Un projet du Programme de Recherches La Bible en ses traditions AISBL
Dirigé par l’École Biblique et Archéologique Française de Jérusalem
Pour nous apporter votre aide, cliquer ici
7 Et Moïse avait quatre-vingts ans
et Aaron avait quatre-vingt-trois ans
quand ils parlaient à Pharaon.
7 Moïse avait quatre-vingts ans
et Aaron son frère avait quatre-vingt-trois ans
quand il parla à Pharaon.
7 Moïse, quant à lui, avait quatre-vingts ans
et Aaron quatre-vingt-trois
lorsqu'ils parlèrent à Pharaon.
14,19 Puzzle hiéroglyphique
Thomas →New Hieroglyphical Bible, (Impression au plomb et gravure sur bois, 14 cm x 9 cm)
(1753-1828); Rowland (1744-1833),Thomas Fisher Rare Book Library, Toronto, © Public Domain - Photo : Dr. Ralph F. Wilson
23,16s la fête de la moisson Sukkot à la synagogue
(1869 - 1934), Sukkot à la synagogue (huile sur toile, 1894), 109,2 x 138,4 cm
Lodz, Pologne, Jewish Museum, New York→
© Domaine public, Ex 23,16-17 ; Ex 34,22 ; Lv 23,34-43 ; Nb 29,12 ; Dt 16,13-16 ; Jg 9,27
12,8 herbes amères Plus amère encore : la femme !
, Enluminure (détrempe sur parchemin), commande de Moses ben Yekutiel Hakohen, Italie du Nord, 1479
« Rothschild Haggadah », Musée d'Israël, Jérusalem © Domaine public→ Qo 7,26 ; Ex 12,8
Une coutume veut que l'homme désigne sa femme quand il prononce le mot maror (« herbes amères ») selon le verset de Qo 7,26.
24,4s Moïse bâtit un autel pour le Seigneur
, Offertoire - Sanctificavit
Chœur des moines de l’abbaye Sainte-Madeleine du Barroux
14,21–15,13 Moïse figure du prêtre
Raymond
(1883-1978), vitraux des confessionnaux,Troisième vitrail, verrière droite, église du couvent dominicain de Zwolle, Pays-Bas
© BEST a.i.s.b.l. ; D.R. photo Joop Van Putten, Mt 9,20-22 ; Ex 14,21-31 ; Ex 15,13
Prêtre dominicain du couvent de Zwolle (Pays-Bas) l'artiste a peint de nombreuses œuvres d'arts : peintures, gravures, mais surtout des vitraux dans de nombreuses églises hollandaises. Ces vitraux présentent soit des saint(e)s dominicain(e)s, soit des passages bibliques. Les « vitraux des confessionnaux » dans son église maternelle, l'église du couvent dominicain de Zwolle, relèvent du second genre. Les commentaires sont basés sur les recherches de Cees Brakkee o.p., confrère-dominicain de Zwolle.
À droite, la traversée de la mer Rouge. Le placement du vitrail dans le cadre des confessionnaux s'explique par son sous-titrage d'Ex 15,13 : « Par ta fidélité tu conduis ce peuple. » Le prêtre devient un guide spirituel pour celui qui se confesse et par là atteint la libération de la servitude du péché. Cela explique la concentration sur Moïse, dépeint très grand, et l'absence des Égyptiens.
13,9–16 tu les attacheras sur ta main pour te servir de signe LITURGIE JUIVE Institution des tephilin
Les tephillin (judéo-araméen : תפילין, tefillin, singulier hébreu : tefilla), dits « phylactères » (grec ancien : φυλακτήριον phylacterion, « amulettes ») dans les sources chrétiennes, sont des objets de culte du judaïsme rabbinique. Il s’agit de deux petits cubes contenant quatre passages bibliques (Ex 13,9.16 ; Dt 6,8 ; 11,18).
On les attache au bras (lié au cœur et à la force de travail) et sur le front (lié à l’esprit), par des lanières de cuir, durant la lecture du Shema et pendant la prière matinale des jours profanes par les hommes ayant atteint leur majorité religieuse.
