Un projet du Programme de Recherches La Bible en ses traditions AISBL
Dirigé par l’École Biblique et Archéologique Française de Jérusalem
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1 Selon Matthieu
VICI COMMENCE L'ÉVANGILE SELON MATTHIEU
Livre de la genèse
Vgénération de Jésus-Christ, fils de David, fils d’Abraham.
2 Abraham engendra Isaac
Isaac engendra Jacob
Jacob engendra Juda et ses frères
3 Juda engendra Pharès et Zara de Thamar
Pharès engendra Esrom
Esrom engendra Aram.
4 Aram engendra Aminadab
Aminadab engendra Naasson
Naasson engendra Salmon
5 Salmon engendra Boes
VBooz de Rachab
VRahab
Boes
VBooz engendra Jessai
VJessé de Routh
VRuth
Jobed
VObed engendra Jessai
VJessé
VJessé engendra le roi David.
6 Byz S TR NesJessai engendra le roi David
Byz V TRLe roi David engendra Solomon
VSalomon de celle Vqui fut [femme] d’Ourias
VUrie
7 Solomon
VSalomon engendra Roboam
Roboam engendra Abia
VAbia
Abia
VAbias engendra Asaf
Byz V S TRAsa
8 Asaf
Byz V S TRAsa engendra Josaphat
Josaphat engendra Joram
Joram engendra Ozias
9 Ozias engendra Joatham
Joatham engendra Achaz
VAhaz
Achaz
VAhaz engendra Ézéchias
10 Ézéchias engendra Manassé
Manassé engendra Amos
Byz V S TRAmon
Amos
Byz V S TRAmon engendra Josias
11 Josias engendra Jéchonias
VJéconias et ses frères au temps de la déportation de Babylone.
12 Après la déportation de Babylone
Jéchonias
VJéconias engendra Salathiel
Salathiel engendra Zorobabel
13 Zorobabel engendra Abioud
VAbiud
Abioud
VAbiud engendra Éliakim
Byz S TRÉliakeim
VÉliaquim
Éliakim
Byz S TRÉliakeim
VÉliaquim engendra Azor
14 Azor engendra Sadok
VSaddoc
Sadok
VSaddoc engendra Achim
Byz S TRAcheim
Achim
Byz S TRAcheim engendra Élioud
VÉliud
15 Élioud
VÉliud engendra Éléazar
Éléazar engendra Matthan
VMathan
Matthan
VMathan engendra Jacob
16 Jacob engendra Joseph, l’époux de Marie, de laquelle fut engendré
Vest né Jésus, qu'on appelle « Christ ».
17 Donc toutes les générations depuis Abraham jusqu’à David : quatorze générations
depuis David jusqu’à la déportation de Babylone : quatorze générations
depuis la déportation à Babylone jusqu’au Christ : quatorze générations.
18 Or Byz S TR Nesde Jésus [comme] Christ la Byz S TR Nesgenèse se fit ainsi :
comme Marie, sa mère, avait été fiancée à Joseph
il se trouva, avant qu’ils eussent habité ensemble, qu’elle [l']avait dans ses entrailles de par l'Esprit Saint.
18 Or, la génération du Christ se fit ainsi :
comme Marie, sa mère, avait été fiancée à Joseph
il se trouva, avant qu’ils eussent habité ensemble, qu’elle [l']avait dans ses entrailles de par l'Esprit Saint.
19 Joseph, son époux, qui était juste et ne voulait pas la faire montrer du doigt
Vtraduire [en justice]
se proposa de
Vvoulut la renvoyer secrètement.
20 Comme il était dans cette pensée
Vméditait cela
voici, un ange du Seigneur lui apparut en songe et lui dit :
— Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi
Vd'accueillir Marie ton épouse
car certes ce qui est engendré
Vné en elle est de l'Esprit Saint.
21 Et elle enfantera un fils et tu l'appelleras du nom de « Jésus »
car lui-même sauvera son peuple de ses péchés.
22 Tout cela arriva
pour que s'accomplît la parole dite
V Sce qui a été dit par le Seigneur à travers le prophète qui disait :
23 « Voici, la Vierge sera enceinte et enfantera un fils, et on l'appellera du nom d'"Emmanuel" »
ce qui se traduit : « Dieu avec nous ».
24 Réveillé de son sommeil, Joseph fit comme l’ange du Seigneur lui avait prescrit
et il reçut
Vaccueillit son épouse.
25 Et il ne la connut pas jusqu’à ce qu’elle eût enfanté un fils
Byz V S TRson fils premier-né
et il
Selle l'appela de son nom « Jésus ».
2,1 Jésus étant né
VComme Jésus était né à Bethléem de Judée aux jours du roi Hérode
voici, des mages d’Orient arrivèrent
Vvinrent à Jérusalem
2,2 disant :
— Où est le roi des Juifs qui a été enfanté
Vest né ?
Car nous avons vu son étoile à l’orient
et nous sommes venus l’adorer.
2,3 En entendant [cela] le roi Hérode fut troublé, et tout Jérusalem avec lui.
2,4 Et, rassemblant tous les chefs des prêtres et les scribes du peuple,
il s'enquit auprès d'eux : — où le Christ devait naître ?
2,5 Ils lui dirent : — À Bethléem de Judée
car ainsi a-t-il été écrit par le prophète :
2,6 « Et toi Bethléem, Byz V TR Nesterre de Juda, tu n’es pas la moindre parmi les chefs-lieux
Sroyaumes de Juda
car de toi sortira un chef
Vprince Byz S TR Nes, celui qui paîtra
Vrégira mon peuple Israël. »
2,7 Alors Hérode, ayant secrètement appelé les mages, se fit préciser par eux
Vse renseigna avec soin auprès d'eux sur le moment où l’étoile était apparue.
2,8 Et, les envoyant à Bethléem, il dit :
— Allez, informez-vous précisément
Vavec soin au sujet de l’enfant.
Et quand vous aurez trouvé, faites-moi l'annonce
Vfaites-moi un rapport
afin que moi aussi j’aille l’adorer.
2,9 Quant à eux, ayant
VQuand ils eurent entendu le roi, ils partirent.
Et voici, l’étoile qu’ils avaient vue à l’orient les précédait
Vmarchait devant eux
jusqu’à ce que, en venant au-dessus du lieu où était l'enfant, elle s'arrêta.
V' elle vienne s'arrêter au-dessus de là où était l'enfant.
2,10 En voyant l'étoile, ils se réjouirent d'une très grande joie.
2,11 En entrant dans la maison, ils virent
Byz V S TRtrouvèrent l’enfant avec Marie, sa mère,
et, tombant
Vse prosternant, l’adorèrent ;
et, leurs trésors ouverts, ils lui présentèrent
Voffrirent des dons : de l’or, de l’encens et de la myrrhe.
2,12 Et ayant été avertis en songe
Vreçu dans des songes l'oracle de ne pas retourner vers Hérode
par un autre chemin regagnèrent leur région.
