La Bible en ses Traditions

Matthieu 28,0 ; 11,1–15,39

Byz V S TR Nes

 Il advint que lorsque Jésus eut fini de donner ses prescriptions à ses douze disciples

il partit de là pour enseigner et prêcher dans leurs villes.

 Jean, ayant entendu

Vquand il eut entendu, dans la prison,

V[pris] dans les chaînes, les œuvres du Christ

envoya par 

Byz V TR deux de ses disciples,

et lui dit :

— Toi, es-tu celui qui doit venir ou est-ce un autre que nous attendons

Savons à attendre ?

Et répondant Jésus leur dit :

— Allez annoncer

Vrapporter à Jean ce que vous entendez et voyez :

les aveugles voient

les boiteux marchent

les lépreux sont purifiés

les sourds entendent

les morts ressuscitent

les pauvres sont évangélisés.

Heureux celui qui ne sera pas scandalisé à mon sujet !

Comme ils s’en allaient

Jésus commença à dire aux foules au sujet de Jean :

— Qu'êtes-vous sortis contempler

Vvoir au désert ?

Un roseau agité par le vent ? 

Mais qu’êtes-vous sortis voir ?

Un homme vêtu de façon délicate ?

Voici, ceux qui sont vêtus de façon délicate sont dans les maisons

Sla maison des rois

mais qu'êtes-vous sortis voir ?

Un prophète ?

Oui, je vous dis, et Byz S TR Nesbeaucoup plus qu’un prophète.

10 Byz V S TRCar c'est celui dont il est écrit :

« Voici, moi, j’envoie devant ta face mon messager qui préparera ton chemin devant toi. »

11  Amen, je vous dis : 

— Il ne s'est pas levé, parmi ceux qui sont nés des femmes, de plus grand que Jean le Baptiste

VJean-Baptiste

mais le plus petit dans le royaume des cieux est plus grand que lui. 

12 Depuis les jours de Jean le Baptiste

VJean-Baptiste jusqu’à maintenant, le royaume des cieux est violenté

Vsouffre violence

Sest gouverné par la force

et des violents le ravissent.

13 Car tous les prophètes et la Loi

Storah ont prophétisé jusqu’à Jean

14 et si vous voulez accueillir [ceci] : lui-même c'est Élie qui doit venir

15 que celui qui a des oreilles Byz V S TRpour entendre entende !

Byz V TR Nes
S

16 À qui comparerai-je

Vestimerai-je semblable cette génération ?

Elle est semblable à des enfants assis sur les places publiques

Vla place publique

qui, criant aux autres

Byz TRà leurs camarades

Vaux camarades,

16 ...

17 disent : 

— Nous avons joué de la flûte

Vchanté pour vous et vous n’avez pas dansé

nous avons chanté un chant funèbre

Vnous sommes lamentés et vous ne vous êtes pas frappé la poitrine.

17 ...

Byz V S TR Nes

18 Jean en effet est venu sans manger ni boire 

et ils disent : — Il a un démon ! 

19 Le Fils de l’homme est venu, mangeant et buvant

et ils disent : 

— Voici un homme glouton et un buveur de vin

un ami des publicains et des pécheurs 

mais la sagesse a été justifiée par ses œuvres.

Byz TR enfants.

V fils.

20 Alors il

SJésus se mit à faire des reproches aux villes où avaient été faits le plus grand nombre de ses miracles

parce qu’elles n’avaient pas fait pénitence :

21 — Malheur à toi, Chorazeïn

VCorazaïn

Malheur à toi, Bethsaïde

VBethsaïde !

Car si les miracles qui ont été faits au milieu de vous avaient été faits dans Tyr et Sidon

il y a longtemps qu’elles auraient fait pénitence dans le sac

Vle cilice et la cendre.

22 Cependant je vous dis : 

— Pour Tyr et Sidon ce sera plus supportable au jour du jugement que pour vous.

23 Et toi, Capharnaüm, est-ce que tu seras élevée jusqu’au ciel ?

Tu descendras jusque dans l'Hadès

Vjusqu'en Enfer

Sjusqu'au Shéol

parce que si les miracles qui ont été faits au milieu de toi avaient été faits dans Sodome

elle aurait Vpeut-être subsisté jusqu’à aujourd'hui

Vce jour.

24 Mais cependant je vous dis : 

— Ce sera plus supportable pour le pays de Sodome au jour du jugement que pour toi. 

25 En ce temps-là, prenant la parole, Jésus dit : 

— Je te loue

Vconfesse, Père, Seigneur du ciel et de la terre

parce que tu as caché ces choses aux sages et aux intelligents

Vprudents

et les as révélées aux petits enfants.

Byz V TR Nes
S

26 Oui, Père, parce que tel a été ton bon plaisir.

26 Oui, mon Père, car telle était ta volonté.

Byz V S TR Nes

27 Tout m'a été livré par mon Père

et personne ne connaît le Fils si ce n’est le Père

et personne ne connaît le Père si ce n’est le Fils

et celui à qui le Fils veut [bien]

Vaura voulu le révéler.

28 Venez à moi, vous tous qui peinez et êtes accablés

et moi, je vous donnerai du repos.

29 Prenez mon joug sur vous 

et apprenez de moi car je suis doux et humble de cœur

et vous trouverez du repos pour vos âmes

30 car mon joug est doux

Vsuave et mon fardeau léger. 

12,1 En ce temps-là, le sabbat, Jésus alla à travers les moissons

Vplantations

et ses disciples, ayant faim, se mirent à arracher des épis et à manger.

12,2 Les pharisiens, voyant [cela],

SLorsque les Pharisiens les virent, ils lui dirent :

— Voici, tes disciples font ce qu'il n'est

Vne leur est pas permis de faire, un sabbat !

12,3 Mais il leur dit :

— N’avez-vous pas lu ce que fit David lorsqu’il eut faim, Byz TRlui-même et ceux qui étaient avec lui

12,4 comment il entra dans la maison de Dieu et mangea

Nesils mangèrent les pains de proposition

qu'il ne lui était pas permis de manger, ni à ses compagnons

mais aux prêtres seuls ?

12,5 Ou n’avez-vous pas lu dans la Loi

Storah

que, le jour du sabbat, les prêtres dans le temple profanent le sabbat sans être en faute ?

12,6 Or je vous dis qu’il y a ici plus grand que le temple.

12,7 Si vous aviez su ce que signifie : « — Je veux la miséricorde et non le sacrifice »

vous n’auriez pas

Vjamais vous n’auriez condamné les innocents.

Byz S TR Nes
V

12,8 En effet le Fils de l’homme est maître TRmême du sabbat. 

En effet, il est le maître, le Fils de l’homme, même du sabbat. 

Byz V S TR Nes

12,9 Et, partant de là, il

SEt Jésus partit de là et vint dans leur synagogue

Byz S TR Nes
V

12,10 et voici un homme qui avait une main sèche

et ils Byz S TR Nesl'interrogèrent en disant :

— Est-il permis de guérir le [jour du] sabbat ?

afin de l’accuser.

10 et voici un homme qui avait une main sèche

et ils l'interrogeaient en demandant s'il est permis de guérir le sabbat

afin de l’accuser.

12,11 Il leur dit :

— Quel sera parmi vous l'homme qui, ayant

Va une seule brebis,

si elle tombe dans un trou le sabbat

ne la saisira et ne la relèvera pas ? 

Byz V S TR Nes

12,12 Byz TR NesOr cVCombien un homme vaut bien plus qu’une brebis !

Ainsi il est permis de faire du bien le sabbat. 

12,13 Alors il dit à l’homme :

— Étends ta main.

Et il l’étendit

et elle redevint saine comme l’autre.

12,14 Étant sortis,

VSortant, les pharisiens

VPharisiens tinrent

Vtenaient conseil contre lui

sur la manière de le faire périr.

12,15 Mais Jésus, le sachant, se retira de là

et de grandes foules

Nesde grandes [foules]

Vbeaucoup le suivirent, et il les guérit tous

12,16 et il leur commanda sévèrement

Vleur ordonna

Sles a prévenus de ne pas le faire connaître

12,17 afin que s’accomplît ce qui fut dit par le prophète Isaïe disant :

12,18 « — Voici mon serviteur que j’ai choisi

mon bien-aimé en qui mon âme a trouvé son bon plaisir.

Je placerai mon Esprit sur lui et il annoncera le jugement aux nations.

12,19 Il ne disputera pas, ni ne criera, et personne n’entendra sa voix sur les places.

12,20 Il ne brisera pas le roseau broyé et n’éteindra pas la mèche de lin qui fume

Slampe qui vacille

jusqu’à ce qu’il ait mené le jugement à la victoire 

12,21 et en son nom les nations espéreront. »

12,22 On lui présenta alors un démoniaque

Vhomme, ayant un démon, aveugle et muet et il le guérit

de sorte que le muet

Vqu'il

Sque le muet et l'aveugle parlait et voyait.

12,23 Et toutes les foules étaient frappées de stupeur et disaient :

— Celui-ci n'est-il pas le Fils de David ? 

12,24 Mais les pharisiens

VPharisiens, entendant [cela], dirent :

— Celui-ci n'expulse les démons que par Béelzéboul

VBéelzébub

SBéelzéboub le chef des démons. 

12,25 Et, connaissant leurs pensées, Jésus

Nesil leur dit :

— Tout royaume divisé contre lui-même est dévasté

et toute ville ou maison

Snulle maison, nulle ville

divisée contre elle-même ne se maintiendra pas.

12,26 Si Satan expulse Satan, il est divisé contre lui-même.

Comment donc se maintiendra son royaume ?

12,27 Et si moi c'est par Béelzéboul

VBéelzébub que j'expulse les démons, 

vos fils, par qui les expulsent-ils ?

C’est pourquoi eux-mêmes seront vos juges.

12,28 Mais si moi c’est par l’Esprit de Dieu que j'expulse les démons

c'est donc qu'est arrivé jusqu'à vous le royaume de Dieu.

12,29 Ou bien comment quelqu’un peut-il entrer dans la maison du fort

et enlever ses affaires

Vpiller son équipement

s'il n'a pas d'abord lié le fort ?

Et alors il pillera sa maison.

12,30 Qui n’est pas avec moi est contre moi

et qui ne rassemble pas avec moi disperse.

12,31 C’est pourquoi je vous dis :

— Tout péché et blasphème sera remis aux hommes

mais le blasphème contre

Vde l’Esprit ne sera pas remis Byz S TRaux hommes.

12,32 Et quiconque aura dit une parole contre le Fils de l’homme, il lui sera remis

mais qui aura dit [une parole] contre l’Esprit Saint, il ne lui sera pas remis ni dans ce siècle ni dans celui qui vient.

12,33 Ou faites que l’arbre soit bon et son fruit [sera] bon

ou faites que l’arbre soit mauvais et son fruit [sera] mauvais

car c’est au fruit qu’on connaît l’arbre.

12,34 Engeance de vipères, comment pouvez-vous dire de bonnes choses alors que vous êtes mauvais ?

Car c'est de l’abondance du cœur que la bouche parle.

12,35 L’homme bon tire de son bon trésor

TRdu bon trésor de son coeur de bonnes choses

et l’homme mauvais tire de son mauvais trésor de mauvaises choses.

12,36 Or 

SCar je vous le dis :

— De toute parole sans fondement

Voisive que les hommes auront proférée

ils en rendront compte au jour du jugement.

12,37 C’est en effet d’après tes paroles que tu seras justifié

et d’après tes paroles que tu seras condamné.

