La Bible en ses Traditions

Cantique des cantiques 1,1–17

M
G S
V

Cantique des Cantiques

de Salomon.

ICI COMMENCE LE LIVRE

« CANTIQUE DES CANTIQUES » 

Qu’il me baise des baisers de sa bouche !

Car ton amour est meilleur que le vin

— Qu’il me baise d'un baiser de sa bouche 

(car meilleurs que vin sont tes seins 

tes parfums ont une odeur suave,

ton nom est une huile épandue,

c’est pourquoi les jeunes filles t’aiment.

fraglants d'essences excellentes

huile effusée, ton nom 

aussi les jeunes filles s'attachèrent-elles à toi :

3 Les jeunes filles 6,8

Entraîne-moi après toi ; courons !

Le roi m’a fait entrer dans ses appartements  ;

nous tressaillirons, nous nous réjouirons en toi :

nous célébrerons ton amour plus que le vin.

Qu’on a raison de t’aimer ! 

tire-moi après toi, courons !)

le roi m'a introduite en ses celliers !

(nous exulterons et nous réjouirons en toi :

se souvenant mieux de tes seins que du vin, les hommes droits s'attachent à toi)

Je suis noire mais belle, filles de Jérusalem

comme les tentes de Cédar, comme les pavillons de Salomon.

je suis noire mais aussi ravissante, filles de Jérusalem,

comme les tentes de Cédar, comme les peausseries de Salomon

Ne prenez pas garde à mon teint noir, c’est le soleil qui m’a brûlée

les fils de ma mère se sont irrités contre moi

ils m’ont mise à garder des vignes ; ma vigne, à moi, je ne l’ai pas gardée.

n'allez pas me dévisager : oui, je suis foncée, le soleil a changé ma couleur !

Les fils de ma mère me querellèrent

m'établirent gardienne dans des vignes, ma propre vigne je ne la gardai pas

Dis-moi, toi que mon âme aime, où tu mènes paître tes brebis, où tu à midi, les fais reposer

pour que je ne sois pas comme une égarée  autour des troupeaux de tes compagnons.

(indique-moi, toi à qui s'attache mon âme, où tu pais, où tu reposes à midi

que je ne commence pas à divaguer à travers les troupeaux de tes compagnons !)

Si tu ne le sais pas, ô  la plus belle des femmes,

sors  sur les traces de ton troupeau  et mène paître tes chevreaux près des tentes des bergers.

— Si tu l'ignores, toi, belle entre les femmes

sors ! et t'en vas sur les traces des troupeaux et pais tes chevreaux contre les tentes des pasteurs !

8 Traces : jalons, bornes Jr 31,21

À ma cavale, quand elle est attelée aux chars de Pharaon, je te compare, mon amie.

— À ma cavale dans les chars de Pharaon je t'assimilai, mon amie :

M V
G S

10 belles sont tes joues au milieu des colliers

Vcomme d'une tourterelle

et beau ton cou  au milieu des rangées de perles !

Vcomme des colliers ! 

10 

11 — Nous te ferons des colliers

Vde petites murènes d’or pointillés

Vvermiculées d’argent...

11 

M
G S
V

12 (Tant que le roi est dans ses salons

mon nard donne sa senteur

12 

12 (Durant que le roi était sur son divan, mon nard donna son odeur

13 Mon bien-aimé est pour moi un sachet de myrrhe, qui repose entre mes seins.

13 

13 fascicule de myrrhe mon préféré, à moi, entre mes seins il s'étendra

14 Mon bien-aimé est pour moi une grappe de cypre dans les vignes d’Engaddi...)

14 

14 grappe de cypre mon préféré, à moi, dans les vignes d'Engaddi...)

15 — Oui, tu es belle, mon amie ; oui, tu es belle ! Tes yeux sont des yeux de colombe !

15 

15 — Voici, que tu es belle, mon amie, que tu es belle : tes yeux de colombes !

16 Oui, tu es beau, mon bien-aimé ; oui, tu es charmant !

Notre lit est un lit de verdure.

16 

16  — Voici, que tu es beau, mon préféré, et élégant !

Notre lit est fleuri

M V
G S

17 les poutres de nos maisons sont des cèdres

Vde cèdre, nos lambris des

Vde cyprès

17 

Réception

Comparaison des versions

1–15 M G | V (Numérotation des versets) M et G incluent le titre du livre dans la numérotation des versets, contrairement à V. Il en résulte un décalage systématique d'un verset (en moins) de V par rapport à M et G.

  • M = 6,1 // V : 5,17 (dernier verset du chapitre), ce qui explique le décalage dans la numérotation des versets (M :  6,2 // V : 6,1, etc.)
  • M : 7,1 // V : 6,12.

Intertextualité biblique

15 Tes yeux sont des yeux de colombe Symbolisme de la colombe

  • Livre de la Genèse : Noé envoie une colombe depuis son arche pour savoir si les eaux se sont retirées de la terre après le déluge. Celle-ci revient dans le soir avec un rameau d'olivier dans le bec, indiquant ainsi à Noé que les eaux ont baissé. (Gn 8,8-12) Dès le déluge, la colombe est signe de vie, de paix et d'alliance avec Dieu.
  • Cantique des Cantiques : les colombes occupent une place prépondérante dans ce livre vétéro-testamentaire (Ct 1,15 ; Ct 2,14 ; Ct 4,1 ; Ct 5,2 ; Ct 6,9)
  • Évangiles synoptiques : la colombe est évoquée lors du récit du baptême de Jésus : «  l'Esprit-Saint descendit sur lui sous un aspect corporel, comme une colombe » (Lc 3-22) ; ainsi qu'en Mc 1,9-11 ; Mt 3,13-17 ; Jn 2.

Texte biblique

4a Entraîne-moi

Contre mon gré

  • Bernard de Clairvaux Serm. Cant. 21 : Dans sa faiblesse l’épouse demande à être entraînée même « contre son gré » afin de suivre l’Epoux « de son plein gré » (21,9). L’épreuve la contraint, la visite intérieure la console et attire à sa suite les jeunes filles stimulées, non par leurs mérites, mais à l’odeur de la miséricorde.

Prière de l'Église

  • Bède le Vénérable In Cant. : L’Église prend la parole pour porter la prière des convertis d’après l’Incarnation, leur désir de suivre le Christ jusqu’aux cieux.

Texte

Vocabulaire

4 appartements Chambre de stockage, chambre intime

  • Chrétien Espace Vocabulaire Mt 6,6 « Nous retrouvons l'ambiguité du mot grec tamieion, présent dans G, comme nom du lieu où le roi introduit la fiancée (qui est la locutrice). Saint Jérôme dans V traduit par « celliers » (cellaria), mais d'autres traductions latines parlaient bien de « chambre », comme plus tard Luther (Kamer) ou la version dite de King James (chambers). [Pope 1977 303] précise que le mot hébreu heder, comme son correspondant arabe, signifie la partie privée d'un lieu d'habitation, par exemple la section d'une tente où l'on se retire, fermée par un rideau, voire une chambre dans une chambre, une chambre secrète : rien n'indique, précise-t-il, malgré des traductions anciennes, qu'il s'agisse d'une resserre ou d'un lieu de stockage ! » (48)

Réception

Tradition chrétienne

4 Le roi m’a fait entrer dans ses appartements Chambre du Roi, chambre du cœur Origène relie la chambre où entre l'Épouse à la chambre où, dans Mt 6,5s, Jésus nous invite à entrer en fermant la porte lorsqu'on prie (Tradition chrétienne Mt 6,5s ; Philosophie Mt 6,5s ; Philosophie) :

  • Origène Comm. Ct 1,10 « Comme le Roi a une chambre où il introduit la Reine, son Épouse, de même l'Épouse aussi a sa chambre ; là, une fois entrée, elle est invitée par le Verbe de Dieu à fermer la porte et, ainsi enfermées toutes ses richesses dans cette chambre, invitée à prier le Père qui voit dans le secret [Mt 6,6], et qui regarde quels grands trésors, à savoir les vertus de l'âme, l'Épouse aura mis en réseve dans sa chambre, pour qu'à la vue de ses richesses il lui donne tout ce qu'elle demande ; en effet, à quiconque a, on donnera [Mt 25,29]. » (t.1, 246)

