La Bible en ses Traditions

Cantique des cantiques 1,1–8,15

M
G S
V

Cantique des Cantiques

de Salomon.

ICI COMMENCE LE LIVRE

« CANTIQUE DES CANTIQUES » 

Qu’il me baise des baisers de sa bouche !

Car ton amour est meilleur que le vin

— Qu’il me baise d'un baiser de sa bouche 

(car meilleurs que vin sont tes seins 

tes parfums ont une odeur suave,

ton nom est une huile épandue,

c’est pourquoi les jeunes filles t’aiment.

fraglants d'essences excellentes

huile effusée, ton nom 

aussi les jeunes filles s'attachèrent-elles à toi :

3 Les jeunes filles 6,8

Entraîne-moi après toi ; courons !

Le roi m’a fait entrer dans ses appartements  ;

nous tressaillirons, nous nous réjouirons en toi :

nous célébrerons ton amour plus que le vin.

Qu’on a raison de t’aimer ! 

tire-moi après toi, courons !)

le roi m'a introduite en ses celliers !

(nous exulterons et nous réjouirons en toi :

se souvenant mieux de tes seins que du vin, les hommes droits s'attachent à toi)

Je suis noire mais belle, filles de Jérusalem

comme les tentes de Cédar, comme les pavillons de Salomon.

je suis noire mais aussi ravissante, filles de Jérusalem,

comme les tentes de Quédar, comme les peausseries de Salomon

Ne prenez pas garde à mon teint noir, c’est le soleil qui m’a brûlée

les fils de ma mère se sont irrités contre moi

ils m’ont mise à garder des vignes ; ma vigne, à moi, je ne l’ai pas gardée.

n'allez pas me dévisager : oui, je suis foncée, le soleil a changé ma couleur !

Les fils de ma mère me querellèrent

m'établirent gardienne dans des vignes, ma propre vigne je ne la gardai pas

Dis-moi, toi que mon âme aime, où tu mènes paître tes brebis, où tu à midi, les fais reposer

pour que je ne sois pas comme une égarée  autour des troupeaux de tes compagnons.

(indique-moi, toi à qui s'attache mon âme, où tu pais, où tu reposes à midi

que je ne commence pas à divaguer à travers les troupeaux de tes compagnons !)

Si tu ne le sais pas, ô  la plus belle des femmes,

sors  sur les traces de ton troupeau  et mène paître tes chevreaux près des tentes des bergers.

— Si tu l'ignores, toi, belle entre les femmes

sors ! et t'en vas sur les traces des troupeaux et pais tes chevreaux contre les tentes des pasteurs !

8 Traces : jalons, bornes Jr 31,21

À ma cavale, quand elle est attelée aux chars de Pharaon, je te compare, mon amie.

— À ma cavale dans les chars de Pharaon je t'assimilai, mon amie :

M V
G S

10 belles sont tes joues au milieu des colliers

Vcomme d'une tourterelle

et beau ton cou  au milieu des rangées de perles !

Vcomme des colliers ! 

10 

11 — Nous te ferons des colliers

Vde petites murènes d’or pointillés

Vvermiculées d’argent...

11 

M
G S
V

12 (Tant que le roi est dans ses salons

mon nard donne sa senteur

12 

12 (Durant que le roi était sur son divan, mon nard donna son odeur

13 Mon bien-aimé est pour moi un sachet de myrrhe, qui repose entre mes seins.

13 

13 fascicule de myrrhe mon préféré, à moi, entre mes seins il s'étendra

14 Mon bien-aimé est pour moi une grappe de cypre dans les vignes d’Engaddi...)

14 

14 grappe de cypre mon préféré, à moi, dans les vignes d'Engaddi...)

15 — Oui, tu es belle, mon amie ; oui, tu es belle ! Tes yeux sont des yeux de colombe !

15 

15 — Voici, que tu es belle, mon amie, que tu es belle : tes yeux de colombes !

16 Oui, tu es beau, mon bien-aimé ; oui, tu es charmant !

Notre lit est un lit de verdure.

16 

16  — Voici, que tu es beau, mon préféré, et élégant !

Notre lit est fleuri

M V
G S

17 les poutres de nos maisons sont des cèdres

Vde cèdre, nos lambris des

Vde cyprès

17 

2,1 moi je suis le narcisse de Saron, le

Vune fleur des champs et un lis des vallées...

2,2 — Telle le lis entre les épines, telle mon amie parmi les filles !

M
G S
V

2,3 — Comme un pommier au milieu des arbres de la forêt, tel est mon bien-aimé parmi les jeunes hommes.

À son ombre j'ai désiré m'asseoir et son fruit est doux à mon palais.

— Tel le pommier entre les arbres des forêts, tel mon préféré parmi les garçons 

(à son ombre, que j'avais désirée je m'assis et son fruit est doux à ma gorge 

3 Sous le pommier 8,5
M V
G S

2,4 il m'a fait entrer

Vm'introduisit dans son cellier à vin et  la bannière qu’il lève sur moi,

Vordonna en moi la charité) : 

M
G S
V

2,5 Soutenez-moi avec des gâteaux de raisin, fortifiez-moi avec des pommes,

car je suis malade d’amour !

fortifiez-moi de fleurs et m'entourez de pommes car je languis d'amour !

2,6 Que sa main gauche soutienne ma tête et que sa droite me tienne embrassée !

(De sa gauche sous ma tête et de sa droite il m'enlacera ...)

M V
G S

2,7 — Je vous adjure, filles de Jérusalem, par les gazelles

Vchevrettes et les biches

Vcerfs des champs

Vplaines

n’éveillez ni ne réveillez la bien-aimée,

Vfaites veiller la préférée avant

Vjusqu'à ce qu’elle

Velle-même le veuille !

7 Le sommeil de la bien-aimée 5,2 ; 8,5
M
G S
V

2,8 — Voix de mon bien-aimé !

Voici, il vient, bondissant sur les montagnes, sautant sur les collines.

— Voix de mon préféré !

Voici qu'il arrive, sautant dans les montagnes, traversant les collines :

2,9 Mon bien-aimé est semblable à la gazelle ou au faon des biches.

Le voici, il est derrière notre mur, regardant par la fenêtre, épiant par le treillis.

il ressemble au chevreuil ou au faon des cerfs, mon préféré !

Le voici lui-même, debout de l'autre côté de notre mur

il guette depuis les fenêtres, aux aguets à travers les treillis

M V
G S

2,10 Mon bien-aimé

Vet mon préféré a pris la parole, il m’a dit

Vme dit :

— Lève-toi,

V— Lève-toi, vite, mon amie, ma belle

Vjolie et viens !

10 

M
G S
V

2,11 Car déjà l’hiver est fini ; la pluie a cessé, elle a disparu.

11 

11 car déjà l'hiver a passé la pluie s'est éloignée et dissipée

2,12 Les fleurs ont paru sur la terre, le temps des chants est arrivé 

la voix de la tourterelle s’est fait entendre dans nos campagnes

12 

12 des fleurs sont apparues sur la terre le temps de l'élagage est venu

une voix de tourterelle s'entend sur notre terre

2,13 le figuier pousse ses fruits naissants, la vigne en fleur donne son parfum.

Lève-toi, mon amie, ma belle, et viens !

13 

13 le figuier pousse ses sycones les vignes sont en fleur, elles exhalent  leur senteur

lève-toi, mon amie, ma beauté et viens !

M V
G S

2,14 ma colombe dans la fente

Vles trous du rocher, dans l’abri des parois escarpées

Vla cavité de la muraille,

montre-moi ton visage,

fais-moi entendre ta voix

Vque résonne ta voix dans mes oreilles

Mcar ta voix est douceV, en effet, et Vpoli ton visage Mcharmant !

14 

2,15 — Attrapez-nous les renards, les Vtout-petits renards qui ravagent les vignes ! car nos vignes sont en fleur.

Vnotre vigne fleurit.

15 

2,16 — Mon bien-aimé

Vpréféré est à moi comme

Vet moi à lui qui paît parmi les lis

16 

16 Le printemps 6,11 ; 7,13-14 ; Qo 12,5 Le lis 2,1

2,17 (Avant que vienne la fraîcheur du jour et que les ombres fuient

reviens ! Sois semblable, mon bien-aimé

Vpréféré, à la gazelle

Vau chevreuil ou au faon des biches

Vcerfs sur les montagnes ravinées

Vde Béther).

17 

3,1 Sur ma couche

VDans mon petit lit, à longueur de nuit, je cherchai celui que mon cœur aime

Vpréfère mon âme

je le cherchai, sans le trouver ...

3,2  — Levons-nous, me suis-je dit,

VJe me lèverai parcourons la ville

Vet circulerai dans la cité 

par les rues et les places, cherchons

V je chercherai celui que mon cœur aime ;

Vpréfère mon âme ! 

Je le cherchai sans le trouver ...

3,3 Les gardes m’ont rencontrée, ceux

VCeux qui me trouvèrent, ce furent les vigiles qui font la ronde dans la ville

Vgardent la cité :

Avez-vous vu celui que mon cœur aime ?

VCelui que préfère mon âme, l'avez-vous vu ?

3,4 À peine les avais-je dépassés, je trouvai celui que mon cœur aime :

Vpréfère mon âme :

je le saisis et je ne le lâcherai pas que je l’aie introduit dans la maison de ma mère et dans la chambre de celle qui m’a donné le jour

Vmise au monde.

3,5 — Je vous adjure, filles de Jérusalem, par les gazelles

Vchevrettes et les biches

Vcerfs des champs :

n’éveillez

Vne réveillez pas, ne réveillez pas

V ni ne faites se lever  la bien-aimée avant qu’elle

Vpréférée, jusqu'à ce qu'elle-même le veuille !

3,6 — Quelle est celle-ci

V— Qui est celle qui monte du

Và travers le désert, comme une colonne de fumée

Vvirgule de fumée

exhalant la myrrhe et l’encens

Vd'aromates de myrrhe et d'encens, tous les aromates des marchands

V et de toute la poudre du parfumeur ?

6 “Qui est celle-ci ?” 6,10 ; 8,5

3,7 — Voici le palanquin

Vla litière de Salomon : soixante braves, autour de lui,

V l'entourent, d’entre les vaillants

Vplus vaillants d’Israël,

3,8 tous, armés de l’épée, exercés au combat,

Vglaives en main, rompus à la guerre,

chacun l'épée sur  la hanche pour écarter la crainte dans la nuit.

Vla cuisse en cas d'alarmes nocturnes. 

M
G S
V

3,9 Le roi Salomon s’est fait une litière des bois du Liban.

(C'est un palanquin en bois du Liban que s'est fait faire Salomon

9 Bois de cèdre 1,17

3,10 Il en a fait les colonnes d’argent, le dossier d’or, le siège de pourpre ;

son centre est brodé, œuvre d’amour des filles de Jérusalem.

10 

10 ses colonnes il les a faites argentées, sa couche dorée et son marchepied pourpre,

son intérieur il l'a tapissé de charité à cause des filles de Jérusalem !)

M V
G S

3,11 Sortez et voyez, filles de Sion : le roi Salomon

avec la couronne

Vcoiffé du diadème dont le couronna sa mère

le jour de ses épousailles,

Vfiançailles et le jour de la joie de son cœur.

11 

M
G S
V

4,1 — Oui, tu es belle, mon amie ; oui, tu es belle ! 

Tes yeux sont des yeux de colombes, derrière ton voile

tes cheveux sont comme un troupeau de chèvres, suspendues aux flancs de la montagne de Galaad.

— Comme tu es belle mon amie comme tu es belle !

tes yeux, de colombes, sans ce qui se cache au-dedans

tes cheveux comme des troupeaux de chèvres qui sont montées du mont Galaad

1 Eloge de la beauté de la bien-aimée 4,3 ; 6,7
M V
G S

4,2 tes dents Vsont comme un troupeau de brebis tondues qui remontent

Vsont montées du lavoir

Vbain :

toutes ont des jumeaux et nulle n'a perdu son petit

Vnulle d'entre elles stérile

M
G S
V

4,3 Tes lèvres sont comme un fil de pourpre et ta bouche est charmante.

Ta joue est comme une moitié de grenade, derrière ton voile.

comme ruban éclarlate, tes lèvres, et ta conversation est douce

comme fragment de grenade, ainsi tes joues, sans ce qui se cache au-dedans

4,4 Ton cou est comme la tour de David, bâtie pour servir d’arsenal.

Mille boucliers y sont suspendus, tous les boucliers des braves.

comme la tour de David, ton cou, édifiée avec ses remparts

mille boucliers y pendent (une armure de preux complète !)

M V
G S

4,5 tes deux seins Msont comme les deux faons jumeaux d'une gazelle

Vd'une chevrette qui paissent dans les lis ...

4,6 Avant

V(D'ici que vienne la fraîcheur du jour

Vsouffle le jour et que fuient

Vs'inclinent  les ombres

j’irai à la montagne de la myrrhe et à la colline de l’encens.V)

4,7 Tu es toute belle, mon amie, et nulle tache en toi !

M G V
S

4,8 Avec moi,

G VViens du Liban, fiancée

Vpromise,   avec moi du Liban !

Gviens du Liban ! Tu viendras et tu traverseras

Vviens ! du Liban viens : tu seras couronnée !

MRegarde du sommet

Vde la tête de l’Amana, du sommet

Vde la cîme du Senir

G VSanir et de l’Hermon,

des tanières des lions, des montagnes des léopards...

M V
G S

4,9 Tu m’as ravi

Vblessé le cœur, ma sœur, ma promise, tu m’as ravi

Vblessé le cœur

par un seul de tes regards

Vyeux, par une seule des perles

Vun seul cheveu de ton collier

Vcou.

….

M
G S
V

4,10 Que ton amour a de charme, ma sœur fiancée !

Combien ton amour est meilleur que le vin et l’odeur de tes parfums, que tous les aromates !

10 

10 Qu'elles sont belles, tes mamelles, ma sœur, promise,

plus beaux que le vin tes seins et l'odeur de tes parfums plus puissante que tous les aromates

4,11 Tes lèvres distillent le miel, ma fiancée, le miel et le lait sont sous ta langue

et l’odeur de tes vêtements est comme l’odeur du Liban.

11 

11 rayon distillant, tes lèvres, promise, miel et lait sous ta langue

et l'odeur de tes vêtements comme l'odeur de l'encens

11 Le parfum du Liban Os 14,7

4,12 C’est un jardin fermé que ma sœur fiancée, une source fermée, une fontaine scellée.

12 

12 jardin clos ma sœur, promise, jardin clos fontaine scellée 

12 Le jardin de la bien-aimée 6,2
M V
G S

4,13 tes pousses sont un bosquet

Vjets, un paradis de grenadiers avec Mles fruits les plus exquis

Vde fruitiers,

cypres avec nards

Vnard,

13 

4,14 nard et safran, cannelle

Vcanne aromatique et cinnamome

Vcannelle, avec tous arbres

Vl'ensemble des bois à encens

Vdu Liban,

myrrhe et aloès, avec tous les meilleurs baumiers.

Vparfums, 

14 … 

4,15 Fontaine

Vfontaine de jardins, puits d’eaux vives ruisseau qui coule du Liban.

Vqui coulent impétueusement depuis le Liban.

15 

15 L’eau jaillissante du puits Pr 5,15-16
M
G S
V

4,16 — Levez-vous aquilons. Venez autans ! Soufflez sur mon jardin et que ses baumiers exsudent ! Que mon bien-aimé entre dans son jardin et qu’il mange de ses beaux fruits !

16 

16 — Lève-toi aquilon, et viens auster : souffle sur mon jardin et qu'effluent ses aromates ! 

5,1 Je suis entré dans mon jardin, ma sœur fiancée,

j’ai cueilli ma myrrhe avec mon baume

j’ai mangé mon rayon avec mon miel, j’ai bu mon vin avec mon lait !

Mangez, amis, buvez, enivrez-vous, mes bien-aimés.

Vienne mon préféré dans son jardin et qu'il mange du fruit de ses arbres !

— Je vins en mon jardin, ma sœur, promise,

recueillis ma myrrhe avec mes aromates

mangeai un rayon avec mon miel, bus mon vin avec mon lait ... 

(Mangez, amis ! buvez et vous enivrez, mes très chers !)

M V
G S

5,2 — Je dors, mais mon cœur veille ...

C’est la voix

VVoix  de mon bien-aimé ! Il

Vpréféré qui  frappe :

— Ouvre-moi, ma sœur mon amie ma colombe, ma parfaite

Vmon immaculée ! 

car ma tête est couverte

Vpleine de rosée, les boucles de mes cheveux sont trempées des gouttes de la nuit !

Vdes nuits ! 

5,3 J’ai ôté

VJe me suis dépouillée de ma tunique : comment la remettre

Vremettrai-je ?

J’ai lavé mes

V me suis lavé les pieds : comment les salirai-je ?

5,4 (Mon bien-aimé a passé

Vpréféré tendit la main par le trou de la serrure

Vl'ouverture et  mes entrailles se sont émues sur lui

Vmon ventre trembla à sa touche.

M
G S
V

5,5 Je me suis levée pour ouvrir à mon bien-aimé

et de mes mains a dégoutté la myrrhe, de mes doigts la myrrhe exquise, sur la poignée du verrou.

je me levai pour ouvrir à mon préféré

mes mains dégouttèrent de myrrhe, j'avais les doigts pleins de myrrhe surfine

5,6 J’ouvre à mon bien-aimé ; mais mon bien-aimé avait disparu, il avait fui.

J’étais hors de moi quand il me parlait.

Je l’ai cherché et ne l’ai pas trouvé ; je l’ai appelé, il ne m’a pas répondu.

Les gardes m’ont rencontrée, ceux qui font la ronde dans la ville

ils m’ont frappée, ils m’ont meurtrie.

le verrou de la porte, je l'ouvris pour mon préféré... Las ! lui s’était dérobé et il était passé !

Mon âme se liquéfia quand il parla

je le cherchai sans le trouver, j'appelai et il ne me répondit pas ;

5,7 Ils m’ont enlevé mon manteau, ceux qui gardent la muraille.

ceux qui me trouvèrent ce furent les gardes qui circulent dans la cité :

ils me frappèrent, me blessèrent, m'enlevèrent  mon manteau, les gardes des remparts).

M V
G S

5,8 — Je vous adjure, filles de Jérusalem, si vous trouvez mon bien-aimé

Vpréféré, que lui direz-vous ? Que

Vde lui faire savoir que  je languis d’amour !

M
G S
V

5,9 — Qu’a donc ton bien-aimé de plus qu’un autre bien-aimé, ô la plus belle des femmes ?

Qu’a donc ton bien-aimé de plus qu’un autre bien-aimé, pour que tu nous conjures de la sorte ?

— Qu'est-il, ton préféré, d'autre qu'un préféré, ô la plus belle des femmes ?

Qu'est-il, ton préféré, d'autre qu'un préféré, qu'ainsi tu nous aies adjurées ?

M V
G S

5,10 — Mon bien-aimé est frais

Vpréféré ? d'un blanc  et vermeil, il se distingue entre dix

Vd'un rouge éclatants, se distingue entre mille :

10 

M
G S
V

5,11 Sa tête est de l’or pur

ses boucles de cheveux flexibles comme des palmes sont noires comme le corbeau.

11 ...

11 avec sa tête d'or fin,

ses cheveux tels les spathes des palmiers, noirs comme le corbeau,

5,12 Ses yeux sont comme des colombes au bord des ruisseaux

se baignant dans le lait, posées sur les rives. 

12 ...

12 ses yeux comme des colombes sur des ruisselets d'eau

lavées au lait, et séjournant près des fleuves les plus abondants,

M V
G S

5,13 ses joues Msont comme des parterres

Vde petits parterres de baumiers, des carrés de plantes odorantes

Vplantés par des parfumeurs 

ses lèvres Msont des lis, d’où découle la myrrhe la plus pure

V distillant une myrrhe supérieure

13 

5,14 ses mains sont des cylindres d'or 

Vd'or, faites au tour,  émaillés de pierres de Tharsis

Venrichies d’hyacinthes

son ventre Mest un chef-d’œuvre d’ivoire

Véburnéen couvert

Vrehaussé de saphirs

14 

5,15 ses jambes sont des

Vcuisses, colonnes d’albâtre, posées

Vmarmoréennes fondées sur des bases d’orM pur

il a l'aspect du

Vavec son allure de Liban, élégant comme le cèdre, 

Vélevé comme les cèdres, 

15 

M
G S
V

5,16 Son palais n’est que douceur et toute sa personne n’est que charme.

Tel est mon bien-aimé, tel est mon ami, filles de Jérusalem.

16 

16 sa gorge des plus suaves, bref, en tout désirable : 

tel est mon préféré, et c'est lui mon ami, filles de Jérusalem !

6,1 Où est allé ton bien-aimé, la plus belle des femmes ?

De quel côté ton bien-aimé s’est-il tourné, pour que nous le cherchions avec toi ?

— Où est parti ton préféré, ô la plus belle des femmes ?

où s'est-il dérobé ? qu'avec toi nous le cherchions ! 

6,2 — Mon bien-aimé est descendu dans son jardin, aux parterres de baumiers, pour se repaître dans les jardins et pour cueillir des lis.

— Mon préféré est descendu dans son jardin vers le parterre d'aromates paître dans les jardins et y cueillir des lis :

6,3 Je suis à mon bien-aimé, et mon bien-aimé est à moi ; il fait paître son troupeau parmi les lis.

moi je suis à mon préféré et mon  préféré est à moi, qui paît parmi les lis !

M V
G S

6,4 — Tu es belle, mon amie, comme Thirsa, charmante

Vsuave et élégante comme Jérusalem,

Mmais terrible comme des bataillons

Vun camp armé en ordre de bataille :

6,5 détourne tes yeux de moi car ils me troublent

Vparce qu'ils m'ont fait m'envoler  !

tes cheveux Msont comme un troupeau de chèvres suspendues aux flancs de la montagne de

V aperçues dévalant du Galaad

6,6 tes dents Msont comme un troupeau de brebis qui remontent du lavoir

Vsont remontées du bain : 

 toutes ont des jumeaux, nulle n'a perdu un petit

Vaucune d'entre elles stérile,

6,7 Telle une moitié

Vcomme écorce de grenade est ta joue 

Vtes joues, derrière ton voile

Vsans ce qui se cache en toi !

6,8 (Soixante sont les reines, quatre-vingts les concubines, quant aux jeunes filles

Vadolescentes, on n'en sait pas le nombre :

6,9 une seule est ma colombe ma parfaite

la seule de sa mère, radieuse pour

Vla préférée de celle qui l'enfanta !

(Les filles la virent et la proclamèrent bienheureuse

V« béatissime»

reines et concubines aussi la louangèrent :

6,10 Quelle est celle-ci qui

VQui est celle qui apparaît

Vavance comme l’aurore Và son lever

belle comme la lune, radieuse

Vélue comme le soleil, terrible comme des bataillons

Vune armée en ordre de bataille ?)

10 

10 “Qu’est-ce là?” 3,6 Beauté “guerrière” de la bien-aimée 4,4
M
G S
V

6,11 J’étais descendu au jardin des noyers pour voir les herbes de la vallée

pour voir si la vigne pousse, si les grenadiers sont en fleurs.

11 

11 — Je descendis au jardin des noyers pour voir les fruits du vallon,

pour inspecter : la vigne avait-elle fleuri ? et les grenadiers bourgeonné ? 

6,12 Je ne sais, mais mon amour m’a fait monter sur les chars de mon noble peuple.

12 

12 Je ne pus le savoir ! Mon âme me bouleversa à cause des quadriges d'Aminadab ...

7,1 Reviens, reviens, Sulamite !

Reviens, reviens, afin que nous te regardions.

Pourquoi regardez-vous la Sulamite, comme une danse de Machanaïm.

— Reviens, reviens, Sulamite !

reviens, reviens, que nous te regardions ! 

— Que verras-tu en la Sulamite, sinon des chœurs de campements ?

7,2 — Que tes pieds sont beaux dans tes sandales, fille de prince !

La courbure de tes reins est comme un collier, œuvre d’un artiste.

— Comme ils sont beaux les pas que tu fais en souliers, fille de prince !

La jointure de tes cuisses, comme des colliers faits de mains d'orfèvre

M V
G S

7,3 ton ombilic est une coupe arrondie

Vun cratère fait au tour où le vin aromatisé ne manque pas

Vjamais vide de boisson

ton ventre est

V comme un monceau de froment, entouré

V palissé de lis.

7,4 tes deux seins comme deux faons jumeaux d'une gazelle

Vchevrette

7,5 ton cou Mest comme une tour d’ivoire

tes yeux Msont comme les piscines d’Ésebon,

V qui sont près de la porte de cette ville populeuse

Vde la Fille-de-la-multitude

ton nez Mest comme la tour du Liban qui surveille le côté de 

V, face à Damas 

7,6 ta tête est posée sur toi comme

Vtelle le Carmel et la chevelure 

Vles cheveux de ta tête comme la

Vune pourpre  rouge ; un roi est enchaîné à ses boucles

Vde roi retenue par ses éclisses :

7,7 que tu es belle et que tu es charmante

Vélégante, mon amour

Vma si chérie, au milieu des délices,

M
G S
V

7,8 ta taille ressemble au palmier et tes seins à ses grappes.  

ton maintien ressemble au palmier, tes seins à ses grappes de dattes !

7,9 J’ai dit : — Je monterai au palmier, j’en saisirai les  régimes

que tes seins soient comme les grappes de la vigne, le parfum de ton souffle comme celui des pommes

J'ai dit : — Que je grimpe au palmier et en saisisse les fruits !

et tes seins seront comme des grappes de vigne et l'odeur de ta bouche comme celle des pommes !

M G
V
S

7,10 et que ton palais soit comme le bon vin qui coule aisément pour mon bien-aimé, qui glisse sur les

Gsatisfait mes lèvres de ceux qui sommeillent

Get dents.

10 ton palais comme le meilleur vin...

— ... digne d'être bu par mon préféré et grumé et mâché par sa bouche !

10 

M
G S
V

7,11 Je suis à mon bien-aimé et c'est vers moi qu'il porte ses désirs.

11 

11 (moi je suis à mon préféré et vers moi, son retournement)

M V
G S

7,12 Viens, mon bien-aimé

Vpréféré, sortons dans les champs, passons la nuit

Vla campagne, attardons-nous dans les villages !

12 

M
G S
V

7,13 De bonne heure levons-nous ! et allons aux vignobles, nous verrons si le cep bourgeonne

si le bouton s'ouvre, si les grenadiers fleurissent.

Là je t'offrirai mes amours.

13 

13 Au matin levons-nous ! aux vignes allons voir si la vigne a fleuri

si les fleurs donnent des fruits, si fleurissent les grenadiers :

là je te donnerai le sein ! 

7,14 Les mandragores donnent leur senteur

et à nos portes sont toutes sortes de fruits de choix

nouveaux comme anciens, mon chéri, je les réserve pour toi !

14 

14 Les mandragores ont répandu leur odeur en nos portes :

tous les fruits, nouveaux et anciens, mon préféré, je te les ai réservés !

8,1 Oh ! que ne m’es-tu un frère, qui aurait sucé les mamelles de ma mère !

Te rencontrant dehors, je t’embrasserais et on ne pourrait me mépriser.

Qui me donnera de t'avoir pour frère, suçant le sein de ma mère ?

que je puisse aller te retrouver dehors, te couvrir de baisers sans que personne me méprise !

8,2 Je t’amènerais, je t’introduirais dans la maison de ma mère :

tu m’enseignerais et je te ferais boire du vin aromatisé, le jus de mes grenades.

Je te prendrai près de moi, et je te conduirai dans la maison de ma mère :

là tu m’enseigneras et je te donnerai une coupe pleine de vin aromatisé et du moût de mes pommes grenades !

M V
G S

8,3 (Sa main gauche est

Vsera sous ma tête et sa droite me tient

Vtiendra embrassée).

8,4 — Je vous en conjure

Vadjure, filles de Jérusalem, n’éveillez pas

V et ne réveillez pas la bien-aimée

Vfaite pas se lever la préférée avant qu’elleV-même le veuille !

8,5 — Qui est celle-ci qui monte du désert, appuyée

Vaffluente en délices et appuyée sur son bien-aimé

Vpréféré ?

— Sous le pommier

Vl'arbre à pommes je t'ai réveillée :

Vte réveillai :

ta mère t’a conçue ; là, elle t’a conçue,

Vta mère fut outragée,  là, elle t’a donné le jour.

Vlà souffrit violence celle qui t’engendra.

8,6 — Pose-moi comme un sceau sur ton cœur, comme un sceau sur ton bras

car l’amour est fort comme la mort

Vcar forte comme la mort est la dilection, la jalousie est inflexible

Vdure comme le schéol

Vl'enfer la jalousie

ses ardeurs sont des ardeurs de feu, une flamme de YHWH

Vses éclats sont éclats de feu et de flammes

M
G S
V

8,7 Les grandes eaux ne sauraient éteindre l’amour et les fleuves ne le submergeraient pas.

Un homme donnerait-il pour l’amour toutes les richesses de sa maison, on ne ferait que le mépriser.

les grandes eaux ne pourront éteindre la charité, les fleuves non plus ne la déborderont pas :

quelqu'un aura beau donner toute la substance de sa maison contre la dilection, on le méprisera comme s'il n'avait rien donné !

8,8 — Nous avons une petite sœur, qui n’a pas encore de seins.

Que ferons-nous à notre sœur le jour où on la recherchera ?

— Notre sœur est petite et n'a pas de seins :

que ferons-nous de notre sœur le jour où il faudra lui parler ?

M V
G S

8,9 Si c'est un rempart, nous lui ferons

Védifions dessus un couronnement

Vdes créneaux d’argent

si c'est une porte, nous la fermerons

Vfixons-la avec des ais de cèdre !

M
G S
V

8,10 — Je suis un mur et mes seins sont comme des tours ;

aussi suis-je, à ses yeux, celle qui a trouvé la paix.

10 

10 — Moi, je suis rempart et mes seins comme une tour

aussi suis-je à ses yeux devenue comme celle qui procure la paix 

8,11 Salomon avait une vigne à Baal-Hamon

il remit la vigne à des gardiens

et pour son fruit chacun devait lui apporter mille sicles d’argent.

11 

11 (Pacifique eut une vigne en Celle-qui-contient-les-peuples

il la confia à des gardiens

on lui apporte pour son fruit mille pièces d'argent.)

8,12 La vigne qui est à moi, j’en dispose :

à toi, Salomon, les mille sicles, et deux cents aux gardiens de son fruit.

12 

12 — Ma vigne est devant moi.

— Mille pour toi, Pacifique, et deux cents pour ceux qui en gardent les fruits !

8,13  Toi qui habites les jardins, les compagnons prêtent l’oreille à ta voix : daigne me la faire entendre.

13 ...

13  — Toi qui habites les jardins, les amis t'écoutent : fais-moi entendre ta voix !

M V
G S

8,14 — Cours

V— Fuis, mon bien aimé

Vpréféré, et sois semblable à la gazelle

Vau chevreuil ou au faon des biches

Vdes cerfs, sur les

Mdes montagnes des baumiers

Vd'aromates !

14 

M G S
V

8,15  

15  ICI FINIT LE LIVRE « CANTIQUE DES CANTIQUES »

Réception

Tradition juive

5,2 gouttelettes Traduction Rabbinat (1899) : « Je dors, mais mon cœur est éveillé : c’est la voix de mon bien-aimé ! Il frappe : “Ouvre-moi, ma sœur, ma compagne, ma colombe, mon amie accomplie ; car ma tête est couverte de rosée, les boucles de mes cheveux sont humectées par les gouttelettes de la nuit.” » Paul Vulliaud (1925, traduction commandée pour accompagner les gravures de Kupka) : « Je dors, mais mon cœur veille. J’entends mon Bien-Aimé qui frappe à ma porte. – Ouvre-moi, ma Sœur, mon Aimée, ma Colombe, ma Toute-Belle, car ma tête est couverte de rosée ; mes boucles, de la bruine des nuits ».

5,10 Traduction Rabbinat : « Mon amant est blanc et vermeil » ; Meschonnic : « Mon ami est rayonnant et rouge » ; Chouraqui : « Mon amant, pur et vermeil » (1953) ; « Mon chéri, limpide et rose » (1970) et « mon amant transparent et rouge » (1985).

Texte

Vocabulaire

5,2 couverte Litt. "remplie", "pleine".

Contexte

Milieux de vie

8,8a Les grandes eaux Symbole ambivalent

  • L'eau, réalité biblique, est une puissance ambivalente qui donne à la fois la mort et la vie. Mais ici, elle est prise dans une approche de menace de la vie. 
  • La notion des grandes eaux renvoie à une vaste étendue d'eau agitée (Ps 107,23-30 ; Mc 4,35-41), inhospitalière la mer en l'occurrence avec ses dangers (2Co, 11, 26); c'est un symbole des puissances maléfiques. 

Réception

Tradition chrétienne

7,10 La TOB répartit la parole entre deux locuteurs : « et ton palais comme un vin de marque…/ (Elle)… allant tout droit à mon chéri,/ coulant aux lèvres des dormeurs. »

7,13 V traduit ubera, d’où dans les traductions sur V : « c’est là que je vous offrirai mes mammelles » (Port-Royal). Sur le TM, Rabbinat (1898) : « Là je te prodiguerai mes caresses »

Comparaison des versions

1,1–15 M G | V (Numérotation des versets) M et G incluent le titre du livre dans la numérotation des versets, contrairement à V. Il en résulte un décalage systématique d'un verset (en moins) de V par rapport à M et G.