2,13 Alors qu'ils s'en étaient retournés
voici, un ange du Seigneur apparut en songe à Joseph, disant :
— Lève-toi, prends l’enfant et sa mère
et fuis en Égypte
et reste là-bas jusqu’à ce que je te dise
car il arrivera qu'Hérode cherchera l’enfant pour le faire périr
Vperdre.
2,14 Lui,
SJoseph, s'étant levé, prit avec lui l'enfant et sa mère de nuit et se retira en Égypte.
2,15 Et il fut là-bas jusqu’à la mort d’Hérode
afin que fût accomplie la parole dite
Vaccompli ce qui avait été dit par le Seigneur à travers le prophète, disant :
« D'Égypte j'ai appelé mon fils. »
2,16 Alors Hérode, voyant que les mages s'étaient joués de lui, fut très en colère
et il envoya tuer tous les enfants Vqui étaient dans Bethléem et de toute sa région
depuis l’âge de deux ans et au-dessous, d’après le temps qu'il s'était fait préciser par les mages.
2,17 Alors s'accomplit la parole dite
Vce qui a été dit par Jérémie le prophète disant :
2,18 « Une voix en Rama a été entendue, Byz TRlamentations, pleurs et plaintes nombreuses :
Rachel pleure ses enfants ; et elle ne voulait
Vvoulut pas être consolée, parce qu’ils ne sont plus. »
2,19 Hérode étant mort
voici, un ange du Seigneur apparut en songe à Joseph en Égypte
2,20 disant :
— Lève-toi, prends l’enfant et sa mère
et va en terre d’Israël
car ils sont morts, ceux qui recherchaient la vie de l’enfant.
2,21 Lui,
SJoseph, s’étant levé, prit l’enfant et sa mère, et entra
Byz V S TRvint en terre d’Israël.
2,22 Entendant qu’Archélaüs régnait en Judée à la place d’Hérode son père, il craignit de s'y rendre
et, averti en songe, il se retira dans la région de la Galilée
2,23 et il vint s'installer
Vhabiter dans une ville appelée Nazareth
afin que s'accomplît le mot dit
Vce qui a été dit par les prophètes :
Il sera appelé Nazoréen
VNazaréen.
3,1 En ces jours-là survient
Vvint Jean le Baptiste
VJean-Baptiste, proclamant
Vprêchant dans le désert de Judée
3,2 et disant :
— Repentez-vous
VFaites pénitence, car le royaume des cieux s'est approché.
3,3 C'est lui en effet qui a été annoncé par le prophète Isaïe, disant :
« Voix de celui qui crie dans le désert : — Préparez le chemin du Seigneur ! Rendez droits ses sentiers ! »
3,4 Ce même Jean avait son
Vun vêtement en poil de chameau
et une ceinture de cuir autour de ses reins
sa nourriture était des sauterelles et du miel sauvage.
3,5 Alors sortaient vers lui Jérusalem, toute la Judée et toute la région autour du Jourdain.
3,6 Et ils se faisaient baptiser
Vétaient baptisés dans le S Nesfleuve du Jourdain par lui, en confessant leurs péchés.
3,7 Voyant beaucoup de pharisiens et de sadducéens
VSadducéens venir au baptême
Và son baptême
Sse faire baptiser, il leur dit :
— Engeance de vipères, qui vous a montré comment fuir devant la colère qui vient ?
3,8 Faites donc un fruit digne
TRdes fruits dignes du repentir
Vde la pénitence.
3,9 Et ne prétendez pas dire en vous-mêmes : Nous avons pour père Abraham
car je vous dis que Dieu peut, de ces pierres, susciter des enfants à Abraham.
3,10 Déjà,
SEt voici, la hache est posée à la racine des arbres
tout arbre donc qui ne fait pas de bon fruit est coupé et jeté au feu.
3,11 Pour moi, je vous baptise dans l’eau pour le repentir
Vla pénitence
mais celui qui vient derrière moi est plus fort que moi
[lui] dont je ne suis pas digne de porter les sandales
lui-même vous baptisera dans l’Esprit-Saint et le feu.
3,12 Il a la pelle à vanner
Vle van dans sa main
et il purifiera
Vnettoiera son aire
et il rassemblera son blé
Vfroment dans le grenier ;
quant aux bales, il les brûlera dans le feu qui ne s'éteint pas.
3,13 Alors survient
Vvint Jésus de la Galilée au Jourdain auprès de Jean, pour être baptisé par lui.
3,14 Mais Jean voulait l'en empêcher en disant :
— C’est moi qui Byz S TR Nesai besoin d’ être baptisé par toi
et c'est toi qui viens à moi !
14 Mais Jean l'en empêchait en lui disant :
— C’est moi qui dois être baptisé par toi
et c'est toi qui viens à moi !
3,15 Mais Jésus, répondant, lui dit :
— Laisse [faire] maintenant
car c'est ainsi qu'il convient que nous accomplissions toute justice.
Alors il le laisse
Vlaissa [faire].
3,16 Baptisé, Jésus
Vil monta aussitôt de l’eau
et voici, les cieux lui furent ouverts
et il vit l’Esprit de Dieu descendant comme une colombe
et venant sur lui.
3,17 Et voici une voix des cieux qui disait :
— Celui-ci est mon Fils, le Bien-aimé, en qui je me suis complu.
4,1 Alors Jésus fut conduit en haut
Vconduit dans le désert par l’Esprit SSaint pour être tenté par le diable.
Sl'accusateur.
4,2 Il jeûna quarante jours et quarante nuits ; après quoi il eut faim.
2 Alors qu'il avait jeûné quarante jours et quarante nuits, après cela, il eut faim.
4,3 Et s'approchant Byz TRde lui, le tentateur V S Neslui dit :
— Si tu es Fils de Dieu, dis que ces pierres deviennent des pains.
4,4 Répondant, il dit :
— Il est écrit :
« Ce n'est pas de pain seul que l'homme vivra, mais de toute parole sortant par
Vqui sort de la bouche de Dieu. »
4,5 Alors le diable
Sl'accusateur l'emmène
Vle prend dans la ville sainte
et le plaça sur le pinacle du temple
4,6 et lui dit :
— Si tu es Fils de Dieu, jette-toi en bas
car il est écrit :
« À ses anges, il donnera des ordres à ton sujet, et dans [leurs] mains ils te porteront, de peur que ton pied ne heurte contre une pierre
Vque tu ne heurtes ton pied contre une pierre. »
4,7 Jésus lui dit :
— Encore une fois il est écrit :
« Tu ne tenteras pas le Seigneur ton Dieu. »
4,8 De nouveau le diable
Sl'accusateur l’emmène
Vle prend sur une montagne très élevée
et lui montre tous les royaumes du monde et leur gloire
4,9 et il lui dit :
— Toutes ces choses je te les donnerai, si en tombant tu m'adores.
