La Bible en ses Traditions

Cantique des cantiques 1,12–14

M
G S
V

12 (Tant que le roi est dans ses salons

mon nard donne sa senteur

12 

12 (Durant que le roi était sur son divan, mon nard donna son odeur

12 L’arôme des parfums Pr 27,9 ; Ct 1,3 ; 4,10s ; Jn 12,3

13 Mon bien-aimé est pour moi un sachet de myrrhe, qui repose entre mes seins.

13 

13 fascicule de myrrhe mon préféré, à moi, entre mes seins il s'étendra

14 Mon bien-aimé est pour moi une grappe de cypre dans les vignes d’Engaddi...)

14 

14 grappe de cypre mon préféré, à moi, dans les vignes d'Engaddi...)

Réception

Comparaison des versions

1–15 M G | V (Numérotation des versets) M et G incluent le titre du livre dans la numérotation des versets, contrairement à V. Il en résulte un décalage systématique d'un verset (en moins) de V par rapport à M et G.

  • M = 6,1 // V : 5,17 (dernier verset du chapitre), ce qui explique le décalage dans la numérotation des versets (M :  6,2 // V : 6,1, etc.)
  • M : 7,1 // V : 6,12.

Philosophie

1,1–8,15 Le Cantique comme symbole de la révélation Rosenzweig Stern (p. 235-242) interprète le caractère dialogal du Ct comme une instance de la structure dialogale de la révélation elle-même.  

  • Une première partie, intitulée « création », décrit une relation non personnelle, en 3e pers. et au passé, entre Dieu et le monde.
  • Au cœur de l'ouvrage, Rosenzweig fait de son commentaire du Ct le fil conducteur de la présentation de ce qu'il appelle « La révélation », c'est-à-dire le passage au « tu » et au présent et ainsi à l'avènement d'une relation personnelle entre Dieu et l'homme. Tout le Ct est un dialogue (à l'exception de Ct 8,6) : il ne dit pas que la révélation est dialogale, il le montre en étant lui-même dialogue et étant presque uniquement cela.

Révélation performée : importance du dialogue

La révélation n'est donc pas pour Rosenzweig la communication d'un ensemble d'informations sur Dieu, mais la naissance d'une relation entre Dieu et l'homme. Le Ct est pur dialogue — sans jamais de passage à la 3e pers. — et histoire au présent. Ces deux caractéristiques sont le fondement de la révélation : le dialogue et le présent.

Il ne s'agit donc plus de parler de la relation entre Dieu et l'homme, comme les prophètes qui décrivaient cette relation à l'aide de la métaphore des noces, mais de faire parler cette relation elle-même.

Révélation lyrique : importance de la subjectivité

Le discours du Ct est donc tout entier porté par la subjectivité.

  • Cela se manifeste par l'importance du « je » sous la forme du je-marqué (’ănî en héb.). Le Ct est le texte biblique qui utilise, proportionnellement à sa taille, le plus ce « je », après le livre du Qo (fréquence de 6,03 emplois pour 1000 mots en Ct, et de 6,50 en Qo).
  • Cela se remarque aussi au fait que les premiers mots du Ct expriment une comparaison : « tes amours sont meilleures que le vin » (Ct 1,2b), c'est-à-dire une appréciation subjective et non un simple constat, auquel cas un comparatif n'eût pas été nécessaire.

Dès le début du texte, la focalisation n'est pas celle d'une narration objective mais celle d'une subjectivité : les choses ne sont pas décrites pour elles-mêmes, l'enjeu est d'emblée perspectiviste. 

Critique de la réception moderne du Cantique

Rosenzweig critique les analyses modernes du Ct (à partir des 18e et 19e s.) qui ont cherché à effacer cette dimension dialogale du texte.