  • M = 6,1 // V : 5,17 (dernier verset du chapitre), ce qui explique le décalage dans la numérotation des versets (M :  6,2 // V : 6,1, etc.)
  • M : 7,1 // V : 6,12.

Histoire des traductions

2,3 Comme un pommier au milieu des arbres de la forêt, tel est mon bien-aimé parmi les jeunes hommes

  • Levinas Lectures « Comme le pommier parmi les arbres de la forêt, tel est mon bien-aimé parmi les jeunes gens » (99, d'après b. Šabb. 88a).

Tradition juive

2,3a Comme un pommier Le pommier : les fruits avant les feuilles

Faire avant d'entendre

  • b. Šabb. 88a « Rav Hama bar Hanina a dit : (Ct 2,3). Pourquoi Israël est-il comparé à un pommier ? Réponse : Pour vous apprendre que, tout comme sur le pommier les fruits précèdent les feuilles, Israël s’est engagé à faire avant d’entendre » (Tradition juive Ex 33,6 Tradition juive Ps 103,20) (Levinas Lectures 99).

Tout dès le début

  • Levinas Lectures « Rien ne prouve, disent-ils [i.e. les tossafistes], que le texte hébraïque parle de pommiers et de pommes. Il s’agit de cédrats. Les cédrats restent sur l’arbre pendant deux ans, et peuvent donc sembler attendre les feuilles. L’image est belle. Nous voici dans un verger merveilleux où les fruits viennent avant les feuilles. Merveille des merveilles : histoire dont l’aboutissement précède le développement. Tout est là dès le début. […] L’histoire ne développe pas, mais étend. L’ordre définitif attend les feuilles parmi lesquelles d’autres fruits surgiront » (99-100).

Philosophie

2,3 Comme un pommier La Tora : le bien au devant de la liberté

  • Tradition juive Levinas Lectures « […] la Tora est reçue en dehors de tout marche exploratrice, en dehors de tout developpement progressif. Le vrai de la Tora se donne sans précurseur, sans s’annoncer d’abord dans son idée […] c’est le fruit mûr qui se donne et se prend ainsi […]. Le vrai qui s’offre d’une telle manière (Tradition juive Ex 33,6), c’est le bien qui précisément ne laisse pas, à celui qui l’accueille, le temps de se retourner et d’explorer, dont l'urgence n'est pas une limite imposée à la liberté, mais atteste, plus que la liberté, plus que le sujet isolé que la liberté constitue, une responsabilité irrécusable au-delà des engagements pris où peut-être se conteste déjà le moi absolument séparé prétendant à détenir l'ultime secret de la subjectivité » (100).

Histoire des traductions

4,3 Ta joue est comme une moitié de grenade Ta tempe

  • Levinas Lectures « Ta tempe (rakotech) est comme une tranche de grenade » (177, d'après b. Sanh. 37a).

Tradition juive

4,3b comme une moitié de grenade Nécessité des commandements accomplis

Les vauriens : pleins de commandements accomplis

  • b. Sanh. 37a « Rech Laquich dit : [...] Même les vauriens (rekanine) les plus avérés parmi vous sont pleins de mitsvoth, comme une grenade » (Levinas Lectures 152).

Les mitsvoth : plus forts que les puissances du mal

  • (Tradition juive Ct 7,3) Levinas Lectures « [...] on suppose la puissance de ces mitsvoth — et leur pouvoir de pénétration dans l'âme, et l'histoire qui leur a soumis Israël, et par-dessus tout la violence du pouvoir qui au Sinaï sut se décider pour les mitsvoth — plus fortes que toutes les puissances du mal et de la vulgarité, communes sans doute aux juifs et à l'humanité tant qu'on s'en tient au plan du 'purement naturel' » (179).

Intertextualité biblique

1,15 Tes yeux sont des yeux de colombe Symbolisme de la colombe

  • Livre de la Genèse : Noé envoie une colombe depuis son arche pour savoir si les eaux se sont retirées de la terre après le déluge. Celle-ci revient dans le soir avec un rameau d'olivier dans le bec, indiquant ainsi à Noé que les eaux ont baissé. (Gn 8,8-12) Dès le déluge, la colombe est signe de vie, de paix et d'alliance avec Dieu.
  • Cantique des Cantiques : les colombes occupent une place prépondérante dans ce livre vétéro-testamentaire (Ct 1,15 ; Ct 2,14 ; Ct 4,1 ; Ct 5,2 ; Ct 6,9)
  • Évangiles synoptiques : la colombe est évoquée lors du récit du baptême de Jésus : «  l'Esprit-Saint descendit sur lui sous un aspect corporel, comme une colombe » (Lc 3-22) ; ainsi qu'en Mc 1,9-11 ; Mt 3,13-17 ; Jn 2.

Arts visuels

5,11s Bible hiéroglyphique

Thomas Bewick (1753-1828) et Rowland Hill (1744-1833), → New Hieroglyphical Bible (impression au plomb et gravure sur bois, 1794), 14 cm x 9 cm

Thomas Fisher Rare Book Library, Toronto

© Domaine public - Photo : Dr. Ralph F. Wilson

Liturgie

8,6 Alleluia Veni Sancte Spiritus

Alleluia "Veni Sancte Spiritus"

Alleluia Veni Sancte Spiritus

Chœur des moines de l’abbaye Sainte-Madeleine du Barroux

© Abbaye du Barroux→, Ac 2,3 Ct 8,6 2Ch 7,3

Texte biblique

1,4a Entraîne-moi

Contre mon gré

  • Bernard de Clairvaux Serm. Cant. 21 : Dans sa faiblesse l’épouse demande à être entraînée même « contre son gré » afin de suivre l’Epoux « de son plein gré » (21,9). L’épreuve la contraint, la visite intérieure la console et attire à sa suite les jeunes filles stimulées, non par leurs mérites, mais à l’odeur de la miséricorde.

Prière de l'Église

  • Bède le Vénérable In Cant. : L’Église prend la parole pour porter la prière des convertis d’après l’Incarnation, leur désir de suivre le Christ jusqu’aux cieux.

Texte

Vocabulaire

1,4 appartements Chambre de stockage, chambre intime

  • Chrétien Espace Vocabulaire Mt 6,6 « Nous retrouvons l'ambiguité du mot grec tamieion, présent dans G, comme nom du lieu où le roi introduit la fiancée (qui est la locutrice). Saint Jérôme dans V traduit par « celliers » (cellaria), mais d'autres traductions latines parlaient bien de « chambre », comme plus tard Luther (Kamer) ou la version dite de King James (chambers). [Pope 1977 303] précise que le mot hébreu heder, comme son correspondant arabe, signifie la partie privée d'un lieu d'habitation, par exemple la section d'une tente où l'on se retire, fermée par un rideau, voire une chambre dans une chambre, une chambre secrète : rien n'indique, précise-t-il, malgré des traductions anciennes, qu'il s'agisse d'une resserre ou d'un lieu de stockage ! » (48)

Réception

Tradition chrétienne

1,4 Le roi m’a fait entrer dans ses appartements Chambre du Roi, chambre du cœur Origène relie la chambre où entre l'Épouse à la chambre où, dans Mt 6,5s, Jésus nous invite à entrer en fermant la porte lorsqu'on prie (Tradition chrétienne Mt 6,5s ; Philosophie Mt 6,5s ; Philosophie) :

  • Origène Comm. Ct 1,10 « Comme le Roi a une chambre où il introduit la Reine, son Épouse, de même l'Épouse aussi a sa chambre ; là, une fois entrée, elle est invitée par le Verbe de Dieu à fermer la porte et, ainsi enfermées toutes ses richesses dans cette chambre, invitée à prier le Père qui voit dans le secret [Mt 6,6], et qui regarde quels grands trésors, à savoir les vertus de l'âme, l'Épouse aura mis en réseve dans sa chambre, pour qu'à la vue de ses richesses il lui donne tout ce qu'elle demande ; en effet, à quiconque a, on donnera [Mt 25,29]. » (t.1, 246)

V. le même approchement chez Ambroise de Milan Exp. Ps. 118 2,29, Ambroise de Milan Inst. virg. 1,5.

Philosophie

1,4 Le roi m’a fait entrer dans ses appartements Entrer dans la chambre du Roi, entrer dans la chambre de son cœur — identité et différence entre extase et introspection mystiques

  • Chrétien Espace « Cet oratoire qu'est la chambre du cœur [Mt 6,5s Philosophie Mt 6,5s] n'est pas en lui-même mystique, il est celui de toute prière vraie, quelle qu'elle soit. Mais il est condition de la vie mystique, et le deviendra souvent lorsqu'il sera mis en relation avec une autre « chambre » biblique, celle du Cantique des cantiques. […] Est-ce que la chambre du Roi et la chambre de la Reine sont vraiment des lieux distincts ? Quand Dieu vient y habiter, est-ce que toute chambre, et ici celle de notre intériorité, ne devient pas sa chambre, du fait de la dissymétrie et de sa hauteur ? C'est assurément une question. Mais il convient de privilégier, dans cette topique, la dynamique et le sens des mouvements : phénoménologiquement, il n'est pas identique d'aller chez l'Autre, ou que l'Autre vienne chez moi. Que ma propre intériorité soit agrandie, dilatée, éclairée, magnifiée par un hôte sans mesure supérieur à ce que je suis forme assurément une autre possibilité que celle où je sors de moi, quitte mon lieu propre, pour être introduit dans ce que Dieu a de plus secret. » (49-50)

Comparaison des versions

7,5 la porte de cette ville populeuse Hébraïsme La tournure hébraïque qui recourt au substantif ben-/bat-, fils de, fille de, pour exprimer diverses relations de détermination (appartenance, qualité) est calquée en latin : « filles du grand nombre ».

Tradition juive

7,3 Éloge du sanhédrin

Le sanhédrin : au centre de l'univers

  • b. Sanh. 37a « Rav Akha bar Hanina dit : du verset (Ct 7,3) :'Ton nombril' : c'est le sanhédrin. Pourquoi nombril ? Car le sandédrin siège dans le nombril de l'univers. —— 'Une coupe' (en hébreu : agan), parce qu'il protège (en hébreu : méguine) l'univers tout entier. ——'Arrondie' (en hébreu : sahar, croissant de lune), car il ressemble au croissant de lune. ——'Pleine d'un breuvage' (dans le texte : ne manquant pas de liquide : car si l'un d'entre ses membres est obligé de s'absenter — on s'assure qu'il en reste (en séance) vingt-trois, correspondant au petit sanhédrin. Sinon, il ne peut sortir. ——'Ton corps est comme un meule de froment' : tout le monde profite du froment ; tout le monde trouve à son goût les attendus des verdicts du sanhédrin. ——'Bordée de roses' : même si la séparation n'est qu'une bordure de roses, ils n'y feront aucune brèche.[...] La Tora a témoigné pour nous par une bordure de roses, car même si la séparation n'est qu'une bordure de roses, ils n'y feront aucune brèche » (Levinas Lectures 151-152).

Le sanhédrin : la justice de la Tora

  • Levinas Lectures « On affirme ainsi le caractère central de la justice absolue que, par définition, rend le sanhédrin, la justice de la Tora. On affirme ainsi le caractère ontologique de cette oeuvre de justice. En parlant de justice en termes d'érotisme, on a surmonté l'érotisme des termes » (164).

Le sanhédrin : protecteur de l'univers

  • Levinas Lectures « Le mot hébraïque employé pour coupe par le Cantique des Cantiques se dit agane. Le Talmudiste [...] lira dans agane, méguine. Or méguine signifie protège. Cela confirme donc que le nombril indique le sanhédrin. [...] L'univers ne subsiste qur par la justice qui se fait au sanhédrin. Le rôle du judaïsme, dont le sanhédrin est le centre, est un rôle universel, une diaconie au service de la totalité de l'être » (168).

Le sanhédrin : un croissant de lune

  • Levinas Lectures « Le sanhédrin ressemble au croissant de lune. Allusion, si l'on veut, à la forme semi-circulaire de ce tribunal. C'est donc par ce mot 'arrondie' que se fortifie la disposition des sièges des membres du sanhédrin » (168).

le sanhédrin: règlement intérieur

  • Levinas Lectures « Le breuvage qui remplit la coupe arrondie exprime le règlement intérieur de l'Assemblée. Voici ce qu'il prescrit dans le grand sanhédrin de soixante et onze membres : il faut qu'une permanence de vingt-trois soit toujours assurée. Les membres peuvent donc s'absenter pour vaquer à leurs occupations privées, mais 'le breuvage ne doit jamais manquer', nul ne dispose de sa personne avant que le service public soit assuré. [...] Les obligations au service de tous ne résultent pas des obligations et droits individuels, mais leur préexistent » (168-169).

Les jugements du sanhédrin: vraie nourriture

  • Levinas Lectures « Combien est caractéristique pour l'esprit juif — même populaire — cette assimilation des motifs logiques d'une conclusion à la saveur d'une nourriture substantielle. [...] La raison mange les idées. Les attendus raisonnables motivant un verdict, c'est du bon blé. L'intellect est une vie » (169-170).

Les juges du sanhédrin : des justes

  • LevinasLectures « Ils [i.e. les commentateurs] disent ceci : ces membres du sanhédrin qui tiennent entre leurs mains le sort de l'univers, que font-ils de leurs propres fautes, de leurs propres vices ? Ne sont-ils pas exposés à toutes les tentations comme les hommes mêmes qu'ils sont appelés à juger ? Non. Pour être juges en Israël, il faut des hommes exceptionnels : même quand du péché ne les sépare qu'une bordure de roses ils n'y feront point de brèche. Ils maîtrisent complètement leurs instincts. [...] Une bordure de roses, c'est une clôture très mince. Pour séparer les magistrats du vice, on n'a pas à bâtir un mur de pierres ; il suffit de planter une bordure de roses. La clôture de roses est tentante par elle-même : la main se porte spontanément vers la fleur. Dans ce qui nous sépare du mal réside une séduction équivoque. Cette clôture est moins qu'une absence de clôture. [...] Il ne peut pas y avoir de séparation entre la vie privée et la vie publique du juge. C'est dans l'ordre le plus intime de sa vie privée, dans le jardin — ou l'enfer — secret de son âme que s'épanouit ou s'altère sa vie universelle » (170-171). 

La justice : l'affaire de tous

  • Levinas Lectures « [...] le judaïsme conçoit l'humanité de l'homme comme susceptible d'une culture qui le préserve du mal en l'en séparant par une simple clôture de roses. [....] ce qui tout à l'heure se disait du juge est dit maintenant du peuple juif tout entier » (173).

La justice : pratique nécessaire des mitsvoth

  • Levinas Lectures « Comment de tels hommes [i.e. les justes] se font réalités ? Par la méthode des mitsvoth. L'originalité du judaïsme consiste à s'astreindre [...] : dans les moindres actions pratiques, un temps d'arrêt entre nous et la nature en accomplissant une mitsvah, un commandement. L'intériorisation pure et simple de la Loi n'est que son abolition. [...] pour qu'il y ait justice, il faut qu'il y ait des juges résistant à la tentation, il faut une collectivité qui pratique les mitsvoth aujourd'hui et ici-même. [...] Que le simple fait de race ne soit pas une garantie contre le mal, le Talmud l'a vu et l'a dit mieux que quiconque et avec une violence à peine supportable : l'homme juif sans mitsvoth est pour le monde une menace. [...] Le privilège d'Israël ne réside pas dans sa race, mais dans les mitsvoth qui l'éduquent » (177-180)  (Tradition juive Ct 4,3b).

Philosophie

7,3 Justice du sanhédrin

Fondement dans la maîtrise des passions

Tradition juive Ct 7,3.

  • Levinas Lectures « Il existe peut-être pour la justice un fondement dans la maîtrise de la passion. C'est dans l'ordre la plus équivoque, mais dans la domination à tout instant exercée sur cet ordre — ou ce désordre — que se fonde la justice par laquelle le monde subsiste. Mais cet ordre, par excellence équivoque, est précisément l'ordre de l'érotique, le domaine du sexuel. La justice ne serait possible que si elle triomphe de cette équivoque, toute grâce et toute charme et toujours toute proche du vice. Le danger qui guette la justice, ce n'est pas la tentation de l'injustice flattant l'instinct de la possession, de la domination et de l'agressivité. Le danger qui la guette est le vice qui, dans notre monde occidental, appartient au privé personnel, qui ne 'regarde personne' et ne compromet pas, à en croire l'opinion des élites intellectuelles, la générosité et la vaillance de ceux qui luttent 'pour le progrès de la justice' » (163).

Morale au coeur de l'homme

  • Levinas Lectures « [...] la morale commence en nous et non pas dans les institutions qui ne peuvent même pas toujours la protéger. Elle exige que l'honneur humain sache exister sans drapeau » (174).

Histoire des traductions

7,3 Éloge du corps

  •  Levinas Lectures « Ton nombril est comme une coupe arrondie pleine d'un breuvage parfumé ; ton corps est comme une meule de froment, bordée de roses » (152, d'après b. Sanh. 37a).

Liturgie

2,16s Dilectus meus

Alleluia "Dilectus meus"

Alleluia - Dilectus meus

Chœur des moines de l’abbaye Sainte-Madeleine du Barroux

© Abbaye du Barroux→, Ct 2,16s

4,7 Tota pulchra es

Alleluia "Tota pulchra es"

Alleluia - Tota pulchra es

Chœur des moines de l’abbaye Sainte-Madeleine du Barroux

© Abbaye du Barroux→, Ct 4,7

Philosophie

1–15 Le Cantique comme symbole de la révélation Rosenzweig Stern (p. 235-242) interprète le caractère dialogal du Ct comme une instance de la structure dialogale de la révélation elle-même.  

  • Une première partie, intitulée « création », décrit une relation non personnelle, en 3e pers. et au passé, entre Dieu et le monde.
  • Au cœur de l'ouvrage, Rosenzweig fait de son commentaire du Ct le fil conducteur de la présentation de ce qu'il appelle « La révélation », c'est-à-dire le passage au « tu » et au présent et ainsi à l'avènement d'une relation personnelle entre Dieu et l'homme. Tout le Ct est un dialogue (à l'exception de Ct 8,6) : il ne dit pas que la révélation est dialogale, il le montre en étant lui-même dialogue et étant presque uniquement cela.

Révélation performée : importance du dialogue

La révélation n'est donc pas pour Rosenzweig la communication d'un ensemble d'informations sur Dieu, mais la naissance d'une relation entre Dieu et l'homme. Le Ct est pur dialogue — sans jamais de passage à la 3e pers. — et histoire au présent. Ces deux caractéristiques sont le fondement de la révélation : le dialogue et le présent.

Il ne s'agit donc plus de parler de la relation entre Dieu et l'homme, comme les prophètes qui décrivaient cette relation à l'aide de la métaphore des noces, mais de faire parler cette relation elle-même.

Révélation lyrique : importance de la subjectivité

Le discours du Ct est donc tout entier porté par la subjectivité.

  • Cela se manifeste par l'importance du « je » sous la forme du je-marqué (’ănî en héb.). Le Ct est le texte biblique qui utilise, proportionnellement à sa taille, le plus ce « je », après le livre du Qo (fréquence de 6,03 emplois pour 1000 mots en Ct, et de 6,50 en Qo).
  • Cela se remarque aussi au fait que les premiers mots du Ct expriment une comparaison : « tes amours sont meilleures que le vin » (Ct 1,2b), c'est-à-dire une appréciation subjective et non un simple constat, auquel cas un comparatif n'eût pas été nécessaire.

Dès le début du texte, la focalisation n'est pas celle d'une narration objective mais celle d'une subjectivité : les choses ne sont pas décrites pour elles-mêmes, l'enjeu est d'emblée perspectiviste. 

Critique de la réception moderne du Cantique

Rosenzweig critique les analyses modernes du Ct (à partir des 18e et 19e s.) qui ont cherché à effacer cette dimension dialogale du texte.

  • Il vise d'abord Herder et Goethe, qui ont fait du Ct un chant d'amour purement humain, prisonniers qu'ils étaient du préjugé que ce qui est humain ne peut être divin et que Dieu ne peut pas aimer. Cependant, leur tentative eut au moins le mérite de conserver cet aspect essentiel du Ct : le fait qu'il s'agisse d'un chant lyrique, de l'expression de deux subjectivités.
  • D'autres tentatives ont suivi, plus condamnables parce qu'elles ont réduit le Ct à un simple récit, narration entre plusieurs personnages : un roi, un berger, une paysanne. Dans ce dernier type d'interprétation le cœur du Ct, à savoir son caractère lyrique, est perdu et l'œuvre demeure incompréhensible.

1,5a Noire je le suis, et ravissante aussi Coïncidence de la conscience d'être aimé et de la découverte de la capacité d'aimer

  • Rosenzweig Stern : L'âme aimée se découvre en même temps noire et belle, c'est-à-dire à la fois aimée et pécheresse. En effet, l'âme qui est aimée et qui prend conscience de cet amour prend aussi conscience du fait qu'avant cela elle n'aimait pas, qu'elle n'était qu'un soi égoïste enfermé en lui-même. Elle reconnaît alors à la fois ce qu'elle a été et ce qu'elle n'est dorénavant plus, « elle ne peut reconnaître son amour qu'en reconnaissant en même temps sa faiblesse et en répondant [...] : "j'ai péché" » (213).

Arts visuels

1,5a ; 2,13c Noire, je le suis, mais ravissante + Lève-toi, mon amie, ma belle — (V) Inscription médiévale Un médaillon sculpté au 12e s. dans l’église abbatiale de Vézelay (3e arcade sud, CIFM 21,239) montre la compilation et la réinterprétation poétique de deux versets du Ct au Moyen Âge (Ct 1,5 et Ct 2,13 V : nigra sum sed formo[n]sa... surge amica mea speciosa mea).

Anonyme, Allégorie de l'Église, (sculpture sur pierre, 12e s.), diam. 40 cm, médaillon, arc doubleau

Vézelay, Basilique Sainte-Marie-Madeleine, Vézelay (France)

photo Sébastien Biay © CIFM

  • Le vers Su(m) modo fumosa, sed ero post hec speciosa (« je suis maintenant enfumée, mais après cela je serai d’une grande beauté ») est gravé tout autour de la représentation de l’Église, sous les traits d’une femme couronnée, portant une bannière dans une main et la représentation d’une église dans l’autre. Cet hexamètre léonin rapproche par la rime -osa deux termes antithétiques, à la manière du v.5a (nigra/formosa), tout en reprenant la même syntaxe (sumsed…).

Les interprétations divergent pour comprendre le sens de ce médaillon :

  • une allusion à l’incendie de 1120 qui détruisit la nef carolingienne et fit plus d’un millier de victimes ? L'emplacement du médaillon serait un memento topographique de l'événement et le verset biblique donnerait alors voix à l'église en tant que bâtiment, et non comme institution ou corps mystique ;
  • une représentation de la Reine de Saba, symbole de l’Église et qui dans un manuscrit de l’Hortus deliciarum (encyclopédie chrétienne réalisée par les moniales du mont Saint-Odile, 3e quart du 12e s.) est accompagnée des mêmes termes ? Aux fol. 209 a et b, elle offre des présents à Salomon, avec ces mots : Sibilla ecclesia nigra est persecutionibus, sed formosa virtutibus, myrrha id est mortificatione viciorum et thure id est oratione fumosa.

Musique

8,6s Il n'y a pas de plus grand amour

20e s.

  • William Walton, Set Me As A Seal (1938)

Sir William Walton (1902-1983), Set Me As A Seal, 1938

St. John's College Cambridge

© Licence YouTube standard→, Ct 8,6s

Paroles

Set me as a seal upon thine heart, as a seal upon thine arm: for love is strong as death. Many waters cannot quench love, neither can the floods drown it.

Mets-moi comme un sceau sur ton cœur, comme un sceau sur ton bras : car l'amour est fort comme la mort. Toutes les eaux ne pourront étancher l'amour, ni les crues le noyer.

Compositeur

William « Turner » Walton est un compositeur britannique né à Oldham dans le Lancashire (aujourd'hui dans le Grand Manchester) le 29 mars 1902 et mort à Ischia en Italie le 8 mars 1983. D'abord surnommé « l’enfant terrible de la musique anglaise » à la fois pour son talent et son modernisme, il gagna une renommée internationale. On pourrait dire que Sir Walton était un moderniste avec un cheminement artistique en marge des circuits traditionnels. Il est resté attaché aux formes classiques, particulièrement dans ses œuvres symphoniques héritées de la grande tradition romantique. Son œuvre est avant tout nationale et profondément britannique.

  • John Ireland, Greater love hath no man (1912)

John Ireland (1879-1962), Greater love hath no man, 1912

Aric Prentice (dir.), Lincoln Cathedral Choir, Charles Harrison (organ)

© Licence YouTube standard→, Ct 8,6s  Jn 15,13 1P 2,9.24 1Co 6,11 Rm 12,1

Paroles

Many waters cannot quench love, neither can the floods drown it. Love is strong as death. Greater love hath no man than this, that a man lay down his life for his friends. Who his own self bare our sins in his own body on the tree, That we, being dead to sins, should live unto righteousness. Ye are washed, ye are sanctified, ye are justified in the name of the Lord Jesus. Ye are a chosen generation, a royal priesthood, a holy nation; That ye should show forth the praises of him who hath call’d you out of darkness into his marvellous light. I beseech you brethren, by the mercies of God, that you present your bodies, a living sacrifice, holy, acceptable unto to God, which is your reasonable service. 

Toutes les eaux ne peuvent pas étancher l'amour, ni les crues le noyer. L'amour est fort comme la mort. Il n'y pas de plus grand amour pour l'homme que de donner sa vie pour ses amis. Homme qui lui-même porte dénude nos péchés sur son propre corps sur l'arbre ; Afin que nous, morts au péché, nous livions dans la justice. Vous êtes lavés, sanctifiés, vous êtes justifiés dans le nom du Seigneur Jésus. Vous êtes une génération élue, sacerdoce royal, nation sainte ; Pour que vous annonciez les merveilles de celui qui vous a appelés des ténèbres à son admirable lumière. Je vous exhorte, frères, par la miséricorde de Dieu, que vous présentiez vos corps en sacrifice vivant, saint, agréable à Dieu, c'est là votre juste manière de lui rendre un culte.

Compositeur

John Ireland est un compositeur anglais élève de Charles Villiers Stanford. Il étudie au Royal College of Music de Londres de 1893 à 1901. Plus tard enseignant dans le même établissement, il a pour élèves Benjamin Britten, Humphrey Searle, Ernest John Moeran, Alan Bush. Il a aussi été organiste à Chelsea de 1904 à 1926.

2,1–17 Le Cantique des Cantiques

Le Cantique des cantiques illustré dans un film :

Keeping Mum (Secrets de famille) (2005), Niall Johnson, Niall Johnson ; Richard Russo, Dickon Hinchlife

Licence YouTube standard→

Rowan Atkinson, alias Mr Bean et Kristin Scott Thomas, dans Secrets de famille de Niall Johnson (2006). Un homme regarde sa femme faire sa toilette tandis que le narrateur déclame un hymne composé à partir des versets du Cantique des Cantiques.

2,1–11 Je suis le narcisse de Saron

18e s.

William Billings (1746-1800), I am the rose of Sharon, 1778 

Ross W. Duffin (dir.), Quire Cleveland

© Licence YouTube standard→, Ct 2,1-11

Paroles

I am the Rose of Sharon and the lily of the valleys. As the Lily among the thorns, so is my Love among the Daughters. As the Apple tree, among the trees of the wood, so is my Beloved among the Sons. I sat down under his shadow with great delight, And his fruit was sweet to my taste, taste. He brought me to the Banqueting House, His Banner over me was Love. Stay me with Flagons, Comfort me with Apples, for I am sick, sick of Love. I charge you, O ye Daughters of Jerusalem, by the Roes and by the Hinds of the Field, that you stir not up nor Awake, Awake my Love till he please. The voice of my Beloved, Behold, he cometh, Leaping upon the mountains, skipping upon the Hills. My Beloved spake and said unto me: rise up, my Love, my fair one, and come away, for Lo, the Winter is past, the rain is over and gone. (Ct 2,1-11)

Compositeur

William Billings (né à Boston le 7 octobre 1746, mort dans cette même ville le 26 septembre 1800) est un compositeur américain de musique chorale, et est considéré comme le père de la musique chorale américaine. À l'origine tanneur de métier et autodidacte, Billings a créé ce qui est maintenant reconnu comme un style spécifiquement américain de la musique vocale.

2,10–14 Lève-toi mon amie

21e s.

Stephen Paulus (1949-2014), Arise My Love, 2004

Northwest Tower Choir

© Licence YouTube standard→, Ct 2,10-14

Paroles

My beloved spake, and said unto me, Rise up, my love, my fair one, and come away. For, lo, the winter is past, the rain is over and gone; The flowers appear on the earth; the time of the singing of birds is come, and the voice of the turtle is heard in our land; The fig tree putteth forth her green figs, and the vines with the tender grape give a good smell. Arise, my love, my fair one, and come away. O my dove, that art in the clefts of the rock, in the secret places of the stairs, let me see thy countenance, let me hear thy voice; for sweet is thy voice, and thy countenance is comely. (Ct 2,10-14)

Compositeur

Stephen Paulus est un compositeur américain, connu pour ses opéras et sa musique chorale. Son catalogue d'œuvres comprend plus de 350 pièces touchant à plusieurs genres, dont la musique chorale, l'orchestre, la voix seule, etc.

2,10–13 Mon bien-aimé a parlé

20e s.

Patrick Arthur Sheldon Hadley (1899-1973), My beloved spake, 1938

Andrew Lumsden (dir.), Choir of Winchester Cathedral

© Licence YouTube standard→, Ct 2,10-13

Paroles

My beloved spake, and said unto me, Rise up, my love, my fair one, and come away. For, lo, the winter is past, the rain is over and gone; The flowers appear on the earth; the time of the singing of birds is come, and the voice of the turtle is heard in our land; The fig tree putteth forth her green figs, and the vines with the tender grape give a good smell. Arise, my love, my fair one, and come away. (Ct 2,10-13)

Compositeur

Patrick Hadley est un compositeur, chef d'orchestre et pédagogue anglais. Ses compositions — principalement de la musique vocale —, influencées par Frederick Delius, sont d'un romantisme tardif, telles la ballade symphonique The Trees So High (pour baryton, chœurs et orchestre, 1931) et les cantates The Hills (pour soprano, ténor, chœurs et orchestre, 1944) et Lenten Meditations (pour ténor, baryton, chœurs et orchestre, 1962).

17e s.

Henry Purcell (1659-1695), My Beloved Spake Z.28, 1677

Paul McMreesh (dir.), Gabrieli Consort

© Licence YouTube standard→, Ct 2,10-13.16

Paroles

My beloved spake, and said unto me, Rise up, my love, my fair one, and come away. For, lo, the winter is past, the rain is over and gone; The flowers appear on the earth; the time of the singing of birds is come, and the voice of the turtle is heard in our land; The fig tree putteth forth her green figs, and the vines with the tender grape give a good smell. Arise, my love, my fair one, and come away. My beloved is mine, and I am His. (Ct 2,10-13.16)

Composition

"My Beloved Spake" a été composé au plus tard en 1677 — dans la 18e année de Purcell. Étonnante dans son assurance technique, délicieuse dans la fraîcheur printanière de son invention musicale, et magnifiquement lucide dans sa construction, avec sa symphonie d'ouverture répétée à mi-chemin de la succession des mouvements vocaux, elle n'est pas moins remarquable que les œuvres adolescentes de Mozart.

2,13s Au côté

17e s.

Dieterich Buxtehude (1637/1639-1707), Membra Jesu Nostri - BuxWV 75 - (4) Ad latus, 1680

René Jacobs (dir.), Schola Cantorum Basiliensis

© Licence YouTube standard→, Ct 2,13s

Paroles

IV. Ad latus 1. Sonata 2. Concerto (SSATB) Surge, amica mea, speciosa mea, et veni, columba mea inforaminibus petrae, in caverna maceriae (Ct 2,13-14) 3. Aria (Soprano 1) Salve latus salvatoris, in quo latet mel dulcoris, in quo patet vis amoris, ex quo scatet fons cruoris, qui corda lavat sordida 4. Aria (ATB) Ecce tibi apropinquo, parce, Jesu, si delinquo, verecunda quidem fronte, ad te tamen veni sponte scrutari tua vulnera 5. Aria (Soprano 2) Hora mortis meus flatus intret Jesu, tuum latus, hinc ex pirans in te vadat, ne hunc leo trux invadat, sed apud te permaneat 6. Concerto (da capo: Surge amica mea)

IV. Au côté 1. Sonata ; 2. Concerto : Lève-toi, mon amie, / ma belle, et viens, / ma colombe qui te tiens dans les fentes du rocher / dans l'abri des parois escarpées ; 3. Aria (Soprano 1) : Je te salue, flanc du sauveur / en lequel repose le miel de douceur / en lequel paraît la force de l'amour / duquel s'échappe une source sanglante / qui lave les cœurs souillés ; 4. Aria (Alto + Ténor + Basse) Voici que je m'approche de toi / épargne-moi, Jésus, si je pèche / malgré le rouge qui me monte au front / je suis pourtant venu de moi-même à toi / pour étudier tes blessures ; 5. À l'heure de la mort que mon souffle / entre, Jésus, en ton flanc / et y expire, / afin que le lion féroce ne l'attaque pas, / mais qu'il demeure près de toi.