4,10 Alors Jésus lui dit :
— Va-t-en Byzderrière-moi Satan
Byz S TR Nescar il est écrit :
« Tu adoreras le Seigneur ton Dieu, et tu rendras un culte à lui seul
Vde lui seul te feras l'esclave. »
4,11 Alors le diable
Sl'accusateur le laisse
Vlaissa
et voici, des anges s’approchèrent et ils le servaient.
4,12 Quand il
Byz S TRJésus entendit que Jean avait été livré, il se retira en Galilée.
4,13 Et quittant Nazara
Vla ville de Nazareth
il vint habiter à Capharnaüm, au bord de la mer, dans les régions de Zabulon et de Nephtali
4,14 afin que s'accomplît la parole dite
Vce qui avait été dit par Isaïe le prophète :
4,15 « Pays de Zabulon et pays de Nephtali, chemin de la mer, au-delà du Jourdain, Galilée des nations.
4,16 Le peuple qui était assis dans les ténèbres a vu une grande lumière
et pour ceux qui étaient assis dans la région et l’ombre de la mort, une lumière s’est levée pour eux. »
4,17 Dès lors Jésus commença à proclamer
Vprêcher et à dire :
— Repentez-vous
VFaites pénitence car le royaume des cieux s'est approché.
4,18 Or en marchant le long de la mer de Galilée il
TRJésus vit deux frères
Simon, appelé « Pierre », et André son frère
qui jetaient un filet dans la mer, car ils étaient pêcheurs.
4,19 Et il leur dit :
— Venez derrière moi, et je vous ferai Vdevenir pêcheurs d’hommes.
4,20 Eux aussitôt
Vincontinent, laissant les filets, le suivirent.
4,21 Et, avançant à partir de là, il vit deux autres frères
Jacques, [le fils] de Zébédée, et Jean son frère
dans la barque, avec Zébédée leur père, réparant leurs filets
et il les appela.
4,22 Eux, aussitôt, laissant leur barque
Vfilets et Byz S TR Nesleur père, le suivirent.
4,23 Et il
Byz V S TRJésus circulait dans toute la Galilée, enseignant dans leurs synagogues,
proclamant
Vprêchant l'évangile du Royaume
et guérissant toute maladie et toute langueur
Vinfirmité dans le peuple.
4,24 Et sa renommée parvint dans toute la Syrie
et ils lui présentèrent tous les malades en proie à des maladies et des tourments divers
des possédés du démon, des lunatiques, des paralytiques
et il les guérissait.
24 Et sa renommée se répandit dans toute la Syrie
et ils lui présentèrent tous ceux qui allaient mal, qui étaient pris de diverses maladies et de tourments
et qui avaient des démons, et des lunatiques et des paralytiques
et il les guérissait.
4,25 Et des foules nombreuses le suivirent de la Galilée, de la Décapole, de Jérusalem, de la Judée et d'au-delà du Jourdain.
5,1 Voyant les foules, il monta sur la montagne
et, s'étant assis, ses disciples s'approchèrent de lui
5,2 et ouvrant la
Vsa bouche il les enseignait en disant :
5,3 — Heureux les pauvres en esprit, car le royaume des cieux est à eux.
5,4 Heureux ceux qui s'affligent, car ils seront consolés.
4 Heureux les doux, car ils posséderont la terre.
5,5 Heureux les doux, car ils hériteront de la terre.
5 Heureux ceux qui s'affligent, car ils seront consolés.
5,6 Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés.
5,7 Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde.
5,8 Heureux ceux qui ont le cœur pur, car ils verront Dieu.
5,9 Heureux ceux qui font œuvre de paix
Vles pacifiques, car ils seront appelés fils de Dieu.
5,10 Heureux ceux qui sont persécutés
Vsouffrent persécution à cause de la justice, car le royaume des cieux est à eux.
5,11 Heureux êtes-vous quand on vous insultera, vous persécutera
et dira toute sorte de mal
Sde parole mauvaise contre vous en mentant, à cause de moi.
5,12 Réjouissez-vous et exultez, car votre salaire est grand
Vcopieux dans les cieux
car c’est ainsi qu'on a persécuté les prophètes, d'avant
Vqui furent avant vous.
5,13 Vous, vous êtes le sel de la terre.
Si le sel s'affadit
Vse perd, avec quoi salera-t-on ?
Il n'est plus bon à rien si ce n'est, en étant jeté
Byz V S TR à être jeté dehors, Byz V S TRet à être piétiné par les hommes.
5,14 Vous, vous êtes la lumière du monde.
Une ville ne peut être cachée, située sur une montagne.
5,15 Et on n’allume pas une lampe et la met sous le boisseau
mais sur le chandelier
et
Vafin qu' elle éclaire tous ceux qui sont dans la maison.
5,16 Que brille ainsi votre lumière devant les hommes
en sorte qu'ils voient vos œuvres bonnes
et qu'ils glorifient votre Père qui est dans les cieux.
5,17 Ne pensez pas que je sois venu abolir la Loi ou les prophètes
je ne suis pas venu abolir mais accomplir.
5,18 Amen, Vcertes je vous le dis
jusqu’à ce que passent le ciel et la terre
pas un iota
Sioud ni un seul trait de la Loi ne passera
Vsera omis jusqu'à ce que tout arrive.
5,19 Celui donc qui aura enfreint l'un de ces plus petits commandements et enseigné ainsi aux hommes
sera appelé le plus petit dans le royaume des cieux
mais celui qui [les] aura pratiqués et enseignés
celui-là sera appelé grand dans le royaume des cieux.
5,20 Car je vous dis que si votre justice n'abonde pas plus que celle des scribes et des pharisiens
vous n’entrerez pas dans le royaume des cieux.
5,21 Vous avez entendu qu’il a été dit aux ancêtres : « Tu ne tueras pas
celui qui tuera sera passible de jugement. »
5,22 Moi, je vous dis :
— Quiconque
V Sque quiconque se met en colère contre son frère Byz S TRpour rien sera passible du jugement
et celui qui dira à son frère : — « Raca », sera passible du sanhédrin
Vconseil
celui qui lui dira : — « Fou » sera passible de la géhenne du feu.
5,23 Si donc tu présentes ton offrande sur l’autel
et là tu te souviens que ton frère a quelque chose contre toi
5,24 laisse là ton offrande devant l’autel
et va d'abord te réconcilier avec ton frère
et alors viens présenter ton offrande.
5,25 Mets-toi d'accord avec ton adversaire au plus tôt tant que tu es encore avec lui en chemin
de peur que l'adversaire ne te livre au juge
et que le juge ne te livre
Nesle juge au fonctionnaire et que tu ne sois jeté en prison.
5,26 Amen, je te le dis, tu ne sortiras pas de là que tu n’aies rendu le dernier quadrant.
5,27 Vous avez entendu qu’il a été dit V TRaux anciens : « Tu ne commettras pas d’adultère. »
5,28 Moi, je vous dis :
— Quiconque regarde une femme pour la convoiter
a déjà commis l’adultère avec elle dans son cœur.
