La Bible en ses Traditions

Cantique des cantiques 1,9–2,7

M
G S
V

À ma cavale, quand elle est attelée aux chars de Pharaon, je te compare, mon amie.

— À ma cavale dans les chars de Pharaon je t'assimilai, mon amie :

M V
G S

10 belles sont tes joues au milieu des colliers

Vcomme d'une tourterelle

et beau ton cou  au milieu des rangées de perles !

Vcomme des colliers ! 

10 

11 — Nous te ferons des colliers

Vde petites murènes d’or pointillés

Vvermiculées d’argent...

11 

M
G S
V

12 (Tant que le roi est dans ses salons

mon nard donne sa senteur

12 

12 (Durant que le roi était sur son divan, mon nard donna son odeur

13 Mon bien-aimé est pour moi un sachet de myrrhe, qui repose entre mes seins.

13 

13 fascicule de myrrhe mon préféré, à moi, entre mes seins il s'étendra

14 Mon bien-aimé est pour moi une grappe de cypre dans les vignes d’Engaddi...)

14 

14 grappe de cypre mon préféré, à moi, dans les vignes d'Engaddi...)

15 — Oui, tu es belle, mon amie ; oui, tu es belle ! Tes yeux sont des yeux de colombe !

15 

15 — Voici, que tu es belle, mon amie, que tu es belle : tes yeux de colombes !

16 Oui, tu es beau, mon bien-aimé ; oui, tu es charmant !

Notre lit est un lit de verdure.

16 

16  — Voici, que tu es beau, mon préféré, et élégant !

Notre lit est fleuri

M V
G S

17 les poutres de nos maisons sont des cèdres

Vde cèdre, nos lambris des

Vde cyprès

17 

2,1 moi je suis le narcisse de Saron, le

Vune fleur des champs et un lis des vallées...

2,2 — Telle le lis entre les épines, telle mon amie parmi les filles !

M
G S
V

2,3 — Comme un pommier au milieu des arbres de la forêt, tel est mon bien-aimé parmi les jeunes hommes.

À son ombre j'ai désiré m'asseoir et son fruit est doux à mon palais.

— Tel le pommier entre les arbres des forêts, tel mon préféré parmi les garçons 

(à son ombre, que j'avais désirée je m'assis et son fruit est doux à ma gorge 

3 Sous le pommier 8,5
M V
G S

2,4 il m'a fait entrer

Vm'introduisit dans son cellier à vin et  la bannière qu’il lève sur moi,

Vordonna en moi la charité) : 

M
G S
V

2,5 Soutenez-moi avec des gâteaux de raisin, fortifiez-moi avec des pommes,

car je suis malade d’amour !

fortifiez-moi de fleurs et m'entourez de pommes car je languis d'amour !

2,6 Que sa main gauche soutienne ma tête et que sa droite me tienne embrassée !

(De sa gauche sous ma tête et de sa droite il m'enlacera ...)

M V
G S

2,7 — Je vous adjure, filles de Jérusalem, par les gazelles

Vchevrettes et les biches

Vcerfs des champs

Vplaines

n’éveillez ni ne réveillez la bien-aimée,

Vfaites veiller la préférée avant

Vjusqu'à ce qu’elle

Velle-même le veuille !

7 Le sommeil de la bien-aimée 5,2 ; 8,5

Réception

Comparaison des versions

1,1–15 M G | V (Numérotation des versets) M et G incluent le titre du livre dans la numérotation des versets, contrairement à V. Il en résulte un décalage systématique d'un verset (en moins) de V par rapport à M et G.

  • M = 6,1 // V : 5,17 (dernier verset du chapitre), ce qui explique le décalage dans la numérotation des versets (M :  6,2 // V : 6,1, etc.)
  • M : 7,1 // V : 6,12.

Histoire des traductions

2,3 Comme un pommier au milieu des arbres de la forêt, tel est mon bien-aimé parmi les jeunes hommes

  • Levinas Lectures « Comme le pommier parmi les arbres de la forêt, tel est mon bien-aimé parmi les jeunes gens » (99, d'après b. Šabb. 88a).

Tradition juive

2,3a Comme un pommier Le pommier : les fruits avant les feuilles

Faire avant d'entendre

  • b. Šabb. 88a « Rav Hama bar Hanina a dit : (Ct 2,3). Pourquoi Israël est-il comparé à un pommier ? Réponse : Pour vous apprendre que, tout comme sur le pommier les fruits précèdent les feuilles, Israël s’est engagé à faire avant d’entendre » (Tradition juive Ex 33,6 Tradition juive Ps 103,20) (Levinas Lectures 99).

Tout dès le début

  • Levinas Lectures « Rien ne prouve, disent-ils [i.e. les tossafistes], que le texte hébraïque parle de pommiers et de pommes. Il s’agit de cédrats. Les cédrats restent sur l’arbre pendant deux ans, et peuvent donc sembler attendre les feuilles. L’image est belle. Nous voici dans un verger merveilleux où les fruits viennent avant les feuilles. Merveille des merveilles : histoire dont l’aboutissement précède le développement. Tout est là dès le début. […] L’histoire ne développe pas, mais étend. L’ordre définitif attend les feuilles parmi lesquelles d’autres fruits surgiront » (99-100).

Philosophie

2,3 Comme un pommier La Tora : le bien au devant de la liberté

  • Tradition juive Levinas Lectures « […] la Tora est reçue en dehors de tout marche exploratrice, en dehors de tout developpement progressif. Le vrai de la Tora se donne sans précurseur, sans s’annoncer d’abord dans son idée […] c’est le fruit mûr qui se donne et se prend ainsi […]. Le vrai qui s’offre d’une telle manière (Tradition juive Ex 33,6), c’est le bien qui précisément ne laisse pas, à celui qui l’accueille, le temps de se retourner et d’explorer, dont l'urgence n'est pas une limite imposée à la liberté, mais atteste, plus que la liberté, plus que le sujet isolé que la liberté constitue, une responsabilité irrécusable au-delà des engagements pris où peut-être se conteste déjà le moi absolument séparé prétendant à détenir l'ultime secret de la subjectivité » (100).

Intertextualité biblique

1,15 Tes yeux sont des yeux de colombe Symbolisme de la colombe

  • Livre de la Genèse : Noé envoie une colombe depuis son arche pour savoir si les eaux se sont retirées de la terre après le déluge. Celle-ci revient dans le soir avec un rameau d'olivier dans le bec, indiquant ainsi à Noé que les eaux ont baissé. (Gn 8,8-12) Dès le déluge, la colombe est signe de vie, de paix et d'alliance avec Dieu.
  • Cantique des Cantiques : les colombes occupent une place prépondérante dans ce livre vétéro-testamentaire (Ct 1,15 ; Ct 2,14 ; Ct 4,1 ; Ct 5,2 ; Ct 6,9)
  • Évangiles synoptiques : la colombe est évoquée lors du récit du baptême de Jésus : «  l'Esprit-Saint descendit sur lui sous un aspect corporel, comme une colombe » (Lc 3-22) ; ainsi qu'en Mc 1,9-11 ; Mt 3,13-17 ; Jn 2.

Philosophie

1,1–8,15 Le Cantique comme symbole de la révélation Rosenzweig Stern (p. 235-242) interprète le caractère dialogal du Ct comme une instance de la structure dialogale de la révélation elle-même.  

  • Une première partie, intitulée « création », décrit une relation non personnelle, en 3e pers. et au passé, entre Dieu et le monde.
  • Au cœur de l'ouvrage, Rosenzweig fait de son commentaire du Ct le fil conducteur de la présentation de ce qu'il appelle « La révélation », c'est-à-dire le passage au « tu » et au présent et ainsi à l'avènement d'une relation personnelle entre Dieu et l'homme. Tout le Ct est un dialogue (à l'exception de Ct 8,6) : il ne dit pas que la révélation est dialogale, il le montre en étant lui-même dialogue et étant presque uniquement cela.

Révélation performée : importance du dialogue

La révélation n'est donc pas pour Rosenzweig la communication d'un ensemble d'informations sur Dieu, mais la naissance d'une relation entre Dieu et l'homme. Le Ct est pur dialogue — sans jamais de passage à la 3e pers. — et histoire au présent. Ces deux caractéristiques sont le fondement de la révélation : le dialogue et le présent.

Il ne s'agit donc plus de parler de la relation entre Dieu et l'homme, comme les prophètes qui décrivaient cette relation à l'aide de la métaphore des noces, mais de faire parler cette relation elle-même.

Révélation lyrique : importance de la subjectivité

Le discours du Ct est donc tout entier porté par la subjectivité.

  • Cela se manifeste par l'importance du « je » sous la forme du je-marqué (’ănî en héb.). Le Ct est le texte biblique qui utilise, proportionnellement à sa taille, le plus ce « je », après le livre du Qo (fréquence de 6,03 emplois pour 1000 mots en Ct, et de 6,50 en Qo).
  • Cela se remarque aussi au fait que les premiers mots du Ct expriment une comparaison : « tes amours sont meilleures que le vin » (Ct 1,2b), c'est-à-dire une appréciation subjective et non un simple constat, auquel cas un comparatif n'eût pas été nécessaire.

Dès le début du texte, la focalisation n'est pas celle d'une narration objective mais celle d'une subjectivité : les choses ne sont pas décrites pour elles-mêmes, l'enjeu est d'emblée perspectiviste. 

Critique de la réception moderne du Cantique

Rosenzweig critique les analyses modernes du Ct (à partir des 18e et 19e s.) qui ont cherché à effacer cette dimension dialogale du texte.

  • Il vise d'abord Herder et Goethe, qui ont fait du Ct un chant d'amour purement humain, prisonniers qu'ils étaient du préjugé que ce qui est humain ne peut être divin et que Dieu ne peut pas aimer. Cependant, leur tentative eut au moins le mérite de conserver cet aspect essentiel du Ct : le fait qu'il s'agisse d'un chant lyrique, de l'expression de deux subjectivités.
  • D'autres tentatives ont suivi, plus condamnables parce qu'elles ont réduit le Ct à un simple récit, narration entre plusieurs personnages : un roi, un berger, une paysanne. Dans ce dernier type d'interprétation le cœur du Ct, à savoir son caractère lyrique, est perdu et l'œuvre demeure incompréhensible.

Musique

2,1–17 Le Cantique des Cantiques

Le Cantique des cantiques illustré dans un film :

Keeping Mum (Secrets de famille) (2005), Niall Johnson, Niall Johnson ; Richard Russo, Dickon Hinchlife

Licence YouTube standard→

Rowan Atkinson, alias Mr Bean et Kristin Scott Thomas, dans Secrets de famille de Niall Johnson (2006). Un homme regarde sa femme faire sa toilette tandis que le narrateur déclame un hymne composé à partir des versets du Cantique des Cantiques.

2,1–11 Je suis le narcisse de Saron

18e s.

William Billings (1746-1800), I am the rose of Sharon, 1778 

Ross W. Duffin (dir.), Quire Cleveland

© Licence YouTube standard→, Ct 2,1-11

Paroles

I am the Rose of Sharon and the lily of the valleys. As the Lily among the thorns, so is my Love among the Daughters. As the Apple tree, among the trees of the wood, so is my Beloved among the Sons. I sat down under his shadow with great delight, And his fruit was sweet to my taste, taste. He brought me to the Banqueting House, His Banner over me was Love. Stay me with Flagons, Comfort me with Apples, for I am sick, sick of Love. I charge you, O ye Daughters of Jerusalem, by the Roes and by the Hinds of the Field, that you stir not up nor Awake, Awake my Love till he please. The voice of my Beloved, Behold, he cometh, Leaping upon the mountains, skipping upon the Hills. My Beloved spake and said unto me: rise up, my Love, my fair one, and come away, for Lo, the Winter is past, the rain is over and gone. (Ct 2,1-11)

Compositeur

William Billings (né à Boston le 7 octobre 1746, mort dans cette même ville le 26 septembre 1800) est un compositeur américain de musique chorale, et est considéré comme le père de la musique chorale américaine. À l'origine tanneur de métier et autodidacte, Billings a créé ce qui est maintenant reconnu comme un style spécifiquement américain de la musique vocale.

1,4.7.15 ; 2,8.16 ; 4,1–7.10 ; 5,8 ; 8,6 Niets dan liefde (Rien d'autre que l'amour)

21e s.

