La Bible en ses Traditions

Sagesse 1,0 ; 15,1–2,25 ; 2,3

G
V
S

 Celle-ci éteinte, le corps tombera en cendres

et l’esprit se dissipera comme l’air léger.

Parce que, [celle-ci] éteinte, le corps sera cendre

et l’esprit se dissipera comme l’air léger.

Notre vie passera comme une trace de nuée

elle se dissoudra comme un brouillard

mis en fuite par les rayons du soleil

et alourdi par sa chaleur.

...

Contexte

Repères historiques et géographiques

Réception

Liturgie

3,8 Judicant sancti

Introït "Judicant sancti"

Introït - Judicant sancti

Chœur des moines de l’abbaye Sainte-Madeleine du Barroux

© Abbaye du Barroux→, Sg 3,8

14,7 Dulce lignum

Alleluia "Dulce lignum"

Alleluia - Dulce lignum

Chœur des moines de l’abbaye Sainte-Madeleine du Barroux

© Abbaye du Barroux→, Sg 14,7 1Co 1,18 1P 2,24

Alleluia de la fête de la Sainte Croix le 14 septembre.

3,7 Fulgebunt

Alleluia "Fulgebunt"

Alleluia - Fulgebunt

Chœur des moines de l’abbaye Sainte-Madeleine du Barroux

© Abbaye du Barroux→, Sg 3,7

4,1 O quam pulchra

Alleluia "O quam pulchra"

Alleluia - O quam pulchra

Chœur des moines de l’abbaye Sainte-Madeleine du Barroux

© Abbaye du Barroux→, Sg 4,1

7,26 Candor est lucis

Alleluia - Candor est lucis

Alleluia - Candor est lucis

Chœur des moines de l’abbaye Sainte-Madeleine du Barroux

© Abbaye du Barroux→, Sg 7,26

Alleluia chanté pour la fête de la Transfiguration du Seigneur.

Contexte

Milieux de vie

14,1–15,19 RELIGION Idoles dans la Mésopotamie ancienne

Chalcolithique

Anonyme, idole aux yeux (sculpture sur albâtre de gypse, ca. 3700–3500 av. J.-C., Uruk moyen : idole ? offrande ?) 6.5 x 4.2 x 0.6 cm, Tell Brak, Syrie

Met Fifth Avenue, Gallery 402

Public Domain © Metropolitan Museum→, New York

Des milliers de figurines de ce type, connu sous le nom d'« idole aux yeux », en pierre avec des yeux incisés, ont été découvertes à Tell Brak, dans un bâtiment qui s'appelle maintenant le Temple de l'œil. Elles y ont probablement été dédiées comme offrandes. Beaucoup sont incisées avec plusieurs jeux d'yeux, d'autres avec des bijoux, et d'autres encore avec des représentations d'enfants — des yeux et un corps plus petits gravés sur le corps de la plus grande idole.

Ces grands yeux témoigneraient de l'attention portée aux dieux dans une grande partie de l'art mésopotamien et cependant « elles ont des yeux et ne voient pas... » (Ps 115,5-6). 

L'identification de ces figures reste l'objet de débats : certains archéologues voient dans de telles statuettes non des objets rituels mais... des poids étalonnés ou des poids de métiers à tisser, voire des chenets qui auraient été disposés autour d'un foyer. 

Domaine akkadien

Anonyme, Stèle de victoire de Narâm-Sin, roi d'Akkad (calcaire gréseux, ca. 2350-2000 av. J.-C.), 200 x 105 cm

Musée du Louvre→, département des antiquités orientales

© CC BY-SA 3.0 FR→

Le roi Narâm-Sin, victorieux, représenté au sommet de la stèle, en héros deux fois plus grand que les autres humains, coiffé d'une tiare à corne : peut-être ici pour la première fois dans l'art, un homme est élevé au statut divin ? Cette stèle nous ferait ainsi assister presque en direct à la « naissance » de l'idololâtrie visuelle d'un être humain.

L'histoire de l'art reconnaît également dans cette stèle le premier exemple connu de l’introduction du paysage : une montagne dans le monde, des arbres et des disques mi-étoiles/mi-soleil qui sont peut-être une représentation des dieux.

Domaine paléo-babylonien

La plaque Burney, appelée aussi La Reine de la Nuit, est un relief en terre cuite daté de la période paléo-babylonienne (sous le règne du roi Hammurabi).