  • Il vise d'abord Herder et Goethe, qui ont fait du Ct un chant d'amour purement humain, prisonniers qu'ils étaient du préjugé que ce qui est humain ne peut être divin et que Dieu ne peut pas aimer. Cependant, leur tentative eut au moins le mérite de conserver cet aspect essentiel du Ct : le fait qu'il s'agisse d'un chant lyrique, de l'expression de deux subjectivités.
  • D'autres tentatives ont suivi, plus condamnables parce qu'elles ont réduit le Ct à un simple récit, narration entre plusieurs personnages : un roi, un berger, une paysanne. Dans ce dernier type d'interprétation le cœur du Ct, à savoir son caractère lyrique, est perdu et l'œuvre demeure incompréhensible.

Littérature

13 fascicule (V) FRANÇAIS BIBLIQUE 

  • V présente le terme fasciculum.

On emploie ici le terme français→, directement emprunté depuis le 15e s. au latin fasciculus« petit paquet, petite botte », diminutif de fascis« faisceau, fagot, paquet, au sens pharmaceutique de « petite botte de plantes ». 

Drapeau de la francophonie→ © Domaine public

Contexte

Milieux de vie

6–14 ; 2,13ss Vigne FLORE Vitis vinifera

Vigne près de Nahal Ilan (Israël)

Photo : M.R. Fournier (avril 2022) © BEST AISBL

Vigne: Gn 9,20 ; 40,9-11 ; 49,11-12 ; Ex 22,4 ; 23,11 ; Lv 19,10.19 ; 25,3 ; Nb 6,4 ; 13,23 ; 20,5.17 ; 21,22 ; 22,24 ; Dt 6,11 ; 8,8 ; 20,6 ; 22,9 ; 23,24 ; 24,21 ; 28,30.39 ; 32,32 ; Jg 9,12.13.27 ; 13,14 ; 14,5 ; 15,5 ; 21,20.21 ; 1S 8,14-15 ; 22,7 ; 1R 5,5 ; 21,1-2.6.7.15-16.18 ; 2R 4,39 ; 5,26 ; 18,31-32 ; 19,29 ; 1Ch 27,27 ; Ne 5,3-5.11 ; 9,25 ; 1M 3,56 ; 14,12 ; Jb 15,33 ; 24,6 ; Ps 78,47 ; 80,9-16 ; 105,33 ; 107,37 ; 128,3 ; Pr 9,12 ; 24,30 ; 31,16 ; Qo 2,4 ; Ct 1,6.14 ; 2,13.15 ; 6,11 ; 7,9.13 ; 8,11.12 ; Si 24,17.23 ;  Is 1,8 ; 3,14 ; 5,1-17 ; 7,23 ; 16,8-10 ; 17,10 ; 24,7 ; 32,12 ; 34,4 ; 35,9 ; 36,16 ; 48,32 ; 63,3 ; 65,21 Ez 15,2.6 ; Ez 17,5-10 ; 19,10 ; 28,26 ; Jr 2,21 ; 5,17 ; 6,9 ; 8,13 ; 12,10 ; 32,15 ; 35,7.9 ; 39,10 ; Os 2,14.17 ; Os 2,14 ; 10,1 ; 14,8 ; Jl 1,12 ; 2,22 ; 1,7Am 4,9 ; 5,17 ; 9,14 ; Mi 1,6 ; 4,4 ; Ha 3,17 ; Ag 2,19 ; Za 3,10 ; 8,12 ; Mt 20,1-2.4.7.8 ; Mt 21,28.33.39-41 ; 26,27-29 ; Mc 12,1-2.8-9 ; Lc 13,6 ; 20,9-16 ; 22,18 ; Jn 15,1-6 ; Jc 3,12 : 1Co 9,7 ; Ap 14,18-20 ; 

Classification
  • Famille : vitaceae
  • Genre : vitis
  • Espèce : vinifera
Localisation

La culture de la vigne est si ancienne, qu’il est difficile de connaître précisément son origine. Dans la Bible elle commence avec Noé (Gn 9,20) et sa présence est attestée ensuite en Égypte (Gn 40,9-11 ; représentations picturales dans les tombeaux d’Égypte) et en Canaan (Nb 13,24). On considère généralement que la vigne est originaire de l’Arménie et des régions de la Mer Caspienne (Moldenke, Bible Plants, p. 242).