Kris Oelbrandt, OCSO (1972-), Niets dan liefde (Oratorio du printemps op.23), 2011

Marie de Roy (sopr), Aldo Platteau (bar), Ensemble Sturm und Klang (dir. Thomas van Haeperen)

© Kris Oelbrandt→, Ct 1,4.7.15.2,8.16.4,1-7.10.5,8.8,6 Mc 14,22 Mt 26,26 Lc 22,19 1Co 13,7s

Composition

Cette Cantate est composée pour le quatrième dimanche du carême sur l'amour. Elle est constituée de deux parties: la première décrit l'amour entre l'homme et Dieu comme un amour entre humains, la deuxième fait apparaître l'amour entre Dieu et l'homme dans l'eucharistie et le don de soi. La première partie est inspirée du Cantique des cantiques. Dans la deuxième partie, le Récit de l'Institution est superposé par un poème de Hans Andreus, qui se traduit en français par: « Je te préfère au pain, bien qu'on dit que c'est impossible, et bien que ce soit impossible ». Un fragment de la Prière de Charles de Foucauld et du cantique de l'amour (1Co 13,8a.7) concluent la cantate.

Littérature

1,13 fascicule (V) FRANÇAIS BIBLIQUE 

  • V présente le terme fasciculum.

On emploie ici le terme français→, directement emprunté depuis le 15e s. au latin fasciculus« petit paquet, petite botte », diminutif de fascis« faisceau, fagot, paquet, au sens pharmaceutique de « petite botte de plantes ». 

Drapeau de la francophonie→ © Domaine public

Contexte

Milieux de vie

2,1b FLORE Lis 

 Lis blanc (lilium candidum), Wadi Kelach, Mont Carmel, Israël

Photo : Zachi Evenor (mai 2015) © CC-BY-2.0→

1R 7,19.22.26 ; 2Ch 4,5 ; Ps 45,1 ; Ps 60,1 ;Ct 2,1.2.16 ; 4,5 ; 5,13 ; 6,2-4 ; Si 39,14 ; 50,8 Os 14,6 ; Mt 6,28-30 ; Lc 12,27-28

Identification

Le mot hébreu « šûšan » traduit le plus souvent par « lis » en francais, pourrait désigner des fleurs d’espèces variées. D’après la Bible, cette plante pousse dans les vallées (Ct 2,1), les prairies (Ct 2,16 ; 6,3), les champs (Ct 4,5), les jardins (Ct 6,2), près des eaux (Si 50,8) et même au milieu des épines (Ct 2,2). Elle donne des fleurs magnifiques, de parures royales (Mt 6,28-30 ; Lc 12,27-28) qui ont  la forme de coupes (2Ch 4,5) et exhalent un merveilleux parfum (Si 39,14). Ces fleurs poussent en abondance (Os 14,6).

Il est possible que les diverses mentions bibliques du « lis » fassent référence à plusieurs espèces de fleurs car aucune espèce ne possède toutes ces caractéristiques à la fois. Les botanistes et commentateurs de la Bible ont donné de nombreuses possibilités :

  • Lilium candidum 
  • Hyacinthus orientalis
  • Lilium chalcedonicum 
  • Anemone coronaria
  • Anthemis palaestina
  • Pancratium maritinum
  • Urginea maritima
  • Ixiolirion tataricum
  • Nymphaea lotus
  • Iris pseudacorus
  • Cyclamen persicum
  • Asphodelus
  • Gladiolus

Le lis de la Madone (lilium candidum) tient une place importante dans cette liste puisqu’il est l’espèce appelée  communément « lis » aujourd'hui (« šûšan » en hébreu moderne) et qu’il est chargé de toute la symbolique du lis biblique.

 Illustration de Lilium Candidum, (aquarelle, Pierre Joseph Redouté, 1805)

 Photo : rawpixel © CC-BY-SA-4.0 →

Classification
  • Famille : liliaceae
  • Genre : lilium
  • Espèce : candidum
Localisation

Cette plante, originaire des Balkans et du Moyen-Orient, s’est largement répandue en Europe, en Afrique du Nord et en Amérique (Mexique). Elle est cultivée depuis plus de 3000 ans. Elle pousse encore aujourd’hui à l’état sauvage sur les collines de Galilée et sur le Mont Carmel.

Description
  • Plante à bulbe vivace.
  • Tige entre 1 et 2 m de hauteur qui pousse au printemps.
  • Plusieurs grandes fleurs à 6 pétales d’une grande blancheur poussent à l’extrémité de chaque tige. Elles dégagent une odeur suave.
  • Feuilles vertes brillantes, elliptiques, lancéolées. Tandis que la plupart des lis perdent leurs feuilles en hiver, cette espèce garde à sa base une rosette de petites feuilles.
Usage
Cosmétique
Ornemental
  • Les lis sont utilisés pour confectionner des bouquets.
  • Ils sont utilisés comme motifs architecturaux et sont représentés sur de nombreux tableaux pour leur symbolique. On les retrouve sur des bas-reliefs assyriens.
Histoires
  • Selon une légende, l'apôtre Thomas, ne croyant pas aux rumeurs qu'il avait entendues sur la résurrection de la Bienheureuse Vierge Marie, fit ouvrir son tombeau. À l'intérieur, au lieu de son corps, il trouva le tombeau rempli de lis et de roses.
  • D'après la mythologie grecque, le lis serait né d’une goutte de lait tombée du sein d’Héra allaitant Héraclès.
Symbolique
Pureté, virginité, amour pur
  • L’extrême blancheur du lis en a fait le symbole de la pureté.
  • En raison de sa beauté et de la parure somptueuse dont Dieu l’a dotée (Lc 12,27-28) cette fleur est devenue le symbole de l’élection divine et donc de l’amour.
Sainteté
  • Le lis exhale un parfum agréable qui est symbole de l’odeur de sainteté (Si 50,8-9).
  • Il est, dans l’iconographie, l’attribut de nombreux saints : la Vierge Marie, saint Joseph , saint Bernard, saint Dominique, sainte Claire, saint Louis, sainte Catherine de Sienne, saint Antoine de Padoue...
Royauté
  • Jésus présente la fleur de lis comme une parure plus belle encore que celle du roi Salomon (Mt 6,28-30 ; Lc 12,27-28).
  • La fleur de lis (qui représente plutôt un iris) fut prise comme emblème par les rois de France.
La Vierge Marie

Les peintres au Moyen-Âge représentaient la Vierge avec un lis. En raison de cette association,  le nom de « lis de la Madone » a été donné à cette espèce de lilium.

Comme le lis, Marie est :

  • choisie entre toutes, par Dieu ;
  • pleine de grâce, immaculée ;
  • vierge ;
  • de dignité royale (Lc 12,27-28) ;
  • elle exhale le parfum divin de la sainteté (Si 50,8-9).

2,2 FLORE Épines

Identification

De nombreuses plantes épineuses sont présentes dans les environs de Jérusalem et plus de 70 espèces existent en Israël. Appelées dans la Bible  qôṣatad, ’āṭādshamir, šāmîr, silôn, les épines sont difficiles à identifier précisément. Celles auxquelles on a porté la plus grande attention sont les épines de la couronne de Jésus.

La couronne de Jésus
  • Les reliques conservées à Notre Dame de Paris montrent une couronne tressée de joncs qui aurait servi de support pour fixer des branches épineuses.
  • Les épines furent dispersées au fil des siècles : 70 épines conservées dans divers lieux du monde sont aujourd’hui répertoriées comme pouvant provenir de cette couronne.
  • Il n’est pas exclu que la couronne ait été tressée avec, non pas une, mais diverses espèces épineuses.

Plusieurs plantes sont proposées :

Le jujubier de Palestine (Ziziphus spina christi

 Ziziphus spina-christi

Photo : Davidbena (mars 2018) © CC-BY-SA-4.0→  

Gn 3,18 ; Ex 22,5 ; Jg 8,7 ;  Ps 58,10 ; Pr 15,19 ;  Is 5,6 ; 7,19.23-25 ; 9,17 ; 10,17 ; 33,12 ; 34,13 ; 55,13 ; Ez 28,24 ; Os 2,8 ; 9,6 ; Mt 7,16; Mt 27,29 ; Mc 15,17 ; Lc 6,44 ;  Jn 19,2.

Cette espèce est la plus communément admise comme étant celle qui a permis de faire la couronne d’épines car elle est présente dans les environs de Jérusalem et correspond aux épines qui étaient présentes sur la couronne d’épines de Notre-Dame de Paris. Seules ses jeunes tiges seraient assez souples pour être tressées en couronne.

Classification
  • Famille : rhamnaceae
  • Genre : ziziphus
  • Espèce : spina-christi
Localisation

Cette espèce est originaire d’Afrique et s’est vite acclimatée au Moyen-Orient. Un jujubier dont l’âge est estimé entre 1500 et 2000 ans est encore présent à Ein Hatzeva près la Mer Morte.

Description
  • Arbre aux branches étalées qui peut atteindre 20 m de haut.
  • Feuilles vertes persistantes présentant généralement deux épines stipulaires de 2 et 5 cm de long. 
  • Fleurs jaunes parfumées à 5 pétales.
  • Le fruit est une drupe globuleuse, jaune-rouge. Autour d’un noyau, la chair est comestible.

 Jujubier, Neot Kedumim (Israël)

(avril 2022) D.R. M.R. Fournier © BEST AISBL

Usage
Alimentation
  • Cet arbre est cultivé pour ses fruits, les jujubes, qui sont consommés frais, séchés ou en farine. Ils servent aussi à la fabrication d’une boisson alcoolisée. Les fleurs fournissent le nectar pour les abeilles ; les feuilles servent d’alimentation au bétail.
Médical
  • Les feuilles ont des propriétés antibactériennes, anti inflammatoires, cicatrisantes et anti diabétiques.
  • Les graines de jujube sont utilisées en Chine contre l’insomnie, l’irritabilité et les sueurs nocturnes.
  • Les épines sont utilisées en Afrique contre les morsures de serpent.
Culture matérielle
  • Le bois, résistant aux termites, sert à la construction et à la fabrication d’objets.
Cultuel
  • Au Soudan, des rituels magiques sont pratiqués près de cet arbre.

Le paliure (paliarus spina christi

Paliure

© Domaine public

Cette plante épineuse peut facilement être tressée mais elle n’est pas aujourd’hui présente dans la région de Jérusalem. Sa présence à l’état sauvage en Samarie et en Galilée fait supposer qu’elle aurait pu pousser en Judée durant l’Antiquité.

Classification
  • Famille : rhamnaceae
  • Genre : paliurus
  • Espèce : spina-christi
Localisation

On trouve cette plante sur le pourtour méditerranéen.

Description 
  • Petit arbre touffu de 2 à 5 m à l’écorce grise crevassée.
  • Rameaux grêles en zig zag qui portent des épines robustes.
  • Feuilles vertes caduques alternes et ovales.
  • Fleurs jaunes à 5 pétales réunies en grappes.
  • Les fruits sont des samares entourées d’une aile membraneuse en forme de chapeau d’où le nom de « porte chapeau » donné parfois à la plante.
Usage
Médical
  • Le fruit est utilisé en infusion pour son action diurétique et contre l’hypertension artérielle.

Le Lyciet

 Lycium intricatum en Espagne

Photo : Retama (sept 2006) 

© CC-BY-SA-3.0→

 Le lyciet d’Europe est nommé « couronne du Christ » en francais. Les reliques de la couronne du Christ à Rome et à Milan sont des épines de lyciet.

Classification
  • Famille : solanaceae
  • Genre : lycium
Localisation

Sur le pourtour méditerranéen.

Description
  • Arbrisseau touffu de 1 à 3 m.
  • Feuilles vertes grisâtres.
  • Fleurs rosées ou blanchâtres.
  • Les fruits sont des baies rouges orangées.
  • Rameaux raides et épineux avec épines courtes et robustes.
Usage
Alimentation
  • Les baies fades, sont consommées en Inde et Afrique. Elles doivent être mangées bien mûres pour éviter les empoisonnements.
  • Les pousses peuvent être mangées cuites à l’eau.
  • Les feuilles peuvent être servies en salade.
Médical
  • Déjà au 4e s. av. J.-C. la racine et les feuilles bouillies de cet arbre étaient utilisées comme médicament et en application locale pour soigner les abcès et les plaies Pline Nat. 24,76.
Culture matérielle
  • Le lyciet permet de faire des haies de protection.

La pimprenelle épineuse (sarcopoterium spinosum) 

 Pimprenelle épineuse, Neot Kedumim (Israël)

(avril 2022) D.R. M.R. Fournier © BEST AISBL

Cette plante a de fortes épines et est suffisamment souple pour en tresser une couronne. C'est le buisson épineux le plus commun dans la région de Jérusalem.

