La Bible en ses Traditions

Genèse 2,0 ; 21,1–25,34

M G V
S Sam

YHWH

GLe Seigneur

VOr, le Seigneur visita Sara comme il avait dit

Vpromis, YHWH fit pour Sara comme il avait promis.

Vet il accomplit les paroles qu'il avait dites.

Get le Seigneur fit pour Sara selon ce qu'il avait dit.

...

Sara conçut et enfanta M Gà Abraham un fils dans sa vieillesse

au temps fixé que Dieu lui avait marqué.

V que Dieu lui avait prédit.

G fixé, comme le lui avait dit le Seigneur.

...

VEt Abraham donna son nom au

Vappela son filsM G qui lui était né, que Sara lui avait enfanté : 

Vengendré, du nom d'Yiçḥāq

GIsaak

VIsaac.

...

Et Abraham circoncit Isaac son fils âgé de huit jours comme Dieu lui avait ordonné.

Vle circoncit le huitième jour comme Dieu lui avait prescrit

...

M G
S Sam
V

Et Abraham était âgé de cent ans à la naissance d’Isaac son fils.

...

ayant alors cent ans. 

Ce fut de fait à cet âge de son père que naquit Isaac.

M G V
S Sam

Et Sara dit : — Dieu m’a donné de quoi

Vfait rire

quiconque l’apprendra rira à mon sujet !

G Vavec moi !

...

Elle ajouta

VEt elle dit de nouveau :

— Qui eût dit à Abraham : — Sara allaitera des enfants ?

Gannoncera à Abraham que Sara allaitera un enfant ? 

Vcroirait, à entendre Abraham, que Sara allaiterait un fils 

et pourtant, j’ai bien donné un fils à sa vieillesse !

GCar j'ai enfanté un fils dans ma vieillesse.

Vqu'elle aurait enfanté de lui, déjà vieillard ?

...

L’enfant grandit Valors et fut sevré

et Abraham fit un grand

Vimportant festin

le jour où fut sevré Isaac.

Goù fut sevré Isaac son fils.

Vde son sevrage.

...

M G
V
S Sam

Mais Sara vit le fils d’Agar l’Égyptienne, qu’elle avait

Gcelui qui fut enfanté à Abraham rire.

Gjouer avec Isaac son fils.

Et Sara, ayant vu le fils d’Agar, l’Égyptienne, jouer

dit à Abraham :

...

10 et elle dit à Abraham :

— Chasse cette servante et son fils 

car le fils de cette servante n'héritera pas avec mon fils Mavec Isaac.

10 — Chasse cette servante et son fils 

car le fils de la servante ne sera pas héritier avec mon fils, Isaac.

10 ...

M G V
S Sam

11  Cette parole déplut beaucoup 

VAbraham reçut cela durement 

GCette parole parut extrêmement dure aux yeux d’Abraham, à cause de

G Vau sujet de son fils.

11 ...

12 Mais Dieu dit à Abraham

VEt Dieu lui dit :

— Que cela ne déplaise pas à tes yeux

Vce ne te semble rude 

Gces paroles ne soient pas dures à tes yeux  à cause de

Gau sujet de

Vpour l’enfant et M Gde ta servante !

Quoi que te dise

VTout ce que t'aura dit Sara, écoute-la

G V sa voix

car 

Vparce qu'en Isaac te sera appelée une descendance

Vsemence !

12 ...

13 Et

VMais du fils de la

Gcette servante aussi, je ferai une G Vgrande nation

car 

Vparce qu'il est ta descendance

Vsemence.

13 ...

14 VAinsi, Abraham se leva au matin

prit

Vet prenant du pain et une outre d’eau, les donna à Agar les plaçant

Vmit sur son épaule

et

Vet lui remit l’enfant, et il la renvoya.

Elle s’en alla et

VEt elle, s’en étant allé,  s’égara

Gcommençait à errer

Verrait dans le désert de Bᵉ’ēr Šāva‘.

Gprès du puits du serment.

V de Bersabée.

14 ...

15 Quand

GMais

VEt alors que l'eau M Gqui était dans l’outre fut

Vétait épuisée

Get elle jeta l’enfant sous l'un des arbrisseaux

Vl'un des arbres qui étaient là

Gun résineux

15 ...

16 et s’en alla et s’assit face à lui

Và l'opposé, au plus loin

à 

Vd'une portée d’arc

car elle disait : — Je ne veux pas voir

VJe ne verrai pas

GNon, que je ne voie pas mourir [mon] enfant !

Elle s’assit donc

VEt s'asseyant en faceM G à lui, elle éleva la voix et pleura.

G et l'enfant cria et pleura. 

16 ...

17 VOr, Dieu entendit la voix de l’enfant Gqui venait de l'endroit où il était

et l’ange de Dieu appela Agar du ciel et dit

V, disant :

Qu'as-tu

GQu'y a-t-il

VQue fais-tu [là] Agar ? Ne crains pas

car Dieu a écouté la voix de l’enfant dans le

G Vdu lieu où il est.

17 ...

18 Lève-toi, relève l’enfant, prends-le

V et tiens-le

G, saisis-le par la main

car

Vparce que je ferai de lui une grande nation.

18 ...

19 Et Dieu lui ouvrit les yeux

et elle vit

V, voyant un puits d’eauG vivealla

Vs'en alla remplir l’outre M Gd’eau et fit

Vdonna à boire Và l’enfant.

19 ...

20 Dieu

VEt il fut avec l’enfant

et il grandit, s'établit 

Vqui crût et s'attarda au désertV, et devint tireur à l'arc.

Garcher.

Vun jeune sagittaire.

20 ...

21 Il s'établit

Vs'établit dans le désert de Pā’rān

G VPharan

et sa mère prit

Vreçut pour lui une femme de la terre d’Égypte.

21 ...

22 À cette même époque, Abimélek

VAbimélec avec Pîkōl

GOchozath, son témoin de mariage, et Phikol

VFicol, chef de son armée, parla ainsi

Vdit à Abraham :

— Dieu est avec toi en tout

Vdans la totalité de  ce que tu fais.

22 ...

23 Jure-moi donc ici et maintenant

G maintenant

V par Dieu que tu ne me tromperas pas, ni ma progéniture, ni mes descendants :

Gblesseras pas, ni ma descendance ni nom nom,

Vnuiras pas, et ni à ma postérité, ni à ma souche

comme j'ai été bienveillant envers toi

Gmais que selon la justice que j'ai exercée envers toi

Vmais que selon la miséricorde que j'ai eue pour toi

tu seras bienveillant envers moi et envers cette terre où tu séjournes en étranger.

Gtu [nous] traiteras moi et cette terre où tu es demeuré en étranger.

Vtu en feras [de même] pour moi et cette terre vers laquelle tu t'es tourné en étranger.

23 ...

24 Et Abraham dit : — Je le jure !

G VJe jurerai… 

24 ...

25 Mais Abraham fit des reproches

VEt il éclata contre  Abimélek

VAbimélec

à cause d’un

Gdes  puits d’eau qu'avaient saisis

Vsoustraits de force les serviteurs d’Abimélek.

Vses serviteurs.

25 ...

26 Abimélek

VAbimélech Glui répondit :

— J’ignore qui a fait cela

Vcette chose

Vmais toi-même, tu ne m’en as pas informé

Vme l'as pas indiqué et moi, je n’en entends parler qu’

Vn’en ai pas entendu parler avant aujourd’hui.

26 ...

27 Et

VAinsi, Abraham prit des brebis

Gmoutons et des bœufs

Gveaux et les donna à Abimélek

VAbimélec

et ils firent tous deux alliance

Vscellèrent tous deux une alliance.

27 ...

28 Abraham mit

Vfit mettre sept jeunes agnelles du troupeau à part

28 ...

29 et Abimélek

VAbimélec dit à Abraham

Vlui dit :

Qu’est-ce que

VQue leur veut-on, à ces sept agnelles Gparmi ces moutons  que tu as mises

Vfait mettre à part ?

29 ...

30 Il répondit : — Tu accepteras

GEt Abraham dit : — Tu recevras

VMais lui : — Tu recevras, dit-il, de ma main M Gces sept agnelles

que ce soit pour moi un témoignage que j’

V, puisque c'est moi qui ai creusé ce puits.

30 ...

31 C’est pourquoi on appela ce lieu « Bᵉ’ēr Šāva »

Gil appela ce lieu « Puits-du-serment »

Von appela ce lieu « Bersabée »

parce que c’est là qu’ils prêtèrent serment tous les deux.

V là, l'un et l'autre jurèrent. 

31 ...

32 Ils firent donc alliance

VEt ils s'engagèrent comme alliés à Bersabee

G Vau Puits-du-serment.

Après quoi, Abimélek se leva avec Pikol, chef de son armée, et ils retournèrent vers la terre des Philistins.

GAprès quoi, Abimélek se leva avec Ochozath, son témoin de mariage, et Pikol, chef de son armée, et ils retournèrent vers la terre des Philistins.

V.

32 ...

33 VOr, Abimélec se leva avec Ficol, chef de sa troupe, et ils retournèrent vers la terre des Palestiniens.

VQuant à AbrahamV, il planta un tamaris à Bersabée

Garoura au Puits-du-serment

Vbois à Bersabée

et il invoqua là le nom de YHWH

G Vdu Seigneur Dieu de perpétuité.

G Véternel.

33 ...

34 Et Abraham séjourna longtemps en étranger dans

V de nombreux jours il fut colon de la terre des Philistins.

34 ...

M G S Sam
V

22,1 Et il arriva après ces choses

que Dieu éprouva Abraham et lui dit :

— Abraham ! GAbraham ! Et il dit : — Me voici.

Après que cela se fut passé

Dieu éprouva Abraham et lui dit :

— Abraham ! Lui répondit : — Me voici.

M G V S Sam

22,2 M G S SamEt [Dieu] V Slui dit : — Lève ton fils, ton unique

Gbien-aimé, que tu aimes

Vchéris, Isaac 

et va-t’en au pays de Moriyya

Gau pays élevé

Vvers la terre de la Vision et offre-le là en holocauste

Gapanage total 

sur une des montagnes que je te dirai.

Vmontrerai.

22,3 Et

VAlors Abraham se leva de bon matin,

G, s'étant levé de bon matin,

V, se levant de nuit,

S devança le matin, sella

Vbâta son âne

et prit deux de ses jeunes hommes avec lui 

Get prit avec lui deux de ses jeunes hommes

Vemmenant avec lui deux jeunes hommes et Isaac, son fils

il fendit

Vet ayant fendu le bois de

Vpour l'holocauste

et il se leva et

Vil s'en alla au lieu que Dieu lui avait dit.

Vprescrit.

22,4 V SOr, le troisième jour, Abraham leva les yeux et

Vles yeux levés, il vit le lieu de loin

22,5 et Abraham

V S dit à ses jeunes hommes

Vjeunes serviteurs

Restez

GAsseyez-vous

VAttendez ici avec

Sprès de l’âne

moi et l’enfant nous irons

Vallant jusque-là, M G S Samet  après nous être prosterné, nous

M G S Samnous nous prosternerons et retournerons à vous.

22,6 Et Abraham

VIl prit Vaussi le bois de l’holocauste et le plaça sur Isaac, son filsV.

et il prit dans sa main

Get il prit avec sa main

VQuant à lui, il portait dans ses mains le feu et le couteau

G Vglaive.

Et ils s’en allèrent

Valors qu'ils continuaient tous deux ensembleM G S Sam.

22,7 M G S SamEt Isaac dit à M G S SamAbraham son père M G S Samet dit : — M V SamMon père ! Et il dit : — Me voici, mon

GEt il dit : — Qu'y-a-t-il,

VMais lui répondit : — Que veux-tu, fils ?

Et il dit :

SEt il lui dit :

V — VoiciV, dit-il, le feu et le bois : où est l'agneau pour

Gla brebis pour

Vla victime de

Sl'agneau de l'holocauste ?

22,8 M G SamEt Abraham dit : — Dieu se pourvoira de l’agneau pour

Samd'un agneau pour 

Gd'une brebis pour

Vde la victime de

Sde l'agneau de l’holocauste, M V S Sammon fils. Et ils allèrent tous deux

VIls continuaient donc ensemble.

22,9 M V S SamEt ils vinrent au lieu que Dieu lui avait dit

Vprésenté

et Abraham

Vil y construisit l’

G Vun autel et disposa

Gmit le bois G Vau-dessus

et lia

Vet ayant lié Isaac, son fils

et le mit

Vil le plaça sur l'autel au-dessus du Vtas de bois.

22,10 Et Abraham

Vil étendit la main et prit le couteau

Vse saisit du glaive pour égorger son

Vimmoler [son] fils.

10 Qui aime son fils plus que moi Mt 10,37
M G S Sam
V

22,11 Et l’ange de YHWH cria vers lui des cieux

Gdu Seigneur l'appela du ciel

Sde Dieu l'appela des cieux et dit :

— Abraham ! Abraham !

Et il dit : — Me voici.

11 Et voici, l’ange du Seigneur cria du ciel, disant :

— Abraham ! Abraham !

Et il répondit : — Me voici.

M G V S Sam

22,12 Et il Vlui dit : — N'étends pas ta main vers le jeune homme

Samsur le jeune homme

G V Ssur l'enfant et ne lui fais rienV.

car maintenant

VMaintenant je sais que tu crains Dieu

Vle Seigneur et que tu n'as pas épargné ton fils, ton unique

G bien-aimé

V unique à cause de moi.

M G S Sam
V

22,13 Et Abraham

Sil leva les yeux et vit et voici un bélier M Samderrière [lui], retenu dans un buisson

Gune plante, un sabek, par ses

Gles cornes

et Abraham alla et prit le bélier et l’offrit en holocauste à la place de

Gd'Isaac son fils.

13 Abraham leva les yeux et vit dans [son] dos un bélier entravé par les cornes entre les ronces. 

Le prenant, il l’offrit en holocauste à la place de son fils.

M G V S Sam

22,14 Et Abraham appela

Vdonna à ce lieu du

Vle nom de « YHWH verra »

G« le Seigneur a vu »

V« le Seigneur voit »

S« le Seigneur verra »

 comme il est dit 

Gen sorte qu'ils disent 

Vdont on dit jusqu'

Sen sorte qu'il est dit aujourd’hui : — En la

Scette montagne de YHWH il sera vu.

Gle Seigneur a été vu.

V Sle Seigneur verra.

22,15 Et

VOr, l’ange de YHWH

G V Sdu Seigneur appela Abraham une seconde fois des cieux

Gdu ciel

Vdu ciel, disant :

22,16 et il dit :

Gen disant :

V — Je l’ai juré par moi-même, déclare YHWH

G V Sdit le Seigneur

parce que tu as fait cette chose et que tu n'as pas épargné ton fils, ton unique

G bien-aimé

V unique G S Samà cause de moi

22,17 M G S Samcertainement je te bénirai et M G S Samcertainement je multiplierai ta semence comme les étoiles des cieux

G Vdu ciel et comme le sable qui est au bord

Vsur le rivage de la mer

et ta semence possédera la porte de ses ennemis.

Vgagnera les portes de ses ennemis.

Ghéritera les villes des adversaires.

Shéritera les terres de ses ennemis. 