Description
  • Plante grimpante qui s’attache à des supports par des vrilles.
  • Son système racinaire est puissant et étendu. Il peut s’enfoncer jusqu’à 6 m de profondeur pour puiser l’eau nécessaire.
  • Cultivé, le pied de vigne, flexible, se recouvre peu à peu d’écorces anciennes pour former le tronc que l’on appelle cep. Il se ramifie en plusieurs bras sur lesquels poussent des rameaux appelés sarments. Les sarments peuvent atteindre une longueur de 10 m mais ils sont généralement coupés pour ne pas dépasser 2 m de long. Sur les nœuds des tiges (renflements) poussent des feuilles et des bourgeons.
  • Ses feuilles à nervures palmées, généralement à 5 lobes, ont une base en forme de cœur.
  • Ses fleurs, petites, verdâtres et regroupées en inflorescences dégagent une agréable odeur.
  • Son fruit, le raisin, est composé de baies pluriloculaires regroupées en grappes. Sa couleur (blanc, jaune, rouge, violet, noir) et sa forme (globuleuse elliptique, ovoïde) diffèrent selon les variétés. Chaque baie possède une enveloppe externe recouverte de pruine, et contient une pulpe généralement incolore et un ou deux pépins.
  • Un ensemble de plants issus d’un même pépin peuvent former un cépage. Les cépages se distinguent surtout par la couleur des fruits, leur taille et leur saveur. Il existe plus de 6000 cépages dans le monde.

     Illustration botanique de la vigne, Müller 

     Köhler's Medizinal-Pflanzen Franz Ernest Köhler, 1887, © Domaine public

Culture
Plantation

Avant de planter une vigne il est important de préparer le sol à la bêche en creusant un sillon (Pline Naturalis historia 17,159), et d’enlever les pierres (Is 5,2).

Il existe différentes techniques de culture de vigne :

  • Dans l’Antiquité se pratiquait la culture de la vigne sur arbre ( Jr 8,13 ; Ha 3,17 ) : on laissait pousser la vigne près d’un arbre qui lui servait de tuteur. Ainsi Pline Naturalis historia 14,10 parle de vignes « mariées » au peuplier et dont les tiges grimpaient de branche en branche. De ces vignes étaient tirés parfois de grands crus (Pline Naturalis historia 17,199). Près d’habitations on faisait grimper la vigne sur des figuiers (1R 5,5 ; Mi 4,4 ; Za 3,10).
  • Une autre manière de cultiver la vigne est de la dresser, avec ou sans échalas, avec ou sans joug (perche ou roseau). Cette technique donne un vin meilleur car le raisin profite plus du soleil, et garde moins l’humidité. Elle permet aussi de travailler plus facilement la vigne.
  • Il est encore possible de laisser la vigne pousser à terre (Pline Naturalis historia 17,185) en supprimant la tige du cep. On entoure alors la vigne rampante de clôtures basses et de tranchées. Cette culture, qui permet au raisin d’être mieux abrité du soleil par les feuilles, se rencontre surtout dans les pays chauds, en Afrique, Égypte, Syrie et Europe. Le vin est de moins bonne qualité, le raisin est la proie des renards et des rats et le risque de pourriture au contact du sol est grand.
Entretien de la vigne
  • La vigne a besoin d’être taillée (Jn 15,2-6) chaque année à la fin de l’hiver (Pline affirme qu'on peut la pratiquer dès la fin des vendanges et durant tout l’hiver si le climat est doux). La taille a pour rôle de régulariser la naissance des sarments sur les branches de l’année précédente. Autrefois on taillait la vigne à la serpette (Is 2,4 ; 18,5 ; Jl 4,10).

Après 3 ans d’entretien, la vigne porte du fruit la 4e année. 