12,38 Alors quelques-uns des scribes et des Pharisiens prirent la parole et Byz V TR Neslui dirent :

— Maître, nous voulons voir de toi un signe. 

12,39 Prenant la parole, il leur dit :

— Génération mauvaise et adultère, elle recherche un signe

et de signe, il ne lui sera pas donné, sinon le signe de Jonas le prophète

12,40 car de même que Jonas fut dans le ventre du monstre marin trois jours et trois nuits

ainsi le Fils de l’homme sera dans le cœur de la terre trois jours et trois nuits.

12,41 Les hommes de Ninive se lèveront au jugement avec cette génération

et la condamneront

parce qu'ils firent pénitence à la prédication de Jonas

et voici, il y a ici plus que Jonas.

12,42 La reine du Midi se dressera au jugement avec cette génération

et la condamnera

parce qu'elle est venue des extrémités de la terre pour entendre la sagesse de Salomon

et voici, il y a ici plus que Salomon.

12,43 Lorsque l’esprit impur est sorti de l'homme

il parcourt des lieux arides cherchant du repos et il n'en trouve pas.

12,44 Alors il dit : 

— Je retournerai dans ma maison d’où je suis sorti.

Et, en arrivant, il la trouve vacante

balayée et ornée.

12,45 Alors il s’en va et prend avec lui sept autres esprits plus mauvais que lui

et ils entrent et habitent là

et le dernier [état] de cet homme devient pire que le premier.

Ainsi en sera-t-il aussi pour cette génération Vtrès mauvaise.

12,46 Comme il était encore en train de parler aux foules

voici, sa mère et ses frères se tenaient dehors, cherchant à lui parler.

12,47 Quelqu’un lui dit : 

— Voici, ta mère et tes frères se tiennent dehors cherchant à te parler

Vte cherchant.

12,48 Mais lui, répondant, dit à celui qui lui parlait : 

— Qui est ma mère et qui sont mes frères ?

12,49 Et étendant la main sur ses disciples il dit : 

— Voici ma mère et mes frères

12,50 car quiconque fera la volonté de mon Père qui est dans les cieux,

celui-là est pour moi un frère et une sœur et une mère ! 

13,1 En ce jour-là, sortant de la maison, Jésus était assis au bord de la mer

1 assis pour enseigner Mt 5,1; 24,3 

13,2 et des foules nombreuses s’assemblèrent près de lui 

si bien que lui monta

V, montant dans une

Byz TRla barque de s’asseoir

V, s'assit 

et toute la foule se tenait debout sur le rivage.

13,3  Et il leur parla de beaucoup de choses en paraboles, disant :

— Voici, le semeur sortit pour semer.

3 Le royaume comme travail agricole Jr 31,27s ; Ez 36,9 ; Os 2,21ss Parler en paraboles ... comme les sages : Ps 78,2. ... comme les prophètes : Ez 17,2. Cf. 2S 12,1-7 (parabole de Natan) ; Is 5,1-7 (chant de la vigne) ... comme le fils de David, Salomon : G-3R = 1R 5,12. Mise en scène  Mc 4,1s; Lc 8,4 1–9 Semeur  Mc 4,3-9 ; Lc 8,5-8

13,4 Et pendant qu’il sème

il en tomba au bord du chemin  

et venus les oiseaux les dévorèrent

Svenu un oiseau les dévora

Vvinrent les oiseaux et ils les dévorèrent

4a Grain sur le chemin Jb 8,19  4b Dévastateurs des récoltes Jg 6,3

13,5 d’autres tombèrent sur la pierraille où ils n’avaient pas de terre abondante  

et aussitôt ils levèrent parce qu’ils n’avaient guère de profondeur de terre 

13,6 le soleil une fois levé, ils furent brûlés  

et pour n’avoir pas de racine furent desséchés.

6b Desséchés Jc 1,11 ; Jn 15,6 ; Is 40,24

13,7 D’autres encore tombèrent sur les épines  

et elles montèrent, ces épines, à les étouffer.

13,8 D’autres enfin tombèrent sur la terre, la bonne,  

et ils donnaient du fruit  

celui-ci cent  

celui-là soixante

celui-là trente.

13,9 Que celui qui a des oreilles Byz V S TRpour entendre entende !

13,10 Et, s’étant approchés, les disciples lui dirent :

— Pourquoi est-ce en paraboles que tu leur parles ?

13,11 Répondant, il leur dit :

— Parce qu’à vous il a été donné de connaître les mystères du royaume des cieux 

mais à eux [cela] n’a pas été donné.

13,12 Car celui qui a, il lui sera donné et il sera dans l'abondance

mais celui qui n’a pas, même ce qu’il a lui sera enlevé.

13,13 C’est pourquoi je leur parle en paraboles parce qu'en regardant ils ne regardent pas 

et en entendant il n’entendent pas ni ne comprennent.

13,14 Et pour eux s’accomplit la prophétie d’Isaïe disant :

— Vous entendrez de vos oreilles et vous ne comprendrez pas 

et en regardant vous regarderez mais vous ne verrez

Sconnaîtrez pas.

13,15 Car le cœur de ce peuple s'est épaissi

Vengraissé 

et des oreilles ils ont entendu pesamment 

et leurs yeux ils les ont fermés 

de peur qu’ils ne voient des yeux 

que des oreilles ils n’entendent 

que de cœur ils comprennent 

qu’ils ne se convertissent et que je les guérisse.

13,16 Quant à vous, heureux vos yeux, parce qu'ils voient

et vos oreilles parce qu'elles entendent.

Byz V TR Nes
S

13,17 Amen, je vous dis en effet :

— Beaucoup de prophètes et de justes ont désiré voir ce que vous regardez

Vvoyez et n'ont pas vu 

et entendre ce que vous entendez et n'ont pas entendu.

17 Je vous le dis en vérité :

— En grand nombre prophètes et justes ont langui de voir ce que vous voyez, et ils ne l’ont pas vu

d'entendre ce que vous entendez et ils ne l’ont pas entendu.

Byz V S TR Nes

13,18  Écoutez donc, vous, la parabole de celui qui a semé

Sde la semence :

13,19 Quiconque écoute la parole du Royaume et ne comprend pas,

survient le malin, et il dérobe ce qui a été semé dans son cœur :

c’est celui qui a été semé le long du chemin.

13,20 Quant à celui qui a été semé sur la pierraille 

c’est celui qui écoute la parole et aussitôt l’accueille avec joie

13,21 mais il n’a pas de racine en lui-même, il est au contraire l'homme d'un moment ; 

que survienne une oppression ou

Vet une persécution à cause de la Parole 

aussitôt il est scandalisé.

13,22 Quant à celui qui a été semé dans les épines 

c’est celui qui écoute la parole

mais le souci du 

Byz V S TRde ce monde et la séduction de la richesse

Vdes richesses étouffent la parole 

et il devient infructueux.

13,23 Mais celui qui a été semé sur la bonne terre 

c’est celui qui écoute la

Sma parole et comprend 

et il porte du fruit 

et produit, l'un cent 

l’autre soixante 

l’autre trente.

13,24 Il leur proposa une autre parabole, disant :

— Le royaume des cieux est 

Va été fait semblable à un homme semant de la belle 

Vbonne semence dans son champ.

13,25 Pendant le sommeil des hommes vint son ennemi

par-dessus il sema des zizanes au milieu du blé et partit.

13,26 Lorsque l’herbe poussa et qu’elle fit du fruit 

alors apparurent aussi les zizanes. 

13,27 Alors, s’étant approchés, les serviteurs du maître de maison

Vpère de famille lui dirent :

— Seigneur n’est-ce pas de la belle

Vbonne semence que tu as semé dans ton champ ?

D’où vient donc qu’il a des zizanes ?

13,28 Et lui leur affirma :

— Un homme ennemi a fait cela.

Alors les serviteurs lui disent : 

Byz V TR Nesdirent : 

— Veux-tu Byz S TR Nesdonc que nous allions les ramasser ?

13,29 Mais il dit

Byz TRdisait : — Non

de peur qu’en ramassant les zizanes vous ne déraciniez en même temps avec elles le blé.

13,30 Laissez grandir ensemble les deux jusqu’à la moisson 

et au temps de la moisson je dirai aux moissonneurs :

— Ramassez d’abord les zizanes et liez-les en bottes pour les brûler ;

quant au blé, rassemblez-le dans mon grenier.

13,31 Il leur proposa une autre parabole, disant :

— Le royaume des cieux est semblable à un grain de moutarde 

qu’en prenant un homme a semé dans son champ :

13,32 c’est certes la plus petite de toutes les semences 

mais lorsqu'elle a poussé, c’est la plus grande des plantes potagères 

et elle devient un arbre 

si bien que les oiseaux du ciel viennent nicher dans ses branches.

13,33 Il leur dit une autre parabole :

— Le royaume des cieux est semblable à du levain 

qu’ayant pris, une femme a enfoui dans trois mesures de farine 

jusqu’à ce que le tout ait levé.

13,34 Tout cela Jésus le parla en paraboles aux foules 

et sans paraboles il ne leur parlait de rien

13,35 afin que fût accompli le mot 

Vce qui avait été dit par le prophète disant :

«— J’ouvrirai ma bouche en paraboles

je proférerai des choses cachées depuis la création du monde.

NesØ. »

13,36 Alors, ayant congédié les foules, Jésus

V Nesil vint dans la maison

et ses disciples s’approchèrent de lui et dirent :

— Explique-nous la parabole des zizanies du champ.

13,37 Répondant, il Byz S TRleur dit :

— Celui qui sème la belle 

Vbonne semence c'est le Fils de l’homme

13,38 le champ, c’est le monde 

la belle 

Vbonne semence, ce sont les fils du royaume 

les zizanies, les fils du mauvais

13,39  l’ennemi qui les a semées, c'est le diable 

Ssatan 

la moisson, c'est la consommation du siècle

et les moissonneurs, ce sont les anges.

13,40 De même donc qu’on ramasse les zizanies et qu’on les brûle au feu 

ainsi en sera-t-il à la consommation du

Byz S TRde ce siècle :

13,41 le Fils de l’homme enverra ses anges 

et ils ramasseront de son royaume tous les scandales

et ceux qui commettent l'iniquité

13,42 et les jetteront dans la fournaise du feu 

là seront le pleur et le grincement des dents

13,43 alors les justes resplendiront comme le soleil dans le royaume de leur père. 

Que celui qui a des oreilles Byz S TRpour entendre entende !

13,44 Le royaume des cieux est semblable à un trésor caché dans le champ :

un homme, l'ayant trouvé, le cache

et, dans sa joie, il s’en va et vend tout ce qu’il a et il achète ce champ.

13,45 Le royaume des cieux est encore semblable à un marchand qui cherche de belles

Vbonnes perles :

13,46 ayant trouvé une perle précieuse,

il s’en alla et vendit tout ce qu’il avait et l’acheta. 

13,47 Le royaume des cieux est encore semblable à un filet jeté dans la mer et ramassant toute espèce [de poissons] :

Byz S TR Nes
V

13,48 une fois qu’il a été rempli, l’ayant tiré sur le rivage et s’étant assis

ils ont ramassé les beaux dans un panier 

mais les pourris ils les ont jetés dehors.

48 une fois qu’il a été rempli, l’ayant tiré [hors de l'eau] et s’étant assis sur le bord du rivage,

ils [les pécheurs] ont choisi les bons [pour les mettre] dans des vases 

mais les mauvais, ils les ont jetés dehors .

