La Bible en ses Traditions

Ecclésiastique 51,1–38

G V
S

VDISCOURS DE JÉSUS FILS DE SIRAC

Je te rendrai grâces, Seigneur Roi

et je te louerai, Dieu mon sauveur

Gje rendrai grâces à ton nom

...

G
V
S

car tu as été pour moi protecteur et secours.

Tu as délivré mon corps de la perdition 

du piège de la calomnie de la langue

et des lèvres des fauteurs de mensonge.

Et face à ceux qui étaient présents

tu m'as été un secours, et tu m'as délivré

je rends grâces à ton nom

car tu as été pour moi un secours et un protecteur.

...

selon la grandeur de ta miséricorde et de ton nom

de ceux qui grinçaient des dents prêts à me dévorer 

de la main de ceux qui en voulaient à ma vie

des innombrables tribulations que j'ai subies

Tu as délivré mon corps de la perdition

du piège de la langue injuste

et des lèvres de ceux qui pratiquent le mensonge ;

et face à ceux qui étaient là tu t'es fait pour moi un secours.

...

de la suffocation du feu qui m’entourait et du milieu d’un feu que je n’avais pas allumé

Et tu m’as délivré, selon l'abondance de la miséricorde propre à ton nom

de ceux qui rugissaient, prêts à me dévorer

...

de l’abîme profond du schéol

et de la langue impure et de la parole mensongère

des mains de ceux qui en voulaient à ma vie

et des portes de la tribulation qui m’ont entouré ;

...

calomnie d'une langue injuste envers le roi ;

mon âme s'approchait de la mort

et ma vie était proche du shéol en bas.

de la pression de la flamme qui m'a entouré

(et au milieu du feu je n'ai pas été brûlé) ;

...

Ils m’entouraient de toutes parts et il n’y avait personne pour me secourir 

je regardais vers le soutien des hommes et il n’y en avait pas.

de la profondeur des entrailles de l’enfer

de la langue souillée et de la parole de mensonge

du roi injuste et de la langue injuste.

...

Et je me suis souvenu de ta miséricorde Seigneur

et de ton œuvre de toute éternité

parce que tu sauves ceux qui espérent en toi

et que tu les délivres des mains des ennemis.

Mon âme a loué le Seigneur jusqu’à la mort

...

Et je fis monter de la terre ma supplication

et je priai pour la délivrance de la mort.

et ma vie était proche de l’enfer en bas.

...

10 J’invoquai le Seigneur père de mon Seigneur pour qu’il ne m’abandonnât pas aux jours de ma tribulation

et au temps des orgueilleux : absence de secours.

Je louerai ton nom continuellement

et je le chanterai dans l'action de grâce.

10 Ils m'ont environné de tous côtés et il n’y avait personne pour me secourir ;

j’attendais qu'un secours me vienne et il n'y en avait pas.

10 ...

11 Et ma prière a été exaucée

car tu m'as sauvé de la ruine

et tu m'as délivré de l'époque du mal.

11 Je me suis souvenu, Seigneur, de ta miséricorde

et de ton œuvre, qui sont depuis l'éternité

11 ...

12  C’est pourquoi je te célébrerai et je te louerai

et je bénirai le nom du Seigneur. 

12 parce que tu délivreras ceux qui t'attendent

et que tu les libères des mains des nations.

12 ...

13 Quand j’étais encore jeune

avant que j'erre j’ai recherché ouvertement la sagesse dans ma prière.

13 Tu as élevé ma demeure sur la terre

et j'ai prié pour que la mort s'éloigne.

13 ...

13a jeune Si 6,18 ; Sg 8,2

14 Devant le temple je l'ai demandée

et je la rechercherai jusqu’à la fin.

14 J’ai invoqué le Seigneur, père de mon Seigneur, pour qu’il ne m'abandonne pas au jour de ma tribulation

et qu'il ne me laisse pas sans secours au temps des orgueilleux.

14 ...

15 Dans sa fleur comme une grappe qui commence à mûrir

mon cœur s'est réjoui en elle.

Mon pied a marché dans le droit chemin 

dès ma jeunesse je l'ai suivie.

15 Je louerai sans cesse ton nom

et je le glorifierai dans mon action de grâce :

ma prière a été exaucée !

15 ...

16 J'ai incliné un peu mon oreille et je l’ai reçue

et j’ai trouvé pour moi une grande instruction.

16 Tu m’as délivré de la perdition

et tu m’as arraché au temps injuste.

16 ...

17 Grâce à elle j’ai retiré un grand profit ;

à celui qui m’a donné la sagesse je rendrai gloire

17 C’est pourquoi je te rendrai grâce et je chanterai ta louange

et je bénirai le nom du Seigneur.

17 ...

18 car je me suis résolu à la pratiquer

je me suis appliqué au bien et je ne serai pas confondu.

18 Lorsque j’étais encore jeune

avant de m’égarer j’ai recherché la sagesse ouvertement dans ma prière.

18 ...

19 Mon âme a lutté pour elle

et j’ai été attentif dans l'accomplissement de la loi

mes mains je les ai levées en haut

et j’ai déploré de l’avoir ignorée.

19 Avant le temps je l’ai demandée

et je la rechercherai jusqu’à la fin ;

elle perdra sa fleur comme un raisin précoce.

19 ...

20 J’ai dirigé mon âme vers elle

et dans la purification je l’ai trouvée ;

j'ai acquis l'intelligence avec elle dès le commencement

c’est pourquoi je ne serai pas abandonné.

20 Mon cœur s'est réjoui en elle

mon pied a marché sur le droit chemin :

depuis ma jeunesse, je me suis efforcé de la suivre.

20 ...

21 Et mes entrailles se sont émues à sa recherche 

c'est pourquoi j'ai acquis un bien précieux.

21 J’ai incliné un peu mon oreille et je l'ai recueillie.

21 ...

22 Le Seigneur m’a donné la parole pour ma récompense

et par elle je le louerai.

22 J’ai trouvé en moi-même beaucoup de sagesse

j’ai beaucoup progressé en elle.

22 ...

23 Approchez-vous de moi ignorants

et demeurez dans la maison de l’instruction.

23 À celui qui m'a donné la sagesse je rendrai gloire

23 ...

24 Pourquoi dites-vous en être privés ?

et vos âmes n'ont-elles pas grandement soif ?

24 car je me suis résolu à la pratiquer

je suis zélé pour le bien et je ne suis pas confondu.

24 ...

25 J’ai ouvert ma bouche et j'ai parlé.

Procurez-vous-la sans argent

25 Mon âme a lutté pour elle

et je me suis affermi en la pratiquant.

25 ...

26 pliez votre cou sous le joug

et que votre âme reçoive l’instruction 

elle n'est pas loin à trouver.

26 J’ai élevé les mains en haut

et j’ai déploré mon ignorance d'elle.

26 ...

27 Voyez de vos yeux que j’ai peu travaillé

et que j’ai trouvé pour moi-même un grand repos.

27 J’ai dirigé mon âme vers elle

et je l’ai trouvée dans la connaissance :

27 ...

28 Prenez part à l’instruction à grand prix d’argent

et vous acquerrez beaucoup d’or en elle.

28 j’ai possédé mon cœur avec elles depuis le début

c’est pourquoi je ne serai pas abandonné.

28 ...

29 Que votre âme se réjouisse de sa miséricorde

et ne rougissez pas de sa louange.

29 Mes entrailles ont été émues en la cherchant

c'est pourquoi je posséderai un excellent bien

29 ...

30 Accomplissez votre œuvre avant le temps

et il vous donnera la récompense en son temps.

30 car le Seigneur m’a donné une langue pour ma récompense

et par elle je le louerai.

31. Approchez-vous de moi, ignorants

et assemblez-vous dans la maison de la discipline !

32. Pourquoi tardez-vous encore, et que dites-vous à ceci :

— Vos âmes sont intensément assoiffées ?

33. J’ai ouvert la bouche et j’ai parlé :

— Achetez[-la] pour vous sans argent.

34. Soumettez votre cou à son joug 

et que votre âme accueille la discipline

car on peut la trouver tout près.

35. Voyez de vos yeux que j'ai bien peu travaillé

et que je me suis acquis un grand repos.

36. Saisissez la discipline, qui regorge d'argent

et emparez-vous de l'or qui abonde en elle !

37. Que votre âme trouve sa joie dans sa miséricorde !

Et vous ne serez pas confondus en la louant.

38. Faites votre œuvre avant le temps

et il vous donnera votre récompense en son temps. 

Chapitre 52

1. Et Salomon fléchit les genoux devant toute l'assemblée d'Israël

il tendit ses mains vers le ciel et dit :

2. — Seigneur Dieu d'Israël, il n'y a pas de Dieu comme toi dans le ciel en haut

ni sur la terre en bas

3. toi qui gardes ton alliance et ta miséricorde pour tes serviteurs

qui marchent devant toi de tout leur cœur.

4. Observant pour ton serviteur David ce que tu lui avais dit 

tu as parlé de ta bouche et de ta main tu as tout achevé comme en ce jour.

5. Et maintenant, Seigneur Dieu d'Israël, maintiens ce que tu as dit à ton serviteur David, lui disant :

— Tu ne manqueras pas d'avoir un homme siégeant face à moi sur le trône d'Israël

6. si vraiment tes fils surveillent leur conduite

afin de marcher selon mes préceptes comme ils ont marché devant moi.

7. Et maintenant, Seigneur Dieu d'Israël, la parole que tu as dite à ton serviteur David s'est vérifiée :

8. si Dieu va vraiment habiter avec les hommes sur la terre

9. si le ciel du ciel ne suffit pas, certainement la maison que j'ai bâtie non plus !

10. Mais regarde vers la prière de ton serviteur

et vers sa supplication, Seigneur, pour exaucer la faveur que demande la prière

prononcée par ton serviteur devant toi :

11. que tes yeux soient sur cette maison jour et nuit

sur le lieu où tu as dit que ton nom serait invoqué ;

écoute la prière que ton serviteur prononce dans ce lieu

12. écoute la supplication de ton serviteur et de ton peuple Israël

quand ils prieront dans ce lieu

13. écoute depuis le lieu de ta demeure dans le ciel

écoute et sois propice si un homme pèche près de toi !

