Un projet du Programme de Recherches La Bible en ses traditions AISBL
Dirigé par l’École Biblique et Archéologique Française de Jérusalem
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1 VDISCOURS DE JÉSUS FILS DE SIRACH
Je te rendrai grâces, Seigneur Roi
et je te louerai, Dieu mon sauveur
Gje rendrai grâces à ton nom
1 ...
2 car tu as été pour moi protecteur et secours.
Tu as délivré mon corps de la perdition
du piège de la calomnie de la langue
et des lèvres des fauteurs de mensonge.
Et face à ceux qui étaient présents
tu m'as été un secours, et tu m'as délivré
2 je rends grâces à ton nom
car tu as été pour moi un secours et un protecteur.
2 ...
3 selon la grandeur de ta miséricorde et de ton nom
de ceux qui grinçaient des dents prêts à me dévorer
de la main de ceux qui en voulaient à ma vie
des innombrables tribulations que j'ai subies
3 Tu as délivré mon corps de la perdition
du piège de la langue injuste
et des lèvres de ceux qui pratiquent le mensonge ;
et face à ceux qui étaient là tu t'es fait pour moi un secours.
3 ...
4 de la suffocation du feu qui m’entourait et du milieu d’un feu que je n’avais pas allumé
4 Et tu m’as délivré, selon l'abondance de la miséricorde propre à ton nom
de ceux qui rugissaient, prêts à me dévorer
4 ...
5 de l’abîme profond du schéol
et de la langue impure et de la parole mensongère
5 des mains de ceux qui en voulaient à ma vie
et des portes de la tribulation qui m’ont entouré ;
5 ...
6 calomnie d'une langue injuste envers le roi ;
mon âme s'approchait de la mort
et ma vie était proche du shéol en bas.
6 de la pression de la flamme qui m'a entouré
(et au milieu du feu je n'ai pas été brûlé) ;
6 ...
7 Ils m’entouraient de toutes parts et il n’y avait personne pour me secourir
je regardais vers le soutien des hommes et il n’y en avait pas.
7 de la profondeur des entrailles de l’enfer
de la langue souillée et de la parole de mensonge
du roi injuste et de la langue injuste.
7 ...
8 Et je me suis souvenu de ta miséricorde Seigneur
et de ton œuvre de toute éternité
parce que tu sauves ceux qui espérent en toi
et que tu les délivres des mains des ennemis.
8 Mon âme a loué le Seigneur jusqu’à la mort
8 ...
9 Et je fis monter de la terre ma supplication
et je priai pour la délivrance de la mort.
9 et ma vie était proche de l’enfer en bas.
9 ...
10 J’invoquai le Seigneur père de mon Seigneur pour qu’il ne m’abandonnât pas aux jours de ma tribulation
et au temps des orgueilleux : absence de secours.
Je louerai ton nom continuellement
et je le chanterai dans l'action de grâce.
10 Ils m'ont environné de tous côtés et il n’y avait personne pour me secourir ;
j’attendais qu'un secours me vienne et il n'y en avait pas.
10 ...
11 Et ma prière a été exaucée
car tu m'as sauvé de la ruine
et tu m'as délivré de l'époque du mal.
11 Je me suis souvenu, Seigneur, de ta miséricorde
et de ton œuvre, qui sont depuis l'éternité
11 ...
12 C’est pourquoi je te célébrerai et je te louerai
et je bénirai le nom du Seigneur.
12 parce que tu délivreras ceux qui t'attendent
et que tu les libères des mains des nations.
12 ...
13 Quand j’étais encore jeune
avant que j'erre j’ai recherché ouvertement la sagesse dans ma prière.
13 Tu as élevé ma demeure sur la terre
et j'ai prié pour que la mort s'éloigne.
13 ...
14 Devant le temple je l'ai demandée
et je la rechercherai jusqu’à la fin.
14 J’ai invoqué le Seigneur, père de mon Seigneur, pour qu’il ne m'abandonne pas au jour de ma tribulation
et qu'il ne me laisse pas sans secours au temps des orgueilleux.
14 ...
15 Dans sa fleur comme une grappe qui commence à mûrir
mon cœur s'est réjoui en elle.
Mon pied a marché dans le droit chemin
dès ma jeunesse je l'ai suivie.
15 Je louerai sans cesse ton nom
et je le glorifierai dans mon action de grâce :
ma prière a été exaucée !
15 ...
16 J'ai incliné un peu mon oreille et je l’ai reçue
et j’ai trouvé pour moi une grande instruction.
16 Tu m’as délivré de la perdition
et tu m’as arraché au temps injuste.
16 ...
17 Grâce à elle j’ai retiré un grand profit ;
à celui qui m’a donné la sagesse je rendrai gloire
17 C’est pourquoi je te rendrai grâce et je chanterai ta louange
et je bénirai le nom du Seigneur.
17 ...
18 car je me suis résolu à la pratiquer
je me suis appliqué au bien et je ne serai pas confondu.
18 Lorsque j’étais encore jeune
avant de m’égarer j’ai recherché la sagesse ouvertement dans ma prière.
18 ...
19 Mon âme a lutté pour elle
et j’ai été attentif dans l'accomplissement de la loi
mes mains je les ai levées en haut
et j’ai déploré de l’avoir ignorée.
19 Avant le temps je l’ai demandée
et je la rechercherai jusqu’à la fin ;
elle perdra sa fleur comme un raisin précoce.
19 ...
20 J’ai dirigé mon âme vers elle
et dans la purification je l’ai trouvée ;
j'ai acquis l'intelligence avec elle dès le commencement
c’est pourquoi je ne serai pas abandonné.
20 Mon cœur s'est réjoui en elle
mon pied a marché sur le droit chemin :
depuis ma jeunesse, je me suis efforcé de la suivre.
20 ...
21 Et mes entrailles se sont émues à sa recherche
c'est pourquoi j'ai acquis un bien précieux.
21 J’ai incliné un peu mon oreille et je l'ai recueillie.
21 ...
22 Le Seigneur m’a donné la parole pour ma récompense
et par elle je le louerai.
22 J’ai trouvé en moi-même beaucoup de sagesse
j’ai beaucoup progressé en elle.