Byz V S TR Nes

13,49 Ainsi en sera-t-il à la consommation du siècle :

les anges sortiront et ils sépareront les méchants du milieu des justes

13,50 et ils les jetteront dans la fournaise du feu. 

Là seront le pleur et le grincement des dents.

13,51  Byz S TRJésus leur dit : — Avez-vous compris tout cela ? 

Ils lui disent : — Oui Byz S TRSeigneur.

13,52 Il leur dit :

— C’est pourquoi tout scribe devenu disciple

Vinstruit au sujet du royaume des cieux

est semblable à un homme maître de maison

Vpère de famille

qui tire de son trésor du neuf et du vieux. 

13,53 Et il advint, lorsque Jésus eut terminé ces paraboles, qu’il partit de là

13,54 et, arrivant dans sa patrie

Sville, il les enseignait dans leur synagogue

Vleurs synagogues 

de telle sorte qu’ils étaient frappés d'étonnement 

Ss'émerveillaient et disaient :

— D’où lui viennent cette sagesse et les miracles ? 

13,55 Celui-ci n'est-il pas le fils du charpentier ? 

Est-ce que sa mère ne s’appelle pas Mariam

VMarie 

et ses frères Jacques, Joseph, Simon et Juda ?

13,56 Et ses sœurs ne sont-elles pas toutes chez nous ? 

D’où lui vient donc tout cela ? 

13,57 Et ils se scandalisaient à son sujet.

Mais Jésus leur dit :

— Un prophète n'est méprisé

Vsans honneur que dans sa patrie

Sville et dans sa maison

13,58 et il ne fit pas là beaucoup de miracles à cause de leur incrédulité. 

14,1 En ce temps-là Hérode le tétrarque entendit [parler] de la renommée de Jésus

14,2 et il dit à ses serviteurs :

— Celui-ci est Jean le Baptiste

VJean-Baptiste.

Lui, il est ressuscité des morts

voilà pourquoi les miracles agissent en lui.

14,3  Car Hérode avait saisi Jean et l’avait lié et mis en prison

à cause d’Hérodiade

VHérodiade la femme de Byz S TR NesPhilippe son frère,

14,4 car Jean lui disait :

— Il ne t’est pas permis de l’avoir.

14,5  Et tout en voulant le tuer, il craignit la foule

Vle peuple 

parce qu'elle

Vil le tenait pour un prophète.

14,6  VAu jour de l'anniversaire d’Hérode Byz S TR Nesétant arrivé la fille d’Hérodiade dansa au milieu

Sdevant les invités et plut à Hérode

14,7  aussi il promit avec serment de lui donner Vtout ce qu’elle demanderait Vde lui

Byz V S TR Nes

14,8  mais elle, poussée

Sendoctrinée

Vprévenue par sa mère :

— Donne-moi, dit-elle, ici sur un plat la tête de Jean le Baptiste

14,9 et le roi ,attristé,

Byz V S TRfut attristé

Smais à cause des serments

V Sdu serment et des convives, 

Vde ceux qui étaient attablés ensemble [avec lui], Vil ordonna qu'elle [lui] soit donnée

14,10 et il envoya décapiter Jean dans la prison

14,11  et sa tête fut apportée sur un plat

et fut donnée à la jeune fille et elle l'apporta 

Vla porta à sa mère

14,12 et s'approchant, ses disciples prirent le

Sson corps 

S Nescadavre et l'ensevelirent

puis ils vinrent l'annoncer à Jésus.

14,13  L'ayant appris, Jésus se retira de là dans une barque vers un lieu désert à l'écart

et les foules l'ayant appris, le suivirent à pied des villes [voisines]

14,14 et en sortant il

Byz S TRJésus vit une foule nombreuse

et fut saisi de pitié pour eux et il guérit leurs infirmes

Vmalades.

14,15 Le soir venu les

Byz V S TRses disciples s'approchèrent de lui en disant :

— L'endroit est désert et l'heure est déjà passée

Sa passé 

renvoie les foules afin qu'elles aillent dans les villages et s'achètent de la nourriture. 

14,16  Jésus

Sil leur dit :

— Ils n'ont pas besoin de s'en aller 

donnez-leur vous-mêmes à manger.

14,17 Ils lui disent

Vrépondirent :

— Nous n’avons rien ici si ce n'est cinq pains et deux poissons.

14,18 Et Il

SJésus V Sleur dit :

— Apportez-les-moi ici.

14,19 Et après avoir ordonné aux foules de s'allonger sur l'herbe

Sà terre

Vsur le foin

ayant pris les cinq pains et les deux poissons

levé

Vtourné les yeux vers le ciel il bénit et ayant rompu

Vrompit

et il donna aux disciples Byz V TR Nesles pains

et les disciples aux

Sles placèrent pour les foules. 

14,20 Tous mangèrent et furent rassasiés

ils emportèrent le surplus des morceaux

Vles restes : douze paniers pleins

Vde morceaux.

14,21 Or ceux qui mangèrent étaient environ : 

Sle nombre de ceux qui mangèrent était : 

Vceux qui mangèrent étaient : cinq mille hommes

sans les femmes et les enfants.

14,22  Aussitôt

VEt aussitôt il

Byz TRJésus obligea

Vordonna aux les 

S TR Nesses 

Vdisciples à

Vde monter dans la barque

et à

Vde le précéder sur l'autre rive

Vau-delà des flots jusqu'à ce qu'il ait renvoyé les foules.

14,23  Ayant renvoyé les foules

Vla foule il monta dans la montagne à l'écart

Vseul pour prier.

Le soir étant venu il était là seul

14,24 la barque était Byz TR Nesdéjà éloignée de la terre de plusieurs stades

Byz V TRau milieu de la mer tourmentée par les vagues

le vent en effet était contraire.

14,25 À la quatrième veille de la nuit Jésus

V Nesil vint vers eux en marchant sur la mer

Sles eaux

14,26 et Byz S TR Nesles disciples en le voyant marcher sur la mer

Sles eaux Vils furent troublés et dirent :

— C’est un fantôme

Sune fausse vision !

et de peur ils crièrent

14,27 et aussitôt Jésus leur parla en disant :

— Courage,

VAyez confiance, moi je suis, ne craignez pas. 

14,28 Pierre Byz S TR Neslui répondant Slui dit :

— Seigneur, si toi tu es, ordonne que je vienne vers toi sur les eaux

14,29 et il

SJésus dit : — Viens !

et descendant de la barque Pierre marchait sur les eaux 

Vl'eau et vint

Vpour venir

Set marcha vers Jésus.

14,30 Mais voyant le

V Sla violence du vent il prit peur

et comme il commençait à couler, il s'écria disant :

— Seigneur, sauve-moi ! 

14,31 Et aussitôt Jésus étendant la main le saisit

et lui dit :

— Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté ?

14,32  Et comme ils montaient dans la barque le vent cessa.

14,33 Ceux qui étaient dans la barque se prosternèrent devant lui

Byz S TRvinrent se prosterner devant lui

Vvinrent et l'adorèrent en disant :

Vraiment tu es Fils de Dieu.

14,34 Ayant traversé ils vinrent dans

Nessur la terre de

Nes, à Gennésaret

VGénésar.

14,35 Les hommes de ce lieu le reconnaissant 

envoyèrent [prévenir] dans toute cette région

et ils lui présentèrent tous ceux qui se portaient mal

14,36  et ils le priaient de toucher seulement la frange de son manteau

et tous ceux qui touchèrent furent sauvés.

15,1 Alors des pharisiens et des scribes de Jérusalem s’approchent

Vapprochèrent de Jésus

Vlui en disant :

15,2  — Pourquoi tes disciples transgressent-ils la tradition des anciens ?

En effet ils ne lavent pas leurs mains lorsqu’ils mangent du pain. 

15,3  Répondant il leur dit :

— Pourquoi vous aussi transgressez-vous le commandement de Dieu à cause de votre tradition ?

15,4  Dieu en effet a dit

Byz TRcommandé en disant :

« — Honore ton

Byz V Nesle père et ta

Byz V TR Nesla mère »,

et : « — Celui qui maudit Sson père ou Ssa mère qu'il soit mis à mort. »

15,5  Mais vous, vous dites :

— Quiconque dit au père ou à la mère : — Ce dont tu aurais pu profiter de moi

Vqui vient de moi [et] qui t'est utile est une

Smon offrande

Byz S TR Neset qui n'honorerait pas son père ou sa mère

15,6  Vet il n'honorera pas son père ou sa mère

et vous avez annulé

Vtransgressé la parole

Byz V TRle commandement de Dieu à cause de votre tradition.

15,7 Hypocrites, Isaïe a bien prophétisé de vous en disant :

15,8  « — Ce peuple Byz TRs'est approché de moi par la bouche et il m’honore des lèvres mais leur cœur est loin de moi. »

15,9 C'est en vain qu'ils m'honorent

enseignant des doctrines préceptes d’hommes.

15,10  Ayant appelé Và lui la foule

Vles foules il leur dit :

— Écoutez et comprenez !

15,11 Ce n’est pas ce qui entre dans la bouche qui souille l’homme

mais ce qui sort de la bouche c'est cela qui souille l’homme. 

15,12 Alors s'approchant ses

Nesles disciples lui dirent

S Nesdisent :

— Sais-tu que les Pharisiens en entendant la parole ont été scandalisés ? 

15,13  Répondant il dit :

— Toute plante que n’a pas plantée mon Père céleste sera arrachée.

Byz S TR Nes
V

15,14 Laissez-les : ils sont aveugles guides d'aveugles.

Un aveugle s'il guide un aveugle ils Byz S TR Nestomberont tous deux dans un trou.

14 Laissez-les : ils sont aveugles guides d'aveugles.

Un aveugle s'il est guidé par un aveugle, tous deux tombent dans une fosse.

Byz V S TR Nes

15,15 Pierre répondant lui dit :

— Explique-nous cette parabole. 

15,16 Il

Byz TRJésus Sleur dit :

— Vous aussi vous êtes encore sans intelligence

Sne comprenez pas ?

15,17 Ne comprenez-vous pas que tout ce qui entre dans la bouche va dans le ventre et est rejeté aux toilettes

Vdans un lieu retiré

Sdans la purification ?

15,18  Ce qui sort de la bouche vient du cœur

c’est cela qui souille l’homme.

15,19  En effet, c'est du cœur que sortent des pensées mauvaises :

meurtres, adultères

fornications, vols

faux témoignages, blasphèmes.

15,20  C'est cela qui souille l’homme

mais manger avec des mains non lavées ne souille pas l’homme 

15,21  et sortant de là Jésus se retira dans la région de Tyr et de Sidon

15,22 et voici, une femme cananéenne, sortant de cette contrée, cria vers lui, en

Vcria en lui

S Nescriait en disant :

— Prends pitié de moi, Seigneur, Fils de David

ma fille est sévèrement tourmentée par un démon.

15,23 Il ne lui répondit pas une parole

et s'approchant, ses disciples le priaient en disant :

— Renvoie-la car elle crie après nous. 

15,24  Répondant il Sleur dit :

— Je n'ai été envoyé qu'aux brebis perdues de la maison d'Israël. 

15,25  Venant elle

VElle vint et  se prosternait devant lui

Vl'adora en disant

Set lui dit :

— Seigneur aide-moi !

15,26  Prenant la parole il dit :

— Il n’est pas bien de prendre le pain des enfants et le jeter aux Byz S TR Nespetits chiens.