22,18 Et en ta semence seront bénies toutes les nations

Stous les peuples de la terre

parce que tu as écouté

G Vobéi à ma voix.

22,19 M G S SamEt Abraham retourna vers ses jeunes hommes

Vjeunes serviteurs

et ils se levèrent et allèrent

Vs'en allèrent ensemble à Bersabée

Gau puits du serment et Abraham habita à Bersabée.

GAbraham habita au puits du serment.

Vil y habita. 

22,20 Et il arriva,

VAinsi, après ces événements, M S Samqu'on annonça à Abraham en disant : — Voici que

Sen lui disant : — Voici que

Vque Milka

VMelcha aussi a enfanté

Vavait engendré des fils à Nachor

VNahor, ton

Vson frère.

22,21 ‘Ôç

GÔx

VHus, son premier-né, et Bûz

GBaux

VBuz, son frère

Qᵉmû'ēl

SQmû'yl

GKamouêl

VCamuël, père d’Aram

G Vdes Syriens

22,22 Keśed

GChasad

VCased et Ḥăzô

G VAzau

Pildāš

GPhaldas

VPheldas et Îdᵉlāp

GIedlaph

VJedlaph et Bᵉtû'ēl.

Set Btû'yl.

Get Bathouêl.

V

22,23 et Bétuel

VBathuel enfanta Ribᵉqâ

S enfanta Ribᵉqa

G enfanta Rebekka

V, de qui est née Rébecca. Ce sont les huit fils que Milka

VMelcha enfanta

Vengendra à Nahor

VNahor, frère d’Abraham.

22,24 Et

VQuant à sa concubine, nommée

Vdu nom de Roma

GReêma, Velle enfanta M G S Samelle aussi, Ṭebaḥ

GTabek

VTabée, Gaḥam

GGaam

VGaom, Taḥaš

GTochos

VThaas et Ma‘ăkāh

SMa‘ăka

GMôcha

VMaaca.

M G
V
S Sam

23,1 Et la vie de Sara fut de cent vingt-sept ans Mles années de la vie de Sara.

Or, Sara vécut cent vingt-sept ans.

...

M V
G S Sam

23,2 Et Sara mourut à Qirᵉyat-'Arᵉba‘

Vdans la cité d'Arbée qui est Hébron, dans le pays

Vla terre de Canaan 

et Abraham vint pour faire le deuil de Sara

Vs'affliger et la pleurer.

...

23,3 Et Abraham se leva

Vs'étant levé de devant son mort

Vl'office funèbre

et

Vil parla aux fils de Hèt

VHeth, disant :

...

23,4 — Je suis un étranger et un hôte

Vun prosélyte et un étranger parmi vous

donnez-moi la possession

Vle droit d'un tombeau chez vous et j'ensevelirai

Vque j'ensevelisse mon mortM de devant moi.

...

23,5 Les

VEt les fils de Hèt

VHeth répondirent à Abraham et lui dirent

Vrépondirent :

...

23,6 — Écoute-nous, Mmon seigneur, tu es un chef de Dieu auprès de nous :

dans le plus beau de nos tombeaux,

Vun de nos tombeaux de choix, ensevelis ton mort

aucun de nous ne te refusera sa tombe

Vet nul ne pourra t'interdire pour 

Vd'ensevelir Vdans son monument ton mort.

...

23,7 MAlors Abraham se leva et se prosterna devant le peuple du pays

Vde [cette] terre

devant

V— à l'évidence, les fils de Hèt

VHeth.

...

23,8 Il

VEt il leur parla en disant

Vdit :

Si c'est votre volonté que j'ensevelisse mon mort de devant moi

VS'il plaît à votre âme que j'ensevelisse mon mort

écoutez-moi et intercédez pour moi auprès de ‘Epᵉrōn

Vd'Éphron, fils de Çōḥar

VSoor

...

23,9 pour qu'il me donne la caverne de Makᵉppēlâ qui est à lui et qui est au bout

Vdouble qu'il possède à l'extrémité de son champ.

Pour une pleine quantité d'argent

Vsa valeur en argent, qu'il me la donne en votre présence

Vlivre devant vous, comme possession du tombeau

Vsépulcre.

...

23,10 Et

VOr, Éphrôn

VEphron habitait au milieu des fils de Hèt

VHeth

et Éphrôn le Hittite

Vil répondit à Abraham aux oreilles des fils de Heth, devant tous

Vde l'ensemble de ceux qui arrivaient

Ventraient par la porte de sa ville

Vcité, disant :

10 ...

23,11 Non

VQu'il n'en soit nullement ainsi, mon seigneur, écoute-moi :

Vmais prête plutôt l'oreille à ce dont je [te] parle :

— Je te donne

Vlivre le champV, et Mje te donne la caverne qui s’y trouve

à toi je la donne, aux yeux des enfants de mon peuple, je te la donne :

Ven présence des fils de mon peuple :

ensevelis ton mort.

11 ...

23,12 MEt Abraham se prosterna devant le peuple du pays

Vde [cette] terre.

12 ...

23,13 Et il parla à Éphrôn

VÉphron aux oreilles du peuple du pays, en disant

Vavec la foule autour :

Si seulement tu m'écoutais,

VJe te demande de m'écouter, je te donnerai l'argent du

Vpour le champ

accepte

Vreçois-le de moi et Vainsi j'ensevelirai mon mort ici

Vdedans.

13 ...

23,14 MEt Éphrôn

VÉphron répondit Và Abraham et lui dit :

14 ...

23,15 — Mon seigneur, écouteM-moi :

une terre de

Vla terre que tu demandes vaut quatre cents sicles d’argent

Vc'est son prix entre moi et toi

mais qu’est-ce que cela ? Ensevelis

Vpour ensevelir ton mort.

V ?

15 ...

23,16 Abraham écouta Éphrôn, et Abraham

VEt Abraham, ayant écouté cela, pesa à Éphrôn l’argent qu’il

Vl’argent qu’Éphron avait dit

Vdemandé aux oreilles des fils de Hèt

VHeth :

quatre cents sicles d’argent ayant cours chez les marchands.

Ven monnaie publique.

16 ...

M G
V
S Sam

23,17 Et le champ d'Éphrôn qui est à Makpéla, en face de Mambré

le champ et la caverne qui s’y trouve et tous les arbres qui sont dans le champ, dans toutes les limites autour

17 Le champ, jadis à Ephron, dans lequel était la caverne double regardant Mambré

aussi bien [le champ] lui-même que la caverne et tous ses arbres dans l'ensemble des bornes du périmètre, fut assuré

17 ...

M V
G S Sam

23,18 Mfut assuré comme possession à Abraham

aux yeux des enfants de Hèt

VHeth, de tous

Vl'ensemble de ceux qui arrivaient

Vpénétraient par la porte de sa ville

Vcité.

18 ...

23,19 Après cela

VEt ainsi, Abraham ensevelit Sara, sa femme, dans la caverne du champ de Makᵉpēlāh

Vdouble

en face de

Vqui regardait Mambré : c'est Hébron, dans le pays

Ven terre de Canaan.

19 ...

23,20 Et le champ et la caverne qui s’y trouvaient furent assurés à Abraham comme possession d'un tombeau

Vsépulcre de la part des fils de Hèt

VHeth.

20 ...

24,1 Et

VOr, Abraham était vieux et avancé en âge

V[âgé] de nombreux jours

et YHWH

Vle Seigneur Vl'avait béni MAbraham en tout.

...

24,2 Et Abraham

Vil dit au plus vieux serviteur de sa maison

qui était à la tête de tout ce qui était à lui

Vqu'il possédait :

— PlaceM, je t'en prie, ta main sous ma cuisse

...

24,3 et je te ferai

Vque je te fasse jurer par YHWH

Vle Seigneur, Dieu du ciel et MDieu de la terre

que tu ne recevras pas de femme pour mon fils chez les filles des Cananéens, parmi lesquels j’habite

...

24,4 mais dans mon pays

Vvers ma terre et dans ma patrie

Vvers ma parentèle tu partiras

prendre

Vet de là tu recevras une femme pour mon fils, Isaac.

...

24,5 Le serviteur Vlui répondit :

Peut-être

VSi la femme ne voudra-t-elle pas me suivre en ce pays

Vn'a pas voulu venir avec moi en cette terre 

devrais-je ramener ton fils dans le pays

Vau lieu d’où tu es sorti ?

 ...

24,6 Abraham Mlui dit : — Garde-toi d'y Vjamais ramener mon fils !

...

24,7 YHWH

VLe Seigneur, Dieu du ciel, qui m’a pris de la maison de mon père et du pays

Vde la terre de ma naissance

qui m’a parlé et qui m’a juré, disant :

— À ta postérité

Vsemence je donnerai ce pays

Vcette terre

lui-même enverra son ange devant toi et tu prendras

Vrecevras de là une femme pour mon fils.

...

24,8 Si

VOr, si la femme ne veut pas te suivre, tu seras dégagé envers moi de ce

Vne seras pas tenu par ce serment

seulement, tu ne feras pas revenir

Vtant que tu ne ramènes là-bas mon fils.

...

24,9 Et le

VLe serviteur plaça Vdonc une main sous la cuisse d’Abraham, son seigneur

et lui jura sur cette parole.

...

24,10 Le serviteur

VEt il prit dix chameaux des chameaux

Vdu troupeau de son seigneur et s'en alla

il avait dans sa main tout le bien de son maître

Vportant avec lui de tous les biens [de son maître]

et il se leva et

Vétant parti,  alla à ’Ăram-Nahăraîm

Vil continua vers la Mésopotamie, jusqu'à la ville de Nahor

VNahor.

10 ...

24,11 Il fit

VAyant fait s'agenouiller les chameaux

hors de la ville

Vdu bourg près d’un puits d'eau, au temps du

Vle soir

au temps où sortent celles qui vont

Vles femmes sortent d'ordinaire pour puiser.

V de l'eau

11 ...

24,12 MEt il dit :

YHWH

VSeigneur, Dieu de mon seigneur Abraham

fais-moi faire,

Vaccours, je te prie

Vsupplie, une rencontre

Vvers moi aujourd’hui et use de bonté envers

Vfais miséricorde à mon seigneur, Abraham.

12 ...

24,13 Voici, Vmoi, je me tiens près de la source d’eau

et les filles des hommes de la ville

Vhabitants de cette cité  sortent

Vsortiront pour puiser de l’eau.

13 ...

24,14 Qu'il arrive

VAlors, que la jeune fille à quiV, moi, je dirai : — Penche ta cruche, Mje te prie, que je boive !

et qui dira

Vrépondra : — Bois donc, et je donnerai à boire à tes chameaux ;

que tu la choisisses

Vqu'elle-même soit celle que tu as préparée pour ton serviteur, Isaac 

et par là je saurai

Vcomprendrai que tu as usé de bonté envers

Vas fait miséricorde à mon seigneur.

14 ...

24,15 Il n’avait pas encore fini de parler

Vachevé de parler en lui-même

et voici, Rébecca sortit

VRébecca sortait

née à Bétuel

Vfille de Bethuel, fils de Milka

VMelcha, femme de Nahor

VNahor, frère d’Abraham

et elle avait

Vtenant une cruche sur son épaule.

15 ...

24,16 La jeune fille était très belle de visage

Vjolie, vierge Vet très belle et aucun homme ne l’avait connue.

Vconnue d'aucun homme.

Et elle descendit

VOr, elle était descendue à la source, remplit

Vavait rempli sa cruche et remonta.

V[s'en] retournait.

16 ...

24,17 Le serviteur courut à sa rencontre

Velle et dit : 

Fais-moi boire, je te prie, un peu

VProcure-moi un petit peu  d'eau de ta crucheV pour étancher ma soif.

17 ...

24,18 Elle

VEt elle répondit :

— Bois, mon seigneur.

Et elle s'empressa d’incliner

VElle déposa rapidement sa cruche sur sa main

Vson coude et elle lui donna à boire.

18 ...

24,19 Elle acheva de lui donner à boire et

VEt alors qu'il avait bu, elle dit

Vajouta :

— Je puiserai aussi de l’eau pour tes chameaux, jusqu’à ce qu’ils aient fini de boire.

Vtous bu.

19 ...

24,20 Elle s'empressa et vida

VEt répandant [l'eau] de sa cruche dans l’abreuvoir

Vles abreuvoirs, et

Velle revint en courant au puits pour puiser Vde l'eau

et elle donna ce qu'elle avait puisé à tous ses

Vles chameaux.

20 ...

24,21 L’homme

VQuant à lui, il la regardait

Vcontemplait en silence

pour

Vvoulant savoir si YHWH

Vle Seigneur avait rendu prospère son chemin, ou non.

21 ...

M G
V
S Sam

24,22 Et il arriva quand Gtous les chameaux eurent fini de boire

 l’homme prit un anneau

Gdes pendants d’or du poids d’un demi-sicle

Gune drachme

et deux bracelets pour ses mains, du

Gde leur poids de dix [sicles] d’or

22 Après que les chameaux burent

l’homme [lui] proposa des pendants d’or pesant deux sicles

et autant de bracelets d'un poids de dix sicles

22 ...

M V
G S Sam

24,23 et il Vlui dit : — De qui es-tu fille ? Indique-le-moiM, je te prie.

Y a-t-il dans la maison de ton père une place pour nous cette nuit

Vdemeurer ?

23 ...

24,24  Elle lui dit

VEt elle répondit : — Je suis fille de Bétuel

VBathuel, fils de Milka

VMelcha, qu’elle enfanta à Nahor

VNahor.

24 ...

24,25 Elle

VEt elle ajoutaV, disant :

— Il y a chez nous de la paille et aussi du fourrage en très grande quantité

et aussi de la place

Vun vaste lieu pour passer la nuit

Vdemeurer.

25 ...

24,26 L'homme s’inclina et se prosterna devant YHWH

Vle Seigneur

26 ...

24,27 et il dit

Vdisant :

— Béni YHWH

Vle Seigneur, le Dieu de mon seigneur Abraham

qui n’a pas abandonné

Vsoustrait sa bonté

Vmiséricorde et sa vérité envers

Và mon seigneur

et moi, dans le chemin, YHWH m’a conduit

Vm’a conduit par un droit chemin à la maison des frères

Vdu frère de mon seigneur.

27 ...

24,28 VAinsi, la jeune fille courut raconter 

Vet annonça  à la maison de sa mère ces choses

Vtout ce qu'elle avait entendu.

28 ...

24,29 Or, Rébecca

VRébecca avait un frère nommé

Vdu nom de Lābān

VLaban

et Laban courut dehors

Vqui sortit en hâte vers l'homme, près de

Vlà où était la source.

29 ...

24,30 Il arriva que, lorsqu'il vit

VEt ayant vu  l’anneau

Vles boucles d'oreilles et les bracelets aux mains de sa sœur

et qu'il entendit

Vayant entendu les paroles de Rébecca, sa sœur, disant

Vrapporter l'ensemble des paroles

 : — L’homme m’a parlé ainsi.

VVoici ce dont l’homme m’a parlé.

Il vint à l'homme et voici qu'il

Vqui se tenait auprès des chameaux, près

Và côté de la sourceV d'eau.

30 ...

