Un projet du Programme de Recherches La Bible en ses traditions AISBL
Dirigé par l’École Biblique et Archéologique Française de Jérusalem
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1 Cantique des Cantiques
de Salomon.
1 …
1 ICI COMMENCE LE LIVRE
« CANTIQUE DES CANTIQUES »
2 Qu’il me baise des baisers de sa bouche !
Car ton amour est meilleur que le vin
2 …
2 — Qu’il me baise d'un baiser de sa bouche
(car meilleurs que vin sont tes seins
3 tes parfums ont une odeur suave,
ton nom est une huile épandue,
c’est pourquoi les jeunes filles t’aiment.
3 …
3 fraglants d'essences excellentes
huile effusée, ton nom
aussi les jeunes filles s'attachèrent-elles à toi :
4 Entraîne-moi après toi ; courons !
Le roi m’a fait entrer dans ses appartements ;
nous tressaillirons, nous nous réjouirons en toi :
nous célébrerons ton amour plus que le vin.
Qu’on a raison de t’aimer !
4 …
4 tire-moi après toi, courons !)
le roi m'a introduite en ses celliers !
(nous exulterons et nous réjouirons en toi :
se souvenant mieux de tes seins que du vin, les hommes droits s'attachent à toi)
5 Je suis noire mais belle, filles de Jérusalem
comme les tentes de Cédar, comme les pavillons de Salomon.
5 …
5 je suis noire mais aussi ravissante, filles de Jérusalem,
comme les tentes de Quédar, comme les peausseries de Salomon
6 Ne prenez pas garde à mon teint noir, c’est le soleil qui m’a brûlée
les fils de ma mère se sont irrités contre moi
ils m’ont mise à garder des vignes ; ma vigne, à moi, je ne l’ai pas gardée.
6 …
6 n'allez pas me dévisager : oui, je suis foncée, le soleil a changé ma couleur !
Les fils de ma mère me querellèrent
m'établirent gardienne dans des vignes, ma propre vigne je ne la gardai pas
7 Dis-moi, toi que mon âme aime, où tu mènes paître tes brebis, où tu à midi, les fais reposer
pour que je ne sois pas comme une égarée autour des troupeaux de tes compagnons.
7 …
7 (indique-moi, toi à qui s'attache mon âme, où tu pais, où tu reposes à midi
que je ne commence pas à divaguer à travers les troupeaux de tes compagnons !)
8 Si tu ne le sais pas, ô la plus belle des femmes,
sors sur les traces de ton troupeau et mène paître tes chevreaux près des tentes des bergers.
8 …
8 — Si tu l'ignores, toi, belle entre les femmes
sors ! et t'en vas sur les traces des troupeaux et pais tes chevreaux contre les tentes des pasteurs !
9 À ma cavale, quand elle est attelée aux chars de Pharaon, je te compare, mon amie.
9 …
9 — À ma cavale dans les chars de Pharaon je t'assimilai, mon amie :
10 belles sont tes joues au milieu des colliers
Vcomme d'une tourterelle
et beau ton cou au milieu des rangées de perles !
Vcomme des colliers !
10 …
11 — Nous te ferons des colliers
Vde petites murènes d’or pointillés
Vvermiculées d’argent...
11 …
12 (Tant que le roi est dans ses salons
mon nard donne sa senteur
12 …
12 (Durant que le roi était sur son divan, mon nard donna son odeur
13 Mon bien-aimé est pour moi un sachet de myrrhe, qui repose entre mes seins.
13 …
13 fascicule de myrrhe mon préféré, à moi, entre mes seins il s'étendra
14 Mon bien-aimé est pour moi une grappe de cypre dans les vignes d’Engaddi...)
14 …
14 grappe de cypre mon préféré, à moi, dans les vignes d'Engaddi...)
15 — Oui, tu es belle, mon amie ; oui, tu es belle ! Tes yeux sont des yeux de colombe !
15 …
15 — Voici, que tu es belle, mon amie, que tu es belle : tes yeux de colombes !