22 ...
23 Approchez-vous de moi ignorants
et demeurez dans la maison de l’instruction.
23 À celui qui m'a donné la sagesse je rendrai gloire
23 ...
24 Pourquoi dites-vous en être privés ?
et vos âmes n'ont-elles pas grandement soif ?
24 car je me suis résolu à la pratiquer
je suis zélé pour le bien et je ne suis pas confondu.
24 ...
25 J’ai ouvert ma bouche et j'ai parlé.
Procurez-vous-la sans argent
25 Mon âme a lutté pour elle
et je me suis affermi en la pratiquant.
25 ...
26 pliez votre cou sous le joug
et que votre âme reçoive l’instruction
elle n'est pas loin à trouver.
26 J’ai élevé les mains en haut
et j’ai déploré mon ignorance d'elle.
26 ...
27 Voyez de vos yeux que j’ai peu travaillé
et que j’ai trouvé pour moi-même un grand repos.
27 J’ai dirigé mon âme vers elle
et je l’ai trouvée dans la connaissance :
27 ...
28 Prenez part à l’instruction à grand prix d’argent
et vous acquerrez beaucoup d’or en elle.
28 j’ai possédé mon cœur avec elles depuis le début
c’est pourquoi je ne serai pas abandonné.
28 ...
29 Que votre âme se réjouisse de sa miséricorde
et ne rougissez pas de sa louange.
29 Mes entrailles ont été émues en la cherchant
c'est pourquoi je posséderai un excellent bien
29 ...
30 Accomplissez votre œuvre avant le temps
et il vous donnera la récompense en son temps.
30 car le Seigneur m’a donné une langue pour ma récompense
et par elle je le louerai.
31. Approchez-vous de moi, ignorants
et assemblez-vous dans la maison de la discipline !
32. Pourquoi tardez-vous encore, et que dites-vous à ceci :
— Vos âmes sont intensément assoiffées ?
33. J’ai ouvert la bouche et j’ai parlé :
— Achetez[-la] pour vous sans argent.
34. Soumettez votre cou à son joug
et que votre âme accueille la discipline
car on peut la trouver tout près.
35. Voyez de vos yeux que j'ai bien peu travaillé
et que je me suis acquis un grand repos.
36. Saisissez la discipline, qui regorge d'argent
et emparez-vous de l'or qui abonde en elle !
37. Que votre âme trouve sa joie dans sa miséricorde !
Et vous ne serez pas confondus en la louant.
38. Faites votre œuvre avant le temps
et il vous donnera votre récompense en son temps.
— Chapitre 52 —
1. Et Salomon fléchit les genoux devant toute l'assemblée d'Israël
il tendit ses mains vers le ciel et dit :
2. — Seigneur Dieu d'Israël, il n'y a pas de Dieu comme toi dans le ciel en haut
ni sur la terre en bas
3. toi qui gardes ton alliance et ta miséricorde pour tes serviteurs
qui marchent devant toi de tout leur cœur.
4. Observant pour ton serviteur David ce que tu lui avais dit
tu as parlé de ta bouche et de ta main tu as tout achevé comme en ce jour.
5. Et maintenant, Seigneur Dieu d'Israël, maintiens ce que tu as dit à ton serviteur David, lui disant :
— Tu ne manqueras pas d'avoir un homme siégeant face à moi sur le trône d'Israël
6. si vraiment tes fils surveillent leur conduite
afin de marcher selon mes préceptes comme ils ont marché devant moi.
7. Et maintenant, Seigneur Dieu d'Israël, la parole que tu as dite à ton serviteur David s'est vérifiée :
8. si Dieu va vraiment habiter avec les hommes sur la terre
9. si le ciel du ciel ne suffit pas, certainement la maison que j'ai bâtie non plus !
10. Mais regarde vers la prière de ton serviteur
et vers sa supplication, Seigneur, pour exaucer la faveur que demande la prière
prononcée par ton serviteur devant toi :
11. que tes yeux soient sur cette maison jour et nuit
sur le lieu où tu as dit que ton nom serait invoqué ;
écoute la prière que ton serviteur prononce dans ce lieu
12. écoute la supplication de ton serviteur et de ton peuple Israël
quand ils prieront dans ce lieu
13. écoute depuis le lieu de ta demeure dans le ciel
écoute et sois propice si un homme pèche près de toi !
ICI FINIT LE LIVRE DE JÉSUS FILS DE SIRACH
30 ...
3cd ma chute de la main (héb.) Conjecture Le texte non modifié (sl‘ wmyd) n’a pas de sens : « (ceux qui guettent) un rocher (sl‘) et de la main ». On propose de modifier en çl‘y myd.
12 (héb. 12a-n) Titulature Pratiquement tous les titres de Dieu dans ce poème sont une expression biblique ou ont un ancrage biblique : Références en marge.
10c jour de catastrophe et de cataclysme (héb. 10d) À Qumrân
1–30 Le premier commentaire chrétien sur le livre de Ben Sira est le commentaire édifiant de , évêque de Mayence au 9e s. (→Comm. Eccl.).
6c ma vie était toute proche de l’enfer, en bas (V 9) Épreuves endurées par l’auteur comme allusion aux peines de l’enfer
6c ma vie était toute proche de l’enfer, en bas (V 9) Épreuves endurées par l’auteur comme allusion aux peines de l’enfer
22 La Pentecôte
27s Disproportion entre effort terrestre et récompense céleste
25 Interprétation intertextuelle : l'Eucharistie
4b un feu qui ne fut pas allumé (héb. 5a) La géhenne Le traité Semaḥot, consacré à la mort et aux funérailles, raconte l’histoire d’un rabbin condamné à mort par le feu. Celui-ci, se basant sur Jb 20,26 (reprise ici en Si), dit préférer être consumé par un feu allumé (par l’homme) plutôt que par un feu non allumé, c'est-à-dire celui de la géhenne :
26a Mettez votre cou sous le joug de la Tora
1–8 Lectionnaire sanctoral romain : victoire du martyr
13–19a.20.27 Lectionnaire sanctoral romain
6b s’approcha : G héb. | V : loua | S : arriva
4b de la brûlure d'un feu (héb. 5a) Conjecture ms.B : mkbwt ’š, « de l’extinction d’un feu », sens qui n’est accepté par personne : ce n’est pas de l’extinction d’un feu que Ben Sira demande d’être délivré mais du feu lui-même. Plutôt que mittôk ’ēš (« du milieu d’un feu ») ou que mibénôt ’ēš (sens analogue), on préférera la proposition mimmikwat ’ēš (mmkwt ’š « de la brûlure d’un feu »), expression attestée en Lv 13,24.