Récolte et fabrication du vin
  • Les vendanges au pays du Levant ont lieu au mois de septembre et doivent être finies avant la fête des tabernacles.
  • On cueillait les raisins dans des paniers. Ils étaient ensuite jetés au pressoir – cuve en pierre placée dans le verger – et foulés aux pieds par les vendangeurs. Le jus du raisin s’écoulait alors par une fente dans une seconde cuve ou dans des récipients. Des pressoirs à levier étaient ensuite utilisés pour extraire ce qui restait du jus des raisins déjà foulés.
  • Les méthodes de conservation du vin étaient différentes selon le climat : dans les régions aux hivers rigoureux, le vin était conservé dans des tonneaux de bois cerclés ; dans les pays tempérés, on le mettait dans des jarres d'argile ( Jr 13,12 ) ou des outres en peau (Jos 9,4.13 ; 1S16,20 ; Jdt 10,5). 
  • Placé dans le cellier, ou, dans le cas du Temple, dans des magasins, le vin fermentait et vieillissait pour se bonifier (Lc 5,39). Selon la forme des jarres, la qualité du vin était différente : Les petites jarres donnaient un vin meilleur. Pour assurer l’étanchéité des jarres, on les enduisait de poix. La poix et la résine (en particulier la résine de térébinthe) servaient aussi à appréter le vin pour faciliter sa conservation. Ce vin résiné prenait un léger goût de térébinthe. Pline Naturalis historia 14,124.
Usage
Alimentation
  • Le vin est consommé communément en boisson avant ou après fermentation. En Orient, autrefois, le vin aromatisé avec des herbes, de la myrrhe ou d'autres résines, était très apprécié.
  • Une partie du raisin est mangée en nature ou sous forme de raisins secs.
  • La vigne elle-même se mange : on faisait cuire les sommités des tiges ou on les faisait confire dans le vinaigre et la saumure (Pline Naturalis historia 14,119). On mangeait salées les pousses de la vigne sauvage (Dioscoride De materia medica 4,181).
Médical
  • Les médecins anciens attribuaient au vin de grandes vertus médicinales. Ils avaient étudiés les propriétés de chaque cépage et les prescrivaient comme remèdes . Pline Naturalis historia 14,19.
  • Paul de Tarse présente le vin comme un remède contre les maux d’estomac (1Tm 5,23).
  • Il était considéré comme un désinfectant : Lucien de Samosate Oeuvres completes 24,2 rapporte qu’on arrosa les rues avec du vin lors de la peste d’Athènes. Dans la parabole, le bon samaritain panse les plaies du blessé avec du vin et de l’huile (Lc 10,34).
  • Selon Pline Naturalis historia 14,7, en boisson, il a la propriété de réchauffer les organes, en lotion de les refroidir. 
Cultuel
  • Le vin était donné en libation aux dieux (Nb 28,14 ; Dt 32,38). Une loi romaine interdisait d’utiliser pour les pratiques religieuses certains vins : vins de vignes non taillées ou frappées par la foudre, vin d’un raisin foulé par des pieds blessés, vin de marc souillé par la chute d’ordures, vins coupés avec de l’eau (ex : vins grecs) Pline Naturalis historia 14,119.
  • Au Temple le vin servait aux libations sacrées (Ex 29,40 ; Nb 15,5.7.10 ; 28,7-14 ; Os 9,4).
  • Jésus, lors de la dernière Cène fait du vin l’une des espèces  de l’Eucharistie (Mt 26,27 ; Mc 14,23 ; Lc 22,20 ; 1Co 11,25).
Culture matérielle
  • Le cep de vigne atteignait parfois de grandes tailles si bien qu’il était possible de tailler dedans de grandes statues : une statue de Jupiter à Populonia, une panthère à Marseille, des colonnes à Métaponte, un escalier à Éphèse (Pline Naturalis historia 14,9).
Autre