5,29 Que si donc ton œil droit te scandalise
arrache-le et jette-le loin de toi :
car mieux vaut pour toi que périsse un seul de tes membres
et que ton corps tout entier ne soit jeté dans la géhenne.
5,30 Et si ta main droite te scandalise
coupe-la et jette-la loin de toi
car mieux vaut pour toi que périsse un seul de tes membres
et
Vplutôt que tout ton corps ne s'en aille pas
Byz TRsoit pas jeté
Stombe dans la géhenne.
5,31 Il a été dit : « — Celui qui
Quiconque renverra sa femme, qu’il lui donne un acte de répudiation. »
5,32 Moi, je vous dis :
— Tout homme qui
Byz TRCelui qui répudie sa femme, sauf en cas
Vpour cause de fornication,
la rend adultère
et celui qui épouse une répudiée commet l’adultère.
5,33 Vous avez encore entendu qu’il a été dit aux anciens : « Tu ne te parjureras pas
tu t’acquitteras envers le Seigneur de tes serments. »
5,34 Moi, je vous dis de ne pas jurer du tout
ni « par le ciel », parce que c'est le trône de Dieu
5,35 ni « par la terre », parce que c'est le marchepied
Vl'escabeau de ses pieds
ni « par Jérusalem », parce que c'est la ville du grand Roi
5,36 ni « par ta tête » tu jureras
parce que tu ne peux pas rendre un seul cheveu blanc ou noir ;
5,37 au contraire, que votre parole soit : OUI ? OUI ! , Set : NON ? NON !
ce qui est plus long vient du mauvais.
5,38 Vous avez entendu qu’il a été dit :
« Œil pour œil et dent pour dent. »
5,39 Moi, je vous dis de ne pas résister au méchant
Vmauvais
mais si quelqu'un te frappe
Byz V TRcelui qui te frappera sur ta
Byz Sla joue
Vmâchoire droite, tends-lui aussi l’autre.
5,40 Et à celui qui veut te citer en justice et prendre ta tunique, laisse-lui aussi le manteau.
5,41 Et quiconque te réquisitionnera-t-il pour
Vcontraindra à un mille
Vmille pas, va avec lui pour deux Vautres.
5,42 À celui qui te demande, donne V-lui
et de celui qui veut t'emprunter ne te détourne pas.
5,43 Vous avez entendu qu’il a été dit :
« Tu aimeras ton prochain et tu haïras
Vauras en haine ton ennemi. »
5,44 Moi je vous dis :
— Aimez vos ennemis
bénissez ceux qui vous Byz S TRmaudissent
faites du bien à ceux qui vous haïssent
et priez pour ceux qui vous maltraitent et vous
Semmènent dans les chaînes
44 Moi, je vous dis :
— Aimez vos ennemis
faites du bien à ceux qui vous haïssent
et priez pour ceux qui vous persécutent et vous calomnient
44 Moi je vous dis :
— Aimez vos ennemis
et priez pour ceux qui vous persécutent
5,45 afin que vous deveniez
Vsoyez des fils de votre Père qui est dans les cieux
Byz S TR Nescar il fait lever son soleil sur les méchants et les bons
Vsur les bons et les méchants
et pleuvoir sur les justes et les injustes.
5,46 Car si vous aimez ceux qui vous aiment, quel salaire aurez-vous ?
Les publicains eux-mêmes ne font-ils pas de même ?
5,47 Et si vous saluez seulement vos frères
Byzamis, que faites-vous en surplus ?
Les païens
Byz S TRpublicains eux-mêmes ne font-ils pas de même ?
5,48 Vous donc, vous serez
Vsoyez parfaits comme votre Père qui est dans les cieux
V Nescéleste est parfait.
6,1 Gardez-vous de faire votre justice
Byz S TRaumône devant les hommes pour être remarqués d'eux
sinon vous n'aurez pas de salaire auprès de votre Père qui est dans les cieux.
6,2 Quand donc tu fais l’aumône, ne fais pas sonner de la trompette devant toi
comme font les hypocrites dans les synagogues et dans les rues, afin d’être glorifiés
Vhonorés par les hommes.
Amen, je vous le dis, ils ont reçu leur salaire.
6,3 Mais toi, quand tu fais l’aumône, que ta gauche ignore ce que fait ta droite
6,4 afin que ton aumône soit dans le secret
et ton PèreByz S TR lui-même, qui voit dans le secret, te [le] rendra Byz S TRau grand jour .
6,5 Et quand vous priez, vous ne serez
Byz S TRtu pries, ne sois pas comme les hypocrites
qui aiment prier debout dans les synagogues et aux angles des places
pour être vus des hommes.
Amen, je vous le dis, ils ont reçu leur salaire.
6,6 Mais toi, quand tu pries, entre dans ta pièce intérieure
Vchambre
et, ayant fermé ta porte, prie ton Père S TR Nesqui est [présent] dans le secret
et ton Père, qui voit dans le secret, te [le] rendra Byz S TRau grand jour.
6,7 Quand vous priez, ne rabâchez pas
Vparlez pas beaucoup comme les païens
car ils pensent que dans l'abondance de leurs paroles ils seront exaucés.
6,8 Ne les imitez donc pas,
car votre Père sait ce dont vous avez besoin avant que vous ne le lui demandiez.
6,9 C'est donc ainsi que vous prierez :
— Notre Père qui es aux cieux
que ton nom soit sanctifié
6,10 que vienne ton règne
qu' advienne ta volonté et au ciel, et sur Byz TRla terre.
6,11 Donne-nous aujourd'hui notre pain quotidien
Vnotre pain supersubstantiel
Sle pain de notre besoin
6,12 et remets-nous nos dettes, comme nous aussi nous remettons
V Nesavons remis à nos débiteurs
6,13 et ne nous laisse pas entrer en tentation
mais arrache-nous au mauvais
parce qu'à toi sont le règne, la puissance et la gloire, pour les siècles. Amen.
13 et ne nous laisse pas entrer en tentation
mais délivre-nous du mauvais
Vmal.
6,14 Car si vous remettez
Vavez remis aux hommes leurs fautes
Vpéchés
votre Père céleste vous remettra aussi Vvos offenses.
6,15 Mais si vous ne remettez pas
Vn'avez pas remis aux hommes Byz TRleurs fautes
votre Père non plus ne remettra
Svous remet pas vos fautes
Vpéchés.
6,16 Et quand vous jeûnez, ne soyez pas sombres
Vtristes comme les hypocrites
qui ravagent
Vabattent leur visage, pour [faire] paraître aux hommes qu'ils jeûnent.
Amen, je vous le dis, ils ont reçu leur salaire.
6,17 Mais toi, quand tu jeûnes, oins ta tête et lave ton visage,
6,18 afin que tu ne paraisses pas jeûnant aux hommes
mais à ton Père qui est dans le secret
et ton Père, qui voit dans le secret, te [le] rendra TRau grand jour.