Composition

Membra Jesu nostri (en français « les membres de notre Jésus »), BuxWV 75, est un cycle de sept cantates composées par Dietrich Buxtehude, sur des poésies spirituelles du Moyen Âge, déplorant l'une après l'autre les plaies du Christ.

Arts visuels

4,7s Interprétation mariale

Biblia Pauperum

Albrecht Pfister (1420-ca. 1466) , impr. et éd., Biblia pauperum (Bible des pauvres), (gravures sur bois et texte imprimé avec des caractères mobiles, 1462-1463), 18 folios, Bamberg, Allemagne,

Bibliothèque d’État de Bavière→ : Rar.4, © CC BY-NC-SA 4.0

 Ct 4,7-8 ; Is 45,7 ; Si 17,11 ; Jb 29,20 ; 1R 1,15-21 ; Est 2,16-17 

Panneau central : Marie est couronnée par son Fils dans la gloire du Ciel. La légende dit : Virgo coronata fruitur jam luce parata (La Vierge couronnée jouit désormais de la lumière préparée [de toute éternité].)

À sa gauche, Salomon (Ct 4,7-8) dialogue avec Isaïe (Is 45,7) ; à sa droite, ben Sira (V—Si 17,11) avec ... Job (Jb 29,20) ! 

En-dessous, à gauche : la reine Bethsabée intercède auprès du roi David pour qu'il désigne Salomon pour successeur (1R 1,15-21). L'imagier souligne le fait que Marie est la mère sans péché du nouveau Salomon.

En-dessous, à droite : Assuérus choisit Esther et l'introduit dans la chambre du roi de préférence à toutes les femmes (Est 2,16-17). De même, poursuit le texte, Marie accède au roi des Cieux, son époux et le fils unique du Père céleste... 

Littérature

4,12 sœur fiancée Amour fraternel ou fraternité incestueuse ? « Mon enfant, ma sœur, — Songe à la douceur ... »

« L'Invitation au voyage », Les Fleurs du Mal, Spleen et Idéal, XLIX, 1857)

Charles Baudelaire (1821-1867) ouvre son poème — lu en général comme l'un des plus apaisés de la section « Spleen et Idéal » — par une référence au Cantique des cantiques, qu'il a sans doute lu dans la traduction de Lemaistre de Sacy : « Ma sœur, mon épouse, est un jardin fermé ; elle est un jardin fermé, et une fontaine scellée. » (Ct 4,12)

Dans sa version en prose (Le Spleen de Paris, XVIII, 1869), il reprend cette juxtaposition, belle et trouble à la fois, de l'amante et de la sœur :

« Un musicien a écrit l’Invitation à la valse ; quel est celui qui composera l’Invitation au voyage, qu’on puisse offrir à la femme aimée, à la sœur d’élection ? »

Musique

7,4–12 Que tu es belle

15e s.

John Dunstable (1390-1453), Quam pulchra es

Trio Triumvirum

© Licence YouTube standard→, Ct 7,4-12

Paroles

Quam pulchra es et quam decora carissima in deliciis (Ct 7,6) / Statura tua assimilata est palmæ, et ubera tua botris (Ct 7,7) / Caput tuum ut carmelus… (Ct 7,5) / Collum tuum sicut turris eburnea… (Ct7,4) / Veni dilecte mi; egrediamur in agrum… (Ct 7,11) …et videamus… si flores fructus parturiunt, si floruerunt mala punica. Ibi dabo tibi ubera mea. (Ct 7,12)

Compositeur

John Dunstable (né vers 1390, mort le 24 décembre 1453 à Londres) est un compositeur (principalement de musique vocale sacrée), mathématicien et astronome anglais, dont les innovations harmoniques ont exercé une influence profonde sur certains compositeurs du début de la Renaissance. Parmi les compositions de Dunstable qui nous sont parvenues, on trouve des exemples de tous les principaux types et styles de polyphonies qui existaient de son temps : des motets isorythmiques, des sections de l’ordinaire de la messe, des chants profanes et divers textes liturgiques mis en musique à trois voix.

Tradition juive

7,14 Pour Dieu seul

  • Buber Récits « Le Baal-Shem, dans la prière, ayant une fois prononcé les paroles du Cantique : "Je t'ai gardé, mon bien-aimé, les fruits nouveaux et les anciens", s'interrompit alors pour dire : "Tout ce qui est en moi, tout, le nouveau et l'ancien, c'est pour Toi seul : pour Toi !" Et comme quelqu'un observait : "Mais pourtant le Rabbi, c'est bien pour nous aussi qu'il donne les Paroles de l'Enseignement. — C'est comme quand le tonneau déborde !" répondit-il » (100-101).

Liturgie

2,10–14 Les fleurs ont paru sur la terre Graduel

« Flores »

Traditionnel, Graduel - Flores

Chœur des moines de l’abbaye Sainte-Madeleine du Barroux

© Abbaye du Barroux→, Ct 2,10-14

Messe de Notre-Dame de Lourdes le 11 février.

Musique

3,1–11 La voix du bien-aimé

21e s.

Tanguy Dionis du Séjour, LA VOIX DU BIEN-AIME, 2014

Dei Amoris Cantores

© License YouTube Standard→, Ct 3,1-11

Fondé en décembre 2011 par 3 amis musiciens et compositeurs : Tanguy, Martin et Frère Gaétan de la Communauté St Jean, Dei Amoris Cantores est un chœur catholique composé d’une vingtaine de jeunes et enthousiastes interprètes. Ils répondent à l’appel de Jean-Paul II et Benoit XVI et se consacrent à la nouvelle évangélisation, persuadés que le chant polyphonique est un moyen formidable de mettre en valeur et de transmettre la Parole de Dieu.

Mystique

3,6 ; 8,5 Typologie mariale La Vierge Marie a été cachée et secrète dans le mystère du dessein divin et aux yeux du monde. 

  • Montfort Vraie dévotion 3 « Dieu, pour l'exaucer dans les demandes qu'elle lui fit de la cacher, appauvrir et humilier, a pris plaisir à la cacher dans sa conception, dans sa naissance, dans sa vie, dans ses mystères, dans sa résurrection et assomption, à l'égard de presque toute créature humaine. Ses parents mêmes ne laconnaissaient pas ; et les anges se demandaient souvent les uns aux autres: Quae est ista ? Qui est celle-là ? (Ct 3,6 ; 8,5) Parce que le Très-Haut la leur cachait ; ou, s'il leur en découvrait quelque chose, il leur en cachait infiniment davantage. » (20).

1,7 où fais-tu paître ton troupeau, où le fais-tu reposer à l’heure de midi ? Jean de la Croix, Cantique spirituel B 1,5: "Demander au Père où il se repaît, n'est pas autre chose que demander au Père de daigner montrer l'essence du Verbe divin son Fils, car le Père ne se nourrit que de son Fils unique, qui est la gloire du Père. Demander au Père à voir où il prend son lieu de repos, c'est renouveler la même demande, parce que le Fils seul fait les délices du Père, qui ne se repose qu'en son Fils bien-aimé et n'est contenu qu'en lui. Le Père se repose tout entier en son Fils, parce qu'il lui communique toute son essence au milieu du jour, c'est à dire dans l'éternité où il l'engendre continuellement et le tient sans cesse engendré."

Musique

5,1–16 Je dors mais mon cœur veille

17e s.

Melchior Franck (1579-1639), Geistliche Gesäng und Melodeyen: No. 3, Ich schlafe, aber mein Herz wachet

Christoph Dittmar (dir.), Cantus Thuringia & Capella

© Licence YouTube Standard→, Ct 5,2

Composition

Melchior Franck est un compositeur allemand de la Renaissance tardive et du début de l'époque baroque. Il composa plus de quarante livres de motets, dont cette œuvre sur le Cantique des Cantiques: « Je dors, mais mon cœur veille ».

5,6 Mon âme a fondu

17e s.

Heinrich Schütz (1585-1672), Symphoniae sacrae I, Op. 6: No. 7, Anima mea liquefacta est, SWV 263, 1629

Hans-Christoph Rademann (dir.), Tobias Mäthger, Georg Poplutz

© Licence YouTube Standard→, Ct 5,6

Paroles

Anima mea liquefacta est, ut dilectus locutus est. Quaesivi et non inveni illum; vocavi et non respondit mihi. Invenerunt me custodes civitatis, percusserunt me et vulneraverunt me. Tulerunt pallium meum custodes murorum. Filiae Hierusalem, nuntiate dilecto quia amore langueo.

1,4.7.15 ; 2,8.16 ; 4,1–7.10 ; 5,8 ; 8,6 Niets dan liefde (Rien d'autre que l'amour)

21e s.

Kris Oelbrandt, OCSO (1972-), Niets dan liefde (Oratorio du printemps op.23), 2011

Marie de Roy (sopr), Aldo Platteau (bar), Ensemble Sturm und Klang (dir. Thomas van Haeperen)

© Kris Oelbrandt→, Ct 1,4.7.15.2,8.16.4,1-7.10.5,8.8,6 Mc 14,22 Mt 26,26 Lc 22,19 1Co 13,7s

Composition

Cette Cantate est composée pour le quatrième dimanche du carême sur l'amour. Elle est constituée de deux parties: la première décrit l'amour entre l'homme et Dieu comme un amour entre humains, la deuxième fait apparaître l'amour entre Dieu et l'homme dans l'eucharistie et le don de soi. La première partie est inspirée du Cantique des cantiques. Dans la deuxième partie, le Récit de l'Institution est superposé par un poème de Hans Andreus, qui se traduit en français par: « Je te préfère au pain, bien qu'on dit que c'est impossible, et bien que ce soit impossible ». Un fragment de la Prière de Charles de Foucauld et du cantique de l'amour (1Co 13,8a.7) concluent la cantate.

5,8 malade d'amour Une chanson célèbre Écrite avec l’aide du grand parolier français Yves Dessca, cette hymne à l’amour s’inspire directement du Ct et spécialement de Ct 5,8 pour exalter la beauté, les merveilles mais aussi les déchirements que l’amour peut susciter.

Michel Sardou et Yves Dessca (paroles), Jacques Revaux (mus.) La maladie d’amour, 1973, Mercury Music Group, © Licence YouTube standard

Paroles
  • Elle court, elle court — La maladie d'amour — Dans le cœur des enfants — De sept à soixante dix-sept ans — Elle chante, elle chante — La rivière insolente — Qui unit dans son lit — Les cheveux blonds, les cheveux gris — Elle fait chanter les hommes et s'agrandir le monde —— Elle fait parfois souffrir tout le long d'une vie — Elle fait pleurer les femmes, elle fait crier dans l'ombre — Mais le plus douloureux, c'est quand on en guérit ——R/ Elle court, elle court, etc —— Elle surprend l'écolière sur le banc d'une classe — Par le charme innocent d'un professeur d'anglais — Elle foudroie dans la rue cet inconnu qui passe — Et qui n'oubliera plus ce parfum qui volait —— R/ Elle court, elle court, etc.

1,8 La plus belle des femmes

16e s.

Jacob Meiland (1542-1577), O pulcherrima inter mulieres, 1564

Schola Stralsundensis, Maurice van Lieshout (dir.)

© Licence YouTube Standard→, Ct 1,8 Si 36,20-28

Paroles

O pulcherrima inter mulieres, o florens rosa clarior aurora, pulchra ut luna, electa ut sol, rubens formosa sponsa mea, veni de Libano.

Veni in hortum meum, charissima mea, Ecce quam pulchra es, amica mea, columba mea, formosa mea, sponsa mea, veni de Libano.

Oh la plus belle des femmes O rose fleurie, plus brillante que l'aube belle comme la lune, brillante comme le soleil ma belle mariée rayonnante je viens du Liban.

Je suis allé dans mon jardin, ma chérie, Voici comme tu es belle mon amour ma colombe ma belle mariée je viens du Liban.

Liturgie

4,7 Vous êtes toute belle, Marie - Antienne

« Tota pulchra es Maria »

Traditionnel, Antienne - Tota pulchra es Maria

Chœur des moines de l’abbaye Sainte-Madeleine du Barroux

© Abbaye du Barroux→, Ct 4,7

Antienne chantée pour l'Office de l'Immaculée Conception, le 8 décembre.

Paroles

Vous êtes toute belle, Marie, et la tache originelle n'est pas en vous.

2,14 Montre-moi ton visage - Alleluia

Alleluia « Ostende mihi »

Traditionnel, Alleluia - Ostende mihi

Chœur des moines de l’abbaye Sainte-Madeleine du Barroux

© Abbaye du Barroux→, Ct 2,14

Alleluia chanté à la Messe de la fête de Notre-Dame de Lourdes le 11 février.

Musique

4,9 Au cœur

17e s.

Dieterich Buxtehude (1637/1639-1707), Membra Jesu Nostri -BuxW75- (6) "Ad cor", 1680

John Eliot Gardiner (dir.), Monteverdi Choir, English Baroque Soloists

© Licence YouTube standard→, Ct 4,9

Paroles

VI. Ad cor 1. Sonata 2. Concerto a 3 voci (SSB) Vulnerasti cor meum, soror mea, sponsa, vulnerasti cor meum. 3. Aria (Soprano 1) Summi regis cor, aveto, te saluto corde laeto, te complecti me delectat et hoc meum cor affectat, ut ad te loquar, animes. 4. Aria (Soprano 2) Per medullam cordis mei, peccatoris atque rei, tuus amor transferatur, quo cor tuum rapiatur languens amoris vulnere. 5. Aria (Bass) Viva cordis voce clamo, dulce cor, te namque amo, ad cor meum inclinare, ut se possit applicare devoto tibi pectore. 6. Concerto a 3 voci (SSB) Vulnerasti cor meum, soror mea, sponsa, vulnerasti cor meum.

VI. Au cœur : 1. Sonata 2. Concerto à 3 voix (2 sopranes, 1 basse) : Tu m'as blessé le cœur, ma sœur fiancée, tu m'as blessé le cœur. 3. Aria (Soprano 1) Salut à toi, cœur du plus grand des rois, je te salue d'un cœur joyeux, je me réjouis de t'étreindre et cela atteint mon cœur, inspire-le à te parler. 4. Aria (Soprano 2) Que ton amour se porte jusqu'à la moelle de mon cœur, ce cœur de pécheur et de roi, à l'endroit où ton cœur ravi se languit, frappé d'amour. 5. Aria (Basse) Avec la vive voix de mon cœur je crie : « cher cœur, puisque je t'aime, penche-toi vers mon cœur, afin qu'il puisse se coller contre toi, entièrement dévoué à toi. » 6. Concerto à trois voix (2 sopranes, 1 basse) : Tu m'as blessé le cœur, ma sœur fiancée, tu m'as blessé le cœur.

Composition

Membra Jesu nostri (en français « les membres de notre Jésus »), BuxWV 75, est un cycle de sept cantates composées par Dietrich Buxtehude, sur des poésies spirituelles du Moyen Âge, déplorant l'une après l'autre les plaies du Christ.

Littérature

1,13 fascicule (V) FRANÇAIS BIBLIQUE 

  • V présente le terme fasciculum.

On emploie ici le terme français→, directement emprunté depuis le 15e s. au latin fasciculus« petit paquet, petite botte », diminutif de fascis« faisceau, fagot, paquet, au sens pharmaceutique de « petite botte de plantes ». 

Drapeau de la francophonie→ © Domaine public

Contexte

Milieux de vie

4,14 FLORE Cinnamome (cannelier de Ceylan)

 Illustration botanique de Cinnamomum verum

 dans  Köhler's Medizinal-PflanzendeFranz Eugen Köhler 1887  © Domaine public 

Ex 30,23 ; Pr 7,17 ; Ct 4,14 ; Ap 18,13

Identification 

Il existe 300 espèces de cinnamomum. L’écorce (intérieure) de cette plante est communément appelée « cannelle ». Ce nom vient de l’hébreu « kaneh » qui donne « canna » en latin, et désignait les végétaux qui ont une tige creuse. Le « kinnamon [qinnnâmôn] » hébreu, dans la Bible, désigne à priori, l’espèce cinnamomum verum,  appelé aussi cinnamomum zeylanicum, c’est à dire « cannelier de Ceylan » ; cette espèce est considérée comme étant la plus appréciée et la plus connue du genre cinnamomum

Dans d'autres passages bibliques (Ex 30,24 ; Ez 27,19) où il est question de cannelle ou casse, il s'agirait plutôt du cinnamomum cassia (cinnamome de Chine)

Classification
  • Famille : lauraceae
  • Genre : cinnamonum
  • Espèce : cinnamomum verum (ou zeylanicum)
Localisation

Originaire du sud-est asiatique. D’après Hérodote Historiae  3,110-111 et  Strabon Geographica  16,4,25, il viendrait d’Arabie ou du pays des sabéens (Strabon Geographica 16,14,19). D’après Pline Naturalis historia 12,86, il viendrait d’Éthiopie. En réalité il s’agirait plutôt de la Malaisie. Cette plante pousse principalement sur les côtes de l’Inde (Strabon Geographica 15,1,22) et sur l’île de Ceylan (Sri-Lanka). Des tentatives de transplantation en Syrie ont dû être faites sans succès car Pline explique que cet arbuste est sans force pour arriver aux régions voisines de la Syrie (Pline Nat. 16,135).

Description
  • L’ arbuste peut s’élever jusqu’à 15 m.
  • Il possède des feuilles vertes, persistantes, luisantes, ovales, à 3 nervures principales.
  • L’écorce, de couleur brun-rougeâtre, est lisse et papyracée. Après avoir été prélevée sur le tronc et les branches puis séchée, elle est enroulée pour être commercialisée sous le nom de cannelle.
  • Les fleurs de couleur blanchâtre possèdent 3 sépales, 3 pétales et 12 étamines.
  • Les fruits sont des baies pourpres d’environ 1 cm de diamètre.
Usage
Médical et cosmétique
  • Cette plante est  utilisée pour ses vertus thérapeutiques et médicinales.
  • Comme huile parfumée : l'huile de cinnamome est obtenue à partir des fruits mûrs ou en trempant de petits morceaux d'écorce brisés dans de l'eau de mer et en les distillant. Pline affirme aussi que l’on fait de l’huile avec la racine de cinnamome (Pline Nat.15,30). On l'utilisait pour parfumer les appartements et les lits de repos (Pr 7,17). 
Alimentation
  • On l’utilise en cuisine pour ses vertus aromatiques ; pour parfumer le vin (Pline Nat., 14, 107).
Cultuel
  • Cette substance aromatique est l’un des principaux composants de l’huile sainte du Temple, huile qui servait à la consécration des prêtres et des objets de culte du Temple.

 Bâtons, poudre et fleurs de cannelle de Ceylan

Photo : Simon A. Eugster (2015) © CC-BY-SA-3.0→

Histoire
  • La cannelle est commercialisée depuis des siècles : par l’archéologie nous savons qu’elle était déjà commercialisée au 11e s. av. J.-C. puisque des traces de cannelle ont été retrouvées dans des flacons phéniciens de cette époque sur la côte israélienne près de Haïfa. C’est par l’intermédiaire des phéniciens et de l’Arabie (royaume de Saba) que le Moyen-Orient a eu connaissance très tôt, de cette épice.
  • Elle était vendue très cher : Pline parle de 1000 deniers la livre (Pline Nat.12,95).
  • Sans doute pour en augmenter encore le prix, des fables au sujet de sa provenance étaient contées : « Quant au cinnamome, les Arabes le récoltent d’une façon plus étonnante encore. Où il naît, quelle est la terre qui le nourrit, on ne sait le dire, à cela près que certains, dont l’opinion n’est pas sans vraisemblance, prétendent qu’il pousse au pays où Dionysos fut élevé. Ce sont, dit-on, des oiseaux de grande taille qui apportent ces copeaux que, d’un nom appris des Phéniciens, nous appelons cinnamome ; ils les apportent pour la confection de leur nid, qu’ils attachent en les formant de boue contre des falaises escarpées où l’homme ne peut aucunement accéder. En face de cette situation, voici donc l’artifice dont usent, dit-on, les Arabes : ils découpent en morceaux aussi gros que possible les membres des bœufs, ânes et autre bêtes de somme qui viennent à périr, les transportent dans la région des falaises, les déposent à proximité des nids, et se retirent à l’écart ; les oiseaux descendent aussitôt et remontent les quartiers de chair sur leurs nids, qui, ne pouvant en supporter le poids, se rompent et tombent à terre ; eux surviennent et recueillent ainsi le cinnamome ; et le cinnamome, qu’ils recueillent, arrive de là dans les autres pays. » (Hérodote Historiae 3,110-11)
  • D’après Pline Nat.,12,94 c’est l’empereur Vespasien Auguste qui le premier a consacré dans les temples du Capitole et de la Paix des couronnes d’or incrustées de cinnamome.
Symbolique
réflexion, vigilance, pureté
  • Grégoire de Nysse Homiliae in Canticum canticorum,  9,11, ayant entendu dire que le cinnamome avait des propriétés purificatrices et rafraichissantes, rapproche cette plante du fruit produit dans l'âme des personnes réfléchies, car la réflexion éteint les passions des personnes « brûlant de désir ou bouillant de colère » et « conserve sa parole pure ». 

Réception

Littérature

1,3 fraglants (V) FRANÇAIS BIBLIQUE

  • V offre fraglantia, part. prés. neut. pl. de fragro, « émettre une odeur, sentir » dans une graphie inhabituelle.

 L'adj. français fragrant a le même sens. À l'imitation du latin, nous lui donnons une graphie inhabituelle qui le rapproche de flagrant (dérivé de flagro, « brûler, enflammer »), et l'irise de connotations de chaleur, d'imminence et de risque. 

Drapeau de la francophonie→ © Domaine public

Contexte

Milieux de vie

7,8 palmier FLORE Palmier d'Engaddi (ou Ein Gedi) V évoque Cadès (cf. Gn 14,7 ; Nb 13,26 ; Jos 10,14 ; Ps 29,8 et surtout Ez 47,19) // G—Si 24,14 présente Engaddi.

Palmier dattier à Ein Guedi, Israël 

photo: M.R. Fournier, 2022 © BEST AISBL,

Ex 15,27 ; Lv 23,40-42 ; Dt 34,3 ; Jg 4,5 ; 1R 6,29-35 ; 2M 10,7 ; Ps 92,13 ; Ct 7,8 ; Ez 40,16 ; Ez 41,18 ; Jl 1,12 ; Jn 12,13 ; Ap 7,9

Classification

Il existe 2600 espèces de palmiers. Parmi elles, à Ein Guedi pousse le palmier-dattier.

  • Famille : arecaceae
  • Genre : phoenix (nom dérivé de Phoenicia, pays du palmier)
  • Espèce : dactylifera (signifie : « qui porte des dattes »)

Le nom hébreu du palmier est Tamar.

Localisation
  • Ce palmier pousse naturellement dans les zones tropicales et sud-tropicales d’Asie (Golfe persique, Inde, péninsule arabique) et d’Afrique (Sahara, Somalie, oasis du sud).
  • On a retrouvé des traces de sa présence à l’état sauvage à Ein Guedi sous forme fossilisée dans du grès quaternaire.
  • La culture de palmiers existait en Mésopotamie et en Égypte vers 4500 av. J.-C.
  • Ils ont été implantés en Europe et en Amérique dès le 16e s. dans un but ornemental.
Description
  • Au sens strict, le palmier n’est pas un arbre car il n’a pas un tronc mais un stipe qui se forme avec le pétiole des feuilles mortes. C’est une plante monocotylédone qui a besoin de beaucoup de lumière, de chaleur et même d’une certaine sécheresse pour se développer. Elle peut toutefois résister au froid.
  • Son stipe est fibreux (Théophraste Historia plantarum 1,5,3) et n’a pas d’écorce. Il pousse droit, sans élargir son diamètre, et il peut s’élever jusqu’à 30 m.
  • Ses palmes peuvent mesurer jusqu’à 7 m de long et sont composées de folioles linéaires vertes disposées en deux rangs opposés qui, pour certaines (partie inférieure), sont recouvertes d’épines. Les feuilles sont persistantes (Théophraste Historia plantarum 1,9,3) ; le feuillage et les fruits sont regroupés à la cime.
  • Des inflorescences composées de petites fleurs beiges apparaissent vers le mois d’avril.
  • Ces fleurs donnent des fruits charnus, cylindriques et sucrés de 3 à 7 cm de long que l’on récolte en été et que l’on appelle « dattes » en raison de leur forme de « doigts », dactylos en grec. Les dattes pendent entre les palmes, en grappes, attachées à un rameau.
  • Les racines sont peu ramifiées, longues et fines.
  • Le dattier est une plante dioïque : on différencie donc les dattiers mâles, qui portent des branches couvertes de fleurs (8000 à 12000) possédant 6 étamines, des dattiers femelles aux fleurs moins nombreuses (100 à 2000) possédant 3 carpelles. Seuls les pieds femelles portent les fruits. Sans présence de pied male, il ne peut y avoir pollinisation et les pieds femelles ne peuvent donc donner de fruits.
  • Des rejets apparaissent au pied du palmier ; rattachés au système vasculaire de la plante mère, ces rejets développent peu à peu des racines afin d'acquérir une vie autonome.
Usages

Selon un dicton arabe il y aurait autant d'usages du palmier que de jours dans l'année. 

Alimentation
  • Les dattes, qui contiennent vitamine B9, fibres et minéraux (potassium, fer), peuvent être consommées fraîches ou sèches. Hypercaloriques, elles permettent de faire le plein d’énergie. En raison de leur forte teneur en sucre, elles sont utilisées pour sucrer des plats, des pâtisseries. Certaines variétés de dattes, farineuses, sont broyées pour faire des galettes, des biscuits ou du pain (Pline Naturalis historia 13,27). En les laissant fermenter avec de l’eau, on obtient un vin de dattes.
  • La sève de couleur blanche, laiteuse, récoltée en incisant la spathe entourant les fleurs, est douce et sucrée. Après extraction, elle fermente rapidement, prenant une teinte plus foncée et permet de produire un vin de palme, pétillant fort et âpre : la Bible parle de « boisson forte » (Dt 14,26 ; Is 5,11). 
  • Même le bétail est parfois nourri de dattes (Pline Naturalis historia 13,27).
Culture matérielle
  • Les palmes étaient utilisées pour confectionner des paniers, des nattes, des cordages (Pline Naturalis historia 16,89), des chapeaux de soleil (Pline Naturalis historia 13,30). Pour cela on faisait sécher les palmes à couvert pendant quatre jours puis on les étendait au soleil. Les feuilles étaient ensuite découpées. (Pline Naturalis historia 16,89).
  • Les palmes servaient à recouvrir les toits des maisons ou à consolider les clôtures. Les cabanes de la fête de Souccot sont recouvertes de palmes.
  • Les palmes étaient aussi le moyen utilisé par les esclaves et serviteurs pour éventer les visages de leurs maîtres ; aussi, avoir la tête entourée de palmes est devenu signe de luxe, de noblesse.
  • Le stipe du palmier, appelé parfois dans le langage courant « tronc du palmier », ne développe pas le tissu cellulaire à l’origine du bois ; cependant, dans le langage courant, on parlera de « bois de palmier ». Ce « bois » est léger, facile à travailler, élastique, tendre. (Théophraste Historia plantarum 5,3,6) Il servait à faire des ébauches. Sa solidité lui permet de supporter des charges. On l’utilise parfois pour faire des poutres, des toitures, des portes mais aussi du mobilier.
Autres
  • Le palmier est combustible : il donne des braises qui durent très longtemps (Pline Naturalis historia 13,39).
  • La présence de palmiers dans le désert crée un microclimat qui favorise le développement d’autres plantes.
  • Le palmier est une source d’inspiration pour les artistes : stylisé, il est utilisé comme motif architectural, en décoration (temple de Salomon 1R 6,32). Ce motif est appelé en hébreu timorah, c’est-à-dire « palmettes » (Ez 40,34).
Histoire
  • Pline Naturalis historia 13,50 « Des soldats d’Alexandre périrent étouffés par des dattes vertes ; en Gédrosie, ce fut la qualité du fruit qui causa leur mort ; ailleurs, ce fut la quantité. C’est que dans leur fraîcheur, les dattes sont si délicieuses que seul le danger de périr vous arrête d’en manger. »
  • Des graines de palmier-dattier de l’époque d’Hérode le Grand ont été retrouvées dans les années 1960 à Massada. Parfaitement conservées en raison de l’environnement particulier qui règne dans la région de la mer morte, l’une de ses graines a germé en 2005 permettant de retrouver la variété ancienne de dattier qui poussait en Judée. 
  • Dennis Mizzi, "Archeology of Qumran." T&T Clark Companion to the Dead Sea Scrolls. Ed. George J. Brooke and Charlotte Hempel. London : T&T Clark, 2019. 17—36. Bloomsbury Companions. Bloomsbury Collections. Web « Le palmier-dattier étant l'une des ressources les plus importantes et les plus précieuses de la région, il est très probable que les Qumranites aient été impliqués dans la production de dattes. Cette probabilité est corroborée par la découverte de grandes quantités de dattes et de noyaux de dattes, de jarres scellées contenant du miel de datte, d'un pressoir qui servait probablement à la production de vin de datte, et peut-être par la découverte d'un tesson de poterie qui semble suggérer que les habitants de Qumran possédaient des palmeraies. » (Notre trad.)
Symbolique
Fécondité
  • Très tôt, dans les civilisations sumérienne et égyptienne, le palmier a représenté la fécondité car, bien que vivant en des lieux désertiques, il porte des fruits en abondance.
Féminité
  • En raison de sa beauté, de son port élancé, de ses palmes comparables à des cheveux longs, le palmier est souvent associé à la femme (Ct 7,8-9). Dans des scènes anciennes, le palmier abrite la femme en train d’accoucher (accouchement de Léto à Delos), d’allaiter (stèle de Karatépé 7e s. av. J.-C.).
  • Plusieurs femmes dans la Bible portent son nom : « Tamar » (Gn 38,6 ; 2S 13,1 ; 2S 14,27).
Droiture
  • Son stipe poussant bien droit et s’élevant vers le ciel, le palmier est symbole de droiture (Ps 92,13).
Arbre de vie

Le palmier est considéré comme l’archétype de l’arbre de vie :

  • Par sa hauteur il semble relier la terre et le ciel.
  • Parce qu’il pousse dans des lieux chauds et ensoleillés, près de points d’eau, il évoque les terres paradisiaques, l’oisiveté heureuse.
  • Sa sève blanche et sucrée évoque le lait et le miel qui coule en terre promise. Il semblerait d’ailleurs que lorsqu’il est question de miel dans la Bible, ce ne soit pas toujours le miel des abeilles mais aussi du « miel » du palmier-dattier qu'il s’agit (Gn 43,11 ; 1S 14,25 ; Ps 19,10 ; Pr 24,13 ; 25,16 ; 27,7 ; Is 7,15 ; Ct 4,11 ; Ap 10,9).
  • À partir de ses dattes il est possible d’obtenir à la fois du pain et du vin, (Pline Naturalis historia 13,27) symboles eucharistiques.
Royauté
  • Parce qu’il est source de richesse le palmier devient symbole royal : le roi étant celui qui garantit la prospérité du royaume.
Victoire

Brandir des palmes était un signe d’allégresse et de victoire :

  • Dans l’antiquité romaine, la victoire était symbolisée sur les pièces de monnaies par une femme tenant en main une couronne et une palme. Lors des jeux, on donnait au vainqueur une palme comme récompense.
  • Reconnu roi de Syrie par Démétrius, Simon lui envoie une palme d’or comme symbole de la victoire (1M 13,37) (cf. 2M 13,4).
  • En Orient, il était de coutume d’agiter des palmes pour acclamer les héros (cf. 2M 10,6-7 ; 1M 13,51).
  • Chaque année lors de la fête de Souccot, les juifs processionnaient vers le Temple (cérémonie des Hoshanot) au cri d’ « hosanna », tenant en main quatre espèces de rameaux dont la palme.
  • Lors de l’entrée solennelle de Jésus à Jérusalem, (fête des rameaux) la foule l’acclamait en agitant des palmes et en étendant des manteaux sur son passage.
Résurrection
  • La résurrection étant la « victoire de la Vie sur la mort », la palme est aussi symbole de résurrection.
  • Le palmier, renaissant en quelque sorte de lui-même par ses surgeons, va donner son nom au Phénix (phoenix), oiseau mythique qui renait de ses cendres. (Pline Naturalis historia 13,9).
  • Les saints (Ps 92,13) et plus particulièrement les martyrs, sont représentés avec des palmes à la main (Ap 7,9).
Marie

Le palmier est parfois associé à la Vierge Marie : en raison des symboles précédemment cités (beauté, féminité, sainteté, fécondité, arbre donnant le fruit de vie) et de récits anciens :

  • Évangile du pseudo-Matthieu 20-21 : Lors de la fuite en Égypte, Marie, fatiguée, s’assied au pied d’un palmier qui, sur les ordres de l’enfant Jésus, s’incline jusqu’à elle pour la nourrir de ses dattes. Entre les racines, une eau douce s’écoule pour la désaltérer. En récompense, Jésus accorde au palmier le privilège de voir l’un de ses rameaux être emporté par un ange au paradis.
  • Coran S19,24-25 situe la naissance de Jésus sous un palmier. Une eau s’écoule alors entre les racines et Marie, secouant le tronc, obtient des dattes pour retrouver des forces.