V. le même approchement chez Ambroise de Milan Exp. Ps. 118 2,29, Ambroise de Milan Inst. virg. 1,5.

Philosophie

4 Le roi m’a fait entrer dans ses appartements Entrer dans la chambre du Roi, entrer dans la chambre de son cœur — identité et différence entre extase et introspection mystiques

  • Chrétien Espace « Cet oratoire qu'est la chambre du cœur [Mt 6,5s Philosophie Mt 6,5s] n'est pas en lui-même mystique, il est celui de toute prière vraie, quelle qu'elle soit. Mais il est condition de la vie mystique, et le deviendra souvent lorsqu'il sera mis en relation avec une autre « chambre » biblique, celle du Cantique des cantiques. […] Est-ce que la chambre du Roi et la chambre de la Reine sont vraiment des lieux distincts ? Quand Dieu vient y habiter, est-ce que toute chambre, et ici celle de notre intériorité, ne devient pas sa chambre, du fait de la dissymétrie et de sa hauteur ? C'est assurément une question. Mais il convient de privilégier, dans cette topique, la dynamique et le sens des mouvements : phénoménologiquement, il n'est pas identique d'aller chez l'Autre, ou que l'Autre vienne chez moi. Que ma propre intériorité soit agrandie, dilatée, éclairée, magnifiée par un hôte sans mesure supérieur à ce que je suis forme assurément une autre possibilité que celle où je sors de moi, quitte mon lieu propre, pour être introduit dans ce que Dieu a de plus secret. » (49-50)

1,1–8,15 Le Cantique comme symbole de la révélation Rosenzweig Stern (p. 235-242) interprète le caractère dialogal du Ct comme une instance de la structure dialogale de la révélation elle-même.  

  • Une première partie, intitulée « création », décrit une relation non personnelle, en 3e pers. et au passé, entre Dieu et le monde.
  • Au cœur de l'ouvrage, Rosenzweig fait de son commentaire du Ct le fil conducteur de la présentation de ce qu'il appelle « La révélation », c'est-à-dire le passage au « tu » et au présent et ainsi à l'avènement d'une relation personnelle entre Dieu et l'homme. Tout le Ct est un dialogue (à l'exception de Ct 8,6) : il ne dit pas que la révélation est dialogale, il le montre en étant lui-même dialogue et étant presque uniquement cela.

Révélation performée : importance du dialogue

La révélation n'est donc pas pour Rosenzweig la communication d'un ensemble d'informations sur Dieu, mais la naissance d'une relation entre Dieu et l'homme. Le Ct est pur dialogue — sans jamais de passage à la 3e pers. — et histoire au présent. Ces deux caractéristiques sont le fondement de la révélation : le dialogue et le présent.

Il ne s'agit donc plus de parler de la relation entre Dieu et l'homme, comme les prophètes qui décrivaient cette relation à l'aide de la métaphore des noces, mais de faire parler cette relation elle-même.

Révélation lyrique : importance de la subjectivité

Le discours du Ct est donc tout entier porté par la subjectivité.

  • Cela se manifeste par l'importance du « je » sous la forme du je-marqué (’ănî en héb.). Le Ct est le texte biblique qui utilise, proportionnellement à sa taille, le plus ce « je », après le livre du Qo (fréquence de 6,03 emplois pour 1000 mots en Ct, et de 6,50 en Qo).
  • Cela se remarque aussi au fait que les premiers mots du Ct expriment une comparaison : « tes amours sont meilleures que le vin » (Ct 1,2b), c'est-à-dire une appréciation subjective et non un simple constat, auquel cas un comparatif n'eût pas été nécessaire.

Dès le début du texte, la focalisation n'est pas celle d'une narration objective mais celle d'une subjectivité : les choses ne sont pas décrites pour elles-mêmes, l'enjeu est d'emblée perspectiviste. 

Critique de la réception moderne du Cantique

Rosenzweig critique les analyses modernes du Ct (à partir des 18e et 19e s.) qui ont cherché à effacer cette dimension dialogale du texte.

  • Il vise d'abord Herder et Goethe, qui ont fait du Ct un chant d'amour purement humain, prisonniers qu'ils étaient du préjugé que ce qui est humain ne peut être divin et que Dieu ne peut pas aimer. Cependant, leur tentative eut au moins le mérite de conserver cet aspect essentiel du Ct : le fait qu'il s'agisse d'un chant lyrique, de l'expression de deux subjectivités.
  • D'autres tentatives ont suivi, plus condamnables parce qu'elles ont réduit le Ct à un simple récit, narration entre plusieurs personnages : un roi, un berger, une paysanne. Dans ce dernier type d'interprétation le cœur du Ct, à savoir son caractère lyrique, est perdu et l'œuvre demeure incompréhensible.

5a Noire je le suis, et ravissante aussi Coïncidence de la conscience d'être aimé et de la découverte de la capacité d'aimer

  • Rosenzweig Stern : L'âme aimée se découvre en même temps noire et belle, c'est-à-dire à la fois aimée et pécheresse. En effet, l'âme qui est aimée et qui prend conscience de cet amour prend aussi conscience du fait qu'avant cela elle n'aimait pas, qu'elle n'était qu'un soi égoïste enfermé en lui-même. Elle reconnaît alors à la fois ce qu'elle a été et ce qu'elle n'est dorénavant plus, « elle ne peut reconnaître son amour qu'en reconnaissant en même temps sa faiblesse et en répondant [...] : "j'ai péché" » (213).

Arts visuels

5a ; 2,13c Noire, je le suis, mais ravissante + Lève-toi, mon amie, ma belle — (V) Inscription médiévale Un médaillon sculpté au 12e s. dans l’église abbatiale de Vézelay (3e arcade sud, CIFM 21,239) montre la compilation et la réinterprétation poétique de deux versets du Ct au Moyen Âge (Ct 1,5 et Ct 2,13 V : nigra sum sed formo[n]sa... surge amica mea speciosa mea).

Anonyme, Allégorie de l'Église, (sculpture sur pierre, 12e s.), diam. 40 cm, médaillon, arc doubleau

Vézelay, Basilique Sainte-Marie-Madeleine, Vézelay (France)

photo Sébastien Biay © CIFM

  • Le vers Su(m) modo fumosa, sed ero post hec speciosa (« je suis maintenant enfumée, mais après cela je serai d’une grande beauté ») est gravé tout autour de la représentation de l’Église, sous les traits d’une femme couronnée, portant une bannière dans une main et la représentation d’une église dans l’autre. Cet hexamètre léonin rapproche par la rime -osa deux termes antithétiques, à la manière du v.5a (nigra/formosa), tout en reprenant la même syntaxe (sumsed…).

Les interprétations divergent pour comprendre le sens de ce médaillon :

  • une allusion à l’incendie de 1120 qui détruisit la nef carolingienne et fit plus d’un millier de victimes ? L'emplacement du médaillon serait un memento topographique de l'événement et le verset biblique donnerait alors voix à l'église en tant que bâtiment, et non comme institution ou corps mystique ;
  • une représentation de la Reine de Saba, symbole de l’Église et qui dans un manuscrit de l’Hortus deliciarum (encyclopédie chrétienne réalisée par les moniales du mont Saint-Odile, 3e quart du 12e s.) est accompagnée des mêmes termes ? Aux fol. 209 a et b, elle offre des présents à Salomon, avec ces mots : Sibilla ecclesia nigra est persecutionibus, sed formosa virtutibus, myrrha id est mortificatione viciorum et thure id est oratione fumosa.

Mystique

7 où fais-tu paître ton troupeau, où le fais-tu reposer à l’heure de midi ? Jean de la Croix, Cantique spirituel B 1,5: "Demander au Père où il se repaît, n'est pas autre chose que demander au Père de daigner montrer l'essence du Verbe divin son Fils, car le Père ne se nourrit que de son Fils unique, qui est la gloire du Père. Demander au Père à voir où il prend son lieu de repos, c'est renouveler la même demande, parce que le Fils seul fait les délices du Père, qui ne se repose qu'en son Fils bien-aimé et n'est contenu qu'en lui. Le Père se repose tout entier en son Fils, parce qu'il lui communique toute son essence au milieu du jour, c'est à dire dans l'éternité où il l'engendre continuellement et le tient sans cesse engendré."