Outre les passages bibliques sus-mentionnés : m.→Menaḥ. 3:7 ; b.→‘Erub. 95b, b.→Sanh. 4b, b.→Menaḥ. 34a-37b.
Père et fils portant des Tephilin, (2011)
CC BY-SA 3.0→© photo יעקב Ex 13,9.16 ; Dt 6,8 ; 11,18
Tel père, tel fils : ce touchant cliché illustre admirablement l'idéal de transmission de génération en génération de Dt 6,2.7. Le père est gaucher, son tephilin est sur sa main droite. Le fils est droitier : ils le porte sur la main gauche.
Le respect de la lettre scripturaire touche les moindres détails :
Après qu'il s'est purifié au mikvé (bain rituel), il faut 10 à 15 heures à un sofer (scribe) pour écrire en écriture hébraïque Ashuri, avec de l'encre, sur des parchemins et dans un ordre codés par la halakha, les 3 188 lettres que contiennent les quatre passages
Willem
, Un homme fabrique des teffilin derrière une table de travail pleine, (photographie, 1964), JérusalemNationaal Archief, Pays-Bas — 2.24.14.02 © CC0 1.0→
Outre les lanières de cuir, au premier plan, on distingue sur la table de préparation des boitiers à quatre compartiments et des boitiers à compartiment unique.
1,11 ; 3,18 ; 4,1–33 ; 5,1–23 ; 7,1–25 ; 8,1–32 ; 9,1–17 ; 10,1–29,13 Let my people go
Louis
(1901-1971), Go Down Moses, 1958© Licence YouTube standard→, Ex 3,18.4,1-33.5,1-23.8,1-32.7,1-25.9,1,13.17.1,11.10,1-29.13,15.17,1-16.11,1-10
Go Down Moses est un negro-spiritual, inspiré par l'Ancien Testament de la Bible, (Exode 5:1 et 8:1). Israël représente les esclaves africains d'Amérique alors que l'Égypte et le Pharaon représentent les maîtres esclavagistes. Cette chanson a été popularisée par Paul
. Le 7 février 1958, elle est enregistrée à New York par Louis avec Sy Oliver's Orchestra.Go down, Moses, way down in Egypt land, tell old Pharaoh to let my people go. Now when Israel was in Egypt land (Let my people go) oppressed so hard they could not stand (Let my people go), so the Lord said : go down, Moses way down in Egypt land, tell old Pharaoh to let my people go. So Moses went to Egypt land (Let my people go), he made old Pharaoh understand (Let my people go), yes the Lord said : go down, Moses way down in Egypt land, tell old Pharaoh to let my people go. Thus spoke the Lord, bold Moses said, (Let my people go), if not I'll smite your firstborn dead (Let my people go), 'cause the Lord said : go down Moses way down in Egypt land, tell old Pharaoh to let my people go, tell old Pharaoh to let my people go.
12,1–19,25 Première partie de la route de l'Exode
Itinéraire des Hébreux d'Égypte au Sinaï, (numérique, Jérusalem : 2022)
L'itinéraire suivi par les Hébreux n'est pas certain. Il existe d'autres possibilités selon la localisation du Mt Sinaï (ici, le Mt Sinaï est identifié à Djebel Musa) . Aucune des étapes du voyage ne peut être localisée avec certitude.
Choix sur cette carte:
Cet itineraire est l'itinéraire traditionnel rapporté par →. Itin.
Ramsès, Sukkot, Égypte, Étam, Pi-Hahirot, Migdol, Baal-Çephôn, désert de Shur, Mara, Élim, désert de Sîn, Dophka (Nb 33), Alush (Nb 33), Rephidim, Massa et Meriba, désert du Sinaï
19,1–34,35 Emplacement du mont Sinaï
Le mont Sinaï, (numérique, 2022)
M.R. Fournier © BEST AISBL, Lv 1-27 ; Nb 9 ; Ex 3 ; Ex 19-34
Le mont Sinaï sur cette carte est associé au djebel Musa au sud de la péninsule du Sinaï, où se trouve le monastère Sainte-Catherine. D'autres localisations ont été proposées au nord de la pénisule ou encore au Negeb par ceux qui adoptent un autre itinéraire pour les Hébreux. Toponymie Sinaï, Horeb.