ICI FINIT LE LIVRE DE JÉSUS FILS DE SIRACH

30 ...

Texte

Critique textuelle

3cd ma chute de la main (héb.) Conjecture Le texte non modifié (sl‘ wmyd) n’a pas de sens : « (ceux qui guettent) un rocher (sl‘) et de la main ». On propose de modifier en çl‘y myd.

Réception

Intertextualité biblique

12 (héb. 12a-n) Titulature Pratiquement tous les titres de Dieu dans ce poème sont une expression biblique ou ont un ancrage biblique : Références en marge.

13b dans ma prière Topos biblique de la prière pour obtenir la sagesse, p. ex. le jeune Salomon (1R 3,9 ; Sg 8,21).

Littérature péritestamentaire

10c jour de catastrophe et de cataclysme (héb. 10d) À Qumrân

Tradition chrétienne

1–30 Le premier commentaire chrétien sur le livre de Ben Sira est le commentaire édifiant de Raban Maur, évêque de Mayence au 9e s. (Comm. Eccl.). 

Texte biblique

6c ma vie était toute proche de l’enfer, en bas (V 9) Épreuves endurées par l’auteur comme allusion aux peines de l’enfer

  • Raban Maur Comm. Eccl. « Sa vie approche de l’enfer car, en défaillant, la vie de la chair approche chaque jour de la mort. Ici, on parle de l’enfer pour signifier la mort, car la mort de la chair constitue un châtiment du premier péché, de même que l’enfer représente la peine éternelle des âmes pécheresses. Personne, cependant, n’échappe à la mort de la chair. Quel est en effet l’homme qui pourrait vivre sans connaître la mort ? Voilà pourquoi il est écrit ailleurs : “Nul ne peut vivre à jamais : que [chacun] soit assuré de cette vérité” (V-Qo 9,5). Par la grâce du Christ, les hommes saints peuvent échapper au tourment de l’enfer étant donné qu’ils pérégrineront bientôt vers la joie du ciel, une fois délivrés du lien de la chair » (PL 109,1121A). Intertextualité biblique Si 51,5–9v

6c ma vie était toute proche de l’enfer, en bas (V 9) Épreuves endurées par l’auteur comme allusion aux peines de l’enfer

  • Raban Maur Comm. Eccl. « Sa vie approche de l’enfer car, en défaillant, la vie de la chair approche chaque jour de la mort. Ici, on parle de l’enfer pour signifier la mort, car la mort de la chair constitue un châtiment du premier péché, de même que l’enfer représente la peine éternelle des âmes pécheresses. Personne, cependant, n’échappe à la mort de la chair. Quel est en effet l’homme qui pourrait vivre sans connaître la mort ? Voilà pourquoi il est écrit ailleurs : “Nul ne peut vivre à jamais : que [chacun] soit assuré de cette vérité” (V-Qo 9,4). Par la grâce du Christ, les hommes saints peuvent échapper au tourment de l’enfer étant donné qu’ils pérégrineront bientôt vers la joie du ciel, une fois délivrés du lien de la chair » (PL 109,1121A). Intertextualité biblique Si 51,5–9v

Tradition chrétienne

22 La Pentecôte

  • Guerric d’Igny Serm. (Sermon pour la Pentecôte 2) applique ce v. à la Pentecôte et au parler en langues des apôtres à la gloire de Dieu : « Si j’avais mérité de recevoir une de ces langues, je dirais certainement moi aussi : “Le Seigneur m’a donné une langue comme récompense, et avec elle, je le louerai”, comme les apôtres, dont il est écrit : “Ils publiaient en diverses langues les merveilles de Dieu” (Ac 2,4.11) » (SC 202,301).

27s Disproportion entre effort terrestre et récompense céleste

  • Gérontius Vita Melaniae 45, en évoquant l’enseignement ascétique, se réfère à Ben Sira : « Bien petit est assurément le labeur, mais grand et éternel le repos ».

25 Interprétation intertextuelle : l'Eucharistie

  • Raban Maur Comm. Eccl. « La meilleure aubaine, [on la trouve] lorsqu’on est en mesure de mériter par la piété ce qu’une grande dépense de richesses ne peut obtenir. Celui qui s’applique à l’étude et vit de façon disciplinée obtient vraiment le don de la sagesse céleste. Or ce verset est semblable à cet autre d’Isaïe : “Vous tous qui avez soif, venez vers les eaux ; et vous qui n’avez pas d’argent, dépêchez-vous : achetez et mangez. Venez, achetez du vin et du lait, sans argent et sans rien en échange. […] Écoutez de votre écoute et mangez ce qui est bon, et votre âme trouvera son régal dans l’abondance” (V-Is 55,1-2). Méprisons cet argent et ces ressources par lesquelles il nous est impossible d’acheter l’eau du Seigneur et avançons vers celui qui, tenant [dans la main] le Calice du sacrement, disait à ses disciples : “Prenez et buvez, ceci est mon Sang qui sera versé pour vous en rémission des péchés” (Mt 26,27-28). Ce vin, il l’a mélangé à la sagesse dans son cratère, invitant à boire tous les ignorants du monde autant que ceux qui ignorent la sagesse du monde. Et gardons-nous d’acheter seulement du vin, [achetons] aussi du lait, qui représente l’innocence des enfants. [...] Voilà pourquoi Moïse, qui comprenait que le vin et le lait [se trouvent] mystérieusement exprimés dans la passion du Christ, [nous] offre ce témoignage : “Par le vin, ses yeux regorgent de grâce, et par le lait, ses dents brillent de blancheur” (Gn 49,12) » (PL 109,1124C-1125A).

Tradition juive

4b un feu qui ne fut pas allumé (héb. 5a) La géhenne Le traité Semaḥot, consacré à la mort et aux funérailles, raconte l’histoire d’un rabbin condamné à mort par le feu. Celui-ci, se basant sur Jb 20,26 (reprise ici en Si), dit préférer être consumé par un feu allumé (par l’homme) plutôt que par un feu non allumé, c'est-à-dire celui de la géhenne :

  • Sem. 8,12 « Quand ils le brûlèrent, ils l’enveloppèrent dans un rouleau de la Tora et y mirent le feu. Sa fille pleurait, se lamentait et se jeta à terre devant lui. À quoi il répliqua : “Ma fille, si c’est pour moi que tu pleures et te lamentes, sache qu’il est préférable que je sois consumé par un feu qui est allumé [de main d’homme] plutôt que par un feu qui ne l’est pas ; car il est écrit : un feu non allumé va le consumer” ».

26a Mettez votre cou sous le joug de la Tora

  • m. Ber. 1,6 : Réciter le Šᵉma‘ Yiśrā’ēl, c’est prendre le joug de la Tora.

Liturgie

1–8 Lectionnaire sanctoral romain : victoire du martyr

  • 7 août : Première lecture pour la fête de saint Sixte II, pape, et ses compagnons, martyrs en 258.

13–19a.20.27 Lectionnaire sanctoral romain

  • 26 novembre : Première lecture pour la fête de saint Jean Berchmans, s.j. (mort en 1621 à l’âge de 22 ans). La piété de ce tout jeune saint jésuite a bien actualisé le programme de vie contenu dans ce passage.

Comparaison des versions

6b s’approcha : G héb. | V : loua | S : arriva

Texte

Critique textuelle

4b de la brûlure d'un feu (héb. 5a) Conjecture ms.B : mkbwt ’š, « de l’extinction d’un feu », sens qui n’est accepté par personne : ce n’est pas de l’extinction d’un feu que Ben Sira demande d’être délivré mais du feu lui-même. Plutôt que mittôk ’ēš (« du milieu d’un feu ») ou que mibénôt ’ēš (sens analogue), on préférera la proposition mimmikwat ’ēš (mmkwt ’š « de la brûlure d’un feu »), expression attestée en Lv 13,24.

5a abîme (héb. 5b) Conjecture Ms.B préserve seulement la fin du mot : -wm. On propose les consonnes t et h en début du mot, ce qui donne tᵉhôm « abîme ».

28a Écoutez (S) Variante syriaque Codex ambrosien : « Écoute ».

Vocabulaire

2b fosse (héb. 2a) Ou : « destruction » Le terme šaḥat a les deux sens. À Qumrân le terme šaḥat est associé à la corruption.

9b la délivrance Sens exceptionnel G : ruseôs ; hapax dans toute la langue grecque (sauf une occurrence dans une inscription trouvée sur l’île de Kos) au sens de « délivrance » (du verbe ruomai « délivrer »). Le sens habituel du substantif rusis est « écoulement ».

10c refuse tout secours Terme rare G : aboêthêsias « manque de secours », deux occurrences dans la langue grecque : ici et chez Olympiodore le Diacre Fr. Lam. 4,3 (PL 93,752).

12 louanges (héb. 12b) Terme rare ms.B : htšbḥwt. Le terme tišbaḥôt n’est pas biblique, mais se trouve à Qumrân (1QM 4,8) et dans le Rituel de prières (avant la récitation du Šᵉma‘ le matin).

Grammaire

5b.6a lèvres méchantes + langue trompeuse — (héb. 5cd) Génitifs de qualité Litt. « lèvres de méchanceté » et « langue de tromperie » (états construits).

8cd : Il (héb.) w explicatif ms.B : wyg’lm, rendu par nos deux points ( : ).

Texte biblique

12 (héb. a-o) Psaume authentique ?  Quoi qu’il en soit de son origine incertaine (Critique textuelle), ce psaume, à la place que lui confère le manuscrit, pourrait constituer la louange que Ben Sira avait annoncée au v.12cd : il y a pleinement son sens, rejoignant la structure traditionnelle de l’action de grâces qui finit par l’action de grâces proprement dite. Genres littéraires Si 51,1–12-héb ; Genres littéraires Si 51,8–12-héb

Procédés littéraires

2–5 (G) Anaphore G : ek / apo, caractéristique du rythme oratoire.