Musique

4.7.15 ; 2,8.16 ; 4,1–7.10 ; 5,8 ; 8,6 Niets dan liefde (Rien d'autre que l'amour)

21e s.

Kris Oelbrandt, OCSO (1972-), Niets dan liefde (Oratorio du printemps op.23), 2011

Marie de Roy (sopr), Aldo Platteau (bar), Ensemble Sturm und Klang (dir. Thomas van Haeperen)

© Kris Oelbrandt→, Ct 1,4.7.15.2,8.16.4,1-7.10.5,8.8,6 Mc 14,22 Mt 26,26 Lc 22,19 1Co 13,7s

Composition

Cette Cantate est composée pour le quatrième dimanche du carême sur l'amour. Elle est constituée de deux parties: la première décrit l'amour entre l'homme et Dieu comme un amour entre humains, la deuxième fait apparaître l'amour entre Dieu et l'homme dans l'eucharistie et le don de soi. La première partie est inspirée du Cantique des cantiques. Dans la deuxième partie, le Récit de l'Institution est superposé par un poème de Hans Andreus, qui se traduit en français par: « Je te préfère au pain, bien qu'on dit que c'est impossible, et bien que ce soit impossible ». Un fragment de la Prière de Charles de Foucauld et du cantique de l'amour (1Co 13,8a.7) concluent la cantate.

8 La plus belle des femmes

16e s.

Jacob Meiland (1542-1577), O pulcherrima inter mulieres, 1564

Schola Stralsundensis, Maurice van Lieshout (dir.)

© Licence YouTube Standard→, Ct 1,8 Si 36,20-28

Paroles

O pulcherrima inter mulieres, o florens rosa clarior aurora, pulchra ut luna, electa ut sol, rubens formosa sponsa mea, veni de Libano.

Veni in hortum meum, charissima mea, Ecce quam pulchra es, amica mea, columba mea, formosa mea, sponsa mea, veni de Libano.

Oh la plus belle des femmes O rose fleurie, plus brillante que l'aube belle comme la lune, brillante comme le soleil ma belle mariée rayonnante je viens du Liban.

Je suis allé dans mon jardin, ma chérie, Voici comme tu es belle mon amour ma colombe ma belle mariée je viens du Liban.

Littérature

13 fascicule (V) FRANÇAIS BIBLIQUE 

  • V présente le terme fasciculum.

On emploie ici le terme français→, directement emprunté depuis le 15e s. au latin fasciculus« petit paquet, petite botte », diminutif de fascis« faisceau, fagot, paquet, au sens pharmaceutique de « petite botte de plantes ». 

Drapeau de la francophonie→ © Domaine public

3 fraglants (V) FRANÇAIS BIBLIQUE

  • V offre fraglantia, part. prés. neut. pl. de fragro, « émettre une odeur, sentir » dans une graphie inhabituelle.

 L'adj. français fragrant a le même sens. À l'imitation du latin, nous lui donnons une graphie inhabituelle qui le rapproche de flagrant (dérivé de flagro, « brûler, enflammer »), et l'irise de connotations de chaleur, d'imminence et de risque. 

Drapeau de la francophonie→ © Domaine public

Contexte

Milieux de vie

17 Le cyprès FLORE Cyprès

Cyprès sur le Mont Scopus (Jérusalem)

Photo:  M.R. Fournier (2021) © BEST AISBL

Is 41,19 ; 60,13 ; Si 24,17

Classification

Le cyprès est un conifère. Il existe environ trente espèces de cyprès. L’espèce la plus présente au Moyen-Orient est le cyprès commun (Cupressus Sempervirens) appelé aussi « cyprès d’Italie » ou « cyprès de Provence ».

  • Famille : cupressaceae
  • Genre : cupressus
  • Espèce : sempervirens
Localisation

Cette espèce est originaire d’Asie mineure et s’est répandue autour du bassin méditerranéen et dans le reste du globe. En régions montagneuses il pousse en compagnie du cèdre. (Mt Liban, Mt Hermon) mais, ne résistant pas au grand froid, on ne le trouve pas sur les sommets. Théophraste écrit que l’on trouve le cyprès dans les pays de soleil comme la Crète, la Lycie et Rhodes. (Théophraste Historia plantarum 4,5,1 )

Description
  • De haute taille (jusqu’à 25 m de haut) et massif, le cyprès est très ramifié et a un feuillage en écaille, persistant.
  • On trouve deux formes de cyprès commun : la forme horizontalis aux branches étalées et la forme pyramidalis au port plus élancé, conique qui résiste bien au vent.
  • Son écorce se crevasse avec le temps et dégage une odeur de résine.
  • Ses fleurs donnent naissance à des cônes sphériques, bruns, appelés « noix de cyprès ». 
  • Son bois est imputrescible (Théophraste Historia plantarum 5,4,2).
  • Ses graines sont si petites qu’elles sont à peine visibles (Pline Naturalis historia 17,72).

Illustration botanique de Cupressus sempervirens (1818),P.J.Redouté

dans Traité des arbres et arbustes que l'on cultive en France en pleine terre de Duhamel du Monceau

© Domaine public→

Usage
 Médical
  • Pline Naturalis historia 24,10 présente les feuilles et les fruits du cyprès comme des remèdes contre les morsures de serpents, les coups de soleil, les hernies, les douleurs nerveuses, etc … Les cônes ont des propriétés anti-inflammatoires.
  • Son utilisation en médecine est très ancienne (cf. tablettes cunéiformes sumériennes, Gilgamesh).
Culture matérielle

Autres

  • Il protège les cultures des vents violents.
Symbolique
Tristesse et deuil
  • Le cyprès est l'attribut de Pluton, dieu des enfers.
  • Les nécropoles romaines et grecques étaient ornées de cyprès parce que ces arbres devaient permettre de communiquer avec les régions souterraines de l’Hadès.
  • Les sarcophages des Égyptiens étaient souvent en cyprès.
  • Ovide Metamorphoses 10, raconte que le jeune Cyparisse, ayant tué par accident le cerf que lui avait offert Apollon, en est si peiné qu'il demande à ce dernier la faveur de laisser couler ses larmes pour l'éternité. Apollon le change alors en cyprès, arbre dont la sève s'écoule en forme de larmes.  
  • Virgile Aeneid 6,214-217 parle de « funestes cyprès ».
Éternité, vie éternelle

En raison de ses feuilles persistantes, de son bois réputé imputrescible, de sa longévité (jusqu’à 2000 ans), de son odeur d’encens, le cyprès, « arbre funèbre », devient signe de vie éternelle. 

  •  Dieu lui-même se compare au cyprès (Os 14,9). Ainsi, dans les cimetières, cet arbre au feuillage toujours vert et à la cime élancée vers le ciel, vacillante comme une flamme, rappelle la présence de Dieu et sa promesse de donner la vie éternelle à ceux qui croient. 
  • Origène Homiliae in Canticum canticorum 2,5 voit dans le cyprès l’image des vertus spirituelles, et dans son odeur, celle de la sainteté.
Légendes

Une légende très en vogue à l’époque médiévale, et qui contient de nombreuses variantes, présente le cyprès comme l'un des arbres dont fut tirée la croix du Christ.

  • Actes de Pilate 20 raconte qu’Adam, malade, aurait envoyé son Fils Seth réclamer à l’archange st Michel un peu d’huile de l’arbre de Vie. L’archange le lui refusa en disant qu’Adam ne serait oint de l’huile de la miséricorde que lorsque dans 5500 années, le fils de Dieu viendrait la lui donner.
  • Voragine La légende dorée  (p. 363-372) Selon une autre chronique, Saint Michel aurait donné à Seth un rameau de l’arbre de la connaissance du bien et du mal, que Seth aurait planté sur la tombe d’Adam et qui donna un arbre splendide duquel fut fait la verge de Moïse, celle d’Aaron, le bois qui adoucit les eaux de Mara, la perche du serpent d’Airain et la croix de Jésus Christ.
  • Cornish Ordinalia parle de 3 graines données par l’ange à Seth qui les plaça dans la bouche d’Adam mort. De là poussèrent trois arbres : un cyprès, un cèdre et un olivier qui n’en formèrent qu’un seul (symbole de la trinité) qui servira finalement à faire la sainte croix. 