16 Oui, tu es beau, mon bien-aimé ; oui, tu es charmant !
Notre lit est un lit de verdure.
16 …
16 — Voici, que tu es beau, mon préféré, et élégant !
Notre lit est fleuri
17 les poutres de nos maisons sont des cèdres
Vde cèdre, nos lambris des
Vde cyprès
17 …
1–15 M G | V (Numérotation des versets) M et G incluent le titre du livre dans la numérotation des versets, contrairement à V. Il en résulte un décalage systématique d'un verset (en moins) de V par rapport à M et G.
15 Tes yeux sont des yeux de colombe Symbolisme de la colombe
4a Entraîne-moi
4 appartements Chambre de stockage, chambre intime
4 Le roi m’a fait entrer dans ses appartements Chambre du Roi, chambre du cœur relie la chambre où entre l'Épouse à la chambre où, dans Mt 6,5s, Jésus nous invite à entrer en fermant la porte lorsqu'on prie (Tradition chrétienne Mt 6,5s ; Philosophie Mt 6,5s ; Philosophie) :
V. le même approchement chez → 2,29, Exp. Ps. 118→ 1,5. Inst. virg.
4 Le roi m’a fait entrer dans ses appartements Entrer dans la chambre du Roi, entrer dans la chambre de son cœur — identité et différence entre extase et introspection mystiques
1,1–8,15 Le Cantique comme symbole de la révélation → (p. 235-242) interprète le caractère dialogal du Ct comme une instance de la structure dialogale de la révélation elle-même. Stern
La révélation n'est donc pas pour Rosenzweig la communication d'un ensemble d'informations sur Dieu, mais la naissance d'une relation entre Dieu et l'homme. Le Ct est pur dialogue — sans jamais de passage à la 3e pers. — et histoire au présent. Ces deux caractéristiques sont le fondement de la révélation : le dialogue et le présent.
Il ne s'agit donc plus de parler de la relation entre Dieu et l'homme, comme les prophètes qui décrivaient cette relation à l'aide de la métaphore des noces, mais de faire parler cette relation elle-même.
Le discours du Ct est donc tout entier porté par la subjectivité.
Dès le début du texte, la focalisation n'est pas celle d'une narration objective mais celle d'une subjectivité : les choses ne sont pas décrites pour elles-mêmes, l'enjeu est d'emblée perspectiviste.
Rosenzweig critique les analyses modernes du Ct (à partir des 18e et 19e s.) qui ont cherché à effacer cette dimension dialogale du texte.
5a Noire je le suis, et ravissante aussi Coïncidence de la conscience d'être aimé et de la découverte de la capacité d'aimer
5a ; 2,13c Noire, je le suis, mais ravissante + Lève-toi, mon amie, ma belle — (V) Inscription médiévale Un médaillon sculpté au 12e s. dans l’église abbatiale de Vézelay (3e arcade sud, →CIFM 21,239) montre la compilation et la réinterprétation poétique de deux versets du Ct au Moyen Âge (Ct 1,5 et Ct 2,13 V : nigra sum sed formo[n]sa... surge amica mea speciosa mea).
Les interprétations divergent pour comprendre le sens de ce médaillon :
7 où fais-tu paître ton troupeau, où le fais-tu reposer à l’heure de midi ? Jean de la Croix, Cantique spirituel B 1,5: "Demander au Père où il se repaît, n'est pas autre chose que demander au Père de daigner montrer l'essence du Verbe divin son Fils, car le Père ne se nourrit que de son Fils unique, qui est la gloire du Père. Demander au Père à voir où il prend son lieu de repos, c'est renouveler la même demande, parce que le Fils seul fait les délices du Père, qui ne se repose qu'en son Fils bien-aimé et n'est contenu qu'en lui. Le Père se repose tout entier en son Fils, parce qu'il lui communique toute son essence au milieu du jour, c'est à dire dans l'éternité où il l'engendre continuellement et le tient sans cesse engendré."