15,27  Elle dit :

— Oui Seigneur ! 

 En effet les petits chiens mangent

SLes chiens vivent en mangeant des miettes qui tombent de la table de leurs maîtres ! 

15,28 Alors Jésus répondant lui dit :

— O femme ta foi est grande qu’il advienne pour toi comme tu veux. 

Et sa fille fut guérie dès cette heure-là.

15,29 Jésus partant de là vint au bord de la mer de Galilée

et montant sur la montagne il s'assit là 

15,30  et des foules nombreuses s'approchèrent de lui

ayant avec elles des boiteux, des aveugles, des muets, des estropiés

Nesdes boiteux, des aveugles, des estropiés, des muets

Vdes muets, des boiteux, des aveugles, des estropiés et beaucoup d'autres

ils les jetèrent aux pieds de Jésus

V Nesà ses pieds et il les guérit

15,31 de sorte que la foule s'émerveilla

Byz V S TRles foules s'émerveillèrent 

en voyant des muets parler 

Byz S TR Nesdes estropiés guéris

des boiteux marcher

et des aveugles voir 

et ils glorifièrent

Vglorifiaient le Dieu d'Israël.

15,32 Jésus ayant appelé ses disciples dit :

— J’ai pitié de la foule

car depuis trois jours déjà qu’ils restent près de moi et ils n’ont rien à manger.

Je ne veux pas les renvoyer à jeun de peur qu'ils ne défaillent en chemin.

15,33 Ses

V NesLes disciples lui disent :

— Comment Vdonc aurions-nous dans un désert assez de pains pour rassasier une telle foule ? 

15,34 Et Jésus leur dit :

— Combien de pains avez-vous ?

Ils dirent :

— Sept et quelques petits poissons. 

15,35 Alors il ordonna

Byz TRcommanda à la foule

Byz TRaux foules de s'étendre par terre

15,36 et prenant

S NesIl prit les sept pains et les poissons

et rendant grâces il [les] rompit et [les] donna

S Nesdonnait à ses

Nesaux disciples 

et les disciples à la foule

Nesaux foules

Vdonnèrent au peuple

15,37 et tous mangèrent et furent rassasiés

et ce qui restaient des morceaux ils enlevèrent sept corbeilles pleines.

15,38  Ceux qui mangèrent

Vavaient mangé étaient quatre mille hommes

sans les femmes et les enfants

Vles enfants et les femmes

15,39  et renvoyant les foules

Vla foule il monta dans la barque

et vint dans le territoire de Magdala

SMagdu

NesMagadan

VMagédan.

Réception

Tradition juive

13,4 Et comme il semait.. La parole est un grain qui pousse. La même image est utilisée dans la tradition :

  • b. Ta'a 4a "Un jeune étudiant est comparable à une graine sous une écorce dure. Une fois qu'il a germé, il portera bientôt des rameaux."
  • 4 Esd. 9,31 "Voici, je sème ma loi en vous, elle portera du fruit en vous et vous en tirerez gloire à jamais." (p. 1440).
  • 2 Ba. 32,1 "Mais vous, si vous préparez vos coeurs pour y semer les fruits de la loi, elle vous protègera en ce temps-là, lorsqu'il adviendra que le Puissant ébranle toute la création." (p. 1507).

Contexte

Littérature péritestamentaire

13,3 Le semeur. Au service du royaume.  L'image du semeur, comme celle du moissonneur, évoque le travail au service du royaume :

  • 4 Es 9,31 "Voici, je sème ma loi en vous, elle portera du fruit en vous et vous en tirerez gloire à jamais".
  • 2 Bar 32,1 "Mais vous, si vous préparez vos coeurs pour y sermer les fruits de la loi, elle vous protègera en ce temps-là, lorqu'il adviendra que le Puissant ébranle toute la création".

Texte

Grammaire

13,5b de profondeur de terre Génitif hébraïque pour « terre profonde ».

13,8b ils donnaient du fruit Sémitisme Calque une expression sémitique.

Procédés littéraires

13,3a paraboles La parabole est un lieu rhétorique constitué par deux ou plusieurs figures élémentaires, dont l’allégorie. On peut en rapprocher l’apologue, l’anecdote, ou l’exemple (en principe pas imaginaire, lui) récits illustrant quelque vérité, ainsi que le mythe (récit symbolique instituant un équilibre de valeurs spirituelles ou sociales encadrant l’existence). Il s’agit donc de symboles appelant une interprétation globale, plus qu’une correspondance terme à terme entre comparé et comparant.

13,1.3 au bord de (para) la mer, au bord du (para) chemin parabole : isolexisme, polypton Une →Parabole est une parole placée le long d’une réalité pour la faire comprendre, comme une partie du grain jeté tombe à côté de la bonne terre, ou Jésus, du bord de la mer, passe ensuite sur la mer. D’abord le long d’une réalité qu’elle tente de formuler, la parabole finit par le rejoindre par ses effets performatifs: elle passe dans la réalité même qu’elle désigne et finalement instaure. Le discours parabolique n’appartient pas à un univers qui oppose les mots et les choses; la parabole ne suit pas un chemin allégorique où tout aurait une contrepartie claire: ce qui est semé (v.20) est aussi ce qui reçoit la semence (v.19). 

13,9 oreilles... entendre Tautologie suggérant le double-sens d’écoute (au subjonctif d’ordre, en grec).

Contexte

Milieux de vie

13,6b desséchés La Palestine possède beaucoup de terrains avec un sol peu profond au-dessus de rochers. Le grain germe vite dans ce sol, car il garde la chaleur, mais les plantes meurent peu après parce qu’elles ne peuvent pas enfoncer leurs racines.

Intertextualité biblique

13,9 entende Dans le contexte symbolique de l’entrée en Terre promise, allusion probable au →Šema‘ Yiśrā’ēl.

Texte

Vocabulaire

13,3a communiquer... disant En grec laléô, articuler des sons, s’exprimer par la parole, parler. Même si ses usages transitifs se multiplient dans le grec tardif, en particulier celui de LXX, laléô met l’accent sur le fait de parler plus que sur le contenu de la parole (par contraste avec légô, dire), contenu parfois introduit comme ici par légôn, disant. La moitié des 26 occurrences de laléô en Mt est concentrée aux c.12-13.

Procédés littéraires

13,2 sur le rivage Inclusion Le terme grec (aigialon) n’apparaît que deux fois dans les synoptiques: ici et au v. 48 du même chapitre, formant une inclusion: la parole de Jésus fait passer ses auditeurs du rivage concret de ce monde-ci, où ils se tiennent, au rivage de ce monde-là, qu’elle leur révèleProcédés littéraires Mt 15,47.

Contexte

Intertextualité biblique

13,2b assis sur les eaux « Le Seigneur était assis au déluge » (Ps 29,10): le Créateur va parler de la création et révéler l’invisible par le visible. Milieux de vie

Réception

Tradition chrétienne

13,1 maison = La synagogue (Raban Maur Comm. Matt.).

13,2b barque

  • = l’Église; Hilaire In Matt. 13,1: « À l’intérieur de laquelle se trouve et s’enseigne le Verbe de vie incompréhensible pour ceux qui, placés au dehors, s’étendent à côté, inutiles et stériles comme du sable ».
  • les âmes (Raban Maur Comm. Matt.).

13,2c rivage

  • Jésus est au milieu des flots = danger, tandis que la foule écoute sur la terre ferme du rivage où elle est à l’abri des dangers, car elle ne pourrait faire face aux tentations de la mer (Jérôme Comm. Matt.).
  • Pour Raban Maur Comm. Matt. la nacelle est l’Église et Jésus prend parmi ceux qui sont sur le rivage pour constituer l’Église.

13,3b–9 texte Év. Thom. 9 contient la parabole entière p.ê. avec des allusions aux rites gnostiques d’élévation de blé vers le ciel; cf. Corp. herm. 14,10; Hippolyte Haer. 5,3.

Propositions de lecture

13,1–9 Allusions au TaNaKh et un enseignement universel Dans une parabole pleine d’allusions multiples au TaNaKh Références en marge, Jésus redit à ses coreligionnaires à quelle condition la semence/ descendance peut porter du fruit dans la bonne terre/ terre promise Intertextualité biblique Tradition juive. Mais le symbolisme cosmique de cette parabole la rend disponible pour un enseignement religieux universel.

Contexte

Intertextualité biblique

13,1s Jésus était assis Gloire L’Arche représente le trône où Dieu est assis (Is 6,1ss; Ap 4,2ss; Ap 5,1ss; Ap 6,16; Ap 7,10ss; Ap 19,4; Ap 20,11; Ap 21,5 – quand il ne siège pas… sur un nuage (Is 19,1). Jésus sera également assis dans la gloire (Mt 19,28; Mt 20,21.23; Mt 25,31).

Milieux de vie

13,1s Jésus était assis Enseignement, jugement Au moment de donner ses plus grands enseignements (Mt 5,1; Mt 23,2; Mt 24,3; Mt 26,55; Mc 4,1; Mc 9,35; Mc 13,3; Lc 2,46; Lc 5,3; Jn 6,3; Jn 8,2 – en Mt 15,29 Jésus s’assoit pour une guérison, en Jn 4,6, simplement pour se reposer), conformément à l’habitude rabbinique (Mt 23,2; Lc 5,17; cf. déjà Ez 8,1; le mot hébreu yešiba, centre d’étude, est construit sur la racine « s’asseoir » Si 51,23).

Le matériel archéologique de l’Orient ancien et du monde greco-helléniste représente souvent les gouvernants assis (cf. Ex 11,5; 1R 1,17ss; Ex 12,29; Ac 12,21; juges et grands prêtres le sont également Mt 27,19; Jn 19,13; Ac 23,3; Ac 25,6.17), ainsi que les dieux, souvent avec des gens priant debout devant eux.

13,1 de la maison Sans doute celle de Pierre, où Jésus entre à nouveau au v.36. Cependant, il n’a été question de maison qu’en Mt 9,10 et depuis, Jésus s’est beaucoup déplacé: l’accent est donc plus sur le symbolisme du dedans et du dehors que sur la localisation exacte. (cf. →Maison en Mt

Réception

Lecture synoptique

13,1–9 Outre son style, habituellement plus élégant, Mt soigne plus que Mc (Mc 4,1-20) l’intégration de la parabole et de son « interprétation » en ciselant les parallélismes et en harmonisant systématiquement les nombres et les genres des différents actants (les grains, la pierraille…) dans les deux parties.

Mt et Lc sont d’accord contre Mc sur plusieurs points (construction grammaticale v.4; usage de xêrainô exclusivement pour les végétaux – cf. v.6 –; forme du dit v.9).

Mt et Mc présentent les fructifications dans des ordres inverses.

Tradition chrétienne

13,1 sorti de la maison Un dedans et un dehors Presque tous les Pères distinguent un dedans et un dehors, mais les interprétations divergent sur ce que sont l’un et l’autre.

  • Hilaire In Matth 13,1, sous l’influence de l’ecclésiologie de Cyprien, pense que tous ceux qui sont en dehors de la barque-Eglise ne peuvent être atteints par la Parole.
  • Origène Comm. Matt. 10,1: « Les foules se trouvent hors de cette maison; et l’œuvre de son amour pour les hommes consiste à abandonner la maison et à se rendre auprès de ceux qui ne peuvent venir à lui ». Jérôme Com in Matth: le Christ et ceux qui l’écoutent sont dehors, au milieu des tentations, mais tous n’en sentent pas l’atteinte de la même façon ; Dieu ménage les faibles. 