Classification
  • Famille : rosaceae
  • Genre : sarcopoterium
  • Espèce : spinosum
Localisation

Région méditerranéenne orientale.

Description
  • Arbrisseau touffu et épineux de 50 cm de haut en forme de boule.
  • Feuilles à petites folioles arrondies, vert brillant. Elles tombent en été.
  • Fleurs sans corolle, groupées en têtes denses.
  • Les fruits sont des baies rouges.
  • Rameaux entrelacés.
Usage
Culture matérielle
  • On se servait encore de ce buisson au siècle dernier pour alimenter le feu.
  • Ces buissons, à la forme de barbelés, étaient utilisés (Is 5,6) pour recouvrir les clôtures de pierre et former une haie  (meśûkkâ) pour empêcher les chèvres de pénétrer dans les vignobles.

L’épine vulnérante (zilla spinosa

Il est question de cette plante en Ez 28,24

Zilla spinosa à Negev Derech HaArava (Israël)

Photo : Krzysztof Ziarnek, Kenraiz, fev. 2023,© CC BY-SA 4.0→

Classification
  • Famille : brassicaceae
  • Genre : zilla
  • Espèce : spinosa
Localisation 

Espèce assez commune dans le sud-est d’Israël. On la trouve sur la route entre Jérusalem et la Mer Morte. Résistante à la sècheresse cette plante se développe dans des sols sablonneux, des oueds.

Description
  • Buisson très ramifié et aux épines féroces pouvant atteindre 1,50 m de haut.
  • Feuilles vertes rapidement caduques.
  • Fleurs roses violacées de 1 à 2 cm.
  • Son fruit est une silicule subglobuleuse.
Usage
Alimentation
  • Elle sert de nourriture et d’abri à certains insectes.
Culture Matérielle
  • Sèches, les brindilles peuvent permettre d’allumer un feu.

Le calicotome velu (calycotome villosa)

 Calycotome villosa en fleurs dans les montagnes de Judée (Israël)

Photo : Davidbena , mars 2020, © CC BY-SA 4.0  →

Classsification
  • Famille : fabaceae
  • Genre : callicotome
  • Espèce : villosa
Localisation

Il est présent sur tout le pourtour méditerranéen, dans les terrains siliceux, les garrigues, les maquis, les forêts et les broussailles.  En Israël on le trouve surtout dans la moitié nord.

Description 
  • Arbuste épineux ressemblant au genêt et pouvant atteindre 2 m de haut.
  • Feuilles trifoliées vertes et caduques. Des poils sont visibles sur la face inférieure.
  • Rameaux et légumineuses couverts de poils blanchâtres.
  • Fleur couleur jaune or avec un calice en forme de coupe. Elles sont groupées par 2 ou 4 sur les épines.
Usage
Médical
  • Cette plante est utilisée comme antiseptique et anti inflammatoire.
  • Les racines en décoction soignent les rhumatismes.
  • Les feuilles permettent la cicatrisation des plaies et blessures.
Culture matérielle
  • Une teinture verte est obtenue à partir de cette plante.

Le nerprun (rhamnus lycioides et palaestina)

Rhamnus lycioides, Menashe Hills (Israël)

Photo : איתן פרמן, oct. 2010 © CC BY-SA 3.0→

Classification
  • Famille : rhamnaceae
  • Genre : rhamnus
  • Espèce : lycioides
Localisation

Cette plante est originaire du Soudan et pousse de préférence dans les pays chauds. On la trouve en Syrie, au Liban, en Israel et plus précisément dans les zones de garrigues, des sols pauvres et graveleux. Un échantillon de cette plante a été retrouvé à 500 m du Saint Sépulcre.

Description 
  • Arbuste à écorce grisâtre et à branches épineuses.
  • Feuilles vert clair oblongues, obtuses et persistantes.
  • Petites fleurs jaunes en grappes qui apparaissent en mars-avril.
  • Baies ovoïdes jaunes-rouges. En grande quantité elles peuvent être toxiques pour l‘homme.
Usage
Alimentation
  • Les baies servent de nourriture pour les oiseaux.
Culture matérielle
  • Cette plante est utilisée en reboisement pour freiner l’érosion.
  • Elle permet de former des haies de protection.
  • Le bois servait de combustible.
  • Les baies fournissaient une teinture jaune-orangé.

Astragale à épines (astragalus spinosus)

Astragalus spinosus, Nord du Negev (Israël)

Photo : Gidip, dec. 2006 © CC BY-SA 3.0→

Classsification
  • Famille : fabaceae
  • Genre :  astragalus
  • Espèce : spinosus
Localisation

Cette plante est présente dans le sud et l’est du bassin méditerranéen (Libye, Égypte, Israël, Liban, Syrie, Irak) ainsi qu’en Iran et dans la Péninsule Arabique. On la trouve surtout dans les lieux désertiques.

Description
  • Arbuste vivace épineux.
  • Feuilles pennées.
  • Fleurs blanches à 5 pétales hérissées d’épines fines et acérées.

Le câprier épineux (capparis spinosa var. aegyptia)

Câprier en fleurs (Israël)

Photo : Bo Basilic, juin 2012 © CC BY-SA 3.0→ 

Même si ses épines ne sont pas très grandes, la flexibilité de ses tiges aurait pu permettre aux soldats de tresser une couronne pour Jésus lors de sa passion tout en y insérant d’autres épines. Des traces de pollen de capparis aegyptia ont été retrouvées sur le linceul de Turin.

Classsification
  • Famille : capparaceae
  • Genre : capparis
  • Espèce : spinosa (var. aegyptia)
Localisation

Le câprier épineux est très répandu. On le trouve en Afrique du Nord et de l’Est, en Asie Occidentale ainsi que sur le pourtour méditerranéen. Il est présent en Israël.

Description
  • Arbuste épineux aux rameaux grisâtres toujours fleuris. Ses tiges sont très souples.
  • Feuilles alternes, simples, ovales et vertes.
  • Épines courtes recourbées à la base.
  • Fleurs axillaires à quatre pétales blanc-rose et aux étamines mauves.
  • Fruit charnu ovoïde, appelé câpron, qui éclate à maturité pour disperser ses graines.
Usage
Alimentation

On obtient des câpres en faisant confire ses boutons floraux dans le vinaigre.

Médical 
  • Du fait de ses propriétés analgésiques et diurétiques, l’écorce des racines est utilisée pour le traitement des infections intestinales.
  • Absorbés, les boutons de fleurs servent de laxatif. En traitement extérieur ils soignent les infections oculaires.
  • Les feuilles sont utilisées contre les piqûres d’insectes.
  • On attribuait autrefois aux câpres des vertus aphrodisiaques.
Culture matérielle
  • Sèches, les brindilles peuvent servir à allumer le feu.
Cosmétique
  • L’extrait de racine sert pour le soin capillaire et le soin de la peau.

1,17 Le cyprès FLORE Cyprès

Cyprès sur le Mont Scopus (Jérusalem)

Photo:  M.R. Fournier (2021) © BEST AISBL

Is 41,19 ; 60,13 ; Si 24,17

Classification

Le cyprès est un conifère. Il existe environ trente espèces de cyprès. L’espèce la plus présente au Moyen-Orient est le cyprès commun (Cupressus Sempervirens) appelé aussi « cyprès d’Italie » ou « cyprès de Provence ».

  • Famille : cupressaceae
  • Genre : cupressus
  • Espèce : sempervirens
Localisation

Cette espèce est originaire d’Asie mineure et s’est répandue autour du bassin méditerranéen et dans le reste du globe. En régions montagneuses il pousse en compagnie du cèdre. (Mt Liban, Mt Hermon) mais, ne résistant pas au grand froid, on ne le trouve pas sur les sommets. Théophraste écrit que l’on trouve le cyprès dans les pays de soleil comme la Crète, la Lycie et Rhodes. (Théophraste Historia plantarum 4,5,1 )

Description
  • De haute taille (jusqu’à 25 m de haut) et massif, le cyprès est très ramifié et a un feuillage en écaille, persistant.
  • On trouve deux formes de cyprès commun : la forme horizontalis aux branches étalées et la forme pyramidalis au port plus élancé, conique qui résiste bien au vent.
  • Son écorce se crevasse avec le temps et dégage une odeur de résine.
  • Ses fleurs donnent naissance à des cônes sphériques, bruns, appelés « noix de cyprès ». 
  • Son bois est imputrescible (Théophraste Historia plantarum 5,4,2).
  • Ses graines sont si petites qu’elles sont à peine visibles (Pline Naturalis historia 17,72).

Illustration botanique de Cupressus sempervirens (1818),P.J.Redouté

dans Traité des arbres et arbustes que l'on cultive en France en pleine terre de Duhamel du Monceau

© Domaine public→

Usage
 Médical
  • Pline Naturalis historia 24,10 présente les feuilles et les fruits du cyprès comme des remèdes contre les morsures de serpents, les coups de soleil, les hernies, les douleurs nerveuses, etc … Les cônes ont des propriétés anti-inflammatoires.
  • Son utilisation en médecine est très ancienne (cf. tablettes cunéiformes sumériennes, Gilgamesh).
Culture matérielle

Autres

  • Il protège les cultures des vents violents.
Symbolique
Tristesse et deuil
  • Le cyprès est l'attribut de Pluton, dieu des enfers.
  • Les nécropoles romaines et grecques étaient ornées de cyprès parce que ces arbres devaient permettre de communiquer avec les régions souterraines de l’Hadès.
  • Les sarcophages des Égyptiens étaient souvent en cyprès.
  • Ovide Metamorphoses 10, raconte que le jeune Cyparisse, ayant tué par accident le cerf que lui avait offert Apollon, en est si peiné qu'il demande à ce dernier la faveur de laisser couler ses larmes pour l'éternité. Apollon le change alors en cyprès, arbre dont la sève s'écoule en forme de larmes.  
  • Virgile Aeneid 6,214-217 parle de « funestes cyprès ».
Éternité, vie éternelle

En raison de ses feuilles persistantes, de son bois réputé imputrescible, de sa longévité (jusqu’à 2000 ans), de son odeur d’encens, le cyprès, « arbre funèbre », devient signe de vie éternelle. 

  •  Dieu lui-même se compare au cyprès (Os 14,9). Ainsi, dans les cimetières, cet arbre au feuillage toujours vert et à la cime élancée vers le ciel, vacillante comme une flamme, rappelle la présence de Dieu et sa promesse de donner la vie éternelle à ceux qui croient. 
  • Origène Homiliae in Canticum canticorum 2,5 voit dans le cyprès l’image des vertus spirituelles, et dans son odeur, celle de la sainteté.
Légendes

Une légende très en vogue à l’époque médiévale, et qui contient de nombreuses variantes, présente le cyprès comme l'un des arbres dont fut tirée la croix du Christ.

  • Actes de Pilate 20 raconte qu’Adam, malade, aurait envoyé son Fils Seth réclamer à l’archange st Michel un peu d’huile de l’arbre de Vie. L’archange le lui refusa en disant qu’Adam ne serait oint de l’huile de la miséricorde que lorsque dans 5500 années, le fils de Dieu viendrait la lui donner.
  • Voragine La légende dorée  (p. 363-372) Selon une autre chronique, Saint Michel aurait donné à Seth un rameau de l’arbre de la connaissance du bien et du mal, que Seth aurait planté sur la tombe d’Adam et qui donna un arbre splendide duquel fut fait la verge de Moïse, celle d’Aaron, le bois qui adoucit les eaux de Mara, la perche du serpent d’Airain et la croix de Jésus Christ.
  • Cornish Ordinalia parle de 3 graines données par l’ange à Seth qui les plaça dans la bouche d’Adam mort. De là poussèrent trois arbres : un cyprès, un cèdre et un olivier qui n’en formèrent qu’un seul (symbole de la trinité) qui servira finalement à faire la sainte croix. 