4.7.15 ; 2,8.16 ; 4,1–7.10 ; 5,8 ; 8,6 Niets dan liefde (Rien d'autre que l'amour)
Cette Cantate est composée pour le quatrième dimanche du carême sur l'amour. Elle est constituée de deux parties: la première décrit l'amour entre l'homme et Dieu comme un amour entre humains, la deuxième fait apparaître l'amour entre Dieu et l'homme dans l'eucharistie et le don de soi. La première partie est inspirée du Cantique des cantiques. Dans la deuxième partie, le Récit de l'Institution est superposé par un poème de Hans Andreus, qui se traduit en français par: « Je te préfère au pain, bien qu'on dit que c'est impossible, et bien que ce soit impossible ». Un fragment de la Prière de Charles de Foucauld et du cantique de l'amour (1Co 13,8a.7) concluent la cantate.
8 La plus belle des femmes
O pulcherrima inter mulieres, o florens rosa clarior aurora, pulchra ut luna, electa ut sol, rubens formosa sponsa mea, veni de Libano.
Veni in hortum meum, charissima mea, Ecce quam pulchra es, amica mea, columba mea, formosa mea, sponsa mea, veni de Libano.
Oh la plus belle des femmes O rose fleurie, plus brillante que l'aube belle comme la lune, brillante comme le soleil ma belle mariée rayonnante je viens du Liban.
Je suis allé dans mon jardin, ma chérie, Voici comme tu es belle mon amour ma colombe ma belle mariée je viens du Liban.
13 fascicule (V) FRANÇAIS BIBLIQUE
On emploie ici le terme français→, directement emprunté depuis le 15e s. au latin fasciculus, « petit paquet, petite botte », diminutif de fascis, « faisceau, fagot, paquet, au sens pharmaceutique de « petite botte de plantes ».
3 fraglants (V) FRANÇAIS BIBLIQUE
L'adj. français fragrant→ a le même sens. À l'imitation du latin, nous lui donnons une graphie inhabituelle qui le rapproche de flagrant (dérivé de flagro, « brûler, enflammer »), et l'irise de connotations de chaleur, d'imminence et de risque.
17 Le cyprès FLORE Cyprès
Le cyprès est un conifère. Il existe environ trente espèces de cyprès. L’espèce la plus présente au Moyen-Orient est le cyprès commun (Cupressus Sempervirens) appelé aussi « cyprès d’Italie » ou « cyprès de Provence ».
Cette espèce est originaire d’Asie mineure et s’est répandue autour du bassin méditerranéen et dans le reste du globe. En régions montagneuses il pousse en compagnie du cèdre. (Mt Liban, Mt Hermon) mais, ne résistant pas au grand froid, on ne le trouve pas sur les sommets. →) Historia plantarum 4,5,1
écrit que l’on trouve le cyprès dans les pays de soleil comme la Crète, la Lycie et Rhodes. (Autres
En raison de ses feuilles persistantes, de son bois réputé imputrescible, de sa longévité (jusqu’à 2000 ans), de son odeur d’encens, le cyprès, « arbre funèbre », devient signe de vie éternelle.
Une légende très en vogue à l’époque médiévale, et qui contient de nombreuses variantes, présente le cyprès comme l'un des arbres dont fut tirée la croix du Christ.
6–14 ; 2,13ss Vigne FLORE Vitis vinifera
La culture de la vigne est si ancienne, qu’il est difficile de connaître précisément son origine. Dans la Bible elle commence avec Noé (Gn 9,20) et sa présence est attestée ensuite en Égypte (Gn 40,9-11 ; représentations picturales dans les tombeaux d’Égypte) et en Canaan (Nb 13,24). On considère généralement que la vigne est originaire de l’Arménie et des régions de la Mer Caspienne ( , Bible Plants, p. 242).
Avant de planter une vigne il est important de préparer le sol à la bêche en creusant un sillon (→), et d’enlever les pierres ( Naturalis historia 17,159Is 5,2).
Il existe différentes techniques de culture de vigne :
Après 3 ans d’entretien, la vigne porte du fruit la 4e année.