24,31 Et il Vlui dit :

— Viens

V— Entre, béni de YHWH

Vdu Seigneur ! Pourquoi te tiens-tu dehors ?

J’ai préparé la maison et une place

Vun lieu pour les chameaux.

31 ...

24,32 Et l’homme entra dans la maison

Vil introduisit l’hôte et délia

Vdébâta les chameaux

et il donna de la paille et du fourrage Maux chameaux et de l’eau pour laver ses pieds

Vles pieds des chameaux et les pieds des hommes qui étaient Vvenus avec lui.

32 ...

24,33 Et il fit placer  devant lui [ce qu'il faut] pour manger

Và sa vue du pain

et il dit : — Je ne mangerai pas avant d'avoir parlé de mon affaire

Vmon propos.

Et il dit

Vlui répondit : — Parle.

33 ...

24,34 Il dit

VMais lui : — Je suisV, dit-il, serviteur d’Abraham.

34 ...

24,35 Et YHWH

Vle Seigneur a bien béni mon seigneur

et il l'a magnifié et il lui a donné des brebis et des bœufs, de l'argent et de l'or, des serviteurs et des servantes, des chameaux et des ânes.

35 ...

24,36 Et Sara, la femme de mon seigneur, a enfanté un fils à mon seigneur dans sa vieillesse

et il lui a donné tout ce qui est à lui

Vqu'il possédait.

36 ...

24,37 Et mon seigneur m’a fait jurer, disant :

— Tu ne prendras

Vrecevras pas de femme pour mon fils parmi les filles des Cananéens, dans le pays

Vla terre desquels j’habite.

37 ...

24,38 Mais tu iras vers

Vcontinueras jusqu'à la maison de mon père

vers ma famille et

Vet, de ma parentèle, tu prendras

Vrecevras une femme pour mon fils.

38 ...

24,39 Et je dis

VQuant à moi, je répondis à mon maître :

Peut-être la femme ne viendra-t-elle pas après.

VEt si la femme n'a pas voulu venir avec moi ?

39 ...

24,40 MEt il me dit :YHWH devant

VLe Seigneur, [me] dit-il, sous le regard de qui je marche

enverra son ange avec toi et fera réussir

Vdirigera ta voie

et tu prendras

Vrecevras pour mon fils une femme de ma famille

Vparentèle et de la maison de mon père.

40 ...

24,41 Alors tu seras dégagé du serment quand

VTu seras innocent de ma malédiction lorsque tu seras arrivé auprès de ma famille,

Vvenu chez mes proches et si on ne te l’accorde pas,

Vet qu'ils ne te [l']auront pas accordée. Mtu seras dégagé du serment.

41 ...

24,42 Et je suis arrivé

VJe suis donc arrivé aujourd’hui à la source et j’ai dit :

YHWH

VSeigneur, Dieu de mon seigneur Abraham

s'il y a pour moi, je te prie, une réussite dans le voyage où je vais

Vsi tu as dirigé la voie dans laquelle je marche à présent  

42 ...

24,43 voici, je me tiens près de la source d’eau

qu'il arrive que

Vet la vierge qui sortira pour puiser et à qui je dirai

Vde l'eau [et qui] aura entendu de moi :

— Donne-moi Vun petit peu d'eau à boireM, je te prie, un peu d'eau de ta cruche

43 ...

24,44 me dise

Vet [qui] m'aura dit : — Bois toi-même

Vtoi aussi, et je puiserai Maussi pour tes chameaux ;

qu’elle-même soit

Vc'est elle-même la femme que YHWH

Vle Seigneur a préparée pour le fils de mon seigneur.

44 ...

M G
V
S Sam

24,45 Avant que j'aie fini de parler en mon cœur

voici que Rébecca sortait, sa cruche sur l’épaule

et elle est descendue à la source et a puisé 

et je lui ai dit :

— Donne-moi à boire, je te prie.

45 Le temps de rouler silencieusement en moi ces [pensées]

apparut Rébecca venant avec sa cruche, qu'elle portait à l'épaule

et elle descendit et puisa de l'eau

et je lui dis :

— Donne moi un peu à boire.

45 ...

M V
G S Sam

24,46 Et elle s'empressa d'incliner sa

Ven hâte elle déposa la cruche de dessus elle

Vson épaule et me dit :

— Bois toi-même

Vtoi aussi, et je donnerai

Vdistribuerai à boire à tes chameauxM aussi.

Et je

VJe bus et elle donna à boire aux

Vabreuva les chameaux.

46 ...

24,47 Et je lui ai demandé, en disant

Vl'interrogeai et dis : — De qui es-tu fille ?

Elle

VEt elle répondit : — Je suis fille de Bétuel

VBathuel, fils de Nahor

VNahor, que lui a enfanté Milka

VMelcha.

Et je mis l'anneau à son nez

Vsuspendis des boucles d'oreilles pour orner sa face et Vje plaçai des bracelets à ses bras

Vmains.

47 ...

24,48 Et je me suis incliné et prosterné

VEt incliné, je me prosternai  devant YHWH

Vle Seigneur, et j’ai béni YHWH

Vbénissant le Seigneur, le Dieu de mon seigneur, VAbraham

qui m'a conduit sur un Vdroit chemin Mde vérité

pour prendre la fille du frère de mon seigneur pour son fils.

48 ...

24,49 Et maintenant

VPour cette raison, si vous usez de bonté

Vfaites [preuve] de miséricorde et de vérité envers mon seigneur, déclarez

Vindiquez-le-moiV. 

sinon, déclarez-le-moi et je me tournerai

VOr, si autre chose vous plaît, dites-le pour que j'aille à droite ou à gauche.

49 ...

24,50 Laban et Bétuel

VBathuel répondirent Met dirent :

—  La chose vient de YHWH

VLa parole est sortie du Seigneur

nous ne pouvons te parler ni en mal ni en bien.

V te parler de rien d'autre hors de son avis.

50 ...

24,51 VoiciV, Rébecca

VRébecca Vest devant toi, prends-la et va

Vpars

et qu’elle soit la femme du fils de ton seigneur, comme YHWH a dit

Vselon la parole du Seigneur.

51 ...

24,52 Et il arriva que lorsque

VEt le Vjeune serviteur d’Abraham entendit leurs paroles, qu'il

V, ayant entendu cela, se prosterna à terre devant YHWH

Vle Seigneur.

52 ...

24,53 Et le serviteur sortit

VAprès avoir apporté des objets

Vvases d’argent et Mdes objets d’or et des vêtements et

V , il les donna à Rébecca

VRébecca Ven cadeau

et il donna de riches

Voffrit des présents à son frère

Vses frères aussi et à sa mère.

53 ...

24,54 Et ils mangèrent et burent ensemble

VAprès le début du festin, mangeant et buvant ensemble, Mlui et les hommes qui étaient avec lui, et ils passèrent la nuit

Vdemeurèrent là. 

et

VOr, se levant au matin, il dit

Vle jeune serviteur parla :

Envoyez

VRenvoyez-moi, Vque j'aille auprès de mon seigneur.

54 ...

24,55 Son frère et sa mère dirent

Vrépondirent :

— Que la jeune fille demeure chez nous [quelques] jours, au moins dix,

Vau moins dix jours, ensuite

Vaprès cela elle partira.

55 ...

24,56 MEt il leur dit : — Ne me retardez

Vretenez pas, Vdit-il, parce que YHWH

Vle Seigneur a fait réussir mon voyage.

Vdirigé ma voie. 

Envoyez

VRenvoyez-moi, que j'aille auprès de

Vje continue jusqu'à mon seigneur.

56 ...

24,57 Ils dirent : — Appelons la jeune fille et interrogeons sa bouche.

Vdemandons-lui sa volonté.

57 ...

24,58 Ils appelèrent donc Rébecca et lui dirent

VAlors qu'elle était venue à leur appel, ils cherchèrent à savoir

Iras-tu

VVeux-tu aller avec cet homme ?

Et elle dit : — J'irai.

58 ...

24,59 Et ils renvoyèrent Rébecca, leur sœur,

VIls la renvoyèrent donc et sa nourrice et le serviteur d’Abraham et ses hommes

Vcompagnons

59 ...

24,60 et ils bénirent Rébecca et lui dirent

Vadressant des prières pour la prospérité de leur sœur et disant :

Toi

VTu es notre sœur :

deviens des

Vque tu croisses en milliers de myriades et que ta descendance possède la porte

Vsemence gagne les portes de ses ennemis !

60 ...

24,61 Et

VAlors, Rébecca

VRébecca et ses servantes

Vjeunes filles se levèrent et montèrent

Vmontées sur les chameaux et allèrent après

Vsuivirent l'homme

et le serviteur prit Rébecca et s'en alla.

Vqui retournait en hâte à son seigneur.

61 ...

M V
G
S Sam

24,62 Isaac était arrivé du

VEn ce temps-là, Isaac se promenait sur la voie qui mène au  puits de Laḥay-Rō’î

Vdont le nom est « du Vivant et du voyant »

et

Vcar il habitait dans le pays du midi

Ven terre australe.

62 ...

62 ...

M V
G S Sam

24,63 Et Isaac

Vil était sorti pour méditer dans les champs

Vun champ au retour du soir

Vaprès le déclin du jour

et il leva les yeux et il vit et voici

V, ayant levé les yeux, il vit des chameaux qui arrivaient

Vvenant au loin.

63 ...

24,64 Et Rébecca leva aussi ses yeux et vit 

VEt de même Rébecca, à la vue d'Isaac et elle

V, descendit de Mson chameau

64 ...

24,65 et elle dit au Vjeune serviteur : — Qui est cet homme qui vient dans les champs

Và travers champs à notre rencontre ? 

Le serviteur

VIl lui dit : — C’est mon seigneurV lui-même.

Et elle prit son voile et

VMais elle, levant vivement son voile, se couvrit.

65 ...

24,66 Et le

VQuant au serviteurV, il raconta à Isaac toutes les choses

Vl'ensemble de ce qu’il avait faites

Vmené à bien.

66 ...

24,67 Et Isaac la conduisit

VIl l'introduisit dans la tente de Sara, sa mère, et il prit Rébecca et elle devint sa

Vla reçut pour femme

et il l'aima et Isaac se consola après sa mère.

Vla chérit tant que la douleur qui lui était venue de la mort de sa mère s'adoucît.

67 ...

25,1  VMais Abraham pritM encore uneV autre femme qui s'appelait

Vdu nom de « Qᵉṭûrâ »

V« Quétura » [Cetthura]

 ...

25,2 et elle lui enfanta Zimrān

VZamran, Yāqšān

VJexan [Iexan], Mᵉdān

VMadam, Midyān

VMadian, Yišboq

VJesboc [Iesboch] et Šûḥa

VSué

...

M V Sam
G S

25,3 Yoqshân

VJecsan Vaussi engendra Šᵉvā'

VSaba et Dᵉdān

VDadan 

les fils de Dedân

VDadan furent les 'Aššûrim

VAssurim et les Lᵉṭûšim

VLathusites et les Lᵉ'ūmîm.

VLoomites.

...

25,4 Les fils de Madiân furent ‘Éphâ, ‘Ēpher, Ḥănōk, 'Ăvîdā‘ et 'Eldā‘â

VEt de Madian sont nés Épha, Opher, Hénoch, Abida et Eldaa .

Ce sont là tous

VTous ceux-là [étaient] les fils de Cétura.

- ...

25,5 VEt Abraham donna tous ses biens

Vtout ce qu'il avait possédé à Isaac.

...

M V
G S Sam

25,6 Aux

VQuant aux fils de ses concubines, Abraham donna

Vprodigua des dons

et Mde son vivant, il les envoya loin

Vsépara de son fils Isaac Vtant que lui-même vécut, à l’orient, au pays d’Orient.

Vvers la région orientale.

...

M V Sam
G S

25,7 Voici le compte des années de vie que vécut Abraham :

VLes jours de sa vie furent cent soixante-quinze ans.

...

25,8 VEt, perdant ses forces, Abraham M Samexpira et mourut dans une M Samheureuse vieillesseV comblée

âgé et comblé

Vet d'un âge avancé et empli de jours

et il fut réuni à ses aïeux.

Vson peuple.

...

M V
G S Sam

25,9 Et Isaac et Ismaël, ses fils, l’enterrèrent

dans la caverne de Makpéla,

Vdouble, qui est située dans le champ d’Éphrôn

VÉphron, fils de Çohar

VSoor le Hittite

Vl'Hettéen, qui est en face

Vde la région de de Mambré

...

M V Sam
G S

25,10 M Samle champ qu’Abraham

Vil avait acheté aux fils de Hèt

VHeth.

Vil fut enterré Abraham, avec

M Samlui-même, et Sara, sa femme.

10 ...

25,11 Après

M VEt après la mort d’Abraham,

Vde celui-ci, Dieu bénit Isaac, son fils

et Isaac

Vqui habitait près du puits de Laḥay-Rō'î.

Vdu nom du Vivant-et-du-voyant. 

11 ...

25,12 Voici la descendance

Vles générations d’Ismaël, fils d’Abraham

qu’

Vque lui enfanta Agar l’Égyptienne, servante de SaraM Sam, avait enfanté à Abraham.

12 ...

25,13 Voici

VEt voici les noms des fils d’Ismaël,

Vde ses fils, selon les noms de leurs postérités :

Vd'après ses noms et générations :

premier-né d’Ismaël, Nᵉvāyōth

VNabaioth

Vensuite Quédar et Abdeel et Mabsam

13 ...

25,13 Voici

VEt voici les noms des fils d’Ismaël,

Vde ses fils, selon les noms de leurs postérités :

Vd'après ses noms et générations :

premier-né d’Ismaël, Nᵉvāyōth

VNabaioth

Vensuite Quédar et Abdeel et Mabsam

13 ...

25,14 puis Qᵉdār, 'Adbᵉ'ēl, Mivśām, Mišmā‘, Dûmâ, Maśśā', Ḥădad 

VMasma aussi et Duma et Massa 

14 ...

25,15 Thémā'

VAdad et Thema

Yᵉṭûr, Nāphîš et Qēdmâ.

VItur et Naphis et Cédma.

15 ...

25,16 Voilà les fils d’Ismaël

Vet voilà leurs noms selon leurs villages et leurs campements

ce furent les douze chefs de leurs tribus.

16 ...

25,17 Voici les

VLes années de vie d’Ismaël : cent trente-septM Sam ans

puis il expira et

Vperdant ses forces, il mourut et il fut ajouté à son peuple.

17 ...

25,18 Ses fils habitèrent

Il habita depuis Hévila jusqu’à Sur aux confins de

Vqui regarde l’Égypte jusqu'à Ashour

Vpour ceux qui entrent en Assyrie

chacun face à

Ven présence de tous ses frèresV, il mourut.

18 ...

25,19 Voici la famille

Vaussi les générations d’Isaac, fils d’Abraham

Abraham fit enfanter

Vengendra IsaacM,

19  ...

M V
G S Sam

25,20 Isaac était âgé de

Vqui, lorsqu'il avait quarante ans

Mquand il prit pour femme Rébecca, fille de Bétuel l’araméen,

Vle syrien, de Paddan-'Ărām,

VMésopotamie, et sœur de LabanM, l’araméen.

20  ...