Contexte

Milieux de vie

13,3 le semeur Agriculture Quatre-vingt dix pour cent de la population de l’empire romain était rurale. Avec seulement deux grandes villes, la population galiléenne habitait surtout des villages agricoles (Josèphe C. Ap. 1,60). La plupart des Juifs palestiniens travaillaient dans l’agriculture. Bien que la Palestine fût fertile (Josèphe B.J. 3,42ss), la récolte demeurait un grand souci des agriculteurs (y. Ma‘aś. 2,1). Semer et labourer se faisaient normalement vers novembre, la moisson vers mai (Hésiode Op. 383s; 448ss).

13,3b pour semer Semailles et labours Dans la Palestine antique on pouvait soit semer avant de labourer (Jub. 11,11), soit labourer avant de semer. Dans le premier cas, le semeur sème intentionnellement sur divers sols; dans le second, c’est par accident que le grain tombe sur de mauvais terrains. La reformulation de la parabole aux vv.18-23 envisage plutôt le premier: la Parole est intentionnellement proclamée à tous. Pseudo-Clément Recogn. 3,14 opte pour semer avant de labourer.

Réception

Tradition chrétienne

13,3 Il leur parla de beaucoup de choses en paraboles. Parallèles dans les apocryphes.  L'évangile de Thomas utilise les mêmes images à propos du royaume des Cieux :

  • Év. Thom. 8 "Et il a dit : l'homme est semblable à un pêcheur avisé qui jeta son filet à la mer et l'en retira plein de petits poissons ; parmi eux, le pêcheur avisé trouva un gros et beau poisson ; il rejeta tous les petits à la mer, et choisit le gros sans difficulté. Celui qui a des oreilles pour entendre, qu'il entende !" (p. 35)

  • Id. 20 "Les disciples dirent à Jésus : Dis-nous à quoi est semblable le Royaume des cieux. Il leur répondit : il est semblable à un grain de sénevé, la plus petite de toutes les semences. Mais lorsqu'il tombe sur une terre travaillée, il produit une grande branche et devient un abri pour les oiseaux du ciel". (p. 37)
  • Id. 76 "Jésus a dit : Le royaume du Père est semblable à un marchand qui avait un ballot et qui trouva une perle. Ce marchand était avisé. Il vendit le ballot et s'acheta la perle seule. Vous aussi cherchez le trésor incorruptible et durable, où la mite ne vient pas manger et où le ver ne détruit pas." (p. 48)
  • Id. 96 "Jésus a dit : le Royaume du Père est semblable à une femme. Elle prit un peu de levain, le cacha dans de la pâte et en fit de grands pains. Celui qui a des oreilles, qu'il entende !" (p. 51)
  • Id. 109 "Jésus a dit : le Royaume est semblable à un homme qui avait un trésor caché dans son champ, mais ne le savait pas. Après sa mort, il le laissa à son fils. Le fils ne savait rien du trésor ; il hérita le champ et le vendit. Celui qui l'avait acheté vint labourer et trouva le trésor. Il se mit à prêter de l'argent à intérêt à qui il voulut". (p. 53)

Contexte

Intertextualité biblique

13,3b semeur Dieu comme un agriculteur Jésus continue la tradition vétérotestamentaire représentant Dieu comme un agriculteur (outre les célèbres allégories de plantation de vignes décevantes, cf. Jr 2,21) voire comme un semeur (Jr 31,27; Os 2,23ss) attestée aussi dans les targums (p.e. Tg. Ps.-J. Ex 15,17) et la littérature péri-testamentaire (4 Esd. 8,42-45). 

Littérature péritestamentaire

13,3b semer La Parole de Dieu Métaphore usuelle dans le judaïsme péri-testamentaire pour désigner le don créateur et salutaire de la Parole de Dieu (1 Hén. 62,8; 4 Esd. 4,31; 8,6.41; 9,31). 

Intertextualité biblique

13,3b–9 L’obéissance à la Parole Dans cette parabole, Jésus multiplie les allusions aux passages AT faisant de l’obéissance à la Parole la condition d’entrée et de prospérité dans la véritable →Terre promise qu’est le royaume de Dieu Références en marge: dans la ligne du sermon sur la montagne (il a été dit; moi je vous dis), il invite à entendre, comprendre et pratiquer sa parole comme la Torah.  

Milieux de vie

13,3a paraboles Jésus recourt à un procédé d’enseignement connu dans la tradition juive, mais auquel il donne une coloration très personnelle, en les employant moins comme illustration de principes donnés ailleurs que comme base de son enseignement →Paraboles juives.

13,3b–9 exégèse juive traditonnelle Fidèlement à une technique d’enseignement oral traditionnel (plus tard codifiée dans →le PaRDeS), Jésus multiplie les allusions à des textes importants concernant les origines et l’histoire d’Israël, ainsi que ses relations avec Dieu. Références en marge Intertextualité biblique 

Réception

Tradition chrétienne

13,3a beaucoup en paraboles mélange de la clarté et de l'obscurité Jérôme Comm. Matt. : 

  • « Il n’a pas tout dit en paraboles, mais beaucoup. Eût-il tout dit en paraboles, les peuples se seraient retirés sans profit. Il mêle la clarté à l’obscurité pour que ce qu’ils comprennent les incite à vouloir connaître ce qu’ils ne comprennent pas ».

13,3b–9 natures humaines Jérôme Comm. Matt.:

  • « Valentin s’appuie sur cette parabole pour justifier son hérésie. Il introduit l’existence de trois natures: la spirituelle, l’animale et la terrestre. Mais ici, il y en a quatre: une le long du chemin, une autre pierreuse, la troisième pleine d’épines, la quatrième étant la bonne terre ».

13,3b sorti

  • par l’incarnation; cf. Jean Chrysostome Hom. Matt. 44,3: « Mais d’où a pu sortir celui qui est présent en tous lieux, et comment est-il sorti? Il n’est pas sorti comme on sort d’un endroit qu l’on quitte, mais il s’est rapproché de nous par son incarnation et par la nature humaine dont il s’était revêtu. Nous ne pouvions arriver jusqu’à lui, nos péchés étaient pour nous un obstacle insurmontable; il est venu jusqu’à nous » ; Jean Chrysostome Hom. Heb. 3,1: « Il appelle une sortie son avènement dans la chair, car nous étions en dehors de Dieu ».
  • par la prédication des apôtres; Raban Maur Comm. Matt.: « Il est sorti lorsque dans la personne de ses apôtres, il a abandonné la Judée pour aller évangéliser les gentils ».
  • du Père; Thomas d’Aquin comprend ceci de façon trinitaire Thomas Lect. Matt. 1085, 

13,3b sorti le semeur pour semer Jean Chrysostome Hom. Matt. 44,3:

  • « Ces paroles [3b] ne doivent pas être regardées comme une redite. Car un laboureur sort souvent pour d’autres choses que pour semer. Il sort pour labourer et pour cultiver la terre. Il sort pour en arracher les épines et toutes les mauvaises herbes ou pour d’autres sujets semblables; mais Jésus-Christ n’est sorti que pour semer ».

13,3b semeur Jérôme Comm. Matt. = le Fils de Dieu. 

Texte

Critique textuelle

13,4c venus : Nes V | Byz TR S : venu Le singulier correspond au sing. coll. en grec : ta peteina, comme pour dire « la gent ailée »). La lecture syriaque au singulier reflète p.ê. une interprétation de l’oiseau comme le malin dont il sera question dans la parabole de la zizane. Références en marge Mt 15,4 Tradition juivef19a.

Grammaire

13,4a il en tomba Singulier collectif Litt. "les uns" : les grains, jamais nommés, sont exprimés dans toute la parabole par des neutres pluriels: ha, auta.

13,4b au bord Préposition: sur / le long du para tèn hodon traduit p.ê. approximativement l’araméen ‘al « sur », et pourrait aussi se traduire « le long du chemin ». 

Procédés littéraires

13,4–8 Énumération et ellipse Des catégories de grains sont par ordre croissant d’espérance de vie. Mais les mots "grain" ou "semence" n’apparaissent nulle part!

Contexte

Milieux de vie

13,4b chemin À l’intérieur des champs Outre ceux qui délimitaient les propriétés (m. Pe’ah 2,2), des sentiers permettaient probablement aussi de circuler à l’intérieur des champs (Mt 12,1 ; Virgile Priap. 3,21).

Intertextualité biblique

13,4b il en tomba La descendance Supposée ici et nommée seulement au v.24, la semence (sperma) associée à la terre () évoque constamment la descendance élue à partir des récits sur Abraham, en particulier sous forme de promesse: « Je donnerai cette terre à ta semence » (Gn 12,7 ; 13,15 ; 15,18 ; 17,8 ; 24,7 ; 26,3s ; 28,4 ; 35,12 ; 48,4; Ex 32,13 ; 33,1; Dt 1,8 ; 11,9 ; 2Ch 20,7; Jr 23,8; cf. Ac 7,5). 

Réception

Tradition chrétienne

13,4–8 Collaboration de l'homme Jean Chrysostome est toujours attentif à ce qui souligne la part de collaboration à l’action de Dieu qui revient à l’homme, il se demande ce que devient la semence; 

  • Hom. Matt. 44,3: « Il s’en perd trois parties et il ne s’en sauve qu’une. Mais comment concevoir, me dites-vous, qu’on sème sur des épines, sur des pierres et dans des chemins? Je vous réponds que cela serait ridicule à l’égard d’une semence matérielle qu’on jette sur la terre; mais à l’égard de nos âmes et de la parole de Dieu, c’est une chose qui ne peut être que très louable. On blâmerait très justement un laboureur s’il perdait ainsi sa semence, parce que les pierres ne peuvent devenir de la terre et que les chemins ne peuvent cesser d’être des chemins, ni les épines d’être des épines. Mais il n’en est pas ainsi de nos âmes. Les pierres les plus dures peuvent se changer en une terre très fertile. Les chemins les plus battus peuvent n’être plus foulés aux pieds, ni exposés à tous les passants, mais devenir un champ bien préparé et bien cultivé. Les épines peuvent disparaître pour faire place à la semence, afin que le grain croisse et pousse en haut, sans qu’il trouvé rien qui l’empêche de monter. Si ces changements étaient impossibles, le semeur divin et adorable n’aurait jamais rien semé dans le monde. Et s’ils ne sont pas arrivés dans toutes les âmes, ce n’est point la faute du laboureur, mais de ceux qui n’ont pas voulu se changer. Il a accompli avec un soin entier ce qui dépendait de lui. Si les hommes, au lieu de correspondre à son ouvrage, l’ont au contraire détruit en eux-mêmes, il n’est point responsable de leur perfidie, après qu’il a témoigné tant de bonté et tant d’affection envers les hommes ».

Texte

Grammaire

13,5b.6b pour n’avoir point Sémitisme Litt. "à cause de son ne-pas-avoir" : imite la construction sémitique de l’infinitif complément.

Contexte

Milieux de vie

13,5a pieraille Exploitation y. Kil. 1,27b,47 fait référence à l’exploitation agricole de mauvais terrains littoraux: aux temps anciens même des endroits rocheux pouvaient être cultivés. La qualité différente entre les sols, était bien connue (Xénophon Oec. 16,3; Caton Agr. 6,1).

Textes anciens

13,5b aussitôt ils levèrent La déception provoquée par des grains qui poussent vite mais ne portent pas de fruits, était bien connue (Quintilien Inst. 1,3,5).