Anonyme, Reine de la nuit (terre cuite, découverte à Babylone, ca.1800-1750 av. J.-C.), 49,5 x 37 x 4,8 cm

British Museum→, Londres

© CC BY 2.5→

Une femme nue portant une coiffe à cornes tient un bâton et un anneau de justice. Il s'agit peut-être de la déesse Ishtar, de la déesse Ereshkigal ou de la démone Lilith. Les orbites aujourd'hui vides étaient sans doute garnies de pierres semi-précieuses ou de verreries imitant la transparence des yeux : même alors, elle eut « des yeux et ne vit pas » (Ps 115,5-6)

Les chromatismes reconstitués suggèrent le pouvoir de fascination qu'exerçaient de telles figures :

Anonyme, Reine de la nuit (terre cuite), 49,5 x 37 x 4,8 cm

British Museum→, Londres

© CC BY-SA 2.0 FR→

Réception

Liturgie

12,1 Que ton esprit est bon, Seigneur ! Alleluia

« O quam bonus »

Traditionnel, Alleluia - O quam bonus

Chœur des moines de l’abbaye Sainte-Madeleine du Barroux, (enregistrement en direct)

© Abbaye du Barroux→, Sg 12,1

Musique

9,9 Dès l'éternité

17e s.

Claudio Monteverdi (1567-1643), Ab aeterno ordinata sum SV 262, 1640

John Taylor Ward (bariton), William Skeen (viole de gambe), Hanneke van Proosdij (orgue de chambre baroque)

© Licence YouTube standard→, Pr 8,23-31 Sg 9,9

Paroles

Ab aeterno ordinata sum, et ex antiquis antequam terra fieret. Nondum erant abyssi, et ego iam concepta eram, necdum fontes aquarum eruperant, necdum montes gravi mole constiterant; ante omnes colles ego parturiebar. Adhuc terram non fecerat, et flumina, et cardines orbis terrae. Quando preparabat caelos aderam, quando certa lege et giro vallabat abissos, quando etera firmabat sursum, et librabat fontes aquarum, quando circumdabat mari terminum suum et legem ponebat aquis, ne transirent fines suos, quando appendebat fundamenta terrae: cum eo eram, cuncta componens et delectabor per singulos dies, ludens coram eo omni tempore, ludens in orbem terrarum, et deliciae meae esse cum filiis hominum. Pr 8,23-31

Composition

Claudio Monteverdi, baptisé le 15 mai 1567 à Crémone et mort le 29 novembre 1643 à Venise, est un compositeur italien. Ses œuvres, essentiellement vocales, se situent à la charnière de la Renaissance et de la musique baroque. Ce motet solo "Ab aeterno ordinata sum" SV 262, vient de son dernier recueil de musique, Selva morale e spirituale (Venise, 1640). Cette composition extraordinaire est un tour de force pour le soliste, combinant une large gamme avec des passages et des sauts angulaires — évocateurs du terrain spirituel accidenté du texte.

10,1–11,27 La Sagesse dirige toutes les œuvres du Créateur

17e s.

Henry Purcell (1659-1695), O Lord Our Governor, Z. 39, 1679

Church Cathedral Choir, Stephen Farr, William Clements, Robert MacDonald

© Licence YouTube Standard→, Sg 10,1-11,27 Ps 8,1-10

Composition

Cette composition polyphonique à quatre voix de l'anglais Henry Purcell reprend le texte du Psaume 8. Ce texte exalte le règne du Seigneur sur toute sa création et insiste sur la Sagesse créatrice qui dirige toutes ses œuvres.

Arts visuels

12,1 ton esprit incorruptible est en tous Liturgie cosmique

Art contemporain, 21 s.

Hubert Dolinkiewicz (1998 - ), Bo we wszystkim jest Twoje nieśmiertlene Tchnienie [Car ton souffle immortel est en tous]], (xylographie sur papier), courtesy Vera Icon→, Sg 12,1

Toute la création participe à la liturgie céléste. La composition imite la disposition des iconostases byzantins et des portes des cathédrales romanes.

Liturgie

3,1ss Les âmes des justes

Graduel « Justorum animae »

Graduel - Justorum animae

Chœur des moines de l’abbaye Sainte-Madeleine du Barroux

© Abbaye du Barroux→, Sg 3,1ss

Communion « Justorum animae »

Traditionnel, Communion - Justorum animae

Chœur des moines de l’abbaye Sainte-Madeleine du Barroux

© Abbaye du Barroux→, Sg 3,1ss

Offertoire « Justorum animae »

Offertoire - Justorum animae

Chœur des moines de l’abbaye Sainte-Madeleine du Barroux

© Abbaye du Barroux→, Sg 3,1ss

Musique

6,1–27 ; 8,1–21 Un roi prudent est la propérité d'un peuple

17e s.