5a abîme (héb. 5b) Conjecture Ms.B préserve seulement la fin du mot : -wm. On propose les consonnes t et h en début du mot, ce qui donne tᵉhôm « abîme ».
28a Écoutez (S) Variante syriaque Codex ambrosien : « Écoute ».
2b fosse (héb. 2a) Ou : « destruction » Le terme šaḥat a les deux sens. À Qumrân le terme šaḥat est associé à la corruption.
9b la délivrance Sens exceptionnel G : ruseôs ; hapax dans toute la langue grecque (sauf une occurrence dans une inscription trouvée sur l’île de Kos) au sens de « délivrance » (du verbe ruomai « délivrer »). Le sens habituel du substantif rusis est « écoulement ».
10c refuse tout secours Terme rare G : aboêthêsias « manque de secours », deux occurrences dans la langue grecque : ici et chez → 4,3 (PL 93,752). Fr. Lam.
12 louanges (héb. 12b) Terme rare ms.B : htšbḥwt. Le terme tišbaḥôt n’est pas biblique, mais se trouve à Qumrân (→1QM 4,8) et dans le Rituel de prières (avant la récitation du Šᵉma‘ le matin).
5b.6a lèvres méchantes + langue trompeuse — (héb. 5cd) Génitifs de qualité Litt. « lèvres de méchanceté » et « langue de tromperie » (états construits).
8cd : Il (héb.) w explicatif ms.B : wyg’lm, rendu par nos deux points ( : ).
12 (héb. a-o) Psaume authentique ? Quoi qu’il en soit de son origine incertaine (Critique textuelle), ce psaume, à la place que lui confère le manuscrit, pourrait constituer la louange que Ben Sira avait annoncée au v.12cd : il y a pleinement son sens, rejoignant la structure traditionnelle de l’action de grâces qui finit par l’action de grâces proprement dite. Genres littéraires Si 51,1–12-héb ; Genres littéraires Si 51,8–12-héb
2–5 (G) Anaphore G : ek / apo, caractéristique du rythme oratoire.
2a .2f Chiasme G : boêthos egenou… egenou boêthos.
2b.12a destruction (G) Inclusion.
6bc Mon âme + ma vie — Chiasme.
1a Roi : G V S | héb. : Ø
1ab rendre grâces et louer : G V S | héb. : louer et rendre grâces L’ordre des deux premiers stiques est renversé.
2e–3b Et face à ceux qui étaient .... et de ton nom — G V | héb. G (v.2e-3b) et V (v.3d-4a) étendent sur trois stiques le distique de l’héb. (v.3ab) et ajoutent « de ton nom ».
8–12 Cadre énonciatif À partir du v.8, l'héb. et S désignent le Seigneur à la 3e pers. du sg., tandis que G et V, conservant le système d’énonciation précédent, continuent de lui adresser le discours à la 2e pers., sauf aux v.10a et v.12d.
11c G V | héb. S (11cd) — Versification G et V réduisent à un stique le distique de l'héb. et de S, en retenant le mot du début du premier stique et celui de la fin du second.
13a mes errances (G) Moralement et spatialement G : planêthênai me. En s’inspirant probablement des voyages de Ben Sira, G emploie le verbe planaômai, qui évoque à la fois la pérégrination spatiale et l’errance morale. Ceci élargit l’idée : il conçoit les voyages comme des expériences morales (cf. Si 39,4).
18a mettre en pratique : G V | S : faire le bien | héb. : prendre plaisir G et V insistent sur la mise en pratique, aussi bien de la sagesse (v.17b) que de la Loi (v.19b).
20d ne serai-je pas abandonné : G V | S : je ne l’abandonnerai pas G et V soulignent l’idée de la récompense des efforts, alors que S prolonge le développement autour de l’idée de persévérance depuis le début jusqu’à la fin.
22a m'a donné pour salaire une langue : G V | S : a donné à ma langue une récompense Dans G et V la langue est le salaire ; en S la langue a une récompense.
1s.6 (héb.) Inclusions qui soulignent le péril mortel encouru : « ma vie » (héb. 1a.6b), « mon âme » (héb. 1b.6a), « la mort » (héb. 1b.6a »), « shéol » (héb. 2b.6b).
11c fut entendue (G V) Passif théologique Cf. ms.B et S : « YYY/le Seigneur entendit ».
12 (héb. 12o) Citation littérale de Ps 148,14. Grammaire Si 51,12 (héb. 12o)
16a j’ai accueilli : G | V : je l'ai accueillie V : excepi illam supplée le complément : illam = sapientiam « la sagesse ». Procédés littéraires Si 51,16a
4–5a feu + enfer — (V-6-7a) Le feu de l'enfer Le NT présente le lieu destiné aux personnes coupables d’injustice comme la géhenne « dans le feu qui ne s’éteint pas » (Mc 9,43) où « seront les pleurs et les grincements de dents » (Mt 13,42 ; cf. Mt 25,30.41). L’Apocalypse représente de façon expressive dans un « étang de feu » ceux qui se soustraient au livre de la vie, allant ainsi à la rencontre de la « seconde mort » (Ap 20,13-14). Tradition chrétienne Si 51,6c ; Arts visuels Si 51,3–6
3–6 Imagerie traditionnelle des peines dans l’au-delà Des expressions comme « ceux qui rugissent prêts à dévorer » (V-4b), « mains de ceux qui cherchent mon âme » (V-5a), « portes de la tribulation » (V-5b), « suffocation d’un feu tout autour » (V-6a) trouveront des échos dans la représentation traditionnelle de l’enfer. Intertextualité biblique Si 51,4–5a ; Tradition chrétienne Si 51,6c
17a Un progrès m’est advenu Croissance de la sagesse Si 24,13-14.
