Un projet du Programme de Recherches La Bible en ses traditions AISBL
Dirigé par l’École Biblique et Archéologique Française de Jérusalem
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1 Il advint que lorsque Jésus eut fini de donner ses prescriptions à ses douze disciples
il partit de là pour enseigner et prêcher dans leurs villes.
2 Jean, ayant entendu
Vquand il eut entendu, dans la prison,
V[pris] dans les chaînes, les œuvres du Christ
envoya par
Byz V TR deux de ses disciples,
3 et lui dit :
— Toi, es-tu celui qui doit venir ou est-ce un autre que nous attendons
Savons à attendre ?
4 Et répondant Jésus leur dit :
— Allez annoncer
Vrapporter à Jean ce que vous entendez et voyez :
5 les aveugles voient
les boiteux marchent
les lépreux sont purifiés
les sourds entendent
les morts ressuscitent
les pauvres sont évangélisés.
6 Heureux celui qui ne sera pas scandalisé à mon sujet !
7 Comme ils s’en allaient
Jésus commença à dire aux foules au sujet de Jean :
— Qu'êtes-vous sortis contempler
Vvoir au désert ?
Un roseau agité par le vent ?
8 Mais qu’êtes-vous sortis voir ?
Un homme vêtu de façon délicate ?
Voici, ceux qui sont vêtus de façon délicate sont dans les maisons
Sla maison des rois
9 mais qu'êtes-vous sortis voir ?
Un prophète ?
Oui, je vous dis, et Byz S TR Nesbeaucoup plus qu’un prophète.
10 Byz V S TRCar c'est celui dont il est écrit :
« Voici, moi, j’envoie devant ta face mon messager qui préparera ton chemin devant toi. »
11 Amen, je vous dis :
— Il ne s'est pas levé, parmi ceux qui sont nés des femmes, de plus grand que Jean le Baptiste
VJean-Baptiste
mais le plus petit dans le royaume des cieux est plus grand que lui.
12 Depuis les jours de Jean le Baptiste
VJean-Baptiste jusqu’à maintenant, le royaume des cieux est violenté
Vsouffre violence
Sest gouverné par la force
et des violents le ravissent.
13 Car tous les prophètes et la Loi
Storah ont prophétisé jusqu’à Jean
14 et si vous voulez accueillir [ceci] : lui-même c'est Élie qui doit venir
15 que celui qui a des oreilles Byz V S TRpour entendre entende !
16 À qui comparerai-je
Vestimerai-je semblable cette génération ?
Elle est semblable à des enfants assis sur les places publiques
Vla place publique
qui, criant aux autres
Byz TRà leurs camarades
Vaux camarades,
16 ...
17 disent :
— Nous avons joué de la flûte
Vchanté pour vous et vous n’avez pas dansé
nous avons chanté un chant funèbre
Vnous sommes lamentés et vous ne vous êtes pas frappé la poitrine.
17 ...
18 Jean en effet est venu sans manger ni boire
et ils disent : — Il a un démon !
19 Le Fils de l’homme est venu, mangeant et buvant
et ils disent :
— Voici un homme glouton et un buveur de vin
un ami des publicains et des pécheurs
mais la sagesse a été justifiée par ses œuvres.
Byz TR enfants.
V fils.
20 Alors il
SJésus se mit à faire des reproches aux villes où avaient été faits le plus grand nombre de ses miracles
parce qu’elles n’avaient pas fait pénitence :
21 — Malheur à toi, Chorazeïn
VCorazaïn !
Malheur à toi, Bethsaïde
VBethsaïde !
Car si les miracles qui ont été faits au milieu de vous avaient été faits dans Tyr et Sidon
il y a longtemps qu’elles auraient fait pénitence dans le sac
Vle cilice et la cendre.
22 Cependant je vous dis :
— Pour Tyr et Sidon ce sera plus supportable au jour du jugement que pour vous.
23 Et toi, Capharnaüm, est-ce que tu seras élevée jusqu’au ciel ?
Tu descendras jusque dans l'Hadès
Vjusqu'en Enfer
Sjusqu'au Shéol
parce que si les miracles qui ont été faits au milieu de toi avaient été faits dans Sodome
elle aurait Vpeut-être subsisté jusqu’à aujourd'hui
Vce jour.
24 Mais cependant je vous dis :
— Ce sera plus supportable pour le pays de Sodome au jour du jugement que pour toi.
25 En ce temps-là, prenant la parole, Jésus dit :
— Je te loue
Vconfesse, Père, Seigneur du ciel et de la terre
parce que tu as caché ces choses aux sages et aux intelligents
Vprudents
et les as révélées aux petits enfants.
26 Oui, Père, parce que tel a été ton bon plaisir.
26 Oui, mon Père, car telle était ta volonté.
27 Tout m'a été livré par mon Père
et personne ne connaît le Fils si ce n’est le Père
et personne ne connaît le Père si ce n’est le Fils
et celui à qui le Fils veut [bien]
Vaura voulu le révéler.
28 Venez à moi, vous tous qui peinez et êtes accablés
et moi, je vous donnerai du repos.
29 Prenez mon joug sur vous
et apprenez de moi car je suis doux et humble de cœur
et vous trouverez du repos pour vos âmes
30 car mon joug est doux
Vsuave et mon fardeau léger.
12,1 En ce temps-là, le sabbat, Jésus alla à travers les moissons
Vplantations
et ses disciples, ayant faim, se mirent à arracher des épis et à manger.
12,2 Les pharisiens, voyant [cela],
SLorsque les Pharisiens les virent, ils lui dirent :
— Voici, tes disciples font ce qu'il n'est
Vne leur est pas permis de faire, un sabbat !
12,3 Mais il leur dit :
— N’avez-vous pas lu ce que fit David lorsqu’il eut faim, Byz TRlui-même et ceux qui étaient avec lui
12,4 comment il entra dans la maison de Dieu et mangea
Nesils mangèrent les pains de proposition
qu'il ne lui était pas permis de manger, ni à ses compagnons
mais aux prêtres seuls ?
12,5 Ou n’avez-vous pas lu dans la Loi
Storah
que, le jour du sabbat, les prêtres dans le temple profanent le sabbat sans être en faute ?
12,6 Or je vous dis qu’il y a ici plus grand que le temple.
12,7 Si vous aviez su ce que signifie : « — Je veux la miséricorde et non le sacrifice »
vous n’auriez pas
Vjamais vous n’auriez condamné les innocents.
12,8 En effet le Fils de l’homme est maître TRmême du sabbat.
8 En effet, il est le maître, le Fils de l’homme, même du sabbat.
12,9 Et, partant de là, il
SEt Jésus partit de là et vint dans leur synagogue
12,10 et voici un homme qui avait une main sèche
et ils Byz S TR Nesl'interrogèrent en disant :
— Est-il permis de guérir le [jour du] sabbat ?
afin de l’accuser.
10 et voici un homme qui avait une main sèche
et ils l'interrogeaient en demandant s'il est permis de guérir le sabbat
afin de l’accuser.
12,11 Il leur dit :
— Quel sera parmi vous l'homme qui, ayant
Va une seule brebis,
si elle tombe dans un trou le sabbat
ne la saisira et ne la relèvera pas ?
12,12 Byz TR NesOr cVCombien un homme vaut bien plus qu’une brebis !
Ainsi il est permis de faire du bien le sabbat.
12,13 Alors il dit à l’homme :
— Étends ta main.
Et il l’étendit
et elle redevint saine comme l’autre.
12,14 Étant sortis,
VSortant, les pharisiens
VPharisiens tinrent
Vtenaient conseil contre lui
sur la manière de le faire périr.