6–14 ; 2,13ss Vigne FLORE Vitis vinifera

Vigne près de Nahal Ilan (Israël)

Photo : M.R. Fournier (avril 2022) © BEST AISBL

Vigne: Gn 9,20 ; 40,9-11 ; 49,11-12 ; Ex 22,4 ; 23,11 ; Lv 19,10.19 ; 25,3 ; Nb 6,4 ; 13,23 ; 20,5.17 ; 21,22 ; 22,24 ; Dt 6,11 ; 8,8 ; 20,6 ; 22,9 ; 23,24 ; 24,21 ; 28,30.39 ; 32,32 ; Jg 9,12.13.27 ; 13,14 ; 14,5 ; 15,5 ; 21,20.21 ; 1S 8,14-15 ; 22,7 ; 1R 5,5 ; 21,1-2.6.7.15-16.18 ; 2R 4,39 ; 5,26 ; 18,31-32 ; 19,29 ; 1Ch 27,27 ; Ne 5,3-5.11 ; 9,25 ; 1M 3,56 ; 14,12 ; Jb 15,33 ; 24,6 ; Ps 78,47 ; 80,9-16 ; 105,33 ; 107,37 ; 128,3 ; Pr 9,12 ; 24,30 ; 31,16 ; Qo 2,4 ; Ct 1,6.14 ; 2,13.15 ; 6,11 ; 7,9.13 ; 8,11.12 ; Si 24,17.23 ;  Is 1,8 ; 3,14 ; 5,1-17 ; 7,23 ; 16,8-10 ; 17,10 ; 24,7 ; 32,12 ; 34,4 ; 35,9 ; 36,16 ; 48,32 ; 63,3 ; 65,21 Ez 15,2.6 ; Ez 17,5-10 ; 19,10 ; 28,26 ; Jr 2,21 ; 5,17 ; 6,9 ; 8,13 ; 12,10 ; 32,15 ; 35,7.9 ; 39,10 ; Os 2,14.17 ; Os 2,14 ; 10,1 ; 14,8 ; Jl 1,12 ; 2,22 ; 1,7Am 4,9 ; 5,17 ; 9,14 ; Mi 1,6 ; 4,4 ; Ha 3,17 ; Ag 2,19 ; Za 3,10 ; 8,12 ; Mt 20,1-2.4.7.8 ; Mt 21,28.33.39-41 ; 26,27-29 ; Mc 12,1-2.8-9 ; Lc 13,6 ; 20,9-16 ; 22,18 ; Jn 15,1-6 ; Jc 3,12 : 1Co 9,7 ; Ap 14,18-20 ; 

Classification
  • Famille : vitaceae
  • Genre : vitis
  • Espèce : vinifera
Localisation

La culture de la vigne est si ancienne, qu’il est difficile de connaître précisément son origine. Dans la Bible elle commence avec Noé (Gn 9,20) et sa présence est attestée ensuite en Égypte (Gn 40,9-11 ; représentations picturales dans les tombeaux d’Égypte) et en Canaan (Nb 13,24). On considère généralement que la vigne est originaire de l’Arménie et des régions de la Mer Caspienne (Moldenke, Bible Plants, p. 242).

Description
  • Plante grimpante qui s’attache à des supports par des vrilles.
  • Son système racinaire est puissant et étendu. Il peut s’enfoncer jusqu’à 6 m de profondeur pour puiser l’eau nécessaire.
  • Cultivé, le pied de vigne, flexible, se recouvre peu à peu d’écorces anciennes pour former le tronc que l’on appelle cep. Il se ramifie en plusieurs bras sur lesquels poussent des rameaux appelés sarments. Les sarments peuvent atteindre une longueur de 10 m mais ils sont généralement coupés pour ne pas dépasser 2 m de long. Sur les nœuds des tiges (renflements) poussent des feuilles et des bourgeons.
  • Ses feuilles à nervures palmées, généralement à 5 lobes, ont une base en forme de cœur.
  • Ses fleurs, petites, verdâtres et regroupées en inflorescences dégagent une agréable odeur.
  • Son fruit, le raisin, est composé de baies pluriloculaires regroupées en grappes. Sa couleur (blanc, jaune, rouge, violet, noir) et sa forme (globuleuse elliptique, ovoïde) diffèrent selon les variétés. Chaque baie possède une enveloppe externe recouverte de pruine, et contient une pulpe généralement incolore et un ou deux pépins.
  • Un ensemble de plants issus d’un même pépin peuvent former un cépage. Les cépages se distinguent surtout par la couleur des fruits, leur taille et leur saveur. Il existe plus de 6000 cépages dans le monde.

     Illustration botanique de la vigne, Müller 

     Köhler's Medizinal-Pflanzen Franz Ernest Köhler, 1887, © Domaine public

Culture
Plantation

Avant de planter une vigne il est important de préparer le sol à la bêche en creusant un sillon (Pline Naturalis historia 17,159), et d’enlever les pierres (Is 5,2).

Il existe différentes techniques de culture de vigne :

  • Dans l’Antiquité se pratiquait la culture de la vigne sur arbre ( Jr 8,13 ; Ha 3,17 ) : on laissait pousser la vigne près d’un arbre qui lui servait de tuteur. Ainsi Pline Naturalis historia 14,10 parle de vignes « mariées » au peuplier et dont les tiges grimpaient de branche en branche. De ces vignes étaient tirés parfois de grands crus (Pline Naturalis historia 17,199). Près d’habitations on faisait grimper la vigne sur des figuiers (1R 5,5 ; Mi 4,4 ; Za 3,10).
  • Une autre manière de cultiver la vigne est de la dresser, avec ou sans échalas, avec ou sans joug (perche ou roseau). Cette technique donne un vin meilleur car le raisin profite plus du soleil, et garde moins l’humidité. Elle permet aussi de travailler plus facilement la vigne.
  • Il est encore possible de laisser la vigne pousser à terre (Pline Naturalis historia 17,185) en supprimant la tige du cep. On entoure alors la vigne rampante de clôtures basses et de tranchées. Cette culture, qui permet au raisin d’être mieux abrité du soleil par les feuilles, se rencontre surtout dans les pays chauds, en Afrique, Égypte, Syrie et Europe. Le vin est de moins bonne qualité, le raisin est la proie des renards et des rats et le risque de pourriture au contact du sol est grand.
Entretien de la vigne
  • La vigne a besoin d’être taillée (Jn 15,2-6) chaque année à la fin de l’hiver (Pline affirme qu'on peut la pratiquer dès la fin des vendanges et durant tout l’hiver si le climat est doux). La taille a pour rôle de régulariser la naissance des sarments sur les branches de l’année précédente. Autrefois on taillait la vigne à la serpette (Is 2,4 ; 18,5 ; Jl 4,10).

Après 3 ans d’entretien, la vigne porte du fruit la 4e année. 