12b nard FLORE Nard de l'Himalaya Plusieurs plantes à racines odorantes ont porté le nom de « nard » (nard de Syrie, nard celtique, nard de Crète ou sauvage, nard des champs) mais le nard pur dont il est question dans la Bible est celui que → présente comme le plus réputé et le plus cher : Naturalis historia 12,26Nardostachys jatamansi appelé communement nard de l'Himalaya ou nard indien.
Cette plante pousse en haute altitude (3000 à 6000 m) en Inde (→) dans la partie est de l’Himalaya. D’après Historia plantarum 9,7,2→, elle ne supporte pas la transplantation hors de l’Inde. Naturalis historia 16,59
14a FLORE Cypre (Henné) Le mot hébreu « kopher » [kōper], traduit par « kupros » dans la Septante et « cyprius » dans la Vulgate (afin de reproduire la phonétique du mot) désigne l’arbuste Lawsonia inermis appelé communément « henné ».
Cette plante pousse naturellement dans les régions allant du nord-est de l’Afrique au nord-ouest de l’Inde. Elle fut cultivée très tôt au Proche-Orient. On la retrouve encore aujourd’hui dans la vallée du Jourdain jusqu’à Jéricho.
17 FLORE Cèdre du Liban
En hébreu, « érez » désigne le cèdre ; puis par extension il désigne tout bois utilisable dans les cérémonies de purification. Ce nom apparait 70 fois dans la Bible.
Il existe 4 espèces de cèdres dont le cèdre du Liban. C'est un arbre conifère.
Originaire du Moyen-Orient (Liban, Syrie, Turquie). Au Liban les cèdres couvraient autrefois la plus grande partie du Liban mais la déforestation a eu raison de pratiquement l'intégralité des anciennes forêts. Il ne reste que quelques îlots de cèdres dans la région de Bcharré, dans El chouf, à Jaj ou à Tannourine.
Par contraste, ceux qui se dressent comme rivaux de Dieu sont aussi comparés au cèdre.
En raison de sa longue vie mais aussi parce que son bois est réputé imputrescible, il est symbole de pérennité, d'éternité et d'incorruptibilité.
9ss L'envol de l'âme
Tableau fait in memoriam, en souvenir d’une personne disparue en 1921. Robert Vallery-Radot décrit la petite aquarelle du même nom en CR 1790 et ne semble pas connaître l’œuvre magistrale et lumineuse, qui représente seulement la partie droite de l’envol de l’ange. Nous avons d’abord cru que cette œuvre, acquise par des amis des Desvallières qui perdirent un fils dans un combat aérien, en 1916, lors de la Grande Guerre, avait été peinte à la mémoire du soldat tombé pour son pays, mais la date inscrite dans le bas du tableau ne peut confirmer cette hypothèse. Il n’en reste pas moins que L’Envol de l’Âme exprime bien ce qu’écrivait Robert Vallery-Radot à propos de l’esquisse CR 1790, « cette acceptation tendre et solennelle de ce qui est. […] La plaine et la colline se recueillent, limpides et vertes, et le petit village tassé près de son clocher écoute l’heure qui sonne ».
12ss L'étreinte amoureuse
Le Cantique des Cantiques — en allemand Das Hohelied Salomos — est le titre d'un cycle d'images expressionnistes du peintre allemand Ct 1,12-14.