  • La feuille de vigne et la grappe de raisin servent de motifs pour orner sculptures et peintures. Dans le Temple de Jérusalem d’Hérode, une vigne d’or ornait le vestibule (Josèphe Bellum Judaicum 5,5,4).
Symbolique de la vigne
Paix et prospérité
  • 1R 5,5 : le peuple habite en sécurité « sous sa vigne ».
La tribu de Juda 
  • Gn 49,11 : Jacob, lorsqu'il bénit ses fils sur son lit de mort, compare Juda à une vigne.
Le peuple d'Israël
  • Jr 2,21 : Dieu, pour reprocher à Israël son infidélité par la bouche de Jérémie, compare ce peuple à une vigne dégénérée. 
  • Jr 6,9 : le pillage d'Israël est comparé à un grapillage de vigne (Is 24,3-7).
  • Is 27,2-6 : Dieu prend soin d'Israël comme le vigneron de sa vigne et il attend de son peuple qu'il porte du fruit. 
  • Ps 80 : le psalmiste évoque la sortie d'Égypte, l'entrée en terre promise et les invasions qui suivent par l'image de la vigne plantée, entretenue puis pillée. 
  • Dt 22,9 : Dieu, par l'image de la vigne, interdit à Israël tout culte étranger. 
  • Mt 21,33-43 ; Mc 12,1-9 ; Lc 20,9-16 : dans la parabole des vignerons homicides, la vigne peut encore une fois représenter Israël. 
Sagesse
  • Si 24,17 : la sagesse est comparée à la vigne chargée de fruits. 
  • Pr 9,2-6 : la sagesse prépare le vin.
Jésus et l'Église
  • Jn 15,1-9 Jésus se compare au cep de vigne qui donne aux sarments liés à lui, la sève (la grâce) nécessaire pour vivre et porter du fruit. La vigne, symbole d'Israël devient, par la venue du Christ, image de l’Église.  
Symbolique du vin
Feu, joie, amour
  • Parce qu’il réchauffe le corps et le cœur, le vin est assimilé au feu. Comme lui, il est symbole de joie, d’amour.
  • Les périodes de tristesse, d'épreuves sont associées à une absence de vin (Dn 10,3 ; Jl 1,12).
  • Le vin favorise la convivialité. En Grèce, dans l'Antiquité, les banquets étaient suivis du symposion, temps de détente où, tout en buvant du vin, les convives parlaient, jouaient et assistaient à des spectacles.  
  • Le vin est un élément indispensable pour les fêtes (Jn 2,3) ; il participe à la joie des noces. Jésus en changeant l'eau en vin lors des noces de Cana (Jn 2,9), fournit aux époux et invités une source de joie et d'amour et il annonce par là le vin de la nouvelle alliance (Mc 14,24), vin de la joie éternelle, du banquet des noces de l'agneau (Is 25,6 ; Ap 19,9).
Vie éternelle, vie divine
  • Le vin libère l’esprit et décuple les forces de l'homme. Il donne à celui qui le boit, plus de confiance en soi, d’aisance pour discourir. Il développe les facultés intellectuelles créatives, imaginatives. 
  • La vigne après la vendange semble pourrir en hiver mais elle se régénère au printemps. Aussi le vin évoque la résurrection, la vie par delà la mort (Girard Symboles bibliques 2016 t.2,p.284).
Le sang du Christ
  • Le vin désigné dans la Bible comme « le sang des raisins » (Gn 49,11 ; Dt 32,14), devient signe du sang de Jésus, vraie vigne (Jn 15,5).
  • Ce sang est le « vin nouveau » (Mt 9,17) versé pour la multitude, signe de « l’alliance nouvelle » (Lc 22,20 ; 1Co 11,25).
  • A Gethsémani, « lieu du pressoir », la sueur de sang dont Luc fait mention (Lc 22,44), marque le début du sang versé durant toute la Passion.
  • Jésus présente son sang comme la vraie boisson qui donne la vie (Jn 6,55). Il choisit le vin comme l'une des deux  espèces  de l'Eucharistie (Mt 26,27 ; Mc 14,23-24 ; Lc 22,20). Par l'institution de ce sacrement, le vin eucharistique devient substanciellement sang du Christ. 