1,6–14 ; 2,13ss Vigne FLORE Vitis vinifera

Vigne près de Nahal Ilan (Israël)

Photo : M.R. Fournier (avril 2022) © BEST AISBL

Vigne: Gn 9,20 ; 40,9-11 ; 49,11-12 ; Ex 22,4 ; 23,11 ; Lv 19,10.19 ; 25,3 ; Nb 6,4 ; 13,23 ; 20,5.17 ; 21,22 ; 22,24 ; Dt 6,11 ; 8,8 ; 20,6 ; 22,9 ; 23,24 ; 24,21 ; 28,30.39 ; 32,32 ; Jg 9,12.13.27 ; 13,14 ; 14,5 ; 15,5 ; 21,20.21 ; 1S 8,14-15 ; 22,7 ; 1R 5,5 ; 21,1-2.6.7.15-16.18 ; 2R 4,39 ; 5,26 ; 18,31-32 ; 19,29 ; 1Ch 27,27 ; Ne 5,3-5.11 ; 9,25 ; 1M 3,56 ; 14,12 ; Jb 15,33 ; 24,6 ; Ps 78,47 ; 80,9-16 ; 105,33 ; 107,37 ; 128,3 ; Pr 9,12 ; 24,30 ; 31,16 ; Qo 2,4 ; Ct 1,6.14 ; 2,13.15 ; 6,11 ; 7,9.13 ; 8,11.12 ; Si 24,17.23 ;  Is 1,8 ; 3,14 ; 5,1-17 ; 7,23 ; 16,8-10 ; 17,10 ; 24,7 ; 32,12 ; 34,4 ; 35,9 ; 36,16 ; 48,32 ; 63,3 ; 65,21 Ez 15,2.6 ; Ez 17,5-10 ; 19,10 ; 28,26 ; Jr 2,21 ; 5,17 ; 6,9 ; 8,13 ; 12,10 ; 32,15 ; 35,7.9 ; 39,10 ; Os 2,14.17 ; Os 2,14 ; 10,1 ; 14,8 ; Jl 1,12 ; 2,22 ; 1,7Am 4,9 ; 5,17 ; 9,14 ; Mi 1,6 ; 4,4 ; Ha 3,17 ; Ag 2,19 ; Za 3,10 ; 8,12 ; Mt 20,1-2.4.7.8 ; Mt 21,28.33.39-41 ; 26,27-29 ; Mc 12,1-2.8-9 ; Lc 13,6 ; 20,9-16 ; 22,18 ; Jn 15,1-6 ; Jc 3,12 : 1Co 9,7 ; Ap 14,18-20 ; 

Classification
  • Famille : vitaceae
  • Genre : vitis
  • Espèce : vinifera
Localisation

La culture de la vigne est si ancienne, qu’il est difficile de connaître précisément son origine. Dans la Bible elle commence avec Noé (Gn 9,20) et sa présence est attestée ensuite en Égypte (Gn 40,9-11 ; représentations picturales dans les tombeaux d’Égypte) et en Canaan (Nb 13,24). On considère généralement que la vigne est originaire de l’Arménie et des régions de la Mer Caspienne (Moldenke, Bible Plants, p. 242).

Description
  • Plante grimpante qui s’attache à des supports par des vrilles.
  • Son système racinaire est puissant et étendu. Il peut s’enfoncer jusqu’à 6 m de profondeur pour puiser l’eau nécessaire.
  • Cultivé, le pied de vigne, flexible, se recouvre peu à peu d’écorces anciennes pour former le tronc que l’on appelle cep. Il se ramifie en plusieurs bras sur lesquels poussent des rameaux appelés sarments. Les sarments peuvent atteindre une longueur de 10 m mais ils sont généralement coupés pour ne pas dépasser 2 m de long. Sur les nœuds des tiges (renflements) poussent des feuilles et des bourgeons.
  • Ses feuilles à nervures palmées, généralement à 5 lobes, ont une base en forme de cœur.
  • Ses fleurs, petites, verdâtres et regroupées en inflorescences dégagent une agréable odeur.
  • Son fruit, le raisin, est composé de baies pluriloculaires regroupées en grappes. Sa couleur (blanc, jaune, rouge, violet, noir) et sa forme (globuleuse elliptique, ovoïde) diffèrent selon les variétés. Chaque baie possède une enveloppe externe recouverte de pruine, et contient une pulpe généralement incolore et un ou deux pépins.
  • Un ensemble de plants issus d’un même pépin peuvent former un cépage. Les cépages se distinguent surtout par la couleur des fruits, leur taille et leur saveur. Il existe plus de 6000 cépages dans le monde.

     Illustration botanique de la vigne, Müller 

     Köhler's Medizinal-Pflanzen Franz Ernest Köhler, 1887, © Domaine public

Culture
Plantation

Avant de planter une vigne il est important de préparer le sol à la bêche en creusant un sillon (Pline Naturalis historia 17,159), et d’enlever les pierres (Is 5,2).

Il existe différentes techniques de culture de vigne :

  • Dans l’Antiquité se pratiquait la culture de la vigne sur arbre ( Jr 8,13 ; Ha 3,17 ) : on laissait pousser la vigne près d’un arbre qui lui servait de tuteur. Ainsi Pline Naturalis historia 14,10 parle de vignes « mariées » au peuplier et dont les tiges grimpaient de branche en branche. De ces vignes étaient tirés parfois de grands crus (Pline Naturalis historia 17,199). Près d’habitations on faisait grimper la vigne sur des figuiers (1R 5,5 ; Mi 4,4 ; Za 3,10).
  • Une autre manière de cultiver la vigne est de la dresser, avec ou sans échalas, avec ou sans joug (perche ou roseau). Cette technique donne un vin meilleur car le raisin profite plus du soleil, et garde moins l’humidité. Elle permet aussi de travailler plus facilement la vigne.
  • Il est encore possible de laisser la vigne pousser à terre (Pline Naturalis historia 17,185) en supprimant la tige du cep. On entoure alors la vigne rampante de clôtures basses et de tranchées. Cette culture, qui permet au raisin d’être mieux abrité du soleil par les feuilles, se rencontre surtout dans les pays chauds, en Afrique, Égypte, Syrie et Europe. Le vin est de moins bonne qualité, le raisin est la proie des renards et des rats et le risque de pourriture au contact du sol est grand.
Entretien de la vigne
  • La vigne a besoin d’être taillée (Jn 15,2-6) chaque année à la fin de l’hiver (Pline affirme qu'on peut la pratiquer dès la fin des vendanges et durant tout l’hiver si le climat est doux). La taille a pour rôle de régulariser la naissance des sarments sur les branches de l’année précédente. Autrefois on taillait la vigne à la serpette (Is 2,4 ; 18,5 ; Jl 4,10).

Après 3 ans d’entretien, la vigne porte du fruit la 4e année. 

Récolte et fabrication du vin
  • Les vendanges au pays du Levant ont lieu au mois de septembre et doivent être finies avant la fête des tabernacles.
  • On cueillait les raisins dans des paniers. Ils étaient ensuite jetés au pressoir – cuve en pierre placée dans le verger – et foulés aux pieds par les vendangeurs. Le jus du raisin s’écoulait alors par une fente dans une seconde cuve ou dans des récipients. Des pressoirs à levier étaient ensuite utilisés pour extraire ce qui restait du jus des raisins déjà foulés.
  • Les méthodes de conservation du vin étaient différentes selon le climat : dans les régions aux hivers rigoureux, le vin était conservé dans des tonneaux de bois cerclés ; dans les pays tempérés, on le mettait dans des jarres d'argile ( Jr 13,12 ) ou des outres en peau (Jos 9,4.13 ; 1S16,20 ; Jdt 10,5). 
  • Placé dans le cellier, ou, dans le cas du Temple, dans des magasins, le vin fermentait et vieillissait pour se bonifier (Lc 5,39). Selon la forme des jarres, la qualité du vin était différente : Les petites jarres donnaient un vin meilleur. Pour assurer l’étanchéité des jarres, on les enduisait de poix. La poix et la résine (en particulier la résine de térébinthe) servaient aussi à appréter le vin pour faciliter sa conservation. Ce vin résiné prenait un léger goût de térébinthe. Pline Naturalis historia 14,124.
Usage
Alimentation
  • Le vin est consommé communément en boisson avant ou après fermentation. En Orient, autrefois, le vin aromatisé avec des herbes, de la myrrhe ou d'autres résines, était très apprécié.
  • Une partie du raisin est mangée en nature ou sous forme de raisins secs.
  • La vigne elle-même se mange : on faisait cuire les sommités des tiges ou on les faisait confire dans le vinaigre et la saumure (Pline Naturalis historia 14,119). On mangeait salées les pousses de la vigne sauvage (Dioscoride De materia medica 4,181).
Médical
  • Les médecins anciens attribuaient au vin de grandes vertus médicinales. Ils avaient étudiés les propriétés de chaque cépage et les prescrivaient comme remèdes . Pline Naturalis historia 14,19.
  • Paul de Tarse présente le vin comme un remède contre les maux d’estomac (1Tm 5,23).
  • Il était considéré comme un désinfectant : Lucien de Samosate Oeuvres completes 24,2 rapporte qu’on arrosa les rues avec du vin lors de la peste d’Athènes. Dans la parabole, le bon samaritain panse les plaies du blessé avec du vin et de l’huile (Lc 10,34).
  • Selon Pline Naturalis historia 14,7, en boisson, il a la propriété de réchauffer les organes, en lotion de les refroidir. 
Cultuel
  • Le vin était donné en libation aux dieux (Nb 28,14 ; Dt 32,38). Une loi romaine interdisait d’utiliser pour les pratiques religieuses certains vins : vins de vignes non taillées ou frappées par la foudre, vin d’un raisin foulé par des pieds blessés, vin de marc souillé par la chute d’ordures, vins coupés avec de l’eau (ex : vins grecs) Pline Naturalis historia 14,119.
  • Au Temple le vin servait aux libations sacrées (Ex 29,40 ; Nb 15,5.7.10 ; 28,7-14 ; Os 9,4).
  • Jésus, lors de la dernière Cène fait du vin l’une des espèces  de l’Eucharistie (Mt 26,27 ; Mc 14,23 ; Lc 22,20 ; 1Co 11,25).
Culture matérielle
  • Le cep de vigne atteignait parfois de grandes tailles si bien qu’il était possible de tailler dedans de grandes statues : une statue de Jupiter à Populonia, une panthère à Marseille, des colonnes à Métaponte, un escalier à Éphèse (Pline Naturalis historia 14,9).
Autre
  • La feuille de vigne et la grappe de raisin servent de motifs pour orner sculptures et peintures. Dans le Temple de Jérusalem d’Hérode, une vigne d’or ornait le vestibule (Josèphe Bellum Judaicum 5,5,4).
Symbolique de la vigne
Paix et prospérité
  • 1R 5,5 : le peuple habite en sécurité « sous sa vigne ».
La tribu de Juda 
  • Gn 49,11 : Jacob, lorsqu'il bénit ses fils sur son lit de mort, compare Juda à une vigne.
Le peuple d'Israël
  • Jr 2,21 : Dieu, pour reprocher à Israël son infidélité par la bouche de Jérémie, compare ce peuple à une vigne dégénérée. 
  • Jr 6,9 : le pillage d'Israël est comparé à un grapillage de vigne (Is 24,3-7).
  • Is 27,2-6 : Dieu prend soin d'Israël comme le vigneron de sa vigne et il attend de son peuple qu'il porte du fruit. 
  • Ps 80 : le psalmiste évoque la sortie d'Égypte, l'entrée en terre promise et les invasions qui suivent par l'image de la vigne plantée, entretenue puis pillée. 
  • Dt 22,9 : Dieu, par l'image de la vigne, interdit à Israël tout culte étranger. 
  • Mt 21,33-43 ; Mc 12,1-9 ; Lc 20,9-16 : dans la parabole des vignerons homicides, la vigne peut encore une fois représenter Israël. 
Sagesse
  • Si 24,17 : la sagesse est comparée à la vigne chargée de fruits. 
  • Pr 9,2-6 : la sagesse prépare le vin.
Jésus et l'Église
  • Jn 15,1-9 Jésus se compare au cep de vigne qui donne aux sarments liés à lui, la sève (la grâce) nécessaire pour vivre et porter du fruit. La vigne, symbole d'Israël devient, par la venue du Christ, image de l’Église.  
Symbolique du vin
Feu, joie, amour
  • Parce qu’il réchauffe le corps et le cœur, le vin est assimilé au feu. Comme lui, il est symbole de joie, d’amour.
  • Les périodes de tristesse, d'épreuves sont associées à une absence de vin (Dn 10,3 ; Jl 1,12).
  • Le vin favorise la convivialité. En Grèce, dans l'Antiquité, les banquets étaient suivis du symposion, temps de détente où, tout en buvant du vin, les convives parlaient, jouaient et assistaient à des spectacles.  
  • Le vin est un élément indispensable pour les fêtes (Jn 2,3) ; il participe à la joie des noces. Jésus en changeant l'eau en vin lors des noces de Cana (Jn 2,9), fournit aux époux et invités une source de joie et d'amour et il annonce par là le vin de la nouvelle alliance (Mc 14,24), vin de la joie éternelle, du banquet des noces de l'agneau (Is 25,6 ; Ap 19,9).
Vie éternelle, vie divine
  • Le vin libère l’esprit et décuple les forces de l'homme. Il donne à celui qui le boit, plus de confiance en soi, d’aisance pour discourir. Il développe les facultés intellectuelles créatives, imaginatives. 
  • La vigne après la vendange semble pourrir en hiver mais elle se régénère au printemps. Aussi le vin évoque la résurrection, la vie par delà la mort (Girard Symboles bibliques 2016 t.2,p.284).
Le sang du Christ
  • Le vin désigné dans la Bible comme « le sang des raisins » (Gn 49,11 ; Dt 32,14), devient signe du sang de Jésus, vraie vigne (Jn 15,5).
  • Ce sang est le « vin nouveau » (Mt 9,17) versé pour la multitude, signe de « l’alliance nouvelle » (Lc 22,20 ; 1Co 11,25).
  • A Gethsémani, « lieu du pressoir », la sueur de sang dont Luc fait mention (Lc 22,44), marque le début du sang versé durant toute la Passion.
  • Jésus présente son sang comme la vraie boisson qui donne la vie (Jn 6,55). Il choisit le vin comme l'une des deux  espèces  de l'Eucharistie (Mt 26,27 ; Mc 14,23-24 ; Lc 22,20). Par l'institution de ce sacrement, le vin eucharistique devient substanciellement sang du Christ. 