2a .2f Chiasme G : boêthos egenouegenou boêthos.

2b.12a destruction (G) Inclusion.

6bc Mon âme + ma vie — Chiasme.

Réception

Comparaison des versions

1a Roi : G V S | héb. : Ø

1ab rendre grâces et louer : G V S | héb. : louer et rendre grâces L’ordre des deux premiers stiques est renversé.

2e–3b Et face à ceux qui étaient .... et de ton nom — G V | héb. G (v.2e-3b) et V (v.3d-4a) étendent sur trois stiques le distique de l’héb. (v.3ab) et ajoutent « de ton nom ».

8–12 Cadre énonciatif À partir du v.8, l'héb. et S désignent le Seigneur à la 3e pers. du sg., tandis que G et V, conservant le système d’énonciation précédent, continuent de lui adresser le discours à la 2e pers., sauf aux v.10a et v.12d.

11c G V | héb. S (11cd) — Versification G et V réduisent à un stique le distique de l'héb. et de S, en retenant le mot du début du premier stique et celui de la fin du second.

Texte

Vocabulaire

13a mes errances (G) Moralement et spatialement G : planêthênai me. En s’inspirant probablement des voyages de Ben Sira, G emploie le verbe planaômai, qui évoque à la fois la pérégrination spatiale et l’errance morale. Ceci élargit l’idée : il conçoit les voyages comme des expériences morales (cf. Si 39,4).

Réception

Comparaison des versions

18a mettre en pratique : G V | S : faire le bien | héb. : prendre plaisir G et V insistent sur la mise en pratique, aussi bien de la sagesse (v.17b) que de la Loi (v.19b).

20d ne serai-je pas abandonné : G V | S : je ne l’abandonnerai pas G et V soulignent l’idée de la récompense des efforts, alors que S prolonge le développement autour de l’idée de persévérance depuis le début jusqu’à la fin.

22a m'a donné pour salaire une langue : G V | S : a donné à ma langue une récompense Dans G et V la langue est le salaire ; en S la langue a une récompense.

Texte

Procédés littéraires

1s.6 (héb.) Inclusions qui soulignent le péril mortel encouru : « ma vie » (héb. 1a.6b), « mon âme » (héb. 1b.6a), « la mort » (héb. 1b.6a »), « shéol » (héb. 2b.6b). 

Grammaire

11c fut entendue (G V) Passif théologique Cf. ms.B et S : « YYY/le Seigneur entendit ». 

Réception

Intertextualité biblique

12 (héb. 12o) Citation littérale de Ps 148,14. Grammaire Si 51,12 (héb. 12o)

Comparaison des versions

16a j’ai accueilli : G | V : je l'ai accueillie V : excepi illam supplée le complément : illam = sapientiam « la sagesse ». Procédés littéraires Si 51,16a

Intertextualité biblique

4–5a feu + enfer — (V-6-7a) Le feu de l'enfer Le NT présente le lieu destiné aux personnes coupables d’injustice comme la géhenne « dans le feu qui ne s’éteint pas » (Mc 9,43) où « seront les pleurs et les grincements de dents » (Mt 13,42 ; cf. Mt 25,30.41). L’Apocalypse représente de façon expressive dans un « étang de feu » ceux qui se soustraient au livre de la vie, allant ainsi à la rencontre de la « seconde mort » (Ap 20,13-14). Tradition chrétienne Si 51,6c ; Arts visuels Si 51,3–6

Arts visuels

3–6 Imagerie traditionnelle des peines dans l’au-delà Des expressions comme « ceux qui rugissent prêts à dévorer » (V-4b), « mains de ceux qui cherchent mon âme » (V-5a), « portes de la tribulation » (V-5b), « suffocation d’un feu tout autour » (V-6a) trouveront des échos dans la représentation traditionnelle de l’enfer. Intertextualité biblique Si 51,4–5a ; Tradition chrétienne Si 51,6c

Intertextualité biblique

17a Un progrès m’est advenu Croissance de la sagesse Si 24,13-14.

Tradition chrétienne

10a le Seigneur, père de mon seigneur Polémique christologique Guillaume de Bourges, un juif converti au christianisme, dans un ouvrage daté d’environ 1235, mène une polémique anti-juive en prenant à témoin les Écritures, dont deux versets de Ben Sira (en latin), compris dans une lumière christologique :

  • Guillaume de Bourges Liber bell. 30,384-387 « Vous avez occulté aussi le livre de la Sagesse du fils de Syrac, parce qu’il a écrit ceci : “J’ai invoqué le Seigneur, le Père de mon Seigneur” (Si 51,10 [V-51,14]) ; ou bien cela : “Le Christ a nettoyé les péchés de David lui-même” (Si 47,11 [V-47,13]) » (SC 288,241).

Texte

Procédés littéraires

12 car pour toujours est son amour (héb. 12a-n) Refrain Répétition de  caractéristique du style hymnique.

Réception

Intertextualité biblique

18a prendre plaisir avec elle (héb.) Écho de Pr ? Selon Pr 8,30-31, la Sagesse jouait (même verbe śḥq), se plaisait avec Dieu comme avec les hommes.

12 rocher d’Isaac (héb. 12k) Innovation à partir d'un motif connu Le titre « rocher d’Isaac » n’est pas biblique mais le titre divin de Rocher est bien usité : Dt 32,4.15.18.30-31 ; Ps 18,3 ; Is 30,29 ; etc.

12 Rendez grâce à YYY car il est bon (héb. 12a) Citation Ce premier verset est une citation littérale de l’ouverture des Ps 106-107 ; 118 ; 136.

Texte

Procédés littéraires

3a tu m’as libéré Soulignement du verbe « libérer » par accumulation des compléments d'objet Le verbe commande les neuf stiques qui suivent : immense fut la libération !

Réception

Comparaison des versions

7 G V heb. | S : Simplification G, V et l'héb. mentionnent dans chaque stique l’absence de secours, tandis que S ne le fait qu’au v.7b.

Intertextualité biblique

5a ventre de l’Hadès Allusion à Jonas ? Cf. M-Jon 2,3 mibbeṭen šᵉ’ôl « du ventre du shéol ».

12 qui rassemble les dispersés d’Israël + qui bâtit sa ville et son temple — (héb. 12f-g) : Citation ? Dans Ps 147,2 Dieu bâtit Jérusalem et rassemble les dispersés d’Israël.

Texte

Procédés littéraires

14a sanctuaire (G) Thème du Temple

Siracide 51

La version grecque du v.14a situe la prière de Ben Sira face au Temple (naos). Dans le livre de Ben Sira, ce serait la seule mention du Temple ou sanctuaire où aurait prié Ben Sira.

Autres occurrences

Le Temple est encore mentionné :

Réception

Intertextualité biblique

4b qui ne fut pas allumé (héb. 5a) Motif du feu inextinguible Le sens de l’expression (Procédés littéraires Si 51,4b) — non sa référence — rejoint celui d’expressions plus usuelles dans la Bible :

Texte

Procédés littéraires

20c l’intelligence (G V) Échos de l'anthropologie sémitique G : kardian et V : cor, litt. « le cœur ». En héb., le cœur (lēb) est le siège de la sagesse, du discernement, de l’intelligence. « Acquérir le cœur », c’est acquérir l’intelligence (de la sagesse). Ce sémitisme et cette anthropologie sémitique se retrouvent dans la version syriaque mais aussi dans les versions non sémitiques, grecque et latine.

12 corne (héb. 12h, o) Métaphore de la vigueur. Intertextualité biblique Si 51,12 (héb. 12h, o)

Réception

Comparaison des versions

2b destruction : G V S | héb. : fosse La polysémie du terme hébreu šaḥat (Vocabulaire Si 51,2b) est supprimée dans G : apôleias ; V : perditione ; S : ḥbl’ « destruction ».

11b chanterai : G | V : le glorifierai | héb. S : me souviendrai de toi

  • G : humnêsô et V : conlaudabo illum supposent l’héb. ’zmrk (« je psalmodierai pour toi ») ;
  • héb. : ’zkrk ; S : ’tdkrk.

Texte

Procédés littéraires

2cd.5b–6a de la calomnie de la langue + de mensonge + de mensonge + de la calomnie d’une langue — (G) Échos en chiasme v.2cd : diabolês glôssês pseudos ; v.5b-6a : pseudous… diabolê glôssês. Critique textuelle Si 51,6a

Critique textuelle

15a De sa fleur, comme d’une grappe de raisins qui mûrit Distique difficilement compréhensible.

19d et j’ai remarqué (G) Conjecture ? G : epenoêsa ; la conjecture epenthêsa « j’ai déploré » se trouve dans le Codex Venetus (8e s.) et ms. 248 (cf. V : conluctata est).

Procédés littéraires

2e présents (G) Nuance adversative ? Peut-être avec une nuance d’opposition, comme en héb.

Critique textuelle

18–22 (héb. reconstitution)

  • Zaïn  Je résolus de prendre plaisir avec elle / j’étais zélé pour le bien et n’en reviendrai pas.
  • Ḥèt   J’enflammai mon âme pour elle / et ne détournai pas mon visage.
  • Tèt   Je persévérais/purifiai mon âme en elle / et en ses hauteurs je ne me reposerai pas / de l’exalter je ne me lasserai pas (Critique textuelle Si 51,19d).
  • Yod   Ma main ouvrit ses portes / et je compris ses secrets.
  • Kaph Je purifiai mes paumes pour elle / et l’ai trouvée dans son éclat/pureté.
  • Lamed J’en acquis l’intelligence depuis son commencement / aussi je ne l’abandonnerai pas.
  • Mem  Mes entrailles mugissaient comme une fournaise à la contempler / aussi, je l’ai acquise [comme] une bonne acquisition.
  • Nun   Le Seigneur m’a donné [pour] salaire mes lèvres / et de ma langue je le louerai.