2,12 FLORE Fleurs (des champs)

Fleurs des champs (côte méditerranée en Israël)

Photo : M.R. Fournier (avril 2022) © BEST AISBL

Identification

Plusieurs fois dans la Bible, il est question de l’expression « fleurs des champs » de manière générale. C’est le cas dans le Cantique des Cantiques avec le nom nitṣṣanîm (Ct 2,12) qui désigne des fleurs de printemps de couleurs vives et même rouges. À d’autres moments la Bible parle de « fleurs des champs » en insistant sur leur aspect éphémère (Ps 103,15). D’autres fois elle vante leur beauté (Lc 12,27-28 ; Mt 6,28-30). 

Voir Milieux de vie Ct 2,1 pour un inventaire complet de cette flore.

3,6 FLORE Arbre à encens

Un arbre à encens (Boswellia sacra) au parc naturel de Wadi Dowkah (Dhofar, Oman)

Photo : Mauro Raphaël (mars 2004) © CC-BY-3.0→

Ex 30,1.7-9.34 ; Lv 2,1.2.15.16 ; 5,11 ; 6,15 ; 10,1 ; 16,12-13 ; 24,7 ; Nb 5,15 ; 7,14.20.26.32.38.44.50.56.68.74.80.86 ; 16,46 ; 2R 17,10-11 ; 18,4 ; 23,5 ; 1Ch 9,22 ; 2Ch 28,4 ; 34,25 ; Ne 13,5-9 ; Ct 3,6 ; 4,6-14 ; Is 43,23 ; 60,6 ; 65,3 ; Jr 6,20 ; 11,12.17 ; 17,26 ; 41,5 ; 48,35 ; Mt 2,11 ; Lc 1,9-10 ; Ap 5,8 ; 8,3-4 ; 18,13

On appelle « encens » le kétoret (hébreu) qui désigne un encens composé mais aussi le lebonah (hébreu) ou libanos (grec) qui est l’encens pur, résine de l’arbre à encens (Boswellia).

Classification
  • Famille : burseraceae
  • Genre : boswellia
  • Espèce : sacra
Localisation

L’arbre à encens pousse sur la péninsule arabique et en Afrique orientale. On le retrouve en particulier en Éthiopie, au Yémen, à Oman.

Description
  • Petit arbre de 2 et 8 m de haut à plusieurs troncs et aux branches tordues recouvertes de duvet.
  • Les feuilles vertes caduques sont composées de 7 ou 9 folioles dentelées et brillantes.
  • Des fleurs blanches à 5 pétales, en forme d’étoiles, poussent à l’aisselle des feuilles.
  • Les fruits apparaissent après la floraison sous forme de capsules contenants des graines.
  • La résine exsude sous l’écorce en gouttelettes blanches, jaune ou rouge pâle. Elle a un goût amer et dégage une forte odeur balsamique quand elle est brûlée ou chauffée. Sa qualité varie selon la zone géographique où pousse l’arbre. Selon Pline Naturalis historia 12,32, la plus pure est blanche.

 Illustration botanique de Beswellia sacra (arbre à encens)

 dans Köhler's medizinal Pflanzen de Franz Eugen Köhler, 1897 © Domaine public

Usage
Médical et cosmétique
  • Broyé et mélangé à d’autres résines, l’encens servait de parfum pour le corps (Hérodote Historiae, 4,75).
  • L’encens est utilisé comme parfum pour purifier l’air, éloigner les mauvaises odeurs. Dans le Temple de Jérusalem, où se pratiquaient les sacrifices d’animaux, l’encens brûlé deux fois par jour préservait un parfum ambiant agréable.
  • Puisssant anti-inflammatoire, l'encens est utilisé pour lutter contre les douleurs rhumatismales, intestinales, les problèmes respiratoires. Il permet aussi une meilleure cicatrisation de la peau.
  • Il apaise les angoisses et est aujourd'hui utilisé en thérapie contre la dépression.
Cultuel
  • Dans de nombreuses religions, l’encens est brûlé pour chasser les démons.
  • De tout temps l’encens a été utilisé pour honorer la divinité. (Hérodote Historiae 1,183; Ovide Metamorphose 6,164). Il accompagne les offrandes et sacrifices pour être brûlé (Lv 2,15-16).
  • Au Temple de Jérusalem, chaque sabbat, du pain était déposé sur la table sacrée et recouvert de planchettes chargées d’encens. La semaine suivante, le pain était donné aux prêtres et l’encens brûlé sur le feu sacré (Josèphe Antiquitates Judaïcae 3,10,7) puis on renouvelait l’offrande. Une fois l’an pour Yom Kippour, le grand prêtre entrait dans le Saint des saints et déposait l’encens sur le feu de Yahvé (Lv 16,12-13).
  • L’encens pur entrait dans la composition de l’encens composé (Ex 30,7-8) qui était brûlé chaque jour dans le sanctuaire sur l’autel des parfums (Lc 1,10) .
  • Brûler de l’encens à d’autres qu’à Dieu était considéré comme de l’idolâtrie (1M 1,58 ; 2,15).
  • L’encens était un présent raffiné et coûteux qui était offert à des personnes que l’on voulait honorer, tel que des rois (Hérodote Historiae 3,97; Mt 2,11).
Histoire

Hérodote Historiae 3,107 raconte que les arbres à encens étaient gardés par des serpents ailés.

Symbolique
Prière
  • Parce que l’encens, en brûlant, s’élève en agréable odeur vers le ciel, il est devenu naturellement le symbole de la prière qui monte vers Dieu. (Ps 140,2 ; Lc 1,10)
  • Ap 5,8 Les parfums contenus dans les coupes d’or des 24 Vieillards sont « la prière des saints ».
  • Ap 8,3-4 La prière des saints s’élève avec la fumée des parfums.
Divinité
  • L’encens étant, dans plusieurs civilisations, réservé au culte divin, encens et divinité ont été associés.
  • Ovide Metamorphose 4,255attribue à l’encens une origine divine puisque dans la mythologie grecque, Hélios, dieu du soleil, change sa maîtresse Leucothoé en un premier arbre à encens.
  • Commentant Mt 2,11, les pères de l’Église ont vu dans l’offrande de l’encens par les mages la manifestation de la divinité du Christ (Irénée de Lyon Haer.3,9,2 ; Augustin d’Hippone Serm.1, Épiphanie).

2,1b FLORE Lis 

 Lis blanc (lilium candidum), Wadi Kelach, Mont Carmel, Israël

Photo : Zachi Evenor (mai 2015) © CC-BY-2.0→

1R 7,19.22.26 ; 2Ch 4,5 ; Ps 45,1 ; Ps 60,1 ;Ct 2,1.2.16 ; 4,5 ; 5,13 ; 6,2-4 ; Si 39,14 ; 50,8 Os 14,6 ; Mt 6,28-30 ; Lc 12,27-28

Identification

Le mot hébreu « šûšan » traduit le plus souvent par « lis » en francais, pourrait désigner des fleurs d’espèces variées. D’après la Bible, cette plante pousse dans les vallées (Ct 2,1), les prairies (Ct 2,16 ; 6,3), les champs (Ct 4,5), les jardins (Ct 6,2), près des eaux (Si 50,8) et même au milieu des épines (Ct 2,2). Elle donne des fleurs magnifiques, de parures royales (Mt 6,28-30 ; Lc 12,27-28) qui ont  la forme de coupes (2Ch 4,5) et exhalent un merveilleux parfum (Si 39,14). Ces fleurs poussent en abondance (Os 14,6).

Il est possible que les diverses mentions bibliques du « lis » fassent référence à plusieurs espèces de fleurs car aucune espèce ne possède toutes ces caractéristiques à la fois. Les botanistes et commentateurs de la Bible ont donné de nombreuses possibilités :

  • Lilium candidum 
  • Hyacinthus orientalis
  • Lilium chalcedonicum 
  • Anemone coronaria
  • Anthemis palaestina
  • Pancratium maritinum
  • Urginea maritima
  • Ixiolirion tataricum
  • Nymphaea lotus
  • Iris pseudacorus
  • Cyclamen persicum
  • Asphodelus
  • Gladiolus

Le lis de la Madone (lilium candidum) tient une place importante dans cette liste puisqu’il est l’espèce appelée  communément « lis » aujourd'hui (« šûšan » en hébreu moderne) et qu’il est chargé de toute la symbolique du lis biblique.

 Illustration de Lilium Candidum, (aquarelle, Pierre Joseph Redouté, 1805)

 Photo : rawpixel © CC-BY-SA-4.0 →

Classification
  • Famille : liliaceae
  • Genre : lilium
  • Espèce : candidum
Localisation

Cette plante, originaire des Balkans et du Moyen-Orient, s’est largement répandue en Europe, en Afrique du Nord et en Amérique (Mexique). Elle est cultivée depuis plus de 3000 ans. Elle pousse encore aujourd’hui à l’état sauvage sur les collines de Galilée et sur le Mont Carmel.

Description
  • Plante à bulbe vivace.
  • Tige entre 1 et 2 m de hauteur qui pousse au printemps.
  • Plusieurs grandes fleurs à 6 pétales d’une grande blancheur poussent à l’extrémité de chaque tige. Elles dégagent une odeur suave.
  • Feuilles vertes brillantes, elliptiques, lancéolées. Tandis que la plupart des lis perdent leurs feuilles en hiver, cette espèce garde à sa base une rosette de petites feuilles.
Usage
Cosmétique
Ornemental
  • Les lis sont utilisés pour confectionner des bouquets.
  • Ils sont utilisés comme motifs architecturaux et sont représentés sur de nombreux tableaux pour leur symbolique. On les retrouve sur des bas-reliefs assyriens.
Histoires
  • Selon une légende, l'apôtre Thomas, ne croyant pas aux rumeurs qu'il avait entendues sur la résurrection de la Bienheureuse Vierge Marie, fit ouvrir son tombeau. À l'intérieur, au lieu de son corps, il trouva le tombeau rempli de lis et de roses.
  • D'après la mythologie grecque, le lis serait né d’une goutte de lait tombée du sein d’Héra allaitant Héraclès.
Symbolique
Pureté, virginité, amour pur
  • L’extrême blancheur du lis en a fait le symbole de la pureté.
  • En raison de sa beauté et de la parure somptueuse dont Dieu l’a dotée (Lc 12,27-28) cette fleur est devenue le symbole de l’élection divine et donc de l’amour.
Sainteté
  • Le lis exhale un parfum agréable qui est symbole de l’odeur de sainteté (Si 50,8-9).
  • Il est, dans l’iconographie, l’attribut de nombreux saints : la Vierge Marie, saint Joseph , saint Bernard, saint Dominique, sainte Claire, saint Louis, sainte Catherine de Sienne, saint Antoine de Padoue...
Royauté
  • Jésus présente la fleur de lis comme une parure plus belle encore que celle du roi Salomon (Mt 6,28-30 ; Lc 12,27-28).
  • La fleur de lis (qui représente plutôt un iris) fut prise comme emblème par les rois de France.
La Vierge Marie

Les peintres au Moyen-Âge représentaient la Vierge avec un lis. En raison de cette association,  le nom de « lis de la Madone » a été donné à cette espèce de lilium.

Comme le lis, Marie est :

  • choisie entre toutes, par Dieu ;
  • pleine de grâce, immaculée ;
  • vierge ;
  • de dignité royale (Lc 12,27-28) ;
  • elle exhale le parfum divin de la sainteté (Si 50,8-9).

4,14b FLORE Aloès

Identification

Alahoth que l’on traduit généralement par « aloès » dans la Bible ne désigne pas toujours des plantes du genre aloe. Dans l’Ancien Testament, ce nom désignerait plutôt le parfum fournit par Aquillaria agallocha surnommé « bois d’aigle », « bois d’aloès » ou « bois d’Agar ». Par contre, quand, dans son évangile, Jean utilise le mot grec aloe, il s’agit bien du véritable aloès (aloe succotrina).

Aquillaria agallocha

 Le bois d'aigle

Photo: P. Bonnet (déc. 2019) © Domaine public

Ps 45,9 ; Pr 7,17 ; Ct 4,14

Classification
  • Famille : thymelaeaceae
  • Genre : aquilaria
  • Espèce : agallocha
Localisation

Originaire de Cochinchine, de Malaisie et du nord de l’Inde, il est exploité encore aujourd’hui au Bangladesh et en Birmanie. En raison de la forte commercialisation de ce bois de grande valeur, l’espèce est au bord de l’extinction dans certaines régions.

Description
  • Arbre tropical élevé (6 à 20 m) vivant dans le sous étage forestier de manière dispersée.
  • Son écorce est claire.
  • Feuilles vertes et brillantes.
  • Fleur de petite taille.
  • Le bois, imprégné de résine, est parfumé. La production de résine a lieu en réponse à une blessure ou à une infection. L’homme pour stimuler la production de résine par les micro-organismes, blesse l’arbre. 

 illustration botanique d'aquillaria agallocha

chromolithographie, W. Saunders,1839 © Domaine public

Ps 45,9 ; Pr 7,17 ; Ct 4,14

Usage
Alimentation
  • En Orient, il sert d’aromate.
Médical et cosmétique
  • Il est transformé par distillation en huile essentielle pour être utilisé dans des parfums et produits cosmétiques. Son parfum est boisé, musqué et intense. Il faut près de 150 kg de bois pour faire 1 l d’huile. Son prix est élevé (jusqu’à 80000 dollars le litre aujourd’hui)
  • Au Vietnam il est employé contre les intoxications.
  • Il est réputé pour ses propriétés cordiales et céphaliques.
  • Les feuilles, en infusion, ont des vertus sédatives et digestives.
  • Le bois est utilisé pour faire du vin médicinal.
Culture matérielle
  • Le bois peut être sculpté ou tourné.
Cultuel
  • Il est utilisé pour les cérémonies religieuses et accompagne sacrifices et prières. On l’appelle aussi le « bois des dieux ».
  • Les Égyptiens et les Grecs s’en servaient dans leurs rites funéraires.

Aloe succotrina (ou aloe vera)

 L’Aloe succotrina était plus réputé mais a les mêmes propriétés qu’aloe vera.

Aloe succotrina, Abu shawka, (nov. 2012, Cape)

© Domaine public

Jn 19,39

 Classification
  • Famille : aloeaceae
  • Genre : aloe
  • Espèce : succotrina
Localisation

Originaire d’Afrique du sud, cette plante est aussi présente sur l’ile de Socotra (territoire du Yémen à l’entrée de la mer rouge) d’où elle tire son nom d’espèce. Elle a besoin d’un climat méditerranéen et pousse à flanc de montagne ou sur les falaises et les rochers.

Description
  • Plante grasse à rosettes denses et hautes de 2 m.
  • Feuilles vertes, épaisses, longues et à la marge dentelée.
  • Fleurs rouges orangées disposées en épis sur une hampe d’environ 1 m. Elles fleurissent vers la fin de l’hiver.

 Illustration botanique d'Aloe succotrina

dans Köhler's Medizinal-Pflanzende  Franz Ernest Köhler, 1897

© Domaine public

Usage
Alimentaire
Médical et cosmétique
  • Le gel contenu dans les feuilles est utilisé en cosmétique et en pharmacie pour le soin de la peau. Il a des propriétés hydratantes, cicatrisantes et adoucissantes et soulage donc les brulures, les coupures, l’eczéma.
  • Son latex est un laxatif.
  • Il empêche les cheveux de tomber et calme les maux de tête. Pline Nat. 27,5
Cultuel
  • L’aloès était utilisé par les Égyptiens pour embaumer les morts. Ses vertus médicinales sont rapportées par le papyrus Ebers (1550 av. J.-C.)
Histoire
  • Aristote aurait convaincu Alexandre le Grand de conquérir l’ile de Socotra pour obtenir les plantations d’aloès et ainsi soigner ses soldats blessés en campagnes. Cette plante l’aurait guéri lui-même d’une blessure de flèche.
  • Après les attaques nucléaires de Nagasaki et Hiroshima, les japonais soignaient les victimes avec l’aloès. Leur peau cicatrisait rapidement et les risques de cancer de la peau diminuaient.
Symbolique
Beauté
  • L’une des propriétés de l’aloès est d’embellir la peau.
  • Une légende égyptienne raconte que l’éclat des yeux de Cléopâtre venait de l’utilisation d’un collyre contenant de l’aloès.
  • Néfertiti devait la beauté de sa peau à ses bains de lait d’ânesse et de pulpe d’aloès.
  • Les jeunes amérindiennes enduisaient leur visage de jus d’aloès pour attirer les garçons.
Guérison
  • Ses propriétés thérapeutiques l’ont rendu célèbre et précieux.
Renaissance et éternité
  • Sur les buchers funéraires en Inde sont placés des feuilles d’aloès.
  • En Égypte, l’aloès était placé autour des temples et pyramides pour accompagner les pharaons vers l’au-delà et les soigner durant leur voyage. Quand il fleurissait, cela signifiait que le mort avait atteint sa destination. Considérée comme plante d’éternité, elle faisait partie des ingrédients utilisés pour l’embaumement.
  • Les Grecs pensaient que l’aloès rendait les guerriers invulnérables.
  • Durant les croisades, les Templiers attribuaient à « l’Élixir de Jérusalem » composé de vin de palme, de pulpe d’aloès et de chanvre, des vertus de longévité.

2,2 FLORE Épines

Identification

De nombreuses plantes épineuses sont présentes dans les environs de Jérusalem et plus de 70 espèces existent en Israël. Appelées dans la Bible  qôṣatad, ’āṭādshamir, šāmîr, silôn, les épines sont difficiles à identifier précisément. Celles auxquelles on a porté la plus grande attention sont les épines de la couronne de Jésus.

La couronne de Jésus
  • Les reliques conservées à Notre Dame de Paris montrent une couronne tressée de joncs qui aurait servi de support pour fixer des branches épineuses.
  • Les épines furent dispersées au fil des siècles : 70 épines conservées dans divers lieux du monde sont aujourd’hui répertoriées comme pouvant provenir de cette couronne.
  • Il n’est pas exclu que la couronne ait été tressée avec, non pas une, mais diverses espèces épineuses.

Plusieurs plantes sont proposées :

Le jujubier de Palestine (Ziziphus spina christi

 Ziziphus spina-christi

Photo : Davidbena (mars 2018) © CC-BY-SA-4.0→  

Gn 3,18 ; Ex 22,5 ; Jg 8,7 ;  Ps 58,10 ; Pr 15,19 ;  Is 5,6 ; 7,19.23-25 ; 9,17 ; 10,17 ; 33,12 ; 34,13 ; 55,13 ; Ez 28,24 ; Os 2,8 ; 9,6 ; Mt 7,16; Mt 27,29 ; Mc 15,17 ; Lc 6,44 ;  Jn 19,2.

Cette espèce est la plus communément admise comme étant celle qui a permis de faire la couronne d’épines car elle est présente dans les environs de Jérusalem et correspond aux épines qui étaient présentes sur la couronne d’épines de Notre-Dame de Paris. Seules ses jeunes tiges seraient assez souples pour être tressées en couronne.

Classification
  • Famille : rhamnaceae
  • Genre : ziziphus
  • Espèce : spina-christi
Localisation

Cette espèce est originaire d’Afrique et s’est vite acclimatée au Moyen-Orient. Un jujubier dont l’âge est estimé entre 1500 et 2000 ans est encore présent à Ein Hatzeva près la Mer Morte.

Description
  • Arbre aux branches étalées qui peut atteindre 20 m de haut.
  • Feuilles vertes persistantes présentant généralement deux épines stipulaires de 2 et 5 cm de long. 
  • Fleurs jaunes parfumées à 5 pétales.
  • Le fruit est une drupe globuleuse, jaune-rouge. Autour d’un noyau, la chair est comestible.

 Jujubier, Neot Kedumim (Israël)

(avril 2022) D.R. M.R. Fournier © BEST AISBL

Usage
Alimentation
  • Cet arbre est cultivé pour ses fruits, les jujubes, qui sont consommés frais, séchés ou en farine. Ils servent aussi à la fabrication d’une boisson alcoolisée. Les fleurs fournissent le nectar pour les abeilles ; les feuilles servent d’alimentation au bétail.
Médical
  • Les feuilles ont des propriétés antibactériennes, anti inflammatoires, cicatrisantes et anti diabétiques.
  • Les graines de jujube sont utilisées en Chine contre l’insomnie, l’irritabilité et les sueurs nocturnes.
  • Les épines sont utilisées en Afrique contre les morsures de serpent.
Culture matérielle
  • Le bois, résistant aux termites, sert à la construction et à la fabrication d’objets.
Cultuel
  • Au Soudan, des rituels magiques sont pratiqués près de cet arbre.

Le paliure (paliarus spina christi

Paliure

© Domaine public

Cette plante épineuse peut facilement être tressée mais elle n’est pas aujourd’hui présente dans la région de Jérusalem. Sa présence à l’état sauvage en Samarie et en Galilée fait supposer qu’elle aurait pu pousser en Judée durant l’Antiquité.

Classification
  • Famille : rhamnaceae
  • Genre : paliurus
  • Espèce : spina-christi
Localisation

On trouve cette plante sur le pourtour méditerranéen.

Description 
  • Petit arbre touffu de 2 à 5 m à l’écorce grise crevassée.
  • Rameaux grêles en zig zag qui portent des épines robustes.
  • Feuilles vertes caduques alternes et ovales.
  • Fleurs jaunes à 5 pétales réunies en grappes.
  • Les fruits sont des samares entourées d’une aile membraneuse en forme de chapeau d’où le nom de « porte chapeau » donné parfois à la plante.
Usage
Médical
  • Le fruit est utilisé en infusion pour son action diurétique et contre l’hypertension artérielle.

Le Lyciet

 Lycium intricatum en Espagne

Photo : Retama (sept 2006) 

© CC-BY-SA-3.0→

 Le lyciet d’Europe est nommé « couronne du Christ » en francais. Les reliques de la couronne du Christ à Rome et à Milan sont des épines de lyciet.

Classification
  • Famille : solanaceae
  • Genre : lycium
Localisation

Sur le pourtour méditerranéen.

Description
  • Arbrisseau touffu de 1 à 3 m.
  • Feuilles vertes grisâtres.
  • Fleurs rosées ou blanchâtres.
  • Les fruits sont des baies rouges orangées.
  • Rameaux raides et épineux avec épines courtes et robustes.
Usage
Alimentation
  • Les baies fades, sont consommées en Inde et Afrique. Elles doivent être mangées bien mûres pour éviter les empoisonnements.
  • Les pousses peuvent être mangées cuites à l’eau.
  • Les feuilles peuvent être servies en salade.
Médical
  • Déjà au 4e s. av. J.-C. la racine et les feuilles bouillies de cet arbre étaient utilisées comme médicament et en application locale pour soigner les abcès et les plaies Pline Nat. 24,76.
Culture matérielle
  • Le lyciet permet de faire des haies de protection.

La pimprenelle épineuse (sarcopoterium spinosum) 

 Pimprenelle épineuse, Neot Kedumim (Israël)

(avril 2022) D.R. M.R. Fournier © BEST AISBL

Cette plante a de fortes épines et est suffisamment souple pour en tresser une couronne. C'est le buisson épineux le plus commun dans la région de Jérusalem.

Classification
  • Famille : rosaceae
  • Genre : sarcopoterium
  • Espèce : spinosum
Localisation

Région méditerranéenne orientale.

Description
  • Arbrisseau touffu et épineux de 50 cm de haut en forme de boule.
  • Feuilles à petites folioles arrondies, vert brillant. Elles tombent en été.
  • Fleurs sans corolle, groupées en têtes denses.
  • Les fruits sont des baies rouges.
  • Rameaux entrelacés.
Usage
Culture matérielle
  • On se servait encore de ce buisson au siècle dernier pour alimenter le feu.
  • Ces buissons, à la forme de barbelés, étaient utilisés (Is 5,6) pour recouvrir les clôtures de pierre et former une haie  (meśûkkâ) pour empêcher les chèvres de pénétrer dans les vignobles.

L’épine vulnérante (zilla spinosa

Il est question de cette plante en Ez 28,24

Zilla spinosa à Negev Derech HaArava (Israël)

Photo : Krzysztof Ziarnek, Kenraiz, fev. 2023,© CC BY-SA 4.0→

Classification
  • Famille : brassicaceae
  • Genre : zilla
  • Espèce : spinosa
Localisation 

Espèce assez commune dans le sud-est d’Israël. On la trouve sur la route entre Jérusalem et la Mer Morte. Résistante à la sècheresse cette plante se développe dans des sols sablonneux, des oueds.

Description
  • Buisson très ramifié et aux épines féroces pouvant atteindre 1,50 m de haut.
  • Feuilles vertes rapidement caduques.
  • Fleurs roses violacées de 1 à 2 cm.
  • Son fruit est une silicule subglobuleuse.
Usage
Alimentation
  • Elle sert de nourriture et d’abri à certains insectes.
Culture Matérielle
  • Sèches, les brindilles peuvent permettre d’allumer un feu.

Le calicotome velu (calycotome villosa)

 Calycotome villosa en fleurs dans les montagnes de Judée (Israël)

Photo : Davidbena , mars 2020, © CC BY-SA 4.0  →

Classsification
  • Famille : fabaceae
  • Genre : callicotome
  • Espèce : villosa
Localisation

Il est présent sur tout le pourtour méditerranéen, dans les terrains siliceux, les garrigues, les maquis, les forêts et les broussailles.  En Israël on le trouve surtout dans la moitié nord.

Description 
  • Arbuste épineux ressemblant au genêt et pouvant atteindre 2 m de haut.
  • Feuilles trifoliées vertes et caduques. Des poils sont visibles sur la face inférieure.
  • Rameaux et légumineuses couverts de poils blanchâtres.
  • Fleur couleur jaune or avec un calice en forme de coupe. Elles sont groupées par 2 ou 4 sur les épines.
Usage
Médical
  • Cette plante est utilisée comme antiseptique et anti inflammatoire.
  • Les racines en décoction soignent les rhumatismes.
  • Les feuilles permettent la cicatrisation des plaies et blessures.
Culture matérielle
  • Une teinture verte est obtenue à partir de cette plante.

Le nerprun (rhamnus lycioides et palaestina)

Rhamnus lycioides, Menashe Hills (Israël)

Photo : איתן פרמן, oct. 2010 © CC BY-SA 3.0→

Classification
  • Famille : rhamnaceae
  • Genre : rhamnus
  • Espèce : lycioides
Localisation

Cette plante est originaire du Soudan et pousse de préférence dans les pays chauds. On la trouve en Syrie, au Liban, en Israel et plus précisément dans les zones de garrigues, des sols pauvres et graveleux. Un échantillon de cette plante a été retrouvé à 500 m du Saint Sépulcre.

Description 
  • Arbuste à écorce grisâtre et à branches épineuses.
  • Feuilles vert clair oblongues, obtuses et persistantes.
  • Petites fleurs jaunes en grappes qui apparaissent en mars-avril.
  • Baies ovoïdes jaunes-rouges. En grande quantité elles peuvent être toxiques pour l‘homme.
Usage
Alimentation
  • Les baies servent de nourriture pour les oiseaux.
Culture matérielle
  • Cette plante est utilisée en reboisement pour freiner l’érosion.
  • Elle permet de former des haies de protection.
  • Le bois servait de combustible.
  • Les baies fournissaient une teinture jaune-orangé.

Astragale à épines (astragalus spinosus)

Astragalus spinosus, Nord du Negev (Israël)

Photo : Gidip, dec. 2006 © CC BY-SA 3.0→

Classsification
  • Famille : fabaceae
  • Genre :  astragalus
  • Espèce : spinosus
Localisation

Cette plante est présente dans le sud et l’est du bassin méditerranéen (Libye, Égypte, Israël, Liban, Syrie, Irak) ainsi qu’en Iran et dans la Péninsule Arabique. On la trouve surtout dans les lieux désertiques.

Description
  • Arbuste vivace épineux.
  • Feuilles pennées.
  • Fleurs blanches à 5 pétales hérissées d’épines fines et acérées.

Le câprier épineux (capparis spinosa var. aegyptia)

Câprier en fleurs (Israël)

Photo : Bo Basilic, juin 2012 © CC BY-SA 3.0→ 

Même si ses épines ne sont pas très grandes, la flexibilité de ses tiges aurait pu permettre aux soldats de tresser une couronne pour Jésus lors de sa passion tout en y insérant d’autres épines. Des traces de pollen de capparis aegyptia ont été retrouvées sur le linceul de Turin.

Classsification
  • Famille : capparaceae
  • Genre : capparis
  • Espèce : spinosa (var. aegyptia)
Localisation

Le câprier épineux est très répandu. On le trouve en Afrique du Nord et de l’Est, en Asie Occidentale ainsi que sur le pourtour méditerranéen. Il est présent en Israël.

Description
  • Arbuste épineux aux rameaux grisâtres toujours fleuris. Ses tiges sont très souples.
  • Feuilles alternes, simples, ovales et vertes.
  • Épines courtes recourbées à la base.
  • Fleurs axillaires à quatre pétales blanc-rose et aux étamines mauves.
  • Fruit charnu ovoïde, appelé câpron, qui éclate à maturité pour disperser ses graines.
Usage
Alimentation

On obtient des câpres en faisant confire ses boutons floraux dans le vinaigre.

Médical 
  • Du fait de ses propriétés analgésiques et diurétiques, l’écorce des racines est utilisée pour le traitement des infections intestinales.
  • Absorbés, les boutons de fleurs servent de laxatif. En traitement extérieur ils soignent les infections oculaires.
  • Les feuilles sont utilisées contre les piqûres d’insectes.
  • On attribuait autrefois aux câpres des vertus aphrodisiaques.
Culture matérielle
  • Sèches, les brindilles peuvent servir à allumer le feu.
Cosmétique
  • L’extrait de racine sert pour le soin capillaire et le soin de la peau.

1,17 Le cyprès FLORE Cyprès

Cyprès sur le Mont Scopus (Jérusalem)

Photo:  M.R. Fournier (2021) © BEST AISBL

Is 41,19 ; 60,13 ; Si 24,17

Classification

Le cyprès est un conifère. Il existe environ trente espèces de cyprès. L’espèce la plus présente au Moyen-Orient est le cyprès commun (Cupressus Sempervirens) appelé aussi « cyprès d’Italie » ou « cyprès de Provence ».

  • Famille : cupressaceae
  • Genre : cupressus
  • Espèce : sempervirens
Localisation

Cette espèce est originaire d’Asie mineure et s’est répandue autour du bassin méditerranéen et dans le reste du globe. En régions montagneuses il pousse en compagnie du cèdre. (Mt Liban, Mt Hermon) mais, ne résistant pas au grand froid, on ne le trouve pas sur les sommets. Théophraste écrit que l’on trouve le cyprès dans les pays de soleil comme la Crète, la Lycie et Rhodes. (Théophraste Historia plantarum 4,5,1 )

Description
  • De haute taille (jusqu’à 25 m de haut) et massif, le cyprès est très ramifié et a un feuillage en écaille, persistant.
  • On trouve deux formes de cyprès commun : la forme horizontalis aux branches étalées et la forme pyramidalis au port plus élancé, conique qui résiste bien au vent.
  • Son écorce se crevasse avec le temps et dégage une odeur de résine.
  • Ses fleurs donnent naissance à des cônes sphériques, bruns, appelés « noix de cyprès ». 
  • Son bois est imputrescible (Théophraste Historia plantarum 5,4,2).
  • Ses graines sont si petites qu’elles sont à peine visibles (Pline Naturalis historia 17,72).

Illustration botanique de Cupressus sempervirens (1818),P.J.Redouté

dans Traité des arbres et arbustes que l'on cultive en France en pleine terre de Duhamel du Monceau

© Domaine public→

Usage
 Médical
  • Pline Naturalis historia 24,10 présente les feuilles et les fruits du cyprès comme des remèdes contre les morsures de serpents, les coups de soleil, les hernies, les douleurs nerveuses, etc … Les cônes ont des propriétés anti-inflammatoires.
  • Son utilisation en médecine est très ancienne (cf. tablettes cunéiformes sumériennes, Gilgamesh).
Culture matérielle

Autres

  • Il protège les cultures des vents violents.
Symbolique
Tristesse et deuil
  • Le cyprès est l'attribut de Pluton, dieu des enfers.
  • Les nécropoles romaines et grecques étaient ornées de cyprès parce que ces arbres devaient permettre de communiquer avec les régions souterraines de l’Hadès.
  • Les sarcophages des Égyptiens étaient souvent en cyprès.
  • Ovide Metamorphoses 10, raconte que le jeune Cyparisse, ayant tué par accident le cerf que lui avait offert Apollon, en est si peiné qu'il demande à ce dernier la faveur de laisser couler ses larmes pour l'éternité. Apollon le change alors en cyprès, arbre dont la sève s'écoule en forme de larmes.  
  • Virgile Aeneid 6,214-217 parle de « funestes cyprès ».
Éternité, vie éternelle

En raison de ses feuilles persistantes, de son bois réputé imputrescible, de sa longévité (jusqu’à 2000 ans), de son odeur d’encens, le cyprès, « arbre funèbre », devient signe de vie éternelle. 

  •  Dieu lui-même se compare au cyprès (Os 14,9). Ainsi, dans les cimetières, cet arbre au feuillage toujours vert et à la cime élancée vers le ciel, vacillante comme une flamme, rappelle la présence de Dieu et sa promesse de donner la vie éternelle à ceux qui croient. 
  • Origène Homiliae in Canticum canticorum 2,5 voit dans le cyprès l’image des vertus spirituelles, et dans son odeur, celle de la sainteté.
Légendes

Une légende très en vogue à l’époque médiévale, et qui contient de nombreuses variantes, présente le cyprès comme l'un des arbres dont fut tirée la croix du Christ.