10a le Seigneur, père de mon seigneur Polémique christologique Guillaume de Bourges, un juif converti au christianisme, dans un ouvrage daté d’environ 1235, mène une polémique anti-juive en prenant à témoin les Écritures, dont deux versets de Ben Sira (en latin), compris dans une lumière christologique :
12 car pour toujours est son amour (héb. 12a-n) Refrain Répétition de kî caractéristique du style hymnique.
18a prendre plaisir avec elle (héb.) Écho de Pr ? Selon Pr 8,30-31, la Sagesse jouait (même verbe śḥq), se plaisait avec Dieu comme avec les hommes.
12 rocher d’Isaac (héb. 12k) Innovation à partir d'un motif connu Le titre « rocher d’Isaac » n’est pas biblique mais le titre divin de Rocher est bien usité : Dt 32,4.15.18.30-31 ; Ps 18,3 ; Is 30,29 ; etc.
12 Rendez grâce à YYY car il est bon (héb. 12a) Citation Ce premier verset est une citation littérale de l’ouverture des Ps 106-107 ; 118 ; 136.
3a tu m’as libéré Soulignement du verbe « libérer » par accumulation des compléments d'objet Le verbe commande les neuf stiques qui suivent : immense fut la libération !
7 G V heb. | S : Simplification G, V et l'héb. mentionnent dans chaque stique l’absence de secours, tandis que S ne le fait qu’au v.7b.
14a sanctuaire (G) Thème du Temple
La version grecque du v.14a situe la prière de Ben Sira face au Temple (naos). Dans le livre de Ben Sira, ce serait la seule mention du Temple ou sanctuaire où aurait prié Ben Sira.
Le Temple est encore mentionné :
4b qui ne fut pas allumé (héb. 5a) Motif du feu inextinguible Le sens de l’expression (Procédés littéraires Si 51,4b) — non sa référence — rejoint celui d’expressions plus usuelles dans la Bible :
20c l’intelligence (G V) Échos de l'anthropologie sémitique G : kardian et V : cor, litt. « le cœur ». En héb., le cœur (lēb) est le siège de la sagesse, du discernement, de l’intelligence. « Acquérir le cœur », c’est acquérir l’intelligence (de la sagesse). Ce sémitisme et cette anthropologie sémitique se retrouvent dans la version syriaque mais aussi dans les versions non sémitiques, grecque et latine.
12 corne (héb. 12h, o) Métaphore de la vigueur. Intertextualité biblique Si 51,12 (héb. 12h, o)
2b destruction : G V S | héb. : fosse La polysémie du terme hébreu šaḥat (Vocabulaire Si 51,2b) est supprimée dans G : apôleias ; V : perditione ; S : ḥbl’ « destruction ».
11b chanterai : G | V : le glorifierai | héb. S : me souviendrai de toi
2cd.5b–6a de la calomnie de la langue + de mensonge + de mensonge + de la calomnie d’une langue — (G) Échos en chiasme v.2cd : diabolês glôssês… pseudos ; v.5b-6a : pseudous… diabolê glôssês. Critique textuelle Si 51,6a
15a De sa fleur, comme d’une grappe de raisins qui mûrit Distique difficilement compréhensible.
19d et j’ai remarqué (G) Conjecture ? G : epenoêsa ; la conjecture epenthêsa « j’ai déploré » se trouve dans le Codex Venetus (8e s.) et ms. 248 (cf. V : conluctata est).
2e présents (G) Nuance adversative ? Peut-être avec une nuance d’opposition, comme en héb.
18–22 (héb. reconstitution)
3b perdition (S) Polysémie S : ’bdn’ (racine « perdre »), également un autre nom du Shéol.
10c de catastrophe et de cataclysme (héb. 10d) Allitération ms.B : šw’h wmšw’h (šô’â ûmᵉšō’â). Intertextualité biblique Si 51,10c
10a Mon père, c’est toi (héb.) Expression davidique Dans Ps 89,27 déjà, Dieu place l’expression sur les lèvres du jeune David. La royauté faisait de lui le fils du Seigneur à un titre particulier (2S 7,14 ; Ps 2,7). L’invocation au Dieu-Père d’un simple individu au v.10 marque une évolution spirituelle. Le passage souligne l’intimité de la relation entre Dieu et l’orant : Références en marge Si 51,10a ; Critique textuelle Si 51,1ab ; Théologie Si 51,1b.10a.
12 Çadoq (héb. 12i) Prosopographie Le prêtre désigné par Salomon après la destitution d’Ébyatar (1R 2,27-35).
1–12 Anthropologie Les mentions « ma vie », « mon âme », « ma chair », « mon pied » n’impliquent pas une anthropologie dualiste. C’est la personne même de Ben Sira qui est sauvée de la mort, comme l’atteste le pronom personnel 1e pers. sg. (les expressions « tu m’as libéré », « tu m’as protégé », « tu m’as sauvé »). Au v.6 « mon âme » et « ma vie » sont parallèles.
12 corne (héb. 12h, o) Symbole de vigueur (Procédés littéraires Si 51,12 [héb. 12h, o]) Ben Sira invite à louer Celui qui « fait pousser » ou « élève » la corne, c’est-à-dire la vigueur, qu'elle soit celle de la maison de David (héb. 12h) ou du peuple (héb. 12o). Dieu en assure la pérennité. Au temps passé, il a fait pousser la corne de David en lui assurant une lignée, mais même au temps de Ben Sira où le trône a échappé à la lignée davidique, Dieu est celui qui par principe vivifie cette « vigueur ». L’expression « celui qui fait pousser la corne de la maison de David » (héb. 12h) est directement inspirée du Ps 132,17 « là je ferai pousser la corne de David » (cf. Ez 29,21). Cf. « faire lever (rûm) la corne » dans 1S 2,10 ; Ps 148,14.
12–20 Lectionnaire quotidien romain : la joie dans la sagesse
20c commencement Ou « principe » pour G : archês et S : ršyt’.