Vocabulaire

3b perdition (S) Polysémie S : ’bdn’ (racine « perdre »), également un autre nom du Shéol.

Procédés littéraires

10c de catastrophe et de cataclysme (héb. 10d) Allitération ms.B : šw’h wmšw’h (šô’â ûmᵉšō’â). Intertextualité biblique Si 51,10c

Réception

Intertextualité biblique

10a Mon père, c’est toi (héb.) Expression davidique Dans Ps 89,27 déjà, Dieu place l’expression sur les lèvres du jeune David. La royauté faisait de lui le fils du Seigneur à un titre particulier (2S 7,14 ; Ps 2,7). L’invocation au Dieu-Père d’un simple individu au v.10 marque une évolution spirituelle. Le passage souligne l’intimité de la relation entre Dieu et l’orant : Références en marge Si 51,10a ; Critique textuelle Si 51,1ab ; Théologie Si 51,1b.10a.

Contexte

Repères historiques et géographiques

12 Çadoq (héb. 12i) Prosopographie Le prêtre désigné par Salomon après la destitution d’Ébyatar (1R 2,27-35).

Milieux de vie

1–12 Anthropologie Les mentions « ma vie », « mon âme », « ma chair », « mon pied » n’impliquent pas une anthropologie dualiste. C’est la personne même de Ben Sira qui est sauvée de la mort, comme l’atteste le pronom personnel 1e pers. sg. (les expressions « tu m’as libéré », « tu m’as protégé », « tu m’as sauvé »). Au v.6 « mon âme » et « ma vie » sont parallèles. 

Réception

Intertextualité biblique

12 corne (héb. 12h, o) Symbole de vigueur (Procédés littéraires Si 51,12 [héb. 12h, o]) Ben Sira invite à louer Celui qui « fait pousser » ou « élève » la corne, c’est-à-dire la vigueur, qu'elle soit celle de la maison de David (héb. 12h) ou du peuple (héb. 12o). Dieu en assure la pérennité. Au temps passé, il a fait pousser la corne de David en lui assurant une lignée, mais même au temps de Ben Sira où le trône a échappé à la lignée davidique, Dieu est celui qui par principe vivifie cette « vigueur ». L’expression « celui qui fait pousser la corne de la maison de David » (héb. 12h) est directement inspirée du Ps 132,17 « là je ferai pousser la corne de David » (cf. Ez 29,21). Cf. « faire lever (rûm) la corne » dans 1S 2,10 ; Ps 148,14

Liturgie

12–20 Lectionnaire quotidien romain : la joie dans la sagesse

  • Eucharistie, samedi de la 8e semaine du TO-I : La première lecture est Si 51,12b-20 (12e et dernier passage de Si dans le lectionnaire quotidien), suivi de Ps 19,8-11, qui souligne la joie que donnent les préceptes du Seigneur. L’Évangile du jour est Mc 11,27-33, 48e passage d’une séquence semi-continue. Le rapprochement est fortuit, mais souligne la sagesse de Jésus.

Texte

Vocabulaire

20c commencement Ou « principe » pour G : archês et S : ršyt’.

19d pour les siècles des siècles (S-20d) Expression figée

  • S : l‘lm ‘lmyn ;
  • ms.B : lnçḥ nçḥym, expression attestée en Is 34,10 : lᵉnēçaḥ nᵉçāḥîm (litt. « pour l’éternité des éternités »). 

Propositions de lecture

1–12 Action de grâces au terme d'une terrible épreuve

Argument général

Ben Sira rend grâces au Seigneur qui, d’une véritable descente aux enfers, l’a fait remonter à la vie. Une calomnie l’avait mis en péril (v.1-7 décrivent les dangers dont le Seigneur l’a délivré ; v.8-12 rendent grâces au Seigneur sauveur). Il montre que son enseignement de Si 2 est fondé sur sa propre expérience, autant que sur celle des aïeux, tels Josué (Si 46,5), Samuel (Si 46,16-18) et autres.

Variations entre versions

Les coupes observées dans les versions ne sont pas identiques.

  • G et V omettent l’un ou l’autre demi-vers de l'héb.
  • S est plus court : sept demi-vers de moins dans la première partie (v.2cde.4b.5ab.6a). En supprimant toute allusion à la calomnie, S rend cette prière plus générale, utilisable pour toutes actions de grâces individuelles au sortir d’une épreuve mortelle. La seconde partie suit davantage le texte hébreu.

La numérotation des versets en hébreu, grec et latin est différente. La version syriaque suit la numérotation du grec.

Structure : variations dans le cadre d’énonciation

Particulièrement claire en hébreu, la structure littéraire reste ferme dans les versions aussi :

  • Une grande inclusion (vv.1 et v.12) englobe le poème (composé en heb. de deux parties de 10 distiques) dans une action de grâces adressée à Dieu.
  • Première partie : v.1-5 (heb. 50,28c-51,5c) : Ben Sira s’adresse à Dieu à la deuxième personne (« tu »). L'héb. contient 3 strophes de 3 distiques. Au centre de la 2e strophe (héb. 3ab), l’auteur reconnaît l’intervention divine.
  • Pivot : v.6bc-7 (2 distiques) : Le tournant du texte correspond au fond de la descente aux enfers : Dieu y est absent.  Le v.6bc (heb. 6) renvoie aux versets qui précèdent, en particulier les v.1b.2b de l'héb. Le v.7 ouvre les v.8-12 (3 strophes de 3 distiques). 
  • Seconde partie : v.8-12 : La seconde partie parle de Dieu à la 3e pers. dans l'héb. (« il ») — tout en intégrant l’anamnèse d’une prière en « tu » (héb. 10-11ab) — tandis que G et V continuent à la 2e pers. (sauf aux v.10a et v.12d : Comparaison des versions Si 51,8–12). Les v.8-11 font l’anamnèse d’une prière passée et de son exaucement, puis rendent grâces, comme promis. En héb., la strophe centrale de l'action de grâces se trouve en v.10-11b, évocation de la prière prononcée naguère dans la détresse, qui place en son centre une unique demande, négative : « Ne m’abandonne pas » (cf. Ne 9,32). 

Narration : temporalité : analepses et prolepses

  • La prière en héb. couvre tout le cours du temps : elle est passée (sous forme d’anamnèse, v.10-11b), présente (v.1-5) et promise (v.12cd).

Critique textuelle

1–12 Le texte héb. du ms.B est bien transmis, hormis quelques détails. Propositions de lecture Si 51,1–12

1ab Dieu de mon salut + mon Dieu, mon père — (héb. 50,28cd) Vocalisation ?

  • ms.B : ’lhy ’by (héb. 50,28d) : ’Ĕlōhay ’ābî (« mon Dieu, mon père » ; cf. v.10a) ou ’Ĕlōhé ’ābî (« Dieu de mon père » ; cf. Ex 15,2 ; Jdt 9,12). Le texte hébraïque de Ben Sira n’étant pas vocalisé, le texte consonantique permet les deux lectures.
  • ms.B : ’lhy yš‘ (héb. 50,28c) : De la même manière, « Dieu de mon salut » (’Ĕlōhé yiš‘î ; cf. Ps 18,47 ; 25,5 ; 27,9 ; Mi 7,7 ; Ha 3,18) peut être lu « mon Dieu, mon salut » (’Ĕlōhay yiš‘i) ; cf. 4Q372 fr. 1,16.

Procédés littéraires Si 51,1ab ; Théologie Si 51,1b.10a

2b mon pied (héb.) Vocalisation ? raglî « mon pied » ou raglay « mes pieds ». Le texte consonantique permet les deux lectures. Probablement raglî (assonance avec la fin des deux versets précédents : ’ābî, napšî). 

2cd (héb.) Glose Ms.B propose en fait trois stiques : « Tu m’as libéré de la calomnie du peuple, / du fouet de la calomnie de la langue / et de la lèvre des fauteurs de mensonge ». Les tristiques sont toujours problématiques chez Ben Sira. L’expression « de la calomnie du peuple », empruntée peut-être à Ez 36,3, est vraisemblablement une glose. Nous l'omettons dans la traduction.

Procédés littéraires

1ab (héb. 50,28cd) Parallélisme ? Lire « Mon Dieu, mon salut… mon Dieu, mon père » ou « Dieu de mon salut… Dieu de mon père » (Critique textuelle Si 51,1ab) soulignerait un parallélisme de structure entre les deux stiques. Néanmoins,

  • l’expression « Dieu de mon salut » est traditionnelle dans la Bible hébraïque, de sorte que la 1e option soit peu probable ;
  • l’expression « Dieu de mon père », au sg., est rare, de sorte que la 2e option soit improbable de même.

1ac Je te rendrai grâces + Je rends grâces — Anaphore G : exomologêsomai... exomologoumai, caractéristique du rythme oratoire et de l’amplification propres à une prière d’action de grâces.

Vocabulaire

2a Très-Haut (S) Propre à S Cf. S-10a « mon père d’en haut ». 

2d fauteurs de mensonge (héb.) ms.B : śṭy kzb. L’expression śāṭé kāzāb « fauteurs de mensonge » est un hapax dans la Bible hébraïque (Ps 40,5). Cf. héb. 5c : « plâtriers de mensonge ».

Genres littéraires

1–12 (heb.) Action de grâces individuelle — inversée En commençant par l’action de grâces adressée à Dieu proprement dite, la structure normale de ce genre littéraire (connue surtout par Ps 116 ; 118 ; Is 38,10-20) est inversée. Généralement elle se présente ainsi :

  • elle commence par le récit de la détresse où sombrait le psalmiste, adressé aux témoins ;
  • elle se continue dans un morceau liturgique, adressé directement au Seigneur et rappelant la prière prononcée dans la détresse et la promesse de rendre grâces ;
  • ellese termine avec le psalmiste exécutant sa promesse, remerciant le Seigneur libérateur.