Récolte et fabrication du vin
  • Les vendanges au pays du Levant ont lieu au mois de septembre et doivent être finies avant la fête des tabernacles.
  • On cueillait les raisins dans des paniers. Ils étaient ensuite jetés au pressoir – cuve en pierre placée dans le verger – et foulés aux pieds par les vendangeurs. Le jus du raisin s’écoulait alors par une fente dans une seconde cuve ou dans des récipients. Des pressoirs à levier étaient ensuite utilisés pour extraire ce qui restait du jus des raisins déjà foulés.
  • Les méthodes de conservation du vin étaient différentes selon le climat : dans les régions aux hivers rigoureux, le vin était conservé dans des tonneaux de bois cerclés ; dans les pays tempérés, on le mettait dans des jarres d'argile ( Jr 13,12 ) ou des outres en peau (Jos 9,4.13 ; 1S16,20 ; Jdt 10,5). 
  • Placé dans le cellier, ou, dans le cas du Temple, dans des magasins, le vin fermentait et vieillissait pour se bonifier (Lc 5,39). Selon la forme des jarres, la qualité du vin était différente : Les petites jarres donnaient un vin meilleur. Pour assurer l’étanchéité des jarres, on les enduisait de poix. La poix et la résine (en particulier la résine de térébinthe) servaient aussi à appréter le vin pour faciliter sa conservation. Ce vin résiné prenait un léger goût de térébinthe. Pline Naturalis historia 14,124.
Usage
Alimentation
  • Le vin est consommé communément en boisson avant ou après fermentation. En Orient, autrefois, le vin aromatisé avec des herbes, de la myrrhe ou d'autres résines, était très apprécié.
  • Une partie du raisin est mangée en nature ou sous forme de raisins secs.
  • La vigne elle-même se mange : on faisait cuire les sommités des tiges ou on les faisait confire dans le vinaigre et la saumure (Pline Naturalis historia 14,119). On mangeait salées les pousses de la vigne sauvage (Dioscoride De materia medica 4,181).
Médical
  • Les médecins anciens attribuaient au vin de grandes vertus médicinales. Ils avaient étudiés les propriétés de chaque cépage et les prescrivaient comme remèdes . Pline Naturalis historia 14,19.
  • Paul de Tarse présente le vin comme un remède contre les maux d’estomac (1Tm 5,23).
  • Il était considéré comme un désinfectant : Lucien de Samosate Oeuvres completes 24,2 rapporte qu’on arrosa les rues avec du vin lors de la peste d’Athènes. Dans la parabole, le bon samaritain panse les plaies du blessé avec du vin et de l’huile (Lc 10,34).
  • Selon Pline Naturalis historia 14,7, en boisson, il a la propriété de réchauffer les organes, en lotion de les refroidir. 
Cultuel
  • Le vin était donné en libation aux dieux (Nb 28,14 ; Dt 32,38). Une loi romaine interdisait d’utiliser pour les pratiques religieuses certains vins : vins de vignes non taillées ou frappées par la foudre, vin d’un raisin foulé par des pieds blessés, vin de marc souillé par la chute d’ordures, vins coupés avec de l’eau (ex : vins grecs) Pline Naturalis historia 14,119.
  • Au Temple le vin servait aux libations sacrées (Ex 29,40 ; Nb 15,5.7.10 ; 28,7-14 ; Os 9,4).
  • Jésus, lors de la dernière Cène fait du vin l’une des espèces  de l’Eucharistie (Mt 26,27 ; Mc 14,23 ; Lc 22,20 ; 1Co 11,25).
Culture matérielle
  • Le cep de vigne atteignait parfois de grandes tailles si bien qu’il était possible de tailler dedans de grandes statues : une statue de Jupiter à Populonia, une panthère à Marseille, des colonnes à Métaponte, un escalier à Éphèse (Pline Naturalis historia 14,9).
Autre
  • La feuille de vigne et la grappe de raisin servent de motifs pour orner sculptures et peintures. Dans le Temple de Jérusalem d’Hérode, une vigne d’or ornait le vestibule (Josèphe Bellum Judaicum 5,5,4).
Symbolique de la vigne
Paix et prospérité
  • 1R 5,5 : le peuple habite en sécurité « sous sa vigne ».
La tribu de Juda 
  • Gn 49,11 : Jacob, lorsqu'il bénit ses fils sur son lit de mort, compare Juda à une vigne.
Le peuple d'Israël
  • Jr 2,21 : Dieu, pour reprocher à Israël son infidélité par la bouche de Jérémie, compare ce peuple à une vigne dégénérée. 
  • Jr 6,9 : le pillage d'Israël est comparé à un grapillage de vigne (Is 24,3-7).
  • Is 27,2-6 : Dieu prend soin d'Israël comme le vigneron de sa vigne et il attend de son peuple qu'il porte du fruit. 
  • Ps 80 : le psalmiste évoque la sortie d'Égypte, l'entrée en terre promise et les invasions qui suivent par l'image de la vigne plantée, entretenue puis pillée. 
  • Dt 22,9 : Dieu, par l'image de la vigne, interdit à Israël tout culte étranger. 
  • Mt 21,33-43 ; Mc 12,1-9 ; Lc 20,9-16 : dans la parabole des vignerons homicides, la vigne peut encore une fois représenter Israël. 
Sagesse
  • Si 24,17 : la sagesse est comparée à la vigne chargée de fruits. 
  • Pr 9,2-6 : la sagesse prépare le vin.
Jésus et l'Église
  • Jn 15,1-9 Jésus se compare au cep de vigne qui donne aux sarments liés à lui, la sève (la grâce) nécessaire pour vivre et porter du fruit. La vigne, symbole d'Israël devient, par la venue du Christ, image de l’Église.  
Symbolique du vin
Feu, joie, amour
  • Parce qu’il réchauffe le corps et le cœur, le vin est assimilé au feu. Comme lui, il est symbole de joie, d’amour.
  • Les périodes de tristesse, d'épreuves sont associées à une absence de vin (Dn 10,3 ; Jl 1,12).
  • Le vin favorise la convivialité. En Grèce, dans l'Antiquité, les banquets étaient suivis du symposion, temps de détente où, tout en buvant du vin, les convives parlaient, jouaient et assistaient à des spectacles.  
  • Le vin est un élément indispensable pour les fêtes (Jn 2,3) ; il participe à la joie des noces. Jésus en changeant l'eau en vin lors des noces de Cana (Jn 2,9), fournit aux époux et invités une source de joie et d'amour et il annonce par là le vin de la nouvelle alliance (Mc 14,24), vin de la joie éternelle, du banquet des noces de l'agneau (Is 25,6 ; Ap 19,9).
Vie éternelle, vie divine
  • Le vin libère l’esprit et décuple les forces de l'homme. Il donne à celui qui le boit, plus de confiance en soi, d’aisance pour discourir. Il développe les facultés intellectuelles créatives, imaginatives. 
  • La vigne après la vendange semble pourrir en hiver mais elle se régénère au printemps. Aussi le vin évoque la résurrection, la vie par delà la mort (Girard Symboles bibliques 2016 t.2,p.284).
Le sang du Christ
  • Le vin désigné dans la Bible comme « le sang des raisins » (Gn 49,11 ; Dt 32,14), devient signe du sang de Jésus, vraie vigne (Jn 15,5).
  • Ce sang est le « vin nouveau » (Mt 9,17) versé pour la multitude, signe de « l’alliance nouvelle » (Lc 22,20 ; 1Co 11,25).
  • A Gethsémani, « lieu du pressoir », la sueur de sang dont Luc fait mention (Lc 22,44), marque le début du sang versé durant toute la Passion.
  • Jésus présente son sang comme la vraie boisson qui donne la vie (Jn 6,55). Il choisit le vin comme l'une des deux  espèces  de l'Eucharistie (Mt 26,27 ; Mc 14,23-24 ; Lc 22,20). Par l'institution de ce sacrement, le vin eucharistique devient substanciellement sang du Christ. 

12b nard FLORE Nard de l'Himalaya  Plusieurs plantes à racines odorantes ont porté le nom de « nard » (nard de Syrie, nard celtique, nard de Crète ou sauvage, nard des champs) mais le nard pur dont il est question dans la Bible est celui que Pline Naturalis historia 12,26 présente comme le plus réputé et le plus cher : Nardostachys jatamansi appelé communement nard de l'Himalaya ou nard indien. 

  Nardostachys jatamansi (grandiflora)

Illustration dans Curtis's botanical magazine, Joseph Dalton Hooker, 1881  © Domaine public

Ct 1,12 ; 4,13-14 ; Mc 14,3-5; Jn 12,3-5

Classification
  • Famille : valerianaceae
  • Genre : nardostachys
  • Espèce : jatamansi (ou grandiflora
Localisation

Cette plante pousse en haute altitude (3000 à 6000 m) en Inde (Théophraste Historia plantarum 9,7,2) dans la partie est de l’Himalaya. D’après Pline Naturalis historia 16,59, elle ne supporte pas la transplantation hors de l’Inde.