12,15 Mais Jésus, le sachant, se retira de là
et de grandes foules
Nesde grandes [foules]
Vbeaucoup le suivirent, et il les guérit tous
12,16 et il leur commanda sévèrement
Vleur ordonna
Sles a prévenus de ne pas le faire connaître
12,17 afin que s’accomplît ce qui fut dit par le prophète Isaïe disant :
12,18 « — Voici mon serviteur que j’ai choisi
mon bien-aimé en qui mon âme a trouvé son bon plaisir.
Je placerai mon Esprit sur lui et il annoncera le jugement aux nations.
12,19 Il ne disputera pas, ni ne criera, et personne n’entendra sa voix sur les places.
12,20 Il ne brisera pas le roseau broyé et n’éteindra pas la mèche de lin qui fume
Slampe qui vacille
jusqu’à ce qu’il ait mené le jugement à la victoire
12,21 et en son nom les nations espéreront. »
12,22 On lui présenta alors un démoniaque
Vhomme, ayant un démon, aveugle et muet et il le guérit
de sorte que le muet
Vqu'il
Sque le muet et l'aveugle parlait et voyait.
12,23 Et toutes les foules étaient frappées de stupeur et disaient :
— Celui-ci n'est-il pas le Fils de David ?
12,24 Mais les pharisiens
VPharisiens, entendant [cela], dirent :
— Celui-ci n'expulse les démons que par Béelzéboul
VBéelzébub
SBéelzéboub le chef des démons.
12,25 Et, connaissant leurs pensées, Jésus
Nesil leur dit :
— Tout royaume divisé contre lui-même est dévasté
et toute ville ou maison
Snulle maison, nulle ville
divisée contre elle-même ne se maintiendra pas.
12,26 Si Satan expulse Satan, il est divisé contre lui-même.
Comment donc se maintiendra son royaume ?
12,27 Et si moi c'est par Béelzéboul
VBéelzébub que j'expulse les démons,
vos fils, par qui les expulsent-ils ?
C’est pourquoi eux-mêmes seront vos juges.
12,28 Mais si moi c’est par l’Esprit de Dieu que j'expulse les démons
c'est donc qu'est arrivé jusqu'à vous le royaume de Dieu.
12,29 Ou bien comment quelqu’un peut-il entrer dans la maison du fort
et enlever ses affaires
Vpiller son équipement
s'il n'a pas d'abord lié le fort ?
Et alors il pillera sa maison.
12,30 Qui n’est pas avec moi est contre moi
et qui ne rassemble pas avec moi disperse.
12,31 C’est pourquoi je vous dis :
— Tout péché et blasphème sera remis aux hommes
mais le blasphème contre
Vde l’Esprit ne sera pas remis Byz S TRaux hommes.
12,32 Et quiconque aura dit une parole contre le Fils de l’homme, il lui sera remis
mais qui aura dit [une parole] contre l’Esprit Saint, il ne lui sera pas remis ni dans ce siècle ni dans celui qui vient.
12,33 Ou faites que l’arbre soit bon et son fruit [sera] bon
ou faites que l’arbre soit mauvais et son fruit [sera] mauvais
car c’est au fruit qu’on connaît l’arbre.
12,34 Engeance de vipères, comment pouvez-vous dire de bonnes choses alors que vous êtes mauvais ?
Car c'est de l’abondance du cœur que la bouche parle.
12,35 L’homme bon tire de son bon trésor
TRdu bon trésor de son coeur de bonnes choses
et l’homme mauvais tire de son mauvais trésor de mauvaises choses.
12,36 Or
SCar je vous le dis :
— De toute parole sans fondement
Voisive que les hommes auront proférée
ils en rendront compte au jour du jugement.
12,37 C’est en effet d’après tes paroles que tu seras justifié
et d’après tes paroles que tu seras condamné.
12,38 Alors quelques-uns des scribes et des Pharisiens prirent la parole et Byz V TR Neslui dirent :
— Maître, nous voulons voir de toi un signe.
12,39 Prenant la parole, il leur dit :
— Génération mauvaise et adultère, elle recherche un signe
et de signe, il ne lui sera pas donné, sinon le signe de Jonas le prophète
12,40 car de même que Jonas fut dans le ventre du monstre marin trois jours et trois nuits
ainsi le Fils de l’homme sera dans le cœur de la terre trois jours et trois nuits.
12,41 Les hommes de Ninive se lèveront au jugement avec cette génération
et la condamneront
parce qu'ils firent pénitence à la prédication de Jonas
et voici, il y a ici plus que Jonas.
12,42 La reine du Midi se dressera au jugement avec cette génération
et la condamnera
parce qu'elle est venue des extrémités de la terre pour entendre la sagesse de Salomon
et voici, il y a ici plus que Salomon.
12,43 Lorsque l’esprit impur est sorti de l'homme
il parcourt des lieux arides cherchant du repos et il n'en trouve pas.
12,44 Alors il dit :
— Je retournerai dans ma maison d’où je suis sorti.
Et, en arrivant, il la trouve vacante
balayée et ornée.
12,45 Alors il s’en va et prend avec lui sept autres esprits plus mauvais que lui
et ils entrent et habitent là
et le dernier [état] de cet homme devient pire que le premier.
Ainsi en sera-t-il aussi pour cette génération Vtrès mauvaise.
12,46 Comme il était encore en train de parler aux foules
voici, sa mère et ses frères se tenaient dehors, cherchant à lui parler.
12,47 Quelqu’un lui dit :
— Voici, ta mère et tes frères se tiennent dehors cherchant à te parler
Vte cherchant.
12,48 Mais lui, répondant, dit à celui qui lui parlait :
— Qui est ma mère et qui sont mes frères ?
12,49 Et étendant la main sur ses disciples il dit :
— Voici ma mère et mes frères
12,50 car quiconque fera la volonté de mon Père qui est dans les cieux,
celui-là est pour moi un frère et une sœur et une mère !
13,1 En ce jour-là, sortant de la maison, Jésus était assis au bord de la mer
13,2 et des foules nombreuses s’assemblèrent près de lui
si bien que lui monta
V, montant dans une
Byz TRla barque de s’asseoir
V, s'assit
et toute la foule se tenait debout sur le rivage.
13,3 Et il leur parla de beaucoup de choses en paraboles, disant :
— Voici, le semeur sortit pour semer.
13,4 Et pendant qu’il sème
il en tomba au bord du chemin
et venus les oiseaux les dévorèrent
Svenu un oiseau les dévora
Vvinrent les oiseaux et ils les dévorèrent
13,5 d’autres tombèrent sur la pierraille où ils n’avaient pas de terre abondante
et aussitôt ils levèrent parce qu’ils n’avaient guère de profondeur de terre
13,6 le soleil une fois levé, ils furent brûlés
et pour n’avoir pas de racine furent desséchés.
13,7 D’autres encore tombèrent sur les épines
et elles montèrent, ces épines, à les étouffer.
13,8 D’autres enfin tombèrent sur la terre, la bonne,
et ils donnaient du fruit
celui-ci cent
celui-là soixante
celui-là trente.
13,9 Que celui qui a des oreilles Byz V S TRpour entendre entende !
13,10 Et, s’étant approchés, les disciples lui dirent :
— Pourquoi est-ce en paraboles que tu leur parles ?
13,11 Répondant, il leur dit :
— Parce qu’à vous il a été donné de connaître les mystères du royaume des cieux
mais à eux [cela] n’a pas été donné.
13,12 Car celui qui a, il lui sera donné et il sera dans l'abondance
mais celui qui n’a pas, même ce qu’il a lui sera enlevé.