Mohammed
, Vue du sommet du Mont Sinaï (Jabal Musa , جَبَل مُوسَىٰ), (photographie, 2013)24,10 le ciel quand il est serein La couleur bleue ou le Dieu saphir Les vitraillistes nous aident à comprendre une telle place de la couleur du ciel, dans l'une des théophanie les plus énigmatiques et bouleversantes de l'Ancien Testament
Claudio (âge : non renseigné), vitraux contemporains, 1980
Eglise Dom Bosco, Brasilia
Photo Blog de Yann→ © D.R.
Geneviève (1923- ), Vitrail, 1989 - 1992, Collégiale Notre-Dame, Lamballe
Photo : Blog de Cecilia Avila→ © D.R.
12,14 Ce jour sera pour vous un mémorial FRANÇAIS BIBLIQUE
Drapeau de la francophonie→, © Domaine public
14,26–31 Le passage de la mer Rouge, de siècle en siècle Un épisode aussi spectaculaire ne pouvait pas échapper à l'attention des artistes visuels à travers l'histoire.
, Le passage de la Mer Rouge, (enluminure sur parchemin, 1266),
Jerusalem, Armenian Patriarchate Library n° 2027 © Domaine public→, Sg 19,1-9
Nicolas
(1594-1665), Le Passage de la mer rouge, (huile sur toile, 1634), 155,6 × 215,3 cm,Collection dal Pozzo, National Gallery of Victoria, Melbourne © Domaine public→
Gustave
(1832-1883), Les Egyptiens se sont noyés dans la mer Rouge, (Gravure sur bois, 1866),Illustration de la grande → Bible de Tours © Domaine public→
Peu avant le déclenchement de la Première Guerre mondiale, Jean Devemy, chapelain au Sanatorium de Sancellemoz au Plateau-d’Assy, prit entre 1938–1946 l’initiative de construire l’église Notre-Dame-de-Toute-Grâce au Plateau d’Assy. Cette station pour les malades pulmonaires en Haute-Savoie ne disposait jusqu’alors que de petits espaces sacrés sous forme de chapelles intégrés dans les bâtiments des sanatoriums. Rappelons dans ce contexte que depuis le Concile de Trente 1545–1563, l’art ecclésiastique était étroitement réglé par l’Église, « en sorte qu’on n’expose aucune image porteuse d’une fausse doctrine et pouvant être l’occasion d’une erreur dangereuse pour les gens simples.3» Sous l’influence des réflexions du père dominicain Marie-Alain Couturier concernant le renouveau de l’art ecclésiastique, le chanoine Devemy envisagea d’ouvrir l’église du Plateau d’Assy non seulement à l’art contemporain, mais avant tout aux plus grands artistes. De cette façon des artistes comme Georges Rouault, Pierre Bonnard, Fernand Léger, Jean Lurçat, Henri Matisse, Germaine Richier, Jacques Lipchitz et bien d’autres ont contribué à la décoration de l’église.
Marc
(1887-1985), Passage de la mer Rouge, (Peinture sur céramique, 1956), 250 x 230 cm, Carrelage mural,Chapelle baptismale, Notre-Dame-de-Toute-Grâce, Plateau d'Assy, France, D.R. © Photo : archives Barbara von Orelli
L'œuvre est signée et datée : « Au nom de la liberté de toutes les religions. Chagall 1956. » Le thème du passage de la mer Rouge avait été peint une première fois par l’artiste dans les gouaches de la Bible en 1931. Ce n’est qu’après 1950 que le chanoine Devemy s’adressa à Marc Chagall pour la décoration de la chapelle baptismale. Celui-ci proposa de l’orner d’un vitrail, de deux plaques en marbre en bas-relief pour les murs latéraux et une grande œuvre peinte sur carrelage blanc fixé au mur vis-à-vis de la porte d’entrée.