19d pour les siècles des siècles (S-20d) Expression figée
1–12 Action de grâces au terme d'une terrible épreuve
Ben Sira rend grâces au Seigneur qui, d’une véritable descente aux enfers, l’a fait remonter à la vie. Une calomnie l’avait mis en péril (v.1-7 décrivent les dangers dont le Seigneur l’a délivré ; v.8-12 rendent grâces au Seigneur sauveur). Il montre que son enseignement de Si 2 est fondé sur sa propre expérience, autant que sur celle des aïeux, tels Josué (Si 46,5), Samuel (Si 46,16-18) et autres.
Les coupes observées dans les versions ne sont pas identiques.
La numérotation des versets en hébreu, grec et latin est différente. La version syriaque suit la numérotation du grec.
Particulièrement claire en hébreu, la structure littéraire reste ferme dans les versions aussi :
1–12 Le texte héb. du ms.B est bien transmis, hormis quelques détails. Propositions de lecture Si 51,1–12
1ab Dieu de mon salut + mon Dieu, mon père — (héb. 50,28cd) Vocalisation ?
2b mon pied (héb.) Vocalisation ? raglî « mon pied » ou raglay « mes pieds ». Le texte consonantique permet les deux lectures. Probablement raglî (assonance avec la fin des deux versets précédents : ’ābî, napšî).
2cd (héb.) Glose Ms.B propose en fait trois stiques : « Tu m’as libéré de la calomnie du peuple, / du fouet de la calomnie de la langue / et de la lèvre des fauteurs de mensonge ». Les tristiques sont toujours problématiques chez Ben Sira. L’expression « de la calomnie du peuple », empruntée peut-être à Ez 36,3, est vraisemblablement une glose. Nous l'omettons dans la traduction.
1ab (héb. 50,28cd) Parallélisme ? Lire « Mon Dieu, mon salut… mon Dieu, mon père » ou « Dieu de mon salut… Dieu de mon père » (Critique textuelle Si 51,1ab) soulignerait un parallélisme de structure entre les deux stiques. Néanmoins,
1ac Je te rendrai grâces + Je rends grâces — Anaphore G : exomologêsomai... exomologoumai, caractéristique du rythme oratoire et de l’amplification propres à une prière d’action de grâces.
2a Très-Haut (S) Propre à S Cf. S-10a « mon père d’en haut ».
2d fauteurs de mensonge (héb.) ms.B : śṭy kzb. L’expression śāṭé kāzāb « fauteurs de mensonge » est un hapax dans la Bible hébraïque (Ps 40,5). Cf. héb. 5c : « plâtriers de mensonge ».
1–12 (heb.) Action de grâces individuelle — inversée En commençant par l’action de grâces adressée à Dieu proprement dite, la structure normale de ce genre littéraire (connue surtout par Ps 116 ; 118 ; Is 38,10-20) est inversée. Généralement elle se présente ainsi :
Ben Sira en bouleverse le cadre énonciatif et l'ordre :
L’auteur s’adresse d'emblée au Seigneur pour le remercier de l'avoir libéré.
Ben Sira ne s’adresse pas au Seigneur mais plutôt à des tiers, quitte à citer sa prière dans la détresse. En inversant les sections « tu » et « il » (Propositions de lecture Si 51,1–12), Ben Sira opère un choix : non plus une liturgie, mais une action de grâces privée.
Le Ps de louange qui suit, quelle que soit l’hypothèse rédactionnelle retenue, rejoint la 2e partie de la structure traditionnelle (cf. Ps 118,29).
2a G V | héb. G et V sont plus courtes que l’héb. :
1–12 Scenario du juste en détresse Bien des citations ou des références à l’Écriture renvoient à des situations de détresse critique et exemplaire : Job, le psalmiste en péril (Ps 25 et autres psaumes de détresse), Jérémie persécuté, Jonas dans le ventre du grand poisson, Sophonie devant le Jour de YHWH, etc. Références en marge
1bc mon Dieu, mon père. Je veux raconter ton nom (héb. 50,28d-51,1a) Prière du patriarche Joseph
1b.10a mon Dieu, mon père + Mon père, c’est toi — (héb. 50,28d ; 51,10a) Innovation théologique : Dieu, Père des personnes individuelles ? Une lecture ’Ĕlōhay, ’ābî « mon Dieu, mon père » (ms.B : ’lhy ’by) dans héb. 50,28d (Critique textuelle Si 51,1ab) permet de voir ici l’idée de Dieu comme père non plus seulement du roi (cf. 2S 7,14) ni du peuple mais de la personne privée ; cf. héb. 51,10a « Et j’ai exalté YYY : Mon père, c’est toi » ; Si 4,10 (surtout héb.) ; Si 23,1.4. Intertextualité biblique Si 51,10a
4a […] (héb. 4b) Conjecture Un mot de quelques lettres manque dans le manuscrit, déchiré. Il pourrait s’agir du terme sabîb, « tout autour ». Cf. G, V et S, et Lm 2,3.
5a […] (héb. 5b) Conjectures Le manuscrit, altéré, propose les trois premiers lettres d’un mot inachevé, l’m. Propositions :
4b qui ne fut pas allumé (héb. 5a) Désignation métonymique du résultat par le processus ? Litt. « qui ne fut pas soufflé » (lᵉ’én pūḥâ) ; cf. Jb 20,26 ; Sg 17,6 ; →Sem. 47b. On souffle sur un feu pour le faire démarrer. L’expression signifie « un feu qui ne fut pas allumé » par l’homme, un feu immaîtrisable, terrible, peut-être la foudre. Intertextualité biblique Si 51,4b ; Tradition juive Si 51,4b
3e nombreuses : G | V : des portes Plutôt que pleionôn (« nombreuses »), V a dû lire pulônôn (« des portes » de l’adversité ; gén. pl. de pulôn « porte », « portail »).
4b je n’ai pas brûlé : G | V : je n’ai pas été consumé | héb. : qui ne fut pas allumé Alors que G et V soulignent la façon dont l’énonciateur a surmonté le mal qui l’affligeait, l'héb. souligne le caractère terrible et immaîtrisable du feu.
3c de ceux qui rugissent prêts à dévorer (V-4b) Topos V : a rugientibus praeparatis (/paratis) ad escam ; expression reprise fréquemment pour évoquer les menaces, avec ou sans l’idée de délivrance.