13,13 C’est pourquoi je leur parle en paraboles parce qu'en regardant ils ne regardent pas
et en entendant il n’entendent pas ni ne comprennent.
13,14 Et pour eux s’accomplit la prophétie d’Isaïe disant :
— Vous entendrez de vos oreilles et vous ne comprendrez pas
et en regardant vous regarderez mais vous ne verrez
Sconnaîtrez pas.
13,15 Car le cœur de ce peuple s'est épaissi
Vengraissé
et des oreilles ils ont entendu pesamment
et leurs yeux ils les ont fermés
de peur qu’ils ne voient des yeux
que des oreilles ils n’entendent
que de cœur ils comprennent
qu’ils ne se convertissent et que je les guérisse.
13,16 Quant à vous, heureux vos yeux, parce qu'ils voient
et vos oreilles parce qu'elles entendent.
13,17 Amen, je vous dis en effet :
— Beaucoup de prophètes et de justes ont désiré voir ce que vous regardez
Vvoyez et n'ont pas vu
et entendre ce que vous entendez et n'ont pas entendu.
17 Je vous le dis en vérité :
— En grand nombre prophètes et justes ont langui de voir ce que vous voyez, et ils ne l’ont pas vu
d'entendre ce que vous entendez et ils ne l’ont pas entendu.
13,18 Écoutez donc, vous, la parabole de celui qui a semé
Sde la semence :
13,19 Quiconque écoute la parole du Royaume et ne comprend pas,
survient le malin, et il dérobe ce qui a été semé dans son cœur :
c’est celui qui a été semé le long du chemin.
13,20 Quant à celui qui a été semé sur la pierraille
c’est celui qui écoute la parole et aussitôt l’accueille avec joie
13,21 mais il n’a pas de racine en lui-même, il est au contraire l'homme d'un moment ;
que survienne une oppression ou
Vet une persécution à cause de la Parole
aussitôt il est scandalisé.
13,22 Quant à celui qui a été semé dans les épines
c’est celui qui écoute la parole
mais le souci du
Byz V S TRde ce monde et la séduction de la richesse
Vdes richesses étouffent la parole
et il devient infructueux.
13,23 Mais celui qui a été semé sur la bonne terre
c’est celui qui écoute la
Sma parole et comprend
et il porte du fruit
et produit, l'un cent
l’autre soixante
l’autre trente.
13,24 Il leur proposa une autre parabole, disant :
— Le royaume des cieux est
Va été fait semblable à un homme semant de la belle
Vbonne semence dans son champ.
13,25 Pendant le sommeil des hommes vint son ennemi
par-dessus il sema des zizanes au milieu du blé et partit.
13,26 Lorsque l’herbe poussa et qu’elle fit du fruit
alors apparurent aussi les zizanes.
13,27 Alors, s’étant approchés, les serviteurs du maître de maison
Vpère de famille lui dirent :
— Seigneur n’est-ce pas de la belle
Vbonne semence que tu as semé dans ton champ ?
D’où vient donc qu’il a des zizanes ?
13,28 Et lui leur affirma :
— Un homme ennemi a fait cela.
Alors les serviteurs lui disent :
Byz V TR Nesdirent :
— Veux-tu Byz S TR Nesdonc que nous allions les ramasser ?
13,29 Mais il dit
Byz TRdisait : — Non
de peur qu’en ramassant les zizanes vous ne déraciniez en même temps avec elles le blé.
13,30 Laissez grandir ensemble les deux jusqu’à la moisson
et au temps de la moisson je dirai aux moissonneurs :
— Ramassez d’abord les zizanes et liez-les en bottes pour les brûler ;
quant au blé, rassemblez-le dans mon grenier.
13,31 Il leur proposa une autre parabole, disant :
— Le royaume des cieux est semblable à un grain de moutarde
qu’en prenant un homme a semé dans son champ :
13,32 c’est certes la plus petite de toutes les semences
mais lorsqu'elle a poussé, c’est la plus grande des plantes potagères
et elle devient un arbre
si bien que les oiseaux du ciel viennent nicher dans ses branches.
13,33 Il leur dit une autre parabole :
— Le royaume des cieux est semblable à du levain
qu’ayant pris, une femme a enfoui dans trois mesures de farine
jusqu’à ce que le tout ait levé.
13,34 Tout cela Jésus le parla en paraboles aux foules
et sans paraboles il ne leur parlait de rien
13,35 afin que fût accompli le mot
Vce qui avait été dit par le prophète disant :
«— J’ouvrirai ma bouche en paraboles
je proférerai des choses cachées depuis la création du monde.
NesØ. »
13,36 Alors, ayant congédié les foules, Jésus
V Nesil vint dans la maison
et ses disciples s’approchèrent de lui et dirent :
— Explique-nous la parabole des zizanies du champ.
13,37 Répondant, il Byz S TRleur dit :
— Celui qui sème la belle
Vbonne semence c'est le Fils de l’homme
13,38 le champ, c’est le monde
la belle
Vbonne semence, ce sont les fils du royaume
les zizanies, les fils du mauvais
13,39 l’ennemi qui les a semées, c'est le diable
Ssatan
la moisson, c'est la consommation du siècle
et les moissonneurs, ce sont les anges.
13,40 De même donc qu’on ramasse les zizanies et qu’on les brûle au feu
ainsi en sera-t-il à la consommation du
Byz S TRde ce siècle :
13,41 le Fils de l’homme enverra ses anges
et ils ramasseront de son royaume tous les scandales
et ceux qui commettent l'iniquité
13,42 et les jetteront dans la fournaise du feu
là seront le pleur et le grincement des dents
13,43 alors les justes resplendiront comme le soleil dans le royaume de leur père.
Que celui qui a des oreilles Byz S TRpour entendre entende !
13,44 Le royaume des cieux est semblable à un trésor caché dans le champ :
un homme, l'ayant trouvé, le cache
et, dans sa joie, il s’en va et vend tout ce qu’il a et il achète ce champ.
13,45 Le royaume des cieux est encore semblable à un marchand qui cherche de belles
Vbonnes perles :
13,46 ayant trouvé une perle précieuse,
il s’en alla et vendit tout ce qu’il avait et l’acheta.
13,47 Le royaume des cieux est encore semblable à un filet jeté dans la mer et ramassant toute espèce [de poissons] :
13,48 une fois qu’il a été rempli, l’ayant tiré sur le rivage et s’étant assis
ils ont ramassé les beaux dans un panier
mais les pourris ils les ont jetés dehors.
48 une fois qu’il a été rempli, l’ayant tiré [hors de l'eau] et s’étant assis sur le bord du rivage,
ils [les pécheurs] ont choisi les bons [pour les mettre] dans des vases
mais les mauvais, ils les ont jetés dehors .
13,49 Ainsi en sera-t-il à la consommation du siècle :
les anges sortiront et ils sépareront les méchants du milieu des justes
13,50 et ils les jetteront dans la fournaise du feu.
Là seront le pleur et le grincement des dents.
13,51 Byz S TRJésus leur dit : — Avez-vous compris tout cela ?
Ils lui disent : — Oui Byz S TRSeigneur.
13,52 Il leur dit :
— C’est pourquoi tout scribe devenu disciple
Vinstruit au sujet du royaume des cieux
est semblable à un homme maître de maison
Vpère de famille
qui tire de son trésor du neuf et du vieux.
13,53 Et il advint, lorsque Jésus eut terminé ces paraboles, qu’il partit de là
13,54 et, arrivant dans sa patrie
Sville, il les enseignait dans leur synagogue
Vleurs synagogues
de telle sorte qu’ils étaient frappés d'étonnement
Ss'émerveillaient et disaient :
— D’où lui viennent cette sagesse et les miracles ?