Marc-Antoine Charpentier (1643-1704), Salve rex Christe, Motet pour trois voix d'hommes et basse continue, 1698

Ensemble les Surprises, Louis-Noël Bestion de Camboulas, Paco Garcia, Martin Candela

© Licence YouTube Standard→, Sg 6,1-27.8,1-21

Composition

Cette composition est extraite des Méditations pour le Carême de Marc-Antoine Charpentier. Le texte reprend celui du Salve Regina en l'appliquant au Christ, qui assume parfaitement en son humanité la sagesse conseillée aux rois dans ce chapitre du livre de la Sagesse.

Le motet Salve Rex Christe donne lieu à de subtils effets lorsque les deux parties de ténor semblent entrer en fusion ou bien échangent dans une exaltation jouissive.

Liturgie

3,4ss Si à la vue des hommes - Communion

« Et si coram » Communion

Traditionnel, Communion - Et si coram

Chœur des moines de l’abbaye Sainte-Madeleine du Barroux

© Abbaye du Barroux→, Sg 3,4-6

Communion chantée pour le commun des martyrs.

7,22–8,1 ICONOGRAPHIE RUSSE De la sagesse biblique à la « Sagesse hypostatique », au Christ et à sa Mère

Un type marial

Anonyme (russe), La Sainte Sagesse (Type de Novgorod), (tempera sur panneau de bois, fin du 16e s.)

église Saint Georges de Vologda, Russie © Domaine public→,

Sg 7,22-8,1 ; Sg 8,4-6 ; Sg 9,9-10 ; Si 1,4.9.15 ; Si 24 ; Ba 3,29-37 ; Lc 2,40 ; Lc 11,49 ; Mc 6,2 ; Mt 11,19 ; 1Co 1,17-2,13 ; Col 2,3 ; Jc 3,13-18 ; Ap 5,10

L'identification du Christ Logos avec la Sainte Sagesse (Hagia Sophia) est souvent représentée dans la tradition iconographique russe. Parmi les icônes de la Mère de Dieu (Theotokos), un type est nommé « La Sagesse a bâti sa maison », citation de Pr 9,1 typologiquement lue comme prophétie de l'incarnation, Marie étant la maison choisie pour demeure par la « Sagesse hypostatique » (c'est-à-dire la Sagesse en tant que personne de la Trinité).

Le festin des Écritures

Anonyme (russe), « La Sagesse a bâti sa maison », (tempera sur panneau de bois, ca 1548), 146 x 106 cm, icône, monastère Kirillovsky, Novgorod

Musée National Russe — 28830, © Domaine public→

 Sg 7,22-8,1 ; Sg 8,4-6 ; Sg 9,9-10 ; Si 1,4.9.15 ; Si 24 ; Ba 3,29-37 ; Lc 2,40 ; Lc 11,49 ; Mc 6,2 ; Mt 11,19 ; 1Co 1,17-2,13 ; Col 2,3 ; Jc 3,13-18 ; Ap 5,10

La composition est centrée sur une « Fête de la Sagesse » divine donnant à voir la dispensation du mystère de la Sagesse (Ep 3,8-12).

  • En bas à gauche, la « Puissance et Sagesse de Dieu » apparaît depuis les profondeurs de la « ténèbre divine », en vêtements blancs, sur le trône, entourée des rangs de la hiérarchie céleste. Elle est assise sur un trône à sept pieds (Pr 9,1), entourée de la gloire figurée par 5 sphères concentriques où sont représentés des symboles des 9 ordres angéliques. Sa tête est nimbée d'un halo bicolore à 8 pointes, formé de losanges rouges et verts. Ses sept piliers sont les sept dons de l'Esprit Saint apportés au monde par le Fils de Dieu incarné (Is 11,1-3). Ces piliers pourraient également être identifiés aux sept églises d'Ap 2,1-3,22 ou aux sept conciles œcuméniques
  • En arrière plan est peint avec force détails le festin : son échanson, deux jeunes hommes égorgeant le veau gras (cf. Lc 15,23-30), les serviteurs de la Sagesse et ceux que la Sagesse appelle à son festin. 
  • Au-dessus du festin apparaît la Mère de Dieu intronisée avec l'Enfant Jésus : image de la Sagesse incarnée. 
  • À côté d'elle, sur une tour, coupe de la sagesse en main, le roi Salomon présente un phylactère où se lit l'incipit de Pr 9. Il figure ici le « serviteur de la Sagesse » venant des collines de la Ville jusqu'à à la Theotokos avec l'Emmanuel (Pr 9,3).

7,26.29 Rien de souillé ne s'est glissé en elle - Répons

« Nihil inquinatum »

Traditionnel, Répons - Nihil inquinatum

Chœur des moines de l’abbaye Sainte-Madeleine du Barroux

© Abbaye du Barroux→, Sg 7,26.29

Répons chanté aux vêpres de l'Immaculée Conception, le 8 décembre.