Ben Sira en bouleverse le cadre énonciatif et l'ordre :   

1. Apostrophe au Dieu sauveur (v.1-7)

L’auteur s’adresse d'emblée au Seigneur pour le remercier de l'avoir libéré.

2. Innovation : hésitations énonciatives (v.8-12)

Ben Sira ne s’adresse pas au Seigneur mais plutôt à des tiers, quitte à citer sa prière dans la détresse. En inversant les sections « tu » et « il » (Propositions de lecture Si 51,1–12), Ben Sira opère un choix : non plus une liturgie, mais une action de grâces privée.

3. Psaume de louange (héb. 12a-o)

Le Ps de louange qui suit, quelle que soit l’hypothèse rédactionnelle retenue, rejoint la 2e partie de la structure traditionnelle (cf. Ps 118,29).

Réception

Comparaison des versions

2a G V | héb. G et V sont plus courtes que l’héb. :

  • le mot « protecteur » (G-2a et V-2b) renvoie à l’héb. « refuge de ma vie » (héb. 1a) ;
  • le mot « secourable » (G-2a et V-2b) renvoie à l’héb. « tu as racheté mon âme » (héb. 1b) ; repris partiellement en G-3a et V-4a.

Intertextualité biblique

1–12 Scenario du juste en détresse Bien des citations ou des références à l’Écriture renvoient à des situations de détresse critique et exemplaire : Job, le psalmiste en péril (Ps 25 et autres psaumes de détresse), Jérémie persécuté, Jonas dans le ventre du grand poisson, Sophonie devant le Jour de YHWH, etc. Références en marge

Littérature péritestamentaire

1bc mon Dieu, mon père. Je veux raconter ton nom (héb. 50,28d-51,1a) Prière du patriarche Joseph

  • 4Q372 fr. 1 « (14) ... Et en tout cela Joseph [fut livré] (15) aux mains des étrangers dévorant sa force et brisant ses os jusqu’au temps de sa fin. Et il cria [d’une voix forte] (16) et il appela le Dieu vaillant de le délivrer de leurs mains en disant : "Mon père et mon Dieu (’by w’lhy), ne m’abandonne pas dans la main des nations […] (25) … et je raconterai [tes] tendresses […] (26) je te louerai YHWH, mon Dieu, et te bénirai." »

Théologie

1b.10a mon Dieu, mon père + Mon père, c’est toi — (héb. 50,28d ; 51,10a) Innovation théologique : Dieu, Père des personnes individuelles ? Une lecture ’Ĕlōhay, ’ābî « mon Dieu, mon père » (ms.B : ’lhy ’by) dans héb. 50,28d (Critique textuelle Si 51,1ab) permet de voir ici l’idée de Dieu comme père non plus seulement du roi (cf. 2S 7,14) ni du peuple mais de la personne privée ; cf. héb. 51,10a « Et j’ai exalté YYY : Mon père, c’est toi » ; Si 4,10 (surtout héb.) ; Si 23,1.4. Intertextualité biblique Si 51,10a

Texte

Critique textuelle

4a […] (héb. 4b) Conjecture Un mot de quelques lettres manque dans le manuscrit, déchiré. Il pourrait s’agir du terme sabîb, « tout autour ». Cf. G, V et S, et Lm 2,3.

5a […] (héb. 5b) Conjectures Le manuscrit, altéré, propose les trois premiers lettres d’un mot inachevé,  l’m. Propositions :

  • lᵉ’immî « (du ventre de l’abîme), ma mère » ; 
  • lᵉ’ūmmî « (du ventre de l’abîme) de mon peuple » (cf. « la calomnie du peuple » en héb. 2c, mais ce qui est probablement une glose : Critique textuelle Si 51,2cd) ;
  • lᵉ’ūmmîm « des peuples » ;
  • lᵉ’ămiteka « selon ta fidélité » ;
  • lᵉ’ēmîm « (du ventre de l’abîme) des terreurs », notre proposition (cf. Si 40,5 ; Jb 20,25).

Procédés littéraires

4b qui ne fut pas allumé (héb. 5a) Désignation métonymique du résultat par le processus ? Litt. « qui ne fut pas soufflé » (lᵉ’én pūḥâ) ; cf. Jb 20,26 ; Sg 17,6 ; Sem. 47b. On souffle sur un feu pour le faire démarrer. L’expression signifie « un feu qui ne fut pas allumé » par l’homme, un feu immaîtrisable, terrible, peut-être la foudre. Intertextualité biblique Si 51,4b ; Tradition juive Si 51,4b

Réception

Comparaison des versions

3e nombreuses : G | V : des portes Plutôt que pleionôn (« nombreuses »), V a dû lire pulônôn  (« des portes » de l’adversité ; gén. pl. de pulôn « porte », « portail »).

4b je n’ai pas brûlé : G | V : je n’ai pas été consumé | héb. : qui ne fut pas allumé Alors que G et V soulignent la façon dont l’énonciateur a surmonté le mal qui l’affligeait, l'héb. souligne le caractère terrible et immaîtrisable du feu.

Tradition chrétienne

3c de ceux qui rugissent prêts à dévorer (V-4b) Topos V : a rugientibus praeparatis (/paratis) ad escam ; expression reprise fréquemment pour évoquer les menaces, avec ou sans l’idée de délivrance.

3e–4a et des portes de la tribulation qui m’ont entouré de la suffocation d’un feu qui m’a entouré (V 5b-6a) Citation

Texte

Critique textuelle

6a auprès du roi, de la calomnie Conjecture ? Ainsi les mss. grecs : basilei diabolê (cf. V : a rege iniquo). Ziegler lit kai bolidos « et d'une flèche », conjecture d’après l’héb.

Réception

Tradition chrétienne

7b Je cherchais du regard mon secours et il n’y en avait pas (V 10b) Citations

Texte

Critique textuelle

10c au temps où l’arrogance refuse tout secours Variante grecque G : en kairôᵢ huperêphaniôn/huperêphanôn aboêthêsias , litt. « à un moment d’arrogances (huperêphaniôn) de non-assistance » ou « à un moment de non-assistance des arrogants (huperêphanôn) ».

Grammaire

10ab J’ai supplié + de ne pas m’abandonner — (G) Construction classique G : epekalesamên... mê me egkatalipein ; le verbe epikaleomai + un infinitif a le sens de « supplier… de... » dans toute la littérature grecque classique, biblique (koinè) et patristique ; cf. 2M 3,15. L’infinitif qui suit n’est donc pas à comprendre comme un ordre (« ne m’abandonne pas »).

Réception

Comparaison des versions

9a ma supplication : G | V : ma demeure En raison de iotacisme, le latin a compris « J’exalterai sur terre ma demeure » (le grec oiketia pour iketeia). 

10 Cadre énonciatif

  • G et V ne contiennent pas le 2e stique de l'héb. et S (v.10b).
  • Dans l'héb., la prière, évoquée en anamnèse (v.11ab), débute dès la fin du v.10a (cf. S).

Intertextualité biblique

8d Il les rédime (héb.) La racine g’l ms.B : wyg’lm ; pour le Dieu-gō’ēl, voir Jb 19,25 ; pour le gō’ēl, Nb 35,12-27.

10c au jour de catastrophe et de cataclysme (héb. 10d) Citation ms.B : bywm šw’h wmšw’h ; cf. M-So 1,15 yôm šô’â ûmᵉšō’â ; M-Jb 30,3 ; 38,27 šô’â ûmᵉšō’â. Procédés littéraires Si 51,10c

Tradition chrétienne

8c car tu délivreras ceux qui t’espèrent (V-12a) Citation

6c ma vie était toute proche de l’enfer, en bas (V-9) Épreuves endurées par l’auteur comme allusion aux peines de l’enfer

  • Raban Maur Comm. Eccl. « Sa vie approche de l’enfer car, en défaillant, la vie de la chair approche chaque jour de la mort. Ici, on parle de l’enfer pour signifier la mort, car la mort de la chair constitue un châtiment du premier péché, de même que l’enfer représente la peine éternelle des âmes pécheresses. Personne, cependant, n’échappe à la mort de la chair. Quel est en effet l’homme qui pourrait vivre sans connaître la mort ? Voilà pourquoi il est écrit ailleurs : “Nul ne peut vivre à jamais : que [chacun] soit assuré de cette vérité” (V-Qo 9,4). Par la grâce du Christ, les hommes saints peuvent échapper au tourment de l’enfer étant donné qu’ils pérégrineront bientôt vers la joie du ciel, une fois délivrés du lien de la chair » (PL 109,1121A). Intertextualité biblique Si 51,4–5a

Texte

Critique textuelle

12 (héb. 12a-o) Plus héb. Ms.B insère ici un psaume de louange de quinze versets. 

Propositions de lecture

12 (héb. 12a-o) Psaume authentique ? Quoi qu’il en soit de son origine incertaine (Critique textuelle Si 51,12), ce psaume, à la place que lui confère le manuscrit, pourrait constituer la louange que Ben Sira avait annoncée au v.12cd : il y a pleinement son sens, rejoignant la structure traditionnelle de l’action de grâces qui finit par l’action de grâces proprement dite (Genres littéraires Si 51,1–12). Son attribution à Ben Sira est discutée. Sa facture et nombre de ses expressions sont empruntés aux Psaumes : Intertextualité biblique Si 51,12.

Grammaire

12 car (héb. 12a-n) Explication ou exclamation ? Selon l’interprétation donnée à la conjonction ,

  • soit la motivation de la louange (« car »),
  • soit une exclamation (« Rendez grâce au Seigneur : éternel est son amour ! »), peut-être l’équivalent de « oui ».