13,55 Celui-ci n'est-il pas le fils du charpentier ?
Est-ce que sa mère ne s’appelle pas Mariam
VMarie
et ses frères Jacques, Joseph, Simon et Juda ?
13,56 Et ses sœurs ne sont-elles pas toutes chez nous ?
D’où lui vient donc tout cela ?
13,57 Et ils se scandalisaient à son sujet.
Mais Jésus leur dit :
— Un prophète n'est méprisé
Vsans honneur que dans sa patrie
Sville et dans sa maison
13,58 et il ne fit pas là beaucoup de miracles à cause de leur incrédulité.
14,1 En ce temps-là Hérode le tétrarque entendit [parler] de la renommée de Jésus
14,2 et il dit à ses serviteurs :
— Celui-ci est Jean le Baptiste
VJean-Baptiste.
Lui, il est ressuscité des morts
voilà pourquoi les miracles agissent en lui.
14,3 Car Hérode avait saisi Jean et l’avait lié et mis en prison
à cause d’Hérodiade
VHérodiade la femme de Byz S TR NesPhilippe son frère,
14,4 car Jean lui disait :
— Il ne t’est pas permis de l’avoir.
14,5 Et tout en voulant le tuer, il craignit la foule
Vle peuple
parce qu'elle
Vil le tenait pour un prophète.
14,6 VAu jour de l'anniversaire d’Hérode Byz S TR Nesétant arrivé la fille d’Hérodiade dansa au milieu
Sdevant les invités et plut à Hérode
14,7 aussi il promit avec serment de lui donner Vtout ce qu’elle demanderait Vde lui
14,8 mais elle, poussée
Sendoctrinée
Vprévenue par sa mère :
— Donne-moi, dit-elle, ici sur un plat la tête de Jean le Baptiste
14,9 et le roi ,attristé,
Byz V S TRfut attristé
Smais à cause des serments
V Sdu serment et des convives,
Vde ceux qui étaient attablés ensemble [avec lui], Vil ordonna qu'elle [lui] soit donnée
14,10 et il envoya décapiter Jean dans la prison
14,11 et sa tête fut apportée sur un plat
et fut donnée à la jeune fille et elle l'apporta
Vla porta à sa mère
14,12 et s'approchant, ses disciples prirent le
Sson corps
S Nescadavre et l'ensevelirent
puis ils vinrent l'annoncer à Jésus.
14,13 L'ayant appris, Jésus se retira de là dans une barque vers un lieu désert à l'écart
et les foules l'ayant appris, le suivirent à pied des villes [voisines]
14,14 et en sortant il
Byz S TRJésus vit une foule nombreuse
et fut saisi de pitié pour eux et il guérit leurs infirmes
Vmalades.
14,15 Le soir venu les
Byz V S TRses disciples s'approchèrent de lui en disant :
— L'endroit est désert et l'heure est déjà passée
Sa passé
renvoie les foules afin qu'elles aillent dans les villages et s'achètent de la nourriture.
14,16 Jésus
Sil leur dit :
— Ils n'ont pas besoin de s'en aller
donnez-leur vous-mêmes à manger.
14,17 Ils lui disent
Vrépondirent :
— Nous n’avons rien ici si ce n'est cinq pains et deux poissons.
14,18 Et Il
SJésus V Sleur dit :
— Apportez-les-moi ici.
14,19 Et après avoir ordonné aux foules de s'allonger sur l'herbe
Sà terre
Vsur le foin
ayant pris les cinq pains et les deux poissons
levé
Vtourné les yeux vers le ciel il bénit et ayant rompu
Vrompit
et il donna aux disciples Byz V TR Nesles pains
et les disciples aux
Sles placèrent pour les foules.
14,20 Tous mangèrent et furent rassasiés
ils emportèrent le surplus des morceaux
Vles restes : douze paniers pleins
Vde morceaux.
14,21 Or ceux qui mangèrent étaient environ :
Sle nombre de ceux qui mangèrent était :
Vceux qui mangèrent étaient : cinq mille hommes
sans les femmes et les enfants.
14,22 Aussitôt
VEt aussitôt il
Byz TRJésus obligea
Vordonna aux les
S TR Nesses
Vdisciples à
Vde monter dans la barque
et à
Vde le précéder sur l'autre rive
Vau-delà des flots jusqu'à ce qu'il ait renvoyé les foules.
14,23 Ayant renvoyé les foules
Vla foule il monta dans la montagne à l'écart
Vseul pour prier.
Le soir étant venu il était là seul
14,24 la barque était Byz TR Nesdéjà éloignée de la terre de plusieurs stades
Byz V TRau milieu de la mer tourmentée par les vagues
le vent en effet était contraire.
14,25 À la quatrième veille de la nuit Jésus
V Nesil vint vers eux en marchant sur la mer
Sles eaux
14,26 et Byz S TR Nesles disciples en le voyant marcher sur la mer
Sles eaux Vils furent troublés et dirent :
— C’est un fantôme
Sune fausse vision !
et de peur ils crièrent
14,27 et aussitôt Jésus leur parla en disant :
— Courage,
VAyez confiance, moi je suis, ne craignez pas.
14,28 Pierre Byz S TR Neslui répondant Slui dit :
— Seigneur, si toi tu es, ordonne que je vienne vers toi sur les eaux
14,29 et il
SJésus dit : — Viens !
et descendant de la barque Pierre marchait sur les eaux
Vl'eau et vint
Vpour venir
Set marcha vers Jésus.
14,30 Mais voyant le
V Sla violence du vent il prit peur
et comme il commençait à couler, il s'écria disant :
— Seigneur, sauve-moi !
14,31 Et aussitôt Jésus étendant la main le saisit
et lui dit :
— Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté ?
14,32 Et comme ils montaient dans la barque le vent cessa.
14,33 Ceux qui étaient dans la barque se prosternèrent devant lui
Byz S TRvinrent se prosterner devant lui
Vvinrent et l'adorèrent en disant :
Vraiment tu es Fils de Dieu.
14,34 Ayant traversé ils vinrent dans
Nessur la terre de
Nes, à Gennésaret
VGénésar.
14,35 Les hommes de ce lieu le reconnaissant
envoyèrent [prévenir] dans toute cette région
et ils lui présentèrent tous ceux qui se portaient mal
14,36 et ils le priaient de toucher seulement la frange de son manteau
et tous ceux qui touchèrent furent sauvés.
13,4 Et comme il semait.. La parole est un grain qui pousse. La même image est utilisée dans la tradition :
13,3 Le semeur. Au service du royaume. L'image du semeur, comme celle du moissonneur, évoque le travail au service du royaume :
13,5b de profondeur de terre Génitif hébraïque pour « terre profonde ».
13,8b ils donnaient du fruit Sémitisme Calque une expression sémitique.
13,3a paraboles La parabole est un lieu rhétorique constitué par deux ou plusieurs figures élémentaires, dont l’allégorie. On peut en rapprocher l’apologue, l’anecdote, ou l’exemple (en principe pas imaginaire, lui) récits illustrant quelque vérité, ainsi que le mythe (récit symbolique instituant un équilibre de valeurs spirituelles ou sociales encadrant l’existence). Il s’agit donc de symboles appelant une interprétation globale, plus qu’une correspondance terme à terme entre comparé et comparant.