La composition dispose d’une direction centrale du bas à gauche vers le haut au centre. Dans la moitié inférieure, enveloppés d’un nuage blanc, se trouvent les soldats du pharaon sur leurs chevaux et avec les épées levées. Le peuple israélite est représenté dans sa marche dans la moitié supérieure de la composition, conduite par un ange qui l’accompagne et le guide en toute sécurité. Moïse veille sur le tout, figure montant du coin inférieur gauche et orchestrant l’exode des Israélites avec son bras levé comme un chef d'orchestre. La couleur de l’œuvre est dominée par le bleu, la couleur de la mer, le blanc du nuage par lequel l’armée égyptienne est enveloppée, et la colonne israélite rendue par des tons plus sombres. Tout en haut, à l’horizon sombre, apparaît une traînée d'aurore.
La dynamique particulière de la composition du bas droit au centre supérieur se traduit également par une extension de l'espace réel, à savoir le baptistère. Le passage de la Mer Rouge de l'Ancien Testament et le baptême présentent des analogies. Dans les deux cas, il s’agit d’échapper à la condition ou à la menace de mort pour accéder à la vraie vie : Liturgie Ex 14,19–24... (B. V.O.)
24,1–18 En quête de Lumière sur la montagne CONTEMPLATION Du Sinaï à la Sainte-Victoire
Paul
(1839-1906), Plaine provençale, (Huile sur toile, 1883), 58,5 x 81 cmStiftung, Winterthur.
Un paysage paisible de Provence qui semble absorber Cézanne, lui qui est tellement amoureux de sa terre gorgée de lumière. La lumière ne vibre plus comme chez les impressionnistes mais devient respiration de couleurs chaudes ; elle s’étale de manière égale sur les différentes surfaces selon une géométrisation de l’espace comme pour construire des volumes, des formes. Le peintre découvre la puissance implacable du soleil. Il donne à voir comment la couleur, sous l’effet du soleil, se libère et s’impose par elle-même. La lumière est matière, feu incandescent. Ce marcheur peint en extérieur, mais est en quête d’une harmonie intérieure : il veut regarder, comprendre avant de peindre. S’il peint d’après nature, ce n’est pas pour la reproduire, mais pour traduire ses sensations, ses coups de cœur. Car il se laisse transpercer par la nature pour aller, au-delà des apparences, chercher les formes, les couleurs, les lumières de la Création originelle.
La nature le conduit à l’art. La Sainte Victoire fut le lieu de sa propre révélation, montagne sacrée, Sinaï de sa vocation d’artiste : il devint ainsi le « nouveau Moïse » de la peinture Moderne, « notre maître à tous » reconnaissait Pablo Picasso. Autre grand admirateur, le poète Henri de Régnier écrit dans La Prière de Paul Cézanne : « Seigneur de la clarté de l’air et du nuage Toi vers qui si souvent mon appel s’est tourné… Considère ces yeux qui fixèrent les choses Avec un tel désir de voir leur vérité… ». (J.-M. N.).
24,7 Lecture prophétique
, Prophète tenant le rouleau de la Loi (fresque, ca. 250-256), panneau latéral vertical III
Synagogue de Doura Europos, Musée national de Damas→, AO 15775 © Domaine public
Succédant à un premier édifice datant de la seconde moitié du 2e s., la synagogue de Doura Europos fut reconstruite vers 244-245. Celle-ci est dotée d'un ensemble de fresques figuratives qui sont un témoignage rare de l'art de cette époque et qui constituent aujourd'hui l'une des pièces majeures du musée national de Damas. Les spécialistes hésitent dans l'identification du prophète ici représenté. Il est dans une posture de léger contrapposto, le poids de son corps reposant sur sa jambe droite. Il exhibe un rouleau ouvert déroulé, et à ses pieds est posé un objet ayant la forme habituelle de l'Arche d'Alliance. S'agit-il de Moïse proclamant l'alliance, l'arche qui la symbolise étant à ses pieds ? S'agit-il plutôt de ce nouveau Moïse que fut Esdras, promulguant à nouveau la Loi (à ses pieds, on aurait affaire à un simple coffre à rouleaux) ? Ou bien, le personnage ne lisant pas, mais exhibant le rouleau, et étant associé à l'Arche et à son tabernacle, s'agit-il de Jérémie tel qu'il est évoqué en 2M 2,4-5 ?
