l'Église orthodoxe, dont il est membre et archiprêtre (Patriarcat Œcuménique de Constantinople). Son Canticum Canticorum I, écrit pour le Hilliard Ensemble, est créé en 1987 et obtient un énorme succès. Cette pièce reste l'œuvre la plus fréquemment jouée de son répertoire. Elle est constituée de trois mouvements : « Surge propera amica mea » (Lève-toi, hâte-toi, mon amie), « Descendi in hortum meum » (Je suis descendu dans mon jardin) et « Ego dilecti meo » (Je suis à mon bien-aimé).