. L'artiste interprète les textes du Cantique des cantiques. Le cycle a été créé en 1923 à Rostock et contient environ 50 images, dont 27 ont été redécouvertes en 2015. La composition n°4 illustre le thème de l'étreinte amoureuse présent dans15 Tes yeux sont des yeux de colombe Symbolisme de la colombe La blancheur immaculée et la douceur de la colombe ont valu à l’oiseau de Vénus le privilège de devenir un symbole du Saint-Esprit. La colombe est l'emblème de la chasteté, de l’innocence, de la fidélité conjugale : Intertextualité biblique Ct 1,15. C'est aussi l'Esprit qui dicte à l'oreille des écrivains inspirés. Dans l'Église romaine, la colombe était particulièrement reliée à la légende de saint Grégoire Ier († 804). Dans de nombreux dessins, le Saint-Esprit sous la forme d'une colombe soutenait ce docteur de l'Église, soit pour un texte théologique (à partir du 8e s.), soit en faveur d'un chant (dès le 10e s.) comme le montrent ces enluminures médiévales :
13 ; 3,6 ; 4,6.14 ; 5,1.5.13 myrrhe FLORE Arbre à myrrhe (basalmier)
La myrrhe est « môr » en hébreu et « smurna » en grec. Le mot « muron » en grec qui généralement est traduit par « huile parfumée » ( Ex 30,25 ; 1Ch 9,30 ; 2Ch 16,14 ; Jdt 10,3 ; Ps 132,2 ; Pr 27,9 ; Ct 1,3-4 ; Ct 4,14 ; Am 6,6 ; Is 39,2 ; Ez 27,17 ; Mt 26,7.12 ; Mc 14,3-5 ; Lc 7,37-38.46 ; Lc 23,56 ; Jn 11,2 ; 12,3.5.) est traduit par « myrrhe» en Ap 18,13. Il s'agirait probalement d'une huile à base de myrrhe et d'autres aromates (cf. Ct 4,14).
Originaire d’Afrique de l’Est (Éthiopie, Somalie) et du sud de l’Arabie (Yémen, Oman).
En raison de son goût amer et de son efficacité pour soigner et apaiser les blessures, la myrrhe évoque la souffrance.
Parce qu’elle sert à l’embaumement, elle est associée à la mort.
Les deux précédents symboles manifestant la vulnérabilité de la nature humaine, la myrrhe devient aussi symbole d’humanité.
Ce parfum précieux était généralement réservé à l’embaumement des rois.
Comme l’amour, la myrrhe dégage un parfum envoûtant et puissant. (Ps 45,9 et Ct 1,13)
Le prénom de Marie « Mariam » ou « Myriam » signifie « mer de myrrhe » ou « mer d'amertume».
4 Courons TYPOLOGIE Prière à la Vierge immaculée
Antienne chantée pour la solennité de l'Immaculée Conception le 8 décembre.
Entraînez-nous, Vierge Immaculée, nous courrons après vous à l'odeur de vos parfums.
5 ; 2,10ss je suis noire mais aussi ravissante Nigra sum
Nigra sum sed formosa filiae Hierusalem, Ideo dilexit me rex, et introduxit me in cubiculum suum, et dixit mihi: Surge, amica mea et veni, Ostende mihi faciem tuam, sonet vox tua in auribus meis, vox enim tua dulcis, et facies tua decora.
Je suis noire mais belle, filles de Jérusalem (Ct 1,5), c'est pourquoi le roi m'a choisie, et m'a fait entrer dans ses appartements (Ct 1,4), et il m'a dit : « Lève-toi, mon amie, et viens, (Ct 2,10) montre-moi ton visage, que ta voix résonne à mes oreilles ; car ta voix est douce, et ton visage charmant. (Ct 2,14) »
Pablo ; il jouera même dans des conditions mouvementées lors de la guerre d'Espagne.