12b nard FLORE Nard de l'Himalaya  Plusieurs plantes à racines odorantes ont porté le nom de « nard » (nard de Syrie, nard celtique, nard de Crète ou sauvage, nard des champs) mais le nard pur dont il est question dans la Bible est celui que Pline Naturalis historia 12,26 présente comme le plus réputé et le plus cher : Nardostachys jatamansi appelé communement nard de l'Himalaya ou nard indien. 

  Nardostachys jatamansi (grandiflora)

Illustration dans Curtis's botanical magazine, Joseph Dalton Hooker, 1881  © Domaine public

Ct 1,12 ; 4,13-14 ; Mc 14,3-5; Jn 12,3-5

Classification
  • Famille : valerianaceae
  • Genre : nardostachys
  • Espèce : jatamansi (ou grandiflora
Localisation

Cette plante pousse en haute altitude (3000 à 6000 m) en Inde (Théophraste Historia plantarum 9,7,2) dans la partie est de l’Himalaya. D’après Pline Naturalis historia 16,59, elle ne supporte pas la transplantation hors de l’Inde.

Description
  • Tige courte (moins de 50 cm de haut) et velue à la base.
  • Fleurs rouge-rosé à blanc-bleuté, en forme de cloches.
  • Elle possède 6 à 8 feuilles radicales de grandes tailles (20 cm) et des feuilles caulinaires de forme oblongue.
  • Racine pesante et grosse (Pline Naturalis historia 12,26) qui peut porter jusqu’à 50 rhizomes. Broyés et distillés les rhizomes produisent une huile très odorante.
  • Fruits couverts de poils longs.
  • L’odeur de nard est appréciée par certains mais détestée par d’autres (Athénée Deipnosophistae 3).
Usage
Médical et cosmétique
  • Du fait de ses propriétés narcotiques et apaisantes, l’huile essentielle de nard est utilisée pour apaiser les souffrances physiques mais aussi psychiques. Il a des propriétés antiseptiques, sédatives, antibactériennes, antispasmodiques, hypotensives, tranquillisantes.
  • Dans l’Antiquité le nard était un parfum précieux et de grand prix. Sa valeur a été estimée à 300 deniers par Judas (Jn 12,5) soit 10 fois plus que le prix pour lequel il a vendu Jésus (Mt 27,3). Le nard pur se reconnaissait à sa légèreté, sa couleur rousse, son odeur suave, sa saveur (Pline Naturalis historia 12,26).
  • Aujourd’hui encore il est utilisé dans la composition des parfums car c’est un bon fixateur et il renforce les odeurs.
  • La fleur de nard entrait dans la composition d’un savon qu’utilisait Cléopâtre (cf. Fragments du Kosmetikon).
  • Les Romains et les Hébreux utilisaient le nard pour parfumer le corps d’un être cher au moment de sa sépulture (Jn 12,7). 
Symbolique
Humilité
Amour
  • Apponius In Canticum canticorum expositio, 3,6-8 parle du nard du cœur de l’épouse qui répand son parfum de pénitence et de bonnes œuvres. Ce parfum est l’amour de l’épouse qui répond à l’amour de l’époux entré, pour elle, dans son repos (Ct 1,12).
  • Parfumer le corps d’un défunt avec un parfum de grand prix tel que le nard était une manière d'honorer la personne aimée. Le nard répandu par Marie de Béthanie sur la tête et les pieds du Christ (Jn 12,3), quelques jours avant sa mort, manifestait son amour pour lui : un amour, comme le nard, « pur » (Jn 12,3) et « de grand prix » (Jn 12,5).
  • Selon Grégoire de Nysse Homiliae in Canticum canticorum 3,8-9 le parfum de nard est la « bonne odeur du Christ ». Le nard du cœur de l’épouse (Ct 1,12) exhale donc l'odeur de son époux qu'elle reconnaît comme tel. C’est cette bonne odeur qui a rempli toute la maison (Jn 12,3) après que Marie a oint Jésus de nard. C’est de cette bonne odeur que les disciples du Christ sont eux-même imprégnés (2Co 2,15) et qu'ils répandent par la proclamation de l’Évangile (Mt 26,13).
  • Le parfum de nard a une odeur extrêmement persistante et forte qui rivalise et l’emporte sur l’odeur du cadavre tout comme « l’amour est fort comme la mort » (Ct 8,6).