M V Sam
G S

25,21 Isaac

VEt il implora YHWH

Vle Seigneur pour sa femme, car 

Vparce qu'elle était stérile.

YHWH

VEt il l’exauça

et Rébecca, sa femme, devint enceinte.

Vil donna à concevoir à Rébecca.

21 ...

M G
V
S Sam

25,22 Et les enfants se heurtaient dans son sein

Gfaisaient en elle des bonds 

et elle dit : — S’il en est ainsi

Gdoit être ainsi pour moi, pourquoi cela [arrive-t-il] à moi ?

 Et elle alla consulter YHWH

Gauprès du Seigneur

22 Mais les tout-petits se heurtaient dans son sein

et elle dit : — Si le futur devait être tel pour moi, pourquoi était-il nécessaire de concevoir ?

Et elle mena à son terme pour consulter le Seigneur

22 ...

M G V
S Sam

25,23 et YHWH lui

Get le Seigneur lui

Vqui, répondant, dit :

 

— Deux nations G Vsont dans ton sein

Gventre

 

et deux peuples se sépareront hors de tes entrailles

Gton sein

 

et un peuple sera plus fort qu'

Vl'emportera sur un [autre] peuple et le plus grand servira le plus petit.

23 ...

M V Sam
G S

25,24 Le

VDéjà le temps où elle devait enfanter

Vd'enfanter arriva

et voici, il y avait des jumeaux dans son sein.

24 Le temps où elle devait enfanter arriva

et voici, il y avait des jumeaux dans son sein.

M Sam
G S
V

25,25 Celui qui sortit le premier était roux, tout velu comme un manteau de poil

et ils l’appelèrent « ‘Ēśāw »

25 ...

25 Celui qui sortit le premier était roux, tout velu comme un manteau de poil

et ils l’appelèrent « Ésaü »

après quoi, son frère sortit tenant dans sa main le talon d'Ésaü

on l'appela « Jacob »

25,26 après quoi sortit son frère, tenant dans sa main le talon d’Ésaü

on l'appela Ya‘ăqōv.

Isaac était âgé de soixante ans quand ils naquirent.

26  ...

26 Isaac était sexagénaire quand les tout-petits naquirent.

M V Sam
G S

25,27 Ces garçons grandirent.

VLorsqu'ils furent adultes, Ésaü devint un habile chasseur,

Vhomme habile à la chasse et un homme des champs 

mais

Vquant à Jacob était

V, en  un homme paisible, qui restait près des

Vsimple, il habitait dans les tentes.

27 ...

25,28 Isaac prit en affection

Vaimait Ésaü parce qu’il aimait la venaison

Vse nourrissait des chasses de celui-ci 

Vet Rébecca aimait

Vpréférait Jacob.

28  ...

25,29 Comme

VMais Jacob faisait

Vfit cuire un bouillon

Vet  Ésaü arriva des champs, épuisé de fatigue.

V, lorsqu'il revint fatigué du champ, lui dit : 

29 ...

25,30 M SamÉsaü dit à Jacob :

Laisse-moi donc manger

VDonne-moi de ce roux, de ce roux-là,

Vde la concotion, celle-là, rousse, car je suis Vextrêmement fatigué.

C'est pour cette raison qu'il est nommé

VPour cette raison, son nom est appelé  'Ĕdôm [« le Roux »].

VÉdom.

30  ... 

25,31 Jacob répondit :

VEt Jacob lui dit : — Vends-moi M Samtout de suite le droit d'aînesse

31 ...

25,32 Ésaü

VCelui-ci répondit : — Voici que je vais mourir : à quoi bon

Và quoi me servira mon droit d’aînesse ? 

32   ...

25,33 Jacob dit : — Aujourd'hui,

VDans ce cas, jure-le-moi.

ÉsaüM Sam le lui jura et vendit son droit d’aînesseM Sam à Jacob.

33 ...

25,34 Alors Jacob donna à Ésaü

VEt ainsi, ayant reçu du pain et un plat de lentilles, celui-ci

Vil mangea et but

puis il se leva et s’en alla. Ésaü méprisa le droit d’aînesse.

Vpuis il s'en alla, faisant peu de cas de ce qu'il avait vendu son droit d'aînesse.  

34 ...

Texte

Genres littéraires

22,16ss Oracle prophétique Au cœur du récit, le serment divin relève du genre littéraire de l’oracle prophétique, comme le souligne l’expression nᵉʼūm yhwh.

Réception

Tradition chrétienne

22,9b l'autel La croix L’Épître de Barnabé relie clairement le sacrifice du Christ sur l’autel de la Croix avec l’autel du sacrifice d’Isaac :

  • Barn. 7,3 « parce qu’il [= le Seigneur] devait offrir lui-même, pour nos péchés, le vase de l’Esprit en sacrifice, afin que la préfiguration (manifestée) en Isaac offert sur l’autel fût accomplie ».

Texte

Vocabulaire

22,3b jeunes hommes Sens C'est-à-dire « serviteurs ». Tradition juive Gn 25,3b

Texte biblique

22,12b et que tu n’as pas épargné Raison Le « et » peut avoir ici un sens explicatif (c’est-à-dire).

Grammaire

22,12b et que tu n’as pas épargné Raison Le « et » peut avoir ici un sens explicatif (« c’est-à-dire »).

22,18a seront bénies Modalité La forme hébraïque wᵉhitbārăkû peut avoir un sens réfléchi ou réciproque.

Procédés littéraires

22,13s Narration : dénouement Abraham accomplit bien l’ordre divin, mais au second sens : sur la montagne il offre un holocauste en présence d’Isaac. Il nomme ensuite le lieu, interprétant ce qu’il y a vécu : « Dieu voit ».

22,15–18 Narration : transformation finale Le narrateur complète le dénouement : Dieu a également été vu d’Abraham, qui reçoit la confirmation de l’abondante bénédiction divine, avant de rentrer à Beersheva, apparemment sans Isaac, fils désormais à distance de son père.

Contexte

Milieux de vie

22,2b holocauste Type de sacrifice où la victime est entièrement consumée sur l’autel (pour le rituel sacerdotal, voir Lv 1). Il correspond à une offrande totale à Dieu. Comparaison des versions Gn 25,2b

Texte

Critique textuelle

22,1 (S) Intertitre Avant le début de la péricope, le Codex Ambrosianus lit « L'épreuve d'Abraham » (nsywnh d’brhm).

Vocabulaire

22,19b Beersheva Étymologie Plusieurs interprétations existent pour le toponyme Beersheva (Repères historiques et géographiques Gn 25,19b) :

Réception

Tradition juive

22,3b jeunes hommes Identification

Intertextualité biblique

22,11–18 Parallèle avec Hagar et Ismaël En Gn 21,15-19, confrontée à la mort imminente de son fils, Hagar est elle aussi témoin de l’intervention du messager divin qui est source de salut pour son fils et elle.

Littérature péritestamentaire

22,1b Dieu éprouva Abraham À l'instigation de Mastéma Jub. 17,15-18,12 reprend le récit biblique d’assez près, mais la mise à l’épreuve d’Abraham résulte d’un défi lancé à Dieu par le prince Mastéma — le diable. Comme dans le livre de Job, Mastéma prétend qu’Abraham préfère son fils à Dieu ; si celui-ci lui demande sa vie en holocauste, on verra bien les limites de sa fidélité apparente. L’enjeu du récit est clairement campé : il s’agit bien de faire la preuve de la fidélité sans faille du patriarche et de l’amour sans partage qu’il porte à son Seigneur.

Tradition juive

22,10 Coopération d'Isaac Dans Tg. Neof. et Tg. Ps.-J., le récit insiste dès lors non seulement sur la foi d’Abraham, mais aussi sur la disponibilité volontaire d’Isaac qui demande à être lié pour éviter qu’en se débattant, il se cogne et ne devienne une victime indigne de Dieu.

22,12

Texte anti-sacrificiel

Sacrifice réel

  • Selon Yal. 1,107, le sacrifice d’Isaac est monté en « parfum d’apaisement » ; il a donc été réel, même si le sang n’est pas indiqué. « À la place de son fils » (v.13b) peut se comprendre « après ».

Tradition chrétienne

22,2c sur une des montagnes Montée spirituelle Pour Origène, l’ascension de la montagne par Abraham symbolise le pèlerinage spirituel continu du croyant vers le ciel :

  • Origène Hom. Gen. 8,3 « [Abraham] est donc envoyé “dans la région élevée” ; mais, à un patriarche qui va accomplir pour le Seigneur une si grande action, il ne suffit pas d’une région élevée ; ordre lui est donné de gravir encore la montagne, c’est-à-dire, soulevé par la foi, de délaisser les choses terrestres et monter vers celles d’en haut. »

22,4 le troisième jour

Le sceau baptismal

Clément d’Alexandrie relie cette expression au sacrement du baptême :

  • Clément d’Alexandrie Strom. 5,73,2 « Les trois jours pourraient être aussi le signe du sceau baptismal, par lequel on croit à celui qui est réellement Dieu. »

Topos biblique

Origène, pour sa part, parle en termes plus larges et applique l’expression à toutes sortes de mystères divins en général :

  • Origène Hom. Gen. 8,4 « Le troisième jour est en tout temps particulièrement propice aux mystères : lorsque le peuple fut sorti d’Égypte, c’est le troisième jour qu’il offre un sacrifice à Dieu et le troisième jour qu’il se purifie ; la résurrection du Seigneur a lieu le troisième jour. »

22,10a Disposition d'Abraham Cyrille d’Alexandrie explique l’attitude d’Abraham dans le moment crucial du récit et souligne son entière confiance en Dieu :

  • Cyrille d’Alexandrie Glaph. Gen. 3 « Abraham était dans de telles dispositions, et son esprit était si prêt, qu’il ne tint pas compte de son amour pour son fils et n’hésita pas à le sacrifier. Et ce qu’il y a de plus admirable, c’est qu’il ne cessa pas d’espérer qu’en ce même fils il deviendrait le père d’une multitude de nations ; car il savait que Dieu ne peut mentir. Il conduisit donc son fils au sacrifice, ne doutant pas de la vérité des promesses, s’en remettant à Dieu de la manière dont celui-ci tiendrait son serment. »

22,12a ne lui fais rien Révélation du dessein divin À ce moment de l’intrigue, les intentions de Dieu sont révélées et Pierre Chrysologue commente :

  • Pierre Chrysologue Serm. 1 « La droite du père fut arrêtée, le glaive du père fut détourné, car Dieu ne cherchait pas la mort du fils mais éprouvait la charité du père : il n’attendait pas le sang du fils, alors que toute la victime consistait dans l’amour du père. »

22,13a un bélier retenu dans un buisson Le Christ couronné d'épines Isaac n’est pas le seul type préfigurant le Christ, pour Augustin il en est de même du bélier :

  • Augustin d’Hippone Civ. 16,32,1 « Enfin, parce qu’Isaac ne devait pas être immolé, après que son père fut empêché de le frapper, qui était donc ce bélier dont l’immolation acheva le sacrifice par l’effusion d’un sang symbolique ? Il était retenu par les cornes dans un buisson quand Abraham le vit. Que figurait-il donc, sinon Jésus couronné par les épines des Juifs avant d’être immolé. »

Théologie

22,17s Promesse de postérité et de bénédiction Ce passage est une étape importante dans l’accomplissement de la promesse d’une descendance, qui domine les récits patriarcaux. Isaac est pleinement rendu à son père et désormais celui-ci a l’assurance d’un futur heureux pour la postérité d’Isaac. Plus largement, toutes les nations de la terre deviennent les bénéficiaires de la bénédiction divine accordée à Abraham. C’est pourquoi les effets de l’obéissance d’Abraham transcendent les frontières limitées d’Israël et revêtent une signification universelle, qui sera reprise par les auteurs de l’AT :

  • CEC 1819 « L’espérance chrétienne reprend et accomplit l’espérance du peuple élu qui trouve son origine et son modèle dans l’espérance d’Abraham comblé en Isaac des promesses de Dieu et purifié par l’épreuve du sacrifice (cf. Gn 17,4-8 ; 22,1-18). "Espérant contre toute espérance, il crut et devint ainsi père d’une multitude de peuples" (Rm 4,18). »

Texte

Procédés littéraires

22,14 YHWH verra + YHWH il serra vu — Jeu de mots Le jeu sur deux formes du verbe « voir » (actif et passif) dans la nomination du lieu au v.14 met en évidence l’essentiel de ce qui s’est passé : une rencontre, un échange de regard entre Abraham et le Seigneur.

Contexte

Textes anciens

22,1–19 Caractérisation individuelle des personnages : nouveauté dans le cadre des littératures antiques Le fameux livre d’Erich Auerbach, Mimesis (1946), s’ouvre sur une comparaison de la scène de reconnaissance d’Ulysse (Homère Od. chant 19) avec l’épisode de la Genèse qui nous occupe :

  • Le texte d’Homère offre une description détaillée, centrée sur les circonstances externes du récit, où tous les événements occupent un premier plan et le caractère des personnages semble prédéterminé.
  • Inversement, le style de Gn 22, avare de circonstances, laisse dans l’ombre de nombreux éléments psychologiques qui permettent de deviner un arrière-plan, une épaisseur temporelle des actants. Tout favorise l’émergence de sens symboliques ajoutés au sens littéral des événements racontés dans le récit de Gn 22. Ces caractères entraînent la nécessité d’interpréter, ce qu’ont fait de nombreuses œuvres littéraires, picturales et musicales. Littérature Gn 25,1–19

Texte

Procédés littéraires

22,16a.19b je l'ai juré + à Beersheva — Jeu de mots Après le serment de Dieu (v.16a nišba‘tî), l’insistance sur le nom du lieu où Abraham va demeurer (v.19b bᵉ’ēr šāba‘ ; cf. G « puits du serment ») souligne un jeu de mots. Vocabulaire Gn 25,19b

Réception

Tradition chrétienne

22,1–19 Typologie Dès l’Épître de Barnabé, la tradition ancienne a lu dans ce récit une illustration de l’obéissance d’Abraham et de sa puissance prophétique, mais aussi et surtout l’anticipation de la Passion du Christ préfigurée par le sacrifice d’Isaac. Les Pères de l’Église concentrent leur attention sur différents aspects de la réalité théologique préfigurés par les types que sont Abraham et Isaac.

Abraham

Irénée souligne deux qualités importantes d’Abraham.