12 gloire à tous ses fidèles (héb. 12o) Apposition ou objet direct ? ms.B : thlh lkl ḥsydyw. Autre traduction possible : « la gloire de tous ses fidèles », comme 2e complément du verbe « il élève » (et non comme apposition du substantif « corne »). Intertextualité biblique Si 51,12 (héb. 12o)

Réception

Intertextualité biblique

12 (héb. 12a-o) Centon des Ps 132 et Ps 136

  • Le Ps 136 donne la forme littéraire à notre psaume : chaque premier stique est suivi de la même explication/exclamation (Grammaire Si 51,12 [héb. 12a-n]) : « car pour toujours est son amour ».
  • Le Ps 132 en donne une partie de la matière. Ce psaume évoque David (Ps 132,1.10-11 ; cf. v.12h), le puissant de Jacob (Ps 132,2.5 ; cf. v.12l), les prêtres revêtus de justice (Ps 132,9 ; cf. v.12i), le Seigneur qui a fait choix de Sion (Ps 132,13 ; cf. v.12m) et fera pousser la corne de David (Ps 132,17 ; cf. v.12h, o) et les fidèles du Seigneur (Ps 132,16 ; cf. v.12o). Autant de traits présents dans ce psaume, au mot près.

Texte

Procédés littéraires

12 (héb. 12c-i et m) Parallélisme étendu Construction parallèle dans 8 versets : préposition l- + une participe (celui qui garde, qui façonne, qui rachète, qui rassemble, qui bâtit, qui fait pousser, qui choisit [2x]).

Réception

Intertextualité biblique

12 roi des rois des rois (héb. 12n) Titre divin Dans la Bible, Dieu est « roi » (Si 50,15 ; Ps 98,6 ; 145,1), « roi de gloire » (Ps 24,7-10) et « grand roi » (Ps 47,3). Selon Dt 10,17, Dieu est « le Dieu des dieux, le Seigneur des seigneurs » (’ĕlōhé hā’ĕlōhîm wa’ădoné hā’ădōnîm). Nabuchodonosor II est déclaré « roi des rois » (Ez 26,7). Tradition juive Si 51,12 (héb. 12n)

Littérature péritestamentaire

12 fils de Çadoq (héb. i) À Qumrân Expression proche d’expressions qumrâniennes, ce qui, selon certains, conforterait l’hypothèse d’une origine qumrânienne de cette pièce. Les « fils de Çadoq » apparaissent en CD-A 3,21-4,3, citant Ézéchiel.

Tradition juive

12 (héb. 12a-o) Les Dix-huit bénédictions Le psaume héb. est proche du rituel juif, en particulier de la prière des Dix-huit bénédictions (Šᵉmōnê ‘eśré) ou ‘ămîdâ, dont la mise en forme remonterait, selon le Talmud de Babylone (b. Meg. 17b ; b. Ber. 28b), à la fin du 1er s. (à la demande de Gamaliel). Les finales (eulogies) des bénédictions sont proches de plusieurs versets du psaume, sans que l’on puisse déterminer l’origine de cette proximité. Ainsi :

  • héb. 12j-l // 1re bénédiction : « Béni sois-tu, Seigneur, Dieu d’Abraham, Dieu d’Isaac, Dieu de Jacob ».
  • héb. 12e // 7e bénédiction : « […] Béni sois-tu, Seigneur, rédempteur d’Israël ».
  • héb. 12f // 10e bénédiction : « […] Béni sois-tu, Seigneur, qui rassembles les dispersés du peuple d'Israël ».
  • héb. 12g // 14e bénédiction : « […] Béni sois-tu, Seigneur, qui bâtis Jérusalem ».
  • héb. 12h // 15e bénédiction : « Tu fais pousser la pousse de David […]. Béni sois-tu, Seigneur, qui fais pousser la corne du salut ».

12 gardien d’Israël + créateur de tout — (héb. 12c-d) La liturgie du Šema‘

  • héb. 12c : Le titre « gardien d’Israël » est repris dans l’eulogie de la prière qui suit la récitation du Šᵉma‘ le soir : « Béni sois-tu, Seigneur, qui gardes ton peuple Israël à jamais ».
  • héb. 12d : Pour le titre « créateur de tout » ; cf. l’eulogie qui précède la récitation du Šᵉma‘ le matin : « Béni sois-tu Seigneur notre Dieu […] qui façonnes la lumière et crées les ténèbres, qui fais la paix et crées le tout ». Citations d'Is 45,7, qui finit par « et crée le mal ». Selon b. Ber. 11b, le rituel a changé « le mal » en « le tout », qui ne serait qu’un euphémisme.

12 roi des rois des rois (héb. 12n) Superlatif sémitique Le titre divin « roi des rois des rois » n’est pas biblique (Intertextualité biblique Si 51,12 [héb. 12n]) mais se retrouve dans m. ’Abot 3,1 ; 4,22 et dans la liturgie juive (office de Mussaf pour la fête de Rosh Hashana). La formule doublée ou triplée est une forme de superlatif sémitique. 

Propositions de lecture

13–30 Confession et exhortation

Structure 

  • Dans les versions grecque, hébraïque (ms.B), latine et syriaque, même si le caractère alphabétique est perdu et que l’un ou l’autre verset manquent ou sont intervertis, l’ordonnancement des deux ou trois parties demeure.
  • Chacun des trois strophes des v.13-30 culmine dans la louange (v.17b.22b.29b) ; de même pour l'héb. : autant qu’au v.29b l’on modifie širâ (ms.B) en tᵉhillâ, ou que l’on donne à širâ le sens de chant de louange. C’est le but final de toute vie de sage (cf. Si 15,10).
Confession (v.13-22)

En première partie, l'auteur raconte sa propre recherche de la sagesse. Son propos peut être scindé en deux sections :

  • l’une (v.13-17) davantage consacrée aux débuts de l’itinéraire,
  • l’autre (v.18-22) davantage à la persévérance dans la recherche au fil du temps.
Exhortation (v.23-30)

Cette seconde partie invite les « gens sans instruction », ceux qui n’ont pas encore suivi cet itinéraire de sagesse, à suivre son exemple et son enseignement.

Authenticité : ajout ou appendice ?

Considéré souvent comme un appendice, ce poème faisant l’éloge de la quête de la sagesse est bien dans la manière de Ben Sira.

  • En Si 6,18-37, il avait déjà développé une longue exhortation (sans confession préalable) invitant à une semblable recherche de la sagesse. 
  • Si 24,30-34 montrait déjà le rôle médiateur du sage dans la diffusion de la sagesse. 

L'auteur accumule ici des indices autobiographiques (Milieux de vie Si 51,13–30), exceptionnels dans la Bible. 

Texte

Critique textuelle

13–30 Présentation générale Du point de vue de la critique textuelle, ce poème final se présente différemment du reste du livre : aucun des manuscrits n’est totalement fiable.

Le grec

La version grecque, le meilleur témoin, présente plusieurs difficultés : v.15a est difficile à interpréter ; v.26c ne donne qu’un stique ; v.28a semble contredire v.25b (cf. Grammaire Si 51,28a, où la contradiction est levée).

Le latin

La Vulgate suit le grec. La plupart et les meilleurs manuscrits latins ne s’achèvent pas sur Si 51 mais sur Si 52,1-13, qui reprend la prière de Salomon de 1R 8,22-31 ; 2Ch 6,12-22. V-Si 52 n’est cependant pas le texte de ces deux passages en V mais retraduit le grec.

L'hébreu

Les témoins de l’hébreu sont problématiques :

  • le manuscrit ms.B, trouvé au Caire, est la rétroversion de la version syriaque. Cette rétroversion, qui présente des rabbinismes, est manifestement tardive. Nous ne proposons pas une traduction de ce ms.
  • le manuscrit 11Q5 (11QPsa), trouvé à Qumrân, est accidentellement incomplet. Le texte apparaît dans un rouleau constituant principalement une compilation de psaumes ou de morceaux de psaumes. Dans la seconde moitié du rouleau, entre des versets du Ps 138 et une apostrophe à Sion, figure ce poème. Il est rédigé non pas en stiques mais en continu.

À partir de toutes les versions il est possible de reconstituer le texte héb. original, en respectant le caractère alphabétique du poème (Genres littéraires Si 51,13–30). Néanmoins, en plusieurs versets cette reconstitution demeure conjecturale. La première partie (v.13-17 : Propositions de lecture Si 51,13–30) correspond à 11Q5 (11QPsa), en complétant le v.13b avec « (je l’ai demandée) et j’ai beaucoup prié » (Critique textuelle Si 51,13b).

Le syriaque

La version syriaque est une traduction assez libre de l’héb. : elle ne suit pas le caractère alphabétique du poème, saute les v.14-15ab (Comparaison des versions Si 51,13–17) et modifie des pronoms.

13b je l’ai demandée (héb.) Conjecture Le stique est manifestement trop court. Proposition de lire « je l’ai demandée et j’ai beaucoup prié ».

17a elle ne cessait de croître : 11Q5 | ms.B : son joug était

  • 11Q5 : ‘lh hyth, comprise comme « elle ne cessait de croître » est grammaticalement correcte et attestée, cadrant bien avec le contexte du poème (cf. G : prokopê ; V : profeci). L’hypothèse de lire « holocauste » (‘lh étant lu ‘ōlâ), grammaticalement correcte, ne s’insère pas dans le contexte.
  • ms.B : ‘lh hyh (cf. S : nyrh) ; ‘ûl « joug » (masc.) + le suffixe féminin (‘ûlāh « son joug »), suivi par le verbe au masc. Ceci anticipe l’idée du joug de la sagesse présente au v.26a, dans toutes les versions. Intertextualité biblique Si 51,26a

17b sa gloire (héb.) Le possessif écrit avec un yod 11Q5 : hwdy ; lire hôdô (« sa gloire ») et non hôdî (« ma gloire »). 11Q5 écrit le yod le plus souvent comme un waw. Ce phénomène apparaît bien plus dans ce ms. que dans les autres mss. hébreux de Ben Sira.

Vocabulaire

13a m’égarer (héb.) Moralement 11Q5 : t‘yty ; le verbe tā‘â signifie l’errance morale et non pas spatiale. Ni dans ce poème ni ailleurs dans le livre l’auteur n’a signalé une telle errance morale. Malgré les voyages qu’il signale, les siens (Si 34,12) ou ceux du scribe en général (Si 39,4), il semble quand même préférable de ne pas opter pour une errance spatiale.