  • Actes de Pilate 20 raconte qu’Adam, malade, aurait envoyé son Fils Seth réclamer à l’archange st Michel un peu d’huile de l’arbre de Vie. L’archange le lui refusa en disant qu’Adam ne serait oint de l’huile de la miséricorde que lorsque dans 5500 années, le fils de Dieu viendrait la lui donner.
  • Voragine La légende dorée  (p. 363-372) Selon une autre chronique, Saint Michel aurait donné à Seth un rameau de l’arbre de la connaissance du bien et du mal, que Seth aurait planté sur la tombe d’Adam et qui donna un arbre splendide duquel fut fait la verge de Moïse, celle d’Aaron, le bois qui adoucit les eaux de Mara, la perche du serpent d’Airain et la croix de Jésus Christ.
  • Cornish Ordinalia parle de 3 graines données par l’ange à Seth qui les plaça dans la bouche d’Adam mort. De là poussèrent trois arbres : un cyprès, un cèdre et un olivier qui n’en formèrent qu’un seul (symbole de la trinité) qui servira finalement à faire la sainte croix. 

1,6–14 ; 2,13ss Vigne FLORE Vitis vinifera

Vigne près de Nahal Ilan (Israël)

Photo : M.R. Fournier (avril 2022) © BEST AISBL

Vigne: Gn 9,20 ; 40,9-11 ; 49,11-12 ; Ex 22,4 ; 23,11 ; Lv 19,10.19 ; 25,3 ; Nb 6,4 ; 13,23 ; 20,5.17 ; 21,22 ; 22,24 ; Dt 6,11 ; 8,8 ; 20,6 ; 22,9 ; 23,24 ; 24,21 ; 28,30.39 ; 32,32 ; Jg 9,12.13.27 ; 13,14 ; 14,5 ; 15,5 ; 21,20.21 ; 1S 8,14-15 ; 22,7 ; 1R 5,5 ; 21,1-2.6.7.15-16.18 ; 2R 4,39 ; 5,26 ; 18,31-32 ; 19,29 ; 1Ch 27,27 ; Ne 5,3-5.11 ; 9,25 ; 1M 3,56 ; 14,12 ; Jb 15,33 ; 24,6 ; Ps 78,47 ; 80,9-16 ; 105,33 ; 107,37 ; 128,3 ; Pr 9,12 ; 24,30 ; 31,16 ; Qo 2,4 ; Ct 1,6.14 ; 2,13.15 ; 6,11 ; 7,9.13 ; 8,11.12 ; Si 24,17.23 ;  Is 1,8 ; 3,14 ; 5,1-17 ; 7,23 ; 16,8-10 ; 17,10 ; 24,7 ; 32,12 ; 34,4 ; 35,9 ; 36,16 ; 48,32 ; 63,3 ; 65,21 Ez 15,2.6 ; Ez 17,5-10 ; 19,10 ; 28,26 ; Jr 2,21 ; 5,17 ; 6,9 ; 8,13 ; 12,10 ; 32,15 ; 35,7.9 ; 39,10 ; Os 2,14.17 ; Os 2,14 ; 10,1 ; 14,8 ; Jl 1,12 ; 2,22 ; 1,7Am 4,9 ; 5,17 ; 9,14 ; Mi 1,6 ; 4,4 ; Ha 3,17 ; Ag 2,19 ; Za 3,10 ; 8,12 ; Mt 20,1-2.4.7.8 ; Mt 21,28.33.39-41 ; 26,27-29 ; Mc 12,1-2.8-9 ; Lc 13,6 ; 20,9-16 ; 22,18 ; Jn 15,1-6 ; Jc 3,12 : 1Co 9,7 ; Ap 14,18-20 ; 

Classification
  • Famille : vitaceae
  • Genre : vitis
  • Espèce : vinifera
Localisation

La culture de la vigne est si ancienne, qu’il est difficile de connaître précisément son origine. Dans la Bible elle commence avec Noé (Gn 9,20) et sa présence est attestée ensuite en Égypte (Gn 40,9-11 ; représentations picturales dans les tombeaux d’Égypte) et en Canaan (Nb 13,24). On considère généralement que la vigne est originaire de l’Arménie et des régions de la Mer Caspienne (Moldenke, Bible Plants, p. 242).

Description
  • Plante grimpante qui s’attache à des supports par des vrilles.
  • Son système racinaire est puissant et étendu. Il peut s’enfoncer jusqu’à 6 m de profondeur pour puiser l’eau nécessaire.
  • Cultivé, le pied de vigne, flexible, se recouvre peu à peu d’écorces anciennes pour former le tronc que l’on appelle cep. Il se ramifie en plusieurs bras sur lesquels poussent des rameaux appelés sarments. Les sarments peuvent atteindre une longueur de 10 m mais ils sont généralement coupés pour ne pas dépasser 2 m de long. Sur les nœuds des tiges (renflements) poussent des feuilles et des bourgeons.
  • Ses feuilles à nervures palmées, généralement à 5 lobes, ont une base en forme de cœur.
  • Ses fleurs, petites, verdâtres et regroupées en inflorescences dégagent une agréable odeur.
  • Son fruit, le raisin, est composé de baies pluriloculaires regroupées en grappes. Sa couleur (blanc, jaune, rouge, violet, noir) et sa forme (globuleuse elliptique, ovoïde) diffèrent selon les variétés. Chaque baie possède une enveloppe externe recouverte de pruine, et contient une pulpe généralement incolore et un ou deux pépins.
  • Un ensemble de plants issus d’un même pépin peuvent former un cépage. Les cépages se distinguent surtout par la couleur des fruits, leur taille et leur saveur. Il existe plus de 6000 cépages dans le monde.

     Illustration botanique de la vigne, Müller 

     Köhler's Medizinal-Pflanzen Franz Ernest Köhler, 1887, © Domaine public

Culture
Plantation

Avant de planter une vigne il est important de préparer le sol à la bêche en creusant un sillon (Pline Naturalis historia 17,159), et d’enlever les pierres (Is 5,2).

Il existe différentes techniques de culture de vigne :

  • Dans l’Antiquité se pratiquait la culture de la vigne sur arbre ( Jr 8,13 ; Ha 3,17 ) : on laissait pousser la vigne près d’un arbre qui lui servait de tuteur. Ainsi Pline Naturalis historia 14,10 parle de vignes « mariées » au peuplier et dont les tiges grimpaient de branche en branche. De ces vignes étaient tirés parfois de grands crus (Pline Naturalis historia 17,199). Près d’habitations on faisait grimper la vigne sur des figuiers (1R 5,5 ; Mi 4,4 ; Za 3,10).
  • Une autre manière de cultiver la vigne est de la dresser, avec ou sans échalas, avec ou sans joug (perche ou roseau). Cette technique donne un vin meilleur car le raisin profite plus du soleil, et garde moins l’humidité. Elle permet aussi de travailler plus facilement la vigne.
  • Il est encore possible de laisser la vigne pousser à terre (Pline Naturalis historia 17,185) en supprimant la tige du cep. On entoure alors la vigne rampante de clôtures basses et de tranchées. Cette culture, qui permet au raisin d’être mieux abrité du soleil par les feuilles, se rencontre surtout dans les pays chauds, en Afrique, Égypte, Syrie et Europe. Le vin est de moins bonne qualité, le raisin est la proie des renards et des rats et le risque de pourriture au contact du sol est grand.
Entretien de la vigne
  • La vigne a besoin d’être taillée (Jn 15,2-6) chaque année à la fin de l’hiver (Pline affirme qu'on peut la pratiquer dès la fin des vendanges et durant tout l’hiver si le climat est doux). La taille a pour rôle de régulariser la naissance des sarments sur les branches de l’année précédente. Autrefois on taillait la vigne à la serpette (Is 2,4 ; 18,5 ; Jl 4,10).

Après 3 ans d’entretien, la vigne porte du fruit la 4e année. 

Récolte et fabrication du vin
  • Les vendanges au pays du Levant ont lieu au mois de septembre et doivent être finies avant la fête des tabernacles.
  • On cueillait les raisins dans des paniers. Ils étaient ensuite jetés au pressoir – cuve en pierre placée dans le verger – et foulés aux pieds par les vendangeurs. Le jus du raisin s’écoulait alors par une fente dans une seconde cuve ou dans des récipients. Des pressoirs à levier étaient ensuite utilisés pour extraire ce qui restait du jus des raisins déjà foulés.
  • Les méthodes de conservation du vin étaient différentes selon le climat : dans les régions aux hivers rigoureux, le vin était conservé dans des tonneaux de bois cerclés ; dans les pays tempérés, on le mettait dans des jarres d'argile ( Jr 13,12 ) ou des outres en peau (Jos 9,4.13 ; 1S16,20 ; Jdt 10,5). 
  • Placé dans le cellier, ou, dans le cas du Temple, dans des magasins, le vin fermentait et vieillissait pour se bonifier (Lc 5,39). Selon la forme des jarres, la qualité du vin était différente : Les petites jarres donnaient un vin meilleur. Pour assurer l’étanchéité des jarres, on les enduisait de poix. La poix et la résine (en particulier la résine de térébinthe) servaient aussi à appréter le vin pour faciliter sa conservation. Ce vin résiné prenait un léger goût de térébinthe. Pline Naturalis historia 14,124.
Usage
Alimentation
  • Le vin est consommé communément en boisson avant ou après fermentation. En Orient, autrefois, le vin aromatisé avec des herbes, de la myrrhe ou d'autres résines, était très apprécié.
  • Une partie du raisin est mangée en nature ou sous forme de raisins secs.
  • La vigne elle-même se mange : on faisait cuire les sommités des tiges ou on les faisait confire dans le vinaigre et la saumure (Pline Naturalis historia 14,119). On mangeait salées les pousses de la vigne sauvage (Dioscoride De materia medica 4,181).
Médical
  • Les médecins anciens attribuaient au vin de grandes vertus médicinales. Ils avaient étudiés les propriétés de chaque cépage et les prescrivaient comme remèdes . Pline Naturalis historia 14,19.
  • Paul de Tarse présente le vin comme un remède contre les maux d’estomac (1Tm 5,23).
  • Il était considéré comme un désinfectant : Lucien de Samosate Oeuvres completes 24,2 rapporte qu’on arrosa les rues avec du vin lors de la peste d’Athènes. Dans la parabole, le bon samaritain panse les plaies du blessé avec du vin et de l’huile (Lc 10,34).
  • Selon Pline Naturalis historia 14,7, en boisson, il a la propriété de réchauffer les organes, en lotion de les refroidir. 
Cultuel
  • Le vin était donné en libation aux dieux (Nb 28,14 ; Dt 32,38). Une loi romaine interdisait d’utiliser pour les pratiques religieuses certains vins : vins de vignes non taillées ou frappées par la foudre, vin d’un raisin foulé par des pieds blessés, vin de marc souillé par la chute d’ordures, vins coupés avec de l’eau (ex : vins grecs) Pline Naturalis historia 14,119.
  • Au Temple le vin servait aux libations sacrées (Ex 29,40 ; Nb 15,5.7.10 ; 28,7-14 ; Os 9,4).
  • Jésus, lors de la dernière Cène fait du vin l’une des espèces  de l’Eucharistie (Mt 26,27 ; Mc 14,23 ; Lc 22,20 ; 1Co 11,25).
Culture matérielle
  • Le cep de vigne atteignait parfois de grandes tailles si bien qu’il était possible de tailler dedans de grandes statues : une statue de Jupiter à Populonia, une panthère à Marseille, des colonnes à Métaponte, un escalier à Éphèse (Pline Naturalis historia 14,9).
Autre
  • La feuille de vigne et la grappe de raisin servent de motifs pour orner sculptures et peintures. Dans le Temple de Jérusalem d’Hérode, une vigne d’or ornait le vestibule (Josèphe Bellum Judaicum 5,5,4).
Symbolique de la vigne
Paix et prospérité
  • 1R 5,5 : le peuple habite en sécurité « sous sa vigne ».
La tribu de Juda 
  • Gn 49,11 : Jacob, lorsqu'il bénit ses fils sur son lit de mort, compare Juda à une vigne.
Le peuple d'Israël
  • Jr 2,21 : Dieu, pour reprocher à Israël son infidélité par la bouche de Jérémie, compare ce peuple à une vigne dégénérée. 
  • Jr 6,9 : le pillage d'Israël est comparé à un grapillage de vigne (Is 24,3-7).
  • Is 27,2-6 : Dieu prend soin d'Israël comme le vigneron de sa vigne et il attend de son peuple qu'il porte du fruit. 
  • Ps 80 : le psalmiste évoque la sortie d'Égypte, l'entrée en terre promise et les invasions qui suivent par l'image de la vigne plantée, entretenue puis pillée. 
  • Dt 22,9 : Dieu, par l'image de la vigne, interdit à Israël tout culte étranger. 
  • Mt 21,33-43 ; Mc 12,1-9 ; Lc 20,9-16 : dans la parabole des vignerons homicides, la vigne peut encore une fois représenter Israël. 
Sagesse
  • Si 24,17 : la sagesse est comparée à la vigne chargée de fruits. 
  • Pr 9,2-6 : la sagesse prépare le vin.
Jésus et l'Église
  • Jn 15,1-9 Jésus se compare au cep de vigne qui donne aux sarments liés à lui, la sève (la grâce) nécessaire pour vivre et porter du fruit. La vigne, symbole d'Israël devient, par la venue du Christ, image de l’Église.  
Symbolique du vin
Feu, joie, amour
  • Parce qu’il réchauffe le corps et le cœur, le vin est assimilé au feu. Comme lui, il est symbole de joie, d’amour.
  • Les périodes de tristesse, d'épreuves sont associées à une absence de vin (Dn 10,3 ; Jl 1,12).
  • Le vin favorise la convivialité. En Grèce, dans l'Antiquité, les banquets étaient suivis du symposion, temps de détente où, tout en buvant du vin, les convives parlaient, jouaient et assistaient à des spectacles.  
  • Le vin est un élément indispensable pour les fêtes (Jn 2,3) ; il participe à la joie des noces. Jésus en changeant l'eau en vin lors des noces de Cana (Jn 2,9), fournit aux époux et invités une source de joie et d'amour et il annonce par là le vin de la nouvelle alliance (Mc 14,24), vin de la joie éternelle, du banquet des noces de l'agneau (Is 25,6 ; Ap 19,9).
Vie éternelle, vie divine
  • Le vin libère l’esprit et décuple les forces de l'homme. Il donne à celui qui le boit, plus de confiance en soi, d’aisance pour discourir. Il développe les facultés intellectuelles créatives, imaginatives. 
  • La vigne après la vendange semble pourrir en hiver mais elle se régénère au printemps. Aussi le vin évoque la résurrection, la vie par delà la mort (Girard Symboles bibliques 2016 t.2,p.284).
Le sang du Christ
  • Le vin désigné dans la Bible comme « le sang des raisins » (Gn 49,11 ; Dt 32,14), devient signe du sang de Jésus, vraie vigne (Jn 15,5).
  • Ce sang est le « vin nouveau » (Mt 9,17) versé pour la multitude, signe de « l’alliance nouvelle » (Lc 22,20 ; 1Co 11,25).
  • A Gethsémani, « lieu du pressoir », la sueur de sang dont Luc fait mention (Lc 22,44), marque le début du sang versé durant toute la Passion.
  • Jésus présente son sang comme la vraie boisson qui donne la vie (Jn 6,55). Il choisit le vin comme l'une des deux  espèces  de l'Eucharistie (Mt 26,27 ; Mc 14,23-24 ; Lc 22,20). Par l'institution de ce sacrement, le vin eucharistique devient substanciellement sang du Christ. 

2,3 FLORE Lis 

Lis blanc (lilium candidum), Photo : Zachi Evenor (mai 2015)

Wadi Kelach, Mont Carmel (Israël) © CC-BY-2.0→

1R 7,19.22.26 ; 2Ch 4,5 ; (M) Ps 45,1 ; (M) Ps 60,1 ; Ct 2,16 ; 4,5 ; 5,13 ; 6,2-3 ; (G) Si 39,14 ; 50,8 ; Os 14,6 ; Mt 6,28-30 ; Lc 12,27-28

Le lis est aussi gracieux et doux que les épines sont redoutables. Fleur exceptionnelle, elle incarne à merveille l'élection et la préférence de l'amour, divin comme humain.

Identification

Le mot hébreu « šûšan » traduit le plus souvent par « lis » en francais, pourrait désigner des fleurs d’espèces variées. D’après la Bible, cette plante pousse dans les vallées (Ct 2,1), les prairies (Ct 2,16 ; 6,3), les champs (Ct 4,5), les jardins (Ct 6,2), près des eaux (Si 50,8) et même au milieu des épines (Ct 2,2). Elle donne des fleurs magnifiques, de parures royales (Mt 6,28-30 ; Lc 12,27-28) qui ont la forme de coupes (2Ch 4,5) et exhalent un merveilleux parfum (Si 39,14). Ces fleurs poussent en abondance (Os 14,6).

Il est possible que les diverses mentions bibliques du « lis » fassent référence à plusieurs espèces de fleurs car aucune espèce ne possède toutes ces caractéristiques à la fois. Les botanistes et commentateurs de la Bible ont donné de nombreuses possibilités :

  • Lilium candidum 
  • Hyacinthus orientalis
  • Lilium chalcedonicum 
  • Anemone coronaria
  • Anthemis palaestina
  • Pancratium maritinum
  • Urginea maritima
  • Ixiolirion tataricum
  • Nymphaea lotus
  • Iris pseudacorus
  • Cyclamen persicum
  • Asphodelus
  • Gladiolus

Le lis de la Madone (lilium candidum) tient une place importante dans cette liste puisqu’il est l’espèce appelée communément « lis » aujourd'hui (« šûšan » en hébreu moderne) et qu’il est chargé de toute la symbolique du lis biblique.

 Illustration de Lilium Candidum, (aquarelle, Pierre Joseph Redouté, 1805)

 Photo : rawpixel © CC-BY-SA-4.0 →

Classification
  • Famille : liliaceae
  • Genre : lilium
  • Espèce : candidum
Localisation

Cette plante originaire des Balkans et du Moyen-Orient s’est largement répandue en Europe, en Afrique du Nord et en Amérique (Mexique). Elle est cultivée depuis plus de 3000 ans. Elle pousse encore aujourd’hui à l’état sauvage sur les collines de Galilée et sur le Mont Carmel.

Description
  • Plante à bulbe vivace.
  • Tige entre 1 et 2 m de hauteur qui pousse au printemps.
  • Plusieurs grandes fleurs à 6 pétales d’une grande blancheur poussent à l’extrémité de chaque tige. Elles dégagent une odeur suave.
  • Feuilles vertes brillantes, elliptiques, lancéolées. Tandis que la plupart des lis perdent leurs feuilles en hiver, cette espèce garde à sa base une rosette de petites feuilles.
Usage
Cosmétique
Ornemental
  • Les lis sont utilisés pour confectionner des bouquets.
  • Ils sont utilisés comme motifs architecturaux et sont représentés sur de nombreux tableaux pour leur symbolique. On les retrouve sur des bas-reliefs assyriens.
Histoires
  • Selon une légende l'apôtre Thomas, ne croyant pas aux rumeurs qu'il avait entendues sur l'assomption de la Bienheureuse Vierge Marie, fit ouvrir son tombeau. À l'intérieur, au lieu de son corps, il trouva le tombeau rempli de lis et de roses.
  • D'après la mythologie grecque, le lis serait né d’une goutte de lait tombée du sein d’Héra allaitant Héraclès.
Symbolique
Pureté, virginité, amour pur
  • L’extrême blancheur du lis en a fait le symbole de la pureté.
  • En raison de sa beauté et de la parure somptueuse dont Dieu l’a dotée (Lc 12,27-28) cette fleur est devenue le symbole de l’élection divine et donc de l’amour.
Sainteté
  • Le lis exhale un parfum agréable qui est symbole de l’odeur de sainteté (Si 50,8-9).
  • Il est, dans l’iconographie, l’attribut de nombreux saints : la Vierge Marie, saint Joseph, saint Bernard, saint Dominique, sainte Claire, saint Louis, sainte Catherine de Sienne, saint Antoine de Padoue...
Royauté
  • Jésus présente la fleur de lis comme une parure plus belle encore que celle du roi Salomon (Mt 6,28-30 ; Lc 12,27-28).
  • La fleur de lis (qui représente plutôt un iris) fut prise comme emblème par les rois de France.
La Vierge Marie

Les peintres au Moyen Âge représentaient la Vierge avec un lis. En raison de cette association, le nom de « lis de la Madone » a été donné à cette espèce de lilium.

Comme le lis, Marie est :

  • choisie entre toutes par Dieu ;
  • pleine de grâce, immaculée ;
  • vierge ;
  • de dignité royale (Lc 12,27-28) ;
  • elle exhale le parfum divin de la sainteté (Si 50,8-9).

2,1a narcisse de Saron FLORE Narcisse  Le mot hébreu  ḥăbaṣṣelet  présent en Ct 2,1 et en Is 35,1 est traduit par des noms assez généraux dans la Septante et la Vulgate (Ct 2,1 : anthos  et flos ; Is 35,1 : krinon  et lilium). L’étymologie du nom hébreu indique qu’il s’agit d’une plante à bulbe (bāṣāl , « oignon » Nb 11,5, hapax) ; il ne peut donc être question d’une « rose » de Saron comme cela fut souvent traduit. L’identification précise de cette plante reste difficile.

Plusieurs espèces ont été proposées :

  • Colchicum automnale
  • Cistus
  • Anemone coronia
  • Anemone fulgens
  • Colchorus olitorius 
  • Tulipa sharonensis 
  • Tulipa montana
  • Narcissus tazetta

Le narcissus tazetta est l’espèce retenue par le plus grand nombre de commentateurs.

Narcissus tazetta, Shoam Forest Park (Israël)

Photo : Zachi Evenornov, 2013 © CC-BY-2.0→

Ct 2,1 ; Is 35,1 

Classification
  • Famille : amaryllidaceae (classification APG 3) ou liliaceae
  • Genre : narcissus
  • Espèce : tazetta
Localisation

Cette plante pousse sur le pourtour méditerranéen, en Europe Centrale et au Moyen-Orient dans des zones de plaines et de garrigues. On la trouve en abondance dans la plaine de Saron.

Description
  • Plante à bulbe.
  • Tige de 20 à 60 cm qui se termine par un bouquet de fleurs odorantes.
  • Feuilles vertes, linéaires, d’environ 30 cm, à bords lisses.
  • Fleur jaune pâle ou blanche à 6 tépales qui porte en son centre une couronne jaune-orange en forme de coupe, avec 6 étamines de longueurs inégales. La floraison en Israël a lieu de décembre à mars.
  • Les fruits sont des capsules ovoïdes noires.
  • Une substance toxique est contenue dans la tige et le bulbe.

 Illustration botanique de narcissus tazetta

Flowers, Plants, and Trees from NYPL collections

Gravure d'après une aquarelle de Pierre Joseph Redouté, 1825  © Domaine public

Usage
Médical et cosmétique
  • En raison de ses propriétés adoucissantes et hydratantes, le narcisse est utilisé pour les soins capillaires et les problèmes de peau.
  • Elle a des vertus antipyrétiques et antivirales.
  • En infusion, les fleurs ont des propriétés calmantes et sédatives.
  • Cette plante est utilisée comme vomitif et purgatif (Pline Naturalis historia 21,75).
  • Avec du miel le bulbe soignait les brûlures, les plaies et les luxations (Pline Naturalis historia 21,75).
  • En parfumerie, on extrait des fleurs un solvant volatil.
Ornemental
  • La fleur est utilisée pour faire des bouquets.
Symbolique
Beauté, égoïsme, amour-propre
  • Ovide Metamorphoses 3 rapporte le mythe de Narcisse, un jeune homme d’une grande beauté qui, un jour en s’abreuvant, vit son reflet dans l’eau et, tombant amoureux de sa propre image, en mourut. À l’endroit où l’on retrouva son corps, des fleurs de narcisses avaient poussé.

1,12b nard FLORE Nard de l'Himalaya  Plusieurs plantes à racines odorantes ont porté le nom de « nard » (nard de Syrie, nard celtique, nard de Crète ou sauvage, nard des champs) mais le nard pur dont il est question dans la Bible est celui que Pline Naturalis historia 12,26 présente comme le plus réputé et le plus cher : Nardostachys jatamansi appelé communement nard de l'Himalaya ou nard indien. 

  Nardostachys jatamansi (grandiflora)

Illustration dans Curtis's botanical magazine, Joseph Dalton Hooker, 1881  © Domaine public

Ct 1,12 ; 4,13-14 ; Mc 14,3-5; Jn 12,3-5

Classification
  • Famille : valerianaceae
  • Genre : nardostachys
  • Espèce : jatamansi (ou grandiflora
Localisation

Cette plante pousse en haute altitude (3000 à 6000 m) en Inde (Théophraste Historia plantarum 9,7,2) dans la partie est de l’Himalaya. D’après Pline Naturalis historia 16,59, elle ne supporte pas la transplantation hors de l’Inde.

Description
  • Tige courte (moins de 50 cm de haut) et velue à la base.
  • Fleurs rouge-rosé à blanc-bleuté, en forme de cloches.
  • Elle possède 6 à 8 feuilles radicales de grandes tailles (20 cm) et des feuilles caulinaires de forme oblongue.
  • Racine pesante et grosse (Pline Naturalis historia 12,26) qui peut porter jusqu’à 50 rhizomes. Broyés et distillés les rhizomes produisent une huile très odorante.
  • Fruits couverts de poils longs.
  • L’odeur de nard est appréciée par certains mais détestée par d’autres (Athénée Deipnosophistae 3).
Usage
Médical et cosmétique
  • Du fait de ses propriétés narcotiques et apaisantes, l’huile essentielle de nard est utilisée pour apaiser les souffrances physiques mais aussi psychiques. Il a des propriétés antiseptiques, sédatives, antibactériennes, antispasmodiques, hypotensives, tranquillisantes.
  • Dans l’Antiquité le nard était un parfum précieux et de grand prix. Sa valeur a été estimée à 300 deniers par Judas (Jn 12,5) soit 10 fois plus que le prix pour lequel il a vendu Jésus (Mt 27,3). Le nard pur se reconnaissait à sa légèreté, sa couleur rousse, son odeur suave, sa saveur (Pline Naturalis historia 12,26).
  • Aujourd’hui encore il est utilisé dans la composition des parfums car c’est un bon fixateur et il renforce les odeurs.
  • La fleur de nard entrait dans la composition d’un savon qu’utilisait Cléopâtre (cf. Fragments du Kosmetikon).
  • Les Romains et les Hébreux utilisaient le nard pour parfumer le corps d’un être cher au moment de sa sépulture (Jn 12,7). 
Symbolique
Humilité
Amour
  • Apponius In Canticum canticorum expositio, 3,6-8 parle du nard du cœur de l’épouse qui répand son parfum de pénitence et de bonnes œuvres. Ce parfum est l’amour de l’épouse qui répond à l’amour de l’époux entré, pour elle, dans son repos (Ct 1,12).
  • Parfumer le corps d’un défunt avec un parfum de grand prix tel que le nard était une manière d'honorer la personne aimée. Le nard répandu par Marie de Béthanie sur la tête et les pieds du Christ (Jn 12,3), quelques jours avant sa mort, manifestait son amour pour lui : un amour, comme le nard, « pur » (Jn 12,3) et « de grand prix » (Jn 12,5).
  • Selon Grégoire de Nysse Homiliae in Canticum canticorum 3,8-9 le parfum de nard est la « bonne odeur du Christ ». Le nard du cœur de l’épouse (Ct 1,12) exhale donc l'odeur de son époux qu'elle reconnaît comme tel. C’est cette bonne odeur qui a rempli toute la maison (Jn 12,3) après que Marie a oint Jésus de nard. C’est de cette bonne odeur que les disciples du Christ sont eux-même imprégnés (2Co 2,15) et qu'ils répandent par la proclamation de l’Évangile (Mt 26,13).
  • Le parfum de nard a une odeur extrêmement persistante et forte qui rivalise et l’emporte sur l’odeur du cadavre tout comme « l’amour est fort comme la mort » (Ct 8,6).

4,3 FLORE Grenadier

Un grenadier à Jérusalem

Photo : Isabelle Dauphin (oct. 2022) D.R. M.R. Fournier © BEST AISBL

M, G—Ex 28,33-34 ; 39,24-26 ; Nb 13,23 ; 20,5 ; Dt 8,8; 1S 14,2 ; 1R 7,18-20 ; 2R 25,17 ; 2Ch 3,16 ; 4,13 ; Ct 4,3.13 ; 6,7.11 ; 7,13 ; 8,2 ; Jr 52,22-23 ; Jl 1,12 ; Ag 2,19 

Étrange limitation que celle de cette comparaison des « joues » au « fragment de grenade (...) sans ce qui se cache au-dedans ». Le verset Ct 6,7 évite sans doute un faux sens, puisqu'il semble formuler la même idée mais de manière plus explicite (« sans ce qui se cache en toi ») : il s'agit là non pas de ce qui se cache au-dedans de la grenade, mais au-dedans des joues ! Dès lors, l'intérieur des joues de la bien-aimée bénéficie d'un enrichissement par cette comparaison : elles ne renferment pas simplement la langue, les dents et le palais, mais plutôt les délicieux grains de la grenade. Ce jeu entre le visible et l'invisible, entre le signe et la chose, peut renvoyer à l'Église qui, dans l'apparence de son humanité (pécheresse) est néanmoins pleine de l'Esprit Saint, ou à Marie qui, dans son corps de femme tout ce qu'il y a de plus humain, est néanmoins remplie à un titre unique de grâce divine.

Identification

L’identification est indiscutable : le nom « rimmôn » dans la Bible (qui signifie « élevé ») désigne à la fois le grenadier et la grenade. Les Romains ont connu ce fruit par les Carthaginois et l’ont appelé « malum punicum » (« fruit punique »). Aujourd’hui son nom scientifique est « punica granatum » : « punicus » signifie « de Carthage » et « granatum » veut dire « rempli de graines ».

Classification
  • Famille : punicaceae
  • Genre : punica
  • Espèce : granatum
Localisation

Originaire d’Asie centrale et plus précisément des régions d’Iran situées au sud de la mer Caspienne, le grenadier est rapporté par les Phéniciens à Carthage et sur le pourtour méditerranéen. Il est l’un des premiers arbres cultivés par l’homme. Il était présent à Jéricho 4000 ans av. J.-C., dans les jardins de Babylone et en Égypte (Nb 20,5). Aujourd’hui ce fruit est cultivé sur tous les continents.

Description
  • Arbuste monoïque au port touffu et buissonnant qui peut atteindre jusqu’à 6 m de haut. 
  • Il peut vivre 200 ans.
  • Rameaux légèrement épineux.
  • Ses petites feuilles caduques, oblongues (3 à 7 cm) et opposées sont d’abord rouges puis vertes.
  • Ses fleurs rouge-orangé sortent chiffonnées de leur calice et mesurent environ 3 cm de diamètre quand elles sont ouvertes.
  • Son fruit, la grenade, est une grosse baie jaune-rouge contenant en moyenne 600 semences rouges et pulpeuses dans 6 à 12 loges. Ce fruit éclate quand il est mûr.