27,9–19 Tu feras aussi le parvis de la demeure La construction du tabernacle Gerard Hoet, peintre néerlandais du Siècle d'or, s'efforce de représenter tous les détails de cette construction dans des gravures de grand style. (Il n'oublie même pas ... les cornes de Moïse !)
Gerard
(1648 - 1733), La Construction du Tabernacle, (eau-forte, 1728) dans Figures de la Bible, La Haye : P. de Hondt, 1728N8025. F5 1728, University of Oklahoma Libraries, Norman (États-Unis)
Moïse au premier plan, distingué par les rayons lumineux de sa tête, tel un maître d'œuvre dirige les plans de la contruction du sanctuaire. On aperçoit au second plan un chantier gigantesque : le Tabernacle tel que Dieu l'a commandé prend forme au milieu du campement des Hébreux et le détail de son exécution est déployé en Ex 38,8-20.
9,20s le verbe du Seigneur + la parole du Seigneur (V) FRANÇAIS BIBLIQUE De la parole au Verbe et réciproquement En deux versets le scribe latin fait la variation verbum Domini / sermo Domini pour désigner la même réalité, l'oracle tout juste prononcé par Moïse devant Pharaon (Ex 9,13-19). Par le choix de verbum pour désigner la « parole » de Dieu entendue et mise en pratique par les uns (Ex 9,20), et de sermo pour la désigner en tant qu'elle est négligée par les autres, le scribe latin suggèrerait-il que les incroyants n'entendent que de simples paroles là où les croyants sentent obscurément le mystère du v.Verbe ?
Le nom verbum, omniprésent dans les Écritures, signifie « mot, énoncé, parole(s) » et beaucoup plus encore. Il assume les significations de dabar et de →logos, cristallisant la méditation sur la présence d'un « langage » transcendant avec le Créateur, participé dans la création. Cet usage culmine dans le Nouveau Testament pour désigner le mystère personnel de Jésus-Christ (cf. V—Jn 1,1.14.17).
L'expression verbum Domini, en particulier, crée donc un fil continu de révélation christique, de livre en livre. Pour les scribes latins :
Autant que possible, nous traduisons donc verbum par « verbe », souvent sans majuscule, parfois avec.
Drapeau de la francophonie→ © Domaine public
17,13 glaive dévorant FRANÇAIS BIBLIQUE L’expression latine « in ore gladii », traduit l’expression hébraïque lepî-hereb.
FRANÇAIS BIBLIQUE
Drapeau de la francophonie→ © Domaine public
27,1–8 L'autel à cornes Chez les anciens Sémites, les archéologues ont découvert de multiples spécimens d’autels munis de cornes.
En 1973, l’archéologue israélien Yohanan Aharoni, (qui avait déjà découvert à Tell Arad un autel en pierres non équarries (10e-8e s. av. J.-C.), découvrit parmi des pierres de remploi un autel à cornes de l'ancien Israël à Tell Beer-Sheva, au cours de fouilles dans les magasins royaux de Beersabée restaurés par le roi Ézéchias (716-687 av. J.-C.) après l’invasion destructrice du roi assyrien Sennachérib (en 701 av. J.-C.).
Autel à cornes de Tell Beer Sheva, (pierre taillée, 8e s. av. J.-C. ?), 1,57 X 1,57 X 1,57 m
Musée d'Israël, Jérusalem © Domaine public→ dimensions : Ex 27,1 ; 38,1 ; 2Ch 6,13 ; serpent idole 2R 18,4 ; Am 5,5 ; 8,14
En rassemblant des pierres aux tailles étranges, il reconstitua un autel à sacrifices complet, muni de ses cornes aux quatre coins, de 1,57 m largeur et de hauteur (cornes comprises) : converties en coudées, ces dimensions donnent exactement trois coudées royales, comme requis par Ex 27,1 ; 38,1 ; 2Ch 6,13.