  • D’abord, il fut un homme de foi : Irénée de Lyon Haer. 4,5,5 « Par le Verbe, Abraham avait été instruit sur Dieu, et il crut en lui : aussi cela lui fut-il imputé à justice par le Seigneur, car c’est la foi en Dieu qui justifie l’homme. »
  • En second lieu, Abraham fut un prophète et vit dans le sacrifice de son fils le sacrifice à venir du Fils de Dieu : Irénée de Lyon Epid. 44 « Et comme Abraham était prophète, il voyait ce qui devait arriver dans l’avenir, à savoir que, revêtu de la forme humaine, le Fils de Dieu, dans un premier temps, s’entretiendrait avec les hommes. »

Le parallèle entre Abraham et Dieu est un thème bien développé par Éphrem :

  • Éphrem le Syrien Comm. Gen. 7,9-13 « En ce sens que Abraham a donné tout son amour à Dieu à travers son fils, Dieu a donné tout son amour à travers son premier-né. Et parce que Abraham a souffert, pour l’amour de Dieu, pendant qu’il sacrifiait son fils, Dieu a supporté les transgressions de la tribu d’Abraham pour l’amour d’Abraham. »

Isaac

  • Clément d'Alexandrie Paed. 1,5,23,1-2 « Isaac […] est le type du Seigneur : enfant en tant que fils — puisqu’il était le fils d’Abraham comme le Christ est le fils de Dieu — victime comme le Seigneur. Mais il ne fut pas consumé, comme le fut le Seigneur. Isaac se borna à porter le bois du sacrifice, comme le Seigneur celui de la croix. […] Non seulement, donc, [Isaac] réservait comme c’est naturel le premier rang de la souffrance au Logos, mais de plus, en n’étant pas immolé, il désigne symboliquement la divinité du Seigneur. »

→L’agonie de Jésus et la ligature d’Isaac

Texte

Grammaire

22,3a s’étant levé (G) Usage aspectuel du participe Suivant les préférences de la syntaxe grecque, G remplace souvent par un participe le temps narratif de certains verbes de M : v.3-5.9.13.19.

Procédés littéraires

22,1b que Dieu éprouva Abraham Incise entre la protase temporelle et l’apodose qui commence au v.2.

Vocabulaire

22,12b épargné ... pour son profit (lexique économique) Le verbe hébreu ḥśk a le sens économique de mettre de côté pour soi.

22,12a N'étends pas ta main Connotation agressive Litt. « N'envoie pas ta main ». L’expression peut servir à décrire une agression.

Procédés littéraires

22,1–19 Structuration du texte : répétitions et refrains La série prendre—aller—voir—holocauste se répète à plusieurs reprises dans le récit : dès le v.2, c’est l’ordre donné par Dieu à Abraham (en lisant Moriyya comme « vision »), programme ensuite réalisé, ce que souligne la répétition des mots (cinq fois chacun après le v.2).

Avec le refrain « ils allèrent… ensemble » aux v.6.8.19, les dix occurrences du mot « fils » et des noms divins (cinq fois « Seigneur » et cinq fois « Dieu ») et les deux appels semblables aux v.2.11 (avec un écho au v.15), ces répétitions contribuent à l’unité du texte et servent de repères pour sa structuration.

Contexte

Repères historiques et géographiques

22,19b Beersheva Identification Le lieu est un endroit bien identifié, au nord du désert de Juda, et bien connu des traditions patriarcales (Gn 21,14-33 ; 26,23.33 ; 28,10 ; 46,1.5). Vocabulaire Gn 25,19b

Réception

Tradition juive

22,13a cornes Immobilisation en vue de conversion

  • Yal. 1,101 : Israël est toujours dans le péché, mais grâce aux cornes, comme le bélier, il est embrouillé, immobilisé, puis sauvé et présenté à Dieu (jeu de mots sur « corne de salut » ; cf. Ps 18,3 ; Lc 1,69).

Mystique

22,2c.14b une des montagnes + la montagne — Lieu de révélation La montagne est un lieu privilégié pour la rencontre de Dieu : mont Moriyya, mont Sinaï, mont du Temple, mont de la Tentation, mont de la Transfiguration, Golgotha, mont de l’Ascension. La tradition carmélitaine voit dans l’ascension au mont Carmel un symbole de la vie spirituelle, mais non exclusif :

  • Jean de la Croix Subida 3,42,5-6 : Parmi les « lieux propres à la dévotion » figurent « ceux dont Dieu a fait choix pour y être invoqué et servi. Tel est le mont Sinaï, où il donna la loi à Moïse (Ex 24,12) ; le lieu qu’il désigna lui-même à Abraham pour y sacrifier son fils (Gn 22,2) […]. Pour quel motif Dieu fit-il choix de ces lieux, de préférence à d’autres, pour y recevoir des louanges ? Lui seul le sait. Ce dont nous devons être persuadés, c’est qu’il agit ainsi pour notre avantage et parce qu’il veut exaucer là nos prières, comme partout où nous l’implorons avec foi. »

Psychologie

22,1–19

Un épisode aussi présent que refoulé

L'épisode hante la réflexion des fondateurs de la psychologie des profondeurs au point d'y être refoulé, ou théorisé sans être nommé.

  • Freud Totem : Dans l'analyse des fondements du monothéisme, l'accent porte sur la figure du fils sacrifiant son père, en lien avec sa conception du complexe d'Œdipe (bien que la légende grecque commence avec l'attentat de Laïus contre la vie de son fils). L'exemple d'Abraham et Isaac aurait pu apporter de sérieux correctifs à cette thèse centrale mais dans sa réflexion sur le judaïsme, Freud ne s'y attache guère : il se concentre sur Moïse (Freud Moses). Abraham demeure un angle mort dans la réflexion freudienne.
  • Jung Sacrifice : Le sacrifice est une pulsion venue de l'inconscient, ce qui rend l'acte de sacrifier psychologiquement impossible : l'ego ne peut pas décider de faire un sacrifice. Quand un acte de sacrifice a lieu, c'est le symptôme de processus de transformation en cours dans l'inconscient, mais dont les contenus et les sujets restent inconnus. En tant que tel, du fait qu'on ne peut faire dériver l'inconscient de la sphère du conscient, le sacrifice échappe donc à une intelligibilité maîtrisée par l'ego (dimension de mystère). Le cœur du sacrifice, consiste pour le conscient à remettre ses pouvoirs et ses possessions à l'inconscient. Le sacrifice est ainsi un symbole de la thérapie : tandis que le moi conscient ou ego ne peut/veut pas s'y soumettre, elle a lieu, et permet au Moi transcendantal (avec sa composante inconsciente) d'imposer à l'ego le renoncement à ses prétentions, au nom d'une autorité plus grande qui permet à ce Moi de grandir. Tout progrès du Moi requiert que l'ego se sacrifie à quelque chose de plus grand que lui. Ne peut-on pas lire en filigrane une interprétation allégorique du sacrifice d'Abraham ? 

Cf. Spitzer Anais N., « Abraham and Isaac », dans Adams Leeming David, Wood Madden Kathryn, Marlan Stanton (éd.), Encyclopedia of Psychology and Religion: L-Z (Springer Reference), London : Springer, 2010, 1-3.

Exploration de la complexité de la relation entre parents et enfants

De nombreux auteurs contemporains font appel aux sciences humaines pour relire le récit de la ligature d’Isaac. En voici quelques exemples :

  • Marie Balmary (1986) lit le passage en fonction de son expérience psychanalytique clinique. Elle partage avec Rachi (Tradition juive Gn 25,2b) la conviction que Dieu ne veut pas le sacrifice d’Isaac. Il veut seulement que le fils d’Abraham soit « élevé » sur la montagne en sacrifice symbolique. Abraham ne comprend pas la demande divine par impossibilité de considérer Isaac comme une personne individuelle : inconsciemment il refuserait que son fils pût un jour lui ravir sa place et vivre pour lui-même. Pour lui, sacrifier son fils signifie tuer Isaac. Dieu vient libérer Abraham de cette limite psychologique en lui montrant la possibilité d’un sacrifice de substitution : le bélier mâle, symbole de la paternité d’Abraham. C’est sa paternité mal comprise qui doit être sacrifiée, pour qu’Isaac devienne un homme adulte et libre.
  • Poussant plus loin la rêverie anthropologique, Jo Cheryl Exum (1985) développe à la manière féministe une ligne d’interprétation présente dans Tanḥ. (Par. Uayira 23). Elle s’interroge sur l’absence de Sara : la matriarche a perdu son fils chéri au profit de son père, et sa propre mort a peut-être bien été causée par ce qui est arrivé à Isaac au mont Moriyya.
  • De même pour Phyllis Trible (1991), le récit serait gros d’une rhétorique divine visant à guérir les parents de toute possessivité idolâtrique vis-à-vis de leurs enfants. Abraham et Sara ainsi libérés inviteraient le lecteur moderne à s’approprier le récit en toute liberté, rendant à Dieu la place d’honneur dans l’effort interprétatif.

Texte

Critique textuelle

22,6 (S) Omission Le Codex Ambrosianus (7a1), probablement par haplographie de « et il prit », a seulement cette leçon brève : « Et il prit dans sa main le feu et le couteau et ils s'en allèrent tous deux ensemble ».

Procédés littéraires

22,17b possédera la porte Lexème métaphorique militaire L'expression désigne une victoire, la porte étant le point stratégique essentiel d’une ville (Comparaison des versions Gn 25,17b). Le verbe « posséder » peut être traduit également « hériter », sens qui atténue la connotation guerrière, l’expression signifiant alors « recevoir une place stratégique au cœur de l’ennemi ».

Réception

Intertextualité biblique

22,18a en ta semence seront bénies toutes les nations de la terre Accomplissement néotestamentaire : l'adoption des gentils Phrase citée en Ac 3,25 et Ga 3,8-9 à propos de l’ouverture aux nations de l’alliance avec Abraham.

Tradition chrétienne

22,14a le Seigneur voit (V) spirituellement Origène continue son exégèse spirituelle de Gn 22 et explique que la dernière partie du récit contient, en même temps, la clé de sa propre compréhension : 

  • Origène Hom. Gen. 8,10 « La voie de l’intelligence spirituelle est manifestement ouverte. Car tous ces actes aboutissent à la vision. Et de fait il est dit que “le Seigneur voit”. Mais la vision que le Seigneur voit est spirituelle, pour que toi aussi tu envisages spirituellement les choses de l’Écriture. »

Propositions de lecture

22,1–19 Le « sacrifice d'Abraham » et la « ligature d'Isaac »

Réception traditionnelle

Sens cultuel

Les principales traditions d’interprétation juives et chrétiennes de ce récit y lisent un enseignement sur le sacrifice et sur le culte. Les Écritures elles-mêmes identifient le mont Moriyya avec le mont du Temple à Jérusalem, enrichissant ainsi la résonance historique et théologique de ce lieu et du culte qui y est rendu et le légitimant par sa continuité avec la justice d’Abraham.

Importance pour les trois monothéismes

Dans les trois traditions, le récit est le support de célébrations liturgiques importantes (Liturgie Gn 25,1–19 ; Islam Gn 25,1–19 : Rite).

Sens moral et anthropologique

Lu isolément, le récit souligne l’obéissance d’Abraham qui accepte de sacrifier son fils. Dans le contexte du cycle d’Abraham, c’est sa foi qui est mise en relief, puisqu’il a reçu la promesse d’une vaste postérité malgré la stérilité de Sara : Dieu est plus grand que tout obstacle. En référence à la prohibition biblique des sacrifices d’enfants (Intertextualité biblique Gn 25,10 ; Tradition juive Gn 25,12) et à l’obligation de racheter le premier-né, le récit devient une pédagogie divine montrant qu’au-delà de toute loi, les droits de Dieu restent absolus, même au regard des liens familiaux (Théologie Gn 25,1–19). Plus généralement, il rappelle le fait que le père n’est pas propriétaire de ses enfants : dès Gn 2,24, l’homme sait qu’il doit quitter son père et sa mère pour s’attacher à sa femme.

Même s’ils sont éloignés des lectures théocentriques, les modernes continuent de lire ce récit, dont ils explorent les dimensions anthropologiques et morales (Littérature Gn 25,1–19). Époque contemporaine : preuve que l’histoire d’Abraham et d’Isaac parle à toutes les époques, comme en témoigne sa très riche réception artistique, dont on ne peut donner ici qu’un aperçu : Arts visuels Gn 25,1–19 ; Musique Gn 25,1–19.

Structure

Le texte est composé de deux séquences :

V.1-14

Les v.1-14 présentent un récit très unifié grâce à une structure concentrique (Procédés littéraires Gn 25,1–19) et à la répétition régulière d’une même séquence de termes (prendre, aller, voir, holocauste) qui, au v.2, précise le programme donné à Abraham par Dieu, un programme effectivement réalisé au v.13, quand il offre en holocauste le bélier qu’il a trouvé. Il présente trois sections :

  • La première (v.1-5) et la troisième (v.11-14) comportent chacune trois segments parallèles (appel dialogué et ordre divin ; actions d’Abraham ; parole d’Abraham sur le « lieu »).
  • Le centre (v.6-10) est disposé en trois segments séparés par le refrain « et ils (s’en) allèrent tous deux ensemble » laissant au cœur le bref dialogue entre le père et son fils.
V.15-19

L’oracle final des v.15-19 (Genres littéraires Gn 25,16ss) est inattendu au plan narratif, mais il est bien chevillé au récit. Il a une structure concentrique autour de la bénédiction solennelle (v.17-18a) encadrée par sa motivation (v.16b et v.18b).

Hypothèses sur l’histoire du texte

Les commentateurs identifient d’ordinaire la narration des v.1-14.19 comme un récit de fondation d’un sanctuaire (voir la pointe au v.14), réutilisé par la suite à condamner les sacrifices humains en Israël. Dans son contexte actuel, il souligne clairement la foi d’Abraham.

Les v.15-18 auraient été ajoutés au récit pour renforcer l’unité de l’ensemble du cycle d’Abraham au moyen de la thématique de la bénédiction (Gn 12,2-3 ; 14,19-20 ; 17,16.20 ; 18,18 ; 24,1.27.31.48.60).

Intertextualité biblique

22,1–19 Abraham, type du croyant

Dans l'AT

Si 44,20 insiste sur la fidélité d’Abraham dans l’épreuve. Selon Sg 10,5 la Sagesse le « conserva sans reproche devant Dieu et le garda fort contre sa tendresse pour son enfant ».

Dans le NT

Le NT souligne de même la foi sans faille du patriarche : pour He 11,17-19, c’est la foi au Dieu dont la puissance donne la vie aux morts : « Par la foi, Abraham, mis à l’épreuve, a offert Isaac, et c’est son fils unique qu’il offrait en sacrifice, lui qui était le dépositaire des promesses, lui à qui il avait été dit : C’est par Isaac que tu auras une postérité. Dieu, pensait-il, est capable même de ressusciter les morts ; c’est pour cela qu’il recouvra son fils, et ce fut un symbole ». Pour Jc 2,21, Abraham est le modèle de la foi corroborée par les œuvres.

Tradition juive

22,1a ces choses = une querelle entre Ismaël et Isaac Gen. Rab. 55,4 et Tg. Ps.-J. expliquent la demande divine par une dispute entre Ismaël et Isaac. Le premier se dit plus juste car il a volontairement accepté la circoncision à l’âge de 13 ans, alors qu’Isaac, circoncis à 8 jours, aurait peut-être refusé de l’être s’il avait eu l’âge de raison. Et Isaac de répondre : « Voici qu’à ce jour j’ai trente-sept ans, et si le Saint, béni soit-Il, me demandait tous mes membres, je ne (les lui) refuserais pas. » Dieu le prend au mot et adresse alors à Abraham sa requête. Islam Gn 25,1–19

22,1b Dieu éprouva Abraham

Épreuve des justes

  • Gen. Rab. 45,2 « Rabbi Yonathan dit : "Un potier ne teste jamais des cruches défectueuses, il ne pourrait les tapoter une seule fois sans les briser. Que teste-t-il donc ? Des cruches de qualité, il peut les frapper sans les briser. De même, le Saint, béni soit-Il, n’éprouve pas les scélérats mais les justes […]." Rabbi Yossé bar Hanina dit : "Quand un linier est sûr de la qualité de son lin, [il sait que] plus il le bat plus le lin se bonifie, plus il le frappe plus il devient luisant." »

Comme Job

Selon Rachi Comm. Tora, l’ordre divin s'est fait puisque Satan avait dénoncé Abraham pour n’avoir jamais offert de sacrifice.