6a auprès du roi, de la calomnie Conjecture ? Ainsi les mss. grecs : basilei diabolê (cf. V : a rege iniquo). Ziegler lit kai bolidos « et d'une flèche », conjecture d’après l’héb.
7b Je cherchais du regard mon secours et il n’y en avait pas (V 10b) Citations
10c au temps où l’arrogance refuse tout secours Variante grecque G : en kairôᵢ huperêphaniôn/huperêphanôn aboêthêsias , litt. « à un moment d’arrogances (huperêphaniôn) de non-assistance » ou « à un moment de non-assistance des arrogants (huperêphanôn) ».
10ab J’ai supplié + de ne pas m’abandonner — (G) Construction classique G : epekalesamên... mê me egkatalipein ; le verbe epikaleomai + un infinitif a le sens de « supplier… de... » dans toute la littérature grecque classique, biblique (koinè) et patristique ; cf. 2M 3,15. L’infinitif qui suit n’est donc pas à comprendre comme un ordre (« ne m’abandonne pas »).
9a ma supplication : G | V : ma demeure En raison de iotacisme, le latin a compris « J’exalterai sur terre ma demeure » (le grec oiketia pour iketeia).
10 Cadre énonciatif
8d Il les rédime (héb.) La racine g’l ms.B : wyg’lm ; pour le Dieu-gō’ēl, voir Jb 19,25 ; pour le gō’ēl, Nb 35,12-27.
10c au jour de catastrophe et de cataclysme (héb. 10d) Citation ms.B : bywm šw’h wmšw’h ; cf. M-So 1,15 yôm šô’â ûmᵉšō’â ; M-Jb 30,3 ; 38,27 šô’â ûmᵉšō’â. Procédés littéraires Si 51,10c
8c car tu délivreras ceux qui t’espèrent (V-12a) Citation
6c ma vie était toute proche de l’enfer, en bas (V-9) Épreuves endurées par l’auteur comme allusion aux peines de l’enfer
12 (héb. 12a-o) Plus héb. Ms.B insère ici un psaume de louange de quinze versets.
12 (héb. 12a-o) Psaume authentique ? Quoi qu’il en soit de son origine incertaine (Critique textuelle Si 51,12), ce psaume, à la place que lui confère le manuscrit, pourrait constituer la louange que Ben Sira avait annoncée au v.12cd : il y a pleinement son sens, rejoignant la structure traditionnelle de l’action de grâces qui finit par l’action de grâces proprement dite (Genres littéraires Si 51,1–12). Son attribution à Ben Sira est discutée. Sa facture et nombre de ses expressions sont empruntés aux Psaumes : Intertextualité biblique Si 51,12.
12 car (héb. 12a-n) Explication ou exclamation ? Selon l’interprétation donnée à la conjonction kî,
12 gloire à tous ses fidèles (héb. 12o) Apposition ou objet direct ? ms.B : thlh lkl ḥsydyw. Autre traduction possible : « la gloire de tous ses fidèles », comme 2e complément du verbe « il élève » (et non comme apposition du substantif « corne »). Intertextualité biblique Si 51,12 (héb. 12o)
12 (héb. 12a-o) Centon des Ps 132 et Ps 136
12 (héb. 12c-i et m) Parallélisme étendu Construction parallèle dans 8 versets : préposition l- + une participe (celui qui garde, qui façonne, qui rachète, qui rassemble, qui bâtit, qui fait pousser, qui choisit [2x]).
12 roi des rois des rois (héb. 12n) Titre divin Dans la Bible, Dieu est « roi » (Si 50,15 ; Ps 98,6 ; 145,1), « roi de gloire » (Ps 24,7-10) et « grand roi » (Ps 47,3). Selon Dt 10,17, Dieu est « le Dieu des dieux, le Seigneur des seigneurs » (’ĕlōhé hā’ĕlōhîm wa’ădoné hā’ădōnîm). Nabuchodonosor II est déclaré « roi des rois » (Ez 26,7). Tradition juive Si 51,12 (héb. 12n)
12 fils de Çadoq (héb. i) À Qumrân Expression proche d’expressions qumrâniennes, ce qui, selon certains, conforterait l’hypothèse d’une origine qumrânienne de cette pièce. Les « fils de Çadoq » apparaissent en →CD-A 3,21-4,3, citant Ézéchiel.
12 (héb. 12a-o) Les Dix-huit bénédictions Le psaume héb. est proche du rituel juif, en particulier de la prière des Dix-huit bénédictions (Šᵉmōnê ‘eśré) ou ‘ămîdâ, dont la mise en forme remonterait, selon le Talmud de Babylone (→b. Meg. 17b ; →b. Ber. 28b), à la fin du 1er s. (à la demande de Gamaliel). Les finales (eulogies) des bénédictions sont proches de plusieurs versets du psaume, sans que l’on puisse déterminer l’origine de cette proximité. Ainsi :
12 gardien d’Israël + créateur de tout — (héb. 12c-d) La liturgie du Šema‘
12 roi des rois des rois (héb. 12n) Superlatif sémitique Le titre divin « roi des rois des rois » n’est pas biblique (Intertextualité biblique Si 51,12 [héb. 12n]) mais se retrouve dans →m. ’Abot 3,1 ; 4,22 et dans la liturgie juive (office de Mussaf pour la fête de Rosh Hashana). La formule doublée ou triplée est une forme de superlatif sémitique.
13–30 Confession et exhortation
En première partie, l'auteur raconte sa propre recherche de la sagesse. Son propos peut être scindé en deux sections :
Cette seconde partie invite les « gens sans instruction », ceux qui n’ont pas encore suivi cet itinéraire de sagesse, à suivre son exemple et son enseignement.
Considéré souvent comme un appendice, ce poème faisant l’éloge de la quête de la sagesse est bien dans la manière de Ben Sira.
L'auteur accumule ici des indices autobiographiques (Milieux de vie Si 51,13–30), exceptionnels dans la Bible.
13–30 Présentation générale Du point de vue de la critique textuelle, ce poème final se présente différemment du reste du livre : aucun des manuscrits n’est totalement fiable.