2,3 FLORE Lis 

Lis blanc (lilium candidum), Photo : Zachi Evenor (mai 2015)

Wadi Kelach, Mont Carmel (Israël) © CC-BY-2.0→

1R 7,19.22.26 ; 2Ch 4,5 ; (M) Ps 45,1 ; (M) Ps 60,1 ; Ct 2,16 ; 4,5 ; 5,13 ; 6,2-3 ; (G) Si 39,14 ; 50,8 ; Os 14,6 ; Mt 6,28-30 ; Lc 12,27-28

Le lis est aussi gracieux et doux que les épines sont redoutables. Fleur exceptionnelle, elle incarne à merveille l'élection et la préférence de l'amour, divin comme humain.

Identification

Le mot hébreu « šûšan » traduit le plus souvent par « lis » en francais, pourrait désigner des fleurs d’espèces variées. D’après la Bible, cette plante pousse dans les vallées (Ct 2,1), les prairies (Ct 2,16 ; 6,3), les champs (Ct 4,5), les jardins (Ct 6,2), près des eaux (Si 50,8) et même au milieu des épines (Ct 2,2). Elle donne des fleurs magnifiques, de parures royales (Mt 6,28-30 ; Lc 12,27-28) qui ont la forme de coupes (2Ch 4,5) et exhalent un merveilleux parfum (Si 39,14). Ces fleurs poussent en abondance (Os 14,6).

Il est possible que les diverses mentions bibliques du « lis » fassent référence à plusieurs espèces de fleurs car aucune espèce ne possède toutes ces caractéristiques à la fois. Les botanistes et commentateurs de la Bible ont donné de nombreuses possibilités :

  • Lilium candidum 
  • Hyacinthus orientalis
  • Lilium chalcedonicum 
  • Anemone coronaria
  • Anthemis palaestina
  • Pancratium maritinum
  • Urginea maritima
  • Ixiolirion tataricum
  • Nymphaea lotus
  • Iris pseudacorus
  • Cyclamen persicum
  • Asphodelus
  • Gladiolus

Le lis de la Madone (lilium candidum) tient une place importante dans cette liste puisqu’il est l’espèce appelée communément « lis » aujourd'hui (« šûšan » en hébreu moderne) et qu’il est chargé de toute la symbolique du lis biblique.

 Illustration de Lilium Candidum, (aquarelle, Pierre Joseph Redouté, 1805)

 Photo : rawpixel © CC-BY-SA-4.0 →

Classification
  • Famille : liliaceae
  • Genre : lilium
  • Espèce : candidum
Localisation

Cette plante originaire des Balkans et du Moyen-Orient s’est largement répandue en Europe, en Afrique du Nord et en Amérique (Mexique). Elle est cultivée depuis plus de 3000 ans. Elle pousse encore aujourd’hui à l’état sauvage sur les collines de Galilée et sur le Mont Carmel.

Description
  • Plante à bulbe vivace.
  • Tige entre 1 et 2 m de hauteur qui pousse au printemps.
  • Plusieurs grandes fleurs à 6 pétales d’une grande blancheur poussent à l’extrémité de chaque tige. Elles dégagent une odeur suave.
  • Feuilles vertes brillantes, elliptiques, lancéolées. Tandis que la plupart des lis perdent leurs feuilles en hiver, cette espèce garde à sa base une rosette de petites feuilles.
Usage
Cosmétique
Ornemental
  • Les lis sont utilisés pour confectionner des bouquets.
  • Ils sont utilisés comme motifs architecturaux et sont représentés sur de nombreux tableaux pour leur symbolique. On les retrouve sur des bas-reliefs assyriens.
Histoires
  • Selon une légende l'apôtre Thomas, ne croyant pas aux rumeurs qu'il avait entendues sur l'assomption de la Bienheureuse Vierge Marie, fit ouvrir son tombeau. À l'intérieur, au lieu de son corps, il trouva le tombeau rempli de lis et de roses.
  • D'après la mythologie grecque, le lis serait né d’une goutte de lait tombée du sein d’Héra allaitant Héraclès.
Symbolique
Pureté, virginité, amour pur
  • L’extrême blancheur du lis en a fait le symbole de la pureté.
  • En raison de sa beauté et de la parure somptueuse dont Dieu l’a dotée (Lc 12,27-28) cette fleur est devenue le symbole de l’élection divine et donc de l’amour.
Sainteté
  • Le lis exhale un parfum agréable qui est symbole de l’odeur de sainteté (Si 50,8-9).
  • Il est, dans l’iconographie, l’attribut de nombreux saints : la Vierge Marie, saint Joseph, saint Bernard, saint Dominique, sainte Claire, saint Louis, sainte Catherine de Sienne, saint Antoine de Padoue...
Royauté
  • Jésus présente la fleur de lis comme une parure plus belle encore que celle du roi Salomon (Mt 6,28-30 ; Lc 12,27-28).
  • La fleur de lis (qui représente plutôt un iris) fut prise comme emblème par les rois de France.
La Vierge Marie

Les peintres au Moyen Âge représentaient la Vierge avec un lis. En raison de cette association, le nom de « lis de la Madone » a été donné à cette espèce de lilium.

Comme le lis, Marie est :

  • choisie entre toutes par Dieu ;
  • pleine de grâce, immaculée ;
  • vierge ;
  • de dignité royale (Lc 12,27-28) ;
  • elle exhale le parfum divin de la sainteté (Si 50,8-9).

2,1a narcisse de Saron FLORE Narcisse  Le mot hébreu  ḥăbaṣṣelet  présent en Ct 2,1 et en Is 35,1 est traduit par des noms assez généraux dans la Septante et la Vulgate (Ct 2,1 : anthos  et flos ; Is 35,1 : krinon  et lilium). L’étymologie du nom hébreu indique qu’il s’agit d’une plante à bulbe (bāṣāl , « oignon » Nb 11,5, hapax) ; il ne peut donc être question d’une « rose » de Saron comme cela fut souvent traduit. L’identification précise de cette plante reste difficile.

Plusieurs espèces ont été proposées :

  • Colchicum automnale
  • Cistus
  • Anemone coronia
  • Anemone fulgens
  • Colchorus olitorius 
  • Tulipa sharonensis 
  • Tulipa montana
  • Narcissus tazetta

Le narcissus tazetta est l’espèce retenue par le plus grand nombre de commentateurs.

Narcissus tazetta, Shoam Forest Park (Israël)

Photo : Zachi Evenornov, 2013 © CC-BY-2.0→

Ct 2,1 ; Is 35,1 

Classification
  • Famille : amaryllidaceae (classification APG 3) ou liliaceae
  • Genre : narcissus
  • Espèce : tazetta
Localisation

Cette plante pousse sur le pourtour méditerranéen, en Europe Centrale et au Moyen-Orient dans des zones de plaines et de garrigues. On la trouve en abondance dans la plaine de Saron.

Description
  • Plante à bulbe.
  • Tige de 20 à 60 cm qui se termine par un bouquet de fleurs odorantes.
  • Feuilles vertes, linéaires, d’environ 30 cm, à bords lisses.
  • Fleur jaune pâle ou blanche à 6 tépales qui porte en son centre une couronne jaune-orange en forme de coupe, avec 6 étamines de longueurs inégales. La floraison en Israël a lieu de décembre à mars.
  • Les fruits sont des capsules ovoïdes noires.
  • Une substance toxique est contenue dans la tige et le bulbe.

 Illustration botanique de narcissus tazetta

Flowers, Plants, and Trees from NYPL collections

Gravure d'après une aquarelle de Pierre Joseph Redouté, 1825  © Domaine public

Usage
Médical et cosmétique
  • En raison de ses propriétés adoucissantes et hydratantes, le narcisse est utilisé pour les soins capillaires et les problèmes de peau.
  • Elle a des vertus antipyrétiques et antivirales.
  • En infusion, les fleurs ont des propriétés calmantes et sédatives.
  • Cette plante est utilisée comme vomitif et purgatif (Pline Naturalis historia 21,75).
  • Avec du miel le bulbe soignait les brûlures, les plaies et les luxations (Pline Naturalis historia 21,75).
  • En parfumerie, on extrait des fleurs un solvant volatil.
Ornemental
  • La fleur est utilisée pour faire des bouquets.
Symbolique
Beauté, égoïsme, amour-propre
  • Ovide Metamorphoses 3 rapporte le mythe de Narcisse, un jeune homme d’une grande beauté qui, un jour en s’abreuvant, vit son reflet dans l’eau et, tombant amoureux de sa propre image, en mourut. À l’endroit où l’on retrouva son corps, des fleurs de narcisses avaient poussé.

1,12b nard FLORE Nard de l'Himalaya  Plusieurs plantes à racines odorantes ont porté le nom de « nard » (nard de Syrie, nard celtique, nard de Crète ou sauvage, nard des champs) mais le nard pur dont il est question dans la Bible est celui que Pline Naturalis historia 12,26 présente comme le plus réputé et le plus cher : Nardostachys jatamansi appelé communement nard de l'Himalaya ou nard indien. 

  Nardostachys jatamansi (grandiflora)

Illustration dans Curtis's botanical magazine, Joseph Dalton Hooker, 1881  © Domaine public

Ct 1,12 ; 4,13-14 ; Mc 14,3-5; Jn 12,3-5

Classification
  • Famille : valerianaceae
  • Genre : nardostachys
  • Espèce : jatamansi (ou grandiflora
Localisation

Cette plante pousse en haute altitude (3000 à 6000 m) en Inde (Théophraste Historia plantarum 9,7,2) dans la partie est de l’Himalaya. D’après Pline Naturalis historia 16,59, elle ne supporte pas la transplantation hors de l’Inde.