14a FLORE Cypre (Henné) Le mot hébreu « kopher » [kōper], traduit par « kupros » dans la Septante et « cyprius » dans la Vulgate (afin de reproduire la phonétique du mot) désigne l’arbuste Lawsonia inermis appelé communément « henné ».

 Illustration botanique de Lawsonia inermis,

 in Flora de Filipinas, Gran edicionde Francisco Manuel Blanco, 1880 © Domaine public→

Ct 1,14 ; 4,13

Classification
  • Famille : lythraceae
  • Genre : lawsonia
  • Espèce : inermis
Localisation

Cette plante pousse naturellement dans les régions allant du nord-est de l’Afrique au nord-ouest de l’Inde. Elle fut cultivée très tôt au Proche-Orient. On la retrouve encore aujourd’hui dans la vallée du Jourdain jusqu’à Jéricho.

Description
  • Arbuste de 1 à 5 m de haut fortement ramifié.
  • Ses feuilles opposées et ovales contiennent un colorant appelé « lawsone ». La taille des feuilles varie selon l’apport en eau.
  • Ses fleurs blanches disposées en grappes sont fortement odorantes.
  • Ses petits fruits sont des capsules rondes de 4 à 8 mm contenant de nombreuses graines.
Usage
Médical et cosmétique
  • Utilisé à des fins thérapeutiques pour ses effets anti-inflammatoires, analgésiques et antipyrétiques. Dans l'Antiquité, l’huile de cypros permettait de relâcher les nerfs, les feuilles servaient à soigner les maux d’estomac, les abcès, les aphtes, les brûlures, les luxations (Pline Naturalis historia 23,46).
  • L’odeur de la fleur de henné favorise le sommeil (Pline Naturalis historia 23,46).
  • L’essence extraite des fleurs est utilisée en parfumerie. Son parfum est proche de celui du troène mais plus intense.
  • Le colorant rouge obtenu à partir de ses feuilles desséchées, est utilisé pour teindre les cheveux (Pline Naturalis historia 23,46), la peau et les ongles. Encore aujourd’hui des tatouages éphémères sont réalisés avec le henné. Les Égyptiens se servaient du henné puisqu'on en a retrouvé sur les ongles de plusieurs momies.
  • Soins capillaires : il aurait des propriétés antipelliculaires et il fortifie les cheveux.
  • La poudre de henné est aussi utilisée pour teindre les fourrures et le cuir.

Réception

Arts visuels

12ss L'étreinte amoureuse

Expressionnisme allemand

Egon Tschirch (1889-1948), Cantique des Cantiques, composition n°4 (tempera sur carton, 1923), 64 x 47 cm

Kunsthalle Rostock→ (Allemagne) © CC BY-SA 3.0 de→

Composition

Le Cantique des Cantiques — en allemand Das Hohelied Salomos — est le titre d'un cycle d'images expressionnistes du peintre allemand Egon Tschirch. L'artiste interprète les textes du Cantique des cantiques. Le cycle a été créé en 1923 à Rostock et contient environ 50 images, dont 27 ont été redécouvertes en 2015. La composition n°4 illustre le thème de l'étreinte amoureuse présent dans Ct 1,12-14.