La version grecque, le meilleur témoin, présente plusieurs difficultés : v.15a est difficile à interpréter ; v.26c ne donne qu’un stique ; v.28a semble contredire v.25b (cf. Grammaire Si 51,28a, où la contradiction est levée).
La Vulgate suit le grec. La plupart et les meilleurs manuscrits latins ne s’achèvent pas sur Si 51 mais sur Si 52,1-13, qui reprend la prière de Salomon de 1R 8,22-31 ; 2Ch 6,12-22. V-Si 52 n’est cependant pas le texte de ces deux passages en V mais retraduit le grec.
Les témoins de l’hébreu sont problématiques :
À partir de toutes les versions il est possible de reconstituer le texte héb. original, en respectant le caractère alphabétique du poème (Genres littéraires Si 51,13–30). Néanmoins, en plusieurs versets cette reconstitution demeure conjecturale. La première partie (v.13-17 : Propositions de lecture Si 51,13–30) correspond à 11Q5 (11QPsa), en complétant le v.13b avec « (je l’ai demandée) et j’ai beaucoup prié » (Critique textuelle Si 51,13b).
La version syriaque est une traduction assez libre de l’héb. : elle ne suit pas le caractère alphabétique du poème, saute les v.14-15ab (Comparaison des versions Si 51,13–17) et modifie des pronoms.
13b je l’ai demandée (héb.) Conjecture Le stique est manifestement trop court. Proposition de lire « je l’ai demandée et j’ai beaucoup prié ».
17a elle ne cessait de croître : 11Q5 | ms.B : son joug était
17b sa gloire (héb.) Le possessif écrit avec un yod 11Q5 : hwdy ; lire hôdô (« sa gloire ») et non hôdî (« ma gloire »). 11Q5 écrit le yod le plus souvent comme un waw. Ce phénomène apparaît bien plus dans ce ms. que dans les autres mss. hébreux de Ben Sira.
13a m’égarer (héb.) Moralement 11Q5 : t‘yty ; le verbe tā‘â signifie l’errance morale et non pas spatiale. Ni dans ce poème ni ailleurs dans le livre l’auteur n’a signalé une telle errance morale. Malgré les voyages qu’il signale, les siens (Si 34,12) ou ceux du scribe en général (Si 39,4), il semble quand même préférable de ne pas opter pour une errance spatiale.
16a j’ai accueilli (G) Élision Pas de complément : probablement la sagesse, ou l'instruction mentionnée au 2e stique. L’absence de complément, que l’on rencontre dans d’autres textes bibliques, élargit le sens du verbe : « j’ai été enrichi ». Comparaison des versions Si 51,16a
13–30 Poème alphabétique Le livre se conclut, comme le livre des Proverbes, par un poème alphabétique, c'est-à-dire un poème dont la première lettre de chaque verset (ou strophe selon le cas) suit l’ordre de l’alphabet. Ce procédé poétique est considéré comme recherché. On trouve d’autres poèmes alphabétiques en Ps 9-10 ; 25 ; 34 ; 37 ; 111-112 ; 119 ; 145 ; Pr 31,10-31 ; Lm 1-4 ; Na 1,2-8. Ici,
Le caractère alphabétique du poème avait déjà été détecté sur la base de G et S, avant la découverte des mss. hébreux du Caire et de Qumrân.
13–30 Traits autobiographiques exceptionnels La pointe du poème est une invitation à se mettre à l’école du maître, ce qui n'est pas sans parallèles : Intertextualité biblique Si 51,23–28. Il est remarquable ici que pour justifier cette invitation, les deux premières strophes soient une auto-présentation de celui qui parle. Ben Sira parle souvent de lui-même dans son livre :
Aucun sage de la Bible avant lui n’avait agi de la sorte.
13–17 Abrègement dans ms.B et S La 1e partie de la confession (Propositions de lecture Si 51,13–30) est réduite d’un tiers dans ms.B et S :
13b la sagesse dans ma prière : G V | héb. S : Ø — Explicitations dans G et V
15c mon Seigneur (S-15a) Ou « Seigneur » La mention de Dieu au vocatif dans S est absente de G, V et 11Q5. Elle est toutefois reprise par le ms.B (’dny).
13–30 et 11Q5 : Une composition énigmatique On s’interroge sur la fonction que pouvait remplir le florilège d’extraits de psaumes et de ce poème alphabétique découvert à Qumrân.
13–30 Deux œuvres appelées l’Alphabet de Ben Sira La première œuvre appelée Alphabet de Ben Sira est un opuscule qui se compose d’une liste de 22 sentences en araméen, rangées selon l’ordre alphabétique et agrémentées d’un commentaire en hébreu. Listes de sentences (au plus tôt fin de la période des amoraïm ou même la période des gaonim) et commentaire (11e s. ?) ne relèvent pas de la même composition. Il ne semble pas que l’origine de l’opuscule soit liée au poème alphabétique qui clôt le livre de Ben Sira. Il n’est même pas certain que les auteurs de ce pseudépigraphe aient lu l’œuvre de Ben Sira, même si l’on peut trouver une communauté d’esprit entre le livre et la liste. En revanche, cet Alphabet de Ben Sira atteste que la tradition juive attribuait à Ben Sira une série de sentences qui lui étaient plus ou moins étrangères, comme le montre également le Talmud de Babylone (→b. Sanh. 100b). Le commentateur de la liste alphabétique des sentences attribue à Ben Sira la paternité de cinq livres, dont la →Pesiq. Rab.
Le second Alphabet de Ben Sira (liste alphabétique de 22 sentences en hébreu et commentaire), postérieur au premier, rapporte une série de légendes relatives à Jésus Ben Sira, dont le récit de la naissance virginale, dans une sorte de parodie de la naissance d’un autre Jésus, de Nazareth.
17b À qui m’enseigne (héb.) Singulier ou pluriel ? 11Q5 : mlmdy ; l’absence de vocalisation permet de comprendre un singulier (visant Dieu lui-même) ou un pluriel (« à ceux qui m’enseignent »).
14a Elle est venue (héb.) Particularité héb. C’est la seule version à mentionner la venue de la sagesse.
18a prendre plaisir (héb.) Interprétation de la racine 11Q5 : w’śḥqh ou w’šḥqh.