10,20s Votre main victorieuse, Seigneur - Introït

« Victricem manum tuam »

Traditionnel, Introït - Victricem manum tuam

Chœur des moines de l’abbaye Sainte-Madeleine du Barroux

© Abbaye du Barroux→, Sg 10,20s Ps 97,1

Introït chanté au temps pascal.

Littérature

3,13.16 (V) pieu FRANÇAIS BIBLIQUE Jeu de mot ? V utilise ici deux fois  le terme torus,i, qui signifie toute espèce d'objet faisant saillie ou protubérance, de l'anatomie (muscle, veine, etc.) à l'ameublement (« coussin, couche, lit »), avec des usages dérivés (« amant, conjoint, liaison, mariage »).

Parce que ce double emploi encadre une allusion aux fantasmes érotiques de l'impuissant ou de l'eunuque  (V—Sg 3,14), et parce que le torus iniquus de V—Sg 3,16 d'où provient la semence perverse peut désigner, par synecdoque, aussi bien l'alcôve d'ébats illégitimes que le membre viril non modéré par la loi morale qui y sévit, il vaut la peine de ne pas euphémiser la traduction.

On rend ici l'ambiguïté du texte latin par le terme « pieu », qui peut désigner aussi bien familièrement un lit (CNRTL→), qu'argotiquement le membre mâle (cf. E. Pierrat et Jean Feixas, Les Mots qui font mâle. Petit lexique littéraire et poétique du sexe masculin, Paris: Hoëbeke, 2015). 

Drapeau de la francophonie→ © Domaine public

 Cf. V—Jg 21,12 :  virgines quae nescierunt viri torum ; V—Nb 5,19 si non polluta es deserto mariti toro ; V—1Ch 5,1:  ipse quippe fuit primogenitus eius sed cum violasset torum patris, etc. ; V—1M 1,28 quae sedebant in toro maritali lugebant.

Liturgie

8,1 Grande antienne O de l'Avent - O Sagesse L'Église s'adresse au Christ qui vient dans les termes de Sg 8,1 en y ajoutant la supplique : « Viens pour nous enseigner la voie de la prudence (c'est-à-dire : du discernement) ! »

Les antiennes O 

Dans la liturgie latine, ces pièces encadrent le Magnificat vers la fin des vêpres durant l'octave qui précède Noël. Toutes commencent par l'interjection  « ô » suivie d'un titre issu de l'AT, appliqué au Christ qui vient. Elles constituent ainsi un concentré de lecture messianique des Écritures : Sapientia, Adonai, Rádix Jesse, Clavis David, Oriens, Rex gentium, Emmanuel. Les initiales des titres des sept antiennes, de la dernière à la première forment en latin l'acrostiche ERO CRAS (qui signifie « je serai [là] demain »), qu'on entend durant l'eucharistie de la Nuit de Noël. 

La première antienne « O Sapientia »

Traditionnel, Antienne - O Sapientia

Chœur des moines de l’abbaye Sainte-Madeleine du Barroux

© Abbaye du Barroux→, Si 24,5 Sg 8,1

O Sapiéntia, quæ ex ore Altíssimi prodiísti, attíngens a fine usque ad finem, fórtiter suavitérque dispónens ómnia : veni ad docéndum nos viam prudéntiæ.

O Sagesse, qui êtes sortie de la bouche du Très-Haut, atteignant d’une extrémité à une autre extrémité, et disposant toutes choses avec force et douceur : venez pour nous enseigner la voie de la prudence.

C’est la vie du Fils de Dieu avant les temps et sa manifestation dans la création. La création est une image du royaume de la grâce dans lequel le Sauveur « dirige nos âmes avec force et suavité. »

Littérature

8,21 tripes (V) FRANÇAIS BIBLIQUE  Le latin dit ex totis præcordiis meis, qui est plus fort que toto corde meo. Nous rendons par l'usage familier de « tripes→», en étant conscients que cette traduction ajoute au texte un saut de niveau de langue. L'insistance sur la dimension physique n'est peut-être pas sans justification dans le contexte immédiat qui évoque la continence inaccessible sans la grâce ?

Drapeau de la francophonie→ © Domaine public

 

Arts visuels

5,1 Alors les justes seront debout Le sort futur des justes : représentation dans le jugement dernier

Renaissance italienne

Michel-Ange (Caprese, 1475-Rome, 1564), Jugement dernier (détail), fresque (ca. 1536-1541), 1,37 × 1,22 m

Chapelle Sixtine (Vatican) © Domaine public→

6,1–27 Personnification de la sagesse

Renaissance italienne

Titien (1488-1576), Dame sagesse (huile sur toile, ca. 1560), 177 x 177 cm

Biblioteca Nazionale Marciana, Venise (Italie) © Domaine public→

8,2s Je l'aimai et la recherchai Idolâtrie et femmes de Salomon : antithèse de la sagesse

Peinture baroque italienne, 17e s.