13,6a soleil menace à la récolte Le soleil et la sécheresse menacent la récolte (Jc 1,11 ; Théophraste Hist. plant. 1,4,1; Josèphe B.J. 4,471).

Réception

Tradition chrétienne

13,4–8 Don offert indifféremment

  • Jean Chrysostome Hom. Matt. 44,3: « Il n’y a que la quatrième partie de toute la semence qui se sauve, et encore même avec beaucoup d’inégalité et de différence. Jésus-Christ voulait dire par là qu’il offrait indifféremment à toutes les instructions de sa parole. Car comme un laboureur ne choisit point en semant, et ne fait aucun discernement d’une terre d’avec une autre, mais répand sa semence également partout, Jésus-Christ de même, en prêchant, ne faisait point de distinction entre le riche et le pauvre, entre le savant et l’ignorant, entre l’âme ardente et celle qui était lâche et paresseuse. Il semait de même sur tous les cœurs, et il faisait de son côté tout ce qu’il devait faire, quoiqu’il n’ignorât pas quel devait être le succès de son travail ».

13,6b racine Cause invisible La racine est la charité comme la cupidité est la racine de tous les maux (Augustin Enarrat. Ps. 90,8). La racine est dans un lieu caché, les fruits – les œuvres – par contre sont visibles (ibid. 51,12). 

Contexte

Textes anciens

13,7a épines Les épines étouffent les plantes (Virgile Georg. 1,150-159).

13,8c cent, soixante, trente Rapport de la moisson Selon Varron Rust. 1,44,2, les semailles en Syrie pouvait produire jusqu’au centuple, et d’autres textes l’indiquent aussi: Théophraste Hist. plant. 8,7,4; Strabon Geogr. 15,3,11; Pline Nat. 18,21,94s; Or. sib. 3,263s. Josèphe C. Ap. 1,95 loue la fertilité du sol palestinien. La récolte était d’habitude entre 7,5 et 10 fois le nombre du grain semé. Pour certaines parties de la Palestine, une récolte au centuple n’était même pas une exception.

Intertextualité biblique

13,8a la terre, la bonne La Terre promise Pour un Juif palestinien du 1er s., la « bonne terre » évoque invinciblement la Terre promise: sur près de 2000 emplois de « terre », on trouve 14 fois seulement l’expression « bonne terre » (h’rç htvh), dont 10 dans Dt, dont 8 dans le testament que Moïse laisse au Peuple dans l’Araba en face de la Terre promise Dt 1-12 (Dt 1,25.35 ; 3,25 ; 4,21s ; 6,18 ; 8,7.10 ; 9,6 ; 11,17). Certes, LXX dit gê agathê et non gê kalê comme Mt et Mc, mais Mt cite souvent un texte mixte. Le parallèle de Lc, évangile très enraciné dans la tradition grecque des Écritures porte bien, lui, agathê.

Réception

Tradition juive

13,8c cent, soixante, trente récoltes du temps messianique Des passages juifs réfèrent aux très grandes récoltes dans le temps messianique, p.e. b. Ketub. 111b-112a: il faudra un bateau pour transporter une grappe! (cf. 2 Bar. 29,5).

Texte

Critique textuelle

13,8c cent  | Quatre-vingt-dix (Clément d’Alexandrie Strom. 14,3).

Procédés littéraires

13,8c cent, soixante, trente Enumération décroissante et chiasme quantitatif avec la précédente enumération des terres. Au centre se rencontrent donc: le meilleur du mauvais et le moins bon du meilleur.

Critique textuelle

13,9 pour entendre Rejeté dans Nes Procédés littéraires. Nes lit : qui a des oreilles, entende !, rejetant « pour entendre » comme une harmonisation.

Réception

Tradition juive

13,9 entende Pour apprendre Il s’agit non seulement d’entendre et de comprendre, mais encore d’apprendre. Les enseignants juifs (qui « sèment » la Torah: b. Ber. 63a), exhortaient leurs étudiants à écouter et mémoriser leurs enseignements (Mek. Exod. Piša 1,135s; Sipre Dt. 306,9,1ss); ils méprisaient les auditeurs négligents (’Abot R. Nat. 36a; m. ’Abot 2,8).

Contexte

Textes anciens

13,9 Même formule en Pap. Oxyrh. 1081 Ia,13s; Ib,8ss.

Réception

Tradition chrétienne

13,9 entende = obéir

  • Augustin Serm. 17,1: « Il faut écouter avec ces oreilles que demandait le divin Maître, lorsqu’il disait: Que celui qui a des oreilles pour entendre, qu’il entende (Mt 13,9). Assurément, aucun de ceux à qui il adressait ces paroles n’était sourd. Ils avaient tous des oreilles, et très peu avaient des oreilles, parce que tous n’avaient pas les oreilles pour écouter, c’est-à-dire pour obéir ».

Ce sont les oreilles du cœur et non seulement celles du corps qui sont ici concernées. -> sens spirituels 

Contexte

Milieux de vie

13,7a épines Espèces Il y a plusieurs types d’épines (par exemples: Silybum marianum, Cyrana Syriaca, Onopordum, Notobasis syriaca, Cirsium phyllocephalum) prolifèrent auprès des chemins et atteint une hauteur de plus de deux mètres en avril.

Réception

Comparaison des versions

13,3 paraboles S et M : mots correspondants dans les diverses versions

  • Ici, S: pl’t’, ou « symbole ». D'après l'hébreu pl’ (Ex 15,11) : « merveille ».
  • Habituellement dans les évangiles, S emploie le mot mtl’ (Mt 13,18), qui correspond à l'hébreu mšl.

Contexte

Textes anciens

27,64–28,20 Apparition et apothéose de Romulus

  • Tite-Live 1,16,6-7 « Romulus, père de notre ville, est descendu soudain du ciel, ce matin, au point du jour, et s’est offert à mes yeux ; et, comme je me tenais devant lui, plein de crainte et de respect, et lui demandais instamment la faveur de le regarder en face : ‘Va’, m’a-t-il dit, ‘et annonce aux Romains que la volonté du ciel est de faire de ma Rome la capitale du monde. Qu’ils pratiquent donc l’art militaire. Qu’ils sachent et qu’ils apprennent à leurs enfants que nulle puissance humaine ne peut résister aux armes romaines’. »

Quelques décennies plus tard, le récit d'apparition post-mortem du fondateur de Rome, relevant de la biographie « archéologique » au sens hérodotien du terme, non de l'historiographie, est amplifié, et assigné à un temoin oculaire autorisé :

  • Plutarque Rom. 28 « Pendant le tumulte que cet incident fit naître, un des premiers patriciens, généralement estimé pour sa vertu, qui avait suivi Romulus d’Albe à Rome, et avait joui de la confiance et de la familiarité de ce prince, Julius Proculus, s’avança au milieu de la place publique ; et là, en présence de tout le peuple, il jura, par ce qu’il y avait de plus sacré, qu’en revenant de l’assemblée Romulus lui avait apparu plus grand et plus beau qu’il ne l’avait jamais vu, et couvert d’armes plus brillantes que le feu ; qu’à cette vue, saisi d’étonnement, il lui avait dit : "— Ah ! prince, que vous avons-nous fait ? et pourquoi nous avez-vous quittés, en nous exposant aux accusations les plus graves et les plus injustes, en laissant toute la ville privée d’un père et plongée dans un deuil inexprimable ?" Que Romulus lui avait répondu : "— Les dieux veulent, Proculus, qu’après avoir vécu si longtemps avec les hommes, quoique fils d’un dieu, après avoir bâti une ville qui surpassera toutes les autres en puissance et en gloire, je retourne au ciel d’où je suis descendu. Adieu ; allez dire aux Romains qu’en pratiquant la tempérance, en exerçant leur courage, ils s’élèveront au plus haut point de la puissance humaine. Pour moi, sous le nom de Quirinus, je serai votre dieu tutélaire." Le caractère de Proculus, et le serment qu’il avait fait, firent ajouter foi à son témoignage. D’ailleurs l’assemblée, par une sorte d’inspiration divine, fut saisie d’un tel enthousiasme, que personne ne pensa à le contredire, et que, renonçant à leurs soupçons, ils se mirent tous à invoquer et à adorer Quirinus » (trad. Ricard).

Réception

Liturgie

12,50 Quiconque fera la volonté de mon Père - Communion

« Quicumque fecerit »

Traditionnel, Communion - Quicumque fecerit

Chœur des moines de l’abbaye Sainte-Madeleine du Barroux

© Abbaye du Barroux→, Mt 12,50

Paroles

Quicumque fecerit voluntatem Patris mei, qui in caelis est : ipse meus frater, soror, et mater est, dicit Dominus.

Quiconque fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux : celui-là est mon frère, ma sœur, et ma mère, dit le Seigneur.

Cinéma

26,1–28,20 La Passion dans Il Vangelo secondo Matteo, chef-d'œuvre de Pier Paolo Pasolini (réal., scén., 1922-1975) Film noir et blanc à petit budget, réalisé par un homosexuel athée marxiste, ce film reste un choc, comparé aux œuvres ultérieures de Pasolini (p. ex. Salò, ou Les 120 journées de Sodome, en 1975). Pasolini s'était dit fasciné par l'éclat littéraire et l'efficacité narrative de l'évangile selon Mt. Son film, dédié au « glorieux Pape Jean XXIII », met en scène tout l’évangile selon Mt, qu’il suit fidèlement, surtout dans les dialogues. Cette fidélité littérale ne l’empêche pas de proposer une représentation très personnelle de la passion de Jésus, où il fait intervenir sa propre mère Susanna Pasolini pour interpréter la Vierge Marie avec une retenue bouleversante (cf. ci-dessous « la figure de Marie »).

Pier Paolo Pasolini, Il Vangelo secondo Matteo, film, 137', Italie-France : Arco film-Lux Compagnie cinématographique, 1964.

Photographie : Tonino Delli Colli ; musique : Jean-Sébastien Bach, Wolfgang Amadeus Mozart, Sergueï Prokofiev, Anton Webern, Père Guido Haazen (Missa Luba), Sometimes I Feel like a Motherless Child (Negro spiritual), chants de l’Armée Rouge ; distribution : Enrique Irazoqui (Jésus), Mario Socrate (Jean-Baptiste), Margherita Caruso/Susanna Pasolini (Marie)

 © Licence YouTube standard

La représentation est à la fois réaliste, par le décor naturel, et hiératique, par une succession de tableaux qui évoquent la scénographie d’un opéra. La musique joue d’ailleurs un rôle important pour préciser le sens des séquences, comme un commentaire sans paroles. La figure de Jésus est celle d’un prophète imprécateur, au verbe violent, qui entraîne les foules et déchaîne l’hostilité croissante des chefs et des pharisiens. Cette énergie se déploie jusqu’à l’arrestation. Jésus est d’ailleurs filmé souvent seul dans le plan, séparément des disciples. Les traits fins et distingués de l’acteur qui interprète le Christ contrastent avec la beauté brute et rustique des visages des disciples : Jésus est la perfection de l’humanité. Les gros plans nombreux sur ces visages évoquent l'Église comme peuple de Dieu ou le Peuple lui-même. On y voit surtout des hommes de tous âges, des vieilles femmes et des enfants, peu de jeunes femmes.