19c persévérais/purifiai (héb.) Conjectures 11Q5 : ṭrty ; hypothèses en présence :
19d en ses hauteurs (héb.) Lacune et hypothèses 11Q5 : brwmyh.
20b ses secrets (héb.) Lecture ? Dans 11Q5 ne sont lisibles que les lettres ‘rmyh, le ‘ et le h étant en plus hypothétiques. Peut-être peut-on supposer ma‘ărūmméhā (« ses secrets ») ? (Cf. ‘ārôm « nu », ‘ārûm « rusé », « subtil ».)
21b ai-je acquis une bonne acquisition Accusatif d'objet interne G : ektêsamên agathon ktêma (cf. V : possidebo bonam possessionem), rendant l’héb. (ms.B : qnytyh qnyn ṭwb) à la suite de S (qnyth qnyn’ ṭb’), pour insister.
20c le commencement Ambiguïté : le commencement de qui ou de quoi ? L'absence d'un possessif (« le commencement ») laisse ouvertes deux lectures. Il acquit la sagesse :
19ss (S-20-21) Allusion à Dieu S parle de « lui » et « le », c’est-à-dire de Dieu. Le phénomène est-il lié à l’introduction de « mon Seigneur » au v.15 ? S est la seule à le faire, et ms.B ne l’a pas suivie.
19cd G V | héb. Le caractère alphabétique du poème en 11Q5 indique que G et V ont interverti les deux stiques.
24a Pourquoi en manquez-vous encore (G) Variante grecque G : ti eti hustereite en toutois. Leçon préférable à ti hoti hustereisthai legete en toutois « pourquoi dites-vous que vous en manquez ? » (cf. V : quid adhuc retardatis et quid dicitis in his « Pourquoi tardez-vous encore et qu’en dites-vous » ; confusion entre dicitis et degitis).
23–30 (héb. reconstitution)
26c C’est tout près qu’on peut la trouver (G V) Lacune ? Verset d’un seul stique ; l’original devait en comprendre deux.
23b maison de l’instruction Sémitisme G : oikôᵢ paideias a respecté la construction périphrastique de l’hébreu (bét midraš ou, plus sûrement, bét mûsar : Vocabulaire Si 51,23b.
23 gens sans instruction + de l’instruction — Figure de dérivation G : apaideutoi... paideias : répétition de la même racine (seulement en G).
25b la sagesse : S | G V : Ø Curieusement G et V ne précisent pas l’objet de l’acquisition, mais ils ont déjà mentionné la sagesse avant (v.13b.17b et V-22b). Comparaison des versions Si 51,13b
23–28 Invitations de/à la Sagesse Deux poèmes peuvent être rapprochés de celui-ci : Pr 8,4-36 et surtout Si 24,3-22 font parler la Sagesse qui, pour inviter ses auditeurs à se mettre à son écoute, se présente elle-même.
26a joug
Alors que l’AT (surtout les prophètes) présente le plus souvent le joug comme un signe négatif d’asservissement dont le Seigneur délivre (Is 10,27 ; 58,6 ; Jr 27,2 ; 28,14 ; 30,8 ; Os 10,11 ; Na 1,13), Ben Sira présente le joug de la sagesse du Seigneur comme positif (cf. Si 6,30 ; déjà So 3,9 « servir sous un même joug »).
En Mt 11,29 (« Chargez-vous de mon joug et mettez-vous à mon école »), Jésus se présente en maître de sagesse. En Ac 15,10, le joug de la Loi (expression rabbinique) est présenté comme trop lourd.
23b la maison de l’instruction Interprétation ecclésiologique
26a Mettez votre cou sous le joug
29a conversion (S) Vorlage héb. ? Ms.B a traduit par yšybty. Le mot yᵉšîbâ étant un terme rabbinique, l’original hébreu devait comporter un autre mot, peut-être tᵉšûbâ, en suivant S : tybwt’ ? Mais le poème ne signale pas de faute dont Ben Sira aurait à se repentir. Supposer yᵉšû‘â « salut », plus proche de la « miséricorde » de G et V : « mon salut » ou « son salut » (c.-à-d. le salut de Dieu) ?
30b Béni soit Dieu pour toujours et loué soit son nom de génération en génération (S-30cd) Supplément ? Ce v. n’appartient ni au poème alphabétique ni davantage à la souscription (cf. ms.B : Critique textuelle Si 51,30c).
30c Sagesse de Jésus fils de Sira Ajouts héb. La souscription héb. est ainsi développée :
30a à contretemps (S) Vorlage héb. ? S : dl’ b‘dnh, litt. « qui n’est pas en son temps ». Comment comprendre ? Ms.B a traduit bçdqh (biçᵉdāqâ) « dans la justice ». Il est le seul à ne pas mentionner l’idée du temps dans ce stique, par ailleurs parfaitement compréhensible sans changement. Faut-il s’aligner sur les versions ?
28a elle vaut beaucoup d’argent L'argent : moyen ou valeur ? G : en pollôᵢ arithmôᵢ arguriou. On peut comprendre :
30a Accomplissez votre œuvre Accusatif d’objet interne G : ergazesthe to ergon humôn ; V : operamini opus vestrum, litt. « œuvrez votre œuvre » ; comme en ms.B : m‘śykm ‘św ; S : ‘bdw ‘bdkwn.
27 peu peiné + bien du repos — Antithèse entre les deux stiques. Comparaison des versions Si 51,27b
30 Verset de clôture : composition savante Le verset précédent (Tav = v.29) clôt le poème alphabétique de 22 lettres (Critique textuelle Si 51,13–30).
30a avant le temps fixé G : pro kairou ; V : ante tempus.
L’expression est obscure. Faut-il comprendre « pour le temps fixé » ? ; ou que « le temps fixé » dont il s’agit soit celui de la mort ? (cf. Si 11,28 pro teleutês). Critique textuelle Si 51,30a
entre les deux stiques : « avant le temps fixé... en son temps ».
27b bien du repos : G V | S : beaucoup d'elle
30c Sira Orthographe du nom propre En héb. et S, le nom de Sira s’achève par la gutturale aleph (Sîra’). G l’a translittérée par la consonne khi (Sirach), et V lui a emboîté le pas (Sirach).