Description
  • Tige courte (moins de 50 cm de haut) et velue à la base.
  • Fleurs rouge-rosé à blanc-bleuté, en forme de cloches.
  • Elle possède 6 à 8 feuilles radicales de grandes tailles (20 cm) et des feuilles caulinaires de forme oblongue.
  • Racine pesante et grosse (Pline Naturalis historia 12,26) qui peut porter jusqu’à 50 rhizomes. Broyés et distillés les rhizomes produisent une huile très odorante.
  • Fruits couverts de poils longs.
  • L’odeur de nard est appréciée par certains mais détestée par d’autres (Athénée Deipnosophistae 3).
Usage
Médical et cosmétique
  • Du fait de ses propriétés narcotiques et apaisantes, l’huile essentielle de nard est utilisée pour apaiser les souffrances physiques mais aussi psychiques. Il a des propriétés antiseptiques, sédatives, antibactériennes, antispasmodiques, hypotensives, tranquillisantes.
  • Dans l’Antiquité le nard était un parfum précieux et de grand prix. Sa valeur a été estimée à 300 deniers par Judas (Jn 12,5) soit 10 fois plus que le prix pour lequel il a vendu Jésus (Mt 27,3). Le nard pur se reconnaissait à sa légèreté, sa couleur rousse, son odeur suave, sa saveur (Pline Naturalis historia 12,26).
  • Aujourd’hui encore il est utilisé dans la composition des parfums car c’est un bon fixateur et il renforce les odeurs.
  • La fleur de nard entrait dans la composition d’un savon qu’utilisait Cléopâtre (cf. Fragments du Kosmetikon).
  • Les Romains et les Hébreux utilisaient le nard pour parfumer le corps d’un être cher au moment de sa sépulture (Jn 12,7). 
Symbolique
Humilité
Amour
  • Apponius In Canticum canticorum expositio, 3,6-8 parle du nard du cœur de l’épouse qui répand son parfum de pénitence et de bonnes œuvres. Ce parfum est l’amour de l’épouse qui répond à l’amour de l’époux entré, pour elle, dans son repos (Ct 1,12).
  • Parfumer le corps d’un défunt avec un parfum de grand prix tel que le nard était une manière d'honorer la personne aimée. Le nard répandu par Marie de Béthanie sur la tête et les pieds du Christ (Jn 12,3), quelques jours avant sa mort, manifestait son amour pour lui : un amour, comme le nard, « pur » (Jn 12,3) et « de grand prix » (Jn 12,5).
  • Selon Grégoire de Nysse Homiliae in Canticum canticorum 3,8-9 le parfum de nard est la « bonne odeur du Christ ». Le nard du cœur de l’épouse (Ct 1,12) exhale donc l'odeur de son époux qu'elle reconnaît comme tel. C’est cette bonne odeur qui a rempli toute la maison (Jn 12,3) après que Marie a oint Jésus de nard. C’est de cette bonne odeur que les disciples du Christ sont eux-même imprégnés (2Co 2,15) et qu'ils répandent par la proclamation de l’Évangile (Mt 26,13).
  • Le parfum de nard a une odeur extrêmement persistante et forte qui rivalise et l’emporte sur l’odeur du cadavre tout comme « l’amour est fort comme la mort » (Ct 8,6).

2,3s FLORE Pommier Les Pères ont vu dans le pommier le type du Christ Grégoire de Nysse Hom. Cant.4,7. Ne donne-t-il pas en effet son vin et n'est-il pas celui qui ordonne la charité en ceux qui aiment (Ct 2,4) ?

 Pommier en fleurs à Murrhardt (Allemagne)

Photo : Jean-Marc Pascolo (mai 2009) © CC-BY-SA-3.0→

Pr 25,11 ; Ct 2,3-5 ; 7,9 ; 8,5 ; Jl 1,12

Identification

Le tappûaḥ  mentionné dans le Cantique des cantiques est un arbre assez grand, fournissant de l’ombre et possédant des fruits au goût et à l’odeur agréable. Bien que  tappûaḥ  signifie pommier, il pourrait s’agir d’un pommier particulier tel que :

  • Le citronnier que Théophraste Histoire des plantes1, 13, 4, au 4e s. av. J.-C., appelle « pommier médique » ou « pommier persique ». Mais son ombrage et sa taille ne suffisent pas pour que l’on se repose à son ombre.
  • L’abricotier (prunus armeniaca) qui est appelé par Dioscoride de Materia medica 1.2,c.165, « mailon armeniacon », soit « pommier d’Arménie ». 
  • Le cognassier dont les fruits sont appelés « coins », « pommes d’or » ou « pommes de Cydon ».

Mais les commentateurs modernes affirment qu’il s’agit d’un véritable pommier (malus). 

Il existe aujourd’hui environ 40 espèces de pommiers. L’espèce la plus ancienne et qui semble être à l’origine des autres espèces est l’espèce sauvage malus sieversii.

Illustration botanique du pommier commun (malus domestica)

in Flora von Deutschland, Österreich und der Schweiz, O. W. Thomé (1885) © CC-BY-SA-3.0→

Classification
  • Famille : rosaceae
  • Genre : malus
  • Espèce : sieversii
Localisation

Le pommier est originaire d’Asie Centrale, principalement du Kazakhstan.

Description
  • Fruit à l’enveloppe charnue avec, en son centre, des carpelles soudés.
  • La graine ou pépin possède un endocarpe cartilagineux.
Usage
Alimentation
  • La pomme peut être consommée telle quelle ou transformée (compote, pâtisseries, jus, cidre).
Médical
  • Ses fruits et son écorce sont utilisés en phytothérapie.
  • Ses bourgeons sont utilisés en gemmothérapie.
  • Ses propriétés thérapeutiques : aide à la digestion, antiseptique, amincissant, renforce les défenses immunitaires. 
Culture matérielle

Le bois de pommier est utilisé pour :

  • La confection de meubles 
  • Tournage
  • Instruments de précisions
  • Marqueterie
  • Lutherie
Ornemental
  • En raison de ses belles fleurs blanches, le pommier sert d’ornement.
Symbolique
Douceur
  • Son fruit est sucré et doux au palais Ct 2,3-5.
Naissance
  • Ct 8,5 présente l'ombre du pommier comme un lieu de repos et de conception.
L’arbre de la connaissance du bien et du mal
  • Le mot « malus » en latin pouvant signifier tout à la fois « pommier » ou « mauvais », beaucoup d’artistes, par ce jeu de mots, ont choisi de représenter l’arbre de la connaissance du bien et du mal sous la forme d’un pommier.
L’arbre de vie et le Verbe incarné

Pour les Pères de l’Église, le pommier du Cantique est l’arbre de vie et le Verbe incarné :

  • Nil d’Ancyre Comm. Cant.2,3, 43 écrit que le pommier est de bois comme les autres arbres de la forêt, mais c’est un bois fécond qui donne de nombreux fruits qui réjouissent l’œil, séduisent l’odorat et comblent le sens du goût.
  • Grégoire de Nysse Hom. Cant. 4,7  Le Verbe incarné, qui est lumière, sainteté et « vie pour ceux qui le mangent », « est devenu pommier parmi les arbres de la forêt, afin de greffer sur lui-même tous les rameaux sauvages de la forêt et de les rendre aptes à produire un fruit semblable au sien » (cf. Rm 11,17-27). La pomme elle-même est le Verbe incarné : « Celui qui par amour des hommes a germé dans la forêt de notre nature en participant à la chair et au sang s’est fait pomme. […] Par sa blancheur il imite le caractère propre de la chair, tandis que le rouge dont il est teint témoigne par son aspect d’une parenté avec la nature du sang ».

1,14a FLORE Cypre (Henné) Le mot hébreu « kopher » [kōper], traduit par « kupros » dans la Septante et « cyprius » dans la Vulgate (afin de reproduire la phonétique du mot) désigne l’arbuste Lawsonia inermis appelé communément « henné ».

 Illustration botanique de Lawsonia inermis,

 in Flora de Filipinas, Gran edicionde Francisco Manuel Blanco, 1880 © Domaine public→

Ct 1,14 ; 4,13

Classification
  • Famille : lythraceae
  • Genre : lawsonia
  • Espèce : inermis
Localisation

Cette plante pousse naturellement dans les régions allant du nord-est de l’Afrique au nord-ouest de l’Inde. Elle fut cultivée très tôt au Proche-Orient. On la retrouve encore aujourd’hui dans la vallée du Jourdain jusqu’à Jéricho.

Description
  • Arbuste de 1 à 5 m de haut fortement ramifié.
  • Ses feuilles opposées et ovales contiennent un colorant appelé « lawsone ». La taille des feuilles varie selon l’apport en eau.
  • Ses fleurs blanches disposées en grappes sont fortement odorantes.
  • Ses petits fruits sont des capsules rondes de 4 à 8 mm contenant de nombreuses graines.
Usage
Médical et cosmétique
  • Utilisé à des fins thérapeutiques pour ses effets anti-inflammatoires, analgésiques et antipyrétiques. Dans l'Antiquité, l’huile de cypros permettait de relâcher les nerfs, les feuilles servaient à soigner les maux d’estomac, les abcès, les aphtes, les brûlures, les luxations (Pline Naturalis historia 23,46).
  • L’odeur de la fleur de henné favorise le sommeil (Pline Naturalis historia 23,46).
  • L’essence extraite des fleurs est utilisée en parfumerie. Son parfum est proche de celui du troène mais plus intense.
  • Le colorant rouge obtenu à partir de ses feuilles desséchées, est utilisé pour teindre les cheveux (Pline Naturalis historia 23,46), la peau et les ongles. Encore aujourd’hui des tatouages éphémères sont réalisés avec le henné. Les Égyptiens se servaient du henné puisqu'on en a retrouvé sur les ongles de plusieurs momies.
  • Soins capillaires : il aurait des propriétés antipelliculaires et il fortifie les cheveux.
  • La poudre de henné est aussi utilisée pour teindre les fourrures et le cuir.

1,17 FLORE Cèdre du Liban

Forêt des cèdres de Dieu au Liban (Bcharré)

Photo : BlingBling10 (août 2007) © CC-BY-SA-3.0→

Nb 24,6 ; Jg 9,15 ; 2S 5,11 ; 1R 6,9.15-16.18.36 ; 7,2.3.7.11.12 ; 9,11 ; 2R 14,9 ; 19,23 ; 1Ch 14,1 ; 17,1 ; 22,3-4 ; 2Ch 1,15 ; 2,7-8 ; 9,27 ; 25,18 ; Esd 3,7 ; Jb 40,17 ; Ps 29,5 ; 80,11 ; 92,13 ; 104,16 ; 148,9 ; Ct 1,17 ; 3,9 ; 5,15 ; 8,9 ; Is 2,13 ; 14,8 ; 37,24 ; 41,19 ; 44,14 ; Jr 22,7.14-15.23. ; Ez 17,3.22-24 ; 27,24 ; 31,3-18 ; Am 2,9 ; M,G—So 2,14 ; Za 11,1-2

Étymologie 

En hébreu, « érez » désigne le cèdre ; puis par extension il désigne tout bois utilisable dans les cérémonies de purification. Ce nom apparait 70 fois dans la Bible. 

Classification

Il existe 4 espèces de cèdres dont le cèdre du Liban. C'est un arbre conifère.

  • Famille : pinaceae
  • Genre : cedrus
  • Espèce : libani
Localisation

Originaire du Moyen-Orient (Liban, Syrie, Turquie). Au Liban les cèdres couvraient autrefois la plus grande partie du Liban mais la déforestation a eu raison de pratiquement l'intégralité des anciennes forêts. Il ne reste que quelques îlots de cèdres dans la région de Bcharré, dans El chouf, à Jaj ou à Tannourine. 

Description
  • Arbre majestueux et massif qui peut atteindre jusqu’à 40 m de haut.
  • De forme pyramidale au début de sa vie, il étend au fil du temps ses branches à l’horizontal, prenant une belle apparence avec sa cime tabulaire.
  • Ses aiguilles persistantes, d’environ 3 cm de long, ont une couleur vert-gris-bleuté, qui varie selon les espèces. Les aiguilles sont rassemblées en rosettes.
  • Les cônes d’environ 10 cm ont une forme ovoïde et un aspect lisse du fait des écailles plaquées.
  • Son bois est odorant.
  • On estime son espérance de vie à 2000 ans.
  • Ce conifère a une bonne résistance au froid et aux fortes chaleurs et pousse généralement sur un sol siliceux, rocailleux en région montagneuse (1000 à 2000 m d’altitude).

Illustration botanique du cèdre du Liban

 dans Traité des arbres et arbrisseaux - Atlas par P. Mouillefert, Paul Klincksieck (éd.), 1892-1898 : Köhler, 1887 © Domaine public

Usage
Médical
  • Le cèdre a des propriétés antiseptiques et cicatrisantes. Ce sont essentiellement ses aiguilles qui sont utilisées à des fins thérapeutiques en infusion ou en usage externe. Le macérat de bourgeon de cèdre soigne les problèmes cutanés.
Culture matérielle
  • Son bois est utilisé pour la confection de charpentes, de coffres, de mobiliers dès l’antiquité car l’odeur du bois de cèdre éloigne les mites, insectes et vers.
  • Le bois de cèdre du Liban fut importé à Jérusalem par Salomon pour permettre la construction du Temple. (2Ch 2,3-10).
  • Dans l'antiquité il est aussi utilisé pour la construction navale et la fabrication de sarcophages.
  • Il semble que des cèdres du Liban étaient plantés dans la cour du Temple (cf. Ps 92,13).
Cultuel
  • Dans les rites religieux, la fumée du cèdre était réputée pour chasser les mauvais esprits.
  • Pline Naturalis historia 13,2 raconte qu’au temps de la guerre de Troie, on n’employait pas encore l’encens dans les sacrifices mais on brûlait des rameaux de cèdre et de citre qui répandaient un relent plutôt qu’une senteur.
  • La sciure de cèdre servait en Égypte à l'embaumement des momies.
Autres
  • Le cèdre est aujourd’hui l’emblème du Liban. 
  • Cet arbre a inspiré des artistes tel que Lamartine : « Choeur des cèdres du Liban ».
Symbolique
Majesté divine, grandeur, gloire, force.
  • Ps 104,16-17 Le cèdre manifeste la grandeur de son créateur.
  • Ez 17,22-23 La parabole présente le cèdre comme le royaume de Dieu.
  • Ps 92,13 Les justes sont comparés au cèdre du Liban.
  • Ez 31,1-9 Pharaon est comparé au cèdre pour sa grandeur.
Orgueil

Par contraste, ceux qui se dressent comme rivaux de Dieu sont aussi comparés au cèdre.