De plus, la pauvreté formelle adoptée comme langage cinématographique résonne fortement avec les enseignements du Christ : les canons néoréalistes permettent d’insister sur l’humanité de Jésus, rompant avec la vision « héroïcisante » des studios hollywoodiens. L’ambition néoréaliste de mettre à l’honneur les humbles, tout en soulignant le caractère réellement inédit du quotidien, renvoie aussi à la prophétie de Jésus : « Aujourd'hui s'accomplit cette Écriture — à vos oreilles » (Lc 4,21). Ce film fut récompensé, entre autres, par le prix spécial du jury au Festival de Venise et le grand prix de l'Office catholique du cinéma.

La passion

La représentation de la passion à proprement parler occupe 28 min, dans la seconde moitié du film. Dans les choix opérés par le réalisateur, trois caractéristiques influent profondément sur le message délivré par l’œuvre : Pasolini a une intelligence politisée du message évangélique ; il adopte une lecture chronologique et littérale de Mt ; il représente la passion de points de vue majoritairement externes.

  • Pasolini dans ses choix de mise en scène, décrit Jésus comme un tribun, un homme politique animé par un immense désir de justice.

  • Il adopte une narration strictement chronologique, qui suit littéralement le texte de l’évangile, omettant toutefois certains épisodes relatés dans Mt. Cette construction linéaire, si elle confère un caractère de simplicité et de pauvreté au récit de la passion, exprime de manière limitée l’unité profonde dont est tissée la vie du Christ.

  • La caméra adopte le point de vue externe de Pierre jusqu’à son reniement, puis de Judas jusqu’à sa pendaison, enfin de Jean jusqu’à la crucifixion. Il en découle que la majorité des images de la passion est éloignée du cœur de l’action : l’œil de la caméra observe une suite de tableaux à distance respectueuse, sans s’approcher du visage ni du corps du Christ. Hormis la pauvreté formelle adoptée dans cette œuvre, la Passion de Pasolini fait peu entrer dans le caractère stupéfiant de l’amour de Dieu tel qu’il est révélé dans la mort du Christ, car cette représentation laisse le spectateur à l’extérieur de l’humanité du messie et de sa réalité incarnée et personnelle. Pasolini ne montre pas non plus l’événement universel et cosmique (en tant qu’il réalise une conversion, un retournement de la marche du monde) que constitue la passion de Jésus.

Une conséquence de telles options est l’impression d’extériorité qui se dégage de la dernière partie du film : Jésus, après avoir déclamé ses enseignements sur un ton impérieux, souffre sa passion et meurt loin du spectateur. La distance installée par le metteur en scène avec le Christ souffrant occulte largement la violence inexprimable de la passion, qui est le sacrifice d’amour de Dieu pour ses enfants et ses frères, les hommes. Avec le recul, on comprend les raisons pour lesquelles cette œuvre a pu rencontrer un tel succès critique, tant cette représentation de la passion, tout en semblant réaliste, est peu dérangeante.

Jésus

À l’écran, selon un procédé fréquent dans le cinéma italien de l’après-guerre, Jésus est incarné simultanément par un duo d’acteurs, avec l’apparence d’Enrique Irazoqui aux cheveux noirs, aux yeux noirs et sans arcade (juif basque qui, comme les autres interprètes, n'était pas un acteur professionnel) et la voix d’Enrico Maria Salerno. Le décalage entre les images capturées en extérieur d’un interprète non professionnel et la voix puissante enregistrée en studio d’un acteur confirmé peut être vu comme le signe de la double nature du Christ. Ce Jésus éructe les paraboles et prophétise avec une férocité vive, comme un agitateur syndical. Il est nerveux avec ses inquisiteurs et brusque avec ses apôtres. C'est un homme-Dieu pressé d'accomplir sa mission. Plus tôt mort, plus tôt ressuscité.

La perfection formelle du visage d’Irazoqui rappelle les représentations du Greco ; son regard légèrement asymétrique renvoie au mystère que dégagent les portraits du Christ dans l’art russe de l’icône. Fidèle au texte de Mt, Pasolini insiste sur l’union de Jésus au Père en montrant la prière solitaire du Christ avant sa passion, sur le point d’entrer dans Jérusalem. Il montre la souffrance portée par Jésus dans son agonie en empruntant à La Passion de Jeanne d’Arc de Carl Dreyer la douleur béate et muette du visage du condamné : regard hébété, fixité, stupéfaction à l’aube du don total de soi.

Il faut néanmoins admettre que l’acteur principal manque singulièrement d’épaisseur, en particulier dans les scènes de la passion, ce qui peut être imputé au jeune âge d’Irazoqui, qui n’avait que 19 ans (et non 33) lors du tournage.

Colère de Dieu, colère des hommes

Il Vangelo de Pasolini frappe par le souffle d’impatience et de colère impérieuse qui jaillit de la personne du Christ et qui secoue toute l’œuvre. La Bonne Nouvelle présentée ici semble être un principe de vie réagissant à l’injustice sociale répandue dans le monde. Par suite, la justice de Dieu semble primer sur la miséricorde de Dieu, appauvrissant le sens fondamental de la passion. On est loin de la plume déchirante de Péguy qui met les mots suivants dans la bouche du Père décrivant la passion de Jésus :

  • Péguy Porche « Cette aventure par laquelle mon Fils m’a lié les bras. Pour éternellement liant les bras de ma justice, pour éternellement déliant les bras de ma miséricorde » (307).

Chez Pasolini, le cœur de Jésus semble plus vibrant de colère que brisé d’amour. Sa colère et son exigence de justice l’emportent sur sa compassion et sa miséricorde. À la lumière des engagements de Pasolini auprès du Parti communiste italien, on peut s’interroger sur la justesse de cette interprétation : la colère attribuée ici au Christ est-elle la colère de Dieu, ou plutôt la colère du réalisateur projetée sur ce qu’il comprend de la personne du Christ ?

Le mystère de la croix

Pasolini montre sans ambiguïté le don libre que le Christ fait de lui-même dans sa passion : Jésus après l’institution de l’Eucharistie, sourit à ses disciples comme un époux qui connaît la plénitude après l’union nuptiale ; au prétoire, après le couronnement d’épines, il marche librement vers sa croix, son bâton à la main ; au Golgotha, il crie peu lorsqu’il est cloué sur sa croix, contrairement au brigand crucifié à ses côtés.

Toutefois par d’autres aspects non négligeables, Pasolini ne donne pas la pleine mesure du don personnel du Fils de Dieu fait homme. Ainsi la flagellation du Christ est ignorée. De plus, dans l’interprétation que le réalisateur fait de la réquisition de Simon de Cyrène, Jésus, désormais déchargé de sa croix et apparemment en bonne santé, cesse de porter sa croix et marche aux côtés du Cyrénéen qui a endossé son fardeau. Étranger à l’ultime étape de sa vie terrestre, le Christ paraît dès lors désincarné. La lecture que fait Pasolini du texte de Mt, quoique poétique, est un contresens : ici le Verbe de Dieu fait homme pour assumer le péché du monde fait porter son joug par son prochain menacé de mort, alors même qu’il est venu assumer la souffrance et le péché de tous les prochains.

La figure de Marie

Le rôle de Marie lors de la passion du Christ est tenu par Susanna Pasolini, la mère de Pasolini. Elle est une Vierge éplorée de douleur, tordue de souffrance devant le spectacle de son fils supplicié et mis à mort devant elle. Malgré le jeu convaincant de son actrice, le réalisateur butte sur le double écueil du choix de son interprète et de la difficulté à percer le mystère de la nouvelle Ève :

  • En donnant ce rôle clef à sa propre mère, Pasolini fait en quelque sorte le choix d’apparaître lui-même comme le messie crucifié. (Nombreux sont d’ailleurs les critiques que, par certains aspects, la vie du Christ résonne avec la vie du cinéaste.)

  • Pasolini ne communique guère au spectateur les réalités profondes qui font que la souffrance de Marie au pied de la croix dépasse considérablement la peine de Susanna Pasolini, fût-elle en train de contempler son propre fils agonisant : Marie au Calvaire distingue dans la personne de son fils à la fois le fruit de ses entrailles et le Dieu vivant et vrai qui épouse notre humanité pour porter toute souffrance. Étant unie mystiquement au cœur de son fils, elle traverse la mort comme Jésus traverse la mort. Cependant si elle porte « celui qui porte tout », on peut dire aussi que sa force et sa dignité reçues de Dieu surpassent celles de toutes les mères : dans son union mystique au cœur de Dieu, Marie garde intacte sa certitude que Jésus est le Fils de Dieu, et intacte sa confiance dans l’amour tout-puissant et miséricordieux du Père. À ce titre le jeu accablé de Susanna Pasolini, s’il est juste sur un plan strictement humain, ne rend pas pleinement compte de l’amour de Marie marchant au Golgotha avec Jésus.

Antijudaïsme ?

Chez Pasolini, Jésus marche jusqu'à sa mort, à travers la campagne de Matera, dans les Pouilles, près du talon de la botte italienne. La foule le poursuit et le presse ; un cri jaillit "Son sang soit sur nos enfants !" (Mt 27,25). Pasolini, poète avant d'être cinéaste, ne voulut pas censurer le verset d'un texte qu'il voulait honorer ; et, en mettant en scène des Italiens pourchassant les Italiens, il typifie une malédiction moins de race ou de religion que de clan.

L’Église

Une mosaïque de musiques émaille l’œuvre de Pasolini : des extraits des œuvres de Bach, Webern, Mozart, Prokofiev, de la Missa Luba (messe congolaise), de Negro spirituals (déchirant Sometimes I Feel like a Motherless Child) et de chants révolutionnaires russes enrichissent les images de la vie simple du Christ et nous enseignent sur ce qu’est l’Eglise :

  • Ces thèmes récurrents sont une représentation de la multiplicité des demeures dans la maison du Père : l’Église ressemble à une famille et l’Église est universelle ; elle accueille tout homme, comme Dieu ouvre ses bras à tout homme.

  • La répétition de ces musiques variées évoque aussi la prière tournoyante et sans cesse recommencée du psalmiste.

  • Enfin, on peut deviner dans les choix de musique de Pasolini les possibles défigurations du message évangélique. Ainsi, après la résurrection du Christ, l’Église en marche est représentée comme un peuple d’insurgés avec les armes à la main, courant vers un avenir lumineux au son des chœurs de l’Armée Rouge.

Conclusion

Il Vangelo secondo Matteo de Pasolini bénéficie des canons du néoréalisme italien et rompt heureusement, par sa pauvreté formelle, avec la proposition hollywoodienne connue jusque-là. Toutefois, dans une lecture littérale (quoique poétisée et politisée) de l’évangile, le réalisateur semble ne pas adhérer au cœur de la foi chrétienne, qui est que Dieu, fait homme dans la personne de Jésus, a porté le péché de chaque homme et de l’humanité pour que tout homme soit sauvé. C’est pourquoi cette œuvre recèle un certain nombre de limites lorsqu’elle rend compte du message évangélique, et ressemble au récit qu’un reporter extérieur ferait du parcours exceptionnel d’un leader exceptionnel.

La passion dans Il Vangelo secondo Matteo, verset par verset

Après la référence, on donne un bref commentaire, suivi du minutage.