13,1.3 au bord de (para) la mer, au bord du (para) chemin parabole : isolexisme, polypton Une →Parabole est une parole placée le long d’une réalité pour la faire comprendre, comme une partie du grain jeté tombe à côté de la bonne terre, ou Jésus, du bord de la mer, passe ensuite sur la mer. D’abord le long d’une réalité qu’elle tente de formuler, la parabole finit par le rejoindre par ses effets performatifs: elle passe dans la réalité même qu’elle désigne et finalement instaure. Le discours parabolique n’appartient pas à un univers qui oppose les mots et les choses; la parabole ne suit pas un chemin allégorique où tout aurait une contrepartie claire: ce qui est semé (v.20) est aussi ce qui reçoit la semence (v.19).
13,9 oreilles... entendre Tautologie suggérant le double-sens d’écoute (au subjonctif d’ordre, en grec).
13,6b desséchés La Palestine possède beaucoup de terrains avec un sol peu profond au-dessus de rochers. Le grain germe vite dans ce sol, car il garde la chaleur, mais les plantes meurent peu après parce qu’elles ne peuvent pas enfoncer leurs racines.
13,9 entende Dans le contexte symbolique de l’entrée en Terre promise, allusion probable au →Šema‘ Yiśrā’ēl.
13,3a communiquer... disant En grec laléô, articuler des sons, s’exprimer par la parole, parler. Même si ses usages transitifs se multiplient dans le grec tardif, en particulier celui de LXX, laléô met l’accent sur le fait de parler plus que sur le contenu de la parole (par contraste avec légô, dire), contenu parfois introduit comme ici par légôn, disant. La moitié des 26 occurrences de laléô en Mt est concentrée aux c.12-13.
13,2 sur le rivage Inclusion Le terme grec (aigialon) n’apparaît que deux fois dans les synoptiques: ici et au v. 48 du même chapitre, formant une inclusion: la parole de Jésus fait passer ses auditeurs du rivage concret de ce monde-ci, où ils se tiennent, au rivage de ce monde-là, qu’elle leur révèleProcédés littéraires Mt 14,47.
13,2b assis sur les eaux « Le Seigneur était assis au déluge » (Ps 29,10): le Créateur va parler de la création et révéler l’invisible par le visible. Milieux de vie
13,1 maison = La synagogue ( Comm. Matt.).
13,2b barque
13,2c rivage
13,3b–9 texte Év. Thom. 9 contient la parabole entière p.ê. avec des allusions aux rites gnostiques d’élévation de blé vers le ciel; cf. Corp. herm. 14,10; Haer. 5,3.
13,1–9 Allusions au TaNaKh et un enseignement universel Dans une parabole pleine d’allusions multiples au TaNaKh Références en marge, Jésus redit à ses coreligionnaires à quelle condition la semence/ descendance peut porter du fruit dans la bonne terre/ terre promise Intertextualité biblique Tradition juive. Mais le symbolisme cosmique de cette parabole la rend disponible pour un enseignement religieux universel.
13,1s Jésus était assis Enseignement, jugement Au moment de donner ses plus grands enseignements (Mt 5,1; Mt 23,2; Mt 24,3; Mt 26,55; Mc 4,1; Mc 9,35; Mc 13,3; Lc 2,46; Lc 5,3; Jn 6,3; Jn 8,2 – en Mt 15,29 Jésus s’assoit pour une guérison, en Jn 4,6, simplement pour se reposer), conformément à l’habitude rabbinique (Mt 23,2; Lc 5,17; cf. déjà Ez 8,1; le mot hébreu yešiba, centre d’étude, est construit sur la racine « s’asseoir » Si 51,23).
Le matériel archéologique de l’Orient ancien et du monde greco-helléniste représente souvent les gouvernants assis (cf. Ex 11,5; 1R 1,17ss; Ex 12,29; Ac 12,21; juges et grands prêtres le sont également Mt 27,19; Jn 19,13; Ac 23,3; Ac 25,6.17), ainsi que les dieux, souvent avec des gens priant debout devant eux.
13,1 de la maison Sans doute celle de Pierre, où Jésus entre à nouveau au v.36. Cependant, il n’a été question de maison qu’en Mt 9,10 et depuis, Jésus s’est beaucoup déplacé: l’accent est donc plus sur le symbolisme du dedans et du dehors que sur la localisation exacte. (cf. →Maison en Mt)
13,1–9 Outre son style, habituellement plus élégant, Mt soigne plus que Mc (Mc 4,1-20) l’intégration de la parabole et de son « interprétation » en ciselant les parallélismes et en harmonisant systématiquement les nombres et les genres des différents actants (les grains, la pierraille…) dans les deux parties.
Mt et Lc sont d’accord contre Mc sur plusieurs points (construction grammaticale v.4; usage de xêrainô exclusivement pour les végétaux – cf. v.6 –; forme du dit v.9).
Mt et Mc présentent les fructifications dans des ordres inverses.
13,1 sorti de la maison Un dedans et un dehors Presque tous les Pères distinguent un dedans et un dehors, mais les interprétations divergent sur ce que sont l’un et l’autre.
13,3 le semeur Agriculture Quatre-vingt dix pour cent de la population de l’empire romain était rurale. Avec seulement deux grandes villes, la population galiléenne habitait surtout des villages agricoles ( C. Ap. 1,60). La plupart des Juifs palestiniens travaillaient dans l’agriculture. Bien que la Palestine fût fertile ( B.J. 3,42ss), la récolte demeurait un grand souci des agriculteurs (y. Ma‘aś. 2,1). Semer et labourer se faisaient normalement vers novembre, la moisson vers mai ( Op. 383s; 448ss).
13,3b pour semer Semailles et labours Dans la Palestine antique on pouvait soit semer avant de labourer (Jub. 11,11), soit labourer avant de semer. Dans le premier cas, le semeur sème intentionnellement sur divers sols; dans le second, c’est par accident que le grain tombe sur de mauvais terrains. La reformulation de la parabole aux vv.18-23 envisage plutôt le premier: la Parole est intentionnellement proclamée à tous. Recogn. 3,14 opte pour semer avant de labourer.
13,3 Il leur parla de beaucoup de choses en paraboles. Parallèles dans les apocryphes. L'évangile de Thomas utilise les mêmes images à propos du royaume des Cieux :
Év. Thom. 8 "Et il a dit : l'homme est semblable à un pêcheur avisé qui jeta son filet à la mer et l'en retira plein de petits poissons ; parmi eux, le pêcheur avisé trouva un gros et beau poisson ; il rejeta tous les petits à la mer, et choisit le gros sans difficulté. Celui qui a des oreilles pour entendre, qu'il entende !" (p. 35)
13,3b semeur Dieu comme un agriculteur Jésus continue la tradition vétérotestamentaire représentant Dieu comme un agriculteur (outre les célèbres allégories de plantation de vignes décevantes, cf. Jr 2,21) voire comme un semeur (Jr 31,27; Os 2,23ss) attestée aussi dans les targums (p.e. Tg. Ps.-J. Ex 15,17) et la littérature péri-testamentaire (4 Esd. 8,42-45).
13,3b semer La Parole de Dieu Métaphore usuelle dans le judaïsme péri-testamentaire pour désigner le don créateur et salutaire de la Parole de Dieu (1 Hén. 62,8; 4 Esd. 4,31; 8,6.41; 9,31).
13,3b–9 L’obéissance à la Parole Dans cette parabole, Jésus multiplie les allusions aux passages AT faisant de l’obéissance à la Parole la condition d’entrée et de prospérité dans la véritable →Terre promise qu’est le royaume de Dieu Références en marge: dans la ligne du sermon sur la montagne (il a été dit; moi je vous dis), il invite à entendre, comprendre et pratiquer sa parole comme la Torah.
13,3a paraboles Jésus recourt à un procédé d’enseignement connu dans la tradition juive, mais auquel il donne une coloration très personnelle, en les employant moins comme illustration de principes donnés ailleurs que comme base de son enseignement →Paraboles juives.