Description
  • Tige courte (moins de 50 cm de haut) et velue à la base.
  • Fleurs rouge-rosé à blanc-bleuté, en forme de cloches.
  • Elle possède 6 à 8 feuilles radicales de grandes tailles (20 cm) et des feuilles caulinaires de forme oblongue.
  • Racine pesante et grosse (Pline Naturalis historia 12,26) qui peut porter jusqu’à 50 rhizomes. Broyés et distillés les rhizomes produisent une huile très odorante.
  • Fruits couverts de poils longs.
  • L’odeur de nard est appréciée par certains mais détestée par d’autres (Athénée Deipnosophistae 3).
Usage
Médical et cosmétique
  • Du fait de ses propriétés narcotiques et apaisantes, l’huile essentielle de nard est utilisée pour apaiser les souffrances physiques mais aussi psychiques. Il a des propriétés antiseptiques, sédatives, antibactériennes, antispasmodiques, hypotensives, tranquillisantes.
  • Dans l’Antiquité le nard était un parfum précieux et de grand prix. Sa valeur a été estimée à 300 deniers par Judas (Jn 12,5) soit 10 fois plus que le prix pour lequel il a vendu Jésus (Mt 27,3). Le nard pur se reconnaissait à sa légèreté, sa couleur rousse, son odeur suave, sa saveur (Pline Naturalis historia 12,26).
  • Aujourd’hui encore il est utilisé dans la composition des parfums car c’est un bon fixateur et il renforce les odeurs.
  • La fleur de nard entrait dans la composition d’un savon qu’utilisait Cléopâtre (cf. Fragments du Kosmetikon).
  • Les Romains et les Hébreux utilisaient le nard pour parfumer le corps d’un être cher au moment de sa sépulture (Jn 12,7). 
Symbolique
Humilité
Amour
  • Apponius In Canticum canticorum expositio, 3,6-8 parle du nard du cœur de l’épouse qui répand son parfum de pénitence et de bonnes œuvres. Ce parfum est l’amour de l’épouse qui répond à l’amour de l’époux entré, pour elle, dans son repos (Ct 1,12).
  • Parfumer le corps d’un défunt avec un parfum de grand prix tel que le nard était une manière d'honorer la personne aimée. Le nard répandu par Marie de Béthanie sur la tête et les pieds du Christ (Jn 12,3), quelques jours avant sa mort, manifestait son amour pour lui : un amour, comme le nard, « pur » (Jn 12,3) et « de grand prix » (Jn 12,5).
  • Selon Grégoire de Nysse Homiliae in Canticum canticorum 3,8-9 le parfum de nard est la « bonne odeur du Christ ». Le nard du cœur de l’épouse (Ct 1,12) exhale donc l'odeur de son époux qu'elle reconnaît comme tel. C’est cette bonne odeur qui a rempli toute la maison (Jn 12,3) après que Marie a oint Jésus de nard. C’est de cette bonne odeur que les disciples du Christ sont eux-même imprégnés (2Co 2,15) et qu'ils répandent par la proclamation de l’Évangile (Mt 26,13).
  • Le parfum de nard a une odeur extrêmement persistante et forte qui rivalise et l’emporte sur l’odeur du cadavre tout comme « l’amour est fort comme la mort » (Ct 8,6).

14a FLORE Cypre (Henné) Le mot hébreu « kopher » [kōper], traduit par « kupros » dans la Septante et « cyprius » dans la Vulgate (afin de reproduire la phonétique du mot) désigne l’arbuste Lawsonia inermis appelé communément « henné ».

 Illustration botanique de Lawsonia inermis,

 in Flora de Filipinas, Gran edicionde Francisco Manuel Blanco, 1880 © Domaine public→

Ct 1,14 ; 4,13

Classification
  • Famille : lythraceae
  • Genre : lawsonia
  • Espèce : inermis
Localisation

Cette plante pousse naturellement dans les régions allant du nord-est de l’Afrique au nord-ouest de l’Inde. Elle fut cultivée très tôt au Proche-Orient. On la retrouve encore aujourd’hui dans la vallée du Jourdain jusqu’à Jéricho.

Description
  • Arbuste de 1 à 5 m de haut fortement ramifié.
  • Ses feuilles opposées et ovales contiennent un colorant appelé « lawsone ». La taille des feuilles varie selon l’apport en eau.
  • Ses fleurs blanches disposées en grappes sont fortement odorantes.
  • Ses petits fruits sont des capsules rondes de 4 à 8 mm contenant de nombreuses graines.
Usage
Médical et cosmétique
  • Utilisé à des fins thérapeutiques pour ses effets anti-inflammatoires, analgésiques et antipyrétiques. Dans l'Antiquité, l’huile de cypros permettait de relâcher les nerfs, les feuilles servaient à soigner les maux d’estomac, les abcès, les aphtes, les brûlures, les luxations (Pline Naturalis historia 23,46).
  • L’odeur de la fleur de henné favorise le sommeil (Pline Naturalis historia 23,46).
  • L’essence extraite des fleurs est utilisée en parfumerie. Son parfum est proche de celui du troène mais plus intense.
  • Le colorant rouge obtenu à partir de ses feuilles desséchées, est utilisé pour teindre les cheveux (Pline Naturalis historia 23,46), la peau et les ongles. Encore aujourd’hui des tatouages éphémères sont réalisés avec le henné. Les Égyptiens se servaient du henné puisqu'on en a retrouvé sur les ongles de plusieurs momies.
  • Soins capillaires : il aurait des propriétés antipelliculaires et il fortifie les cheveux.
  • La poudre de henné est aussi utilisée pour teindre les fourrures et le cuir.

17 FLORE Cèdre du Liban

Forêt des cèdres de Dieu au Liban (Bcharré)

Photo : BlingBling10 (août 2007) © CC-BY-SA-3.0→

Nb 24,6 ; Jg 9,15 ; 2S 5,11 ; 1R 6,9.15-16.18.36 ; 7,2.3.7.11.12 ; 9,11 ; 2R 14,9 ; 19,23 ; 1Ch 14,1 ; 17,1 ; 22,3-4 ; 2Ch 1,15 ; 2,7-8 ; 9,27 ; 25,18 ; Esd 3,7 ; Jb 40,17 ; Ps 29,5 ; 80,11 ; 92,13 ; 104,16 ; 148,9 ; Ct 1,17 ; 3,9 ; 5,15 ; 8,9 ; Is 2,13 ; 14,8 ; 37,24 ; 41,19 ; 44,14 ; Jr 22,7.14-15.23. ; Ez 17,3.22-24 ; 27,24 ; 31,3-18 ; Am 2,9 ; M,G—So 2,14 ; Za 11,1-2

Étymologie 

En hébreu, « érez » désigne le cèdre ; puis par extension il désigne tout bois utilisable dans les cérémonies de purification. Ce nom apparait 70 fois dans la Bible. 

Classification

Il existe 4 espèces de cèdres dont le cèdre du Liban. C'est un arbre conifère.

  • Famille : pinaceae
  • Genre : cedrus
  • Espèce : libani
Localisation

Originaire du Moyen-Orient (Liban, Syrie, Turquie). Au Liban les cèdres couvraient autrefois la plus grande partie du Liban mais la déforestation a eu raison de pratiquement l'intégralité des anciennes forêts. Il ne reste que quelques îlots de cèdres dans la région de Bcharré, dans El chouf, à Jaj ou à Tannourine. 

Description
  • Arbre majestueux et massif qui peut atteindre jusqu’à 40 m de haut.
  • De forme pyramidale au début de sa vie, il étend au fil du temps ses branches à l’horizontal, prenant une belle apparence avec sa cime tabulaire.
  • Ses aiguilles persistantes, d’environ 3 cm de long, ont une couleur vert-gris-bleuté, qui varie selon les espèces. Les aiguilles sont rassemblées en rosettes.
  • Les cônes d’environ 10 cm ont une forme ovoïde et un aspect lisse du fait des écailles plaquées.
  • Son bois est odorant.
  • On estime son espérance de vie à 2000 ans.
  • Ce conifère a une bonne résistance au froid et aux fortes chaleurs et pousse généralement sur un sol siliceux, rocailleux en région montagneuse (1000 à 2000 m d’altitude).