6,19 Ne thésaurisez pas pour vous des trésors sur la terre
où mite et ver ravagent
Sconsument
et où voleurs percent et volent,
19 Ne thésaurisez pas pour vous des trésors sur la terre
où rouille et mite ne détruisent
et où voleurs ne percent et ne volent,
6,20 mais thésaurisez pour vous des trésors dans le ciel
où ni mite ni ver ne détruisent
et où voleurs ne percent ni ne volent.
20 mais thésaurisez pour vous des trésors dans le ciel
où ni rouille ni mite ne détruisent
et où voleurs ne percent ni ne volent.
6,21 Car là où est ton
Byz S TRvotre trésor, là sera
Vest aussi ton
Byz S TRvotre cœur.
6,22 La lampe du corps, c’est l’œil.
Si donc ton œil est simple
tout ton corps sera lumineux
6,23 mais si ton œil est mauvais
tout ton corps sera ténébreux.
Si donc la lumière qui est en toi est ténèbres
combien grandes Vseront les ténèbres !
6,24 Nul ne peut servir deux maîtres
car ou il haïra l’un et aimera l’autre
ou il tiendra à
Vsoutiendra
Shonorera l’un et méprisera
Vcombattra l’autre.
Vous ne pouvez servir Dieu et Mamon
Vmamon.
6,25 C'est pourquoi je vous dis :
Ne vous souciez pas, pour votre vie, de ce que vous mangerez Byz S TR Neset de ce que vous boirez
ni, pour votre corps, de quoi vous le vêtirez.
La vie n'est-elle pas plus que la nourriture
et le corps plus que le vêtement ?
6,26 Observez les oiseaux du ciel :
ils ne sèment, ni ne moissonnent, ni ne ramassent dans des greniers
et votre Père céleste les nourrit.
Ne valez-vous pas beaucoup plus qu’eux ?
26 Observez les oiseaux du ciel :
ils ne sèment, ni ne moissonnent, ni ne ramassent dans des greniers
et votre Père céleste les nourrit
est-ce que vous n'êtes pas beaucoup plus qu'eux?
6,27 Qui de vous, en se souciant,
Vpensant, peut ajouter une seule coudée à la longueur de sa vie
V Ssa taille ?
6,28 Et au sujet du vêtement pourquoi
Vde quoi vous soucier ?
Considérez les lis du champ, comment ils croissent :
ils ne travaillent ni ne filent.
6,29 Or je vous dis :
— Pas même Salomon, dans toute sa gloire, n’a été vêtu comme l’un d’eux.
6,30 Si l’herbe du champ, qui est aujourd’hui et demain sera jetée au four, Dieu l'habille ainsi,
combien plus pour vous, [hommes] de peu de foi !
6,31 Ne vous souciez donc pas en disant :
— Que mangerons-nous ? ou : — Que boirons-nous ? ou : — De quoi nous vêtirons-nous ?
6,32 Tout cela en effet les païens le recherchent
car votre Père Byz S TR Nescéleste sait que vous avez besoin de tout cela.
6,33 Cherchez d'abord le V NesRoyaume Byz S TRroyaume de Dieu et sa justice
et tout cela vous sera ajouté.
6,34 Ne vous souciez donc pas pour demain
demain en effet se souciera de lui-même :
à [chaque] jour suffit son mal.
1,16 Jacob autem
1,18 Cum esset
27,64–28,20 Apparition et apothéose de Romulus
Quelques décennies plus tard, le récit d'apparition post-mortem du fondateur de Rome, relevant de la biographie « archéologique » au sens hérodotien du terme, non de l'historiographie, est amplifié, et assigné à un temoin oculaire autorisé :
2,1–23 Bethléem (Voir Repères historiques et géographiques 1S 16,4). ou Éphrath, Éphrata. Une ville qui appartenait à la tribu de Juda (1Ch 2,51) , située à 10 kilomètres au sud de Jérusalem. Le roi David et Jésus y sont nés.
Le parvis de la basilique de la Nativité, dans son état ancien, avec les gros pavés. Le monument byzantin est à l’arrière-plan : la façade orientale, les contreforts ajoutés après-coup et les entrées dans le monument rétrécies en trois moments. À droite, le couvent arménien.
Le narthex de la basilique de la Nativité. Au centre droit, une des belles colonnes monolithes byzantines ; juste derrière elle, sur sa droite, l’escalier de la sortie de la grotte de la Nativité, sous le chœur des Grecs. À gauche, au premier plan, un autel latéral arménien.
À l’intérieur de la basilique, dans la crypte, l’emplacement de la grotte de la Nativité. Ce cliché original montre deux policiers municipaux du mandat britannique montant la garde devant l’autel sous lequel se trouve la célèbre étoile en argent, lieu traditionnel de la naissance de Jésus, et objet de la vénération liturgique des trois communautés chrétiennes y ayant un droit d’accès : Grecs, Arméniens et Catholiques.
1,2 Livre de la génération de Jésus L'arbre de Jessé La représentation de la généalogie du Christ par l'arbre de Jessé (cf. Is 11,1) est un motif récurrent dans toute l'histoire de l'art.
Cf. Arts visuels Mt 1,16.
1,18–2,19 Histoire de la Nativité Une intense poésie se dégage de ce film d'animation russe.
Le film Noël du réalisateur et artiste Mikhail Aldashin cherche à faire toucher au miracle de la naissance du Sauveur parmi les hommes. L'intrigue respecte le texte canonique, en y ajoutant bien des traits naïfs et émouvants tirés des récits apocryphes. Mikhail Aldashin est l'un des principaux réalisateurs du studio Pilot. Ses films ont remporté le succès dans de nombreux pays, dans divers festivals internationaux. Le film Noël, tourné en 1997 la même année, a reçu le prix de la meilleure réalisation et la première place dans une classification professionnelle au Festival panrusse d'animation de Tarus ; au Golden Fish International Film Festival à Moscou et de nombreuses autres récompenses.
La scène de l’appel des trois mages endormis dans le même lit et tirés de leur sommeil par un petit ange qui les touche du doigt vient directement d’un chapiteau du 12e s. de la cathédrale Saint-Lazare d’Autun, sculpté par maître Gislebertus : Arts visuels Mt 2,1s
26,1–28,20 La Passion dans Il Vangelo secondo Matteo, chef-d'œuvre de Pier Paolo Pasolini (réal., scén., 1922-1975) Film noir et blanc à petit budget, réalisé par un homosexuel athée marxiste, ce film reste un choc, comparé aux œuvres ultérieures de Pasolini (p. ex. Salò, ou Les 120 journées de Sodome, en 1975). Pasolini s'était dit fasciné par l'éclat littéraire et l'efficacité narrative de l'évangile selon Mt. Son film, dédié au « glorieux Pape Jean XXIII », met en scène tout l’évangile selon Mt, qu’il suit fidèlement, surtout dans les dialogues. Cette fidélité littérale ne l’empêche pas de proposer une représentation très personnelle de la passion de Jésus, où il fait intervenir sa propre mère Susanna Pasolini pour interpréter la Vierge Marie avec une retenue bouleversante (cf. ci-dessous « la figure de Marie »).