Procédés littéraires

16a j’ai accueilli (G) Élision Pas de complément : probablement la sagesse, ou l'instruction mentionnée au 2e stique. L’absence de complément, que l’on rencontre dans d’autres textes bibliques, élargit le sens du verbe : « j’ai été enrichi ». Comparaison des versions Si 51,16a

Genres littéraires

13–30 Poème alphabétique Le livre se conclut, comme le livre des Proverbes, par un poème alphabétique, c'est-à-dire un poème dont la première lettre de chaque verset (ou strophe selon le cas) suit l’ordre de l’alphabet. Ce procédé poétique est considéré comme recherché. On trouve d’autres poèmes alphabétiques en Ps 9-10 ; 25 ; 34 ; 37 ; 111-112 ; 119 ; 145 ; Pr 31,10-31 ; Lm 1-4 ; Na 1,2-8. Ici,

  • 11Q5 atteste le caractère alphabétique du poème dans le fragment qui est préservé jusqu’à la lettre kaph.
  • ms.B a conservé quelques versets dans l’ordre alphabétique (aleph, ḥèt, yod, mem, nun, aïn, , qoph, resh, tav), c'est-à-dire surtout dans la 2e moitié de l’alphabet.

Le caractère alphabétique du poème avait déjà été détecté sur la base de G et S, avant la découverte des mss. hébreux du Caire et de Qumrân.

Contexte

Milieux de vie

13–30 Traits autobiographiques exceptionnels La pointe du poème est une invitation à se mettre à l’école du maître, ce qui n'est pas sans parallèles : Intertextualité biblique Si 51,23–28. Il est remarquable ici que pour justifier cette invitation, les deux premières strophes soient une auto-présentation de celui qui parle. Ben Sira parle souvent de lui-même dans son livre : 

Aucun sage de la Bible avant lui n’avait agi de la sorte.

Réception

Comparaison des versions

13–17 Abrègement dans ms.B et S La 1e partie de la confession (Propositions de lecture Si 51,13–30) est réduite d’un tiers dans ms.B et S :

  • par rapport à 11Q5, ils omettent la venue de la sagesse elle-même (Bèt = v.14a),
  • et par rapport à 11Q5, G et V, ils omettent la recherche jusqu’à la fin (Bèt = v.14b), la réjouissance dans la sagesse (gimel = v.15ab).

13b la sagesse dans ma prière : G V | héb. S : Ø — Explicitations dans G et V

  • Première mention de l’objet de la recherche, la sagesse. La seconde mention de la sagesse apparaît au v.17b. G et V sont moins allusifs que 11Q5 et S où la première et unique mention de la sagesse n’apparaît qu’en S-25b. Dans l'héb. et S la confession de la recherche de la sagesse se traduit littérairement par une énigme pour le lecteur.
  • Explicitation non seulement de la recherche de la sagesse, mais aussi de la prière pour l’obtenir dans G et V. Intertextualité biblique Si 51,13b

15c mon Seigneur (S-15a) Ou « Seigneur » La mention de Dieu au vocatif dans S est absente de G, V et 11Q5. Elle est toutefois reprise par le ms.B (’dny).

Littérature péritestamentaire

13–30 et 11Q5 : Une composition énigmatique On s’interroge sur la fonction que pouvait remplir le florilège d’extraits de psaumes et de ce poème alphabétique découvert à Qumrân.

Tradition juive

13–30 Deux œuvres appelées l’Alphabet de Ben Sira La première œuvre appelée Alphabet de Ben Sira est un opuscule qui se compose d’une liste de 22 sentences en araméen, rangées selon l’ordre alphabétique et agrémentées d’un commentaire en hébreu. Listes de sentences (au plus tôt fin de la période des amoraïm ou même la période des gaonim) et commentaire (11e s. ?) ne relèvent pas de la même composition. Il ne semble pas que l’origine de l’opuscule soit liée au poème alphabétique qui clôt le livre de Ben Sira. Il n’est même pas certain que les auteurs de ce pseudépigraphe aient lu l’œuvre de Ben Sira, même si l’on peut trouver une communauté d’esprit entre le livre et la liste. En revanche, cet Alphabet de Ben Sira atteste que la tradition juive attribuait à Ben Sira une série de sentences qui lui étaient plus ou moins étrangères, comme le montre également le Talmud de Babylone (b. Sanh. 100b). Le commentateur de la liste alphabétique des sentences attribue à Ben Sira la paternité de cinq livres, dont la Pesiq. Rab.

Le second Alphabet de Ben Sira (liste alphabétique de 22 sentences en hébreu et commentaire), postérieur au premier, rapporte une série de légendes relatives à Jésus Ben Sira, dont le récit de la naissance virginale, dans une sorte de parodie de la naissance d’un autre Jésus, de Nazareth.

Tradition chrétienne

17b En me procurant la sagesse je rendrai gloire (V-23) Citations

Texte

Critique textuelle

17b À qui m’enseigne (héb.) Singulier ou pluriel ? 11Q5 : mlmdy ; l’absence de vocalisation permet de comprendre un singulier (visant Dieu lui-même) ou un pluriel (« à ceux qui m’enseignent »).

Réception

Comparaison des versions

14a Elle est venue (héb.) Particularité héb. C’est la seule version à mentionner la venue de la sagesse.

Texte

Critique textuelle

18a prendre plaisir (héb.) Interprétation de la racine 11Q5 : w’śḥqh ou w’šḥqh

  • w’śḥqh : le verbe śḥq compte des connotations de jeu, de plaisir, de rire. Il n’y a pas lieu de modifier le verbe.
  • w’šḥqh : le rapprochement avec le verbe šḥq de Si 6,36 en héb. (« broyer », « fouler, user » la pierre) ne convient pas dans ce contexte.

19c persévérais/purifiai (héb.) Conjectures 11Q5 : ṭrty ; hypothèses en présence :

  • lire ṭrdty « je persévérais » (assimilation du dalet). Le verbe, rare, évoque l’idée d’un agir dans la continuité, la persévérance (cf. héb. Si 32,9) ; le second stique va dans le même sens.
  • lire ṭhrty « je purifiai (mon âme) », avant de purifier les mains (v. Kaph).

19d en ses hauteurs (héb.) Lacune et hypothèses 11Q5 : brwmyh.

  • Si le 1er stique indique bien l’idée de persévérance (Critique textuelle Si 51,19c), celle-ci pourrait se retrouver dans le 2e stique, en conservant brwmyh (rôm « hauteur » + un suffixe), mais l’hypothèse est peu probable car le terme rôm n’est pas usité au pluriel.
  • On pourrait aussi penser à mārôm (« hauteur »), et donc à bammᵉrômîm, usité ; cf. la Sagesse sur les hauteurs (Pr 8,2 ; 9,3.14).
  • Certains proposent de modifier en brmmyh, infinitif polel du verbe rûm « élever » + un suffixe : « de l’exalter (je ne me lasserai pas) ».

20b ses secrets (héb.) Lecture ? Dans 11Q5 ne sont lisibles que les lettres ‘rmyh, le et le h étant en plus hypothétiques. Peut-être peut-on supposer ma‘ărūmméhā (« ses secrets ») ? (Cf. ‘ārôm « nu », ‘ārûm « rusé », « subtil ».)

Grammaire

21b ai-je acquis une bonne acquisition Accusatif d'objet interne G : ektêsamên agathon ktêma (cf. V : possidebo bonam possessionem), rendant l’héb. (ms.B : qnytyh qnyn ṭwb) à la suite de S (qnyth qnyn’ ṭb’), pour insister.

Procédés littéraires

20c le commencement Ambiguïté : le commencement de qui ou de quoi ? L'absence d'un possessif (« le commencement ») laisse ouvertes deux lectures. Il acquit la sagesse :

  • depuis son début à lui (sa jeunesse), idée mentionnée à plusieurs reprises dans le poème,
  • depuis son début à elle, c'est-à-dire le commencement de la sagesse ou de son principe ; cf. ms.B : mētᵉḥillātāh « depuis son commencement ». La crainte du Seigneur, principe ou commencement de la sagesse (cf. Si 1,14 ; Pr 1,7 dā‘at ḥokmâ ; Pr 9,10 tᵉḥillat ḥokmâ), est-elle visée ?

Réception

Comparaison des versions

19ss (S-20-21) Allusion à Dieu S parle de « lui » et « le », c’est-à-dire de Dieu. Le phénomène est-il lié à l’introduction de « mon Seigneur » au v.15 ? S est la seule à le faire, et ms.B ne l’a pas suivie.

  • S oscille entre deux recherches : recherche de Dieu et recherche de la sagesse. Cette dernière encadre la recherche de Dieu.
  • Les autres versions se centrent exclusivement sur la recherche de la sagesse : à Dieu revient la louange.

19cd G V | héb. Le caractère alphabétique du poème en 11Q5 indique que G et V ont interverti les deux stiques.

Texte

Critique textuelle

24a Pourquoi en manquez-vous encore (G) Variante grecque G : ti eti hustereite en toutois. Leçon préférable à ti hoti hustereisthai legete en toutois « pourquoi dites-vous que vous en manquez ? » (cf. V : quid adhuc retardatis et quid dicitis in his « Pourquoi tardez-vous encore et qu’en dites-vous » ; confusion entre dicitis et degitis).