Illustration botanique du cèdre du Liban

 dans Traité des arbres et arbrisseaux - Atlas par P. Mouillefert, Paul Klincksieck (éd.), 1892-1898 : Köhler, 1887 © Domaine public

Usage
Médical
  • Le cèdre a des propriétés antiseptiques et cicatrisantes. Ce sont essentiellement ses aiguilles qui sont utilisées à des fins thérapeutiques en infusion ou en usage externe. Le macérat de bourgeon de cèdre soigne les problèmes cutanés.
Culture matérielle
  • Son bois est utilisé pour la confection de charpentes, de coffres, de mobiliers dès l’antiquité car l’odeur du bois de cèdre éloigne les mites, insectes et vers.
  • Le bois de cèdre du Liban fut importé à Jérusalem par Salomon pour permettre la construction du Temple. (2Ch 2,3-10).
  • Dans l'antiquité il est aussi utilisé pour la construction navale et la fabrication de sarcophages.
  • Il semble que des cèdres du Liban étaient plantés dans la cour du Temple (cf. Ps 92,13).
Cultuel
  • Dans les rites religieux, la fumée du cèdre était réputée pour chasser les mauvais esprits.
  • Pline Naturalis historia 13,2 raconte qu’au temps de la guerre de Troie, on n’employait pas encore l’encens dans les sacrifices mais on brûlait des rameaux de cèdre et de citre qui répandaient un relent plutôt qu’une senteur.
  • La sciure de cèdre servait en Égypte à l'embaumement des momies.
Autres
  • Le cèdre est aujourd’hui l’emblème du Liban. 
  • Cet arbre a inspiré des artistes tel que Lamartine : « Choeur des cèdres du Liban ».
Symbolique
Majesté divine, grandeur, gloire, force.
  • Ps 104,16-17 Le cèdre manifeste la grandeur de son créateur.
  • Ez 17,22-23 La parabole présente le cèdre comme le royaume de Dieu.
  • Ps 92,13 Les justes sont comparés au cèdre du Liban.
  • Ez 31,1-9 Pharaon est comparé au cèdre pour sa grandeur.
Orgueil

Par contraste, ceux qui se dressent comme rivaux de Dieu sont aussi comparés au cèdre.

Longévité, éternité

En raison de sa longue vie mais aussi parce que son bois est réputé imputrescible, il est symbole de pérennité, d'éternité et d'incorruptibilité.

Réception

Arts visuels

9ss L'envol de l'âme

20e s.

George Desvallières (1861-1950), L'Envol de l'Âme, (Huile et essence sur papier marouflé sur toile, 1925), 116 x 160 cm

Collection particulière, France © Succession Desvallières→

Tableau fait in memoriam, en souvenir d’une personne disparue en 1921. Robert Vallery-Radot décrit la petite aquarelle du même nom en CR 1790 et ne semble pas connaître l’œuvre magistrale et lumineuse, qui représente seulement la partie droite de l’envol de l’ange. Nous avons d’abord cru que cette œuvre, acquise par des amis des Desvallières qui perdirent un fils dans un combat aérien, en 1916, lors de la Grande Guerre, avait été peinte à la mémoire du soldat tombé pour son pays, mais la date inscrite dans le bas du tableau ne peut confirmer cette hypothèse. Il n’en reste pas moins que L’Envol de l’Âme exprime bien ce qu’écrivait Robert Vallery-Radot à propos de l’esquisse CR 1790, « cette acceptation tendre et solennelle de ce qui est. […] La plaine et la colline se recueillent, limpides et vertes, et le petit village tassé près de son clocher écoute l’heure qui sonne ».

12ss L'étreinte amoureuse

Expressionnisme allemand

Egon Tschirch (1889-1948), Cantique des Cantiques, composition n°4 (tempera sur carton, 1923), 64 x 47 cm

Kunsthalle Rostock→ (Allemagne) © CC BY-SA 3.0 de→

Composition

Le Cantique des Cantiques — en allemand Das Hohelied Salomos — est le titre d'un cycle d'images expressionnistes du peintre allemand Egon Tschirch. L'artiste interprète les textes du Cantique des cantiques. Le cycle a été créé en 1923 à Rostock et contient environ 50 images, dont 27 ont été redécouvertes en 2015. La composition n°4 illustre le thème de l'étreinte amoureuse présent dans Ct 1,12-14.

15 Tes yeux sont des yeux de colombe Symbolisme de la colombe La blancheur immaculée et la douceur de la colombe ont valu à l’oiseau de Vénus le privilège de devenir un symbole du Saint-Esprit. La colombe est l'emblème de la chasteté, de l’innocence, de la fidélité conjugale : Intertextualité biblique Ct 1,15. C'est aussi l'Esprit qui dicte à l'oreille des écrivains inspirés. Dans l'Église romaine, la colombe était particulièrement reliée à la légende de saint Grégoire Ier († 804). Dans de nombreux dessins, le Saint-Esprit sous la forme d'une colombe soutenait ce docteur de l'Église, soit pour un texte théologique (à partir du 8e s.), soit en faveur d'un chant (dès le 10e s.) comme le montrent ces enluminures médiévales :

Maître du Registrum Gregorii, Saint Grégoire écrivant sous l'inspiration de la colombe du Saint-Esprit (enluminure sur parchemin, 983), 26,5 x 19,5 cm

in Registrum Gregorii de Trèves, produit à Trèves (Allemagne), Hs. 171/1626, Stadtbibliothek, Trèves (Allemagne) © Domaine public→

Anonyme, Passionnaire de Weissenau (enluminure sur parchemin, détail, ca. 1170-1200)

ms. Bodmer 127, f.172v, conservé à la Fondation Bodmer, Coligny (Suisse) © Domaine public→

Anonyme, Le pape Grégoire Ier dictant les chants grégoriens (enluminure sur parchemin, ca. 1000)

in Antiphonaire dit « de Hartker », Cod. Sang. 390, p. 13, conservé à la bibliothèque de l'abbaye de Saint-Gall (Suisse) © Domaine public→

Contexte

Milieux de vie

13 ; 3,6 ; 4,6.14 ; 5,1.5.13 myrrhe FLORE Arbre à myrrhe (basalmier)

Illustration botanique de Commiphora myrrha (arbre à myrrhe ou basalmier) de Müller (1833-1887) 

  Köhler's Medizinal-Pflanzen Franz Eugen Köhler, 1887 © Domaine public→

Ex 30,23 ; Ex 30,23 ; M, G – Est 2,12 ; Ps 45,9 ; Pr 7,17 ; Ct 1,13 ; 3,6 ; 4,6.14 ; 5,1.5.13 ;  M – Si 24,15 ; Mt 2,11 ; Mc 15,23 ; Jn 19,39 ; Ap 18,13 

Identification

La myrrhe est « môr » en hébreu et « smurna » en grec. Le mot « muron » en grec qui généralement est traduit par « huile parfumée » ( Ex 30,25 ; 1Ch 9,30 ; 2Ch 16,14 ; Jdt 10,3 ; Ps 132,2 ; Pr 27,9 ; Ct 1,3-4 ; Ct 4,14 ; Am 6,6 ; Is 39,2 ; Ez 27,17 ; Mt 26,7.12 ; Mc 14,3-5 ; Lc 7,37-38.46 ; Lc 23,56 ; Jn 11,2 ; 12,3.5.) est traduit par « myrrhe» en Ap 18,13. Il s'agirait probalement d'une huile à base de myrrhe et d'autres aromates (cf. Ct 4,14).

Classification
  • Famille : burseraceae
  • Genre : commiphora
  • Espèce : myrrha
Localisation

Originaire d’Afrique de l’Est (Éthiopie, Somalie) et du sud de l’Arabie (Yémen, Oman).

Description
  • Arbuste de 3 à 5 m de haut aux branches noueuses et anguleuses dotées d’épines.
  • Ses petites feuilles ovales vertes sont caduques et aromatiques.
  • Ses fleurs blanches ou rouges-orangées apparaissent en été.
  • De ses nœuds suinte, sous forme de larmes jaunes, une résine aromatique que l’on appelle « myrrhe » ; ce nom vient de l’akkadien murru qui signifie « amère ».
Usages
Médical et cosmétique
  • En médecine, dès l’Antiquité, la myrrhe était réputée pour apaiser la douleur et pour son action anti-inflammatoire. Les Grecs utilisaient la myrrhe pour nettoyer les plaies des soldats. Elle était utilisée en gargarisme pour éviter les inflammations de la bouche.
  • Jérôme Commentariorum in Matthaeum 27,48  t.26, col.212  affirme que le breuvage donné à Jésus sur la croix, un vin mêlé de myrrhe (Mc 15,23), avait pour but d’alléger les douleurs du crucifié.
  • En huile, elle servait pour la toilette des femmes (Est 2,12).
Cultuel
  • Parfum pour l’embaumement (Hérodote Historiae 2,86 ), elle est employée en Égypte mais aussi chez les Juifs (cf. Jn 19,39).
  • Elle est brûlée comme encens dans les temples.
  • La myrrhe entrait dans la composition de l’onction sainte (Ex 30,23). Aujourd’hui elle entre dans la composition du saint-chrême.
Histoire
  • Selon les archives royales assyriennes, au 9e siècle av. J.-C., la myrrhe venue d’Arabie par caravane était vendue dans des villes sur les bords de l’Euphrate.
  • Hérodote Historiae 7,181 rapporte que Pythès, membre de l’armée navale de Xerxès, tombé à demi-mort entre les mains des Perses, fut soigné avec de la myrrhe. 