  • Mt 26,1-5 : complot contre Jésus (1:38). 
  • Mt 26,6-13 : la protestation « des disciples » contre l'onction vient de Judas seul ; Marie Madeleine perçoit avec effroi le choix que Judas fait, dans son cœur, de trahir le Christ (1:39-41). 
  • Mt 26,14-16: trahison de Judas (1:41-42).
  • Mt 26,25 : dénonciation de Judas (1:42-43). 
  • Mt 26,26 : la communion au pain (1:43). 
  • Mt 26,27:  lors de la communion au calice, Jésus sourit (contentement de l’époux après avoir consommé ses noces ; 1:43-44).
  • Mt 26,30: le jardin des Oliviers (1:44).
  • Mt 26,38: pendant l’agonie de Jésus, la lumière disparaît ; la pellicule noircit (1:45-49).
  • Mt 26,39: Jésus tombe, mais pas face contre terre (1:45-49).
  • Mt 26,43: en train de dormir En train de dormir : Jésus prie en 2 fois et pas 3 (il ne réveille ses disciples qu’une seule fois, puis les soldats arrivent) (1:45-49).
  • Mt 26,49: un baiser le baiser de Judas Ignoré par Pasolini (1:45-49).
  • Mt 26,51-52: Jésus, par sa parole, empêche que l’oreille du garde soit arrachée par le disciple zélé (1:48-49).
  • Mt 26,55 : l’arrestation de Jésus (1:49).
  • Mt 26,59 : pendant l’interrogatoire au sanhédrin, un point de vue de Pierre, qui déambule, perdu dans les rues de Jérusalem. Jérusalem est montrée comme une ville en ruines (1:50).
  • Mt 26,65 a: déchira ses vêtements l’indignation de Caïphe : Caïphe se déshabille plutôt qu’il ne déchire ses vêtements (1:52).
  • Mt 26,67-68 : les outrages chez le grand prêtre sont suggérés (cohue). Cette scène est montrée de loin, avec le point de vue de Pierre qui est un spectateur éloigné. Pasolini qui insiste tout au long de son œuvre sur la colère du Christ devant l’injustice faite aux hommes par les hommes, édulcore l’injustice faite par les hommes à l’Homme (1:53).
  • Mt 26,70 b: Je ne sais pas ce que tu veux dire le reniement de Pierre : Le coq n’est pas montré ; Pierre est montré perdu sur une rue pavée dévorée de mauvaises herbes (Cf. la parabole). On s’éloigne de Pierre pour rejoindre Judas (1:53-54).
  • Mt 27,4-5 les remords de Judas : Puis point de vue de Judas pour montrer Jésus emmené chez Pilate pour mourir (1:55-57).
  • Mt 27,5 Mort de Judas : Judas se pend nu. Il a tout perdu. Il se retrouve seul dans la création, séparé de Dieu, comme Adam après le péché originel ? (1:57).
  • Ajout de Pasolini : Jean et Marie chez Pilate (1:57-58).
  • Mt 27,1 Devant le gouverneur : Jésus chez Pilate est montré du point de vue de Jean, avec les yeux de Jean (1:58).
  • Mt 27,11 b: le gouverneur l’interrogea l’interrogatoire par Pilate (1:58).
  • Mt 27,24 b: se lava les mains le lavement des mains Pilate prononce les paroles du lavement des mains mais ne se lave pas les mains (1:58).
  • Mt 27,26-27 dans le prétoire la flagellation et les outrages au prétoire Jésus marche librement vers sa mort, un bâton de pèlerin à la main jusqu’à ce que ce dernier soit remplacé par la croix. A part un mouvement de cohue, Jésus n’est pas supplicié (1:59).
  • Mt 27,31 c : ils l’emmenèrent la montée au Calvaire : Marie est cramponnée à Jean. Susana Pasolini est tres convaincante en mère assistant au supplice de son fils ; cependant elle n’est pas n’importe quelle mère. Lorsque son fils meurt, il porte le monde et dans sa compassion qui est une union mystique, un cœur à cœur avec le Fils de Dieu qui aime l’humanité à mourir d’amour pour elle, Marie aussi porte le monde. Elle ne peut dès lors être représentée comme « simplement » éplorée (évaporée).  Les soldats donnent à boire à Jésus pour monter au Calvaire. Marie se bat pour être proche de son fils (1:59).
  • Mt 27,32 a : un Cyrénéen du nom de Simon Simon de Cyrène : Jésus tombe une fois, puis Simon de Cyrène est réquisitionné pour porter (seul). Jésus n’a pas un cheveu décoiffé, pas une égratignure. Rupture entre la promenade dominicale d’un Christ étranger/indifférent/désincarné [ou encore philosophe face] à son fardeau. Ici Jésus sous-traite le problème (2:01).
  • Mt 27,35 a l’ayant crucifié la crucifixion (2:03). L’image s’interrompt pour expliquer, par une parole du Christ, le caractère mystérieux (incompréhensible ?) de la Passion : « Vous verrez mais ne comprendrez pas… »
  • Mt 27,38  deux brigands le bon et le mauvais larron : Visibles mais non identifiés (2:02).
  • Mt 27,45 de la ténèbre sur toute la terre l’obscurcissement à la sixième heure (2:04).
  • Mt 27,48 b : vinaigre la gorgée de vinaigre (2:05).
  • Mt 27,51-53 les signes accompagnant la mort du Christ : Seul le tremblement de terre est représenté. Un groupe de femmes en noir jaillit en courant d’une habitation (2:06).
  • Mt 27,59-60 Ensevelissement de Jésus : Cortège comprenant Marie et Jean. Plusieurs jeunes hommes pieds nus, habillés comme des moines franciscains (sans capuche), portent le corps de Jésus jusqu’à son tombeau (2:07-08).
  • Mt 28,1 vinrent pour voir le sépulcre visite des saintes femmes au tombeau (2:09).
  • Mt 28,2 et voici la résurrection Le visage de Marie s’illumine de gratitude, sans trace de surprise lorsque la pierre roule découvrant le tombeau vide (2:10).
  • Mt 28,16-20 : apparition du Christ ressuscité aux disciples (2:11).

(avec fr. Benoît Ente o.p.)

Tradition chrétienne

12,42 Jésus nouveau Salomon Le verset Mt 12,42 est l'un de ceux qui mettent le plus en valeur la typologie biblique entre Jésus et Salomon. Initiée par les écrits de l’Église d’Orient, cette tradition voit en Jésus le « vrai Salomon » [ἀληθὴς Σαλομὼν] selon les mots d'Athanase d'Alexandrie. Elle repose sur plusieurs points : 

L'onomastique :

L'argument selon lequel שלמה (Shlomô) dérive de שָׁלוֹם (shalom) et donc que « Salomon » signifie « pacifique » : 

  •  Origène Comm. Cant. prol. 4,17 : à plusieurs points de vue Salomon est le type du Christ, soit du fait qu'il est dit « Pacifique », soit du fait que « la reine du Midi vint depuis les confins de la terre entendre la sagesse de Salomon », je crois qu'on ne peut en douter (Cf. Tradition chrétienne Qo 1,1).
Les perspectives méssianiques du Ps 72 
  • Athanase d’Alexandrie Exp. Ps. : La venue du Christ est indiquée par ce psaume, ainsi que l'appel des nations. Il est intitulé pour Salomon, car c'est lui le véritable Salomon [ἀληθὴς Σαλομὼν], le pacifique, puisqu'il a réuni les deux en un seul et détruit le mur de séparation (Cf. Tradition chrétienne Ps 72,1a).
La contruction du Temple de Jérusalem

Dans la littérature chrétienne, Salomon est également connu comme le bâtisseur du Temple d'après Ac 7,47. Jésus lui est le nouveau Temple, car il incarne la présence de Dieu parmi les hommes. 

  • Origène Comm. Jo.: Quant à nous, voyant que l’explication de tous les détails concernant le temple au Troisième Livre des Rois est difficile, [...] nous nous efforcerons de notre mieux d'exposer brièvement le sens de ce qui regarde notre sujet, car nous avons appris de Pierre que l'Eglise est un corps et la maison de Dieu construite avec des pierres vivantes, une maison spirituelle pour un sacerdoce saint, de sorte que, d'après cela, le Fils de David qui construit le temple est la figure du Christ : quand les guerres ont cessé et que règne la paix la plus profonde, il construit le temple a la gloire de Dieu dans la Jérusalem terrestre, afin que le culte ne se célèbre plus près d'un objet mobile (comme l'était) la tente. Nous nous efforcerons de rapporter à l'Eglise chacun des éléments du temple.

    Lorsque tous ses ennemis seront devenus l'escabeau des pieds du Christ et que son dernier ennemi, la mort, aura été anéanti, alors régnera sans doute la paix la plus parfaite, le Christ sera Salomon [Χριστός ἔσται Σαλομών], ce qui se traduit par « pacifique », et alors sera accomplie la prophétie qui dit de lui: « Avec ceux qui haïssaient la paix, j'ai été pacifique ».

  • Origène Princ. éd. Koetschau, 3,3,1 p. 256-257 :  Voici plus que Salomon ici : ce qui montre que ceux qui étaient instruits par le Sauveur recevaient un enseignement supérieur à ce que savait Salomon. Quant à la Sagesse du Dieu unique elle-même, nous comprenons qu'elle s'était certes manifestée dans une moindre mesure chez les anciens et les anciens prophètes, mais qu'elle a été révélée de manière plus complète et plus manifeste par le Christ.
Jésus ne peut pas être comparé à Salomon 

L'interprétation typologique a suscité quelques réticences de la part de certains théologiens. Jean Chrysostome, dans son Homélie XXXVII consacrée à l'Évangile selon saint Matthieu, rappelle que Jésus ne saurait être comparé à Salomon, car il est inconmensurablement plus grand :

  • Jean Chrysostome Hom. Matt. : Quand saint Jean dit lui-même de Jésus-Christ : « Il est plus fort que moi », ce n’est point en se comparant à Jésus-Christ qu’il parle de la sorte. Que saint Paul parlant de Moïse dise que Jésus-Christ « mérite plus de gloire que lui (He 3,3), » ce n’est point en faisant aucune comparaison entre eux deux. Et lorsque Jésus-Christ dit de lui-même : « Celui qui est ici est plus grand que Salomon (Mt 12,42) », il ne se compare nullement avec ce roi. 
Jésus distinct de Salomon 

D'après Augustin, dans La Cité de Dieu la prophétie rapportée par Nathan au roi David n'est pas réalisée par Salomon, mais bel et bien par Jésus :

  • Augustin d’Hippone Civ. chap.XVII, § 8 éd. Pleiade, p.735 : Celui qui estime que cette promesse si importante a été accomplie en Salomon est dans une grande erreur. En effet, il ne prend garde qu'à cette parole : « C'est lui qui me contruira une maison », car Salomon a construit ce temple extraordinaire ; mais il ne prend pas garde à la suite : « Et sa maison sera fidèle et son royaume éternel devant moi ». Qu'il prête attention et considère la maison de Salomon pleine de femmes étrangères, honorant des faux dieux, et le roi lui-même, autrefois sage, séduit par elles et entraîné dans leur idolâtrie ! Cependant qu'il n'aille pas croire qye Dieu ait fait une promesse mensongère ou que sa préscience ait fait défaut en ce qui concerne Salomon et sa maison ! Nous ne devrions pas discuter de ces choses si nous ne les voyons pas déjà accomplies dans le Christ, notre Seigneur, né selon la chair de la postérité de David, et il ne faudrait pas chercher quelqu'un d'autre ailleurs vainement et inutilement, comme les juifs charnels. En effet, eux-mêmes, quand ils lisent le passage où un fils est promis au roi David, comprennent bien que ce ne fut pas Salomon et, même après l'évidente manifestation de celui qui était promis, ils disent dans leur aveuglement incroyable qu'ils en espèrent un autre (Cf. Tradition chrétienne 2S 7,1–17).