Longévité, éternité

En raison de sa longue vie mais aussi parce que son bois est réputé imputrescible, il est symbole de pérennité, d'éternité et d'incorruptibilité.

Réception

Arts visuels

1,9ss L'envol de l'âme

20e s.

George Desvallières (1861-1950), L'Envol de l'Âme, (Huile et essence sur papier marouflé sur toile, 1925), 116 x 160 cm

Collection particulière, France © Succession Desvallières→

Tableau fait in memoriam, en souvenir d’une personne disparue en 1921. Robert Vallery-Radot décrit la petite aquarelle du même nom en CR 1790 et ne semble pas connaître l’œuvre magistrale et lumineuse, qui représente seulement la partie droite de l’envol de l’ange. Nous avons d’abord cru que cette œuvre, acquise par des amis des Desvallières qui perdirent un fils dans un combat aérien, en 1916, lors de la Grande Guerre, avait été peinte à la mémoire du soldat tombé pour son pays, mais la date inscrite dans le bas du tableau ne peut confirmer cette hypothèse. Il n’en reste pas moins que L’Envol de l’Âme exprime bien ce qu’écrivait Robert Vallery-Radot à propos de l’esquisse CR 1790, « cette acceptation tendre et solennelle de ce qui est. […] La plaine et la colline se recueillent, limpides et vertes, et le petit village tassé près de son clocher écoute l’heure qui sonne ».

1,12ss L'étreinte amoureuse

Expressionnisme allemand

Egon Tschirch (1889-1948), Cantique des Cantiques, composition n°4 (tempera sur carton, 1923), 64 x 47 cm

Kunsthalle Rostock→ (Allemagne) © CC BY-SA 3.0 de→

Composition

Le Cantique des Cantiques — en allemand Das Hohelied Salomos — est le titre d'un cycle d'images expressionnistes du peintre allemand Egon Tschirch. L'artiste interprète les textes du Cantique des cantiques. Le cycle a été créé en 1923 à Rostock et contient environ 50 images, dont 27 ont été redécouvertes en 2015. La composition n°4 illustre le thème de l'étreinte amoureuse présent dans Ct 1,12-14.

1,15 Tes yeux sont des yeux de colombe Symbolisme de la colombe La blancheur immaculée et la douceur de la colombe ont valu à l’oiseau de Vénus le privilège de devenir un symbole du Saint-Esprit. La colombe est l'emblème de la chasteté, de l’innocence, de la fidélité conjugale : Intertextualité biblique Ct 1,15. C'est aussi l'Esprit qui dicte à l'oreille des écrivains inspirés. Dans l'Église romaine, la colombe était particulièrement reliée à la légende de saint Grégoire Ier († 804). Dans de nombreux dessins, le Saint-Esprit sous la forme d'une colombe soutenait ce docteur de l'Église, soit pour un texte théologique (à partir du 8e s.), soit en faveur d'un chant (dès le 10e s.) comme le montrent ces enluminures médiévales :

Maître du Registrum Gregorii, Saint Grégoire écrivant sous l'inspiration de la colombe du Saint-Esprit (enluminure sur parchemin, 983), 26,5 x 19,5 cm

in Registrum Gregorii de Trèves, produit à Trèves (Allemagne), Hs. 171/1626, Stadtbibliothek, Trèves (Allemagne) © Domaine public→

Anonyme, Passionnaire de Weissenau (enluminure sur parchemin, détail, ca. 1170-1200)

ms. Bodmer 127, f.172v, conservé à la Fondation Bodmer, Coligny (Suisse) © Domaine public→

Anonyme, Le pape Grégoire Ier dictant les chants grégoriens (enluminure sur parchemin, ca. 1000)

in Antiphonaire dit « de Hartker », Cod. Sang. 390, p. 13, conservé à la bibliothèque de l'abbaye de Saint-Gall (Suisse) © Domaine public→

2,1–17 Cantique des Cantiques

Peinture espagnole du 17e s.

Le Cantique des Cantiques présente le chant de l’amour d’un homme vers sa femme. Ce chant introduit le lecteur dans le mystère de la relation d’amour qui unit deux époux. De nombreux passages de ce texte invitent à contempler l’attitude masculine face à celle qui est aimée.

Cercle de Bartolomé Estéban Murillo, Jacob et Rachel au puits  (huile sur toile, 17e s.), 9,30 x 1,492 m

Espagne, Dulwich Picture Gallery, Londres (Royaume-Uni) © Domaine public→

« Trop d’hommes sont amputés d’eux-mêmes. 'La virilité n’est plus une valeur en Occident', écrit Paul François Paoli dans La Tyrannie de la faiblesse (2010). Elle n’est pourtant pas l’agressivité, ni la dureté du cœur, encore moins la vulgarité. Mais le don de son corps et de son sang pour devenir gardien de l’épouse dans la vulnérabilité de son enfantement, pour protéger la vie fragile (...). Voilà ce qui conduit l’homme à son accomplissement, et la femme à porter la vie. On ne peut porter la vie que dans l’union au Corps d’un autre. L’homme est une force qui doit s’incliner au rang de serviteur, afin de ne jamais tomber dans la brutalité despotique de celui qui n’a jamais fait de sa puissance un service. La logique de l’amour d’un homme est eucharistique : « Maris, aimez vos femmes, comme le Christ a aimé l’Église et a donné sa vie pour elle » (Lettre de Saint Paul aux Éphésiens). »

Cette conception de la virilité semble rejoindre une citation de Simone de Beauvoir dans Le deuxième sexe (1949) : « Personne n'est plus arrogant envers les femmes, plus agressif ou méprisant, qu'un homme inquiet pour sa virilité. »

2,2 Comme un lis au milieu des épines Interprétation typologique : Le lis symbolisant la Vierge Marie

12e s.

Anonyme, Lis parmi les épines (fresque, 12e s.)

Ermitage de Santa Caterina del Sasso→, Lombardie (Italie) © CC BY-SA 3.0→

Les épines présentes autour des lis forment une couronne analogue à la couronne de la Passion du Christ. Les lis évoquent ici la victoire du Christ sur la mort et la vie qui en jaillit.

2,1a narcisse de Saron ou Rose de Saron : interprétation christologique et mariale Le nom de la fleur en question en hébreu est parfois traduit par « rose » au lieu de « narcisse ». Dans cette traduction de « rose » il a rejoint les Litanies de la Sainte Vierge. 

15e s.

Anonyme, Rosaire avec Vierge allaitant, (tempera sur parchemin, East Anglia England Norfolk (?), ca1480-1490), page : 11,9 × 17 cm

Ms. 101, fol. 78v, Getty Museum, Los Angeles (États-Unis) © Domaine public→

19e s.

Sainte Marie Mère des nations tenant un globe dans ses mains :

George Desvallières (1861-1950), Sainte Marie, Rose mystique, (Huile sur toile, 1887), 65,5 x 43,5 cm,

Musée Ateneum, Helsinki (Finlande) © Hannu Aaltonen.→

Première composition de la Vierge illustrant la litanie « Sainte Marie, Rose mystique ». Le visage éclairé de profil et les yeux fermés, signes de sa lumière intérieure, Marie, « comprise à la façon de ces précurseurs de la Renaissance » (Leprieur), porte avec assurance le monde dans sa main gauche et quelques roses rouges dans sa main droite. Le critique François Bournand écrit, après l’exposition des 33, à la galerie Georges-Petit, en 1887 : « Un artiste que je ne connaissais pas encore, M. Georges [sic] Desvallières, se révèle ici comme un jeune maître, il a énormément de talent, il me faut le reconnaître. C’est un primitif italien du XVe siècle, égaré en France au XIXe siècle. » (La Curiosité). Il ajoute, dans Le Blanc et le Noir : « […] Quel charme mélancolique ! Quelle puissance émotionnante dans sa “Sainte Marie, Rose mystique” ! ».

Fortement influencé par les maîtres italiens qu’il a étudiés au Louvre ou lors de ses voyages dans la Péninsule, Desvallières s’inspire de l’Allégorie de Fécamp (CR 60) ou de son Condottiere (CR 73), deux tableaux profanes de 1883, sur un fond de paysage avec un ciel dont les couleurs comptent plus intensément. L’année de son mariage, en 1890, l’artiste reprendra la même composition dans Vierge aux donateurs (CR 280), conservé au musée des Beaux-Arts de Reims. 

Contexte

Milieux de vie

2,1 FLORE Fleurs des champs

Fleurs des champs (côte méditerranée en Israël)

Photo : M.R. Fournier (avril 2022) © BEST AISBL

Identification

Plusieurs fois dans la Bible, il est question de l’expression « fleurs des champs » de manière générale. C’est le cas dans le Cantique des Cantiques avec le nom nitṣṣanîm (Ct 2,12) qui désigne des fleurs de printemps de couleurs vives et même rouges. À d’autres moments la Bible parle de « fleurs des champs » en insistant sur leur aspect éphémère (Ps 103,15). D’autres fois elle vante leur beauté (Lc 12,27-28 ; Mt 6,28-30). 

Voici plusieurs fleurs des champs rencontrées en Israël qui peuvent illustrer cette expression.

Anémone coronaire

Anémone (Israël)

Photo : M.R. Fournier (avril 2022) © BEST AISBL

Identification 

En raison de sa beauté et de sa couleur éclatante, l’anémone couronnée est considérée par plusieurs spécialistes comme étant le « lis des champs » qui surpasse Salomon dans toute sa gloire. Cette fleur se trouve presque partout en Israël et Cisjordanie au printemps et elle est admirée par tous. Elle est abondante sur le mont des Oliviers, les plaines et les bords du lac de Tibériade (les kalānîôt en hébreu).

Classification
  • Famille : ranunculaceae
  • Genre : anemone
  • Espèce : coronaria
Localisation

Cette fleur est très présente sur tout le bassin méditerranéen. Elle se développe surtout dans les pâturages et les oliveraies.

Description
  • Plante vivace de 20 à 40 cm de haut.
  • Feuilles caduques très découpées.
  • Fleur hermaphrodite terminale et solitaire, de couleur variable mais le plus souvent rouge ou jaune. Elle a 6 pétales. Une sphère de carpelles entourée d’étamines se trouve au centre de la fleur.

La floraison a lieu au printemps (janvier à avril) et parfois au début de l’automne. La fleur se referme la nuit.

Usage
 Médical

Les anémones sont toxiques mais dans l’Antiquité les Égyptiens et les Romains leur attribuaient des vertus médicinales : ils entouraient les bras et le cou d’un malade d’anémones pour le guérir.

Ranonculus asiaticus

Un renoncule de Perse dans la région de Nataf

Photo : Superjuif (mars 2013) © CC BY-SA 3.0→

Identification 

La renoncule persane que l’on trouve aussi dans les terres du Levant, est une fleur très proche de l’anémone couronnée et est parfois confondue avec elle. Elle fait partie de ces fleurs des champs que les auditeurs de Jésus avaient l’habitude de voir.

Classification
  • Famille : ranunculaceae
  • Genre : ranunculus
  • Espèce : asiaticus
Localisation 

Originaire de la région méditerranéenne orientale, d’Asie Mineure. Elle fut introduite en France par les Croisés de Saint Louis qui la rapportèrent de Terre Sainte.

Description
  • Plante herbacée vivace.
  • Tige simple ou ramifiée de 40 cm environ.
  • Feuilles trilobées duveteuses ou poilues.
  • Plusieurs fleurs de 3 à 5 cm de diamètre peuvent pousser sur les tiges. Elles sont de couleur rouge, rose, jaune ou blanche et se referment la nuit. Dans sa forme simple, la renoncule persane a 5 pétales. La forme à fleurs doubles, hybride est commercialisée par les fleuristes. 