Giovanni Battista Venanzi (1627-1705), Le roi Salomon égaré par ses femmes dans l'idolâtrie (huile sur toile, 1668)

© Domaine public→

9,1–19 Allégorie de la sagesse

Maniérisme italien, 16e s.

Paul Véronèse (1528-1588), Allégorie de la sagesse et de la force ou Omnia Veritas (huile sur toile, ca. 1565), 2,15 x 1,67 m

Frick Collection, New-York (États-Unis) © Domaine public→

Auteur

Paul Véronèse est un peintre vénitien qui a joui d'une réelle reconnaissance de son vivant, notamment à Venise où il s'installe dans les années 1550. Vers 1555, il atteint sa période de maturité et devient le peintre de référence pour la noblesse et le clergé vénitiens qui lui passent des commandes de nature diverses. Si son œuvre comporte de nombreux tableaux et fresques à caractère religieux, il peint également des tableaux à caractère mythologique comme l'allégorie de la sagesse et de la force présentée ci-dessus.

10,6 le juste qui s'enfuit loin du feu

Peinture néerlandaise du 17e s.

Jacob Joardaens est l'un des trois maîtres renommés de l'école de peinture anversoise du 17e s. avec Pierre-Paul Rubens et Antoine Van Dyck. Il réalise ce tableau représentant la fuite de Lot d'après Rubens.

Jacob Jordaens (1593-1678), La fuite de Lot et sa famille (huile sur toile, ca. 1618-1620), 169,5 x 198,5 cm

 n° INV. P.1978-0006, National Museum of Western Art, Tokyo (Japon) © Domaine public→

12,4ss Comble de l'abomination : les parents mangeant leurs enfants La défaite des Cananéens est ici expliquée par leur pratique des sacrifices d'enfants : cf. Dt 12,29-31. C'est un objet d'épouvante qui revient en diverses circonstances au fil des Écritures. 

Horreurs de la guerre : motif récurrent dans les récits de sièges

Heinrich Merz (1806-1875), Destruction de Jérusalem (détail) (gravure, 19e s.)

Library of Congress, Washington (États-Unis) © Domaine public→

Il s'agit d'une malédiction annoncée en cas de désobéissance à l'alliance : Lv 26,22.29 ; Dt 28,53-57

Elle est réalisée lors du siège de Samarie (2R 6,26-30) et lors du siège de Jérusalem par Babylone (Lm 2,20 ; 4,10). Le motif de la mère dévorant son enfant se retrouve dans le récit du siège de Jérusalem de 70 : cf.  Josèphe B.J. 6.3.4 [201-213].

Elle est dénoncée par les prophètes (Ez 5,9).

Un rite sacrificiel offert au dieu Moloch

La même abomination en vient à caractériser le culte illicite des idoles locales : interdiction (Lv 18,21 ; 20,2-3) et dénonciation par les hagiographes et les prophètes (2R 23,10 ; Jr 32,35).

Charles Foster, Sacrifice à Moloch (gravure, 1897)

in Bible Pictures and What They Teach Us © Domaine public→

Une légende accompagne la gravure :  

« Ceci est une idole nommée Molech. Un grand nombre de personnes avaient l'habitude de prier cette idole. Il avait une tête de veau et était en laiton. Il était creux à l'intérieur. Il y avait un endroit sur le côté pour y faire du feu. Quand il faisait très chaud, les méchants mettaient leurs petits enfants dans ses bras. Les petits enfants ont été brûlés vifs là-bas. L'homme de l'image est sur le point de mettre un petit enfant dans les bras de l'idole. D'autres hommes sonnent des trompettes, battent du tambour et font beaucoup de bruit pour que personne ne puisse entendre le pauvre petit enfant pleurer. »

William Blake (1757-1827), Le vol de Moloch (stylo et aquarelle sur papier vélin, ca. 1815), 16 x 12,5 cm

Bibliothèque Huntington (États-Unis) © Domaine public→

Le diable dévoreur

Rien d'étonnant à ce que ces scènes de dévoration anthropophage soient projetées dans la représentation du mal par excellence qu'est le diable :

Dante Alighieri (Florence, 1265-Ravenne, 1321), Le diable dévoreur (enluminure, 14e s.)