Illustration botanique du Punica granatum

1885 © Domaine public

Usage
Alimentation
  • La grenade est consommée comme fruit ou en boisson (jus de grenade, liqueur, vin de grenade). Le jus de grenade est parfois associé au vin (Ct 8,2).
  • En réduisant le jus, on obtient un condiment appelé nasharab.
Médical
  • En tisane les fleurs sont utilisées pour soigner l’asthme.
  • L’écorce soigne la dysenterie.
  • Les grains de grenade contenant des vitamines, du potassium, des antioxydants et des hypertenseurs sont de bons remèdes pour lutter contre les maladies cardiovasculaires et les cancers.
Cultuel
  • Le grenadier était une plante sacrée.
  • La grenade devait être associée au culte du dieu assyrien Ramman, que Naaman appelle dans la Bible « Rimmôn » (2R 5,18).
Culture matérielle
  • Le tanin de l’écorce sert de teinture (couleur jaune) pour le cuir, les tapis, etc.
  • En cuisant les grains, on obtient une encre noire.
  • Sa racine mélangée à de l’oxyde de fer donne une teinture bleue.
Ornemental
  • Les fleurs de grenadier peuvent être mises en bouquets.
  • Les grenades sont utilisées comme motifs architecturaux en particulier chez les Assyriens. Les chapiteaux et colonnes du temple de Salomon ainsi que la mer d'airain étaient ornés de grenades (1R 7,20 ; 2Ch 4,13 ; Jr 52,22).
  • L’habit sacerdotal d’Aaron était décoré de grenades (Ex 28,33).
  • Aujourd’hui certains rouleaux de la Torah sont décorés de grenades.
Symbolique
Prospérité, bénédiction
  • La grenade fait partie des sept fruits bénis de la Terre promise.
  • Elle est considérée dans le Coran comme un fruit du paradis.
Vie, fertilité, éternité
  • Elle est symbole de fertilité en raison de ses nombreuses graines.
  • Son jus a la même couleur que le sang qui représente la vie.
  • En Chine, les femmes offrent des grenades à la déesse de la miséricorde pour qu’elle leur accorde d’avoir des enfants (MoldenkePlants of the Bible p. 191).
Renouvellement, passage d’une vie à une autre, éternité
  • Les grains de grenade, quand ils sont enfouis pour un temps dans la terre, peuvent germer et porter du fruit afin de permettre à de nouveaux grains de voir la lumière du jour. C’est là un symbole de renouvellement.
  • Dans la mythologie grecque, Perséphone, fille de Déméter déesse de l’agriculture, sur le point d’être délivrée des enfers pour rejoindre sa mère, succombe à l’attrait de la grenade qu’Hadès lui tend, et en mange six grains. Ceci lui vaut d’être ramenée aux enfers mais uniquement pour y passer six mois chaque année. Durant ces six mois, Déméter délaisse les récoltes de la terre pour chercher sa fille (c’est alors l’automne et l’hiver) et la récolte ne reprend que lorsque Perséphone revient, au printemps et en été : de là le cycle des saisons.
  • Les Égyptiens plaçaient des grenades dans les sarcophages pour le voyage de l’âme dans l’au-delà. 
  • La grenade qui éclate pour laisser apparaître ses grains symbolise la résurrection du Christ sortant du tombeau.
  • Jean de la Croix Cantique spirituel str. 36 : Dieu est « représenté par la forme circulaire ou sphérique de la grenade parce qu’elle n’a ni commencement ni fin ».
La royauté
  • Le bout de la grenade a la forme d’une couronne.
  • En Perse le sceptre royal se terminait par une grenade.
  • D’anciennes représentations de Jupiter le montrent avec une grenade dans la main.
Commandements de Dieu
  • La grenade, selon les juifs, contient 613 graines rappelant les 613 commandements.
Unité
  • En un seul fruit est contenue une multitude de grains serrés les uns contre les autres et harmonieusement agencés.
L’amour, la beauté, la charité, le Christ
  • Sa couleur rouge et son goût suave et sucré font de ce fruit le fruit de l’amour.
  • Dans la poésie orientale, la femme est parfois comparée à la grenade pour illustrer sa beauté (Ct 4,3.13).
  • Sous une écorce dure et quelconque se cachent des graines à la saveur divine tout comme dans l'humanité de Jésus se cache sa divinité. 
  • Ce fruit qui s’entrouvre tout seul pour laisser couler son jus rouge et permettre à l’homme de goûter ses fruits est le symbole de la Passion de Jésus : par amour, il a donné sa vie pour la multitude et de son cœur transpercé sur la croix a jailli le sang rédempteur.
Fruit de l'arbre de vie
  • Parce que la grenade est symbole d’amour, d’éternité, d’unité, de retour à la vie, de fertilité, de bénédiction et une représentation du Christ, le grenadier devient un parfait symbole de l’arbre de vie.
L’Église
  • Derrière une écorce rugueuse se cachent la beauté et la bonté de la grenade. De même la beauté de l'Église réside à l'intérieur, dans l'âme des justes qui aiment Dieu Ps 45,14 Apponius Exp. Cant.8,74.
  • Comme les grains rouges de la grenade sont réunis en un seul fruit, la multitude des hommes lavés dans le sang du Christ est réunie en une unique Église.
  • Comme de la grenade éclatée apparaissent les nombreux grains qui la composent, du cœur transpercé de Jésus naît l’Église.

4,13 FLORE Grenadier

Un grenadier à Jérusalem

Photo : Isabelle Dauphin (oct. 2022) D.R. M.R. Fournier © BEST AISBL

M, G—Ex 28,33-34 ; 39,24-26 ; Nb 13,23 ; 20,5 ; Dt 8,8; 1S 14,2 ; 1R 7,18-20 ; 2R 25,17 ; 2Ch 3,16 ; 4,13 ; Ct 4,3.13 ; 6,7.11 ; 7,13 ; 8,2 ; Jr 52,22-23 ; Jl 1,12 ; Ag 2,19 

Comparer les « jets » de la « fontaine scellée » qu'est la bien-aimée avec un « paradis de grenadiers », c'est évoquer le jus de grenade, rouge et sucré et proche du vin par la couleur. D'un point de vue christique, cela rappelle forcément le cœur transpercé du Christ sur la croix d'où jaillissent le sang et l'eau, et signe de vie par excellence. Ainsi la bien-aimée est-elle aussi source de vie, avec le rapprochement aisé du « jardin clos » avec Marie toujours Vierge.

Identification

L’identification est indiscutable : le nom « rimmôn » dans la Bible (qui signifie « élevé ») désigne à la fois le grenadier et la grenade. Les Romains ont connu ce fruit par les Carthaginois et l’ont appelé « malum punicum » (« fruit punique »). Aujourd’hui son nom scientifique est « punica granatum » : « punicus » signifie « de Carthage » et « granatum » veut dire « rempli de graines ».

Classification
  • Famille : punicaceae
  • Genre : punica
  • Espèce : granatum
Localisation

Originaire d’Asie centrale et plus précisément des régions d’Iran situées au sud de la mer Caspienne, le grenadier est rapporté par les Phéniciens à Carthage et sur le pourtour méditerranéen. Il est l’un des premiers arbres cultivés par l’homme. Il était présent à Jéricho 4000 ans av. J.-C., dans les jardins de Babylone et en Égypte (Nb 20,5). Aujourd’hui ce fruit est cultivé sur tous les continents.

Description
  • Arbuste monoïque au port touffu et buissonnant qui peut atteindre jusqu’à 6 m de haut. 
  • Il peut vivre 200 ans.
  • Rameaux légèrement épineux.
  • Ses petites feuilles caduques, oblongues (3 à 7 cm) et opposées sont d’abord rouges puis vertes.
  • Ses fleurs rouge-orangé sortent chiffonnées de leur calice et mesurent environ 3 cm de diamètre quand elles sont ouvertes.
  • Son fruit, la grenade, est une grosse baie jaune-rouge contenant en moyenne 600 semences rouges et pulpeuses dans 6 à 12 loges. Ce fruit éclate quand il est mûr.

Illustration botanique du Punica granatum

1885 © Domaine public

Usage
Alimentation
  • La grenade est consommée comme fruit ou en boisson (jus de grenade, liqueur, vin de grenade). Le jus de grenade est parfois associé au vin (Ct 8,2).
  • En réduisant le jus, on obtient un condiment appelé nasharab.
Médical
  • En tisane les fleurs sont utilisées pour soigner l’asthme.
  • L’écorce soigne la dysenterie.
  • Les grains de grenade contenant des vitamines, du potassium, des antioxydants et des hypertenseurs sont de bons remèdes pour lutter contre les maladies cardiovasculaires et les cancers.
Cultuel
  • Le grenadier était une plante sacrée.
  • La grenade devait être associée au culte du dieu assyrien Ramman, que Naaman appelle dans la Bible « Rimmôn » (2R 5,18).
Culture matérielle
  • Le tanin de l’écorce sert de teinture (couleur jaune) pour le cuir, les tapis, etc.
  • En cuisant les grains, on obtient une encre noire.
  • Sa racine mélangée à de l’oxyde de fer donne une teinture bleue.
Ornemental
  • Les fleurs de grenadier peuvent être mises en bouquets.
  • Les grenades sont utilisées comme motifs architecturaux en particulier chez les Assyriens. Les chapiteaux et colonnes du temple de Salomon ainsi que la mer d'airain étaient ornés de grenades (1R 7,20 ; 2Ch 4,13 ; Jr 52,22).
  • L’habit sacerdotal d’Aaron était décoré de grenades (Ex 28,33).
  • Aujourd’hui certains rouleaux de la Torah sont décorés de grenades.
Symbolique
Prospérité, bénédiction
  • La grenade fait partie des sept fruits bénis de la Terre promise.
  • Elle est considérée dans le Coran comme un fruit du paradis.
Vie, fertilité, éternité
  • Elle est symbole de fertilité en raison de ses nombreuses graines.
  • Son jus a la même couleur que le sang qui représente la vie.
  • En Chine, les femmes offrent des grenades à la déesse de la miséricorde pour qu’elle leur accorde d’avoir des enfants (MoldenkePlants of the Bible p. 191).
Renouvellement, passage d’une vie à une autre, éternité
  • Les grains de grenade, quand ils sont enfouis pour un temps dans la terre, peuvent germer et porter du fruit afin de permettre à de nouveaux grains de voir la lumière du jour. C’est là un symbole de renouvellement.
  • Dans la mythologie grecque, Perséphone, fille de Déméter déesse de l’agriculture, sur le point d’être délivrée des enfers pour rejoindre sa mère, succombe à l’attrait de la grenade qu’Hadès lui tend, et en mange six grains. Ceci lui vaut d’être ramenée aux enfers mais uniquement pour y passer six mois chaque année. Durant ces six mois, Déméter délaisse les récoltes de la terre pour chercher sa fille (c’est alors l’automne et l’hiver) et la récolte ne reprend que lorsque Perséphone revient, au printemps et en été : de là le cycle des saisons.
  • Les Égyptiens plaçaient des grenades dans les sarcophages pour le voyage de l’âme dans l’au-delà. 
  • La grenade qui éclate pour laisser apparaître ses grains symbolise la résurrection du Christ sortant du tombeau.
  • Jean de la Croix Cantique spirituel str. 36 : Dieu est « représenté par la forme circulaire ou sphérique de la grenade parce qu’elle n’a ni commencement ni fin ».
La royauté
  • Le bout de la grenade a la forme d’une couronne.
  • En Perse le sceptre royal se terminait par une grenade.
  • D’anciennes représentations de Jupiter le montrent avec une grenade dans la main.
Commandements de Dieu
  • La grenade, selon les juifs, contient 613 graines rappelant les 613 commandements.
Unité
  • En un seul fruit est contenue une multitude de grains serrés les uns contre les autres et harmonieusement agencés.
L’amour, la beauté, la charité, le Christ
  • Sa couleur rouge et son goût suave et sucré font de ce fruit le fruit de l’amour.
  • Dans la poésie orientale, la femme est parfois comparée à la grenade pour illustrer sa beauté (Ct 4,3.13).
  • Sous une écorce dure et quelconque se cachent des graines à la saveur divine tout comme dans l'humanité de Jésus se cache sa divinité. 
  • Ce fruit qui s’entrouvre tout seul pour laisser couler son jus rouge et permettre à l’homme de goûter ses fruits est le symbole de la Passion de Jésus : par amour, il a donné sa vie pour la multitude et de son cœur transpercé sur la croix a jailli le sang rédempteur.
Fruit de l'arbre de vie
  • Parce que la grenade est symbole d’amour, d’éternité, d’unité, de retour à la vie, de fertilité, de bénédiction et une représentation du Christ, le grenadier devient un parfait symbole de l’arbre de vie.
L’Église
  • Derrière une écorce rugueuse se cachent la beauté et la bonté de la grenade. De même la beauté de l'Église réside à l'intérieur, dans l'âme des justes qui aiment Dieu Ps 45,14 Apponius Exp. Cant.8,74.
  • Comme les grains rouges de la grenade sont réunis en un seul fruit, la multitude des hommes lavés dans le sang du Christ est réunie en une unique Église.
  • Comme de la grenade éclatée apparaissent les nombreux grains qui la composent, du cœur transpercé de Jésus naît l’Église.

4,14 safran  FLORE Crocus En plus d'être une denrée précieuse, le raffinement du safran a aussi des connotations nuptiales, puisqu'il servait à teinter le voile des mariées chez les Romains et en Grèce, que les Assyriens le faisaient cueillir par des vierges et qu'on le considérait comme un aphrodisiaque.

Crocus sativus, Russie

Photo : Youri Danilevsky (oct. 2017) © CC-BY-SA-4.0→, Ct 4,14

Identification

Le  karᵉkôm  n’apparaît qu’une seule fois dans la Bible (hapax), en Ct 4,14. Si ce mot a parfois été traduit par « curcuma », il est plus juste d’y voir le safran, dont la plante qui le produit, le crocus sativus, était cultivée dans la région de Jérusalem.

Classification
  • Famille : iridaceae
  • Genre : crocus
  • Espèce : sativus
Localisation

Originaire de Crète, le safran, appelé aussi « or rouge », s’est répandu au Moyen-Orient. Il a d’abord été cultivé en Grèce. On trouve des traces de safran en Mésopotamie en 2000 av. J.-C.

Description 
  • Le crocus sativus est une plante vivace d’environ 30 cm.
  • Elle possède de longues feuilles vertes verticales.
  • Des fleurs violettes ressemblant aux colchiques d’automne apparaissent en octobre. La floraison s’étale sur environ deux semaines.
  • Il faut environ 150 fleurs pour obtenir 1 g de safran sec. Cette quantité et le soin qu’il faut apporter à la culture de safran rend cette denrée extrêmement précieuse et chère.
Usage
Alimentation
  • Le safran est une épice qui colore et aromatise les mets.
  • Il est utilisé en confiserie et pour la préparation de boissons alcoolisées (chartreuse, gin, izarra, strega).
Médical
  • Le safran était utilisé à des fins médicales dans l’Antiquité (cf. papyrus d’Ebers).
  • Pline Naturalis historia 21, 81 : « Appliqué avec de l’œuf il dissipe toute inflammation […] les suffocations hystériques, les ulcérations de l’estomac, de la poitrine, des reins, du foie, du poumon et de la vessie ». Il est soporifique et permet de résister à l’ivresse.
  • Grecs et Romains le considéraient comme un euphorisant Pline Nat. 21,81.
  • Il était utilisé comme parfum.
  • Un mélange de safran et de vin servait dans les théâtres romains à rafraîchir l’air.
Culture matérielle
  • Le safran sert à teinter des textiles produisant un lumineux jaune-orangé. À Tyr et en Grèce, le voile des jeunes mariées était teint avec du safran.
Symbolique
Amour
  • Le safran passait pour être un aphrodisiaque Pline Nat.21,81.
  • Dans la mythologie grecque, Zeus invitait ses compagnes sur un lit de safran.
Pureté et sainteté
  • Les Assyriens font cueillir le safran par des jeunes vierges.
  • Le voile de la mariée chez les Grecs et les Romains dans l’Antiquité était couleur safran comme signe de pureté.
  • Les moines bouddhistes coloraient leur habit avec du safran.
  • Le safran était brûlé par les Romains lors de cérémonies religieuses.

 Fils de safran,

Photo : Hubert (fév. 2015) © CC-BY-SA-4.0→, Ct 4,14

2,3s FLORE Pommier Les Pères ont vu dans le pommier le type du Christ Grégoire de Nysse Hom. Cant.4,7. Ne donne-t-il pas en effet son vin et n'est-il pas celui qui ordonne la charité en ceux qui aiment (Ct 2,4) ?

 Pommier en fleurs à Murrhardt (Allemagne)

Photo : Jean-Marc Pascolo (mai 2009) © CC-BY-SA-3.0→

Pr 25,11 ; Ct 2,3-5 ; 7,9 ; 8,5 ; Jl 1,12

Identification

Le tappûaḥ  mentionné dans le Cantique des cantiques est un arbre assez grand, fournissant de l’ombre et possédant des fruits au goût et à l’odeur agréable. Bien que  tappûaḥ  signifie pommier, il pourrait s’agir d’un pommier particulier tel que :

  • Le citronnier que Théophraste Histoire des plantes1, 13, 4, au 4e s. av. J.-C., appelle « pommier médique » ou « pommier persique ». Mais son ombrage et sa taille ne suffisent pas pour que l’on se repose à son ombre.
  • L’abricotier (prunus armeniaca) qui est appelé par Dioscoride de Materia medica 1.2,c.165, « mailon armeniacon », soit « pommier d’Arménie ». 
  • Le cognassier dont les fruits sont appelés « coins », « pommes d’or » ou « pommes de Cydon ».

Mais les commentateurs modernes affirment qu’il s’agit d’un véritable pommier (malus). 

Il existe aujourd’hui environ 40 espèces de pommiers. L’espèce la plus ancienne et qui semble être à l’origine des autres espèces est l’espèce sauvage malus sieversii.

Illustration botanique du pommier commun (malus domestica)

in Flora von Deutschland, Österreich und der Schweiz, O. W. Thomé (1885) © CC-BY-SA-3.0→

Classification
  • Famille : rosaceae
  • Genre : malus
  • Espèce : sieversii
Localisation

Le pommier est originaire d’Asie Centrale, principalement du Kazakhstan.

Description
  • Fruit à l’enveloppe charnue avec, en son centre, des carpelles soudés.
  • La graine ou pépin possède un endocarpe cartilagineux.
Usage
Alimentation
  • La pomme peut être consommée telle quelle ou transformée (compote, pâtisseries, jus, cidre).
Médical
  • Ses fruits et son écorce sont utilisés en phytothérapie.
  • Ses bourgeons sont utilisés en gemmothérapie.
  • Ses propriétés thérapeutiques : aide à la digestion, antiseptique, amincissant, renforce les défenses immunitaires. 
Culture matérielle

Le bois de pommier est utilisé pour :

  • La confection de meubles 
  • Tournage
  • Instruments de précisions
  • Marqueterie
  • Lutherie
Ornemental
  • En raison de ses belles fleurs blanches, le pommier sert d’ornement.
Symbolique
Douceur
  • Son fruit est sucré et doux au palais Ct 2,3-5.
Naissance
  • Ct 8,5 présente l'ombre du pommier comme un lieu de repos et de conception.
L’arbre de la connaissance du bien et du mal
  • Le mot « malus » en latin pouvant signifier tout à la fois « pommier » ou « mauvais », beaucoup d’artistes, par ce jeu de mots, ont choisi de représenter l’arbre de la connaissance du bien et du mal sous la forme d’un pommier.
L’arbre de vie et le Verbe incarné

Pour les Pères de l’Église, le pommier du Cantique est l’arbre de vie et le Verbe incarné :

  • Nil d’Ancyre Comm. Cant.2,3, 43 écrit que le pommier est de bois comme les autres arbres de la forêt, mais c’est un bois fécond qui donne de nombreux fruits qui réjouissent l’œil, séduisent l’odorat et comblent le sens du goût.
  • Grégoire de Nysse Hom. Cant. 4,7  Le Verbe incarné, qui est lumière, sainteté et « vie pour ceux qui le mangent », « est devenu pommier parmi les arbres de la forêt, afin de greffer sur lui-même tous les rameaux sauvages de la forêt et de les rendre aptes à produire un fruit semblable au sien » (cf. Rm 11,17-27). La pomme elle-même est le Verbe incarné : « Celui qui par amour des hommes a germé dans la forêt de notre nature en participant à la chair et au sang s’est fait pomme. […] Par sa blancheur il imite le caractère propre de la chair, tandis que le rouge dont il est teint témoigne par son aspect d’une parenté avec la nature du sang ».

4,14 canne aromatique FLORE Roseau odorant L'humble et enivrante « canne aromatique » vient ici compléter le tableau des délices florales que l'amour évoque, en contraste avec les forts et majestueux « bois du Liban ».

La citronelle

Photo : @Haskcipta Yosri, juin 2005 © CC-BY-2.0→

Ex 30,23-24 ; Ct 4,14 ; Jr 6,20 ; Is 43,24 ; Ez 27,19

Identification

Certains auteurs ont d’abord pensé que ce roseau parfumé de Ct 4,14 était acorus calamus, une plante aquatique ressemblant au roseau et très odorante mais aujourd’hui, il est plus généralement admis que le roseau aromatique correspondrait au genre cymbopogon.

Classification
  • Famille : poaceae
  • Tribu  : andropogonodae
  • Genre : cymbopogon
Localisation

Il existe une cinquantaine d’espèces de cymbopogon originaires d’Afrique et d’Asie. Les espèces présentes aujourd’hui en Israël ne sont pas parfumées mais les roseaux aromatiques pouvaient être importés d’Inde (Jr 6,20 ; Ez 27,19). Cymbopogon citratus, appelée aussi « citronnelle », est la plus connue mais d’autres espèces comme martinii et murcatus, cultivées en Inde, ou cymbopogon schoenanthus qui poussait au 19e s. à Gennésareth pourraient aussi correspondre.

Description
  • Plante vivace herbacée au feuillage persistant poussant en touffes. Elle peut mesurer de 15 cm à 3 m de hauteur selon les espèces.
  • Son feuillage est souvent parfumé : cymbopogon citratus et schoenanthus.

Cymbopogon martini dans la forêt tropicale sèche à Khandwa (Inde)

Photo : Ravi Upadhyay  (Fév. 2019) © CC-BY-4.0→

Usage
Alimentation
  • Cette plante peut être transformée en tisane commune.
  • Elle sert de condiment dans les plats.
  • Elle parfume des boissons.
Médical 
  • Les huiles essentielles tirées des divers espèces de cymbopogon (citronelle, palmarosa) sont utilisées comme additifs de parfums dans les cosmétiques, les shampoings, les teintures capillaires, etc.
  • En décoction les feuilles soignent la fièvre, les symptômes grippaux, les rhumatismes et les problèmes intestinaux.
Symbolique
Fragilité
  • Quand il est à terre ou placé entre les mains de l’homme, le roseau peut facilement être rompu (2R 18,21 ; Is 36,6).
Flexibilité, souplesse
  • Parce que sa tige et ses feuilles sont légères et qu’il se laisse balloter par le vent, le roseau est symbole de flexibilité, souplesse.
  • Jean de la Fontaine dans sa fable « Le Chêne et le Roseau », fait dire à cette plante : « je plie et ne romps pas ». Tandis que le chêne, symbole de force et de pouvoir, finit par être déraciné par le vent, le roseau flexible et si faible en apparence, résiste à la tempête.

7,9 des grappes de vigne FLORE Vigne

Vigne près de Nahal Ilan (Israël)

Photo : M.R. Fournier (avril 2022) © BEST AISBL

Gn 9,20 ; 40,9-11 ; 49,11-12 ; Ex 22,4 ; 23,11 ; Lv 19,10.19 ; 25,3 ; Nb 6,4 ; 13,23 ; 20,5.17 ; 21,22 ; 22,24 ; Dt 6,11 ; 8,8 ; 20,6 ; 22,9 ; 23,24 ; 24,21 ; 28,30.39 ; 32,32 ; Jg 9,12.13.27 ; 13,14 ; 14,5 ; 15,5 ; 21,20.21 ; 1S 8,14-15 ; 22,7 ; 1R 5,5 ; 21,1-2.6.7.15-16.18 ; 2R 4,39 ; 5,26 ; 18,31-32 ; 19,29 ; 1Ch 27,27 ; Ne 5,3-5.11 ; 9,25 ; 1M 3,56 ; 14,12 ; Jb 15,33 ; 24,6 ; Ps 78,47 ; 80,9-16 ; 105,33 ; 107,37 ; 128,3 ; Pr 9,12 ; 24,30 ; 31,16 ; Qo 2,4 ; Ct 1,6.14 ; 2,13.15 ; 6,11 ; 7,9.13 ; 8,11.12 ; Si 24,17.23 ;  Is 1,8 ; 3,14 ; 5,1-17 ; 7,23 ; 16,8-10 ; 17,10 ; 24,7 ; 32,12 ; 34,4 ; 35,9 ; 36,16 ; 48,32 ; 63,3 ; 65,21 Ez 15,2.6 ; Ez 17,5-10 ; 19,10 ; 28,26 ; Jr 2,21 ; 5,17 ; 6,9 ; 8,13 ; 12,10 ; 32,15 ; 35,7.9 ; 39,10 ; Os 2,14.17 ; Os 2,14 ; 10,1 ; 14,8 ; Jl 1,12 ; 2,22 ; 1,7Am 4,9 ; 5,17 ; 9,14 ; Mi 1,6 ; 4,4 ; Ha 3,17 ; Ag 2,19 ; Za 3,10 ; 8,12 ; Mt 20,1-2.4.7.8 ; Mt 21,28.33.39-41 ; 26,27-29 ; Mc 12,1-2.8-9 ; Lc 13,6 ; 20,9-16 ; 22,18 ; Jn 15,1-6 ; Jc 3,12 : 1Co 9,7 ; Ap 14,18-20

Classification
  • Famille : vitaceae
  • Genre : vitis
  • Espèce : vinifera
Localisation

La culture de la vigne est si ancienne, qu’il est difficile de connaître précisément son origine. Dans la Bible elle commence avec Noé (Gn 9,20) et sa présence est attestée ensuite en Égypte (Gn 40,9-11 ; représentations picturales dans les tombeaux d’Égypte) et en Canaan (Nb 13,24). On considère généralement que la vigne est originaire de l’Arménie et des régions de la Mer Caspienne (Moldenke, Bible Plants, p. 242). 

Description
  • Plante grimpante qui s’attache à des supports par des vrilles.
  • Son système racinaire est puissant et étendu. Il peut s’enfoncer jusqu’à 6 m de profondeur pour puiser l’eau nécessaire.
  • Cultivé, le pied de vigne, flexible, se recouvre peu à peu d’écorces anciennes pour former le tronc que l’on appelle cep. Il se ramifie en plusieurs bras sur lesquels poussent des rameaux appelés sarments. Les sarments peuvent atteindre une longueur de 10 m mais ils sont généralement coupés pour ne pas dépasser 2 m de long. Sur les nœuds des tiges (renflements) poussent des feuilles et des bourgeons.
  • Ses feuilles à nervures palmées, généralement à 5 lobes, ont une base en forme de cœur.
  • Ses fleurs, petites, verdâtres et regroupées en inflorescences dégagent une agréable odeur.
  • Son fruit, le raisin, est composé de baies pluriloculaires regroupées en grappes. Sa couleur (blanc, jaune, rouge, violet, noir) et sa forme (globuleuse elliptique, ovoïde) diffèrent selon les variétés. Chaque baie possède une enveloppe externe recouverte de pruine, et contient une pulpe généralement incolore et un ou deux pépins.
  • Un ensemble de plants issus d’un même pépin peuvent former un cépage. Les cépages se distinguent surtout par la couleur des fruits, leur taille et leur saveur. Il existe plus de 6000 cépages dans le monde.

     Illustration botanique de la vigne, Müller 

     Köhler's Medizinal-Pflanzen Franz Ernest Köhler, 1887, © Domaine public

Culture
Plantation

Avant de planter une vigne il est important de préparer le sol à la bêche en creusant un sillon (Pline Naturalis historia 17,159), et d’enlever les pierres (Is 5,2).

Il existe différentes techniques de culture de vigne :

  • Dans l’Antiquité se pratiquait la culture de la vigne sur arbre (Jr 8,13 ; Ha 3,17) : on laissait pousser la vigne près d’un arbre qui lui servait de tuteur. Ainsi Pline Naturalis historia 14,10 parle de vignes « mariées » au peuplier et dont les tiges grimpaient de branche en branche. De ces vignes étaient tirés parfois de grands crus (Pline Naturalis historia 17,199). Près d’habitations on faisait grimper la vigne sur des figuiers (1R 5,5 ; Mi 4,4 ; Za 3,10).
  • Une autre manière de cultiver la vigne est de la dresser, avec ou sans échalas, avec ou sans joug (perche ou roseau). Cette technique donne un vin meilleur car le raisin profite plus du soleil, et garde moins l’humidité. Elle permet aussi de travailler plus facilement la vigne.
  • Il est encore possible de laisser la vigne pousser à terre (Pline Naturalis historia 17,185) en supprimant la tige du cep. On entoure alors la vigne rampante de clôtures basses et de tranchées. Cette culture, qui permet au raisin d’être mieux abrité du soleil par les feuilles, se rencontre surtout dans les pays chauds, en Afrique, Égypte, Syrie et Europe. Le vin est de moins bonne qualité, le raisin est la proie des renards et des rats et le risque de pourriture au contact du sol est grand.
Entretien de la vigne
  • La vigne a besoin d’être taillée (Jn 15,2-6) chaque année à la fin de l’hiver (Pline affirme qu'on peut la pratiquer dès la fin des vendanges et durant tout l’hiver si le climat est doux). La taille a pour rôle de régulariser la naissance des sarments sur les branches de l’année précédente. Autrefois on taillait la vigne à la serpette (Is 2,4 ; 18,5 ; Jl 4,10).

Après 3 ans d’entretien, la vigne porte du fruit la 4e année. 

Récolte et fabrication du vin
  • Les vendanges au pays du Levant ont lieu au mois de septembre et doivent être finies avant la fête des tabernacles.
  • On cueillait les raisins dans des paniers. Ils étaient ensuite jetés au pressoir – cuve en pierre placée dans le verger – et foulés aux pieds par les vendangeurs. Le jus du raisin s’écoulait alors par une fente dans une seconde cuve ou dans des récipients. Des pressoirs à levier étaient ensuite utilisés pour extraire ce qui restait du jus des raisins déjà foulés.
  • Les méthodes de conservation du vin étaient différentes selon le climat : dans les régions aux hivers rigoureux, le vin était conservé dans des tonneaux de bois cerclés ; dans les pays tempérés, on le mettait dans des jarres d'argile ( Jr 13,12 ) ou des outres en peau (Jos 9,4.13 ; 1S16,20 ; Jdt 10,5).
  • Placé dans le cellier, ou, dans le cas du Temple, dans des magasins, le vin fermentait et vieillissait pour se bonifier (Lc 5,39). Selon la forme des jarres, la qualité du vin était différente : Les petites jarres donnaient un vin meilleur. Pour assurer l’étanchéité des jarres, on les enduisait de poix. La poix et la résine (en particulier la résine de térébinthe) servaient aussi à appréter le vin pour faciliter sa conservation. Ce vin résiné prenait un léger goût de térébinthe. Pline Naturalis historia 14,124.
Usage
Alimentation
  • Le vin est consommé communément en boisson avant ou après fermentation. En Orient, autrefois, le vin aromatisé avec des herbes, de la myrrhe ou d'autres résines, était très apprécié.
  • Une partie du raisin est mangée en nature ou sous forme de raisins secs.
  • La vigne elle-même se mange : on faisait cuire les sommités des tiges ou on les faisait confire dans le vinaigre et la saumure (Pline Naturalis historia 14,119). On mangeait salées les pousses de la vigne sauvage (Dioscoride De materia medica 4,181).
Médical
  • Les médecins anciens attribuaient au vin de grandes vertus médicinales. Ils avaient étudiés les propriétés de chaque cépage et les prescrivaient comme remèdes. Pline Naturalis historia 14,19.
  • Paul de Tarse présente le vin comme un remède contre les maux d’estomac (1Tm 5,23). 
  • Il était considéré comme un désinfectant : Lucien de Samosate Oeuvres completes 24,2 rapporte qu’on arrosa les rues avec du vin lors de la peste d’Athènes. Dans la parabole, le bon samaritain panse les plaies du blessé avec du vin et de l’huile (Lc 10,34).
  • Selon Pline Naturalis historia 14,7, en boisson, il a la propriété de réchauffer les organes, en lotion de les refroidir. 
Cultuel
  • Le vin était donné en libation aux dieux (Nb 28,14 ; Dt 32,38). Une loi romaine interdisait d’utiliser pour les pratiques religieuses certains vins : vins de vignes non taillées ou frappées par la foudre, vin d’un raisin foulé par des pieds blessés, vin de marc souillé par la chute d’ordures, vins coupés avec de l’eau (ex : vins grecs) Pline Naturalis historia 14,119
  • Au Temple le vin servait aux libations sacrées (Ex 29,40 ; Nb 15,5.7.10 ; 28,7-14 ; Os 9,4).
  • Jésus, lors de la dernière Cène fait du vin l’une des espèces  de l’Eucharistie (Mt 26,27 ; Mc 14,23 ; Lc 22,20 ; 1Co 11,25).
Culture matérielle
  • Le cep de vigne atteignait parfois de grandes tailles si bien qu’il était possible de tailler dedans de grandes statues : une statue de Jupiter à Populonia, une panthère à Marseille, des colonnes à Métaponte, un escalier à Éphèse (Pline Naturalis historia 14,9).
Autre
  • La feuille de vigne et la grappe de raisin servent de motifs pour orner sculptures et peintures. Dans le Temple de Jérusalem d’Hérode, une vigne d’or ornait le vestibule (Josèphe Bellum Judaicum 5,5,4).
Symbolique de la vigne
Paix et prospérité
  • 1R 5,5 : le peuple habite en sécurité « sous sa vigne ».
La tribu de Juda 
  • Gn 49,11 : Jacob, lorsqu'il bénit ses fils sur son lit de mort, compare Juda à une vigne.
Le peuple d'Israël
  • Jr 2,21 : Dieu, pour reprocher à Israël son infidélité par la bouche de Jérémie, compare ce peuple à une vigne dégénérée.
  • Jr 6,9 : le pillage d'Israël est comparé à un grapillage de vigne (Is 24,3-7).
  • Is 27,2-6 : Dieu prend soin d'Israël comme le vigneron de sa vigne et il attend de son peuple qu'il porte du fruit.
  • Ps 80 : le psalmiste évoque la sortie d'Égypte, l'entrée en terre promise et les invasions qui suivent par l'image de la vigne plantée, entretenue puis pillée.
  • Dt 22,9 : Dieu, par l'image de la vigne, interdit à Israël tout culte étranger.
  • Mt 21,33-43 ; Mc 12,1-9 ; Lc 20,9-16 : dans la parabole des vignerons homicides, la vigne peut encore une fois représenter Israël.
Sagesse
  • Si 24,17 : la sagesse est comparée à la vigne chargée de fruits.
  • Pr 9,2-6 : la sagesse prépare le vin.
Jésus et l'Église
  • Jn 15,1-9 : Jésus se compare au cep de vigne qui donne aux sarments liés à lui, la sève (la grâce) nécessaire pour vivre et porter du fruit. La vigne, symbole d'Israël devient, par la venue du Christ, image de l’Église. 
Symbolique du vin
Feu, joie, amour
  • Parce qu’il réchauffe le corps et le cœur, le vin est assimilé au feu. Comme lui, il est symbole de joie, d’amour.
  • Les périodes de tristesse, d'épreuves sont associées à une absence de vin (Dn 10,3 ; Jl 1,12).
  • Le vin favorise la convivialité. En Grèce, dans l'Antiquité, les banquets étaient suivis du symposion, temps de détente où, tout en buvant du vin, les convives parlaient, jouaient et assistaient à des spectacles. 
  • Le vin est un élément indispensable pour les fêtes (Jn 2,3) ; il participe à la joie des noces. Jésus en changeant l'eau en vin lors des noces de Cana (Jn 2,9), fournit aux époux et invités une source de joie et d'amour et il annonce par là le vin de la nouvelle alliance (Mc 14,24), vin de la joie éternelle, du banquet des noces de l'agneau (Is 25,6 ; Ap 19,9).
Vie éternelle, vie divine
  • Le vin libère l’esprit et décuple les forces de l'homme. Il donne à celui qui le boit, plus de confiance en soi, d’aisance pour discourir. Il développe les facultés intellectuelles créatives, imaginatives. 
  • La vigne après la vendange semble pourrir en hiver mais elle se régénère au printemps. Aussi le vin évoque la résurrection, la vie par delà la mort (Girard Symboles bibliques 2016 t.2,p.284).
Le sang du Christ
  • Le vin désigné dans la Bible comme « le sang des raisins » (Gn 49,11 ; Dt 32,14), devient signe du sang de Jésus, vraie vigne (Jn 15,5).
  • Ce sang est le « vin nouveau » (Mt 9,17) versé pour la multitude, signe de « l’alliance nouvelle » (Lc 22,20 ; 1Co 11,25). 
  • A Gethsémani, « lieu du pressoir », la sueur de sang dont Luc fait mention (Lc 22,44), marque le début du sang versé durant toute la Passion. 
  • Jésus présente son sang comme la vraie boisson qui donne la vie (Jn 6,55). Il choisit le vin comme l'une des deux  espèces de l'Eucharistie (Mt 26,27 ; Mc 14,23-24 ; Lc 22,20). Par l'institution de ce sacrement, le vin eucharistique devient substanciellement sang du Christ. 