23–30 (héb. reconstitution)

  • Samek Tournez-vous vers moi, insensés / et demeurez dans ma maison d’étude.
  • Aïn      Jusques à quand vous en priverez-vous / et votre âme sera-t-elle si assoiffée ?
  •       J’ai ouvert ma bouche et je dis par elle : / Acquérez pour vous la sagesse sans argent.
  • Çadé   Faites entrer vos cous dans son joug / et que votre âme porte son fardeau.
  • Qoph    Elle est proche de ceux qui la demandent / et qui donne son âme la trouve.
  • Resh    [discuté] Voyez de vos yeux : j’étais jeune (/ j’ai peu peiné) / (J’ai tenu bon en elle) et je l’ai trouvée (en abondance).
  • Shin      Écoutez (nombreux) mon enseignement / et vous acquerrez argent et or en moi.
  • Tav       [discuté] (Que) mon âme se réjouisse de mon salut (/Que votre âme se réjouisse de son salut) / et vous ne serez pas déçus (/n’ayez pas honte de mon chant/de le louer).

26c C’est tout près qu’on peut la trouver (G V) Lacune ? Verset d’un seul stique ; l’original devait en comprendre deux.

Vocabulaire

23b la maison de l’enseignement (S) Vorlage héb. ? S : byt ywlpn’. Le ms.B (byt mdršy) a traduit par bét midraš, expression rabbinique. L’expression originale devait être bét mûsar ; le terme mûsar est connu de Ben Sira : héb. Si 6,22 ; 34[31],12.17.22 ; 35[32],2.14 ; 37,31 ; 41,15 (ms. Massada).

Grammaire

23b maison de l’instruction Sémitisme G : oikôᵢ paideias a respecté la construction périphrastique de l’hébreu (bét midraš ou, plus sûrement, bét mûsarVocabulaire Si 51,23b.

Procédés littéraires

23 gens sans instruction + de l’instruction — Figure de dérivation G : apaideutoi... paideias : répétition de la même racine (seulement en G).

Réception

Comparaison des versions

25b la sagesse : S | G V : Ø Curieusement G et V ne précisent pas l’objet de l’acquisition, mais ils ont déjà mentionné la sagesse avant (v.13b.17b et V-22b). Comparaison des versions Si 51,13b

Intertextualité biblique

23–28 Invitations de/à la Sagesse Deux poèmes peuvent être rapprochés de celui-ci : Pr 8,4-36 et surtout Si 24,3-22 font parler la Sagesse qui, pour inviter ses auditeurs à se mettre à son écoute, se présente elle-même.

26a joug

Dans l'AT

Alors que l’AT (surtout les prophètes) présente le plus souvent le joug comme un signe négatif d’asservissement dont le Seigneur délivre (Is 10,27 ; 58,6 ; Jr 27,2 ; 28,14 ; 30,8 ; Os 10,11 ; Na 1,13), Ben Sira présente le joug de la sagesse du Seigneur comme positif (cf. Si 6,30 ; déjà So 3,9 « servir sous un même joug »).

Dans le NT

En Mt 11,29 (« Chargez-vous de mon joug et mettez-vous à mon école »), Jésus se présente en maître de sagesse. En Ac 15,10, le joug de la Loi (expression rabbinique) est présenté comme trop lourd.

Critique textuelle Si 51,17a

Tradition chrétienne

23b la maison de l’instruction Interprétation ecclésiologique

  • Augustin d’Hippone Disc. 1 : La maison est l’Église et le maître, c’est le Christ. Discunt christiani, docet Christus. En écrivant Accipite disciplinam in domo disciplinae (« Accueillez l’instruction dans la maison de l’instruction »), Augustin combine deux expressions : in domum disciplinae (Si 51,23b [V-51,31b]) et suscipiat anima vestra disciplinam (Si 51,26b [V-51,34b]).
  • Jérôme Ep. 30,5-6 (ad Paulam) : Dans son explication de l’alphabet, le savant de Bethléem explique le sens de l’aleph-beth comme doctrina domus (« enseignement de la maison »), c’est-à-dire doctrina Ecclesiae (« enseignement de l’Église »).
  • Raban Maur Comm. Eccl. « Affectueusement paternel, l’homme sage exhorte les hommes incultes et sans instruction à ce que, sans retard et sans renâcler, ils se dépêchent d’aller se rassembler dans la maison de l’instruction, qu’est l’Église : on y apprend les véritables leçons de la prudence et on y observe de façon assidue l’honnêteté des mœurs. Alors que [ces hommes] souffrent dans la soif de la parole de Dieu, [le sage] leur montre et leur reproche de ne pas vouloir recevoir le rafraîchissement de la doctrine spirituelle, et il leur manifeste aussitôt ce qu’il leur convient de faire » (PL 109,1124C).

26a Mettez votre cou sous le joug

= l'obéissance

  • Clément de Rome 1 Cor. 63,1, dans une invitation à l’obéissance, estime que « Il convient de “courber la nuque” et d’occuper la place que nous assigne l’obéissance. »

= le jeûne

  • Syméon le Nouveau Théologien Or. cat. 9 compare la pratique du jeûne à cette soumission de la nuque au joug : « Je n’étais pas sans savoir que […] chacun d’entre nous les fidèles accueille avec une ardeur brûlante ce (grand) bien qu’est le jeûne ; qu’il n’est personne qui ne soumette à ce joug une nuque docile. »

Texte

Critique textuelle

29a conversion (S) Vorlage héb. ? Ms.B a traduit par yšybty. Le mot yᵉšîbâ étant un terme rabbinique, l’original hébreu devait comporter un autre mot, peut-être tᵉšûbâ, en suivant S : tybwt’ ? Mais le poème ne signale pas de faute dont Ben Sira aurait à se repentir. Supposer yᵉšû‘â « salut », plus proche de la « miséricorde » de G et V : « mon salut » ou « son salut » (c.-à-d. le salut de Dieu) ?

30b Béni soit Dieu pour toujours et loué soit son nom de génération en génération (S-30cd) Supplément ? Ce v. n’appartient ni au poème alphabétique ni davantage à la souscription (cf. ms.B : Critique textuelle Si 51,30c).

30c Sagesse de Jésus fils de Sira Ajouts héb. La souscription héb. est ainsi développée :

  • ms.B : « Jusqu’ici les paroles de Simon fils de Jésus, qui est appelé Ben Sira / Sagesse de Simon fils de Jésus, fils de Éléazar, fils de Sira. / Que le nom du Seigneur soit béni, dès maintenant et à jamais. »

30a à contretemps (S) Vorlage héb. ? S : dl’ b‘dnh, litt. « qui n’est pas en son temps ». Comment comprendre ? Ms.B a traduit bçdqh (biçᵉdāqâ) « dans la justice ». Il est le seul à ne pas mentionner l’idée du temps dans ce stique, par ailleurs parfaitement compréhensible sans changement. Faut-il s’aligner sur les versions ?

  • Certains proposent bᵉlō’ ‘ēt, proche de S, mais l’expression signifierait « sans le temps » ou « à contretemps » (cf. Si 32,4).
  • Faut-il supposer plutôt ‘ad ‘ēt « jusqu’au temps fixé » (cf. Si 20,6) ?  
  • lᵉpî hā‘ēt « selon le temps » (cf. 1QS 9,13 = 4Q259 (4QSe) 3,9, au pluriel) ?
  • lipné hā‘ēt « avant le temps fixé » ? Ce temps coïnciderait-il avec la mort (cf. Si 9,12) ? Procédés littéraires Si 51,30a

Grammaire

28a elle vaut beaucoup d’argent L'argent : moyen ou valeur ? G : en pollôᵢ arithmôᵢ arguriou. On peut comprendre :

  • « (Prenez part à l’instruction) au prix de beaucoup d’argent » (cf. V : in multo numero argenti), en contradiction avec v.25b mais conformément à la poétique de l’antithèse de tout le passage (Procédés littéraires Si 51,27 ; Procédés littéraires Si 51,30a).
  • que la préposition grecque en + datif introduise un attribut du mot « instruction ». On pourrait alors traduire : « elle vaut une fortune ! ». S’il n’y avait le 2e stique, on traduirait : « qui vaut son pesant d’or ».

30a Accomplissez votre œuvre Accusatif d’objet interne G : ergazesthe to ergon humôn ; V : operamini opus vestrum, litt. « œuvrez votre œuvre » ; comme en ms.B : m‘śykm ‘św ; S : ‘bdw ‘bdkwn.

Procédés littéraires

27 peu peiné + bien du repos — Antithèse entre les deux stiques. Comparaison des versions Si 51,27b

30 Verset de clôture : composition savante Le verset précédent (Tav = v.29) clôt le poème alphabétique de 22 lettres (Critique textuelle Si 51,13–30).

  • Comme les Ps 25 ; 34, ce poème alphabétique est suivi d’un dernier verset (v.30) devant commencer en hébreu par un (cf. Ps 25,22 ; 34,23), lisant probablement pa‘ălû (Critique textuelle Si 51,23–30).
  • Ce , avec la première lettre de l’alphabet (aleph) et celle du milieu (lamed), forme ensemble la lettre aleph, désignant l’ensemble de l’alphabet — lequel, avec son symbolisme d'exhaustivité, se trouve ainsi doublement représenté dans le poème.

30a avant le temps fixé G : pro kairou ; V : ante tempus.

Énigme

L’expression est obscure. Faut-il comprendre « pour le temps fixé » ? ; ou que « le temps fixé » dont il s’agit soit celui de la mort ? (cf. Si 11,28 pro teleutês). Critique textuelle Si 51,30a

+ en son temps (v.30b) — Antithèse

entre les deux stiques : « avant le temps fixé... en son temps ».

Réception

Comparaison des versions

27b bien du repos : G V | S : beaucoup d'elle

  • G et V renforcent l'antithèse entre les deux stiques : peu de peine pour beaucoup de repos.
  • Cette antithèse est présente en S, mais sans l’idée de repos : peu de peine pour beaucoup de découverte de la sagesse. Toute la partie « confession » du poème atteste plutôt l’effort soutenu dans la recherche de la sagesse (seul le v.16a [G V : « un peu » ; 11Q5 « à peine »] pourrait aller dans le sens d’une légèreté dans l’effort).

30c Sira Orthographe du nom propre En héb. et S, le nom de Sira s’achève par la gutturale aleph (Sîra’). G l’a translittérée par la consonne khi (Sirach), et V lui a emboîté le pas (Sirach).