La représentation est à la fois réaliste, par le décor naturel, et hiératique, par une succession de tableaux qui évoquent la scénographie d’un opéra. La musique joue d’ailleurs un rôle important pour préciser le sens des séquences, comme un commentaire sans paroles. La figure de Jésus est celle d’un prophète imprécateur, au verbe violent, qui entraîne les foules et déchaîne l’hostilité croissante des chefs et des pharisiens. Cette énergie se déploie jusqu’à l’arrestation. Jésus est d’ailleurs filmé souvent seul dans le plan, séparément des disciples. Les traits fins et distingués de l’acteur qui interprète le Christ contrastent avec la beauté brute et rustique des visages des disciples : Jésus est la perfection de l’humanité. Les gros plans nombreux sur ces visages évoquent l'Église comme peuple de Dieu ou le Peuple lui-même. On y voit surtout des hommes de tous âges, des vieilles femmes et des enfants, peu de jeunes femmes.
De plus, la pauvreté formelle adoptée comme langage cinématographique résonne fortement avec les enseignements du Christ : les canons néoréalistes permettent d’insister sur l’humanité de Jésus, rompant avec la vision « héroïcisante » des studios hollywoodiens. L’ambition néoréaliste de mettre à l’honneur les humbles, tout en soulignant le caractère réellement inédit du quotidien, renvoie aussi à la prophétie de Jésus : « Aujourd'hui s'accomplit cette Écriture — à vos oreilles » (Lc 4,21). Ce film fut récompensé, entre autres, par le prix spécial du jury au Festival de Venise et le grand prix de l'Office catholique du cinéma.
La représentation de la passion à proprement parler occupe 28 min, dans la seconde moitié du film. Dans les choix opérés par le réalisateur, trois caractéristiques influent profondément sur le message délivré par l’œuvre : Pasolini a une intelligence politisée du message évangélique ; il adopte une lecture chronologique et littérale de Mt ; il représente la passion de points de vue majoritairement externes.
Pasolini dans ses choix de mise en scène, décrit Jésus comme un tribun, un homme politique animé par un immense désir de justice.
Il adopte une narration strictement chronologique, qui suit littéralement le texte de l’évangile, omettant toutefois certains épisodes relatés dans Mt. Cette construction linéaire, si elle confère un caractère de simplicité et de pauvreté au récit de la passion, exprime de manière limitée l’unité profonde dont est tissée la vie du Christ.
La caméra adopte le point de vue externe de Pierre jusqu’à son reniement, puis de Judas jusqu’à sa pendaison, enfin de Jean jusqu’à la crucifixion. Il en découle que la majorité des images de la passion est éloignée du cœur de l’action : l’œil de la caméra observe une suite de tableaux à distance respectueuse, sans s’approcher du visage ni du corps du Christ. Hormis la pauvreté formelle adoptée dans cette œuvre, la Passion de Pasolini fait peu entrer dans le caractère stupéfiant de l’amour de Dieu tel qu’il est révélé dans la mort du Christ, car cette représentation laisse le spectateur à l’extérieur de l’humanité du messie et de sa réalité incarnée et personnelle. Pasolini ne montre pas non plus l’événement universel et cosmique (en tant qu’il réalise une conversion, un retournement de la marche du monde) que constitue la passion de Jésus.
Une conséquence de telles options est l’impression d’extériorité qui se dégage de la dernière partie du film : Jésus, après avoir déclamé ses enseignements sur un ton impérieux, souffre sa passion et meurt loin du spectateur. La distance installée par le metteur en scène avec le Christ souffrant occulte largement la violence inexprimable de la passion, qui est le sacrifice d’amour de Dieu pour ses enfants et ses frères, les hommes. Avec le recul, on comprend les raisons pour lesquelles cette œuvre a pu rencontrer un tel succès critique, tant cette représentation de la passion, tout en semblant réaliste, est peu dérangeante.
À l’écran, selon un procédé fréquent dans le cinéma italien de l’après-guerre, Jésus est incarné simultanément par un duo d’acteurs, avec l’apparence d’Enrique Irazoqui aux cheveux noirs, aux yeux noirs et sans arcade (juif basque qui, comme les autres interprètes, n'était pas un acteur professionnel) et la voix d’Enrico Maria Salerno. Le décalage entre les images capturées en extérieur d’un interprète non professionnel et la voix puissante enregistrée en studio d’un acteur confirmé peut être vu comme le signe de la double nature du Christ. Ce Jésus éructe les paraboles et prophétise avec une férocité vive, comme un agitateur syndical. Il est nerveux avec ses inquisiteurs et brusque avec ses apôtres. C'est un homme-Dieu pressé d'accomplir sa mission. Plus tôt mort, plus tôt ressuscité.
La perfection formelle du visage d’Irazoqui rappelle les représentations du Greco ; son regard légèrement asymétrique renvoie au mystère que dégagent les portraits du Christ dans l’art russe de l’icône. Fidèle au texte de Mt, Pasolini insiste sur l’union de Jésus au Père en montrant la prière solitaire du Christ avant sa passion, sur le point d’entrer dans Jérusalem. Il montre la souffrance portée par Jésus dans son agonie en empruntant à La Passion de Jeanne d’Arc de Carl la douleur béate et muette du visage du condamné : regard hébété, fixité, stupéfaction à l’aube du don total de soi.
Il faut néanmoins admettre que l’acteur principal manque singulièrement d’épaisseur, en particulier dans les scènes de la passion, ce qui peut être imputé au jeune âge d’Irazoqui, qui n’avait que 19 ans (et non 33) lors du tournage.
Il Vangelo de Pasolini frappe par le souffle d’impatience et de colère impérieuse qui jaillit de la personne du Christ et qui secoue toute l’œuvre. La Bonne Nouvelle présentée ici semble être un principe de vie réagissant à l’injustice sociale répandue dans le monde. Par suite, la justice de Dieu semble primer sur la miséricorde de Dieu, appauvrissant le sens fondamental de la passion. On est loin de la plume déchirante de Péguy qui met les mots suivants dans la bouche du Père décrivant la passion de Jésus :
Chez Pasolini, le cœur de Jésus semble plus vibrant de colère que brisé d’amour. Sa colère et son exigence de justice l’emportent sur sa compassion et sa miséricorde. À la lumière des engagements de Pasolini auprès du Parti communiste italien, on peut s’interroger sur la justesse de cette interprétation : la colère attribuée ici au Christ est-elle la colère de Dieu, ou plutôt la colère du réalisateur projetée sur ce qu’il comprend de la personne du Christ ?
Pasolini montre sans ambiguïté le don libre que le Christ fait de lui-même dans sa passion : Jésus après l’institution de l’Eucharistie, sourit à ses disciples comme un époux qui connaît la plénitude après l’union nuptiale ; au prétoire, après le couronnement d’épines, il marche librement vers sa croix, son bâton à la main ; au Golgotha, il crie peu lorsqu’il est cloué sur sa croix, contrairement au brigand crucifié à ses côtés.