1,14a FLORE Cypre (Henné) Le mot hébreu « kopher » [kōper], traduit par « kupros » dans la Septante et « cyprius » dans la Vulgate (afin de reproduire la phonétique du mot) désigne l’arbuste Lawsonia inermis appelé communément « henné ».

 Illustration botanique de Lawsonia inermis,

 in Flora de Filipinas, Gran edicionde Francisco Manuel Blanco, 1880 © Domaine public→

Ct 1,14 ; 4,13

Classification
  • Famille : lythraceae
  • Genre : lawsonia
  • Espèce : inermis
Localisation

Cette plante pousse naturellement dans les régions allant du nord-est de l’Afrique au nord-ouest de l’Inde. Elle fut cultivée très tôt au Proche-Orient. On la retrouve encore aujourd’hui dans la vallée du Jourdain jusqu’à Jéricho.

Description
  • Arbuste de 1 à 5 m de haut fortement ramifié.
  • Ses feuilles opposées et ovales contiennent un colorant appelé « lawsone ». La taille des feuilles varie selon l’apport en eau.
  • Ses fleurs blanches disposées en grappes sont fortement odorantes.
  • Ses petits fruits sont des capsules rondes de 4 à 8 mm contenant de nombreuses graines.
Usage
Médical et cosmétique
  • Utilisé à des fins thérapeutiques pour ses effets anti-inflammatoires, analgésiques et antipyrétiques. Dans l'Antiquité, l’huile de cypros permettait de relâcher les nerfs, les feuilles servaient à soigner les maux d’estomac, les abcès, les aphtes, les brûlures, les luxations (Pline Naturalis historia 23,46).
  • L’odeur de la fleur de henné favorise le sommeil (Pline Naturalis historia 23,46).
  • L’essence extraite des fleurs est utilisée en parfumerie. Son parfum est proche de celui du troène mais plus intense.
  • Le colorant rouge obtenu à partir de ses feuilles desséchées, est utilisé pour teindre les cheveux (Pline Naturalis historia 23,46), la peau et les ongles. Encore aujourd’hui des tatouages éphémères sont réalisés avec le henné. Les Égyptiens se servaient du henné puisqu'on en a retrouvé sur les ongles de plusieurs momies.
  • Soins capillaires : il aurait des propriétés antipelliculaires et il fortifie les cheveux.
  • La poudre de henné est aussi utilisée pour teindre les fourrures et le cuir.

1,17 FLORE Cèdre du Liban

Forêt des cèdres de Dieu au Liban (Bcharré)

Photo : BlingBling10 (août 2007) © CC-BY-SA-3.0→

Nb 24,6 ; Jg 9,15 ; 2S 5,11 ; 1R 6,9.15-16.18.36 ; 7,2.3.7.11.12 ; 9,11 ; 2R 14,9 ; 19,23 ; 1Ch 14,1 ; 17,1 ; 22,3-4 ; 2Ch 1,15 ; 2,7-8 ; 9,27 ; 25,18 ; Esd 3,7 ; Jb 40,17 ; Ps 29,5 ; 80,11 ; 92,13 ; 104,16 ; 148,9 ; Ct 1,17 ; 3,9 ; 5,15 ; 8,9 ; Is 2,13 ; 14,8 ; 37,24 ; 41,19 ; 44,14 ; Jr 22,7.14-15.23. ; Ez 17,3.22-24 ; 27,24 ; 31,3-18 ; Am 2,9 ; M,G—So 2,14 ; Za 11,1-2

Étymologie 

En hébreu, « érez » désigne le cèdre ; puis par extension il désigne tout bois utilisable dans les cérémonies de purification. Ce nom apparait 70 fois dans la Bible. 

Classification

Il existe 4 espèces de cèdres dont le cèdre du Liban. C'est un arbre conifère.

  • Famille : pinaceae
  • Genre : cedrus
  • Espèce : libani
Localisation

Originaire du Moyen-Orient (Liban, Syrie, Turquie). Au Liban les cèdres couvraient autrefois la plus grande partie du Liban mais la déforestation a eu raison de pratiquement l'intégralité des anciennes forêts. Il ne reste que quelques îlots de cèdres dans la région de Bcharré, dans El chouf, à Jaj ou à Tannourine. 

Description
  • Arbre majestueux et massif qui peut atteindre jusqu’à 40 m de haut.
  • De forme pyramidale au début de sa vie, il étend au fil du temps ses branches à l’horizontal, prenant une belle apparence avec sa cime tabulaire.
  • Ses aiguilles persistantes, d’environ 3 cm de long, ont une couleur vert-gris-bleuté, qui varie selon les espèces. Les aiguilles sont rassemblées en rosettes.
  • Les cônes d’environ 10 cm ont une forme ovoïde et un aspect lisse du fait des écailles plaquées.
  • Son bois est odorant.
  • On estime son espérance de vie à 2000 ans.
  • Ce conifère a une bonne résistance au froid et aux fortes chaleurs et pousse généralement sur un sol siliceux, rocailleux en région montagneuse (1000 à 2000 m d’altitude).

Illustration botanique du cèdre du Liban

 dans Traité des arbres et arbrisseaux - Atlas par P. Mouillefert, Paul Klincksieck (éd.), 1892-1898 : Köhler, 1887 © Domaine public

Usage
Médical
  • Le cèdre a des propriétés antiseptiques et cicatrisantes. Ce sont essentiellement ses aiguilles qui sont utilisées à des fins thérapeutiques en infusion ou en usage externe. Le macérat de bourgeon de cèdre soigne les problèmes cutanés.
Culture matérielle
  • Son bois est utilisé pour la confection de charpentes, de coffres, de mobiliers dès l’antiquité car l’odeur du bois de cèdre éloigne les mites, insectes et vers.
  • Le bois de cèdre du Liban fut importé à Jérusalem par Salomon pour permettre la construction du Temple. (2Ch 2,3-10).
  • Dans l'antiquité il est aussi utilisé pour la construction navale et la fabrication de sarcophages.
  • Il semble que des cèdres du Liban étaient plantés dans la cour du Temple (cf. Ps 92,13).
Cultuel
  • Dans les rites religieux, la fumée du cèdre était réputée pour chasser les mauvais esprits.
  • Pline Naturalis historia 13,2 raconte qu’au temps de la guerre de Troie, on n’employait pas encore l’encens dans les sacrifices mais on brûlait des rameaux de cèdre et de citre qui répandaient un relent plutôt qu’une senteur.
  • La sciure de cèdre servait en Égypte à l'embaumement des momies.
Autres
  • Le cèdre est aujourd’hui l’emblème du Liban. 
  • Cet arbre a inspiré des artistes tel que Lamartine : « Choeur des cèdres du Liban ».
Symbolique
Majesté divine, grandeur, gloire, force.
  • Ps 104,16-17 Le cèdre manifeste la grandeur de son créateur.
  • Ez 17,22-23 La parabole présente le cèdre comme le royaume de Dieu.
  • Ps 92,13 Les justes sont comparés au cèdre du Liban.
  • Ez 31,1-9 Pharaon est comparé au cèdre pour sa grandeur.
Orgueil

Par contraste, ceux qui se dressent comme rivaux de Dieu sont aussi comparés au cèdre.

Longévité, éternité

En raison de sa longue vie mais aussi parce que son bois est réputé imputrescible, il est symbole de pérennité, d'éternité et d'incorruptibilité.

3,9 FLORE Cèdre du Liban

Forêt des cèdres de Dieu au Liban (Bcharré)

Photo : BlingBling10 (août 2007) © CC-BY-SA-3.0→

Nb 24,6 ; Jg 9,15 ; 2S 5,11 ; 1R 6,9.15-16.18.36 ; 7,2.3.7.11.12 ; 9,11 ; 2R 14,9 ; 19,23 ; 1Ch 14,1 ; 17,1 ; 22,3-4 ; 2Ch 1,15 ; 2,7-8 ; 9,27 ; 25,18 ; Esd 3,7 ; Jb 40,17 ; Ps 29,5 ; 80,11 ; 92,13 ; 104,16 ; 148,9 ; Ct 1,17 ; 3,9 ; 5,15 ; 8,9 ; Is 2,13 ; 14,8 ; 37,24 ; 41,19 ; 44,14 ; Jr 22,7.14-15.23. ; Ez 17,3.22-24 ; 27,24 ; 31,3-18 ; Am 2,9 ; M,G—So 2,14 ; Za 11,1-2

Étymologie 

En hébreu, « érez » désigne le cèdre ; puis par extension il désigne tout bois utilisable dans les cérémonies de purification. Ce nom apparait 70 fois dans la Bible. 

Classification

Il existe 4 espèces de cèdres dont le cèdre du Liban. C'est un arbre conifère.

  • Famille : pinaceae
  • Genre : cedrus
  • Espèce : libani
Localisation

Originaire du Moyen-Orient (Liban, Syrie, Turquie). Au Liban les cèdres couvraient autrefois la plus grande partie du Liban mais la déforestation a eu raison de pratiquement l'intégralité des anciennes forêts. Il ne reste que quelques îlots de cèdres dans la région de Bcharré, dans El chouf, à Jaj ou à Tannourine. 

Description
  • Arbre majestueux et massif qui peut atteindre jusqu’à 40 m de haut.
  • De forme pyramidale au début de sa vie, il étend au fil du temps ses branches à l’horizontal, prenant une belle apparence avec sa cime tabulaire.
  • Ses aiguilles persistantes, d’environ 3 cm de long, ont une couleur vert-gris-bleuté, qui varie selon les espèces. Les aiguilles sont rassemblées en rosettes.
  • Les cônes d’environ 10 cm ont une forme ovoïde et un aspect lisse du fait des écailles plaquées.
  • Son bois est odorant.
  • On estime son espérance de vie à 2000 ans.
  • Ce conifère a une bonne résistance au froid et aux fortes chaleurs et pousse généralement sur un sol siliceux, rocailleux en région montagneuse (1000 à 2000 m d’altitude).

Illustration botanique du cèdre du Liban

 dans Traité des arbres et arbrisseaux - Atlas par P. Mouillefert, Paul Klincksieck (éd.), 1892-1898 : Köhler, 1887 © Domaine public

Usage
Médical
  • Le cèdre a des propriétés antiseptiques et cicatrisantes. Ce sont essentiellement ses aiguilles qui sont utilisées à des fins thérapeutiques en infusion ou en usage externe. Le macérat de bourgeon de cèdre soigne les problèmes cutanés.
Culture matérielle
  • Son bois est utilisé pour la confection de charpentes, de coffres, de mobiliers dès l’antiquité car l’odeur du bois de cèdre éloigne les mites, insectes et vers.
  • Le bois de cèdre du Liban fut importé à Jérusalem par Salomon pour permettre la construction du Temple. (2Ch 2,3-10).
  • Dans l'antiquité il est aussi utilisé pour la construction navale et la fabrication de sarcophages.
  • Il semble que des cèdres du Liban étaient plantés dans la cour du Temple (cf. Ps 92,13).
Cultuel
  • Dans les rites religieux, la fumée du cèdre était réputée pour chasser les mauvais esprits.
  • Pline Naturalis historia 13,2 raconte qu’au temps de la guerre de Troie, on n’employait pas encore l’encens dans les sacrifices mais on brûlait des rameaux de cèdre et de citre qui répandaient un relent plutôt qu’une senteur.
  • La sciure de cèdre servait en Égypte à l'embaumement des momies.
Autres
  • Le cèdre est aujourd’hui l’emblème du Liban. 
  • Cet arbre a inspiré des artistes tel que Lamartine : « Choeur des cèdres du Liban ».
Symbolique
Majesté divine, grandeur, gloire, force.
  • Ps 104,16-17 Le cèdre manifeste la grandeur de son créateur.
  • Ez 17,22-23 La parabole présente le cèdre comme le royaume de Dieu.
  • Ps 92,13 Les justes sont comparés au cèdre du Liban.
  • Ez 31,1-9 Pharaon est comparé au cèdre pour sa grandeur.
Orgueil

Par contraste, ceux qui se dressent comme rivaux de Dieu sont aussi comparés au cèdre.

Longévité, éternité

En raison de sa longue vie mais aussi parce que son bois est réputé imputrescible, il est symbole de pérennité, d'éternité et d'incorruptibilité.

Réception

Arts visuels

1,9ss L'envol de l'âme

20e s.

George Desvallières (1861-1950), L'Envol de l'Âme, (Huile et essence sur papier marouflé sur toile, 1925), 116 x 160 cm

Collection particulière, France © Succession Desvallières→

Tableau fait in memoriam, en souvenir d’une personne disparue en 1921. Robert Vallery-Radot décrit la petite aquarelle du même nom en CR 1790 et ne semble pas connaître l’œuvre magistrale et lumineuse, qui représente seulement la partie droite de l’envol de l’ange. Nous avons d’abord cru que cette œuvre, acquise par des amis des Desvallières qui perdirent un fils dans un combat aérien, en 1916, lors de la Grande Guerre, avait été peinte à la mémoire du soldat tombé pour son pays, mais la date inscrite dans le bas du tableau ne peut confirmer cette hypothèse. Il n’en reste pas moins que L’Envol de l’Âme exprime bien ce qu’écrivait Robert Vallery-Radot à propos de l’esquisse CR 1790, « cette acceptation tendre et solennelle de ce qui est. […] La plaine et la colline se recueillent, limpides et vertes, et le petit village tassé près de son clocher écoute l’heure qui sonne ».

1,12ss L'étreinte amoureuse

Expressionnisme allemand

Egon Tschirch (1889-1948), Cantique des Cantiques, composition n°4 (tempera sur carton, 1923), 64 x 47 cm

Kunsthalle Rostock→ (Allemagne) © CC BY-SA 3.0 de→

Composition

Le Cantique des Cantiques — en allemand Das Hohelied Salomos — est le titre d'un cycle d'images expressionnistes du peintre allemand Egon Tschirch. L'artiste interprète les textes du Cantique des cantiques. Le cycle a été créé en 1923 à Rostock et contient environ 50 images, dont 27 ont été redécouvertes en 2015. La composition n°4 illustre le thème de l'étreinte amoureuse présent dans Ct 1,12-14.

1,15 Tes yeux sont des yeux de colombe Symbolisme de la colombe La blancheur immaculée et la douceur de la colombe ont valu à l’oiseau de Vénus le privilège de devenir un symbole du Saint-Esprit. La colombe est l'emblème de la chasteté, de l’innocence, de la fidélité conjugale : Intertextualité biblique Ct 1,15. C'est aussi l'Esprit qui dicte à l'oreille des écrivains inspirés. Dans l'Église romaine, la colombe était particulièrement reliée à la légende de saint Grégoire Ier († 804). Dans de nombreux dessins, le Saint-Esprit sous la forme d'une colombe soutenait ce docteur de l'Église, soit pour un texte théologique (à partir du 8e s.), soit en faveur d'un chant (dès le 10e s.) comme le montrent ces enluminures médiévales :

Maître du Registrum Gregorii, Saint Grégoire écrivant sous l'inspiration de la colombe du Saint-Esprit (enluminure sur parchemin, 983), 26,5 x 19,5 cm

in Registrum Gregorii de Trèves, produit à Trèves (Allemagne), Hs. 171/1626, Stadtbibliothek, Trèves (Allemagne) © Domaine public→

Anonyme, Passionnaire de Weissenau (enluminure sur parchemin, détail, ca. 1170-1200)

ms. Bodmer 127, f.172v, conservé à la Fondation Bodmer, Coligny (Suisse) © Domaine public→

Anonyme, Le pape Grégoire Ier dictant les chants grégoriens (enluminure sur parchemin, ca. 1000)

in Antiphonaire dit « de Hartker », Cod. Sang. 390, p. 13, conservé à la bibliothèque de l'abbaye de Saint-Gall (Suisse) © Domaine public→

2,1–17 Cantique des Cantiques

Peinture espagnole du 17e s.

Le Cantique des Cantiques présente le chant de l’amour d’un homme vers sa femme. Ce chant introduit le lecteur dans le mystère de la relation d’amour qui unit deux époux. De nombreux passages de ce texte invitent à contempler l’attitude masculine face à celle qui est aimée.

Cercle de Bartolomé Estéban Murillo, Jacob et Rachel au puits  (huile sur toile, 17e s.), 9,30 x 1,492 m

Espagne, Dulwich Picture Gallery, Londres (Royaume-Uni) © Domaine public→

« Trop d’hommes sont amputés d’eux-mêmes. 'La virilité n’est plus une valeur en Occident', écrit Paul François Paoli dans La Tyrannie de la faiblesse (2010). Elle n’est pourtant pas l’agressivité, ni la dureté du cœur, encore moins la vulgarité. Mais le don de son corps et de son sang pour devenir gardien de l’épouse dans la vulnérabilité de son enfantement, pour protéger la vie fragile (...). Voilà ce qui conduit l’homme à son accomplissement, et la femme à porter la vie. On ne peut porter la vie que dans l’union au Corps d’un autre. L’homme est une force qui doit s’incliner au rang de serviteur, afin de ne jamais tomber dans la brutalité despotique de celui qui n’a jamais fait de sa puissance un service. La logique de l’amour d’un homme est eucharistique : « Maris, aimez vos femmes, comme le Christ a aimé l’Église et a donné sa vie pour elle » (Lettre de Saint Paul aux Éphésiens). »

Cette conception de la virilité semble rejoindre une citation de Simone de Beauvoir dans Le deuxième sexe (1949) : « Personne n'est plus arrogant envers les femmes, plus agressif ou méprisant, qu'un homme inquiet pour sa virilité. »

2,2 Comme un lis au milieu des épines Interprétation typologique : Le lis symbolisant la Vierge Marie

12e s.

Anonyme, Lis parmi les épines (fresque, 12e s.)

Ermitage de Santa Caterina del Sasso→, Lombardie (Italie) © CC BY-SA 3.0→

Les épines présentes autour des lis forment une couronne analogue à la couronne de la Passion du Christ. Les lis évoquent ici la victoire du Christ sur la mort et la vie qui en jaillit.

4,5 Tes deux seins sont comme deux faons

Expressionnisme allemand

Egon Tschirch (1889-1948), Cantique des Cantiques, composition n° 3 (tempera sur carton, 1923), 64 x 47 cm

Kunsthalle Rostock→ (Allemagne) © CC BY-SA 3.0 de→

Le Cantique des Cantiques - en allemand Das Hohelied Salomos - est le titre d'un cycle d'images expressionnistes du peintre allemand Egon Tschirch. L'artiste interprète les textes du Cantique des cantiques. Le cycle a été créé en 1923 à Rostock et contient environ 50 images, dont 27 ont été redécouvertes en 2015. La composition n°3 de ce cycle évoque Ct 4,5.

6,1 Où est parti ton bien-aimé (= V : 5,17)

Expressionnisme allemand

Egon Tschirch (1889-1948), Cantique des Cantiques, étude E (tempera sur carton, 1923), 64 x 47 cm

Kunsthalle Rostock→ (Allemagne) © CC BY-SA 3.0 de→

Composition

Le Cantique des Cantiques - en allemand Das Hohelied Salomos - est le titre d'un cycle d'images expressionnistes du peintre allemand Egon Tschirch. L'artiste interprète les textes du Cantique des cantiques. Le cycle a été créé en 1923 à Rostock et contient environ 50 images, dont 27 ont été redécouvertes en 2015.

6,12b V Aminadab Un médaillon d’un vitrail de la basilique de Saint-Denis (12e s.) montre, au-dessus de la légende quadrige aminadab, un char à quatre roues portant l'Arche d'Alliance à moitié ouverte, dans laquelle on aperçoit les tables de la Loi, le rameau fleuri d'Aaron et le vase qui contenait la manne du désert du Sinaï. Au milieu de l'Arche émerge une croix à laquelle est attaché le Sauveur. Dieu le Père, debout sur le char, soutient cette croix de ses bras. Aux quatre coins du quadrige sortent du ciel, à mi-corps, les quatre attributs des évangélistes, tenant chacun le livre de leur évangile et regardant vers le centre. L'Arche d'Alliance se fixe sous la croix du Christ pour se transformer en autel.

Anonyme, L’Arche d’alliance ou le Char d’Aminadab  (vitrail, diam. 66 cm, ca. 1144) 

fenêtre des Allégories de Saint Paul, chapelle de Saint-Pérégrin, Abbatiale de Saint-Denis, France © Domaine public→

Inscription : (F) EDERIS.EX.ARCA CRVCE (X)RI SISTITUR ARA FEDERE.MAIORI. VVLT.IBI VITA MORI. Suger (1080-1151) lui-même retranscrit dans la description qu'il donne de ses verrières (Suger, De administratione S.360, ca 1177-1178) : In eadem vitrea super archam federis: Federis ex archa Christi cruce sistitur ara, Federe maiori vult ibi vita mori : « Dans la même vitre, au dessus de l'arche d'Alliance : L'autel de la croix du Christ s'est établi sur l'ancienne Arche d'alliance. Dans une plus grande alliance, sa vie a voulu (y subir) la mort ».

7,1–16 Le Cantique des cantiques

19e s.

Gustave Moreau (1826-1898), Le Cantique des cantiques (huile sur toile, 1853), 300 x 319 cm

conservé au Musée des beaux-arts de Dijon (France) © Domaine public→

7,1 Reviens, reviens Sulamite ! (= V : 6,12) Interprétation typologique : La Vierge Marie comme Sulamite

Peinture allemande, 19e s.

Franz Pforr est un peintre allemand, membre du mouvement nazaréen. Malgré sa courte vie artistique, il a peint quelques tableaux et une centaine de dessins et il est un des plus importants peintres du romantisme allemand. Il peint Sulamith et Marie un an avant son décès.

Franz Pforr (1788-1812), Sulamite et Marie (huile sur panneau, 1811), 34,5 × 32 cm

Musée Georg Schäfer, Schweinfurt (Allemagne), Inv. MGS 1183 © Domaine public→

8,12 à toi, le Paisible Le roi Salomon

Gravure néerlandaise, 16e s.

Maerten de Vos est un peintre flamand s'intéressant principalement aux sujets religieux, historiques, allégoriques, et aux portraits. Il réalise dans les années 1580 de multiples conceptions d'estampes et d'illustrations de livres. Cette gravure réalisée en 1590 est une de ses illustrations réalisées pour Le Cantique des cantiques :

Maerten de Vos (1532-1603), Le roi Salomon sur le trône (gravure, 1590)

Musée national d'Allemagne, Nuremberg (Allemagne)  © Domaine public→

2,1a narcisse de Saron ou Rose de Saron : interprétation christologique et mariale Le nom de la fleur en question en hébreu est parfois traduit par « rose » au lieu de « narcisse ». Dans cette traduction de « rose » il a rejoint les Litanies de la Sainte Vierge. 

15e s.

Anonyme, Rosaire avec Vierge allaitant, (tempera sur parchemin, East Anglia England Norfolk (?), ca1480-1490), page : 11,9 × 17 cm

Ms. 101, fol. 78v, Getty Museum, Los Angeles (États-Unis) © Domaine public→

19e s.

Sainte Marie Mère des nations tenant un globe dans ses mains :

George Desvallières (1861-1950), Sainte Marie, Rose mystique, (Huile sur toile, 1887), 65,5 x 43,5 cm,

Musée Ateneum, Helsinki (Finlande) © Hannu Aaltonen.→

Première composition de la Vierge illustrant la litanie « Sainte Marie, Rose mystique ». Le visage éclairé de profil et les yeux fermés, signes de sa lumière intérieure, Marie, « comprise à la façon de ces précurseurs de la Renaissance » (Leprieur), porte avec assurance le monde dans sa main gauche et quelques roses rouges dans sa main droite. Le critique François Bournand écrit, après l’exposition des 33, à la galerie Georges-Petit, en 1887 : « Un artiste que je ne connaissais pas encore, M. Georges [sic] Desvallières, se révèle ici comme un jeune maître, il a énormément de talent, il me faut le reconnaître. C’est un primitif italien du XVe siècle, égaré en France au XIXe siècle. » (La Curiosité). Il ajoute, dans Le Blanc et le Noir : « […] Quel charme mélancolique ! Quelle puissance émotionnante dans sa “Sainte Marie, Rose mystique” ! ».

Fortement influencé par les maîtres italiens qu’il a étudiés au Louvre ou lors de ses voyages dans la Péninsule, Desvallières s’inspire de l’Allégorie de Fécamp (CR 60) ou de son Condottiere (CR 73), deux tableaux profanes de 1883, sur un fond de paysage avec un ciel dont les couleurs comptent plus intensément. L’année de son mariage, en 1890, l’artiste reprendra la même composition dans Vierge aux donateurs (CR 280), conservé au musée des Beaux-Arts de Reims. 

Contexte

Milieux de vie

2,1 FLORE Fleurs des champs

Fleurs des champs (côte méditerranée en Israël)

Photo : M.R. Fournier (avril 2022) © BEST AISBL

Identification

Plusieurs fois dans la Bible, il est question de l’expression « fleurs des champs » de manière générale. C’est le cas dans le Cantique des Cantiques avec le nom nitṣṣanîm (Ct 2,12) qui désigne des fleurs de printemps de couleurs vives et même rouges. À d’autres moments la Bible parle de « fleurs des champs » en insistant sur leur aspect éphémère (Ps 103,15). D’autres fois elle vante leur beauté (Lc 12,27-28 ; Mt 6,28-30). 

Voici plusieurs fleurs des champs rencontrées en Israël qui peuvent illustrer cette expression.

Anémone coronaire

Anémone (Israël)

Photo : M.R. Fournier (avril 2022) © BEST AISBL

Identification 

En raison de sa beauté et de sa couleur éclatante, l’anémone couronnée est considérée par plusieurs spécialistes comme étant le « lis des champs » qui surpasse Salomon dans toute sa gloire. Cette fleur se trouve presque partout en Israël et Cisjordanie au printemps et elle est admirée par tous. Elle est abondante sur le mont des Oliviers, les plaines et les bords du lac de Tibériade (les kalānîôt en hébreu).

Classification
  • Famille : ranunculaceae
  • Genre : anemone
  • Espèce : coronaria
Localisation

Cette fleur est très présente sur tout le bassin méditerranéen. Elle se développe surtout dans les pâturages et les oliveraies.

Description
  • Plante vivace de 20 à 40 cm de haut.
  • Feuilles caduques très découpées.
  • Fleur hermaphrodite terminale et solitaire, de couleur variable mais le plus souvent rouge ou jaune. Elle a 6 pétales. Une sphère de carpelles entourée d’étamines se trouve au centre de la fleur.

La floraison a lieu au printemps (janvier à avril) et parfois au début de l’automne. La fleur se referme la nuit.

Usage
 Médical

Les anémones sont toxiques mais dans l’Antiquité les Égyptiens et les Romains leur attribuaient des vertus médicinales : ils entouraient les bras et le cou d’un malade d’anémones pour le guérir.

Ranonculus asiaticus

Un renoncule de Perse dans la région de Nataf

Photo : Superjuif (mars 2013) © CC BY-SA 3.0→

Identification 

La renoncule persane que l’on trouve aussi dans les terres du Levant, est une fleur très proche de l’anémone couronnée et est parfois confondue avec elle. Elle fait partie de ces fleurs des champs que les auditeurs de Jésus avaient l’habitude de voir.

Classification
  • Famille : ranunculaceae
  • Genre : ranunculus
  • Espèce : asiaticus
Localisation 

Originaire de la région méditerranéenne orientale, d’Asie Mineure. Elle fut introduite en France par les Croisés de Saint Louis qui la rapportèrent de Terre Sainte.

Description
  • Plante herbacée vivace.
  • Tige simple ou ramifiée de 40 cm environ.
  • Feuilles trilobées duveteuses ou poilues.
  • Plusieurs fleurs de 3 à 5 cm de diamètre peuvent pousser sur les tiges. Elles sont de couleur rouge, rose, jaune ou blanche et se referment la nuit. Dans sa forme simple, la renoncule persane a 5 pétales. La forme à fleurs doubles, hybride est commercialisée par les fleuristes. 

Papaver subpiriforme

 Coquelicots (Israël)

Photo : M.R. Fournier (mai 2022) © BEST AISBL

Identification

Le coquelicot d’Israël, espèce très proche des coquelicots d’Europe (papaver rhoeas) est aussi très présent en Galilée et Judée, en bordure de route, dans les terrains vagues, les jardins. D’un rouge qui se rapproche de l’anémone et de la renoncule, il est parfois difficile de les différencier.

Classification
  • Famille : papaveraceae
  • Genre : papaver
  • Espèce : umbonatum

Localisation originaire de Palestine, Liban, Syrie et Turquie. On les rencontre en Israël dans les régions cultivées du Nord.

Description
  • Plante annuelle ramifiée de 15 à 40 cm de haut.
  • Tige fine, couverte de poils.
  • Feuilles finement découpées à la base de la tige.
  • Grandes fleurs terminales à 2 sépales libres qui se détachent à l’éclosion de la fleur ; 4 pétales rouges qui ont la texture d’un papier de soie froissé. La base des pétales a des taches noires.
  • Fruit sphérique et pileux qui contient de nombreuses graines.

Floraison de mars à mai (un peu plus tardif que l’anémone). La vie d’un coquelicot est très courte (2 à 3 jours).

Tulipa agenensis (subsp. sharonensis)

 Tulipa Sharonensis

Photo : Zachi Evenor (mars 2015)  © CC BY 2.0→

Identification

La tulipe de Sharon est l’une des espèces retenues par les botanistes pour être la rose de Sharon. Elle correspondrait mieux encore que la tulipe montana car elle pousse dans les endroits sablonneux de la plaine côtière de Sharon.

Le nom tulipe dérive du mot persan « thuliban » qui signifie « turban ».

Classification
  • Famille : liliaceae
  • Genre : tulipa
  • Espèce : agenensis
Localisation

Tulipe originaire de l’est de la méditerranée. Elle pousse dans les maquis et forêts méditerranéennes, le long de la plaine côtière entre la Syrie et Israël. Ses tulipes ont été introduites en Europe au 16es (surtout en Hollande, au Pays-Bas).

Description
  • Tige glabre d’environ 40 cm.  
  • Feuilles rosettes, lancéolées d’environ 25 cm de long.
  • Fleur rouge écarlate avec au centre une tache noire pointue à marge jaune. Les tépales externes sont plus longs et pointus que les tépales internes. Elles fleurissent en mars.
  •   La tulipa agenensis subsp. Sharonensis a une tige un peu plus petite (20-25 cm) et des feuilles et des fleurs plus petites également. Ses tépales sont jaunâtres sur la face inférieure. Elle pousse uniquement sur les sols sableux.
Symbolique
Amour

La tulipe par sa couleur rouge intense et sa base noire évoque le feu et le charbon et donc aussi la flamme de l’amour. En Perse, l’amant donnait une tulipe cramoisie à celle qu’il aimait pour symboliser la flamme qui consume son cœur.

Tulipa montana

Tulipa montana Lindl

Photo : N. Paresseux © CC BY-NC 3.0→

Identification 

La rose de Sharon, difficile à identifier précisément, pourrait être la tulipa montana (cf. recherches du Dr Ephraim Ha-Reubeni).