Codex Altonensis, f.48r, Bibliotheca Gymnasii Altonani, Hamburg (Allemagne) © Domaine public→

Mythologie-psychologie des profondeurs : les parents mangeant leurs enfants

Saturne ou Cronos

Dans la mythologie grecque, Chronos, pour éviter que ne s'accomplisse la prédiction selon laquelle il serait détrôné par l'un de ses fils, dévore chacun d'eux à leur naissance.

Francisco de Goya (1746-1828), Saturne dévorant son fils (peinture murale à l'huile transférée sur toile, ca. 1819-1823), 143 cm × 81 cm

Musée National du Prado, Madrid (Espagne) © Domaine public→

Cette peinture fait partie de la série Black paintings que l'artiste espagnol Francisco de Goya a peintes directement sur les murs de sa maison entre 1819 et 1823.

Ce motif du parent dévorant son enfant est profondément à l'œuvre dans le récit du massacre des innocents : Hérode assassine tout petit qui pourrait lui succéder. 

Musique

3,1ss Les âmes des justes sont dans la main de Dieu Paroles reprises par Schütz dans ses Obsèques musicales

17e s.

Heinrich Schütz (1585-1672), Musikalische Exequien SWV 279/281, 1635

Sir John Eliot Gardiner, English Baroque Soloists, Monteverdi Choir

© Licence YouTube standard→, Gn 32,27 Jb 1,21.19,25s Ph 1,21.3,20s Jn 1,29.3,16 Rm 14,8 1Jn 1,7b Is 1,18.26,20 Ps 73,25s Ps 90,10 Lc 2,29ss Ap 14,13 Sg 3,1ss

Livret

Part I: Concert in Form einer teutschen Begräbnis-Messe SWV 279 6vv SSATTB 

Concert sous la forme d'une messe d'enterrement allemande

Intonatio: Nakket bin ich von Mutterleibe kommen. / Soli: Nakket werde ich wiederum dahinfahren. Der Herr hat's gegeben,der Herr hat's genommen, der Name des Herren sei gelobet.(Jb 1,21) / Capella: Herr Gott, Vater im Himmel, erbarm dich über uns. / Soli: Christus ist mein Leben, Sterben ist mein Gewinn. (Ph 1,21) Siehe, das ist Gottes Lamm, das der Welt Sünde trägt. (Jn 1,29) / Capella: Jesu Christe, Gottes Sohn, erbarm dich über uns. / SoliLeben wir, so leben wir dem Herren. Sterben wir, so sterben wir dem Herren, darum wir leben oder sterben, so sind wir des Herren. (Rm 14,8) / Capella: Herr Gott, heiliger Geist, erbarm dich über uns. [Gloria] / Intonatio: Also hat Gott die Welt geliebt, das er seinen eingebornen Sohn gab, / Soli: auf dass alle, die an ihn gläuben, nicht verloren werden, sondern das ewige Leben haben. (Jn 3,16) / Capella: Er sprach zu seinem lieben Sohn: Die Zeit ist hie zu erbarmen, Fahr hin, mein's Herzens werte Kron, und sei das Heil der Armen, Und hilf ihn' aus der Sünden Not, erwürg für sie den bittern Tod, Und lass sie mit dir leben. / Soli: Das Blut Jesu Christi, des Sohnes Gottes, machet uns rein von allen Sünden. (Jn 1,7b) / Capella: Durch ihn ist uns vergeben die Sünd, geschenkt das Leben, im Himmel soll'n wir haben, o Gott, wie grosse Gaben ! / Soli: Unser Wandel ist im Himmel, von dannen wir auch warten des Heilandes Jesu Christi, des Herren, welcher unsern nichtigen Leib verklären wird, das er ähnlich werde seinem verklärten Leibe. (Ph 3,20s) / CapellaEs ist allhier ein Jammertal, Angst, Not und Trübsal überall, des Bleibens ist ein kleine Zeit voller Mühseligkeit, und wers bedenkt, ist immer im Streit. / Soli: Wenn eure Sünde gleich blutrot wäre, soll sie doch schneeweiss werden. Wenn sie gleich ist wie rosinfarb, soll sie doch wie Wolle werden. (Is 1,18) / Capella: Sein Wort, sein Tauf, sein Nachtmahl dient wider allen Unfall,der Heilige Geist im Glauben lehrt uns darauf vertrauen. / Soli: Gehe hin, mein Volk, in eine Kammer und schleuss die Tür nach dir zu ! Verbirge dich einen kleinen Augenblick, bis der Zorn vorübergehe. (Is 26,20) Der Gerechten Seelen sind in Gottes Hand, und keine Qual rühret sie an, für den Unverständigen werden sie angesehen, als stürben sie, und ihr Abschied wird für eine Pein gerechnet, und ihr Hinfahren für Verderben, aber sie sind in Frieden. (Sg 3,1s) Herr, wenn ich nur dich habe, so frage ich nichts nach Himmel und Erden. Wenn mir gleich Leib und Seele verschmacht, so bist du Gott allzeitmeines Herzens Trost und mein Teil. (Ps 73,25s) / Capella: Er ist das Heil und selig Licht für die Heiden zu erleuchten, die dich kennen nicht, und zu weiden, er ist deines Volks Israelder Preis, Ehr, Freud und Wonne. / Soli: Unser Leben währet siebenzig Jahr, und wenn's hoch kömmt, so sind's achtzig Jahr, und wenn es köstlich gewesen ist, so ist es Müh und Arbeit gewesen. (Ps 90,10) / Capella: Ach, wie elend ist unser Zeit allhier auf dieser Erden,gar bald der Mensch darniederleit, wir müssen alle sterben, allhier in diesem Jammertal, ist Müh und Arbeit überall, auch wenn dirs wohl gelinget. / Soli: Ich weiss, dass mein Erlöser lebt, und er wird mich hernach aus der Erden auferwecken, und werde darnach mit dieser meine Haut umgeben werden, und werde in meinem Fleisch Gott sehen. (Jb 19,25s) / Capella: Weil du vom Tod erstanden bist, werd ich im Grab nicht bleiben, mein höchster Trost dein auffahrt ist, Todsfurcht kannst du vertreiben, denn wo du bist, da komm ich hin, dass ich stets bei dir leb und bin, drum fahr ich hin mit Freuden. / Soli: Herr, ich lasse dich nicht, du segnest mich denn. (Gn 32,27) / Capella: Er sprach zu mir: halt dich an mich, er soll dir itzt gelingen, Ich geb mich selber ganz für dich, da will ich für dich ringen, den Tod verschlingt das Leben mein, mein Unschuld trägt die Sünde dein; da bist du selig worden.