13,3b–9 exégèse juive traditonnelle Fidèlement à une technique d’enseignement oral traditionnel (plus tard codifiée dans →le PaRDeS), Jésus multiplie les allusions à des textes importants concernant les origines et l’histoire d’Israël, ainsi que ses relations avec Dieu. Références en marge Intertextualité biblique
13,3a beaucoup en paraboles mélange de la clarté et de l'obscurité Comm. Matt. :
13,3b–9 natures humaines Comm. Matt.:
13,3b sorti
13,3b sorti le semeur pour semer Hom. Matt. 44,3:
13,3b semeur = le Fils de Dieu. Comm. Matt.
13,4c venus : Nes V | Byz TR S : venu Le singulier correspond au sing. coll. en grec : ta peteina, comme pour dire « la gent ailée »). La lecture syriaque au singulier reflète p.ê. une interprétation de l’oiseau comme le malin dont il sera question dans la parabole de la zizane. Références en marge Mt 14,4 Tradition juivef19a.
13,4a il en tomba Singulier collectif Litt. "les uns" : les grains, jamais nommés, sont exprimés dans toute la parabole par des neutres pluriels: ha, auta.
13,4b au bord Préposition: sur / le long du para tèn hodon traduit p.ê. approximativement l’araméen ‘al « sur », et pourrait aussi se traduire « le long du chemin ».
13,4–8 Énumération et ellipse Des catégories de grains sont par ordre croissant d’espérance de vie. Mais les mots "grain" ou "semence" n’apparaissent nulle part!
13,4b chemin À l’intérieur des champs Outre ceux qui délimitaient les propriétés (m. Pe’ah 2,2), des sentiers permettaient probablement aussi de circuler à l’intérieur des champs (Mt 12,1 ; Priap. 3,21).
13,4b il en tomba La descendance Supposée ici et nommée seulement au v.24, la semence (sperma) associée à la terre (gê) évoque constamment la descendance élue à partir des récits sur Abraham, en particulier sous forme de promesse: « Je donnerai cette terre à ta semence » (Gn 12,7 ; 13,15 ; 15,18 ; 17,8 ; 24,7 ; 26,3s ; 28,4 ; 35,12 ; 48,4; Ex 32,13 ; 33,1; Dt 1,8 ; 11,9 ; 2Ch 20,7; Jr 23,8; cf. Ac 7,5).
13,4–8 Collaboration de l'homme est toujours attentif à ce qui souligne la part de collaboration à l’action de Dieu qui revient à l’homme, il se demande ce que devient la semence;
13,5b.6b pour n’avoir point Sémitisme Litt. "à cause de son ne-pas-avoir" : imite la construction sémitique de l’infinitif complément.
13,5a pieraille Exploitation y. Kil. 1,27b,47 fait référence à l’exploitation agricole de mauvais terrains littoraux: aux temps anciens même des endroits rocheux pouvaient être cultivés. La qualité différente entre les sols, était bien connue ( Oec. 16,3; Agr. 6,1).
13,5b aussitôt ils levèrent La déception provoquée par des grains qui poussent vite mais ne portent pas de fruits, était bien connue ( Inst. 1,3,5).
13,6a soleil menace à la récolte Le soleil et la sécheresse menacent la récolte (Jc 1,11 ; Hist. plant. 1,4,1; B.J. 4,471).
13,4–8 Don offert indifféremment
13,6b racine Cause invisible La racine est la charité comme la cupidité est la racine de tous les maux ( Enarrat. Ps. 90,8). La racine est dans un lieu caché, les fruits – les œuvres – par contre sont visibles (ibid. 51,12).
13,7a épines Les épines étouffent les plantes ( Georg. 1,150-159).
13,8c cent, soixante, trente Rapport de la moisson Selon Rust. 1,44,2, les semailles en Syrie pouvait produire jusqu’au centuple, et d’autres textes l’indiquent aussi: Hist. plant. 8,7,4; Geogr. 15,3,11; Nat. 18,21,94s; Or. sib. 3,263s. C. Ap. 1,95 loue la fertilité du sol palestinien. La récolte était d’habitude entre 7,5 et 10 fois le nombre du grain semé. Pour certaines parties de la Palestine, une récolte au centuple n’était même pas une exception.
13,8a la terre, la bonne La Terre promise Pour un Juif palestinien du 1er s., la « bonne terre » évoque invinciblement la Terre promise: sur près de 2000 emplois de « terre », on trouve 14 fois seulement l’expression « bonne terre » (h’rç htvh), dont 10 dans Dt, dont 8 dans le testament que Moïse laisse au Peuple dans l’Araba en face de la Terre promise Dt 1-12 (Dt 1,25.35 ; 3,25 ; 4,21s ; 6,18 ; 8,7.10 ; 9,6 ; 11,17). Certes, LXX dit gê agathê et non gê kalê comme Mt et Mc, mais Mt cite souvent un texte mixte. Le parallèle de Lc, évangile très enraciné dans la tradition grecque des Écritures porte bien, lui, agathê.
13,8c cent, soixante, trente récoltes du temps messianique Des passages juifs réfèrent aux très grandes récoltes dans le temps messianique, p.e. b. Ketub. 111b-112a: il faudra un bateau pour transporter une grappe! (cf. 2 Bar. 29,5).
13,8c cent | Quatre-vingt-dix ( Strom. 14,3).
13,8c cent, soixante, trente Enumération décroissante et chiasme quantitatif avec la précédente enumération des terres. Au centre se rencontrent donc: le meilleur du mauvais et le moins bon du meilleur.
13,9 pour entendre Rejeté dans Nes Procédés littéraires. Nes lit : qui a des oreilles, entende !, rejetant « pour entendre » comme une harmonisation.
13,9 entende Pour apprendre Il s’agit non seulement d’entendre et de comprendre, mais encore d’apprendre. Les enseignants juifs (qui « sèment » la Torah: b. Ber. 63a), exhortaient leurs étudiants à écouter et mémoriser leurs enseignements (Mek. Exod. Piša 1,135s; Sipre Dt. 306,9,1ss); ils méprisaient les auditeurs négligents (’Abot R. Nat. 36a; m. ’Abot 2,8).
13,9 Même formule en Pap. Oxyrh. 1081 Ia,13s; Ib,8ss.
13,9 entende = obéir
Ce sont les oreilles du cœur et non seulement celles du corps qui sont ici concernées. -> sens spirituels
13,7a épines Espèces Il y a plusieurs types d’épines (par exemples: Silybum marianum, Cyrana Syriaca, Onopordum, Notobasis syriaca, Cirsium phyllocephalum) prolifèrent auprès des chemins et atteint une hauteur de plus de deux mètres en avril.
26,1–27,66 Les lieux de la Passion
Le lieu du →prétoire, tribunal de Ponce Pilate, est incertain. Deux sites sont possibles : la forteresse Antonia et le Palais d'Hérode le Grand. La tradition situe le prétoire à l'Antonia mais les archéologues, aujourd'hui, le placent plutôt dans le palais d'Hérode le Grand.
Esplanade du Temple, Ophel, ville haute, ville basse, palais d’Hérode le Grand, mont Sion, Cénacle, palais hasmonéen, palais de Caïphe, Golgotha, forteresse Antonia, porte dorée, jardin de Gethsémani, mont des Oliviers, colline de Bézétha, théâtre, vallée du Cédron, vallée du Tyropéon, vallée de la Géhenne, via Dolorosa.
12,50 Quiconque fera la volonté de mon Père - Communion
Quicumque fecerit voluntatem Patris mei, qui in caelis est : ipse meus frater, soror, et mater est, dicit Dominus.