Liturgie

22,1–19 Usages de la péricope

Dans la liturgie synagogale

On lit Gn 22 comme parasha le second jour de la fête de Rosh Hashana (le Nouvel An juif, au début de l’automne), qui annonce le jugement de Dieu et appelle au repentir. On y prie en ces termes :

  • « Notre Père et Dieu de nos pères, accorde-nous un souvenir favorable, et du haut des cieux aie pour nous des pensées de salut et de miséricorde. Souviens-toi, en notre faveur, ô Éternel, notre Dieu, de l’alliance et du serment que tu as jurés à notre père Abraham sur le mont Moriyya. Considère la scène de l’Aqéda, alors qu’Abraham lia son fils Isaac sur l’autel, étouffant sa tendresse pour faire la volonté d’un cœur sincère. Puisse de même ta miséricorde étouffer ton courroux envers nous et que, par ton immense bonté, ta colère s’éloigne de ton peuple, de ta ville et de ton héritage ! Souviens-toi aujourd’hui du sacrifice d’Isaac, en faveur de sa postérité. Loué sois-tu, Éternel, qui te souviens de l’Alliance. »

Dans le rite séfardite, outre l'usage précédent, 

  • une paraphrase versifiée de ce texte, intitulée Gnet changnaré ratson dans la translittération séfardite, se chante le matin du premier jour de la fête ; 
  • la péricope est en outre récitée quotidiennement dans l'office du matin au début de la prière publique.

Dans la liturgie latine : typologie christologique

On lit la ligature d'Isaac durant la liturgie de la résurrection le samedi saint, au moins depuis l'an 1570. Depuis 1951, date du rétablissement de la vigile pascale, l’Aqéda est la deuxième d’une série de sept lectures de l’AT (Gn 1,1-2,2 ; 22,1-13.15-18 ; Ex 14,15-15,1a ; Is 54,5-14 ; 55,1-11 ; Ba 3,9-15.32-4,4 ; Ez 36,16-17a.18-28). Celles-ci représentent les interventions de Dieu dans l’histoire depuis la création, culminant dans les lectures de la célébration eucharistique : l’épître (Rm 6,3b-11, sur le baptême dans la mort et la résurrection du Christ) et l’évangile (un récit synoptique sur la découverte du tombeau vide et l'annonce de la résurrection).

Théologie

22,1b Dieu éprouva Abraham Pédagogie divine Souvent dans la Bible, Dieu met à l’épreuve les hommes qu’il aime :

  • Le premier couple humain a été mis à l’épreuve et a échoué (Gn 2-3).
  • Israël tout au long de son histoire fut souvent soumis au jugement, en particulier lors de son exode à travers le désert vers la Terre promise (Ex 16).
  • Job a dû faire face à la perte de sa famille et de ses propriétés avant de tout regagner plus tard quand il réussit l’épreuve (Jb 1-2 ; 42).

Ainsi Dieu n’hésite pas à éprouver l’obéissance de son peuple et la crainte qu’il lui doit. Si Abraham n’avait pas réussi l’épreuve, il n’aurait pas joué son rôle exemplaire dans l’histoire du salut. Théologie Gn 25,17s

Islam

22,1–19

Récit

Le Coran évoque le sacrifice d’Abraham, en poursuivant la ligne d’interprétation midrashique selon laquelle Abraham n’a pas bien compris l’ordre de Dieu (Tradition juive Gn 25,2b). C’est en songe qu’Abraham se voit immoler son fils :

  • Coran sour. 37,102-109 « Quand l’enfant eut atteint [l’âge] d’aller avec son père, celui-ci dit : ― Mon cher fils ! en vérité, je me vois en songe, en train de t’immoler ! Considère ce que tu en penses ! — Mon cher père, répondit-il, fais ce qui t’est ordonné ! Tu me trouveras, s’il plaît à Allah, parmi les Constants. Or quand ils eurent prononcé le salâm et qu’il eut placé l’enfant front contre terre, Nous lui criâmes : ― Abraham ! tu as cru en ton rêve ! En vérité, c’est là l’épreuve évidente ! Nous le libérâmes contre un sacrifice solennel et Nous le perpétuâmes parmi les Modernes. Salut sur Abraham ! »

On ne précise pas quel est le fils dont il est question (Tradition juive Gn 25,2a) : Isaac, Ismaël et Jacob (fils d’Isaac) sont souvent mentionnés dans des récits. Tabari Jāmi‘ al-bayān (à la fin du 9e s.) penchait pour Isaac, mais les traditions populaires ont fini par choisir Ismaël, fils premier-né d’Abraham et vénéré comme l’ancêtre des Arabes. 

Rite

L’islam célèbre le sacrifice d’Abraham avec la fête de l’Aïd al-Adha (« la fête du mouton ») ou Aïd el-Kebir (« la grande fête ») qui clôture le pèlerinage à La Mecque, le dixième jour du dhû al-hijja (dernier mois lunaire du calendrier musulman). À La Mecque même, et partout dans le monde, on immole un animal en souvenir du geste de soumission d’Abraham, lors de l’épisode du « non-sacrifice » du fils. La bête immolée est ensuite consommée par les membres de la famille et les amis. Une part est réservée pour le partage avec les plus défavorisés. Cette fête clôt le cycle annuel des fêtes de l’Islam.

Littérature

22,1–19 Les auteurs littéraires exploitent le pathos du récit : chaque époque a su y puiser. En voici quelques exemples parmi les plus célèbres.

Moyen Âge

La ligature d’Isaac revient souvent dans les mystères du Moyen Âge, autant en français qu’en anglais. Ils supposent la typologie d’Isaac comme figure du sacrifice de Jésus sur la Croix et dans l’Eucharistie et s’intéressent surtout au fils, avec l’accent sur ses sentiments et sur son obéissance envers son père jusqu’à la mort.

Renaissance

Théodore de Bèze, disciple de Calvin, écrivit son drame Abraham sacrifiant (1550) sous la forme d’un mystère. Abraham y fait figure tragique, profondément émotive et hésitante, pour savoir s’il doit suivre l’ordre de Dieu ou préserver la vie de son fils bien-aimé. Finalement, l’acte de foi prévaut. La tragédie de de Bèze, qui met l’accent sur la foi d’Abraham au détriment d’une interprétation christologique de la personne d’Isaac, compare le catholicisme au protestantisme, et promeut ce dernier.

Le poète catholique anglais Richard Crashaw (ca. 1613-1649) revient à la typologie antérieure : Isaac et le bélier préfigurent le Christ dans l’Eucharistie (Lauda Sion Salvatorem, str. 12).

Époque moderne

La perplexité d’Abraham est traitée dans la littérature moderne anglaise de plusieurs façons : comique par Henry Fielding dans Joseph Andrews (1742) ; ironique par William Blake dans The Book of Urizen (1794) ; tragique par Thomas Hardy dans Tess of the d’Urbervilles (1891).

Époque contemporaine

Symbole de la destinée juive
  • Halpern Leivick (1888–1962), poète de langue yiddish, commente en 1956 un souvenir d’enfance et réinterprète l’Aqéda à travers le prisme de la Shoa : « Lorsque j’étais enfant, mon Rebbe me racontait l’histoire du sacrifice d’Isaac — Rebbe, disais-je angoissé, et si l’Ange était arrivé en retard ? — Sache, mon fils, répliquait le Rebbe, que l’Ange n’arrive jamais en retard ». Leivick ajoute : « Aujourd’hui nous savons que six millions de fois l’Ange est arrivé en retard » (rapporté par André Neher, Dans tes portes, Jérusalem, Paris : Michel, 1972).
Interprétations « anthropologiques »

De nombreux auteurs contemporains font appel aux sciences humaines pour relire le récit de la ligature d’Isaac : Psychologie Gn 25,1–19.

Philosophie

22,1–19 Abraham « chevalier de la foi », ou : L’articulation de la foi à l’éthique

  • Kierkegaard Frygt  (1843), insiste sur le rôle de la foi dans une relation entre une personne et Dieu. Il est convaincu que le christianisme contemporain a troqué une foi vivante contre une vertu éthique conventionnelle, et a ainsi perdu ce qui est au coeur de la Bonne Nouvelle. Il souligne l’antithèse entre foi et éthique : en sacrifiant Isaac dans la crainte et le tremblement, Abraham transcende les limites de l’éthique et devient un « chevalier de la foi ». Dieu a une autorité supérieure, alors que l’existence et la pensée humaines sont toujours limitées, contrairement à la philosophie de Hegel. L’homme est ainsi invité à mettre au centre de sa vie la foi et la révélation.

Texte

Vocabulaire

22,2b Moriyya Sens incertain Outre une dérivation du verbe r’h « voir » (Comparaison des versions Gn 25,2b), est également possible une dérivation des racines yr’ « craindre » ou yrh « enseigner ». Tradition juive Gn 25,2b

Grammaire

22,3c.6a.7c.9bd le bois Litt. « les bois », au pluriel Dans toutes les versions le mot est au pluriel, ce qui ne peut pas être rendu en français.

Procédés littéraires

22,2b offre-le là en holocauste (M) Narration : suspense En M, l’insertion de l’adverbe de lieu coupe en deux l’expression consacrée « offrir en holocauste » (utilisée aux v.2b.13b) et autorise une double lecture.

Ambiguïté de l'ordre donné

L'ordre portant sur le don de Dieu au patriarche est ambivalent. Abraham est invité :

  • soit à faire monter Isaac en holocauste (seul sens possible dans G),
  • soit à le faire monter sur la montagne (« là ») pour offrir avec lui un holocauste.

Caractérisation d'Abraham : non seulement obéissant, mais intelligent ?

L’ordre donné par Dieu à Abraham est une mise à l’épreuve, mais le premier intéressé l’ignore. La question est de savoir en quel sens Abraham comprendra cet ordre ambigu. Cela reste indécis jusqu’au v.9 où, en l’absence de bête, Abraham s’apprête à immoler Isaac.

Contexte

Repères historiques et géographiques

22,2b Moriyya Localisation ? Dans le cadre du cycle d’Abraham et de Gn, le lieu n’est pas situable.

À Jérusalem

Le mont Moriyya a été identifié avec le mont du Temple de Jérusalem (2Ch 3,1), identification suivie par les traditions juives et chrétiennes (et aussi dans l’Islam). Pour certains commentateurs musulmans, l’actuelle coupole du Dôme du Rocher à Jérusalem s’élèverait à l’endroit où Abraham prépara l’autel du sacrifice. Après La Mecque et Médine, c’est le troisième lieu saint des musulmans. Pour les juifs et les musulmans, ce lieu est véritablement sacré. Pour les chrétiens, il représente une étape de pèlerinage.

En Samarie

Les Samaritains situent l'épisode du sacrifice d'Isaac sur le mont Garizim (Repères historiques et géographiques Dt 27,12).

Réception

Comparaison des versions

22,2b de Moriyya : M Sam S | V : de la Vision | G : élevé — Jeu de mots

  • α′, σ′ et V comprennent à partir du verbe r’h « voir » (α′ : tên kataphanê « qui est visible/claire » ; σ′ : tês optasias ; V: (terram) visionis). Jérôme Quaest. Gen. (CCSL 72,26) témoigne également d’une ancienne interprétation juive de ce mot au sens factitif comme « ce qui éclaire et brille » (inluminans interpretatur et lucens) en lien avec la tradition qui plaçait le Temple sur ce mont. Au v.14 M, Sam, S et V jouent sur le verbe « voir » à deux formes pour expliquer le nom du lieu. Repères historiques et géographiques Gn 25,2b
  • G : tên hupsêlên. Au v.14 G a de même deux fois le verbe « voir », mais sans que cela produise le jeu de mots explicatif du toponyme.

22,2b holocauste : M | G : apanage total Pour M : ‘ōlâ « holocauste » (litt. « montée »), G préfère ici, à holokautôma ou holokautôsis (« holocauste »), un mot plus rare, holokarpôsis « apanage total », qui oriente davantage vers celui qui reçoit et jouit du bien donné que vers le sort de la victime. Milieux de vie Gn 25,2b

Intertextualité biblique

22,2s.16ss Liens familiaux En Gn 12,1-4, Abraham est appelé à quitter son père en vue de recevoir la bénédiction divine, et répond positivement à l’appel du Seigneur : plusieurs rappels verbaux assurent le lien aux v.2-3 et v.16-18.

22,2b offre-le là en holocauste Motif : le détachement par rapport aux enfants En Gn 21, sur invitation de Dieu, Abraham laisse aller Ismaël son premier-né (Gn 21,12-14). Ailleurs, en Gn, plusieurs pères doivent ainsi laisser aller leurs fils vers leur destin propre, selon la parole de Gn 2,24 : « l’homme quittera son père et sa mère » (p. ex. Gn 28,1-4 ; 37,12-14 ; 43,1-14 ; et aussi Gn 24,54-59 ; 31,43-32,1 ; 38,11.26 ; 48,5-6). L’attitude d’Abraham est exemplaire pour le chrétien : « Qui aime son fils ou sa fille plus que moi n’est pas digne de moi » (Mt 10,37).

22,4 Le troisième jour Topos

Tradition juive

22,2b Moriyya

Étymologie

  • Gen. Rab. 45,7 « Rabbi Hiya Rabba et Rabbi Yannaï. L’un dit: [“Moria, c’est le lieu] d’où l’enseignement jaillit vers le monde." L’autre dit : "C’est le lieu d’où la crainte jaillit vers le monde." […] L’un dit : "C’est le lieu d’où la lumière jaillit vers le monde." »

À Jérusalem

  • Tg. Ps.-J. lit « du culte » (au lieu de « de Moriyya »), ce qui désigne le Temple de Jérusalem.