Intonatio : Nu, je suis sorti du sein de ma mère. / Soli : et nu, j'y retournerai. Le Seigneur a donné, le Seigneur a repris ; que le nom du Seigneur soit béni. (Jb 1,21) / Capella: Seigneur Dieu, Père qui es aux cieux, aie pitié de nous. / Soli : Ma vie c'est le Christ, mourir est mon gain. (Ph 1,21) Voici l'agneau de Dieu, qui porte le péché du monde. (Jn 1,29) / Capella: / Jésus-Christ, Fils de Dieu, aie pitié de nous. / Soli : Nous vivons, aussi nous vivons pour le Seigneur, aussi nous mourrons pour le Seigneur, c'est pourquoi, que nous vivions ou que nous mourrons, nous appartenons au Seigneur. / Capella: Seigneur Dieu, Esprit Saint, aie pitié de nous. [Gloria] / Intonatio : Dieu a tant aimé le monde, qu'il a donné son fils unique / Soli: afin que tous ceux qui croient en lui ne périssent point, mais qu'ils aient la vie éternelle. (Jn 3,16) / Capella: Il dit à son fils bien-aimé : le moment de la compassion est venu, Va, couronne valeureuse de mon cœur, et sois le salut des pauvres ; Aide-les à sortir du péril du péché, étrangle pour eux la mort amère, Et fais-les vivre avec toi. / Soli : Le sang de Jésus-Christ, le Fils de Dieu, nous purifie de tous les péchés. (1Jn 1,7b) / Capella : Par lui nous sont pardonnés les péchés, nous est donnée la vie, qu'au ciel nous ayons, ô Dieu, de grands présents ! / Soli : Notre conduite est dans les cieux, d'où nous attendons aussi comme sauveur le Seigneur Jésus-Christ, qui transformera notre corps de néant en le rendant semblable à son corps transfiguré. (Ph 3,20-21a) / Capella : Ici-bas est une vallée de larmes, partout angoisse, détresse et tristesse, le séjour est un temps bref, chargé de peines, et qui y songe est toujours en discorde. / Soli : Si vos péchés sont comme rouge sang, ils deviendront blancs comme neige ; s'ils sont de couleur rose, ils deviendront comme la laine. (Is 1,18) / Capella : Sa parole, son baptême, sa cène préservent de toute chute, l'Esprit saint nous enseigne à avoir foi et confiance. / Soli : Va, mon peuple, entre dans une chambre et ferme la porte derrière toi ! Cache-toi pour quelques instants jusqu'à ce que la colère ait passé. (Is 26,20) Les âmes des justes sont dans la main de Dieu, et nul tourment ne les atteint. Pour les insensés, ils semblent mourir, et leur départ est considéré comme une souffrance, et leur éloignement comme une corruption ; mais ils sont en paix. (Sg 3,1s) Seigneur, si je n'avais que toi, je n'interrogerais pas le ciel et la terre Quand mon corps et mon âme languissent, Tu es Dieu pour l'éternité, le réconfort de mon cœur et mon partage. (Ps 7,25s) / Capella : Il est le salut et la lumière sainte pour éclairer les païens, ceux qui ne te connaissent point et les rassasie. Il est la récompense, l'honneur, la joie et le ravissement de son peuple Israël. / Soli : Notre vie dure soixante-dix ans, et même si elle s'élève davantage, cela fait quatre-vingt ans, et si elle a été précieuse, elle est devenue peine et labeur. (Ps 90,10) / Capella : Ah, combien notre temps est misérable ici-bas sur cette terre, Bientôt l'homme gît, nous devons tous mourir, ici-bas dans cette vallée de larmes, il n'est partout que peine et labeur, aussi, quand il te conviendra. / Solus : Je sais que mon sauveur vit, et qu'il me réveillera et me tirera de la terre, et après m'avoir enveloppé de ma peau, et je verrai Dieu dans ma chair. (Jb 19,25s) / Capella : Parce que tu es ressuscité de la mort, je ne resterai point dans la tombe, ma consolation suprême est ton ascension, tu peux chasser la crainte de la mort, car là où tu es je viens, pour vivre et être toujours près de toi, aussi je pars dans la joie. / Soli : Seigneur, je ne te laisserai point aller, que tu ne m'aies béni. (Gn 32,27) / Capella : Il me dit : reste auprès de moi, cela te réussira, Je me donne moi-même entièrement à toi, pour toi je veux combattre, la mort est dévorée par ma vie, mon innocence porte tes fautes ; Ainsi es-tu devenu saint.