Quiconque fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux : celui-là est mon frère, ma sœur, et ma mère, dit le Seigneur.
26,1–28,20 La Passion dans Il Vangelo secondo Matteo, chef-d'œuvre de Pier Paolo Pasolini (réal., scén., 1922-1975) Film noir et blanc à petit budget, réalisé par un homosexuel athée marxiste, ce film reste un choc, comparé aux œuvres ultérieures de Pasolini (p. ex. Salò, ou Les 120 journées de Sodome, en 1975). Pasolini s'était dit fasciné par l'éclat littéraire et l'efficacité narrative de l'évangile selon Mt. Son film, dédié au « glorieux Pape Jean XXIII », met en scène tout l’évangile selon Mt, qu’il suit fidèlement, surtout dans les dialogues. Cette fidélité littérale ne l’empêche pas de proposer une représentation très personnelle de la passion de Jésus, où il fait intervenir sa propre mère Susanna Pasolini pour interpréter la Vierge Marie avec une retenue bouleversante (cf. ci-dessous « la figure de Marie »).
La représentation est à la fois réaliste, par le décor naturel, et hiératique, par une succession de tableaux qui évoquent la scénographie d’un opéra. La musique joue d’ailleurs un rôle important pour préciser le sens des séquences, comme un commentaire sans paroles. La figure de Jésus est celle d’un prophète imprécateur, au verbe violent, qui entraîne les foules et déchaîne l’hostilité croissante des chefs et des pharisiens. Cette énergie se déploie jusqu’à l’arrestation. Jésus est d’ailleurs filmé souvent seul dans le plan, séparément des disciples. Les traits fins et distingués de l’acteur qui interprète le Christ contrastent avec la beauté brute et rustique des visages des disciples : Jésus est la perfection de l’humanité. Les gros plans nombreux sur ces visages évoquent l'Église comme peuple de Dieu ou le Peuple lui-même. On y voit surtout des hommes de tous âges, des vieilles femmes et des enfants, peu de jeunes femmes.
De plus, la pauvreté formelle adoptée comme langage cinématographique résonne fortement avec les enseignements du Christ : les canons néoréalistes permettent d’insister sur l’humanité de Jésus, rompant avec la vision « héroïcisante » des studios hollywoodiens. L’ambition néoréaliste de mettre à l’honneur les humbles, tout en soulignant le caractère réellement inédit du quotidien, renvoie aussi à la prophétie de Jésus : « Aujourd'hui s'accomplit cette Écriture — à vos oreilles » (Lc 4,21). Ce film fut récompensé, entre autres, par le prix spécial du jury au Festival de Venise et le grand prix de l'Office catholique du cinéma.
La représentation de la passion à proprement parler occupe 28 min, dans la seconde moitié du film. Dans les choix opérés par le réalisateur, trois caractéristiques influent profondément sur le message délivré par l’œuvre : Pasolini a une intelligence politisée du message évangélique ; il adopte une lecture chronologique et littérale de Mt ; il représente la passion de points de vue majoritairement externes.
Pasolini dans ses choix de mise en scène, décrit Jésus comme un tribun, un homme politique animé par un immense désir de justice.
Il adopte une narration strictement chronologique, qui suit littéralement le texte de l’évangile, omettant toutefois certains épisodes relatés dans Mt. Cette construction linéaire, si elle confère un caractère de simplicité et de pauvreté au récit de la passion, exprime de manière limitée l’unité profonde dont est tissée la vie du Christ.
La caméra adopte le point de vue externe de Pierre jusqu’à son reniement, puis de Judas jusqu’à sa pendaison, enfin de Jean jusqu’à la crucifixion. Il en découle que la majorité des images de la passion est éloignée du cœur de l’action : l’œil de la caméra observe une suite de tableaux à distance respectueuse, sans s’approcher du visage ni du corps du Christ. Hormis la pauvreté formelle adoptée dans cette œuvre, la Passion de Pasolini fait peu entrer dans le caractère stupéfiant de l’amour de Dieu tel qu’il est révélé dans la mort du Christ, car cette représentation laisse le spectateur à l’extérieur de l’humanité du messie et de sa réalité incarnée et personnelle. Pasolini ne montre pas non plus l’événement universel et cosmique (en tant qu’il réalise une conversion, un retournement de la marche du monde) que constitue la passion de Jésus.
Une conséquence de telles options est l’impression d’extériorité qui se dégage de la dernière partie du film : Jésus, après avoir déclamé ses enseignements sur un ton impérieux, souffre sa passion et meurt loin du spectateur. La distance installée par le metteur en scène avec le Christ souffrant occulte largement la violence inexprimable de la passion, qui est le sacrifice d’amour de Dieu pour ses enfants et ses frères, les hommes. Avec le recul, on comprend les raisons pour lesquelles cette œuvre a pu rencontrer un tel succès critique, tant cette représentation de la passion, tout en semblant réaliste, est peu dérangeante.
À l’écran, selon un procédé fréquent dans le cinéma italien de l’après-guerre, Jésus est incarné simultanément par un duo d’acteurs, avec l’apparence d’Enrique Irazoqui aux cheveux noirs, aux yeux noirs et sans arcade (juif basque qui, comme les autres interprètes, n'était pas un acteur professionnel) et la voix d’Enrico Maria Salerno. Le décalage entre les images capturées en extérieur d’un interprète non professionnel et la voix puissante enregistrée en studio d’un acteur confirmé peut être vu comme le signe de la double nature du Christ. Ce Jésus éructe les paraboles et prophétise avec une férocité vive, comme un agitateur syndical. Il est nerveux avec ses inquisiteurs et brusque avec ses apôtres. C'est un homme-Dieu pressé d'accomplir sa mission. Plus tôt mort, plus tôt ressuscité.
La perfection formelle du visage d’Irazoqui rappelle les représentations du Greco ; son regard légèrement asymétrique renvoie au mystère que dégagent les portraits du Christ dans l’art russe de l’icône. Fidèle au texte de Mt, Pasolini insiste sur l’union de Jésus au Père en montrant la prière solitaire du Christ avant sa passion, sur le point d’entrer dans Jérusalem. Il montre la souffrance portée par Jésus dans son agonie en empruntant à La Passion de Jeanne d’Arc de Carl la douleur béate et muette du visage du condamné : regard hébété, fixité, stupéfaction à l’aube du don total de soi.
Il faut néanmoins admettre que l’acteur principal manque singulièrement d’épaisseur, en particulier dans les scènes de la passion, ce qui peut être imputé au jeune âge d’Irazoqui, qui n’avait que 19 ans (et non 33) lors du tournage.
Il Vangelo de Pasolini frappe par le souffle d’impatience et de colère impérieuse qui jaillit de la personne du Christ et qui secoue toute l’œuvre. La Bonne Nouvelle présentée ici semble être un principe de vie réagissant à l’injustice sociale répandue dans le monde. Par suite, la justice de Dieu semble primer sur la miséricorde de Dieu, appauvrissant le sens fondamental de la passion. On est loin de la plume déchirante de Péguy qui met les mots suivants dans la bouche du Père décrivant la passion de Jésus :
Chez Pasolini, le cœur de Jésus semble plus vibrant de colère que brisé d’amour. Sa colère et son exigence de justice l’emportent sur sa compassion et sa miséricorde. À la lumière des engagements de Pasolini auprès du Parti communiste italien, on peut s’interroger sur la justesse de cette interprétation : la colère attribuée ici au Christ est-elle la colère de Dieu, ou plutôt la colère du réalisateur projetée sur ce qu’il comprend de la personne du Christ ?