Toutefois par d’autres aspects non négligeables, Pasolini ne donne pas la pleine mesure du don personnel du Fils de Dieu fait homme. Ainsi la flagellation du Christ est ignorée. De plus, dans l’interprétation que le réalisateur fait de la réquisition de Simon de Cyrène, Jésus, désormais déchargé de sa croix et apparemment en bonne santé, cesse de porter sa croix et marche aux côtés du Cyrénéen qui a endossé son fardeau. Étranger à l’ultime étape de sa vie terrestre, le Christ paraît dès lors désincarné. La lecture que fait Pasolini du texte de Mt, quoique poétique, est un contresens : ici le Verbe de Dieu fait homme pour assumer le péché du monde fait porter son joug par son prochain menacé de mort, alors même qu’il est venu assumer la souffrance et le péché de tous les prochains.
Le rôle de Marie lors de la passion du Christ est tenu par Susanna Pasolini, la mère de Pasolini. Elle est une Vierge éplorée de douleur, tordue de souffrance devant le spectacle de son fils supplicié et mis à mort devant elle. Malgré le jeu convaincant de son actrice, le réalisateur butte sur le double écueil du choix de son interprète et de la difficulté à percer le mystère de la nouvelle Ève :
En donnant ce rôle clef à sa propre mère, Pasolini fait en quelque sorte le choix d’apparaître lui-même comme le messie crucifié. (Nombreux sont d’ailleurs les critiques que, par certains aspects, la vie du Christ résonne avec la vie du cinéaste.)
Pasolini ne communique guère au spectateur les réalités profondes qui font que la souffrance de Marie au pied de la croix dépasse considérablement la peine de Susanna Pasolini, fût-elle en train de contempler son propre fils agonisant : Marie au Calvaire distingue dans la personne de son fils à la fois le fruit de ses entrailles et le Dieu vivant et vrai qui épouse notre humanité pour porter toute souffrance. Étant unie mystiquement au cœur de son fils, elle traverse la mort comme Jésus traverse la mort. Cependant si elle porte « celui qui porte tout », on peut dire aussi que sa force et sa dignité reçues de Dieu surpassent celles de toutes les mères : dans son union mystique au cœur de Dieu, Marie garde intacte sa certitude que Jésus est le Fils de Dieu, et intacte sa confiance dans l’amour tout-puissant et miséricordieux du Père. À ce titre le jeu accablé de Susanna Pasolini, s’il est juste sur un plan strictement humain, ne rend pas pleinement compte de l’amour de Marie marchant au Golgotha avec Jésus.
Chez Pasolini, Jésus marche jusqu'à sa mort, à travers la campagne de Matera, dans les Pouilles, près du talon de la botte italienne. La foule le poursuit et le presse ; un cri jaillit "Son sang soit sur nos enfants !" (Mt 27,25). Pasolini, poète avant d'être cinéaste, ne voulut pas censurer le verset d'un texte qu'il voulait honorer ; et, en mettant en scène des Italiens pourchassant les Italiens, il typifie une malédiction moins de race ou de religion que de clan.
Une mosaïque de musiques émaille l’œuvre de Pasolini : des extraits des œuvres de Bach, Webern, Mozart, Prokofiev, de la Missa Luba (messe congolaise), de Negro spirituals (déchirant Sometimes I Feel like a Motherless Child) et de chants révolutionnaires russes enrichissent les images de la vie simple du Christ et nous enseignent sur ce qu’est l’Eglise :
Ces thèmes récurrents sont une représentation de la multiplicité des demeures dans la maison du Père : l’Église ressemble à une famille et l’Église est universelle ; elle accueille tout homme, comme Dieu ouvre ses bras à tout homme.
La répétition de ces musiques variées évoque aussi la prière tournoyante et sans cesse recommencée du psalmiste.
Enfin, on peut deviner dans les choix de musique de Pasolini les possibles défigurations du message évangélique. Ainsi, après la résurrection du Christ, l’Église en marche est représentée comme un peuple d’insurgés avec les armes à la main, courant vers un avenir lumineux au son des chœurs de l’Armée Rouge.
Il Vangelo secondo Matteo de Pasolini bénéficie des canons du néoréalisme italien et rompt heureusement, par sa pauvreté formelle, avec la proposition hollywoodienne connue jusque-là. Toutefois, dans une lecture littérale (quoique poétisée et politisée) de l’évangile, le réalisateur semble ne pas adhérer au cœur de la foi chrétienne, qui est que Dieu, fait homme dans la personne de Jésus, a porté le péché de chaque homme et de l’humanité pour que tout homme soit sauvé. C’est pourquoi cette œuvre recèle un certain nombre de limites lorsqu’elle rend compte du message évangélique, et ressemble au récit qu’un reporter extérieur ferait du parcours exceptionnel d’un leader exceptionnel.
Après la référence, on donne un bref commentaire, suivi du minutage.
(avec fr. Benoît Ente o.p.)
1,18 Or, la génération du Christ se fit ainsi Iconographie contemporaine
Enlumineur depuis 2016, É. M. s’inspire de textes bibliques et chrétiens et de la spiritualité scoute pour élaborer des compositions dans la tradition de l’enluminure occidentale, avec une préférence pour le style irlandais « insulaire » (Livre de Kells, Evangiles de Lindisfarne, etc.) et pour le gothique du 13e s.
La page Chi-Rhô (folio 34r du Livre de Kells) est emblématique des manuscrits insulaires. Elle désigne le chrisme, composé des lettres grecques X (khi) et P (rhô), initiales de Jésus-Christ en grec.
En s'inspirant de l'illustration Chi-Rhô, É. M. illustre les premiers mots de la péricope de Saint Matthieu : « XPI (Christi) autem generatio sic erat ».
L'enluminure de É. M. intègre aussi des éléments symétriques et circulaires, ainsi que des motifs celtiques médiévaux, comme ceux du Bouclier de Battersea.
La calligraphie quant à elle est empruntée aux lettres du folio 95r des Évangiles de Lindisfarne.
L'enluminure Incarnation. Page Chi-Rhô d'É. M. peut évoquer :
5,37 que votre parole soit : OUI ? OUI !, NON ? NON ! Un écho dans la musique pop ? Le Let It Be des Beatles.
Une célèbre chanson du célèbre groupe britannique, morceau initialement très intime, a rapidement été considérée par beaucoup comme l'équivalent d'un gospel, un hymne à la Vierge Marie.
Lorsque la frénésie de la Beatlemania commençait à s'estomper et que les relations au sein du groupe se détérioraient, annonçant une fin imminente, Paul McCartney fit un rêve marquant : sa mère Mary, décédée depuis une douzaine d'années, lui apparut. Dans ce rêve, elle lui offrit la consolation d'une rencontre inattendue et lui transmit ces paroles apaisantes : Let it be – « qu'il en soit ainsi », « ainsi soit-il », amen – ou, plus simplement « lâche prise », « accepte que ce qui est, est ». Et le cœur troublé du jeune homme retrouva la paix.