Classification
  • Famille : liliaceae
  • Genre : tulipa
  • Espèce : montana
Localisation

Cette espèce de tulipe est originaire des montagnes d’Iran et du Turkménistan. On la trouve en Irak, autour de la mer Caspienne, en Syrie et Liban.

Description
  • Bulbe vivace de 15 cm de haut.
  • Feuilles glauques
  • Fleurs en forme de coupe de couleur rouge intense avec à l’intérieur une tache noire et des anthères jaunes.

Anthemis palaestina (ou camomille d’Israël)

Camomille (Israël)

Photo : M.R. Fournier (avril 2023) © BEST AISBL

Classification
  • Famille : asteraceae
  • Genre : anthemis
  • Espèce : palaestina
Localisation

Originaire de la région méditerranéenne. On retrouve cette fleur en Israël et Palestine (Golan, Hermon, Galilée, côte, vallée du Jourdain, Carmel, Samarie, désert, montagnes de Judée, Néguev).

Description
  • Herbe annuelle aromatique.
  • Feuilles glabres coupées et pennées en lobes étroits.
  • Capitules radiées de fleurons blancs autour d’un disque de fleurons tubulés jaunes.

Chrysanthemum coronarium (glebionis coronaria)

 Glebionis coronaria

Photo : M.R. Fournier (avril 2022) © BEST AISBL

Identification 

Le chrysanthème couronné appelé aussi marguerite dorée en raison de sa couleur jaune or et que l’on retrouve en Galilée peut, elle aussi, faire concurrence à Salomon par sa magnificence. 

Classification
  • Famille : asteraceae
  • Genre : glebionis
  • Espèce : coronaria
Localisation 

Originaire du pourtour méditerranéen, cette plante se rencontre au bord des routes, dans les ruines, les terrains calcaires d’Afrique du Nord, d’Israël et d’Europe du Sud.

Description 
  • Plante annuelle.
  • Tige dressée de 15 à cm à 1 m de haut.
  • Feuilles alternes, bipennées qui se plient la nuit et se redressent le jour.
  • Capitules de 6 cm de diamètre, solitaires. Fleurs à la ligule jaune et blanche ou entièrement jaune.
  • Les fruits sont des akènes.
Usage
  • Alimentaire
  • Les feuilles sont parfois consommées crues ou cuites (en particulier en Chine et au Japon)

Cyclamen persicum

Cyclamens sauvages (Israël)

Photo : Woggly (avril 2005) © CC BY-SA 3.0 Classification→

  • Famille : primulaceae
  • Genre : cyclamen
  • Espèce : persicum
Localisation

Originaire de l’ouest de l’Asie Mineure, on en trouve en Turquie, Israël, Jordanie, au nord de l’Afrique et sur quelques îles grecques.

Description
  • Fleurs élancées odorantes blanches, roses ou rouges.
  • Bulbes arrondis (d’où leur nom qui vient de cyclos, « cercle » en grec)

Colchicum automnale

 Colchique d'automne

Photo : Meneerke fleur (sept. 2010) © CC BY-SA 3.0 →

Classification
  • Famille : liliaceae
  • Genre : colchicum
  • Espèce : autumnale
Localisation

Les colchiques poussent dans les prairies en Europe et sur le pourtour méditerranéen.

Description
  • Plante basse à corme.
  • Des fleurs solitaires terminales à 6 tépales apparaissent en automne.
  • Les feuilles et fruits (capsules ovoïdes) apparaissent au printemps.

Illustration botanique de Colchicum automnale

dans Köhler's medizinal Pflanzen de Franz Eugen Köhle1897 © Domaine public→

Usage
Médical
  • Elle était utilisée contre la goutte.
  • Les colchiques sont toxiques.
Ornemental
  • Elle a un usage décoratif.

1,13 ; 3,6 ; 4,6.14 ; 5,1.5.13 myrrhe FLORE Arbre à myrrhe (basalmier)

Illustration botanique de Commiphora myrrha (arbre à myrrhe ou basalmier) de Müller (1833-1887) 

  Köhler's Medizinal-Pflanzen Franz Eugen Köhler, 1887 © Domaine public→

Ex 30,23 ; Ex 30,23 ; M, G – Est 2,12 ; Ps 45,9 ; Pr 7,17 ; Ct 1,13 ; 3,6 ; 4,6.14 ; 5,1.5.13 ;  M – Si 24,15 ; Mt 2,11 ; Mc 15,23 ; Jn 19,39 ; Ap 18,13 

Identification

La myrrhe est « môr » en hébreu et « smurna » en grec. Le mot « muron » en grec qui généralement est traduit par « huile parfumée » ( Ex 30,25 ; 1Ch 9,30 ; 2Ch 16,14 ; Jdt 10,3 ; Ps 132,2 ; Pr 27,9 ; Ct 1,3-4 ; Ct 4,14 ; Am 6,6 ; Is 39,2 ; Ez 27,17 ; Mt 26,7.12 ; Mc 14,3-5 ; Lc 7,37-38.46 ; Lc 23,56 ; Jn 11,2 ; 12,3.5.) est traduit par « myrrhe» en Ap 18,13. Il s'agirait probalement d'une huile à base de myrrhe et d'autres aromates (cf. Ct 4,14).

Classification
  • Famille : burseraceae
  • Genre : commiphora
  • Espèce : myrrha
Localisation

Originaire d’Afrique de l’Est (Éthiopie, Somalie) et du sud de l’Arabie (Yémen, Oman).

Description
  • Arbuste de 3 à 5 m de haut aux branches noueuses et anguleuses dotées d’épines.
  • Ses petites feuilles ovales vertes sont caduques et aromatiques.
  • Ses fleurs blanches ou rouges-orangées apparaissent en été.
  • De ses nœuds suinte, sous forme de larmes jaunes, une résine aromatique que l’on appelle « myrrhe » ; ce nom vient de l’akkadien murru qui signifie « amère ».
Usages
Médical et cosmétique
  • En médecine, dès l’Antiquité, la myrrhe était réputée pour apaiser la douleur et pour son action anti-inflammatoire. Les Grecs utilisaient la myrrhe pour nettoyer les plaies des soldats. Elle était utilisée en gargarisme pour éviter les inflammations de la bouche.
  • Jérôme Commentariorum in Matthaeum 27,48  t.26, col.212  affirme que le breuvage donné à Jésus sur la croix, un vin mêlé de myrrhe (Mc 15,23), avait pour but d’alléger les douleurs du crucifié.
  • En huile, elle servait pour la toilette des femmes (Est 2,12).
Cultuel
  • Parfum pour l’embaumement (Hérodote Historiae 2,86 ), elle est employée en Égypte mais aussi chez les Juifs (cf. Jn 19,39).
  • Elle est brûlée comme encens dans les temples.
  • La myrrhe entrait dans la composition de l’onction sainte (Ex 30,23). Aujourd’hui elle entre dans la composition du saint-chrême.
Histoire
  • Selon les archives royales assyriennes, au 9e siècle av. J.-C., la myrrhe venue d’Arabie par caravane était vendue dans des villes sur les bords de l’Euphrate.
  • Hérodote Historiae 7,181 rapporte que Pythès, membre de l’armée navale de Xerxès, tombé à demi-mort entre les mains des Perses, fut soigné avec de la myrrhe. 

 Myrrhe

Photo : Leo_65 / 319 Bilder de Pixabay (2014) © Domaine public

Symbolique
Souffrance

En raison de son goût amer et de son efficacité pour soigner et apaiser les blessures, la myrrhe évoque la souffrance.

Mort

Parce qu’elle sert à l’embaumement, elle est associée à la mort.

Humanité

Les deux précédents symboles manifestant la vulnérabilité de la nature humaine, la myrrhe devient aussi symbole d’humanité.

Royauté

Ce parfum précieux était généralement réservé à l’embaumement des rois.

Amour

Comme l’amour, la myrrhe dégage un parfum envoûtant et puissant. (Ps 45,9 et Ct 1,13)

Le prénom de Marie « Mariam » ou « Myriam » signifie « mer de myrrhe » ou « mer d'amertume».

Réception

Liturgie

4,7 Texte : fête mariale La liturgie applique le v. à l'Immaculée Conception de Marie : c'est la première antienne de l'office des Vêpres.

1,4 Courons TYPOLOGIE Prière à la Vierge immaculée

« Trahe nos Virgo Immaculata »

Traditionnel, Antienne - Trahe nos

Chœur des moines de l’abbaye Sainte-Madeleine du Barroux

© Abbaye du Barroux→, Ct 1,3

Antienne chantée pour la solennité de l'Immaculée Conception le 8 décembre.

Paroles

Entraînez-nous, Vierge Immaculée, nous courrons après vous à l'odeur de vos parfums.

7,11 Je suis à mon préféré

Alleluia "Ego dilecto meo"

Alleluia - Ego dilecto meo

Chœur des moines de l’abbaye Sainte-Madeleine du Barroux

© Abbaye du Barroux→, Ct 7,11

2,1–17 LITURGIE JUIVE Un chant pascal Le Cantique est lu après la amida durant la semaine de Pessach. Le choix serait motivé par la mention des chars de Pharaon en Ct 1,9 où l'on voit une allusion à l'Exode. 

Traditionnel, Megillat Shir HaShirim, c. 2  lu par Abraham Shmuelof (1913-1994), Maison Saint-Isaïe des Dominicains, Jérusalem, années 1970,

Audio Scriptures International (numérisation) ; Mechon Mamre→ (mise en ligne), © Sœurs du Carmel (enregistrements originaux)

Abraham Shmuelof né en 1913 dans le quartier Meah Shearim de Jérusalem, dernier de seize enfants dans une grande famille juive ultraorthodoxe de Bucharan qui avait émigré de Perse à la fin du 19e siècle devint une figure légendaire à Jérusalem, passant du statut de juif ultraorthodoxe au catholicisme romain, moine trappiste, bénédictin, retournant aux trappistes et enfin servant dans l'Église gréco-catholique de Galilée. Dans les années 1970, il trouva sa place à « La Maison Saint-Isaïe » fondée à Jérusalem par les Dominicains français, où il collabora au développement d'une liturgie catholique hébréophone avec le P. Jacques Fontaine. C'est à cette époque qu'il se chargea de la tâche d'enregistrer l'intégralité du Tanakh en hébreu.

3,1–11 Le Cantique est lu après la amida durant la semaine de Pessach. Le choix serait motivé par la mention des chars de Pharaon en Ct 1,9 où l'on voit une allusion à l'Exode. 

Traditionnel, Megillat Shir HaShirim, c.3 lu par Abraham Shmuelof (1913-1994), Maison Saint-Isaïe des Dominicains, Jérusalem, années 1970

Audio Scriptures International (numérisation) ; Mechon Mamre→ (mise en ligne)  © Sœurs du Carmel (enregistrements originaux)

Abraham Shmuelof né en 1913 dans le quartier Meah Shearim de Jérusalem, dernier de seize enfants dans une grande famille juive ultraorthodoxe de Bucharan qui avait émigré de Perse à la fin du 19e siècle devint une figure légendaire à Jérusalem, passant du statut de juif ultraorthodoxe au catholicisme romain, moine trappiste, bénédictin, retournant aux trappistes et enfin servant dans l'Église gréco-catholique de Galilée. Dans les années 1970, il trouva sa place à « La Maison Saint-Isaïe » fondée à Jérusalem par les Dominicains français, où il collabora au développement d'une liturgie catholique hébréophone avec le P. Jacques Fontaine. C'est à cette époque qu'il se chargea de la tâche d'enregistrer l'intégralité du Tanakh en hébreu.

5,1–16 LITURGIE JUIVE Un chant pascal Le Cantique est lu après la amida durant la semaine de Pessach. Le choix serait motivé par la mention des chars de Pharaon en Ct 1,9 où l'on voit une allusion à l'Exode.  

TraditionnelMegillat Shir HaShirim, c.5 lu par Abraham Shmuelof (1913-1994), Maison Saint-Isaïe des Dominicains, Jérusalem, années 1970

Audio Scriptures International (numérisation) ; Mechon Mamre→ (mise en ligne)  © Sœurs du Carmel (enregistrements originaux)

Abraham Shmuelof né en 1913 dans le quartier Meah Shearim de Jérusalem, dernier de seize enfants dans une grande famille juive ultraorthodoxe de Bucharan qui avait émigré de Perse à la fin du 19e siècle devint une figure légendaire à Jérusalem, passant du statut de juif ultraorthodoxe au catholicisme romain, moine trappiste, bénédictin, retournant aux trappistes et enfin servant dans l'Église gréco-catholique de Galilée. Dans les années 1970, il trouva sa place à « La Maison Saint-Isaïe » fondée à Jérusalem par les Dominicains français, où il collabora au développement d'une liturgie catholique hébréophone avec le P. Jacques Fontaine. C'est à cette époque qu'il se chargea de la tâche d'enregistrer l'intégralité du Tanakh en hébreu.

6,1–13 LITURGIE JUIVE Un chant pascal    Le Cantique est lu après la amida durant la semaine de Pessach. Le choix serait motivé par la mention des chars de Pharaon en Ct 1,9 où l'on voit une allusion à l'Exode.   

TraditionnelMegillat Shir HaShirim, c.6 lu par Abraham Shmuelof (1913-1994), Maison Saint-Isaïe des Dominicains, Jérusalem, années 1970

Audio Scriptures International (numérisation) ; Mechon Mamre→ (mise en ligne)  © Sœurs du Carmel (enregistrements originaux)

Abraham Shmuelof né en 1913 dans le quartier Meah Shearim de Jérusalem, dernier de seize enfants dans une grande famille juive ultraorthodoxe de Bucharan qui avait émigré de Perse à la fin du 19e siècle devint une figure légendaire à Jérusalem, passant du statut de juif ultraorthodoxe au catholicisme romain, moine trappiste, bénédictin, retournant aux trappistes et enfin servant dans l'Église gréco-catholique de Galilée. Dans les années 1970, il trouva sa place à « La Maison Saint-Isaïe » fondée à Jérusalem par les Dominicains français, où il collabora au développement d'une liturgie catholique hébréophone avec le P. Jacques Fontaine. C'est à cette époque qu'il se chargea de la tâche d'enregistrer l'intégralité du Tanakh en hébreu.

Musique

1,5 ; 2,10ss je suis noire mais aussi ravissante Nigra sum

20e s.

Pablo Casals (1876-1973), Nigra Sum, 1943

The Georgia Boy Choir

© Licence YouTube standard→, Ct 1,4s.2,10.2,14

Paroles

Nigra sum sed formosa filiae Hierusalem, Ideo dilexit me rex, et introduxit me in cubiculum suum, et dixit mihi: Surge, amica mea et veni, Ostende mihi faciem tuam, sonet vox tua in auribus meis, vox enim tua dulcis, et facies tua decora.

Je suis noire mais belle, filles de Jérusalem (Ct 1,5), c'est pourquoi le roi m'a choisie, et m'a fait entrer dans ses appartements (Ct 1,4), et il m'a dit : « Lève-toi, mon amie, et viens, (Ct 2,10) montre-moi ton visage, que ta voix résonne à mes oreilles ; car ta voix est douce, et ton visage charmant. (Ct 2,14) »

Compositeur

Pablo Casals, né le 29 décembre 1876 à El Vendrell (province de Tarragone, Espagne) et mort le 22 octobre 1973 à San Juan (Porto Rico), est un violoncelliste, chef d'orchestre et compositeur espagnol. Tout au long de sa longue vie, Casals fut un défenseur acharné et enthousiaste du violoncelle, mais aussi de la musique dans une inébranlable foi dans les valeurs qu'elle peut transmettre. Ses enregistrements sont habités de cet enthousiasme et de son énergie. Il essaye de favoriser l'accès à la musique pour le plus grand nombre, que ce soit avec des associations de concerts, la création de ses divers orchestres ; il jouera même dans des conditions mouvementées lors de la guerre d'Espagne.

1,5s je suis noire La Reine de Saba figure de la beauté exotique de la bien-aimée

19e s.

Charles Gounod (1818-1893), Jules Barbier et Michel Carré (livret), La Reine de Saba, 1862

Michel Plasson (dir.), Chœurs et Orchestre du Capitole de Toulouse

© Licence YouTube Standard→, 1R 10,1-13 2Ch 9,1-12 Ct 1,5s Mt 12,42 Lc 11,31

OPÉRA EN QUATRE ACTES

Livret : Jules Barbier et Michel Carré

Création : Paris, Opéra Salle Le Peletier, 28 février 1862

LES PERSONNAGES/LES VOIX

Balkis : mezzo-soprano

Soliman : basse

Adoniram : ténor

Bénoni : mezzo-soprano

Méthousaël : basse

Sadoc : basse

Amrou : ténor

Phanor : baryton

Sarabil : alto

ARGUMENT
Acte I

Afin d’éblouir Balkis, la reine de Saba dont il attend la visite à Jérusalem, Soliman vient de faire construire par Adoniram un temple merveilleux. Bénoni, jeune apprenti de l’artiste, célèbre la beauté légendaire de la reine. Adoniram, qui rêve du chef-d’œuvre suprême, est torturé par le doute, mais aussi par ses ouvriers, Amrou, Méthousaël et Phanor qui, se voyant refuser une part des bénéfices, jurent vengeance. Balkis admire la splendeur du temple, sans manifester d’enthousiasme à l’idée d’épouser Soliman, à qui elle offre pourtant son anneau. Elle est davantage fascinée par Adoniram, d’autant qu’il semble posséder des pouvoirs surnaturels – un scarabée magique, grâce auquel il commande des hommes et des djinns. Balkis orne le cou d’Adoniram de son collier.

Acte II

Sur le plateau de Sion, devant Soliman et Balkis, Adoniram s’apprête à créer le chef-d’œuvre  de ses rêves, une Mer d’Airain. Lorsqu’il est trop tard pour arrêter la fonte, Benoni avertit Soliman que les trois ouvriers-traîtres ont saboté l’ouvrage. Le métal fondu détruit le précieux moule et le fourneau explose.

Acte III

En dépit de son échec, l’image d’Adoniram brûle toujours dans l’esprit de Balkis. L’artiste se déclare indigne de la confiance de la reine, et lui rend son collier. Les sentiments puissants les submergent. Benoni annonce que les djinns ont réparé le moule, et tout est à nouveau en place pour la fonte. Adoniram révèle alors à Balkis qu’ils descendent du même ancêtre, le chasseur Nemrod, et qu’il est protégé par des forces surnaturelles. Leur entretien a été entendu par les trois traîtres qui décident d’en informer Soliman.

Acte IV

L’absence prolongée de Balkis attise les soupçons de Soliman, confirmés par les traîtres qui lui rapportent le rendez-vous de la reine avec Adoniram. D’abord méfiant, Soliman finit par prêter foi à ces accusations lorsque Adoniram lui présente sa démission, en refusant de partager avec lui le pouvoir royal. Ayant fini son chef-d’œuvre, il se prépare à s’enfuir avec Balkis. La reine calme les ardeurs de Soliman en lui faisant boire un somnifère, retire l’anneau qu’elle lui avait offert et s’éclipse, ignorant ses imprécations.

Acte V

Les trois traîtres surprennent Adoniram à l’endroit de son rendez-vous avec la reine, au pied du mont Tabor, et le poignardent. Tel le trouve Balkis qui, recevant son dernier soupir, glisse sur son doigt l’anneau sacré. La montagne s’ouvre et le corps d’Adoniram est porté par les djinns au royaume de ses ancêtres.

HISTOIRE

Gounod a une revanche à prendre sur l’Opéra où, depuis La Nonne sanglante, on n’a pas joué une note de sa musique. Encouragé par le succès croissant de Faust, le directeur Alphonse Royer accepte volontiers ce qui deviendra La Reine de Saba (auparavant intitulé La Reine Balkis, adapté par Barbier et Carré des Nuits de Ramazan de Gérard de Nerval) […] soumis à d’innombrables coupures, dont la suppression de la scène de la fonte du IIe acte, La Reine de Saba ne tiendra l’affiche que quinze soirées avant d’être retirée du répertoire.

Après des reprises complètes à la Monnaie de Bruxelles (1862, puis en 1876), à Darmstadt (1863), un nouvel échec à Londres (1865, en concert au Crystal Palace, avec le livret maquillé en Irene, drame turc…) et à Manchester (1880), puis une ultime et malheureuse tentative à l’Opéra-Populaire du Château-d’Eau, le 27 novembre 1900, l’œuvre disparut jusqu’en 1969 où elle fut reprise au Capitole de Toulouse, pour la dernière fois au XXe siècle.

Bibliographie : Mille et un opéras, Piotr Kaminski, Fayard, 2004

2,10–13 ; 6,10ss ; 7,10ss Cantique des Cantiques

20e s.

Ivan Moody (1964-), Canticum Canticorum I, 1987

David Fallis (dir.), Quire Cleveland

© Licence YouTube standard→, Ct 2,10-13.6,2.11

Composition

Ivan Moody est un compositeur britannique contemporain. Ses œuvres montrent les influences de l'est du chant liturgique et de l'Église orthodoxe, dont il est membre et archiprêtre (Patriarcat Œcuménique de Constantinople). Son Canticum Canticorum I, écrit pour le Hilliard Ensemble, est créé en 1987 et obtient un énorme succès. Cette pièce reste l'œuvre la plus fréquemment jouée de son répertoire. Elle est constituée de trois mouvements : « Surge propera amica mea » (Lève-toi, hâte-toi, mon amie), « Descendi in hortum meum » (Je suis descendu dans mon jardin) et « Ego dilecti meo » (Je suis à mon bien-aimé).

7,4–12 O quam pulchra

17e s.

Claudio Monteverdi (1567-1643), O Quam Pulchra SV 317, 1625

Jordi Savall, Montserrat Figueras

© Licence YouTube Standard→, Sg 4,1-20

Texte

Critique textuelle

6,1–12 V Numérotation des versets Dans les éditions de V, Ct 6,1 est considéré comme le dernier v. du ch. 5 (V—Ct 5,17  =  MSG—Ct 6,1). D'où un décalage d'une unité dans tout le chapitre (MSG—Ct 6,2 = V Ct 6,1, etc.).

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Réception

Tradition chrétienne

6,2 Mon préféré est descendu dans son jardin + paître, cueillir (V)  TYPOLOGIE mariale de la préférée...

... tout au long du Cantique

Le maître de saint Augustin est le premier commentateur à voir dans l’Épouse une image de la Vierge Marie : Ct 7,1-3, (description du nombril et du sein de la Bien-Aimée) évoque selon lui les mystères de la naissance du Christ. 

  • Ambroise de Milan Inst. virg. 89-92,94  « Que de belles choses aussi ont été prophétisées de Marie sous la figure de l’Église à condition de considérer non pas les membres du corps, mais les mystères de son enfantement ; car il lui est dit : « Le modelé de tes jambes ressemble à des colliers, ouvrage d’un artiste. Ton nombril est une coupe façonnée au tour, où le vin ne manque pas. Ton sein est comme un monceau de blé entouré de lis » (Ct 7,1-3) ; car, en lui, il contient la naissance du Christ, né de la Vierge, en tous […]. 90. Et le sein de Marie est réellement une coupe façonnée au tour (Ct 7,2), où résidait la Sagesse qui a préparé son vin dans une coupe (Pr 9,2.5), en nous versant cette grâce intarissable, la sainte connaissance de la plénitude de sa divinité. 91. Dans le sein de la Vierge il y avait en même temps un monceau de blé et la beauté de la fleur de lis (Ct 7,3), car elle engendrait et le grain de blé et le lis ; le grain de blé, selon l’Écriture : « En vérité, en vérité je vous le dis, si le grain de blé ne tombe en terre et ne meurt, il demeure seul » ; mais comme de l’unique grain de blé a germé un monceau de blé, la prophétie s’est accomplie : « Les vallées auront du blé en abondance » (Ps 64,14) […] 92. Qu’il y ait aussi dans ce grain un lis, les oracles divins en témoignent ; car il est écrit : « Je suis la fleur des champs et le lis des vallées, tel un lis au milieu des épines » (Ct 2,1-2). Le Christ était au milieu des épines lorsqu’il était au milieu des juifs. […] 94. Donc le sein de Marie a déposé en ce monde le monceau de blé garni de lis, lorsque d’elle est né le Christ. »

Ambroise est l'exception. Après lui, seuls Juste d’Urgell (6e s.) puis Paschase Radbert (9e s.) reprirent l'interprétation mariale, avant qu'elle ne se popularise après le 12e s. (Honorius d’Autun, Rupert de Deutz et Alain de Lille).

... dans ce verset

C'est Juste qui est le premier a donner une interprétation mariale de ce verset :

  • Juste d’Urgell (?-546), Explanatio in Cantica § 132 « Mon Bien-Aimé est descendu à son jardin, aux parterres embaumés. Il est descendu à son jardin quand il a visité lors de sa venue son peuple Israël, comme il le dit lui-même : '—Je n’ai été envoyé que pour les brebis perdues de la maison d’Israël'. Quant aux parterres embaumés, nous considérons qu’il faut comprendre la Sainte Vierge Marie en personne ; car c’est d’elle que nous est née l’odeur de justice, le Seigneur Jésus Christ. » (Cf. Juste d’Urgell, Explanatio in Cantica canticorum. Un vescovo esegeta nel regno visigoto, texte latin, introd., trad. ital. et comm. par R. Guglielmetti (Per verba 27), Florence : Edizioni del Galluzzo, 2011). 

Anonyme, Incipit d'un office de la Vierge, avec une scène de Nativité (pigment à la détrempe et or sur vellum, ca 1430, Rennes, France), 20,5 x15 cm, enluminure, dans le Livre d’heures de Marguerite d’Orléans, Latin 1156B, f.75r

Bibliiothèque nationale de France © Domaine public→

Des premières lettres du texte jaillit une végétation profuse : la page entière se transforme en jardin, où les oiseaux du ciel aux ailes remployées ont trouvé leur refuge (cf. Mt 13,31-32) et où poussent des fleurs hautement symboliques du mystère de Marie, la préférée, qui accueille son préféré dans le sein de sa vie virginale : les marges font écho à la scène centrale, la Nativité, où un petit séraphin aux ailes rouges présente à la Vierge Marie, comme pour mettre en abîme le contemplateur de cette page, un petit livre où se lit le Gloria.

Remarquer en particulier les ancolies, avec leurs pétales dont la forme s’apparente à des colombes au cou gracile (de là vient son nom anglais de columbine). Par analogie, l'ancolie symbolise l’Esprit-Saint. Le nombre de ses pétales, cinq, lui vaut aussi le surnom de « doigts de Notre-Dame. »

 

Contexte

Milieux de vie

7,14 FLORE Mandragore

 La mandragore, mai 2022, Réserve de Neot Kedumim (Israël)

D.R. M.R. Fournier © BEST AISBL

Gn 30,14-16

Identification

Deux textes bibliques seulement font mention d’une plante mystérieuse appelée  dûdāîm. La racine de ce mot est dûd  qui signifie « aimer » ou « être troublé ». Dûdāîm est donc parfois traduit par « pomme d’amour ». Dans Ct 7,14, il apparait que cette plante dégage une forte odeur et dans Gn 30,14-16, on comprend qu’il s’agit d’une fleur sauvage rare et précieuse. La Septante, la Vulgate et les versions syriaque et arabe ont traduit dûdāîm par « mandragore ». L’identification n’est pas certaine et d’autres hypothèses ont été émises (des champignons tels que Agaricus campestris ou des truffes comme les terfez).

Classification
  • Famille : solanaceae
  • Genre : mandragora
  • Espèce : officinarum
Localisation

Originaire du bassin méditerranéen et du Proche-Orient, cette plante pousse dans des sols riches et profonds. Elle est devenue très rare aujourd'hui.

Description
  • Herbacée qui n’a pas vraiment de tige et se présente en touffe d’une hauteur d’environ 30 cm.
  • Plante toxique riche en alcaloïdes psychotropes qui peuvent provoquer des hallucinations et une narcose.
  • Sa racine brune peut atteindre des dimensions importantes (80 cm). Elle a une forme anthropomorphe qui est à l’origine de bien des légendes. Il est difficile de la sortir de terre.
  • Ses feuilles sont longues, molles et de formes variables.
  • Sa fleur de couleur blanche, bleue ou violette possède 5 pétales soudés et 5 étamines. La floraison a lieu entre septembre et avril. Cette fleur est inodore.
  • Ses baies d’environ 5 cm de diamètre sont jaunes ou rouges et dégagent un fort parfum. Elles sont comestibles à condition d’en consommer en faible quantité. Pline Nat.25,94 : « L’odeur seule porte à la tête. En quelques contrées, on en mange les fruits. Cependant la violence de cette odeur étourdit ceux qui n’y sont pas habitués ; et une dose trop forte de suc donne la mort. À une dose variable suivant les forces du sujet il est soporifique ».

Illustration botanique de la mandragore

Herbier général de l’amateur, vol. 8 [P. Bessa], 1817-1827 © Domaine public→

Gn 30,14-16 ; Ct 7,13

Usage
Alimentation 
  • Les fruits peuvent être consommés séchés et en petite quantité.
Médical
  • Cette plante a des propriétés sédatives (Platon Symp. 2,22) narcotiques, antispasmodiques, anti-inflammatoires, hypnotiques et hallucinogènes.
  • Ses propriétés aphrodisiaques (Théophraste Hist. plant.) lui donnent des vertus fertilisantes bénéfiques pour les femmes stériles (Gn 30,14-16).
  • Elle était utilisée par les guérisseuses pour faciliter les accouchements et mélangée au miel et à l’huile, elle soignait les morsures de serpent (Pline Nat. 25,94).
  • On utilisait la racine comme somnifère (Théophraste Hist. plant. 9, 9,1). Elle faisait partie des ingrédients déposés sur l’éponge soporifique destinée à endormir les patients lors d’opérations chirurgicales ( Dioscoride Mat. med. 4,75, Pline Nat. 21, 94).
  • Elle était prescrite contre la mélancolie (Hippocrate Acut. 6, 329, n°39).
  • Mélangée au vinaigre, elle guérit les inflamations de la peau.
  • Pline Nat. 25, 110 : « on efface les marques du visage en se frottant avec la mandragore ».
Cultuel
  • Les sorcières au Moyen-Âge s’enduisaient la peau d’un onguent à base de mandragore pour entrer en transe.
  • L’apparence humaine de sa racine, et ses propriétés chimiques rendent cette plante mystérieuse et dès l’Antiquité elle fut associée à des rituels magiques. 
  • Elle était utilisée comme philtre magique (Théophraste Hist. plant. 9, 9,1).
Histoire

Dans l’Antiquité des méthodes étranges étaient utilisées pour cueillir la mandragore :

  • Théophraste Hist. plant. 9, 9, 8 : « On recommande de circonscrire la mandragore par trois fois avec une épée et de la couper en regardant le couchant ; d’autre part, que le second opérateur danse en rond autour d’elle et prononce le plus possible de paroles grivoises ».
  • Au Moyen-Âge la tradition pour cueillir ce fruit change : Après s’être bouché les oreilles avec de la cire pour ne pas entendre le cri de la mandragore, puisque l’entendre serait s’exposer à la mort, le cueilleur attache la plante au collier d’un chien pour que cet animal le déterre, en y laissant la vie. Josèphe B.J. 7,6,183 rapporte la même anecdote au sujet d’une plante qu’il appelle « baaras » et qui pousse dans la vallée au nord de Machéronte.   

    Manuscrit enluminé sur la cueillette de la mandragore, 1350

    Bibliothèque nationale de France © Domaine public→

  • En Égypte ancienne, la légende de Sekhmet raconte que cette déesse voulant exterminer tous les hommes, les dieux répandirent de la mandragore dans des milliers de jarres de bière teintées de rouge afin que la déesse assoiffée de sang la boive. La plante faisant son effet, la déesse s’endormit, épargnant l’humanité.
  • Au Moyen-Âge apparurent des mandragores « fétiches », sortes de petites statuettes à formes humaines qui étaient censées procurer richesse et pouvoir à son possesseur. Jeanne d’Arc fut accusée d’en posséder une.
  • La mandragore inspira des œuvres littéraires : La fée aux miettes, C. Nodier ; Eine Geschichte vom Galgenmännlein, F. de la Motte-Fouqué ; La Mandragore, J.-L. Lorrain ; Alraune, HH Ewers ; Harry Potter et la chambre des secrets, J.K. Rowling.
Symbolique
Sorcellerie
  • En Allemagne, le mot « alraun » signifie à la fois « mandragore » et « sorcière ».
  • Les sorcières employaient la mandragore.
Le peuple d’Israël
  • La mandragore est comparée par certains commentateurs de la Bible à un corps sans tête (Bède le Vénérable In Gen.  PL91, col. 257c ). Pour Anselme de Laon  PL 169, col. 1222D, la mandragore est l’image du peuple juif qui n’a pas encore reçu l’imposition de sa tête, le Christ, puisque sa conversion n’a pas encore eu lieu (Philippe de Harvengt PL 203, col. 473 CD).
L’Antéchrist et les infidèles
  • Dans certaines représentations iconographiques de l’histoire du Salut, la mandragore est représentée sous la forme d’un corps décapité dont la tête gît à ses pieds. La mandragore décapitée est alors l’image de l’Antéchrist vaincu ou des infidèles dans la première étape de leur conversion. L’étape suivante sera l’imposition sur la mandragore de la tête du Christ grâce à l’Eucharistie qui réalise l’unité entre la tête et le corps. (cf. Manuscrits enluminés du commentaire d’Honorius Augustodunensis, 12e s.).