Pasolini montre sans ambiguïté le don libre que le Christ fait de lui-même dans sa passion : Jésus après l’institution de l’Eucharistie, sourit à ses disciples comme un époux qui connaît la plénitude après l’union nuptiale ; au prétoire, après le couronnement d’épines, il marche librement vers sa croix, son bâton à la main ; au Golgotha, il crie peu lorsqu’il est cloué sur sa croix, contrairement au brigand crucifié à ses côtés.
Toutefois par d’autres aspects non négligeables, Pasolini ne donne pas la pleine mesure du don personnel du Fils de Dieu fait homme. Ainsi la flagellation du Christ est ignorée. De plus, dans l’interprétation que le réalisateur fait de la réquisition de Simon de Cyrène, Jésus, désormais déchargé de sa croix et apparemment en bonne santé, cesse de porter sa croix et marche aux côtés du Cyrénéen qui a endossé son fardeau. Étranger à l’ultime étape de sa vie terrestre, le Christ paraît dès lors désincarné. La lecture que fait Pasolini du texte de Mt, quoique poétique, est un contresens : ici le Verbe de Dieu fait homme pour assumer le péché du monde fait porter son joug par son prochain menacé de mort, alors même qu’il est venu assumer la souffrance et le péché de tous les prochains.
Le rôle de Marie lors de la passion du Christ est tenu par Susanna Pasolini, la mère de Pasolini. Elle est une Vierge éplorée de douleur, tordue de souffrance devant le spectacle de son fils supplicié et mis à mort devant elle. Malgré le jeu convaincant de son actrice, le réalisateur butte sur le double écueil du choix de son interprète et de la difficulté à percer le mystère de la nouvelle Ève :
En donnant ce rôle clef à sa propre mère, Pasolini fait en quelque sorte le choix d’apparaître lui-même comme le messie crucifié. (Nombreux sont d’ailleurs les critiques que, par certains aspects, la vie du Christ résonne avec la vie du cinéaste.)
Pasolini ne communique guère au spectateur les réalités profondes qui font que la souffrance de Marie au pied de la croix dépasse considérablement la peine de Susanna Pasolini, fût-elle en train de contempler son propre fils agonisant : Marie au Calvaire distingue dans la personne de son fils à la fois le fruit de ses entrailles et le Dieu vivant et vrai qui épouse notre humanité pour porter toute souffrance. Étant unie mystiquement au cœur de son fils, elle traverse la mort comme Jésus traverse la mort. Cependant si elle porte « celui qui porte tout », on peut dire aussi que sa force et sa dignité reçues de Dieu surpassent celles de toutes les mères : dans son union mystique au cœur de Dieu, Marie garde intacte sa certitude que Jésus est le Fils de Dieu, et intacte sa confiance dans l’amour tout-puissant et miséricordieux du Père. À ce titre le jeu accablé de Susanna Pasolini, s’il est juste sur un plan strictement humain, ne rend pas pleinement compte de l’amour de Marie marchant au Golgotha avec Jésus.
Chez Pasolini, Jésus marche jusqu'à sa mort, à travers la campagne de Matera, dans les Pouilles, près du talon de la botte italienne. La foule le poursuit et le presse ; un cri jaillit "Son sang soit sur nos enfants !" (Mt 27,25). Pasolini, poète avant d'être cinéaste, ne voulut pas censurer le verset d'un texte qu'il voulait honorer ; et, en mettant en scène des Italiens pourchassant les Italiens, il typifie une malédiction moins de race ou de religion que de clan.
Une mosaïque de musiques émaille l’œuvre de Pasolini : des extraits des œuvres de Bach, Webern, Mozart, Prokofiev, de la Missa Luba (messe congolaise), de Negro spirituals (déchirant Sometimes I Feel like a Motherless Child) et de chants révolutionnaires russes enrichissent les images de la vie simple du Christ et nous enseignent sur ce qu’est l’Eglise :
Ces thèmes récurrents sont une représentation de la multiplicité des demeures dans la maison du Père : l’Église ressemble à une famille et l’Église est universelle ; elle accueille tout homme, comme Dieu ouvre ses bras à tout homme.
La répétition de ces musiques variées évoque aussi la prière tournoyante et sans cesse recommencée du psalmiste.
Enfin, on peut deviner dans les choix de musique de Pasolini les possibles défigurations du message évangélique. Ainsi, après la résurrection du Christ, l’Église en marche est représentée comme un peuple d’insurgés avec les armes à la main, courant vers un avenir lumineux au son des chœurs de l’Armée Rouge.
Il Vangelo secondo Matteo de Pasolini bénéficie des canons du néoréalisme italien et rompt heureusement, par sa pauvreté formelle, avec la proposition hollywoodienne connue jusque-là. Toutefois, dans une lecture littérale (quoique poétisée et politisée) de l’évangile, le réalisateur semble ne pas adhérer au cœur de la foi chrétienne, qui est que Dieu, fait homme dans la personne de Jésus, a porté le péché de chaque homme et de l’humanité pour que tout homme soit sauvé. C’est pourquoi cette œuvre recèle un certain nombre de limites lorsqu’elle rend compte du message évangélique, et ressemble au récit qu’un reporter extérieur ferait du parcours exceptionnel d’un leader exceptionnel.
Après la référence, on donne un bref commentaire, suivi du minutage.
(avec fr. Benoît Ente o.p.)
12,42 Jésus nouveau Salomon Le verset Mt 12,42 est l'un de ceux qui mettent le plus en valeur la typologie biblique entre Jésus et Salomon. Initiée par les écrits de l’Église d’Orient, cette tradition voit en Jésus le « vrai Salomon » [ἀληθὴς Σαλομὼν] selon les mots d'Athanase d'Alexandrie. Elle repose sur plusieurs points :
L'argument selon lequel שלמה (Shlomô) dérive de שָׁלוֹם (shalom) et donc que « Salomon » signifie « pacifique » :
Dans la littérature chrétienne, Salomon est également connu comme le bâtisseur du Temple d'après Ac 7,47. Jésus lui est le nouveau Temple, car il incarne la présence de Dieu parmi les hommes.
→: Quant à nous, voyant que l’explication de tous les détails concernant le temple au Troisième Livre des Rois est difficile, [...] nous nous efforcerons de notre mieux d'exposer brièvement le sens de ce qui regarde notre sujet, car nous avons appris de Pierre que l'Eglise est un corps et la maison de Dieu construite avec des pierres vivantes, une maison spirituelle pour un sacerdoce saint, de sorte que, d'après cela, le Fils de David qui construit le temple est la figure du Christ : quand les guerres ont cessé et que règne la paix la plus profonde, il construit le temple a la gloire de Dieu dans la Jérusalem terrestre, afin que le culte ne se célèbre plus près d'un objet mobile (comme l'était) la tente. Nous nous efforcerons de rapporter à l'Eglise chacun des éléments du temple. Comm. Jo.
Lorsque tous ses ennemis seront devenus l'escabeau des pieds du Christ et que son dernier ennemi, la mort, aura été anéanti, alors régnera sans doute la paix la plus parfaite, le Christ sera Salomon [Χριστός ἔσται Σαλομών], ce qui se traduit par « pacifique », et alors sera accomplie la prophétie qui dit de lui: « Avec ceux qui haïssaient la paix, j'ai été pacifique ».
L'interprétation typologique a suscité quelques réticences de la part de certains théologiens. Jean Chrysostome, dans son Homélie XXXVII consacrée à l'Évangile selon saint Matthieu, rappelle que Jésus ne saurait être comparé à Salomon, car il est inconmensurablement plus grand :
D'après Augustin, dans La Cité de Dieu la prophétie rapportée par Nathan au roi David n'est pas réalisée par Salomon, mais bel et bien par Jésus :