Tradition chrétienne

22,2b ton fils ton bien-aimé, que tu aimes (G) Aggravation de la demande Origène attire l’attention sur l’immense difficulté de la demande divine qui renforce encore la solidité de la foi d’Abraham :

  • Origène Hom. Gen. 8,2 « Comme s’il ne lui avait pas suffi, en effet, de dire “fils”, il ajoute “bien aimé”. Soit ! Pourquoi ajouter encore : “Celui que tu chéris” ? Tu vois, l’épreuve est lourde : les expressions de tendresse et d’affection plusieurs fois répétées ravivent les sentiments paternels. […] Et voilà trois fois plus de supplices pour le père ! »

22,3c.6a.7c.9bd bois

Invitation à porter sa croix

Irénée invite tous les croyants à suivre le Christ portant le bois de la croix avec la foi d’Abraham, de la même façon qu'Isaac a porté le bois :

  • Irénée de Lyon Haer. 4,5,4 « C’est à juste titre enfin que nous, qui avons la même foi qu’Abraham, prenant notre croix comme Isaac prit le bois, nous suivons ce même Verbe. »

Typologie christologique

Origène suit l’interprétation d’Irénée, mais il introduit le thème de la résurrection :

  • Origène Hom. Gen. 6,6 « Ce fut à propos d’Isaac que la foi en la résurrection se manifesta pour la première fois. Abraham savait qu’il figurait d’avance l’image de la vérité à venir, il savait que le Christ naîtrait de sa descendance pour être offert en victime et ressusciter le troisième jour, pour le salut du monde entier […]. Isaac porte lui-même le bois de l’holocauste : c’est là une figure du Christ qui porta lui-même sa croix. »

22,5b Restez ici Prophétie Jean Chrysostome parle ici de la mission prophétique d’Abraham :

  • Jean Chrysostome Hom. Gen. 47 « Il dit aux serviteurs : “Attendez ici. Moi et l’enfant nous irons jusque là-bas, et après avoir adoré nous reviendrons vers vous.” Sachant que son sacrifice était nouveau et inouï, il le cachait aux serviteurs. Il ignorait que ses paroles se réaliseraient en vérité et il prophétisa, mais sans le savoir. »

Texte

Vocabulaire

22,10 égorger : M | V : immoler — Verbes techniques rituels

  • šḥṭ en héb. désigne l’abattage de la victime dans le cadre d’un holocauste ;
  • immolari en latin signifie d'abord « saupoudrer la tête d'une victime de sacrifice de farine sacrée », préalable dans la religion romaine à tout sacrifice animal sanglant.  

22,9c lia Hapax héb. Le verbe hébreu ‘āqad est un hapax qui a donné son nom rabbinique à la péricope (Aqéda).

Procédés littéraires

22,6–10 Narration : ralentissement du tempo Le narrateur décrit de plus en plus minutieusement ce qui se passe, retardant le moment attendu et augmentant d’autant la tension :

  • le dialogue très elliptique entre père et fils (v.6-8) souligne de manière dramatique le choix auquel Abraham est confronté ;
  • ensuite (v.9-10), le narrateur fait sentir la réticence d’Abraham dans la description détaillée des gestes de son obéissance.

Réception

Comparaison des versions

22,6b couteau : M Sam S | G V : glaive

  • M Sam : m’klt (couteau de boucherie ou de cuisine) ; S : skyn’ ;
  • G : tên machairan (un glaive court) ;
  • V : gladium.

Intertextualité biblique

22,6a le bois + sur Isaac — Typologie Isaac chargé du bois préfigure Jn 19,17, où Jésus « porte lui-même sa croix », à la différence des synoptiques où c’est Simon de Cyrène qui en est chargé (Mc 15,21 //).

22,10 Sacrifice d’enfants ? Il est question de sacrifices d’enfants en Jg 11,29-40 (fille de Jephté) ; 2R 3,27 ; 16,3 ; 17,17 ; 21,6 ; Ez 20,26.31 ; Mi 6,7. La Bible les condamne à de nombreuses reprises (Lv 18,21 ; 20,2-5 ; Dt 12,31 ; 18,10 ; Jr 7,31 ; 19,5 ; 32,35 ; Ez 16,20-21 ; 23,39). En Ex 13,2.11-15, il est question de la sanctification des premiers-nés des humains et du bétail : ils appartiennent au Seigneur, à qui on les offrira en mémoire de la mort des premiers-nés de l’Égypte. Tous les fils des Israélites sont cependant rachetés par la consécration des fils de Lévi à Dieu (Nb 3,41.44-51).

Tradition chrétienne

22,8a Dieu se pourvoira Prophétie Le thème des pouvoirs prophétiques d’Abraham (Tradition chrétienne Gn 25,5b) est de retour ici :

  • Jean Chrysostome Hom. Gen. 47 « “Dieu pourvoira lui-même à la brebis, mon fils.” Cette fois encore, Abraham prophétisa sans le savoir. […] Maintenant, reçois ton fils racheté par ton obéissance ; et vont s’accomplir tes paroles “Après avoir adoré nous reviendrons” et “Dieu pourvoira à la victime”. […] Or tout cela était figure de la croix. […] Comment l’a-t-il vu, si longtemps à l’avance ? En figure, en ombre. Car, de même qu’un bélier fut immolé pour Isaac, ainsi l’Agneau spirituel fut immolé pour le monde. Il fallait que la vérité fût unique, d’avance écrite et signifiée par l’ombre. Vois donc : de part et d’autre, un fils unique ; de part et d’autre, un bien-aimé […]. L’un est offert en holocauste par son père, l’autre est livré par son Père : “Il n’a pas épargné son propre Fils, il l’a livré pour nous tous” (Rm 8,32). »

Texte

Critique textuelle

22,13b retenu (G) Variante grecque Deux anciens traducteurs anonymes (ho hebraios kai ho suros) rendent le participe de M : ne’ĕḥāz (« retenu ») par kremamenos (« suspendu » ; au lieu de G : katechomenos « retenu »), ce qui facilite la typologie de la croix.

Réception

Comparaison des versions

22,13a derrière : M Sam | G V S : un

  • M Sam : ’ḥr ;
  • G, V et S lisent le mot hébreu ’ḥd « un », graphiquement semblable.

22,13a un buisson : M Sam S | G : une plante, un sabek | V : des ronces

  • G, θ′ et ho suros ne traduisent pas l’hébreu sᵉbak, mais le transcrivent simplement (avec d’autres voyelles : sabek). G et θ′ hasardent une interprétation en ajoutant « une plante » avant, juxtaposant ainsi deux termes équivalents.
  • Rattachant sans doute le mot à śᵉbākâ « filet » (avec sin initial), σ′ traduit diktuôᵢ (« filet, réseau de mailles ») et α′ : suchneôni (« masse drue et compacte », d’où « buisson, broussailles serrées »).
  • V : vepres.

Théologie

22,12b tu crains Dieu La crainte de Dieu est l’une des notions les plus importantes de la théologie de l’AT. C’est non seulement comme l’origine d’une expérience religieuse, mais aussi le terme décrivant la nature même de la religion. Cette crainte caractérise le véritable croyant, dans une juste relation avec Dieu. Puisque Dieu est un mysterium tremendum et fascinans, les croyants éprouvent envers lui, à la fois la crainte et la fascination. La crainte a pour origine la reconnaissance de la majesté de Dieu, Être éternel et suprême, tout-puissant et transcendant : Dieu est le tout autre. En même temps, l’homme qui croit se sent irrésistiblement attiré vers lui. C’est pourquoi la crainte de Dieu (yir’at yhwh) associe ces deux attitudes apparemment contradictoires.

La crainte de Dieu est parfois provoquée par la seule présence divine (p. ex. Gn 28,17 ; Ex 3,6). Ici la crainte d’Abraham se manifeste à travers son obéissance inconditionnelle à un ordre divin.

Texte

Grammaire

22,17a certainement Renforcement Les verbes hébreux conjugués sont renforcés par un infinitif pour insister sur le verbe ou renforcer la nuance induite par la forme employée, p. ex. ici, « je veux te bénir et je veux multiplier ».

Réception

Comparaison des versions

22,17b la porte : M | G : les villes G lit tas poleis au lieu de tas pulas (« les portes »). Les targums ont de même tous « les villes ». Les « portes » en sont une métonymie : généralement les armées d'invasion opèrent par concentration, tandis que les défenseurs sont dispersés dans chaque localité ; lorsque les portes sont prises, la conquête de toute la ville peut être considérée comme acquise.

Intertextualité biblique

22,16b tu n’as pas épargné ton fils ton unique Le don du Père céleste Rm 8,32 rapproche de l’attitude d’Abraham le don par Dieu de son Fils unique ; l’usage en G du verbe pheidomai va en ce sens. Voir aussi Jn 3,16 sur le don que Dieu fait de son Fils au monde.

Tradition chrétienne

22,17s Promesse de postérité et de bénédiction Quand le récit s’approche de sa fin, Dieu révèle à Abraham les conséquences de grandes portées de cette extraordinaire obéissance. Non seulement Abraham deviendra le père de nombreux descendants, mais sa descendance comprendra tous ceux qui croient en Jésus-Christ et sont rachetés par sa passion et sa résurrection :

  • Origène Hom. Gen. 9,1 « Si Abraham avait été seulement le père du peuple qu’il engendra dans la chair, il aurait suffi d’une seule promesse. Mais pour montrer qu’il devait être d’abord le père des circoncis de chair, il reçoit au temps de sa propre circoncision une promesse concernant le peuple de la circoncision ; puis, comme il devait être aussi le père de ceux qui “appartiennent à la foi” et obtiennent l’héritage par la passion du Christ, il reçoit, au temps de la passion d’Isaac, une promesse concernant le peuple sauvé par la passion et la résurrection du Christ. »

Tradition juive

22,2a ton fils ton unique, que tu aimes Indentification progressive

  • Gen. Rab. 45,7 « Le Saint, béni soit-Il, dit à Abraham : “Prends de grâce”, je t’en prie, “ton fils”. — "Lequel ?" dit Abraham, "j’en ai deux." — “Ton unique.” — "L’un est unique pour sa mère et l’autre aussi", répondit Abraham. — “Que tu aimes.” — "Les entrailles distinguent-elles ?" — “Isaac”, finit-il par dire le Saint, béni soit-Il. Et pourquoi ne le lui dévoila-t-il pas d’emblée ? Afin de donner à [Isaac] plus de prix aux yeux [de son père] » (cf. Rachi Comm. Tora). Islam Gn 25,1–19

22,2b offre-le là en holocauste

Avec dignité

  • Rachi Comm. Tora « Il ne lui dit pas “immole-le” parce que le Saint, béni soit-Il, ne désirait pas qu’il l’immole, mais il lui dit de le faire monter sur la montagne pour le préparer comme un holocauste. »

Isaac, sacrifice ou sacrificateur ?

  • Rabbi Levi Ben Gershom (1288-1344), Miqra’ot Gedolotad loc. « Cette parole, il est possible de la comprendre [comme exigeant] qu’il le sacrifie et en fasse un holocauste, ou [comme demandant] qu’il le fasse monter là pour faire monter un holocauste afin qu’Isaac soit éduqué dans le service du Nom, qu’Il soit exalté. Et le Nom, qu’Il soit exalté, le mit à l’épreuve : serait-il pénible à ses yeux de faire quoi que ce soit que le Nom lui commande, jusqu’à ce que, alors, il comprenne cette parole autrement que ce qu’il avait d’abord compris, à savoir qu’il avait à faire monter là un autre holocauste et non pas à sacrifier son fils ? » (cité par Wénin André, Isaac ou l’épreuve d’Abraham. Approche narrative de Genèse 22 [Le livre et le rouleau 8], Bruxelles : Lessius, 1999, 38).

Théologie

22,1–19

THÉODICÉE Immoralité des patriarches ?

Dans ce récit, non seulement Abraham est mis à l’épreuve, mais notre foi aussi. Avec cet épisode, Thomas d’Aquin Sum. theol. IIa-IIae 104,4,2 met en série scandaleuse plusieurs « ordres de Dieu contraires à la vertu. C’est ainsi qu’il commanda […] aux Juifs de dérober les biens des Égyptiens (Ex 11,2) ce qui est contraire à la justice ; et au prophète Osée (Os 1,2) d’épouser une femme adultère, ce qui est contraire à la chasteté ». Il répond ainsi :

  • Thomas d’Aquin Sum. theol. IIa-IIae 104,4 ad 2 « Dieu ne peut rien prescrire de contraire à la vertu, puisque la vertu et la rectitude de la volonté humaine consistent avant tout dans la conformité à la volonté de Dieu et l’obéissance à ses ordres, encore que ses ordres puissent contredire parfois la pratique ordinaire de telle ou telle vertu. Ainsi l’ordre donné à Abraham n’alla pas contre la justice, puisque Dieu est l’auteur de la vie et de la mort ; pas plus que l’ordre donné aux Hébreux de dérober les biens des Égyptiens, puisque tout appartient à Dieu qui le donne à qui bon lui semble. Pareillement, l’ordre donné à Osée d’épouser une adultère n’était pas contraire à la chasteté, puisque Dieu est l’ordinateur de la génération humaine, et que les relations réglées par lui ne peuvent être que légitimes. »
  • L’idée est déjà présente chez Augustin d’Hippone Quaest. Hept. 7,36 « Dieu certainement a établi des lois légitimes, mais ces lois, c’est aux hommes qu’il les a imposées, et non à lui. Tout ce qu’il a prescrit en dehors de cet ordre commun, n'a pas rendu prévaricateurs ceux qui l’ont exécuté, mais ils ont été pieux et soumis : ainsi Abraham immolant son fils. »

THÉODICÉE Justice de Dieu

Abraham reçoit le fils de la promesse mais est aussi appelé à le rendre à Dieu, selon une stratégie divine fréquente dans l’AT. La mère de Moïse doit donner son fils à la fille de Pharaon (Ex 2,1-10) ; le fils d’Anne, Samuel, est consacré au sanctuaire de Silo (1S 1) ; l’enfant de David et Bethsabée meurt (2S 12). Dieu est celui d’où vient tout don parfait, mais qui du coup, a toute autorité pour le réclamer : « Le Seigneur a donné, le Seigneur a repris : que le nom du Seigneur soit béni ! » (Jb 1,21).

  • Thomas d’Aquin Sum. theol. Ia-IIae 94,5 ad 1 « Tous les hommes, tant coupables qu’innocents, meurent de mort naturelle. Cette mort est voulue par la puissance divine […] selon 1S 2,6 : "C’est Dieu qui fait mourir et qui fait vivre." C’est pourquoi la mort peut être infligée sans aucune injustice par ordre de Dieu, à n’importe quel homme, coupable ou innocent. »

Mais cette justice trouve son accomplissement dans le mystère pascal survenu en Christ :

  • Irénée de Lyon Haer. 4,5,4 « Car, en Abraham, l’homme avait appris par avance et s’était accoutumé à suivre le Verbe de Dieu : Abraham suivit en effet dans sa foi le commandement du Verbe de Dieu, cédant avec empressement son fils unique et bien-aimé en sacrifice à Dieu, afin que Dieu aussi consentît, en faveur de toute sa postérité, à livrer son Fils bien-aimé et unique en sacrifice pour notre rédemption. »

THÉOLOGIE SPIRITUELLE Pédagogie divine

Malgré les apparences, Dieu n’est pas contradictoire. Il est au contraire très conséquent dans sa pédagogie vis-à-vis d’Abraham. Il l’amène, peu à peu, mais sans l’y forcer, à une obéissance qui émane de sa liberté intérieure. Celle-ci consiste à écouter la voix de Dieu, plutôt que de vouloir « épargner » le don en le gardant pour soi. Cette liberté accorde l’homme avec Dieu et avec sa bénédiction surabondante. C’est alors que l’alliance s’accomplit, comme le souligne le commentaire du nom Moriyya, qui suggère l’échange de regards entre Dieu et Abraham (cf. Ex 24,10-11).