Part II: Motette Herr, wenn ich nur dich habe, SWV 280 8vv double choir SATB.SATB

(Ps 73,25 Seigneur, si je n'avais que toi)

Chorus I & II: Herr, wenn ich nur dich habe, so frage ich nichts nach Himmel und Erden. Wenn mir gleich Leib und Seele verschmacht, so bist du doch, Gott, allezeit meines Herzens Trost und mein Teil.

Chœurs I et II : Seigneur, si je n'avais que toi, je n'interrogerais pas le ciel et la terre. Quand mon corps et mon âme languissent, tu es Dieu pour l'éternité, le réconfort de mon cœur et mon partage.

Part III: Canticum B. Simeonis Herr, nun lässest du deinen Diener in Frieden fahren, SWV 281 8vv double choir SATTB.SSB

(Cantique de Siméon : Seigneur, maintenant tu laisses ton serviteur partir en paix) 

Intonatio: Herr, nun lässest du deiner DienerChorus I : in Frieden fahren, wie du gesagt hast. Denn meine Augen hebendeinen Heiland gesehen, welchen du bereitet hast für allen Völkern, ein Licht, zu erleuchten die Heiden und zum Preis deines Volks Israel. (Lc 2,29b-32) / Chorus II Selig sind die Toten, die in dem Herren sterben. Sie ruhen von ihrer Arbeit, und ihre Werke folgen ihnen nach. (Ap 14,13) Sie sind in der Hand des Herren und keine Qual rühret sie. (Sg 3,1) Selig sind die Toten, die in dem Herren sterben. 

Intonatio : Seigneur, maintenant, tu laisses ton serviteur / Chœur I : s'en aller en paix, selon ta parole. Car mes yeux ont vu ton salut, que tu as préparé à la face de tous les peuples, lumière pour éclairer les nations et pour la gloire de ton peuple, Israël. ton peuple. (Lc 2,29b-32) / Chœur II : Heureux les morts qui meurent dans le Seigneur ! Qu'ils se reposent de leurs travaux, car leurs œuvres les suivent. (Ap 14,13) Ils sont dans la main du Seigneur et nul tourment ne les atteint. (Sg 3,1) Heureux les morts qui meurent dans le Seigneur ! 

Composition

Musikalische Exequien (Obsèques musicales), Op.7, SWV 279-281, est un ensemble de motets en trois parties, tout d'abord en forme de messe de funérailles allemande luthérienne. Ce premier épisode précède un autre motet (ou air spirituel) extrait du Ps 73. Il est suivi à son tour d'une troisième partie, le Cantique de Siméon (connu dans la liturgie catholique sous le nom de Nunc dimittis). L'ensemble a été composé en 1635 pour les funérailles de Heinrich Posthumus von Reuss, seigneur de Gera, Schleiz et Lobenstein en Thuringe, mort le 16 décembre 1635.