, né le 29 décembre 1876 à El Vendrell (province de Tarragone, Espagne) et mort le 22 octobre 1973 à San Juan (Porto Rico), est un violoncelliste, chef d'orchestre et compositeur espagnol. Tout au long de sa longue vie, fut un défenseur acharné et enthousiaste du violoncelle, mais aussi de la musique dans une inébranlable foi dans les valeurs qu'elle peut transmettre. Ses enregistrements sont habités de cet enthousiasme et de son énergie. Il essaye de favoriser l'accès à la musique pour le plus grand nombre, que ce soit avec des associations de concerts, la création de ses divers orchestres5s je suis noire La Reine de Saba figure de la beauté exotique de la bien-aimée
Livret : Jules Barbier et Michel Carré
Création : Paris, Opéra Salle Le Peletier, 28 février 1862
Balkis : mezzo-soprano
Soliman : basse
Adoniram : ténor
Bénoni : mezzo-soprano
Méthousaël : basse
Sadoc : basse
Amrou : ténor
Phanor : baryton
Sarabil : alto
Afin d’éblouir Balkis, la reine de Saba dont il attend la visite à Jérusalem, Soliman vient de faire construire par Adoniram un temple merveilleux. Bénoni, jeune apprenti de l’artiste, célèbre la beauté légendaire de la reine. Adoniram, qui rêve du chef-d’œuvre suprême, est torturé par le doute, mais aussi par ses ouvriers, Amrou, Méthousaël et Phanor qui, se voyant refuser une part des bénéfices, jurent vengeance. Balkis admire la splendeur du temple, sans manifester d’enthousiasme à l’idée d’épouser Soliman, à qui elle offre pourtant son anneau. Elle est davantage fascinée par Adoniram, d’autant qu’il semble posséder des pouvoirs surnaturels – un scarabée magique, grâce auquel il commande des hommes et des djinns. Balkis orne le cou d’Adoniram de son collier.
Sur le plateau de Sion, devant Soliman et Balkis, Adoniram s’apprête à créer le chef-d’œuvre de ses rêves, une Mer d’Airain. Lorsqu’il est trop tard pour arrêter la fonte, Benoni avertit Soliman que les trois ouvriers-traîtres ont saboté l’ouvrage. Le métal fondu détruit le précieux moule et le fourneau explose.
En dépit de son échec, l’image d’Adoniram brûle toujours dans l’esprit de Balkis. L’artiste se déclare indigne de la confiance de la reine, et lui rend son collier. Les sentiments puissants les submergent. Benoni annonce que les djinns ont réparé le moule, et tout est à nouveau en place pour la fonte. Adoniram révèle alors à Balkis qu’ils descendent du même ancêtre, le chasseur Nemrod, et qu’il est protégé par des forces surnaturelles. Leur entretien a été entendu par les trois traîtres qui décident d’en informer Soliman.
L’absence prolongée de Balkis attise les soupçons de Soliman, confirmés par les traîtres qui lui rapportent le rendez-vous de la reine avec Adoniram. D’abord méfiant, Soliman finit par prêter foi à ces accusations lorsque Adoniram lui présente sa démission, en refusant de partager avec lui le pouvoir royal. Ayant fini son chef-d’œuvre, il se prépare à s’enfuir avec Balkis. La reine calme les ardeurs de Soliman en lui faisant boire un somnifère, retire l’anneau qu’elle lui avait offert et s’éclipse, ignorant ses imprécations.
Les trois traîtres surprennent Adoniram à l’endroit de son rendez-vous avec la reine, au pied du mont Tabor, et le poignardent. Tel le trouve Balkis qui, recevant son dernier soupir, glisse sur son doigt l’anneau sacré. La montagne s’ouvre et le corps d’Adoniram est porté par les djinns au royaume de ses ancêtres.
Gounod a une revanche à prendre sur l’Opéra où, depuis La Nonne sanglante, on n’a pas joué une note de sa musique. Encouragé par le succès croissant de Faust, le directeur Alphonse Royer accepte volontiers ce qui deviendra La Reine de Saba (auparavant intitulé La Reine Balkis, adapté par Barbier et Carré des Nuits de Ramazan de Gérard de Nerval) […] soumis à d’innombrables coupures, dont la suppression de la scène de la fonte du IIe acte, La Reine de Saba ne tiendra l’affiche que quinze soirées avant d’être retirée du répertoire.
Après des reprises complètes à la Monnaie de Bruxelles (1862, puis en 1876), à Darmstadt (1863), un nouvel échec à Londres (1865, en concert au Crystal Palace, avec le livret maquillé en Irene, drame turc…) et à Manchester (1880), puis une ultime et malheureuse tentative à l’Opéra-Populaire du Château-d’Eau, le 27 novembre 1900, l’œuvre disparut jusqu’en 1969 où elle fut reprise au Capitole de Toulouse, pour la dernière fois au XXe siècle.
Bibliographie : Mille et un opéras, Piotr Kaminski, Fayard, 2004