CHRISTOLOGIE

Dieu demande à Abraham le sacrifice de son fils Isaac, comme une préfiguration du sacrifice qu’il ferait lui-même de son propre fils, Jésus, en faveur des enfants d’Abraham. Ce qu’il n’a finalement pas demandé à Abraham, Dieu l’a fait pour l’Église. Abraham prophétise donc (Tradition chrétienne Gn 25,8a), lorsqu’il répond à la question d’Isaac en affirmant que Dieu pourvoira au sacrifice : il donne non seulement le bélier au mont Moriyya, mais aussi son fils au mont Golgotha. →L’agonie de Jésus et la ligature d’Isaac 

Usage dans la controverse sur le traitement réservé aux Indiens d’Amérique

Au 16e s., l’évêque Bartolomé de Las Casas cite Gn 22,1-19 dans la controverse qui l’oppose à Juan Ginés de Sepulveda. Ce dernier considérait légitime la conquête de l’Amérique et l’asservissement des Indiens, qu’il tenait pour barbares en raison des sacrifices humains pratiqués dans leur religion. Dans le débat mené à Valladolid contre les thèses de ce théologien et bien qu’il tînt lui aussi pour une erreur les sacrifices humains, Las Casas défendit les actions des Indiens en raison de leur ignorance invincible :

  • Bartolomé de Las Casas Apología f. 154-161 « Dans les limites de la lumière de la raison naturelle, là où la loi humaine ou divine n’est plus en vigueur, et, ajouterions-nous, là où manquent la grâce et la doctrine, les personnes doivent immoler des victimes humaines au vrai Dieu ou au Dieu tenu pour véritable » étant donné que le bien le plus précieux est celui de « la vie humaine ».

Les arguments bibliques utilisés par Las Casas sont celui du sacrifice (manqué) d’Isaac et celui du sacrifice (réalisé) de la fille de Jephté (Jg 11,29-40) :

  • Bartolomé de Las Casas Tratados de 1552 f. 49-51 « Pourquoi Dieu a-t-il demandé à Abraham qu’il lui sacrifiât son fils ? Au-delà du grand mystère qu’il a voulu signifier, et la preuve d’obéissance qu’il a voulu demander à son serviteur, c’était aussi pour nous faire comprendre que tout ce qui existe lui est dû, et que, si à la fin il ne permit pas qu’il fût sacrifié, ce fut par une marque de son infinie bonté et par compassion envers Isaac. Ce motif apparaît dans le cas de Jephté, lequel sacrifia sa fille pour accomplir le vœu qu’il avait prononcé. Jephté en vint à réaliser cette action quoique sans faire preuve de discernement, car il avait vu que Dieu avait demandé un sacrifice semblable à Abraham. »

Tradition chrétienne

22,9c lia Isaac La crucifixion

  • Dans le contexte liturgique de Pâques, Méliton de Sardes Pascha 69 écrit dans une célèbre homélie : « C’est [le Christ] qui est la Pâque de notre salut. C’est lui qui supporta beaucoup en un grand nombre : c’est lui qui fut en Abel tué, en Isaac lié. »

Neuf cents ans plus tard, ce thème est repris par Rupert de Deutz :

  • Rupert de Deutz Trin. In Gen. 6,32 « Le Christ est immolé, et cependant il demeure impassible et vivant, de même qu’Isaac fut immolé, mais que le glaive ne l’atteignit pas. »

Musique

1,1–2,7 La Création

20e s.

Aaron Copland,  In the Beginning (CD, 2015), 1947

 James Morrow (dir.), Susanne Mentzer (mezzo-soprano), University of Texas Chamber Singers

American Classics, Naxos, © License YouTube Standard→, © NaxosofAmerica

Composition

Cette œuvre représente l'histoire de la création, chantée a cappella, c'est-à-dire sans accompagnement instrumental. Aaron Copland la composa suite à une commande pour un Symposium sur la critique musicale à l'Université de Harvard. Chaque partie du texte est exprimée de manière appropriée au fur et à mesure que la musique se déroule avec une originalité sonore propre à Copland.

Tradition juive

22,13a bélier Réalité protoctiste Cet animal est mentionné avec les dix choses créées par Dieu dès l’aube du monde.

  • m. ’Abot 5,6 « Dix choses furent créées à la veille du sabbat [de la création], au crépuscule. Ce sont : (1) l’ouverture de la terre [qui engloutit Corah et son camp, Nb 16,32], (2) l'ouverture du puits [qui abreuva les enfants d’Israël dans le désert, Nb 21,16-18], (3) la bouche de l’ânesse [de Balaam, Nb 22,28-30], (4) l’arc-en-ciel [Gn 9,13], (5) la manne, (6) le bâton [de Moïse], (7) le chamir [pierre, ou ver, qui servit à tailler la pierre sans utiliser de métal lors de la construction du Temple], (8) les lettres [de l'alphabet] ; (9) l'écriture ; (10) les tables [gravées avec les commandements]. Quelques-uns ajoutent : les mauvais esprits, la tombe de Moïse et le bélier d’Abraham notre père. D’autres ajoutent encore : que les premières tenailles [de l'homme] furent confectionnées à l'aide des tenailles créées [par Dieu à ce moment]. »

La « Prière de Joseph », apocryphe cité par Origène, fait également d'Abraham et d'Isaac des entités protoctistes :

  • Origène Comm. Jo. 2,25 (2§189, sur Jn 1,6) : « [...] je [= Jacob] suis un ange de Dieu et un esprit primordial ; Abraham et Isaac ont été créés avant toutes choses ; [...] je suis le premier-né de tout vivant, vivifié par Dieu. »

Arts visuels

22,1–18 L’Aqéda a une force dramatique qui se prête aisément à la représentation visuelle. La peinture occidentale n’a pas cessé de représenter la scène de la ligature (mais aussi les épisodes qui la précèdent : la marche, l’arrêt avec les serviteurs, …). Textes anciens Gn 25,1–19

Durant l’Antiquité

On trouve de nombreuses représentations juives et chrétiennes de l’Aqéda, qui éclairent l’interprétation du passage en question. Grégoire de Nysse Deit. (PG 46,572-573) et Augustin d'Hippone Faust. 22,73 témoignent de leur importance pour les fidèles.

L’art funéraire chrétien

offre les représentations les plus anciennes de la péricope : les Catacombes de Saint-Callixte et celles de Priscille à Rome (toutes deux du 3e s.). Les peintures des catacombes ne sont pas typologiques et soulignent toujours l’aspect de délivrance. Les représentations de l’Aqéda sur des sarcophages chrétiens introduisent des détails extrabibliques tels que la présence de quelques curieux ou de Sara. L’exemple le plus ancien est le Sarcophage de Sainte-Quitterie à Aire-sur-l’Adour (4e s.).

Le sacrifice d'Abraham et la guérison du Paralytique, (4e s.), Sarcophage de sainte Quitterie, Crypte de l'église de Sainte-Quitterie (Aire-sur-l'Adour), © CC BY-SA 4.0→

Le sacrifice d’Isaac des mosaïques de San Vitale et de Sant’Apollinare in Classe (basiliques de Ravenne, 6e s.) est représenté dans un contexte liturgique clairement relié à l’Eucharistie. Abraham est représenté à côté d’Abel et de Melchisédech. Le sacrifice de son fils préfigure le sacrifice parfait du Christ.

Les représentations juives

se trouvent principalement dans des synagogues. La plus ancienne est celle de Doura Europos (245 ap. J.-C.) où la scène est représentée sur le fronton de la niche centrale où se trouve l’armoire de la Tora, près d’une représentation du Temple, ce qui souligne le lien entre l’Aqéda, la Tora et le culte du Temple. La fresque de Doura Europos montre aussi la première image de la main de Dieu. Arts visuels Gn 11,27–25,11

L’Aqéda de la synagogue de Beit Alpha (ca. 520) représente Isaac comme un petit enfant sans défense, et donne la prééminence au rôle joué par le bélier dans l’histoire. Ces deux détails, Isaac représenté comme un enfant et le rôle important joué par le bélier, diffèrent de la tradition scripturaire et témoignent du développement de l’Aqéda dans la théologie juive.

 L'Akedah, (Mosaïque, 6e s.) Synagogue de Beit Alpha, © Domaine public→

Au Moyen Âge

Le sacrifice d’Abraham fait partie du programme iconographique de nombreux édifices sacrés. Par exemple, au pied-droit gauche du portail central de la cathédrale de Chartres (1205-1240), Abraham et Isaac (un peu comme un martyr et son attribut) regardent tous les deux dans la même direction, écoutant la parole de Dieu et contemplant le mystère accompli en Christ (de même le portail ouest de la cathédrale de Senlis et le chapiteau du cloitre de Moissac).

Parmi les œuvres de sculpteurs connus, remarquable est « Le sacrifice d’Isaac » de Donatello (ca. 1418, marbre, Museo dell’Opera del Duomo, Florence), présentant Abraham debout s’apprêtant à lever son couteau sur son fils à genoux qu’il tient par la tête serré contre lui. Un siècle plus tard, Le sacrifice d’Isaac par Alonso Berruguette (1526-1532, bois polychrome, Musée National des sculptures religieuses, Valladolid) reprendra la même composition, mais avec un mouvement quasi expressionniste : Abraham la tête renversée comme pour ne pas voir ce qu’il va faire, ou bien dans un instant de supplication criée vers Dieu, tient Isaac par les cheveux.

Alonso Berruguete , Le sacrifice d'Isaac, (Bois polychrome, 1526),  retable du monastère de Saint-Benoît - Valladolid, Museo Nacional de Escultura (Valladolid), © Domaine public→ 

L’histoire d’Abraham de Lorenzo Ghiberti (1425-1452, bas-relief en bronze doré, baptistère de Florence)  inscrit la scène dans son contexte narratif complet, depuis l’annonciation par les trois anges.

Sans parler des innombrables gravures sur bois, de nombreuses enluminures, tant chrétiennes que juives, représentent le sacrifice d’Abraham. Particulièrement remarquable est la double enluminure du Miroir de l’humaine salvation (France, milieu du 15e s., BNF, Manuscrits, français 188, f. 26 v°) mettant en regard Isaac portant le fagot derrière Abraham (l’épée à l’épaule et le feu à la main) et le Christ portant sa croix ; de même, un siècle plus tôt, une page des Très belles Heures de Notre-Dame de Jean de Berry (vers 1400, enluminure sur parchemin, Museo Civico d’Arte Antica, Palazzo Madama, Turin).

À la Renaissance

On peut signaler le très sculptural Sacrifice d’Isaac d’Andrea Mantegna (ca. 1490/1495, huile sur toile, Kunsthistorisches Museum, Vienne), qui présente un Isaac à la taille d’un enfant comparée à celle de son père, mais à la morphologie d’adulte.

À l’âge classique

Les plus grands peintres italiens ont exploité ce thème, en particulier Le Titien et Le TintoretLe Caravage traite au moins deux fois Le sacrifice d’Isaac, en 1601-1602 (huile sur toile, Galerie des Offices, Florence) puis en 1605 (huile sur toile, Piasecka-Johnson Collection, Princeton). Il y saisit le moment du sacrifice et de l’intervention de l’ange, et offre un jeu de lumières spectaculaire (contre-jour presque complet dans la toile de 1605), qui souligne le pathos de la scène et introduit le spectateur à l’intérieur du drame. L’artiste représente avec une grande maîtrise les émotions des trois personnages : un Abraham docile mais perplexe, un Isaac horrifié et un ange déterminé qui montre le bélier de son doigt. La douceur du bélier et le paysage paradisiaque du fond tranchent avec la tragédie personnelle d’Abraham.

Le Caravage, Le sacrifice d'Isaac, (1602)

Galerie des Offices, Florence, © Domaine public→ 

Le Caravage , Le Sacrifice d'Isaac, (1605),  Princeton, États-Unis © Domaine public→

Un siècle plus tard, l’Autrichien Franz Anton Maulbertsch (1724-1796), Le sacrifice d’Isaac (huile sur toile, Musée des beaux-arts, Budapest) a également recours à un jeu de lumière extrêmement contrasté, focalisant toute l’attention sur le corps nu immaculé d’Isaac, alors qu’un Abraham au visage déterminé brandit le couteau, difficilement retenu par l’ange.

Rembrandt, Le sacrifice d’Abraham (huile sur toile, 1635, Musée de l’Hermitage, Saint-Pétersbourg) et Laurent de la Hire, Abraham sacrifiant Isaac (huile sur toile, 1650, Musée Saint-Denis, Reims) insistent sur l’innocence d’Isaac, aveuglé par la main de son père et au corps blanc comme une hostie, tandis que l’arme tombe de la main d’Abraham interpellé par l’ange.

Rembrandt, Le Sacrifice d'Isaac, (1635), Musée de l'Ermitage - Saint Petersbourg,© Domaine public→ 

Au 19e siècle

William Blake, Abraham Preparing to Sacrifice Isaac (Genesis, XXII, 9-12) (ca. 1783, dessin à l’encre et aquarelle sur papier, Museum of Fine Arts, Boston), montre un Abraham entourant Isaac de bras protecteurs n’osant pas lever le couteau et levant craintivement les yeux vers le ciel comme s’il attendait vraiment confirmation, ou comme si l’ange venait de lui parler. Littérature Gn 25,1–19

Au 20e siècle

Marc Chagall a traité plusieurs fois le récit du sacrifice d’Abraham. Le sacrifice d’Isaac de 1960-1966 (huile sur toile, Musée national, Nice) donne par son style onirique un sens universel au sacrifice d’Isaac. Il introduit en arrière-plan une scène de la Shoa ainsi qu’une silhouette portant une croix, poursuivant ainsi la tradition iconographique qui relie l’Aqéda d’Isaac avec la crucifixion de Jésus (→L’agonie de Jésus et la ligature d’Isaac), tout en montrant également l’universalité de la douleur d’Abraham. Non seulement l’Église et la Synagogue trouvent dans l’Aqéda un symbole puissant des mystérieuses relations entre Dieu et les croyants, mais aussi chaque génération du genre humain peut s’identifier avec Abraham dans cette dramatique nécessité de choisir entre deux valeurs qui semblent irréconciliables. Chagall reprit le thème sur des vitraux de l’église Saint-Étienne de Mayence entre 1976 et 1981.

Parmi bien des reprises actualisantes du récit de la ligature d’Isaac, on peut citer :

  • George Segal, Sacrifice of Isaac (sculpture, 1979, Princeton University, Princeton), commandée par la Kent State University pour commémorer les quatre étudiants tués lors des manifestations contre la guerre au Vietnam le 4 mai 1970 ;
  • Albert J. Winn, Akedah (photo, 1995, Jewish Museum, New York) ; Isaac est représenté par un malade séro-positif).

Enfin, dans des genres plus populaires,

  • le péplum de John Huston, The Bible: In the Beginning (1966, avec George C. Scott, Ava Gardner et Peter O’Toole), se termine par le sacrifice d’Isaac : Abraham y remet en question la voix qui ordonne de sacrifier son fils, montrant son angoisse et même sa colère.

La bande dessinée elle-même s’est approprié le récit :

  • Le premier album de la série Testament de Douglas RushkoffAkedah (Vertigo Books, 2006), s’ouvre sur l’histoire d’Abraham et d’Isaac. Il interprète la demande divine comme une illusion dont Abraham est victime de la part du Moloch cananéen et illustre le changement dans la conception de Dieu qui commence avec ce récit. En parallèle actualisant, il raconte l’histoire d’Alan Stern qui sauve son fils Jake d’une armée au service d’un gouvernement tyrannique.