Contexte

Milieux de vie

13 ; 3,6 ; 4,6.14 ; 5,1.5.13 myrrhe FLORE Arbre à myrrhe (basalmier)

Illustration botanique de Commiphora myrrha (arbre à myrrhe ou basalmier) de Müller (1833-1887) 

  Köhler's Medizinal-Pflanzen Franz Eugen Köhler, 1887 © Domaine public→

Ex 30,23 ; Ex 30,23 ; M, G – Est 2,12 ; Ps 45,9 ; Pr 7,17 ; Ct 1,13 ; 3,6 ; 4,6.14 ; 5,1.5.13 ;  M – Si 24,15 ; Mt 2,11 ; Mc 15,23 ; Jn 19,39 ; Ap 18,13 

Identification

La myrrhe est « môr » en hébreu et « smurna » en grec. Le mot « muron » en grec qui généralement est traduit par « huile parfumée » ( Ex 30,25 ; 1Ch 9,30 ; 2Ch 16,14 ; Jdt 10,3 ; Ps 132,2 ; Pr 27,9 ; Ct 1,3-4 ; Ct 4,14 ; Am 6,6 ; Is 39,2 ; Ez 27,17 ; Mt 26,7.12 ; Mc 14,3-5 ; Lc 7,37-38.46 ; Lc 23,56 ; Jn 11,2 ; 12,3.5.) est traduit par « myrrhe» en Ap 18,13. Il s'agirait probalement d'une huile à base de myrrhe et d'autres aromates (cf. Ct 4,14).

Classification
  • Famille : burseraceae
  • Genre : commiphora
  • Espèce : myrrha
Localisation

Originaire d’Afrique de l’Est (Éthiopie, Somalie) et du sud de l’Arabie (Yémen, Oman).

Description
  • Arbuste de 3 à 5 m de haut aux branches noueuses et anguleuses dotées d’épines.
  • Ses petites feuilles ovales vertes sont caduques et aromatiques.
  • Ses fleurs blanches ou rouges-orangées apparaissent en été.
  • De ses nœuds suinte, sous forme de larmes jaunes, une résine aromatique que l’on appelle « myrrhe » ; ce nom vient de l’akkadien murru qui signifie « amère ».
Usages
Médical et cosmétique
  • En médecine, dès l’Antiquité, la myrrhe était réputée pour apaiser la douleur et pour son action anti-inflammatoire. Les Grecs utilisaient la myrrhe pour nettoyer les plaies des soldats. Elle était utilisée en gargarisme pour éviter les inflammations de la bouche.
  • Jérôme Commentariorum in Matthaeum 27,48  t.26, col.212  affirme que le breuvage donné à Jésus sur la croix, un vin mêlé de myrrhe (Mc 15,23), avait pour but d’alléger les douleurs du crucifié.
  • En huile, elle servait pour la toilette des femmes (Est 2,12).
Cultuel
  • Parfum pour l’embaumement (Hérodote Historiae 2,86 ), elle est employée en Égypte mais aussi chez les Juifs (cf. Jn 19,39).
  • Elle est brûlée comme encens dans les temples.
  • La myrrhe entrait dans la composition de l’onction sainte (Ex 30,23). Aujourd’hui elle entre dans la composition du saint-chrême.
Histoire
  • Selon les archives royales assyriennes, au 9e siècle av. J.-C., la myrrhe venue d’Arabie par caravane était vendue dans des villes sur les bords de l’Euphrate.
  • Hérodote Historiae 7,181 rapporte que Pythès, membre de l’armée navale de Xerxès, tombé à demi-mort entre les mains des Perses, fut soigné avec de la myrrhe. 

 Myrrhe

Photo : Leo_65 / 319 Bilder de Pixabay (2014) © Domaine public

Symbolique
Souffrance

En raison de son goût amer et de son efficacité pour soigner et apaiser les blessures, la myrrhe évoque la souffrance.

Mort

Parce qu’elle sert à l’embaumement, elle est associée à la mort.

Humanité

Les deux précédents symboles manifestant la vulnérabilité de la nature humaine, la myrrhe devient aussi symbole d’humanité.

Royauté

Ce parfum précieux était généralement réservé à l’embaumement des rois.

Amour

Comme l’amour, la myrrhe dégage un parfum envoûtant et puissant. (Ps 45,9 et Ct 1,13)

Le prénom de Marie « Mariam » ou « Myriam » signifie « mer de myrrhe » ou « mer d'amertume».