Papaver subpiriforme

 Coquelicots (Israël)

Photo : M.R. Fournier (mai 2022) © BEST AISBL

Identification

Le coquelicot d’Israël, espèce très proche des coquelicots d’Europe (papaver rhoeas) est aussi très présent en Galilée et Judée, en bordure de route, dans les terrains vagues, les jardins. D’un rouge qui se rapproche de l’anémone et de la renoncule, il est parfois difficile de les différencier.

Classification
  • Famille : papaveraceae
  • Genre : papaver
  • Espèce : umbonatum

Localisation originaire de Palestine, Liban, Syrie et Turquie. On les rencontre en Israël dans les régions cultivées du Nord.

Description
  • Plante annuelle ramifiée de 15 à 40 cm de haut.
  • Tige fine, couverte de poils.
  • Feuilles finement découpées à la base de la tige.
  • Grandes fleurs terminales à 2 sépales libres qui se détachent à l’éclosion de la fleur ; 4 pétales rouges qui ont la texture d’un papier de soie froissé. La base des pétales a des taches noires.
  • Fruit sphérique et pileux qui contient de nombreuses graines.

Floraison de mars à mai (un peu plus tardif que l’anémone). La vie d’un coquelicot est très courte (2 à 3 jours).

Tulipa agenensis (subsp. sharonensis)

 Tulipa Sharonensis

Photo : Zachi Evenor (mars 2015)  © CC BY 2.0→

Identification

La tulipe de Sharon est l’une des espèces retenues par les botanistes pour être la rose de Sharon. Elle correspondrait mieux encore que la tulipe montana car elle pousse dans les endroits sablonneux de la plaine côtière de Sharon.

Le nom tulipe dérive du mot persan « thuliban » qui signifie « turban ».

Classification
  • Famille : liliaceae
  • Genre : tulipa
  • Espèce : agenensis
Localisation

Tulipe originaire de l’est de la méditerranée. Elle pousse dans les maquis et forêts méditerranéennes, le long de la plaine côtière entre la Syrie et Israël. Ses tulipes ont été introduites en Europe au 16es (surtout en Hollande, au Pays-Bas).

Description
  • Tige glabre d’environ 40 cm.  
  • Feuilles rosettes, lancéolées d’environ 25 cm de long.
  • Fleur rouge écarlate avec au centre une tache noire pointue à marge jaune. Les tépales externes sont plus longs et pointus que les tépales internes. Elles fleurissent en mars.
  •   La tulipa agenensis subsp. Sharonensis a une tige un peu plus petite (20-25 cm) et des feuilles et des fleurs plus petites également. Ses tépales sont jaunâtres sur la face inférieure. Elle pousse uniquement sur les sols sableux.
Symbolique
Amour

La tulipe par sa couleur rouge intense et sa base noire évoque le feu et le charbon et donc aussi la flamme de l’amour. En Perse, l’amant donnait une tulipe cramoisie à celle qu’il aimait pour symboliser la flamme qui consume son cœur.

Tulipa montana

Tulipa montana Lindl

Photo : N. Paresseux © CC BY-NC 3.0→

Identification 

La rose de Sharon, difficile à identifier précisément, pourrait être la tulipa montana (cf. recherches du Dr Ephraim Ha-Reubeni).

Classification
  • Famille : liliaceae
  • Genre : tulipa
  • Espèce : montana
Localisation

Cette espèce de tulipe est originaire des montagnes d’Iran et du Turkménistan. On la trouve en Irak, autour de la mer Caspienne, en Syrie et Liban.

Description
  • Bulbe vivace de 15 cm de haut.
  • Feuilles glauques
  • Fleurs en forme de coupe de couleur rouge intense avec à l’intérieur une tache noire et des anthères jaunes.

Anthemis palaestina (ou camomille d’Israël)

Camomille (Israël)

Photo : M.R. Fournier (avril 2023) © BEST AISBL

Classification
  • Famille : asteraceae
  • Genre : anthemis
  • Espèce : palaestina
Localisation

Originaire de la région méditerranéenne. On retrouve cette fleur en Israël et Palestine (Golan, Hermon, Galilée, côte, vallée du Jourdain, Carmel, Samarie, désert, montagnes de Judée, Néguev).

Description
  • Herbe annuelle aromatique.
  • Feuilles glabres coupées et pennées en lobes étroits.
  • Capitules radiées de fleurons blancs autour d’un disque de fleurons tubulés jaunes.

Chrysanthemum coronarium (glebionis coronaria)

 Glebionis coronaria

Photo : M.R. Fournier (avril 2022) © BEST AISBL

Identification 

Le chrysanthème couronné appelé aussi marguerite dorée en raison de sa couleur jaune or et que l’on retrouve en Galilée peut, elle aussi, faire concurrence à Salomon par sa magnificence. 

Classification
  • Famille : asteraceae
  • Genre : glebionis
  • Espèce : coronaria
Localisation 

Originaire du pourtour méditerranéen, cette plante se rencontre au bord des routes, dans les ruines, les terrains calcaires d’Afrique du Nord, d’Israël et d’Europe du Sud.

Description 
  • Plante annuelle.
  • Tige dressée de 15 à cm à 1 m de haut.
  • Feuilles alternes, bipennées qui se plient la nuit et se redressent le jour.
  • Capitules de 6 cm de diamètre, solitaires. Fleurs à la ligule jaune et blanche ou entièrement jaune.
  • Les fruits sont des akènes.
Usage
  • Alimentaire
  • Les feuilles sont parfois consommées crues ou cuites (en particulier en Chine et au Japon)

Cyclamen persicum

Cyclamens sauvages (Israël)

Photo : Woggly (avril 2005) © CC BY-SA 3.0 Classification→

  • Famille : primulaceae
  • Genre : cyclamen
  • Espèce : persicum
Localisation

Originaire de l’ouest de l’Asie Mineure, on en trouve en Turquie, Israël, Jordanie, au nord de l’Afrique et sur quelques îles grecques.

Description
  • Fleurs élancées odorantes blanches, roses ou rouges.
  • Bulbes arrondis (d’où leur nom qui vient de cyclos, « cercle » en grec)

Colchicum automnale

 Colchique d'automne

Photo : Meneerke fleur (sept. 2010) © CC BY-SA 3.0 →

Classification
  • Famille : liliaceae
  • Genre : colchicum
  • Espèce : autumnale
Localisation

Les colchiques poussent dans les prairies en Europe et sur le pourtour méditerranéen.

Description
  • Plante basse à corme.
  • Des fleurs solitaires terminales à 6 tépales apparaissent en automne.
  • Les feuilles et fruits (capsules ovoïdes) apparaissent au printemps.

Illustration botanique de Colchicum automnale

dans Köhler's medizinal Pflanzen de Franz Eugen Köhle1897 © Domaine public→

Usage
Médical
  • Elle était utilisée contre la goutte.
  • Les colchiques sont toxiques.
Ornemental
  • Elle a un usage décoratif.

1,13 ; 3,6 ; 4,6.14 ; 5,1.5.13 myrrhe FLORE Arbre à myrrhe (basalmier)

Illustration botanique de Commiphora myrrha (arbre à myrrhe ou basalmier) de Müller (1833-1887) 

  Köhler's Medizinal-Pflanzen Franz Eugen Köhler, 1887 © Domaine public→

Ex 30,23 ; Ex 30,23 ; M, G – Est 2,12 ; Ps 45,9 ; Pr 7,17 ; Ct 1,13 ; 3,6 ; 4,6.14 ; 5,1.5.13 ;  M – Si 24,15 ; Mt 2,11 ; Mc 15,23 ; Jn 19,39 ; Ap 18,13 

Identification

La myrrhe est « môr » en hébreu et « smurna » en grec. Le mot « muron » en grec qui généralement est traduit par « huile parfumée » ( Ex 30,25 ; 1Ch 9,30 ; 2Ch 16,14 ; Jdt 10,3 ; Ps 132,2 ; Pr 27,9 ; Ct 1,3-4 ; Ct 4,14 ; Am 6,6 ; Is 39,2 ; Ez 27,17 ; Mt 26,7.12 ; Mc 14,3-5 ; Lc 7,37-38.46 ; Lc 23,56 ; Jn 11,2 ; 12,3.5.) est traduit par « myrrhe» en Ap 18,13. Il s'agirait probalement d'une huile à base de myrrhe et d'autres aromates (cf. Ct 4,14).

Classification
  • Famille : burseraceae
  • Genre : commiphora
  • Espèce : myrrha
Localisation

Originaire d’Afrique de l’Est (Éthiopie, Somalie) et du sud de l’Arabie (Yémen, Oman).

Description
  • Arbuste de 3 à 5 m de haut aux branches noueuses et anguleuses dotées d’épines.
  • Ses petites feuilles ovales vertes sont caduques et aromatiques.
  • Ses fleurs blanches ou rouges-orangées apparaissent en été.
  • De ses nœuds suinte, sous forme de larmes jaunes, une résine aromatique que l’on appelle « myrrhe » ; ce nom vient de l’akkadien murru qui signifie « amère ».
Usages
Médical et cosmétique
  • En médecine, dès l’Antiquité, la myrrhe était réputée pour apaiser la douleur et pour son action anti-inflammatoire. Les Grecs utilisaient la myrrhe pour nettoyer les plaies des soldats. Elle était utilisée en gargarisme pour éviter les inflammations de la bouche.
  • Jérôme Commentariorum in Matthaeum 27,48  t.26, col.212  affirme que le breuvage donné à Jésus sur la croix, un vin mêlé de myrrhe (Mc 15,23), avait pour but d’alléger les douleurs du crucifié.
  • En huile, elle servait pour la toilette des femmes (Est 2,12).
Cultuel
  • Parfum pour l’embaumement (Hérodote Historiae 2,86 ), elle est employée en Égypte mais aussi chez les Juifs (cf. Jn 19,39).
  • Elle est brûlée comme encens dans les temples.
  • La myrrhe entrait dans la composition de l’onction sainte (Ex 30,23). Aujourd’hui elle entre dans la composition du saint-chrême.
Histoire
  • Selon les archives royales assyriennes, au 9e siècle av. J.-C., la myrrhe venue d’Arabie par caravane était vendue dans des villes sur les bords de l’Euphrate.
  • Hérodote Historiae 7,181 rapporte que Pythès, membre de l’armée navale de Xerxès, tombé à demi-mort entre les mains des Perses, fut soigné avec de la myrrhe. 

 Myrrhe

Photo : Leo_65 / 319 Bilder de Pixabay (2014) © Domaine public

Symbolique
Souffrance

En raison de son goût amer et de son efficacité pour soigner et apaiser les blessures, la myrrhe évoque la souffrance.

Mort

Parce qu’elle sert à l’embaumement, elle est associée à la mort.

Humanité

Les deux précédents symboles manifestant la vulnérabilité de la nature humaine, la myrrhe devient aussi symbole d’humanité.

Royauté

Ce parfum précieux était généralement réservé à l’embaumement des rois.

Amour

Comme l’amour, la myrrhe dégage un parfum envoûtant et puissant. (Ps 45,9 et Ct 1,13)

Le prénom de Marie « Mariam » ou « Myriam » signifie « mer de myrrhe » ou « mer d'amertume».

Réception

Liturgie

2,1–17 LITURGIE JUIVE Un chant pascal Le Cantique est lu après la amida durant la semaine de Pessach. Le choix serait motivé par la mention des chars de Pharaon en Ct 1,9 où l'on voit une allusion à l'Exode. 

Traditionnel, Megillat Shir HaShirim, c. 2  lu par Abraham Shmuelof (1913-1994), Maison Saint-Isaïe des Dominicains, Jérusalem, années 1970,

Audio Scriptures International (numérisation) ; Mechon Mamre→ (mise en ligne), © Sœurs du Carmel (enregistrements originaux)

Abraham Shmuelof né en 1913 dans le quartier Meah Shearim de Jérusalem, dernier de seize enfants dans une grande famille juive ultraorthodoxe de Bucharan qui avait émigré de Perse à la fin du 19e siècle devint une figure légendaire à Jérusalem, passant du statut de juif ultraorthodoxe au catholicisme romain, moine trappiste, bénédictin, retournant aux trappistes et enfin servant dans l'Église gréco-catholique de Galilée. Dans les années 1970, il trouva sa place à « La Maison Saint-Isaïe » fondée à Jérusalem par les Dominicains français, où il collabora au développement d'une liturgie catholique hébréophone avec le P. Jacques Fontaine. C'est à cette époque qu'il se chargea de la tâche d'enregistrer l'intégralité du Tanakh en hébreu.