L’une des pierres porte la gravure d’un serpent enroulé. Symbole de fertilité dans tout le Proche-Orient ancien, de puissance thaumaturgique (Ex 7,15), de guérison autant que de maladie (Nb 21,4-9), il finit en idole jusqu’à l’époque d’Ézéchias (2R 18,4).
L'autel à cornes de Tell Beer Sheva, (photogravure soulignant le dessin du serpent)
© D.R. Interbible, Fair Use→, serpent idole 2R 18,4 ; Am 5,5 ; 8,14
Outre cette gravure, le fait que les pierres soient taillées expliquerait-il la condamnation du sanctuaire par le prophète Amos (Am 5,5 ; 8,14) ? Le pieux Ezéchias (2R 18,3-4) pourrait avoir fait démanteler cet autel pour cette raison. (Noter cependant Yigael Yadin le rajeunit de 100 ans : pour lui, le mur où les pierres ont été retrouvées en remploi a probablement été détruit à l'époque où les Babyloniens ont conquis et détruit Jérusalem en 587 av. J.-C.).
Cf. →1,473.
masculin : Le mot « autel » lui-même [latin alt-are] porte étymologiquement l’idée de hauteur [alt-um]. On dit même: « ériger un autel ».
Ce symbolisme est peut-être redoublé dans les cornes de l’autel.
À chacun de ses quatre coins s'élevaient des saillies, appelées « cornes » (keranot). Cf. Ex 27,2 ; 29,12 ; 30,2-3.10 ; 37,25-26 ; 38,2; Lv 4,7.18.25.30.34 ; 8,15 ; 9,9 ; 16,18; 1R 1,50-51 ; 2,28 ; Jdt 9,8 ; Ps 118,27; Jr 17,1 ; G-Ez 41,22 ; Ez 43,15.20; Am 3,14. L’image revient dans la vision idéale de la Jérusalem céleste: Ap 9,13.
Les cornes ont plusieurs significations et fonctions, à tel point qu'elles servent aux prophètes pour des action (1R 22,11 et 2Ch 18,10) ou vision (Za 2,1-4) symboliques :
Elles intensifient le symbolisme cosmique de l’autel par leur nombre : 4 (points cardinaux, vents, etc.) renvoie à la totalité cosmique.
Elles lui ajoutent un aspect de verticalité : les cornes dressées évoquent la montée du sacrifice ou de l’offrande vers le ciel.
Certainement liées à la représentation des dieux du Proche-Orient ancien, dont elles ornaient les coiffes en signe de leur souveraineté sur le monde de la création (Milieux de vie Ex 34,30), peut-être sont-elles organes-témoins d’un dieu-taureau ou bélier à l’arrière-plan extra-biblique et païen de ce type d’autel ? Elles apportent à l'autel des attributs divins :
Elles symbolisent la force, humaine et surhumaine : elles métaphorisent une armée dévastatrice (cf. Dt 33,17 ; Mi 4,13) ou même une puissance démonique en Ps 22,22 ; elles font partie de la panoplie des monstres symboles du Mal : Dn 7,7-8.11.20-21.24 ; 8,3-9.20-22; Ap 12,3 ; 13,1.11 ; 17,3.7.12.16. « Ventiler des cornes » signifie disperser des ennemis qu'on a battus : cf. Littérature Ez 5,10.
Elles symbolisent la fécondité (par métonymie du taureau, symbole de puissance mâle : Ps 75,11 ; 89,18.25 ; 112,9 etc.) : en certaines occasions, le rituel exigeait qu’on prenne un peu du sang des victimes animales pour en imbiber les cornes de l’autel.
Finalement, les cornes de l’autel matérialisaient en quelque sorte la présence divine :