 Myrrhe

Photo : Leo_65 / 319 Bilder de Pixabay (2014) © Domaine public

Symbolique
Souffrance

En raison de son goût amer et de son efficacité pour soigner et apaiser les blessures, la myrrhe évoque la souffrance.

Mort

Parce qu’elle sert à l’embaumement, elle est associée à la mort.

Humanité

Les deux précédents symboles manifestant la vulnérabilité de la nature humaine, la myrrhe devient aussi symbole d’humanité.

Royauté

Ce parfum précieux était généralement réservé à l’embaumement des rois.

Amour

Comme l’amour, la myrrhe dégage un parfum envoûtant et puissant. (Ps 45,9 et Ct 1,13)

Le prénom de Marie « Mariam » ou « Myriam » signifie « mer de myrrhe » ou « mer d'amertume».

Réception

Liturgie

4 Courons TYPOLOGIE Prière à la Vierge immaculée

« Trahe nos Virgo Immaculata »

Traditionnel, Antienne - Trahe nos

Chœur des moines de l’abbaye Sainte-Madeleine du Barroux

© Abbaye du Barroux→, Ct 1,3

Antienne chantée pour la solennité de l'Immaculée Conception le 8 décembre.

Paroles

Entraînez-nous, Vierge Immaculée, nous courrons après vous à l'odeur de vos parfums.

Musique

5 ; 2,10ss je suis noire mais aussi ravissante Nigra sum

20e s.

Pablo Casals (1876-1973), Nigra Sum, 1943

The Georgia Boy Choir

© Licence YouTube standard→, Ct 1,4s.2,10.2,14

Paroles

Nigra sum sed formosa filiae Hierusalem, Ideo dilexit me rex, et introduxit me in cubiculum suum, et dixit mihi: Surge, amica mea et veni, Ostende mihi faciem tuam, sonet vox tua in auribus meis, vox enim tua dulcis, et facies tua decora.

Je suis noire mais belle, filles de Jérusalem (Ct 1,5), c'est pourquoi le roi m'a choisie, et m'a fait entrer dans ses appartements (Ct 1,4), et il m'a dit : « Lève-toi, mon amie, et viens, (Ct 2,10) montre-moi ton visage, que ta voix résonne à mes oreilles ; car ta voix est douce, et ton visage charmant. (Ct 2,14) »

Compositeur

Pablo Casals, né le 29 décembre 1876 à El Vendrell (province de Tarragone, Espagne) et mort le 22 octobre 1973 à San Juan (Porto Rico), est un violoncelliste, chef d'orchestre et compositeur espagnol. Tout au long de sa longue vie, Casals fut un défenseur acharné et enthousiaste du violoncelle, mais aussi de la musique dans une inébranlable foi dans les valeurs qu'elle peut transmettre. Ses enregistrements sont habités de cet enthousiasme et de son énergie. Il essaye de favoriser l'accès à la musique pour le plus grand nombre, que ce soit avec des associations de concerts, la création de ses divers orchestres ; il jouera même dans des conditions mouvementées lors de la guerre d'Espagne.

5s je suis noire La Reine de Saba figure de la beauté exotique de la bien-aimée

19e s.

Charles Gounod (1818-1893), Jules Barbier et Michel Carré (livret), La Reine de Saba, 1862

Michel Plasson (dir.), Chœurs et Orchestre du Capitole de Toulouse

© Licence YouTube Standard→, 1R 10,1-13 2Ch 9,1-12 Ct 1,5s Mt 12,42 Lc 11,31

OPÉRA EN QUATRE ACTES

Livret : Jules Barbier et Michel Carré

Création : Paris, Opéra Salle Le Peletier, 28 février 1862

LES PERSONNAGES/LES VOIX

Balkis : mezzo-soprano

Soliman : basse

Adoniram : ténor

Bénoni : mezzo-soprano

Méthousaël : basse

Sadoc : basse

Amrou : ténor

Phanor : baryton

Sarabil : alto

ARGUMENT
Acte I

Afin d’éblouir Balkis, la reine de Saba dont il attend la visite à Jérusalem, Soliman vient de faire construire par Adoniram un temple merveilleux. Bénoni, jeune apprenti de l’artiste, célèbre la beauté légendaire de la reine. Adoniram, qui rêve du chef-d’œuvre suprême, est torturé par le doute, mais aussi par ses ouvriers, Amrou, Méthousaël et Phanor qui, se voyant refuser une part des bénéfices, jurent vengeance. Balkis admire la splendeur du temple, sans manifester d’enthousiasme à l’idée d’épouser Soliman, à qui elle offre pourtant son anneau. Elle est davantage fascinée par Adoniram, d’autant qu’il semble posséder des pouvoirs surnaturels – un scarabée magique, grâce auquel il commande des hommes et des djinns. Balkis orne le cou d’Adoniram de son collier.

Acte II

Sur le plateau de Sion, devant Soliman et Balkis, Adoniram s’apprête à créer le chef-d’œuvre  de ses rêves, une Mer d’Airain. Lorsqu’il est trop tard pour arrêter la fonte, Benoni avertit Soliman que les trois ouvriers-traîtres ont saboté l’ouvrage. Le métal fondu détruit le précieux moule et le fourneau explose.

Acte III

En dépit de son échec, l’image d’Adoniram brûle toujours dans l’esprit de Balkis. L’artiste se déclare indigne de la confiance de la reine, et lui rend son collier. Les sentiments puissants les submergent. Benoni annonce que les djinns ont réparé le moule, et tout est à nouveau en place pour la fonte. Adoniram révèle alors à Balkis qu’ils descendent du même ancêtre, le chasseur Nemrod, et qu’il est protégé par des forces surnaturelles. Leur entretien a été entendu par les trois traîtres qui décident d’en informer Soliman.

Acte IV

L’absence prolongée de Balkis attise les soupçons de Soliman, confirmés par les traîtres qui lui rapportent le rendez-vous de la reine avec Adoniram. D’abord méfiant, Soliman finit par prêter foi à ces accusations lorsque Adoniram lui présente sa démission, en refusant de partager avec lui le pouvoir royal. Ayant fini son chef-d’œuvre, il se prépare à s’enfuir avec Balkis. La reine calme les ardeurs de Soliman en lui faisant boire un somnifère, retire l’anneau qu’elle lui avait offert et s’éclipse, ignorant ses imprécations.

Acte V

Les trois traîtres surprennent Adoniram à l’endroit de son rendez-vous avec la reine, au pied du mont Tabor, et le poignardent. Tel le trouve Balkis qui, recevant son dernier soupir, glisse sur son doigt l’anneau sacré. La montagne s’ouvre et le corps d’Adoniram est porté par les djinns au royaume de ses ancêtres.

HISTOIRE

Gounod a une revanche à prendre sur l’Opéra où, depuis La Nonne sanglante, on n’a pas joué une note de sa musique. Encouragé par le succès croissant de Faust, le directeur Alphonse Royer accepte volontiers ce qui deviendra La Reine de Saba (auparavant intitulé La Reine Balkis, adapté par Barbier et Carré des Nuits de Ramazan de Gérard de Nerval) […] soumis à d’innombrables coupures, dont la suppression de la scène de la fonte du IIe acte, La Reine de Saba ne tiendra l’affiche que quinze soirées avant d’être retirée du répertoire.

Après des reprises complètes à la Monnaie de Bruxelles (1862, puis en 1876), à Darmstadt (1863), un nouvel échec à Londres (1865, en concert au Crystal Palace, avec le livret maquillé en Irene, drame turc…) et à Manchester (1880), puis une ultime et malheureuse tentative à l’Opéra-Populaire du Château-d’Eau, le 27 novembre 1900, l’œuvre disparut jusqu’en 1969 où elle fut reprise au Capitole de Toulouse, pour la dernière fois au XXe siècle.

Bibliographie : Mille et un opéras, Piotr Kaminski, Fayard, 2004