Ce fut le dernier grand succès du groupe, qui, sans le prévoir, produisit une œuvre résonnant comme un écho à l'un des préceptes les plus célèbres de Jésus : « — Que votre parole soit oui, oui ; non, non » (Mt 5,37), peut-être en rétroversion araméenne : « Dis ce qui est est, ce qui n'est pas n'est pas » (cf. Eric Jésus parlait araméen, Paris : Les éditions du Relié, 2000, 206-209). En ce sens, Let it be exprime une invitation à l’acceptation complète de la réalité.
Sans en avoir conscience, les Beatles ont laissé un héritage musical transcendant les frontières de la pop et abordant indirectement la figure de la Vierge, incitant les auditeurs à tourner leur regard vers la Reine du ciel. Le choix de McCartney d’employer l’expression « Mother Mary », sans utiliser de possessif, ouvre cette figure à une interprétation universelle, et facilite l’association avec Marie. Comme souvent avec les grandes œuvres, celle-ci échappe à son auteur et acquiert un caractère universel, abordant des thèmes qui semblent dépasser les intentions initiales.
L'association entre la figure maternelle et la souffrance rappelle également, à une autre échelle, les paroles adressées par Jésus à Jean depuis la croix : « Voici ta mère » (Jn 19,27). Cependant, la chanson s'achève sur un passage des ténèbres vers la lumière, un thème central dans la Bible, d'Isaïe à la Résurrection. La mélodie de Let it be, évoquant pour McCartney l’aube d’un jour nouveau, semble ainsi renvoyer à cette symbolique de renaissance et de paix.
Ces dynamiques, exprimées de manière simple mais puissante dans cette chanson, trouvent un écho dans les paroles du frère Roger : « Avec Marie (…) attendre dans la paix des nuits […] comme aux heures des plus grands combats intérieurs, attendre que fleurissent nos déserts » (
, Marie, mère de réconciliation, Les Presses de Taizé / Le Centurion, 1989, 24).6,9 Notre Père qui es aux cieux Motor of Love
Certains adeptes de la croisade anti rock’n’roll avaient déclaré les Beatles satanistes. Quelle belle surprise et quel bonheur de découvrir, dans l’album Flowers in the Dirt (Fleurs dans la crasse) de l’un des ex-membres du quatuor de Liverpool, cette chanson adressée au Père céleste ! S'il avait écrit, malgré lui, en 1969, un hymne à la Vierge Marie avec Let It Be, il s’adresse, vingt ans plus tard, de manière explicite à Dieu – qu’il nomme Père – avec Motor of Love. Rien d’extraordinaire pour cet artiste de tradition catholique. Oui, mais malgré son baptême enfant et son éducation chrétienne, McCartney ne se présente pas comme un religieux au sens traditionnel du terme : passé par la méditation transcendantale avec les autres Beatles et par un cheminement personnel l'ayant ouvert à différentes traditions, il préfère maintenant se dire « inscrit dans une démarche spirituelle sans se rattacher à une structure religieuse précise ».
Sa prière au Père céleste n’en est que plus touchante, sincère et profonde : dégagée de tout aspect culturel, elle témoigne d'une relation intime et concrète. Elle témoigne de l’essentiel : un amour inconditionnel, toujours présent et expérimenté au quotidien. Ce chant, qui fait partie du parcours de l’artiste, résonne comme un écho à cette parole de Jésus : « L’heure vient où vous n’irez plus ni à Jérusalem ni sur cette montagne pour adorer le Père. » Mais l’heure vient – et c’est maintenant – où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité : tels sont les adorateurs que recherche le Père » (Jn 4,21-23).
Paroles :
Je ne peux qu’être bouleversé par ton amour — Aussi dure que la vie puisse sembler être — Il y a une lumière dans mes rêves Grâce à toi. — Mes amis ne cessent de me demander pourquoi — Un tel sourire illumine mon visage — J’ai trouvé un chez moi Grâce à toi — Je ne veux rien de toi — Anime-moi de ton élan d’amour, de ton énergie d’amour — Élan d'amour, énergie d'amour — Père céleste abaisse ton regard vers moi — Je ne peux qu’être bouleversé par ta puissante — Énergie d'amour — Je ne peux qu’être bouleversé par ton amour — Aussi perdu que je puisse me sentir — Je sais que mon amour est réel — Grâce à toi — Tu as simplement tendu la main — et m'as touché au plus profond de l’âme — J’ai trouvé un refuge au cœur de l’hiver — Grâce à toi — Je ne te volerai rien —Tu me donnes au delà du nécessaire — Élan d'amour, énergie d'amour — Père céleste abaisse ton regard vers moi — Je ne peux qu’être bouleversé par ta puissante — Énergie d'amour —Il fut un temps — où je n’arrivais plus à me battre — Je me souviens que je me sentais si mal — que j’étais sur le point de tout abandonner — de baisser les bras et de tout abandonner — Élan d'amour, énergie d'amour — Père céleste abaisse ton regard vers moi — Je ne peux qu’être bouleversé par ta puissante — Énergie d'amour. (trad. F. Waille).
2,13 La fuite en Égypte selon la Biblia Pauperum Cette planche marque le début d'un deuxième volet. Les planches A à D formaient un premier groupe couvrant l'Annonciation jusqu'à la première souffrance du Christ. Les planches E à H formeront un deuxième groupe, délimité par la fuite en Égypte et le retour d'Égypte. La deuxième souffrance du Christ se distingue de la circoncision dans la mesure où le danger est représenté. Alors que dans la Présentation de Jésus au Temple, seul la nudité de Samuel laissait entrevoir la circoncision (Arts visuels Lc 2,22–39), le danger est ici manifeste. Que ce soit à travers Ésaü et son arc (signe distinctif qui réapparaît dans la Planche K : Arts visuels Lc 6,4), l'âne en mouvement ou les fantassins qui pourchassent David, cette planche est marquée par le danger et la fuite.
Enchassé entre la fuite de Jacob et l'évasion de David, la fuite en Égypte fait partie des épreuves que Joseph, Marie et Jésus doivent endurer. Les agresseurs, absents de la scène centrale, sont présents dans les images latérales.
2,1 voici, des mages d'Orient vinrent à Jérusalem L'Épiphanie selon la Biblia Pauperum La visite des mages est au centre ; les images latérales représentent le roi David et le roi Salomon. Celui qui est « Roi des rois et Seigneur des seigneurs » (Ap 19,16) surprend par sa petitesse, en comparaison des rois d'Israël qui le flanquent.
David et Salomon, sceptre en main et couronne sur la tête, encadrent l'Épiphanie. Ils se distinguent de Jésus qui n'est pas assis sur un trône à baldaquin, mais sur les genoux de Marie. Celle-ci tient délicatement entre ses mains celui qu'annoncent les paroles d'Isaïe dans le phylactère au-dessus : « Et ils adoreront les traces de tes pas » (Is 60,14).